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 — contre un peu de beauté

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MessageSujet: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyMar 26 Mar - 13:00

_contre un peu de beauté
@igg hopkins

tu as le temps, tu as l'argent. Il te brûle la poche, ces billets, ce liquide, cette thune échappée de ton porte-monnaie. Quand tu sors de ton boulot, quand tu abandonnes ton poste aux mains de tes collègues, tu fiches une capuche sur ta tête, tu étouffes des bouclettes d'ange et tu te mets en route. Il flotte. C'est bizarre, qu'il flotte. En pas longtemps, te voilà déjà trempé. Et il fait sombre, beaucoup trop sombre, si sombre que ta notion du temps est altérée. Pays de merde. Tu tires sur ta capuche, qu'elle bouffe jusqu'à ton visage, le haut de ton front, qu'elle t'englobe, qu'elle te digère, que tu disparaisses en son sein jusqu'à ne plus exister. Les mains dans les poches, la tête baissée. Tu frissonnes sous ton blouson trempé. Tes pas ignorent les flaques et frappent le pavé avec violence. Rythme exacerbé. Une bagnole te frôle, l'eau sur ton jean. Tu t'arrêtes, tu la regardes partir. T'as les yeux morts, AJ. Putain, tu as les yeux morts, ceux qui ne brillent pas. Tu sors une clope de ta poche, et de ta main tu abrites la flamme de ton briquet. Nicotine dans la gueule, qui vient bouffer tes poumons. Tu lèves le visage, vers le ciel, vers la flotte poisseuse qui s'écrase sur ta sale tronche. Tu respires. Et te voilà déjà reparti.

tu l'as déjà vu ce type. Tu as déjà acheté, chez lui. Toujours la même merde. Alors, tu y retournes. Parce qu'il va commencer à te connaître, te reconnaître. Il va commencer à savoir ce que tu veux, sans que tu aies besoin de l'ouvrir et, comme souvent, t'as pas envie de l'ouvrir. T'as envie de cramer tes cordes vocales, de bouffer du verre pilé. Alors, tu avances, pour le retrouver. Ce même mec. Tu te paumes dans cette ville, jusqu'à reconnaître le quartier. La pluie, elle se calme, elle se fait moins violente. Mais t'es déjà trempé, trempé jusqu'aux os, jusqu'aux muscles, jusqu'au cœur. Trempé et glacé. Mais quand tu arrives là où tu l'as déjà vu traîner, tu es frappé par son absence. Cet espace laissé vide sur le trottoir dans cette ruelle. Tu plisses les yeux, tu te bouges jusqu'à l'endroit exact où tu l'as rencontré la dernière fois. Tu restes immobile un instant, avec la gueule d'un mec qui hésite, avant de t'approcher d'un porche sous lequel tu t'assois, le cul sur une marche, les pieds sur le trottoir. Relativement au sec. Ta cigarette entre les doigts, tes avants-bras reposés sur les cuisses. Tu attends. Tu trembles. Tu n'as convenu d'aucun rendez-vous, mais tu attends. Tu as tout ton temps. Toute ta putain de vie devant toi. Et tes yeux errent, se perdent dans la contemplation de la rue. La fumée qui file par tes lèvres entrouvertes. Tes lèvres pâles, décolorées. Tu attends, sans espérer.
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyVen 29 Mar - 18:02

_Hallelujah (Ash & Igg Hopkins)

tenant ? Personnellement, tu n’en avais pas l’énergie. Ta soirée serait suffisamment longue comme ça !
Avalant jusqu’à la dernière goutte de lait, tu abandonnais le bol à côté des autres avant de sauter sur tes pieds. Tu te les prends d’ailleurs dans la couverture et tu manques de te faucher par terre. Dommage que les dealers n’acceptaient pas les arrêts de travail pour un bobo aussi merdique.
Tu soupires et coule un regard peu inspiré sur la fenêtre crasseuse. Elle a beau être rendue opaque par la graisse de cuisine et la poussière que tu n’as jamais pensé à épousseter, tu peut quand même voir la pluie ruisseler de l’autre côté de la vitre.
Ah putain, mais qu’est-ce que t’es motivé à sortir ce soir !
Sauf que t’as rien vendu depuis trois soirs et la dernière fois que t’as croisé Leondre, il a retroussé le nez. Tu sais qu’il fait ça quand il cherche très fort dans son coeur une seule bonne raison pour ne pas te casser les dents. Ou envoyer Angr, ça revenait au même.
Tu lèves les yeux et soupire, c’est l’heure d’y aller. Enfin techniquement ça fait plus d’une heure déjà qu’il est l’heure alors tu t’actives un peu et enfonce un bonnet sur ton crâne avant de refermer la porte aussi doucement que possible, histoire de ne pas éveiller l’attention de ton bailleur. Après par contre, tu t’actives parce que ce serait vraiment dommage de le croiser par hasard dans les couloirs. Non, cette fois tu files et tu vas même jusqu’à affronter la pluie, nuque fléchie.
Heureusement pour toi, ton secteur n’est pas bien loin et arrivé au coin de rue que tu as pour habitude de squatter, tu constates qu’un type y attend déjà, l’air hagard et les doigts fermement refermés sur une clope qui peine à rester allumée. Tu ricanes, on dirait un chiot perdu alors que bon, il est quand même plus grand et plus baraqué que toi. Ce qui, soit dit en passant, n’est pas bien difficile. Tu t’approches de lui et t’arrête au beau milieu de la route, mains levées au ciel et d’une voix d’ange, tu imites le chant de la grâce comme si tu étais directement envoyé par ton Père aux cieux. Tu ricanes.
— C’est moi que t’attends j’espère ?


EDIT: Well j'ai éffacé par mégarde une partie de mon rp; sorry
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptySam 6 Avr - 22:49

_contre un peu de beauté
@igg hopkins

Tu n'es pas si mal installé, sur ce morceau de béton. Le macadam gris et terne de la ville te semble presque chaud. Detroit, réputée pour son activité, pour la violence de ses travaux, pour le bruit, les gens, les voitures, les coups de feu qui se perdent dans la nuit. Mais Detroit qui sous cette pluie crasseuse, répugnante, semble endormie, désertique, abandonnée par ses habitants. Lèvres pincées. Tu entends un talon aiguille battre le pavé, un peu plus loin. Un pas pressé qui s'évanouit. Le ronronnement d'un moteur, le bruit d'une flaque que l'on piétine. Puis le silence à nouveau. Tu es étrange AJ car en cet instant, si tu n'étais pas dégoulinant et trempé jusqu'aux os, tu passerais un bon moment. Un moment déconnecté de toute cette violence, sans avoir besoin de drogue pour planer.

