sugarcoat ; mike

Je regardes la scène, estomaqué, par la violence des propos de Deandre, c'est sûr, mais aussi par la haine qu'on pourrait presque toucher et qui émane de lui. C'est comme s'il était habité par la colère. Il n'avait pas parlé depuis qu'on était arrivé, il était resté discret, et d'un coup c'est comme si un démon avait rejoint la conversation. D'accord, il ne ressemblait pas à un enfant de coeur ni à un clown. Mais je voyait en lui quelqu'un de renfermé, d'impassible, et non pas un homme portant une telle haine en lui.

Je le regarde partir, et moi je me retrouve la, bouche-bée, devant une mère aussi choquée que moi, une petite en pleurs et un beau-père dans le battement de la porte. Avant qu'il ne m'interpelle à mon tour, je me dirige de suite à l'opposé de Deandre, et loin de cette maison, tout en prenant garde à ce qu'ils ne me suivent pas.

Après avoir pris un taxi, je repenses à la scène, et à la petite. Les drogués comme ça, il en a connu. Trop sûrement. Et voir la petite dans un tel cadre, se dire qu'elle devra survivre toute son enfance, comme j'ai survécu, à travers un peu tout les problèmes auxquels elle fera face. Je me met à pleurer dans le taxi, fragile que je suis, en pensant à comment elle devra vivre, et comment moi j'ai du vivre. Personne ne mérite la méchanceté de ce monde, des gens, et pourtant, ici comme ailleurs, tout le monde la subit.