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 avant tu riais (seven)

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MessageSujet: avant tu riais (seven)   avant tu riais (seven) EmptyJeu 26 Mar - 12:21

T'as pas compris, t'as pas saisi, t'as pas assimilé l'information cancer qu'on t'a offert crue, sans prévention, dans un papier-acier qui t'a déchiré les tympans. Popescu ? T'as vu les sourires en coin, t'as grogné silencieusement sous les hurlements des non-dits que tu pouvais lire dans chaque ridule, dans chaque regard entendu. T'as posé ton regard de fer sur ses enfants de papier ; t'as demandé ce qu'ils voulaient dire, ce que leurs lèvres farineuses pouvaient bien cracher. Il est dans un sale état, à c'qu'on dit, une gamine a lâché. Devant ton stoïcisme, ton air affamé, elle a continué : Y en a même qui disent qu'il pourrait bien crever. Ils ont baissé leurs yeux vitreux, noyés sous les veines éclatées par leurs addictions. Ils ont lorgné le sol, conscients de ta colère, amusés peut-être que la dealeuse sorcière puisse ressentir une émotion, puisse adopter un autre air que la manipulation sur son visage de vipère.

T'as hésité longtemps, peut-être vingt-neuf secondes et demi, avant de rassembler tes affaires. Tes pensées étaient claires, ta volonté de fer ; il fallait aller voir, il fallait comprendre, comment le gamin allait, comment cet abruti avait pu aussi mal tourner. Tes gestes sont francs, mécaniques ; tu ne regardes même plus les étiquettes sur les potions, sur les pommades, sur les liqueurs secrètes préparées sous les rayons d'Orphée. T'entends la colère qui gronde en fond, t'entends la rancoeur, t'entends la tristesse et cette ronde de hyènes vicieuses qui mordent ta volonté. T'as jamais été aussi sûre que c'était un sale petit con, t'as jamais était aussi certaine de vouloir frapper quelqu'un, estropié ou cancéreux, éclaté ou agonisant, à coup de battes, à coup de plaintes, à coup de remontrances éternelles. Son visage de gamin vient danser dans tes souvenirs Jake, et t'es encore plus remontée Blake, qu'il ait pu faire comme les autres, qu'il ait pu partir comme un lâche, sans une nouvelle, sans un appel, sans une putain de lettres pleine de fautes d'orthographes. C'est la louve qui traîne dans l'appartement, à hésiter, à s'demander, est-ce que c'est une bonne idée, est-ce qu'on le laisserait pas crever, est-ce qu'il l'a pas mérité au fond, ce petit estropié de coeur et d'esprit, ce mendiant d'âme et de vie ?. C'est la sorcière qui chuchote des insanités, dont les malédictions deviennent bien terriennes, ensevelies sous ses émotions d'humaine, de petite fille abandonnée. Tes gestes deviennent de plus en plus brusques ; tu danses une valse bizarre, une salsa déglinguée, un tango qui veut rien dire sans partenaire ni aucun rythme, sans autre grâce que celle de l'animal en chasse.

Il vit chez sa soeur, mais elle est plus là, ils t'avaient dit, les gamins du skatepack. Tu te demandes comment t'as fait pour aussi peu te renseigner depuis qu'il est rentré. Tu te demandes comment t'as pu aussi bien l'éviter, le considérer comme un fantôme, un simple spectre de ton passé. Il a fallu avancer Jake, en prenant consciemment tous les chemins qui te mèneraient pas jusqu'à lui. Il a fallu faire semblant, il a fallu faire la sourde, la muette et l'aveugle pour pas entendre les chuchotements grinçants, les signes sordides, les appels lancinants. Et ça te donne envie de te marrer, de faire résonner ta voix rauque contre les murs de la maison d'Anca, la belle disparue. C'est un peu ridicule d'attendre là, comme s'il allait deviner ta présence, comme s'il était comme toi, à sentir ce qui ne se sent pas, à comprendre l'invisible, à deviner les silences incompréhensibles. Mais il est pas comme toi Jake, parce que toi t'aurais prévenu, t'aurais laissé un mot, une connerie, un bibelot pour le rassurer, pour lui dire t'inquiètes pas, ça va aller, j'suis pas comme tes frères et soeurs, je vais rentrer. Mais il est pas comme toi, Jake, et toi aussi t'as changé. T'es pas sûre qu'il reconnaisse la glace de tes traits.