Mais il y a ce type, ses bruits de pas, le bonnet enfoncé sur le crâne, presqu'au point de recouvrir son visage tatoué. À son approche, tu tires une dernière taffe, à plein poumons. Puis d'un mouvement négligé, tomber le mégot à même le trottoir. Par la fumée qui s'échappe de tes lèvres, les yeux plissés, tu l'observes avec une attention et un intérêt non feints. Il s'arrête, effectue un petit manège comique qui ne t'arrache pas même l'ombre d'un sourire. Ce n'est pas contre lui. Ce n'est pas de sa faute, quand bien même il serait véritablement touché par la grâce divine. C'est toi le problème. Mais ton visage se détend, et doucement, tu te relèves sous ton abri. Il te parle et tu hausses vaguement les épaules. Son ricanement accentue  l'aspect juvénile de son visage, malgré les tatouages qui s'y trouvent. Tu es plus vieux, plus grand, plus large que lui. Plutôt doux aussi, sans doute les boucles brunes qui retombent sur ton front accentuent cette impression. Il a un air de petit con, mais cela ne te refroidit pas. Tu écartes légèrement les bras à son approche, d'un air fataliste. “Non, pas particulièrement, j'adore me peler le cul sur les trottoirs.” Cela sort dans un anglais accentué par tes origines, l'exotisme sur les lèvres. Toi aussi, tu fais dans l'humour. Tu attends qu'il s'approche un peu, qu'il vienne au sec. Tu ne penses pas encore à ce que tu vas acheter, pourquoi tu es là. Tu as l'impression d'être avec un vieux pote enfin retrouvé après des années de séparation. C'est une très étrange impression.  “J'étais pas sûr que tu sortirais, par ce sale temps.” Tu le dévisages d'un air attentif, certain qu'il ne te reconnait pas, car après tout tu es un client banal, comme les autres.
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyLun 22 Avr - 21:14

Tu es parfois le premier étonné quand tu t’aperçois que certains clients reviennent régulièrement pour finalement devenir des habitués. Est-ce que tu peux compter AJ parmi eux ? Peut-être, il est déjà venu te voir à plusieurs reprises et tu es toujours aussi étonné de reconnaître un visage. Encore plus quand il t’attend à ton poste de vente habituel. Pourquoi est-ce qu’il revient te voir ? Parce que t’as de la came d’enfer ? Non, probablement parce que tu es trop nul pour faire correctement tes comptes. Ou peut-être parce que tu t’étais déjà défoncé avec lui ? Tu ne sais plus, mais ce soir tu n’es pas encore assez high pour lui offrir une fournée à l’oeil.
C’est un peu ton problème. Il y a des tas de gens que tu croises et décroises, mais tu finis toujours par oublier. Ce n’est pas ta faut, tu ne le fais pas exprès, tu es simplement beaucoup trop ailleurs pour te soucier de ce qui se passe ici bas sur Terre. Toi, tu planes quelque part dans les nuages, même quand tu n’as rien pris pour ça. Certains diront que tu t’es déjà complètement cramé, ils n’ont probablement pas tort. Voilà beaucoup trop longtemps que tu n’as pas été clean. Totalement clean, s’entend-on.
 Voilà probablement pourquoi tu préfères la compagnie des autres perdus comme toi. Beaucoup trop de dealers méprisent leurs clients. Pas toi. Parce que tu sais bien toi, qu’on a tous besoin d’un carburant. Qu’importe si c’est la clope, la dope, l’alcool ou pire encore, l’amour.
C’est donc tout naturellement que tu fis ton petit numéro de comique face à un public pas franchement réactif.
— Tu pourrais faire un effort, j’suis quand même le mec qui sauve ta nuit, fais-tu remarquer d’un sourire ironique en enfonçant tes mans dans tes poches. Tu les aimes bien tes potes camés, mais niveau enthousiasme, il y a mieux. Tu relèves néanmoins le regard sur lui, une lueur dans le regard.
— Ben si tu veux un plan de carrière, j’en connais un bon pour toi alors.
Tu provoques, tu mérites bien les coups que tu reçois. De toute évidence, ça ne t’empêche pas de pousser le vice, encore et encore. Tu es pourtant dépourvu de méchanceté et c’est d’un pas confiant que tu vas le rejoindre à l’abri de la pluie, accroupi le temps de tirer de ta poche de quoi te rouler un joint. Tu fais ça le plus tranquillement du monde, ta feuille OCB posée sur ton genou pendant que tu fouilles dans ton tabac. Ça ne t’empêche pas de sourire en coin.
— Comme quoi, la persévérance finit toujours pas payer. Enfin, pour le coup c’est toi qui va payer quand même, mais tu m’as compris. Qu’est-ce que tu voudrais ?
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyDim 28 Avr - 15:18

_contre un peu de beauté
@igg hopkins

Dans cette ville, y'a pas beaucoup de visages que tu remets, t'as pas beaucoup de points de repères. Y'a ces lieux que tu fréquentes, vers lesquels tu reviens, tout naturellement, comme un clébard qui retourne à sa maison après un abandon. La laverie en fait partie. Puis y'a ces gueules décharnées devant lesquelles tu te perds, que tu croises, un peu trop pour ce qui est d'Igg. Ces silhouettes qui s'accrochent à tes pieds, à tes chevilles et qui te tirent inexorablement vers le bas, comme si elles cherchaient à te faire sombrer avec elles. Sombrer. Tu peux pas t'en empêcher, hein AJ ? Est-ce là une manière de te punir, de te faire payer ? Ou ta seule solution pour goûter à une liberté retrouvée, une liberté qui t'est bien étrangère pourtant.

T'as glissé les mains dans tes poches, peut-être pour les occuper, plus sûrement pour adopter une posture dans laquelle tu te sens en sécurité. T'as le bout des doigts qui frôle les billets, le regard inquisiteur, brillant. Peut-être aussi que t'as les mains qui tremblent, de froid, mais que ça, t'assumes pas. T'assumes pas de pas contrôler ce putain de corps, dans lequel t'es à l'étroit. Tu te concentres sur ton humoriste de dealer, sur les mots qui jaillissent hors de ses lèvres, que tu fixes avec cet air presque absent. Haussement d'épaules, pour remplacer un sourire qui se fait désirer. T'es pas bon public, tu le seras sans doute jamais. Mais t'es là, t'es tranquille, t'as l'esprit et le visage ouvert, juste ce qu'il faut pour apprécier le numéro.

