hérétique

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« ces gamins ont des problèmes, estimez-vous heureuse que je ne l'ai pas fait avant. votre famille de dégénérée, on la connaît depuis des années. Déjà à l'époque, je vous avais à l'oeil, votre frère et vous. J'aurais dû agir plus tôt. » elle esquisse un sourire amer sans rien répondre. Elle aurait dû agir oui, sans doute, c'était son erreur. Le chemin tracé par les dieux pour elle, pour eux tous. Elle pourrait bien tenter de lui expliquer que les voix divines ont acté il y a longtemps qu'aucun d'eux ne serait séparé des autres tant qu'elle, elle vivrait. Elle pourrait lui dire que ses prières sont entendues depuis trop longtemps pour laisser une impie balayer les promesse de l'Eternel à son encontre mais à quoi bon? cette petite conne boudinée et ridée à fait son choix il y a longtemps, persuadée d'être la sauveuse des âmes errantes qu'elle s'imagine voir en chaque popescu. Elle baratine des excuses fallacieuses pour justifier les actes impardonnables, un racisme puant, une vendetta personnelle. C'est une cacophonie désagréable que iulia écoute sans plus l'entendre. Sans doute à cause de sa voix, elle remarque seulement matin que les intonations sont dissonantes, trop aiguës, dérangeante la colère lui crée des acouphènes, le sang qui bouillonne d'un boum boum dans les tempes. La marche funèbre à la batterie. « vous ne toucherez pas ma famille » elle le martèle à nouveau consciente de n'en tirer aucun succès. La harpie aux dents longues prépare sa morsure depuis ce qui semble être des années, gonflant son dossier de nouvelles anecdotes chaque fois qu'un popescu débarque dans son école. Sûrement bientôt vingt ans qu'elle en rêve, cette conne. « [...] dès demain » sonne le glas à ses oreilles. Iulia ne voit rien d'autre que ses lèvres fines comme du papier à cigarette faire tomber le couperet, elle ne discerne que le menton haut de fierté puante qu'elle voudrait faire ployer. Elle entend en écho la sentence qui s'abat sur eux, la promesse d'une malédiction qui les séparera tous. Tout son intérieur bourdonne, cocktail violent de rage et de peur, tout en elle est bien trop conscient qu'elle ne laissera jamais une telle horreur se produire. Parce qu'aucun ne peut lui être enlevé, aucun ne peut disparaître de son radar jamais. Ils sont ensemble ou rien, Iulia l'a décidé y a longtemps. Alors la musique en crescendo bat des accords violents dans lesquels elle ne distingue plus que du noir, ses doigts irréfléchis qui attrape le premier objet qui passe à leurs contact et le coup. Le premier, pas assez violent pour l'assommer, pas même pour la tuer. Sa main qui empoigne la gorge aux bourrelets écœurant. Tout soudain, dans ce monstre déguisée en femme, lui donne envie de vomir. « vous ne toucherez pas MA famille. » ce n'est ni une supplique ni un ordre. C'est une promesse. Trop proche du précipice près duquel elle a placé les popescu en ligne pour mieux les pousser dans le vide. jamais elle lui dit à elle, elle le dit à dieu, elle se le dit à elle-même. jamais.c'est dans ta sclère que je promets les enfers
Elle n'a ni hésitation ni conscience d'aucune voix divine qui lui soufflerait d'arrêter son geste quand elle tempête sa violence sur le crâne dégarnie. Elle s'attend presque à en voir sortir les démons qui doivent l'habiter depuis longtemps, elle les cherches à coup de presse papier, creuse les sillons de la colère. Veut arracher l'ignominie du corps qu'on croyait béni. C'est la fureur des dieux qui s'abat sur le cadavre, lacérant à hauteur des péchés commis. De l'affront subit.
et ce n'est pas un meurtre, si c'est pour leur survie?

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Elle n'a rien dit.
Elle n'a pas nié, pas avoué.
Elle s'est juste tu, regardant les flics avec la condescendance des mères savantes qui voient les enfants se tromper sur toute la ligne. Elle les écoute dire que l'acte est ignoble. Elle écoute le juge demander si elle a conscience de ce qu'elle a fait. Elle l'entend demander si elle a des regrets. Et si elle se tait c'est seulement parce qu'elle n'est pas stupide, la réponse ne plairait à aucun de ces biens pensants.
pardonnez-moi mon père
parce que j'ai péché
mais rien à regretter.
Et elle s'en fiche. Qu'est-ce qu'elle peut bien en avoir à foutre ? de leurs discours moralisateurs, de leurs sentences implacables ? L'absolution, elle l'a déjà obtenue dans ses prières faites au seul vrai juge. Elle s'est lavée des péchés qui n'en étaient pas vraiment, parce qu'aucun Dieu ne pourrait la condamner d'avoir protéger les siens. chérir son prochain, ceux qui portent son nom avant ceux qui veulent le souiller. Ils ne comprennent pas, ne comprendront jamais, la puissance des liens du sang, l'importance de leur union – tous ensemble, et jamais séparé – Elle, elle le sait mieux que personne. La sentence claque, une décennie. Dix longues années. Le prix à payer pour la justice des incompris punis par les lois mal faites. Et quelle importance ? Elle sait avec une certitude inébranlable que ça en valait la peine. Le seul regret qui germe en elle, c'est de ne plus les voir pendant si longtemps.