C'est l'odeur qui te frappe en premier, tes narines retroussées comme un animal menacé. C'est l'odeur et la saleté ; la crasse, la nourriture abandonnée dans le temple sacré de la crainte et de l'insécurité. Y a plus de vie, y a que de la petite mort qui traîne, qui s'étale, qui établit son règne sur la maison Popescu. T'as les souvenirs en double-file qui te rappellent comment c'était avant, quelle vie il y avait, aussi imparfaite était-elle. Tu te rappelles les éclats de voix, tu te rappelles les rires, même mauvais, et le visage de Seven, ce sourire en coin, sa vulgarité. Tu te souviens des après-midi ensoleillés, tu te souviens de vos bêtises, de vos soirées à fumer. Tu te souviens de votre amitié imparfaite, de votre fraternité fendillée qu'il a fallu enterrer.

T'as pas frappé avant d'entrer ; tu frappes jamais. Tu cherches des yeux ce qui pourrait indiquer sa présence. T'avances sans discrétion, claquant sur le sol le glas de ta présence sur ce territoire passé, sur cette maison méconnaissable et sur ce qu'il en a fait. T'es déjà blasée, t'es déjà agacée ; ça te rappelle les délires de ton père les lendemains de soirée, la déchéance masculine et tes pas de bébé au milieu des bières et des mégots écrasés. T'avances avec force, t'esquives les bouteilles, les immondices, les douleurs et tu suis le chemin de la chambre, sans attendre. Au fond, ça fait des mois que t'y es préparé.

T'as du mal à distinguer la forme dans l'obscurité, la bête couchée au fond de sa tanière de déchéance. La transpiration et la maladie agressent tes sens ; tu grimaces sous l'intensité des blessures, sous l'horreur des carences. T'as pas encore la force de dire quoi que ce soit ; les pensées se bousculent, la colère tente de prendre le dessus alors tu restes debout, silencieuse, menaçante peut-être dans l'obscurité ambiante. Tu pars pendant des mois pour revenir te cacher dans le lit de ta soeur ? Les mots se détachent lentement ; la brutalité de ta voix résonne dans l'habitacle. Je pensais que ce serait pathétique mais tu me prouves que j'ai pas beaucoup d'imagination. Tu tires les rideaux ; t'as besoin de voir l'ampleur des dégâts, les cernes et le sang maculant ses draps. T'as besoin de lui faire face, de comprendre, et de savoir si la profondeur de ses yeux est la même qu'avant. Mais y a plus de regards Jake, y a plus vraiment de vie non plus à part la haine, la peur, la souffrance et l'attente interminable. T'essaies de trouver, dans le choc de vos visages qui se croisent, dans l'horreur de la découverte, des fragments de lui, des souvenirs de votre passé commun. T'essaies de retrouver dans ces traits familiers ce qui ne ferait pas de lui un parfait inconnu. Alors, tu t'accroupies, pour te mettre à la même hauteur que lui. T'observes en silence, tu mesures les marques, tu devines les causes. T'as cet air bizarre de grande prêtresse qui examine son patient incurable. Tu finis par tchiper, agacée, inquiète aussi un peu peut-être. Tu casses les couilles, t'affirmes les mains déjà dans ton sac, à la recherche de ce que t'espérais ne pas avoir à utiliser.
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Seven Popescu
Seven Popescu

Feuille de personnage
avant tu riais (seven) 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : dents en vrac, toutes de travers | tatouages pourris | main gauche balafrée (poignardée) et à la motricité un peu réduite | cicatrice sur l'épaule gauche (poignardée), cuisse droite (balle), bras gauche (balle), côté droit du ventre (balle) | traces de piqûres sur les bras | nez qui saigne trop facilement | mains souvent abîmées | toujours énervé | l'air de ne pas avoir dormi depuis trois siècles
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bolossage du staff : avant tu riais (seven) MOeuc3d9_o
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avant tu riais (seven) Profil10
then it went dark,
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avatar : sasha trautvein
âge : vingt-et-un ans.
statut : déchet.
quartier : north end, en colocation foireuse avec barbra, dans la maison de sa sœur internée. on le trouve plus souvent dans la rue ou dans des squats.
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MessageSujet: Re: avant tu riais (seven)   avant tu riais (seven) EmptySam 28 Mar - 16:16

Plus ça va, plus il déteste cette maison. Peut-être même plus que celle de ses parents, qui l'a vu grandir et qu'il a fui pendant des années, jusqu'à finir par disparaître pour de bon. Là-bas, il y avait au moins quelques bons souvenirs au milieu du chaos. Des instants fugaces, volés. Une lettre de Iulia, Ioan qui partage un écouteur, Anca qui lui glisse un biscuit de plus que les autres, les bêtises avec Mihail. Des sourires, des œillades complices, des secrets de sales garnements. Un amas de détails qui viennent former quelques éclairs de joie, au milieu d'une pluie torrentielle. Tout ce qu'il a enfoui si profondément qu'il a fini par l'oublier, ne gardant que le mauvais. Il sait quand même que tout n'était pas à jeter.