Ses yeux qui brillent, tu les affrontes, puis sa provocation, elle, elle t'arrache un sourire. Les lippes qui s'étirent, qui se déforment, amères. Putain, ça fait mal et toi, tu souris, comme si ça t'amusait. Mais le fait est que ça t'amuse. Là, au présent, face à cet alien, ouais, ça t'amuse. L'ironie de ta vie te rend moqueur. Auto-dérision au summum quand tu t'entends répondre un Déjà expérimenté. si fluide, si subtil que tu as l'impression de l'avoir rêvé. Ton esprit passe à autre chose, immédiatement, dès qu'il arrive à ta hauteur. Tu le suis du regard, le fixes un instant, puis te détournes, les yeux qui fuient vers la rue, ton dealer à tes pieds. N'importe quoi. C'est pas une réponse, tu le sais. Pourtant, c'est la plus précise et la plus honnête que tu puisses lui donner. Peu importe, n'importe quoi fera l'affaire. La voix qui se meurt, qui part en vrille, qui s'étouffe dans la gorge. Il peut bien te refourguer ce qu'il a de plus cher, tu t'en moques. Le regard qui revient sur lui, naturellement attiré par son visage, par les tatouages qui noient sa peau. Tu recules d'un pas, appuies ton dos au muret derrière toi. T'as l'iris fou, mais l'air serein. T'es pas un camé énervé. En fait, tu t'en fous de ce que tu vas récupérer, tant que ça t'arrache la gueule, tant que ça te fait planer. Tant que tu peux t'échapper quelques instants de ta prison charnelle.
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyDim 5 Mai - 21:50

Tu joues avec ce pauvre client, mais en même temps, tu le fais avec tout le monde. Et surtout, ce n’est pas méchant, tu ne te fous pas vraiment de sa gueule et tu ne cherches pas non plus à être blessant. Tu sais bien qu’à Détroit, il est de coutume de montrer ses crocs, mais toi hormis tes dents cassées, tu n’as pas grand chose à montrer, rien pour faire peur non plus d’ailleurs. Puis, si ton client voulait se défendre, ou t’en coller une, il n’aurait aucun de mal à ça. Une chance pour toi qu’il était particulièrement pacifique et pas chiant pour un sou. Juste un peu dépressif quoi. C’est du moins ce que tu t’étais dit la première fois qu’il s’était présenté devant toi, des billets entre les doigts.
Tu en as fini de tes conneries quand tu t’accroupis juste à côté de ses pieds, enfonçant un peu plus ton bonnet sur ton crâne avant de sortir ton attirail. Pas grand chose, juste une mise en bouche. L’apero. Un joint pour rendre la nuit moins longue, pour trouver de quoi te marrer. Tu ne te prends pas le chou, t’as le temps et AJ aussi. Parce que c’est un junky et quand on est accro, on finit par faire le ménage dans la vie pour qu’à la fin, il ne reste qu’elle, la précieuse.
Tu continues quand même tes petites provocations et à sa réponse, tu ricanes franchement. Ouais, dans le fond ça ne t’étonne pas. Certains étaient vraiment prêts à tout. Toi tu ne te voyais pas faire le trottoir, ceci dit tu n’avais pas la gueule de l’emploi. Tu n’étais pas très joli, encore moins maintenant que tu t’es tatoué. Tant mieux ? Tant pis ? Tu n’avais jamais eu à aller dans ces extrêmes là. Heureusement. « Chaud. T’étais défoncé avant déjà ou même pas ? » questionnes-tu, curieux. Il n’est pas obligé de répondre, mais ça t’amuses, puis tu ne connais pas trop ça, tu n’as jamais été tenté. Ça fait un sujet de conversation comme un autre.
Tu finis par te redresser et le visage caché derrière tes paumes, tu allumes le joint, tirant profondément dessus pour laisser le nuage rouler dans ta bouche comme un tsunami. Tu hoches du menton à sa réponse puis lui tends le joint le temps de fouiller tes poches. Tu ne tardes pas à mettre les mains sur ce que tu cherchais, bien conditionné dans du papier alu. « crack ? T’as ce qu’il te faut pour ? »
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyLun 6 Mai - 23:28

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@igg hopkins

Y'a un je-ne-sais-quoi qui retient ton attention chez ce type. Il n'a rien de bienveillant, au premier abord. Mais ses gestes, sa voix, son comportement, tout en lui manque d'un trait bien trop répandu chez vos pairs: la méchanceté. Tu ne saurais l'expliquer, tu penses que c'est dans sa manière d'être si détaché, dans son ton léger. L'amusement qui frôle la moquerie sans une arrière-pensée. Peut-être que c'est parce qu'il n'est pas très menaçant, qu'il a pris d'autres armes pour affronter ses tarés de clients. L'humour et cette manie de ne pas se prendre la tête comme défense contre les agressions. T'es assez admiratif de ça, toi qui ne sais que te renfrogner, jusqu'à ne plus tenir et cogner. Pathétique créature, tellement prévisible. Tu l'observes avec un détachement certain, lui, tellement petit à côté de toi, ainsi accroupi. À sa question, tu restes un instant silencieux. Tu prends le temps de la réflexion, comme si cela avait une quelconque importance. T'as toutes les cartes en main, et tu abats celle de la franchise, la vérité, aussi violente qu'elle soit. J'étais un peu trop jeune pour ça. Et pourtant, t'as que vingt-trois ans, même si t'en parais trop souvent bien plus. Une manière d'aborder le sujet à mi-mot, d'avouer que t'as commencé très tôt. Pas par choix. Tu cherches pas à mettre du suspens là-dedans, ce n'est pas ton genre d'essayer de capter l'attention. Pensif, les yeux dans le vague, qui se perdent dans la contemplation du trottoir. T'as pris l'habitude de te détruire, comme si tu cherchais à perpétuer ce qui a été entamé par d'autres. Ouais, c'est exactement ça. Cette pensée t'arrache un sourire, l'œil qui revient se plonger dans celui d'Igg. Se défoncer, c'est juste une manière de continuer à sombrer, tu remplaces un vice par un autre, parce que c'est plus fort que toi. Silence. J'imagine que t'as pas mal de clients comme ça. T'es étonné de ta propre vivacité, la franchise qui te brûle la peau. Étrange énergumène. C'est que ton dealer, alors y'a ce truc entre vous qui se créé. Il peut te juger, mais tu t'en fous, un laisser-aller que tu assumes et qui te sied étrangement bien. Tu dois pas être le pire des camés, loin de là. T'as pris le joint entre tes doigts, le débarrassant de cet encombrement quelques instants. À sa réponse tu hoches la tête, mouvement vague de la tête, négatif. Pas vraiment. Non, t'as pas le matos, t'as rien. Toi t'es qu'un SDF paumé. Mais je peux me démerder pour trouver. Avec un peu de chance, tu seras assez euphorique pour penser que tu peux voler. T'as jamais tenté de te ramasser sur le béton armé. Tu t'apprêtes à ajouter quelque chose quand y'a un sixième sens qui te pousser à lever le nez, balayer des yeux la rue déserte. L'instant d'après, au loin, le ronronnement menaçant d'une sirène de police. Ils viennent sans doute pas pour vous, pour lui ou toi, vous n'êtes pas assez importants. Mais tu jettes un regard à Igg, parce que le son grandit à mesure qu'il s'approche, dangereusement.

