(jj) fais moi mal

fais moi mal

fais moi mal, envoie moi au ciel

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Ca faisait trop longtemps qu’elle ne s’était pas retrouvé sur la scène, son corps en tremblait ou c’était le manque se drogue qui parlait.
Elle jouait souvent pour lui, dans l'inconfort de cette demeure qui ne lui appartenait pas. Elle jouait pour son plaisir à lui, mais le manque de la scène lui crevait le coeur en entier. Joan, elle se sent foutrement vide. Poupée de chiffon manipulé au gré des envies inassouvies. Elle se perd dans cette vie à jouer des rôles qui ne lui conviennent pas. La gamine naïve s’était brulé les ailes, absorbait le poison de ce monstre qui était son tortionnaire, son bourreau, son fou.
Elle s’était enfui ce soir car les murs miteux la rendaient malade. La poupée faisait à sa tête parfois, fuyant mais finissant toujours pas revenir en suppliant.

Ce soir, elle fait la grève, elle fait la trêve avec sa vie, avec la vie. Elle replonge dans le passé, parce que secrètement ça lui manque terriblement.
La scène. Son band. Ses hommes, ses amis. Ils n’avaient pas su la garder éloignée de lui.
Elle s’était trouvé un endroit pour utiliser ses doigts, faire entendre sa voix, sa musique, son art. Elle n’était plus rien qu’un restant de sa vie d’avant, la drogue qui coulait dans ses veines, souillant son âme et son sang.
Elle s’en fiche, la poupée, des regards lubriques sur ses cuisses trop blanches alors que sa voix résonne dans la pièce, alors que ses doigts se frottent aux cordes rugueuses. Elle s’en fiche, parce qu’elle n’en a plus d’estime pour son corps, pour sa personne. Au final, elle devrait l’offrir au premier qui lui demanderait afin de ne pas lui offrir à lui sa virginité. Il n’en veut pas de toute façon.

Un souffle, le coeur qui part en vrille alors que les doigts coulent sur les cordes, que le palpitant s’emporte dans la poitrine menue. Elle a envie de le chasser de sa tête, mais une partie d’elle crève de peur, crève de manque pour lui. Joan, elle le déteste tant, mais elle reste là comme une idiote.
Pas ce soir. Ce soir, c’est son soir.
Les doigts s’agitent, les doigts s’activent et font entendre les notes qu’elle sait manier avec brio. Les regards salaces, elle en a l’habitude. La musique finit par se taire, par s’éteindre et elle doit céder sa place à un autre. Ça lui manque, le temps ou elle était le centre de l’attention au sein des black stars.
Elle se hisse hors de la scène. Joan, elle doit s’embrumer l’esprit pour ne pas penser à lui. Ses pas l’attirent vers le bar.
Donne moi c’que t’as de plus fort.
Elle s’en fou. Elle n’a juste pas envie de penser Joan. Cette envie de violence qui lui prend au ventre. Trop souvent, elle cherche les problèmes, elle se brise le corps pour tenter de ressentir encore. Cette foutue drogue qui la rend trop amorphe, mais dont elle ne sait plus se passer.
Une présence se fait sentir dans son dos. Elle ferait n’importe quoi pour oublier, quitte à offrir son corps, quitte à se faire exploser la gueule en millions morceaux. Des mains crasseuses sur ses formes fines. Des mains sales comme les autres. Son verre entre les doigts, elle en avale la moitié pour se retourner.
Hey.
Un moche. Un laid. Un vieux pervers. Elle les attire facilement, les hommes. Ses doigts sinueux glissent sur le torse inconnu. Quitte à être brisée, pourquoi pas un peu plus?

(c) oxymort