ciel noir , ft zaza

Avec toutes les galères qui lui tombent dessus en ce moment et qui semblent toutes se mêler les unes aux autres, Zaza est ravie de pouvoir souffler ce soir. Se prendre une pause avec lui, qui semble être comme en dehors du reste de sa vie. Et c'est pour le mieux. Elle n'a pas besoin de lui cacher des choses, de lui mentir, de faire semblant, ni même de l'éviter. Ils ont pris le temps de s'apprivoiser et désormais, elle se sent toujours en pleine confiance en sa présence. Chose rare et précieuse pour elle, qui n'a de cesse de s'imaginer ce que les autres peuvent penser d'elle et d'interpréter tous leurs regards. Et elle imagine toujours le pire.

Mais ce soir, quand elle foule le pavé pour le rejoindre, elle se sent déjà un peu plus forte. Comme si le pouvoir de Salem s'étendait jusqu'à elle malgré la distance. Quand elle aperçoit sa silhouette devant le bar, leur point de rendez-vous, elle décroche un sourire ; impossible de le réprimer. Il la capte dans son champ de vision, relève la tête et elle tend les bras vers lui aussitôt, pour venir l'envelopper d'une tendre accolade l'espace de deux secondes. Elle lui laisse le temps de terminer sa cigarette avant qu'ils ne s'aventurent dans le bar.

Et la soirée, comme toujours, était à la hauteur de ses espérances. Elle n'a cependant pas eu le cœur de parler de cette histoire avec Ali et MJ, la nouvelle est trop mauvaise et elle n'avait pas envie d'aborder ce sujet ce soir. L'ambiance est légère et elle veut en profiter. Oublier tout ça, laisser les soucis de côté. S'offrir, pour quelques heures, l'illusion d'un bonheur parfait. Salem porte bien son prénom, il a probablement quelque chose qui touche à la sorcellerie pour savoir chasser si bien ses démons.

Mais les heures passent, le bar commence à se vider et à leur tour, ils décident de le quitter. Elle sait déjà qu'ils vont trainer, rentrer à pieds, prendre le temps, étirer la nuit autant que possible pour retarder le moment de la séparation. Ou chacun devra repartir, le cœur un peu plus léger oui, mais devant très vite se replonger dans tous les soucis. On n'y échappe jamais longtemps.

L'air est frisquet, elle entoure son bras du sien pour lui voler un peu de sa chaleur corporelle tandis qu'ils remontent les rues de MexicanTown en riant. Jusqu'à ce que son épaule heurte celle d'un mec. Surprise, elle se redresse et pivote, prête à s'excuser. Mais elle tombe nez à nez avec un visage contrarié, celui d'un mec et de ses deux comparses. Zaza se braque, les mecs à problèmes, elle les reconnait à mille kilomètres. Faut dire que Detroit en est infestée. — Fais gaffe 'puta'. L'absurdité de son attaque la fait rire, mais elle sent que ce n'est pas le cas de Salem. Il se contracte et elle décide de désamorcer la situation avant que ça ne dégénère. — Viens, laisse tomber. Qu'elle marmonne en roulant des yeux, tirant sur son bras pour l'inciter à se remettre à marcher et à la suivre. Les mecs ricanent, se croyant victorieux d'une bataille qu'ils ont pourtant été les seuls à mener. A peine le temps de faire trois pas que le mec rouvre sa bouche. — Gros cul. Touché, coulé. Ils éclatent de rire et se regroupent, commençant alors à s'éloigner. Zaza, devenue blême, ne pipe plus mots, ayant perdu tous ses moyens.