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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyLun 13 Mai - 22:13

Tes clients se ressemblent tous plus ou moins, mais ils ne cessent pour autant de t’étonner dans leurs attitudes. Lui par exemple, il avait tout l’air du genre à prendre sa came et disparaître comme un coup de vent jusqu’à la prochaine fois et pourtant, il était toujours là. Sa présence ne te dérangeait pas, tu n’étais pas taciturne, ni solitaire et encore moins asocial. Tu étais juste toi-même, imperturbable et égal, peu importe la personne en face de toi. C’était en partie pour ça que l’on t’aimait comme on te détestait: tu ne faisais pas semblant, tu étais simplement à prendre où à laisser.
En même temps, il devrait en être ainsi avec tout le monde, non ? Tu détestais quand on tentait de te changer, quand on essayait d’ingérer ta vie, à commencer par tes addictions. Ash tentait souvent le coup, à essayer de te faire ouvrir les yeux, mais c’était peine perdue: inutile de te faire réaliser quelque chose que tu savais déjà. Tu n’avais pas envie de changer, pas envie de revenir de ton voyage et encore moins vivre sobre. Voilà trop longtemps que tu avais oublié ce à quoi ça ressemblait et tu n’avais aucune envie d’essayer. Bref, t’étais bien comme ça et si ça ne plaisait pas, tant pis ?
AJ semblait agir tout pareillement et sur le ton de la conversation, il te fit entre-apercevoir ce qu’avait été sa vie, au bord du trottoir. Trop jeune pour ça. Ça voulait tout et rien dire. Tu espérais pour lui que ce n’était pas si jeune que ça, dans les faits, même s’il n’y avait pas d’âge pour ça. Tu le considères un instant en tirant sur ton joint avant de le faire tourner. « Comme quoi, chacun sa merde. » Ce n’était pas méchant, ce n’était que la vérité. Toi, ta vie avait explosé avant même que tu ne naisses, partageant un peu trop de gênes avec ta fratrie, plus que nécessaire en tout cas. C’était écrit avant l’heure, que vous finiriez tous mal.
« Moi ça me convient bien, les gens sobres ont l’air d’avoir tellement de problèmes… Moi en général j’en ai qu’un et encore, c’est pas souvent que je suis à court » racontes-tu d’un haussement d’épaule en reprenant le joint entre ton pouce et ton index. « On est un peu tous pareils » ajoutes-tu. Pas de jugement, tu ne te penses pas mieux qu’un autre.
Tu lui proposes du crack et l’autre semble partant, en même temps c’est pas cher et carrément fort. Mais sans pipe ou quoique ce soit pour le fumer convenablement, ce serait dommage. Une sirène retentit non loin et se rapproche dangereusement. AJ te jette un regard et tu pinces des lèvres. « Fait chier…Viens on a qu’à faire comme si on était des bons gars » proposes-tu. Vous n’aviez qu’à marcher en sifflotant d’un air innocent. « Au pire, on va chez moi trouver une pipe, j’dois avoir ça » normal. Parfaitement normal. Tu n’étais pas trop nerveux et surtout pas motivé à courir. Tu ferais pourtant mieux vous ce que t’as dans les poches.
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyDim 26 Mai - 17:43

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@igg hopkins

t'angoisses pas à l'idée qu'il puisse penser des saloperies sur toi. t'as pas peur de ses regards, de ses jugements. peut-être parce qu'il te semble étonnamment vrai, authentique. peut-être aussi parce qu'il a une gueule de camé, défigurée par les tatouages en travers de son visage. plus que toi. alors, tu te dis inconsciemment qu'il est de ton côté. dans le camp des cas désespérés, des mecs qui n'essaient plus d'être sauvés. pourtant, même si t'es pas un livre ouvert, anjel, loin de là, tu le laisses apercevoir quelques pages de douceur dans ton océan de détresse. comme si ça pouvait l'aider à mieux te servir. à te  cerner pour te fournir ce dont t'as réellement besoin. mais de quoi t'as besoin au fond ? peut-être juste d'un autre corps, d'une autre prison. de t'évader de cette putain de planète. le truc c'est que t'as pas d'autre moyen que la drogue pour en décoller. et même alors, t'es pas certain d'y arriver. la terre, tu peux juste en faire le tour, tu peux pas t'en échapper. te défoncer, ça te fera pas échapper à qui tu es, juste oublier quelques instants ta condition. alors ses réponses, tu les prends comme elles viennent. dénuées de bienveillance, mais privées de méchanceté. une conversation hors du temps, comme ce moment. hochant la tête à ses mots, acquiesçant à ses propos, ne fuyant pas la conversation. pour une fois. c'est remarquable de ta part petite âme égarée. remarquable d'affronter son regard, quand tu viens d'avouer que te prostituais. alors, quand il te propose de le suivre, d'agir en innocent, t'acquiesces distraitement. des deux, c'est sûrement toi le moins louche. et des deux, c'est aussi toi qui risque le moins. alors, dans un haussement d'épaules, tu réponds un vague ça me va. et sans attendre davantage, ajustant la capuche sur ton crâne, tu te dégages de ton abri pour affronter la pluie. l'eau qui imbibe tes fringues t'arrache un nouveau frisson. tu le laisses passer légèrement devant, te guidant dans ce quartier que tu ne connais pas tant que ça. de plus, tu ne sais pas où il vit et c'était pas franchement ta préoccupation première. j'te propose pas d'aller chez moi… phrase en suspend, aucun intérêt à la terminer. t'as nulle part ou l'amener. et la perspective de rentrer te réchauffer et te sécher quelque part te paraît très séduisante. alors, t'as un ton presque amusé quand en marchant, la tête baissée pour protéger au maximum ta gueule de la pluie, tu reprends, lui jetant un regard en biais. tu ramènes souvent des clients ? question légitime, parce que d'expérience, tu sais qu'un dealer a plutôt pas intérêt. pour se protéger. mais avec lui, tu ne serais pas surpris que ça soit différent. question stupide aussi, parce que tu te dis que vous n'auriez qu'à vous séparer pour ne rien risquer. mais il doit tenir à sa vente. d'ailleurs, il a l'air détendu et tu l'es aussi. ta tranquillité naturelle, ton calme apaisant prend le pas sur les risques, sur la voiture de flics que t'as l'impression de distinguer au coin de la rue. au contraire, t'as la dégaine d'un étudiant qui rentre de soirée, le pas assuré d'un mec qui n'a rien à se reprocher. parce qu'au fond, c'est vrai.