Ici, il n'y a rien à sauver.

Pas de bon moment pour contrebalancer le reste, alléger l'ambiance pesante qui s'est installée depuis des mois. La colère sourde a imprégné les murs, la douleur suinte du plafond et la tristesse remonte de sous le plancher, là où l'on a tenté de l'enterrer. Dans chaque pièce il entend les cris et les larmes, voit sa sœur pleurer, Barbra lui gueuler dessus, l'une qui essaie de se tuer et l'autre qui fait sa valise. Il se voit, lui, faire les cent pas, se recroqueviller, tout casser, se piquer, suffoquer. Écrasé par le poids de toutes les émotions qui se sont incrustées dans les parois, les siennes et celles des autres, étouffantes, accablantes. L'impression d'être pris dans un étau et pourtant il y a de la place, trop de place, parce qu'il n'y a plus que lui. Il lui reste tout cet espace qu'il déteste et dont il ne sait que faire, cet espace dans lequel les humains ne sont pas faits pour survivre, pas quand il est si terrifiant et si froid, plein de rien et vide de tout. La baraque est un trou noir qui l'avale et le recrache sans relâche, elle mord et ronge, le déchire, l'arrache petit bout par petit bout. Des lambeaux de lui entre chaque planche, sous chaque meuble, entre la poussière et les déchets qui s'accumulent. L'odeur âcre est celle du désespoir, qui pique les yeux et prend à la gorge. À gerber.

Il ne supporte plus de vivre là.

Et pourtant, il reste.

De toute façon il ne saurait pas où aller, tout ce qu'il connaît c'est la rue et les squats, la désolation plus violente encore que celle qui règne ici. Il alterne. Se fond parmi les fauves et montre les crocs, comme les autres, réduit tout ce qu'il trouve en charpie, comme lui-même. Puis il revient blessé, se terre le temps de panser les plaies, juste assez pour pouvoir continuer de ramper. Et il continue, encore et encore, dans un cercle vicieux, infernal, dont il ne peut – ne veut – pas sortir. C'est épuisant. Plus encore depuis qu'il est mort presque vivant ou vivant pas tout à fait mort, quelque chose entre les deux. Au moins la douleur extérieure se rapproche enfin de celle intérieure ; elle est permanente et elle hurle elle aussi, à chaque mouvement comme à chaque silence.

Ce silence qui est tout ce qui lui reste. Effrayant, dérangeant, où se répercutent toutes ses pires pensées et tous ses pires souvenirs, qui l'entourent et l'enveloppent, le rendent sourd, passent un nœud autour de sa gorge.

Il ne connaît qu'un seul moyen de ne pas mourir étranglé.

L'héroïne lui provoque ces longues apnées, où il a l'impression d'être à mille kilomètres de la surface, loin de tout. Loin de ce qui fait trop mal et trop de bruit. Il est sous l'eau, inatteignable, invincible. Bercé par les vagues, comme les bras de cette mère qui ne l'a pas suffisamment aimé, de ces sœurs qui ont vainement tenté de la remplacer. Il se sent bien. Apaisé, réconforté. En sécurité.

Il se pique dans la chambre ravagée d'Anca. Comme pour doubler l'effet rassurant, se donner l'illusion qu'elle est là, avec lui, qu'elle ne l'a pas abandonné. Le garrot reste enroulé autour de son bras droit – le gauche est hors service à cause de la balle qui l'a troué – et la seringue perchée entre ses doigts. Il flotte, les yeux dans le vague et cette expression béate sur la gueule, qui lisse ses traits trop froissés. La dose est suffisante pour le faire sombrer dans les bras de Morphée.

Ça n'est pas reposant, ça ne l'est jamais vraiment quand c'est artificiel. C'est comme être assommé. Son cerveau est en veille mais son corps ne récupère pas, lutte simplement contre l'ennemi qui tente d'imiter un sommeil qu'il ne connaît plus.

