elephant

tueur
n.m quelqu’un qui tue, lui qui essaye de tuer. débarque au lycée un bon matin, le flingue du voisin dans la poche. c’est la tempête qui parle, celle qui bouscule son cœur et son esprit. les mots des autres qui résonnent comme l’écho des vagues perpétuel. toujours là dans un coin de sa tête. les insultes qui fusent, les bousculades qui s’enchaînent. iraj il succombe à la tentation de supprimer ces putains de racistes, ces putains de casseurs de pédés en pensant que des comme eux, il n’en croisera plus jamais. l’est con quand il agit si vite, sans réflechir. c’est sur le porche de la maison, le matin même qu’il a décidé de péter la vitre de la cuisine de l’autre et d’aller chercher son flingue dans la table de nuit. savait où il était parce que c’est ce chien qui l’a dépucelé.
de tous les connards qu’était dans le couloir, y’en a pas un qui s’est pris une balle. pas faute d’avoir essayé, mais il criait si fort qu’il arrivait pas à appuyer sur la détente en même temps. et l’a fini le ventre au sol. y’a eu un de la prison, et en prison, y’a eu beaucoup de mecs. on l’a probablement plus puni pour être une pédale plutôt que pour avoir essayé de tuer quelqu’un, et résultat il en ressort plus amouraché des hommes encore.

vagabond
n.m devoir errer. partir parce qu’on vous y oblige, dégager du foyer parce que t’es gay et que t’es un putain de psychopathe. éloigner le mouton noir, lui foutre un sac-à-dos sur le dos et lui ordonner de ne pas se retourner. l’a échappé plusieurs fois à la mort, iraj. de voiture en voiture, à faire la pute pour s’épargner la mort prématurée. se trouver un nouveau nom, devenir la princesse des mille et une nuits pour survivre. toujours cachés dans des chiottes de station service ou à l’arrière d’une voiture en plein bois. on a essayé de le forcer, iraj, de profiter de lui. et les fois où c’est arrivé, l’a suriné ces bâtards. trait de lame au jarret ou au talon. les pouces qui creusent les cavités oculaires. l’a appris à essuyer le sang de ses mains.

tafe
n.f l’en prend beaucoup pour trop peu se laisser aller. ça vient pas, ça monte pas. il tire, il tousse, il s’étouffe sans que l’euphorie monte au cerveau. c’est une question de quantité, mais l’a jamais le courage d’aller au bout. l’a au moins ce mérite-là iraj, d’être pas si con que ça. maintenant il fume que des clopes, plus pour le geste que pour l’effet anti-stress. le charisme ça se travaille et l’a remarqué qu’une cigarette au bord des lèvres, ça fait s’arrêter les voitures et les regards. et un clou de cercueil qui a l’empreinte de ses lèvres a bon goût, il paraît.

harem
n.m l’a plus rien à voir avec celui qu’il était, iraj. le gamin au fond de la cours, le marginal écarté, l’existe plus. l’errance l’a rendu fort. la vie l’a rendu beau. la nostalgie, charismatique. il attire les étrangers comme le miel attire les abeilles, c’est instinctif, inexplicable. c’est la nature. la belle gueule donne envie d’engager la conversation, le corps de monter dans une chambre, la salive d’en redemander. un petit groupe qu’il a autour de lui, des hommes qui sans forcément l’aimer lui aiment sa présence ou ce qu’il représente. peu importe pour lui, tant que l’argent gonfle ses poches et les baisers couvrent son corps. l’a besoin de ce qu’il vend lui-même, iraj. la solitude ronge.

famille
n.f être iraj c'est ne pas avoir pu choisir sa famille, ni avoir été choisi par sa famille. on veut pas d'un pédé quand on est là à tout faire pour s'intégrer au pays qui nous accueille. on veut pas que le voisinage parle, alors quand il s'entête à jouer avec les poupées de sa sœur on ferme les rideaux et les yeux. on prie. on espère. mais rien n'y fait, alors rien n’est dit en pensant que c'est qu'une phase de gamin.
être lui c’est être enfant unique, et tout foutre en l’air quand il ose dire à son père qu’il aime ses semblables, parce qu’un jour, à un instant l’ancien a fait comprendre que ça serait pas une mauvaise chose. c’est iraj qu’a mal interprété, parce qu’un mois plus tard le géniteur pend au bout d’une corde, ou prend un bain avec un grille-pain. on a pas voulu lui dire pour pas creuser son chagrin, sa mère a pas voulu lui dire parce que d’après elle c’est lui qui l’a tué. alors personne ne sait. si c’est bien ça, si c’est autre chose, si c’est l’accumulation d’une vie. mais avant même de tuer qui que ce soit iraj avait du sang sur les mains, qu’il paraît.


surin
s.m il a pas le droit d'avoir d'armes chez lui, encore moins après ce qu'il a fait. mais il a des lames, iraj il collectionne les couteaux. parce qu'il a peur sans, peur qu'on lui retombe dessus. peur que ces brutes qu'il a voulu tuer ce jour-là, elles reviennent. et que le sang avec lequel il n'a pas repeint les murs du lycée, eux viennent l'arracher de ses entrailles. un sanguin qui s'ignore, qui se cache, parce qu'au fond il s'excuse toujours autant d’exister.
l’a jamais tué qu’une personne. une femme qui l’a pris en stop, qu’a voulu de lui. qui lui en a voulu de pas vouloir. tueur d’un soir, condamné à la zonzon pour avoir essayé d’être le tueur de plusieurs vies. tous ignorent combien de victimes il a fait, ou même s’il en a fait. et iraj il s’en amuse. il n’en parle jamais, il n’en parlera jamais. il a toujours une lame sur lui, souvent deux, même. l’a vu cette série à la télévision, alors il cache même des lames de rasoirs dans ses couvre-chefs. le toucher c’est prendre plus de risque qu’en empoignant un bouquet de roses.

petite main
n.f à peu près le seul truc qu’il garde de sa mère, l’art de la broderie. on s’en doute sûrement encore moins que du fait qu’il vende son corps, qu’un grand gaillard comme lui pose son cul et brode des visages sur des chemises. c’est comme ça qu’il se vide la tête. c’est la première chose qu’il a acheté après s’est payé un domac, en sortant de prison. un journal de souvenirs, il dessine les silhouettes des gens qui font sa vie et son horizon et les brode en suite, avec plus ou moins grand succès. mais c’est pas fait pour être vu, pas fait pour être aimé, seulement pour être créé.