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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyJeu 30 Mai - 0:47

Sans même vous en rendre compte, vous étiez tous deux entrés dans une bulle connue de vous seuls, fragile et à peine perceptible. Et pourtant, sans vous connaître, vous vous étiez trouvés à parler une même langue, comprendre les mêmes signes. Tu déconnais, il esquissait à peine un sourire et pourtant, mot après mot, il se déliait. Tu n’attendais pas tant, mais tu aimais apprendre à connaître le jeune homme. Parce que ces airs torturés là ne venaient que rarement par hasard. Tes propres tatouages, aussi étranges soient-ils, n’avaient pas fait leur apparition sur un coup de tête ou sous l’impulsion de la drogue. Non, à ta manière, tu les portais comme des cicatrices dont tu n’avais pas honte. Sans les évoquer, tu ne te sentais pas gêné par qui tu étais. Tu ne l’avais pas choisi. En fait, tu n’avais rien choisi hormis de marquer à vie ton visage pas si joli. Les cicatrices d’AJ sont quand à elles bien cachées, profondes et infectées. Tu le devines à travers ses quelques mots même si ce soir, le brun semble d’humeur à s’alléger le poids sur ses épaules. Il a raison.
Dans cette drôle de conversation, le brun ne manque pourtant pas de remarquer la sirène trop proche à son goût et toi, tu comprends vite le message. Mieux vaut ne pas rester là. Mais pas courir non plus, vous auriez l’air coupables. Vous l’étiez d’ailleurs, mais à tes yeux tu ne faisais rien de mal et tu n’avais pas de quoi payer une caution. Ash non plus et les autres n’auraient même pas l’idée de mettre la main à la poche. Toi non plus à dire vrai, tu ne le ferais pas pour eux. Mais pour lui, tu pouvais bien tenter un truc. Un truc où vous seriez gagnants tous les deux alors sans plus réfléchir, tu lui proposais de te suivre. Etonnamment et sans même négocier, il accepte et tu souris. Toi qui craignais devoir passer la nuit dehors, tu venais de couper à ton astreinte. Yes !
Les mains dans les poches et le pas tranquille, tu ricanes doucement à l’évocation de son propre chez lui. T’aimes bien son humour pince sans-rire. Ça lui va bien. « Je te préviens, chez moi c’est plus p’tit. Mais normalement il fait sec. Chaud par contre n’y compte pas trop, ils m’ont coupé l’chauffage tout ça » Parce que tu n’as pas payé. D’ailleurs ton loyer aussi, tu ne le payes qu’épisodiquement. Il verrait bien l’étendue du désastre une fois chez toi alors tu n’en dis pas plus, pour ne pas le spoiler davantage.
Sa question te fait cependant un peu tiquer. Tu ne l’avais pas vu sous cet angle, d’ailleurs tu n’avais pas réfléchi du tout. Tu ne réponds pas tout de suite. Est-ce que tu ramènes souvent des clients ? Non, tu ne crois pas. Des copains oui probablement. Ton appart est une planque comme une autre. « En général je préfère m’inviter, et toi tu suis tout le monde aussi sagement ? » expliques-tu finalement à ta manière, un sourire ironique au coin des lèvres. « Considère que ton dealer est un putain de bon samaritain » ajoutes-tu avant de pouffer de rire. Un putain de bouffon surtout, mais ce n’était pas grave. Tu lui désignais finalement ton immeuble. « Faut passer par derrière, discretos. Jusqu’au cinquième. » Les escaliers de secours n’inspiraient pas confiance, mais tu les préférais toujours à ton bailleur.
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyJeu 30 Mai - 18:44

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@igg hopkins

la police, pour toi, reste un concept abstrait. au venezuela, déjà, c'était une légende urbaine, un élément du décor qui jamais ne se manifestait. alors, t'as pas cette appréhension, en les voyant. t'es en règle, t'as des papiers, t'as pas de domicile, au pire, une nuit en cellule est une nuit de moins sur le pavé. ils te laissent aussi indifférents que les passants que tu bouscules sur les trottoirs de detroit, aussi inexistants. alors, ta sérénité, elle se lit sur ta gueule, quand tu lèves à peine le regard vers le bout de la rue, puis quand tu viens fixer le trottoir. et comme si t'absorbais toute l'agitation de la ville, y'a toute la rue qui semble endormie, calme sous la pluie. c'est d'ailleurs avec ce même apaisement, cette même sensibilité, que t'as accepté de le suivre, sans craindre de danger. t'as pas peur pour ta vie, pas peur d'un potentiel traquenard. en fait, il en faut beaucoup, beaucoup pour t'effrayer et suivre un inconnu jusqu'à son domicile n'est pas un critère susceptible de t'apeurer. il rit doucement à ta remarque et t'accueilles son éclat de rire d'un furtif sourire. ça va, t'inquiète pas. je m'en fous. tant que je suis au sec… parce qu'en vérité, t'arrêtes pas de frissonner sous ton blouson. malgré la capuche et tes épaules voutées pour te protéger, t'as le teeshirt imbibé d'eau, le jean trempé. tu serais pas étonné d'avoir également de l'eau dans tes pompes. avec un peu de chance, t'as déjà choppé la crève. mais tu peux pas vraiment te permettre de tomber malade. par la suite, sa réaction t'arrache un sourire. son silence en dit long sur le fond de ses pensées. tu as l'impression de le prendre au dépourvu et cela t'amuse terriblement. pourquoi, je devrais me méfier ? que tu rétorques en le fixant du coin de l'œil, plongeant ton regard dans le sien. tu le scrutes attentivement de tes yeux noirs, sans chercher à dissimuler que tu le dévisages. il faut dire que tu ne regardes pas ses tatouages ou son visage fatigué. y'a pas de jugement, pas de violence dans ta manière de l'observer. au contraire, on dirait davantage que tu essaies de le cerner, sonder son âme à travers son regard, une putain de bienveillance dont t'as même pas conscience. un bon samaritain, sûrement. t'as envie de croire que le monde n'est pas rempli de monstre, qu'il fait partie des exceptions. non, pas tout le monde. que tu finis par doucement souffler, te détournant enfin. le regard qui se dirige d'instinct vers l'immeuble qu'il te désigne, qui se lève jusqu'à l'étage qu'il habite. puis vers les escaliers de secours, à l'arrière. inconsciemment, t'as ralenti, cédé un peu de terrain pour le laisser passer un peu devant, tout en te rapprochant. t'es son ombre, sur ses talons. s'il te fait pas passer par la grande porte, c'est soit qu'il a honte, soit qu'il a quelque chose à éviter. dans les deux cas, t'as plutôt intérêt à te faire discret. ce qui n'est pas bien compliqué en soi pour toi. je te suis. tu articules en espagnol, l'accent et le ton bourrés de chaleur et de confiance. et même si tu souris pas, t'as toujours ce je-ne-sais-quoi d'engageant sur ton visage typé. t'es comme ça, parce qu'igg, il t'inspire ces sentiments là. cette pseudo légèreté, cette simplicité. t'as pas l'impression de te prendre la tête quand tu parles avec lui, ou de te faire critiquer. ce qu'il dégage t'envahit tout entier et tu cherches pas à lutter. t'as besoin de ce genre de moment un peu hors du temps, de ce genre de personne brûlante de sincérité et d'authenticité, que t'apprends doucement à connaître. en vérité, sous les tatouages, y'a un être peut-être bien plus humain que toi.