Ses yeux s'agitent sous ses paupières et il est en train de naviguer entre conscience et inconscience, quand une présence s'impose trop brusquement. La bulle éclate – il a l'impression de boire la tasse. – Tu pars pendant des mois pour revenir te cacher dans le lit de ta sœur ? Il a du mal à comprendre ce qui lui est dit, cherche la silhouette dans la pénombre de la pièce, se demande brièvement s'il est en train d'halluciner. – Je pensais que ce serait pathétique mais tu me prouves que j'ai pas beaucoup d'imagination. Le jour agresse ses rétines. – Putain. Une main se plaque sur son visage alors qu'il se redresse et grogne, la douleur qui s'éveille en même temps que lui. Son corps est épuisé. Il a les yeux injectés et soulignés de cernes, enfoncés dans leurs orbites, le visage qui commence à s'émacier et le teint cireux. L'air malade.

S'adossant au mur, il cligne des paupières pour s'habituer à la lumière. Il reconnaît Jake, serre les dents et les poings aussi férocement que ça lui serre le cœur. – Qu'est-c'tu fous là ? Elle ne devrait pas être là. Ils s'évitent depuis son retour et ça lui va parfaitement, parce qu'elle ne demande pas, ne s'inquiète pas, n'envahit pas. Elle n'est pas là et si elle lui manque parfois, il ne veut pas qu'elle le soit. Elle le connaît trop bien, il lui suffirait d'un de ses regards de sorcière pour comprendre tout ce qui ne va pas, ce qu'il ne dit pas. Il n'a pas envie qu'elle sache. Il va mal et il est affaibli, plus vulnérable que jamais – Jake ne doit pas le voir. Jamais. – Casse-toi.

Jake n'écoute pas.

Elle le toise et il se renfrogne, se crispe, retient une grimace douloureuse. Elle a ce regard qui transperce et fouille, donne l'impression qu'elle sonde jusqu'à votre âme. Ce regard qui fait l'effet d'un coup de poignard. Il voudrait lui crever les yeux pour qu'elle ne puisse plus l'observer.

– Tu casses les couilles. Elle se met à fouiller dans son sac et il fronce les sourcils, la mâchoire qui se contracte. Il sait déjà que l'affrontement sera difficile. – J't'ai dit d'te casser. Tant bien que mal, il finit par se lever, un peu chancelant, des résidus de poison dans les veines. Ses blessures le font souffrir et le rendent bancal mais il commence à s'y habituer – la douleur est plus supportable depuis qu'elle est devenue familière. L'infection a été évitée de justesse, avec un peu d'aide extérieure, et il se pense de nouveau invincible. À tort.

Il s'approche d'elle, toujours accroupie à chercher il ne sait quoi, il ne veut pas savoir. Une main s'abat contre son épaule avec hargne, pour la repousser, tenter de la faire tomber par terre. Attirer son attention. – J'ai pas envie d'te voir, dégage. Et ce n'est que maintenant qu'il réalise qu'il a toujours son garrot, tout l'attirail du parfait junkie étalé sur le lit derrière lui. Ça le tend un peu plus encore, alors qu'il arrache rageusement le lien autour de son bras, le jetant sur le matelas comme pour se débarrasser d'une preuve. Mais l'inspecteur Black les a sûrement déjà toutes photographiées mentalement ; l'idée qu'elle puisse le voir dans un tel état le rend bouillant de rage. – M'force pas à répéter, putain. T'as rien à foutre ici. Il ne comprend pas pourquoi elle débarque subitement, elle qui semblait apprécier autant que lui l'ignorance commune dans laquelle ils se sont enfoncés. Douloureuse mais vitale. Il préfère supporter son absence plutôt qu'affronter son regard.
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MessageSujet: Re: avant tu riais (seven)   avant tu riais (seven) EmptyLun 30 Mar - 19:00