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C'était facile, au début.
Ils étaient là, tous, souvent. Ils lui racontaient ce qu'elle ne pouvait plus voir, parlaient de mille choses dont elle n'était plus témoin. Ils étaient tous là, comme la famille qu'ils devaient être, celle qu'elle avait réussi à garder unie. C'était suffisant pour ne pas s'éteindre derrière les barreaux des cages dans laquelle on l'avait coincé. juste pour ça, elle pouvait tenir cent ans
C'était facile, au début.
Puis valérian s'est tiré, iulia a souri d'amertume. Elle n'a rien dit d'autre que, « jm'en doutais » il avait toujours rêvé d'autre chose et elle avait pas la stupidité de croire qu'il attendrait sa sortie aller voir d'autres contrées. Il a jamais eu la même abnégation qu'elle pour les liens du sang. Décevant mais pas surprenant. Elle avait encore les autres. Ceux qu'elle aurait toujours auprès d'elle.
C'est devenu douloureux, ensuite
quand derrière la vitre de son parloir elle les a vus diminuer en nombre. Quand seven à cesser de donner ne serait-ce qu'un signe de vie, quand anca se confondait en excuse pour ceux qui ne venaient plus. Quand elle a commencé à entrevoir la croisée des chemins de chacun d'entre eux, et aucun qui n'empruntait le même que les autres.
C'est devenu déchirement, ensuite
quand elle a eu vent de la disparition d'Elena envolée comme on fait disparaître les ombres en allumant la lumière. ses phalanges se sont crispées sur le bord de la table quand elle entendait les suppositions des uns et des autres. Partie. Morte. on sait rien.
C'est devenu déchirant
quand dans sa cellule on lui apprendre pour anca, pour la souffrance qu'elle ressent et l'envie de mettre fin à ses jours. Quand iulia sent la violence du désespoir lui serrer les tripes, impuissante face au drame et personne pour lui dire vraiment ce qu'il se passe au dehors. pourquoi vous faites ça? égoïstement même, pourquoi vous me faites ça?
C'est devenu létal, à la fin
quand seven est parti aussi. Quand des huit qu'elle avait voulu protéger de l'éclatement il n'en restait que quatre. Insuffisant pour palier à l'absence des autres, pour lui faire oublier que le sacrifice a été vain, qu'ils ont oubliés un à un ce qu'elle avait donné pour eux. C'était facile quand elle n'était plus là pour leur rappeler.
C'est devenu son purgatoire.
Lion en cage devenu squelettique, il n'y a pas de roi dans la savane s'il n'y a plus de tribu à protéger. Ils ont laissé sur ses lèvres le goût amer de la trahison, de l'abandon. ceux qui sont partis, ceux qui ont laissé tombé. Ceux qui, sans jamais oser la regarder, ont commis l'hérésie.
C'est devenu son enfer.

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Elle s'attendait à ce que tout soit différent, plus étincelant, plus beau. Pourtant, y avait rien de nouveau a voir le soleil depuis la promenade où en dehors de ces murs. C'était le même air dans ses poumons. Le même vent sur son visage. La même chaleur sur sa peau quand l'astre venait la caresser. Les mêmes sentiments aussi, pas une once de l'euphorie qu'elle espérait ressentir en sortant enfin de ce trou à rats. Aucun fourmillement de joie. L'électrocardiogramme plat. rien n'était différent sauf les popescu ce qu'elle croyait immuable s'est effrité dans la décennie, elle a vu la destruction se faire de loin, s'était préparée à l'affronter. Ça a pas suffit pourtant, le constater n'a fait qu'achever de déchirer le myocarde en morceaux, d'aviver la flamme de son amertume. Tant d'acharnement à les maintenir à flot pour les voir voguer ailleurs. Ingrats de l'avoir laissée seule sur le radeau. Et la violence de leurs silences. La douleur de leur absence. Coupable d'hérésie pour avoir oublié le cadeau qu'elle a fait. Pour l'avoir oublié, elle. Pour avoir osé la laisser dans sa cage, elle qui avait tout donné. Dix années, son cœur, son âme. tout Elle sait plus parfois, si elle veut encore les sauver où les broyer. Infliger des flagellations pour pouvoir à nouveau les soigner. Coincée dans l'entre-deux des émotions, l'amour pour chacun  de leur visage qui se mêle à la colère des erreurs qu'ils ont commises. Alors elle sait, Iulia, qu'aucun dieu ne ferme les yeux sur les douleurs de ses enfants pas plus qu'elle ne gardera clôt les siens s'il venait à pâtir de souffrance qu'elle pourrait arranger.
Mais elle sait aussi,
qu'il n'y aura d'absolution pour aucun des pécheurs qui ont abandonné leur guide,
sans les prières pour expier leur honte et les larmes de repentance pour implorer sa grâce.