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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyMar 4 Juin - 23:43

Tu n’es pas particulièrement stressé par la police se rapprochant, mais tu ne te fais pas trop d’illusions: t’as pas la gueule d’un saint. Alors même si tu n’avais rien à te reprocher, tu avais appris à te méfier de la police locale. Et plus encore quand tu avais les poches pleines. C’est donc d’un commun accord que vous commenciez à marcher vers ton appartement et voilà déjà que la pluie tentait d’infiltrer tes vêtements. L’horreur. Tu enfonçais un peu davantage ton bonnet sur tes cheveux et tranquillement, tu lui expliquais que ce n’était pas un palace chez toi. Comme s’il en avait quelque chose à faire. Tant mieux, parce que tu n’avais pas mieux à lui proposer et à sa remarque, tu te contentes de hocher du menton d’un air entendu. « T’attendais sous la pluie depuis longtemps ? » Tu ne le connais pas après tout, tu ne connais ni sa vie, ni ses habitudes, encore moins son emploi du temps avant que vous ne vous rejoigniez sous ce porche. Au final, vous n’étiez jamais que des âmes solitaires vous entre-choquant de temps à autre, au gré de vos envies. Ou besoins, le plus souvent.
Tu savais de quoi AJ avait besoin par exemple. Sans quoi, jamais il ne serait venu te voir. Peut-être que dans une autre vie, vous vous seriez croisé sans jamais vous arrêter l’un sur l’autre, sans jamais envisager de vous parler. Encore moins de l’inviter à fumer le crack chez toi, typiquement. Il y avait bien longtemps que tu avais cessé de te poser des questions, tu te fichais de savoir si c’était bien ou mal. Le regard des autres et le jugement te passait tellement loin par dessus la tête, c’était hallucinant. Te méfier, par exemple ? Curieuse idée qui ne te serait pas venue en tête, à lui non plus d’ailleurs. Tu lui offres d’ailleurs un large sourire. « Nan j’suis cool » ironises-tu. Alors non, t’as pas à t’inquiéter. Au pire, c’est moi qui me fait niquer à la fin, c’est rarement l’inverse. Il finit par confirmer d’un souffle que non, il ne suit pas tout le monde. Tant mieux pour lui. Un peu de discernement ne fait de mal à personne.
Parvenu au pied de l’immeuble, tu lui donnes tes instructions non sans jeter un coup d’oeil à la loge de ton bailleur. Tu n’as pas à t’expliquer, AJ se calque sur tes pas et tu grimpes les escaliers escorté de près par ton ombre. Il paragouine quelque chose, tu n’y comprends rien alors tu te tais et tu grimpes les marches d’un pas prudent avant de pousser la lourde porte de secours et lui laisser le passage pour qu’il te précède. « La deuxième porte » indiques-tu avant de le rejoindre et déverrouiller cette dernière. Elle cède sans trop de mal et sitôt rentrés, tu tires un verrou en haut, puis en bas. Tu donnes d’ailleurs un léger coup sur l’épaule d’AJ pour les lui montrer « ça s’ouvre de l’intérieur » indiques-tu d’un ton bref pour le rassurer. Tu ne sais pas trop pourquoi, il n’avait pas l’air particulièrement stressé, mais face à l’enfermement, certains pouvaient avoir de drôles de réaction. Dans la foulée, tu te débarrasses de ta vestes en l’abandonnant à même le sol et comme un pilote automatique, tu allais fouiller un tas de bazar qui encombrait ce qui semblait être un canapé. Et qu’on se le dise, ton appartement ne ressemblait à rien. « Bon, elle est quelque part. » l’info était vague et tu continues à fouiller avant de relever le nez sur lui. « S’tu veux, j’ai un chauffage d’appoint dans la chambre, tu peux l’mettre en route si tu veux. » Ouais, il faisait pitié à grelotter. A moins que ça ne soit le manque ? « Fais chier, elle est où cette saloperie ? » Tu ne t’énerves pas, tu râles juste en faisant tomber des trucs sans t’en soucier.
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyMar 11 Juin - 10:16