Tu t'attendais à la réaction animale, au réveil brutal, aux griffes sorties, au venin éclaboussant les murs salis de sa fatigue et de sa maladie. Maladie suintante dans l'atmosphère grise, puante, asphyxiée par le poison, réclamant l'air frais de l'extérieur oublié. T'as l'impression malsaine d'être dans une bulle sans oxygène, d'être à l'intérieur de l'arène mental de Seven, au milieu du combat de tous ses démons. Tu comprendrais si les hurlements faisaient rage, si les blessures étaient saines, si la colère était maîtresse de sa douleur et de ses maux. Mais tout semble vaincu ici ; territoire abandonné, silence étourdissant, conquête en friche de sa vie adolescente, de son enfance avorté, de ses espoirs assassinés. T'as la tête dans tes flacons pour éviter de regarder plus longtemps la vérité en face, l'horreur personnifiée dans ses cernes arc-en-ciel, dans sa maigreur abyssale, dans ses veines qui démangent et dont tu peux ressentir le vide jusqu'à l'intérieur de ton crâne. T'essaies de faire le tri rapidement, de réfléchir, de ne rien laisser paraître mais t'as les entrailles qui se tordent, le mental au fond du ventre, la peur comme un collier de fer autour de ta gorge. T'as pas souvent peur pourtant ; t'es même pas souvent effrayée par le danger omniprésent, empereur de ton enfance, prince de ton adolescence, bouffon de ton présent que t'as appris à maîtriser, que tu sais dompter sans difficultés. Mais là tu maîtrises pas, Jake ; ni son état, ni sa tête, ni son sang, ni son métabolisme qui pue l'échec, la maladie et la mort. Tu la sens partout autour de toi ; tu la reconnaîtrais partout, cette odeur de pourriture, ce ricanement morbide qui résonne dans l'air. T'es pas prête à encore la laisser faire.

T'entends ses grognements sans surprise, sa violence qui pointe dans les ordres inutiles. T'ignores la colère de toxicomane réveillé, tu fronces à peine les sourcils devant son agressivité répété. Il invoque les ordres avec faiblesse et tu reconnais, dans un soulagement dissimulé, l'intonation du gamin de ton passé. Tu le laisses s'exciter dans son chant de protestation, trouvant finalement ce que tu désires, silencieuse et furieuse. Mais c'est le frisson glacé quand il essaye de te faire tomber, c'est la décharge électrique, la colère impératrice qui électrise tes pupilles. Tu contrôles pas ta réaction, t'y arrives plus depuis quelques temps ; depuis que tu supportes plus aucun contact que celui des combats de rue, quand tu peux plus sentir autre chose que le toucher de la violence, la caresse des hématomes, la douceur des coups sur ta peau tannée par la rancoeur. Tu te redresses rapidement, chienne brusquée, et tu viens plaquer autour de sa gorge ta poigne entraînée. C'est pas difficile d'être plus forte que lui, d'avoir plus d'emprise que ce pantin ridicule, dont le sang est drainé par la drogue, la fatigue et les rêves. Tu le foudroies du regard, t'as les éclairs déchirants qui lui hurlent des malédictions. Ne me touche pas. T'articules lentement. Toi aussi t'as changé Jake, toi aussi tu t'es assombrie. T'es plus la gamine un peu rebelle, la garçonne en devenir, l'apprentie magicienne qui le faisait rire. T'as perdu ton innocence en même temps que tout le reste ; ta fougue s'est transformée en rage, ta rébellion perpétuelle en sagesse du crime. Tu ressembles à une lionne usée par le temps plutôt qu'à jeune femme de vingt-deux ans. Tu finis par le repousser sur le matelas, de ta force redoublée par la colère alors que tes yeux rencontre le garrot jeté par terre. T'as un rictus désespérée, celui de la mère désabusée qui s'étonne sans s'étonner des bêtises de son aîné. C'est quoi ton putain de problème? tu lui demandes, t'essaies à peine de comprendre. Tu tchipes, méprisante. Tu pensais que c'était sa soeur, la junkie de la famille, qu'à travers ses travers il éviterait au moins cette addiction lamentable, ce suicide organisé par frayeur et par lâcheté. J'vais pas m'en aller Seven donc soit tu te laisses soigner en fermant ta grande gueule soit j'serai obligée de t'injecter de quoi te taire pour la semaine à venir. Tu ouvres tes fioles, lentement. Je le ferai t'ajoutes, au cas où il ait une hésitation. T'as le regard certain, le sourire mesquin, celui qui ressemble à celui qu'il connaissait par coeur, qui hante votre enfance. Celui qui disait cap ou pas cap, si tu le fais pas t'es une fiotte, si j'y arrive j'suis la reine du monde, hein Seven, cap ou pas cap de vivre encore un peu, de me laisser t'aider malgré ta haine et ta fierté, cap ou pas cap de te faire pardonner de toute la souffrance que tu m'as causée, de toute la peine que j'ai eu quand tu t'es volatilisé, quand t'as disparu comme un chien des rues, cap ou pas cap de rester, cap ou pas cap de me prouver que tout ça appartient pas totalement au passé ?
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