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@igg hopkins

t'attendais sous la pluie depuis longtemps. haussement d'épaules pour toute réponse. t'as perdu la notion du temps quand t'as posé le cul sur le pavé. sans doute que ça n'a pas duré, non, une clope tout au plus, que tu as pris le temps de fumer, que tu as savourée. mais assez pour que tu commences à frissonner. pour que l'eau infiltrée dans tes vêtements te glace la peau et le sang, plaque le tissu contre ta carcasse, révélant sa finesse et ses angles prononcés. tu te dis que dans peu de temps, tu feras l'effort de retourner à la laverie, pour au moins te sécher. dans la pièce du fond, tu ne gêneras personne. t'es invisible, aj, pas remarquable, pas important. dans l'esprit des gens, tu n'existes qu'au présent, parce que tu es un élément du décor, du paysage, une silhouette en percutant d'autres dans ce système solaire. demain, hier, personne ne pense à toi. quand t'es absent physiquement, tu l'es aussi dans les mémoires. c'est comme ça. alors on ne te dira rien. c'est à peine si on prendra la peine de baisser sur toi des yeux désintéressés. alors, c'est avec cette même discrétion que tu te fais l'ombre d'igg, le suivant dans les escaliers sans poser de question, sans réfléchir à ce qui t'attend dans ces murs. y'a pas grand-chose de censé qui t'effraie. tes terreurs, elles sont bien moins matérialisées. tu te glisses dans l'entrebâillement de la porte et prends la direction indiquée, avant de lui céder la place lorsque vient le moment de pénétrer dans le lieu. l'appartement est dans un désordre sans nom. les vêtements s'entassent sur le canapé et sur les meubles, tout comme des bibelots — dont tu ne veux pas savoir l'utilisation ou la date de péremption — et les papiers. il flotte dans l'air une odeur particulière, pas franchement agréable, mais qui pourtant ne semble pas te déranger. t'as l'œil grand ouvert, des étoiles dans les pupilles à découvrir ce joyeux bazar de carcasses d'instants volés et de morceaux de vie brisés. l'atmosphère du lieu, loin de te mettre mal à l'aise, te procure au contraire un sentiment délicieux. chaleur humaine qui bouffe ton âme comme un geste d'affection déchire les entrailles. le capharnaüm du lieu trahit la vie qui évolue, l'activité humaine qui y règne. et cela te procure un sentiment de sécurité que tu redécouvres avec une certaine émotion, quoique tu n'en montres rien. assaillis d'images du passé, le bazar du salon où tu dormais. chez toi. il faut dire que les pièces vides, au même titre que les verrous, réveillent en toi des souvenirs de ta détention, de ceux que tu voudrais oublier. pièces sombres, désertes, béton armé. portes désespérément closes et murs inébranlables. d'ailleurs, tu ne peux pas t'empêcher de fixer la porte d'entrée avec méfiance, animosité, quand tu vois ton dealer tout fermer. impassible, stoïque, ton agitation est intérieure. sa tape sur ton épaule a le mérite de te sortir de ta torpeur, sans pour autant te dérider. hochement de tête pour signifier que l'information est bien reçue et enregistrée, avant que tu ne te détournes du sujet, l'esquivant comme un animal craintif évite la main qui se tend vers lui. tu le suis dans l'appartement, enjambe le blouson abandonné à même le sol sans le regarder, trop occupé à observer, à enregistrer ce que tu découvres de l'intimité du jeune homme. ses habitudes de vie décryptées, transparence exacerbée, au moins semble-t-il ne rien avoir à cacher. il commence à fouiller son bordel, sans plus prêter attention à toi. alors, plutôt que de rester immobile à dégouliner sur le sol, tu retires ton blouson trempé que tu poses, sans demander la permission, sur une pile vers l'entrée. d'un geste lent, tu fais tomber ta capuche, révélant tes rares boucles brunes encore sèches, champ de bataille sur ton crâne. c'est le moment qu'il choisit pour s'intéresser de nouveau à ta petite personne. merci. pour l'info. j'en ai pas pour longtemps. comme si tu avais besoin de te justifier. et sans attendre davantage, tu t'aventures seul dans le couloir, jusqu'à la chambre, à la porte restée entrouverte. sans prêter attention à son agencement où à l'ordre inexistant, tu repères le chauffage et t'en approches à pas feutrés. une hésitation sur la marche à suivre. tu reviens sur tes pas et pousses légèrement la porte, avant de le mettre en route. l'air n'est pas chaud immédiatement, alors tu te laisses glisser sur le sol, au pied du lit, adossé contre ce dernier, juste à côté dans l'espoir d'arrêter rapidement de frissonner. mais ton teeshirt imbibé d'eau rend la manœuvre compliquée. après un instant de flottement, tu décides de le retirer et de l'essorer un peu. torse à la peau glacée pudiquement exposé. l'eau dégouline le long de tes bras nus, alors que tu le tiens étendu face au chauffage dans le silence le plus complet, les yeux fixés sur ta tâche. dans ta bulle d'intimité, t'as presque l'impression d'être seul et que rien ne peut t'arriver. t'as presque l'impression que t'es chez toi, au point d'oublier qu'igg est dans la pièce d'à côté.

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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptyJeu 27 Juin - 18:47

AJ, c’était le genre de client dont tout dealer pouvait rêver: discret et pas difficile. Il n’était pas venu pour faire d’histoires et toi, t’aimais bien le calme qu’il dégageait. C’était typiquement le genre de mec avec qui il y avait moyen de faire un bon trip sans se prendre la tête. C’était probablement pour ça que tu t’étais motivé à le ramener à la maison, même si c’était aussi prendre le risque de te retrouver dépouillé demain. C’était toujours un risque avec les camés. T’étais pareil, quand il y avait moyen de gratter un peu de came, de la thune ou quoique ce soit, tu n’hésitais jamais. Ce n’était pas pour rien si tu finissais souvent avec la gueule complètement pêtée. Ce n’était pas toujours démérité.
Grimpant sans bruit l’escalier de secours, AJ se calqua sur toi comme un seul homme, ne faisant pas un bruit avant d’entrer dans ton appartement miteux. Peut-être qu’il avait été joli un jour, peut-être qu’il avait été moderne. Tu n’en savais rien, c’était difficile à deviner avec ses murs nus, déchirés et moisis, le parquet sale et noirci par les milles semelles qui l’avaient déjà frotté et raclé. Tu l’avais loué meublé, mais même ainsi, il était triste à voir. Crasseux et dépareillés, tels étaient les meubles en Formica usé et délavé. Tu ne t’en souciais pas. Ce n’était pas grave si c’était la merde autour de toi. Tu y étais habitué et tu culpabilisais un peu moins d’être devenu un tel déchet. Au moins, tu allais bien dans le décor et bizarrement, AJ y semblait tout autant à son aise. Tant mieux, tu n’avais vraiment pas envie de faire semblant de vouloir ranger. Ça t’était égal qu’il pense que t’étais qu’un dégueulasse de toute façon.
Sans commentaire, tu te mis à fouiller le bordel, soulevant des tas pour les pousser ailleurs. Tu sais qu’elle est quelque part, mais où ? C’était comme chercher une aiguille dans une botte de paille et tu savais que ça pouvait durer des heures et des heures. Si t’étais réellement motivé à la retrouver, surtout. Distraitement, tu lui indiquais la chambre avec son chauffage, un luxe qu’il pourrait bien apprécier vu sa dégaine de chien mouillé, ses vêtements collés à sa peau et ses cheveux lui dégoulinant le long du visage. Sa capuche n’avait pas pu sauver grand chose. D’où l’interêt des bonnets de laine, mon ami ! Toi, tu ne sortais jamais sans. D’ailleurs même à l’intérieur, parce que tes cheveux c’était le même bordel que ton appartement ou même que ta tête. Tout était en vrac chez toi, tout allait de travers.
Il a l’air soulagé. T’es pas con hein, tu sais bien ce que ça fait de squatter dehors des heures durant. Si tu faisais correctement ton taf, tu serais sans doute dans un même état. « T’inquiète, j’suis pas pressé » informes-tu d’un haussement d’épaule en reprenant tes recherches, jurant par ci et par là. Sauf que tu ne la trouves vraiment pas alors tu finis par t’immobiliser. C’est chiant putain. Tu te mords la langue, réfléchissant à un plan B et finalement, ton regard tombe sur la boîte métallique ouverte à côté du lavabo. Elle était vieille celle-là, mais vu son état il ne serait probablement pas contre l’héroïne. Ce n’était pas du crack mais c’était bien aussi, niveau prix t’aurais qu’à lui demander la même chose, comme ça ce serait bon. Affaire réglée, non ? Trouver une seringue fut, en comparaison à la pipe, un jeu d’enfant et tu te saisis d’une pour la passer sous l’eau histoire de la laver sommairement puis tu allais chercher le reste. Une cuiller, un briquet, un lacet. Facile. Le reste était dans la boîte.
« Ecoute mec, j’ai pas trouvé la pipe, mais…wow » tu t’étais lancé sans trop réfléchir et t’avais déboulé dans la chambre sans prévenir. Tu ne t’attendais pas vraiment à le découvrir dans cet état. « Chanmé ton chat » lâchais-tu comme simple commentaire à la vue de son torse au moins aussi piteux que le reste du personnage. Tu ne t’attardais pas davantage sur le sujet, lui présentant la seringue. « Hero sinon ça te tente ? Je te le fais au même prix » vous n’aviez même pas parlé argent encore. Pas grave, tu vins te poser par terre, à côté de lui et s’il n’en voulait pas, ce serait dommage pour lui parce que te lançais déjà dans la préparation d’une première dose. C’était comme faire de la pâte à modeler, tu faisais ça les yeux fermés. « Passe moi ton briquet »
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MessageSujet: Re: — contre un peu de beauté   — contre un peu de beauté EmptySam 7 Sep - 21:50

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@igg hopkins

le chauffage met un temps fou à fonctionner. une éternité durant laquelle tu te contentes de rester immobile, frissonnant sous cet air tiède, espérant que ton haut sera rapidement réchauffé, à défaut d'être parfaitement sec. tu le récupères d'ailleurs dans une seule de tes mains, frottant distraitement ton bras de l'autre pour contenir une chair de poule déjà bien installée sur ta peau. t'es pas tout à fait habitué à ce climat, pas encore. il faisait un peu plus chaud, au pays. est-ce que cela te manque ? oui et non. oui, pour les souvenirs de soleil flamboyant que tu as. non, parce que le soleil, tu ne le voyais plus tant que ça. t'as le regard qui dérive après un moment vers les tas de vêtements en vrac un peu partout. en voilà un qui ferait bien de passer à la laverie. cette pensée t'amuse. accueillir ton dealer sur ton lieu de travail, quelle étrange et improbable situation. mais pourquoi pas, après tout. igg a les poches pleines de came, mais il n'en reste pas moins humain.

tout à coup, l'air devient chaud sous tes doigts. ça t'arrache un soupir de soulagement et tu te rapproches imperceptiblement du radiateur. t'as une dégaine d'animal blessé, avec tes cicatrices sur le torse et dans le dos, avec tes côtes saillantes, avec ta tignasse ébouriffée sur ton front. un sauvage égaré, bien loin de sa contrée. t'es tellement ailleurs que t'entends pas que dans le salon, le remue-ménage a cessé. t'es même pas attentif aux pas dans le couloir. ni à la porte qui s'ouvre à la volée. y'a que le mouvement dans le coin de ton oeil qui te fait sursauter. — écoute mec, j’ai pas trouvé la pipe, mais…wow tu serres les dents, les mâchoires contractées dans un bref mouvement. t'as pas ce réflexe de vierge éfourouchée, celui de te cacher la poitrine. mais t'as malgré toi eu ce mouvement de l'épaule, le réflexion de te mettre presque de profil, comme pour cacher ton torse à sa vue, exposer de toi le moins possible, à savoir ton bras et ton épaule. — chanmé ton chat t'as détourné le regard, faussement désintéressé. évidemment, il parle des marques qui ne se sont pas encore atténuées. évidemment. ça ne lui a pas échappé.

évidemment.
putain.
p u t a i n

tu peux pas t'empêcher de te sentir un peu honteux, très pathétique et purement et simplement misérable. mais tu perds pas le contrôle, et avec un sang-froid qui te surprendrait presque, t'un ton monocorde, tu réponds. — ouais. t'aurais pas un t-shirt ou un sweat pour dépanner ? juste le temps que ça sèche. d'un mouvement du menton, tu désignes ton haut. t'es pas sûr que ses vêtements t'aillent, mais il semble porter des choses assez larges pour son gabarit, de quoi y enfiler ta grande silhouette. de toute façon t'es pas bien gras. et que le vêtement soit clean ou pas t'importe peu. mais ton oeil et tout à coup attiré par la seringue tendue, avant que tes yeux noirs ne remontent jusqu'à ton visage tatoué. — hero sinon ça te tente ? je te le fais au même prix t'hésites pas quand tu réponds. — ok par automatisme. peu importe ce qu'il te propose, tu prends. tu veux juste être ailleurs, alors tu prends. et pour le coup, l'hero est un bon choix. ouais. un très bon choix. et pour le prix, t'aviseras. l'avantage d'être à la rue c'est de dédier ta thune qu'à ça. et ton salaire, il commence à flamber dans ces conneries. à quel moment de ta putain de vie t'es devenu un camé aj ?

mais la drogue, c'est un synonyme de liberté. c'est aussi simple. et t'as besoin de cette putain de liberté. tu le regardes se poser à côté de toi, le guettant du coin de l'oeil, avec tout son matos en main. — passe moi ton briquet tu laisses glisser ton bassin sur le sol, t'affaissant davantage, afin de dégager l'accès à ta poche. t'en sors ton portefeuille que tu poses en vrac entre tes jambes, tes clopes, avant d'enfin tomber sur ton briquet, que tu lui tends en soutenant un court instant son regard. sans rien ajouter, en te redressant à peine, tu étends vaguement ton t-shirt sur le lit derrière toi, pour t'en débarrasser. tu laisses tes affaires en évidence, tu t'en fous, l'argent sera pour lui de toute façon et t'as rien de plus à voler. jambes repliées, avant-bras appuyés sur les genoux, tu le regardes faire. y'a plus d'une dose, dans ses affaires. ça t'arrache l'ombre d'un sourire. — c'pas courant, un dealer qui se défonce avec son client. que tu dis dans un souffle, relevant tes yeux noirs vers les siens.


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