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 childhood.

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JJ O'Reilly
JJ O'Reilly
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- - DÉGUISÉ EN ÊTRE HUMAIN,
POUR UN SEMBLANT D’HUMANITÉ.


[ ON S'RACONTERA NOS MALHEURS
ET ON FERA SEMBLANT D'SE COMPRENDRE
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avatar : yuri pleskun
âge : 23 ans
statut : pas bon pour toi.
quartier : delray, dans une vieille baraque immense avec les kids (et un enfoiré de raton laveur), sûrement qu'elle était belle autrefois cette bâtisse, mais aujourd'hui elle tombe en ruine, le toit prend l'eau et y a des trous dans le plancher. mais qu'importe, les propriétaires ont fuit en laissant la plupart des meubles, alors c'est parfait.
https://crocodilegames.forumactif.com/t351-jj-o-reilly https://crocodilegames.forumactif.com/t370-jj-o-reilly https://crocodilegames.forumactif.com/t314-don-t-let-me-be-misunderstood#3270

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MessageSujet: childhood.   childhood. EmptyLun 13 Avr - 10:44


detroit,
novembre 2001 (5 ans).

Il est planté dans la cuisine depuis au moins cinq minutes, le nez levé vers le placard qu'il fixe avec envie. Mais il est trop petit pour l'atteindre. Quand son ventre gargouille il baisse la tête vers celui-ci et pose ses mains dessus en faisant la moue. Il n'a pas mangé depuis 36h, il commence à avoir vraiment faim. Mais la maison est désespérément vide. Il a totalement perdu la notion du temps. Erre dans cette prison sans savoir quoi faire vraiment. Il se retourne, attrape la chaise en bois la plus proche et tire dessus. Mais elle est lourde et lui si frêle. Il insiste, gémit un peu à cause de l'effort demandé, jusqu'à parvenir à la placer à l'endroit voulu. Il l'escalade tant bien que mal, s'accroche au plan de travail, la chaise menace de basculer à plusieurs reprises mais il parvient son ascension malgré tout. Il doit ensuite grimper sur le plan de travail, l'espace est étroit, il n'a pas le droit à l'erreur. Ses chaussettes glissent un peu sur la surface lisse, mais il se rattrape de justesse à la poignée du placard et l'ouvre. Le saint graal s'offre enfin à lui : le paquet de céréales. La seule chose qu'il peut manger sans avoir besoin de personne pour le lui préparer. Il attrape la boite comme s'il s'agissait d'un trésor. Il en prend soin, s'accroupit et redescend prudemment. Il en renverse un peu, parce que la boite a mal été refermée, mais il n'y prête même pas attention. A petits pas sautillants il se dirige vers le frigidaire duquel il extirpe le bidon de lait. C'est un peu lourd pour lui et il a besoin de ses deux mains. Il dépose donc le paquet de céréales au sol et entoure le bidon entre ses bras. Il chancèle jusqu'au salon et dépose le bidon sur le tapis du salon, échappant un soupir, les joues un peu rosies par tous ses efforts.

Il retourne à la cuisine, récupère son sachet de céréales sans se soucier de la porte du frigo toujours ouverte. Mais une fois dans le salon, il réalise qu'il n'a rien pour manger. Ni bol, ni cuillère. Patient, il fait demi-tour, direction la cuisine. Il réalise alors avec déception que les bols sont aussi inatteignables et très loin de la chaise qu'il a déjà bougé. Découragé, il cherche une autre option. Il se met à ouvrir tous les placards accessibles mais trouve principalement des produits ménagers. Il finit par tomber sur une bassine et décide que ça fera totalement l'affaire. Sur le rebord de l'évier traine une louche sale, il ne se pose pas de question et l'attrape, elle fera office de cuillère.  

Il renverse la totalité du paquet de céréales dans la bassine, puis tente de verser du lait dedans. Mais le bidon est lourd car il est tout neuf et il ne parvient pas à le soulever. Il le penche avec précaution au-dessus de son récipient et verse maladroitement. Ça gicle de partout, le tapis se fait arroser mais il ne remarque même pas. Une fois la bassine à moitié remplie il repousse le bidon sans le refermer et s'installe à côté de sa bassine. Il la place entre ses jambes et allume la télévision sur la première chaine. Il ne comprend pas vraiment ce qu'il voit mais ça l'importe peu, les images qui défilent le fascine et l'occupe. Il attrape à pleine main le manche de la louche, la plonge dans le lait et commence la dégustation. Il ouvre la bouche aussi grand qu'il peut, mais l'objet est disproportionné pour lui. Il s'en fout partout, ne réagit pas, mange ce qu'il arrive à faire glisser dans sa bouche et continue de fixer l'écran, totalement absorbé.

Trois heures plus tard, il s'est désintéressé de la télévision. La bassine encore remplie a été abandonnée dans un coin du tapis. Il a récupéré quelques jouets, des voitures principalement et il joue avec, parle à voix haute, s'occupe comme il peut pour tuer le temps et combler la solitude. Un bruit de clé se fait entendre et il s'interrompt. La porte s'ouvre sur des gloussements, sa mère titube à l'intérieur de la maison, retenue de justesse par les mains d'un homme qu'il ne connait pas. Ils rient ensemble, échangent des mots qu'il ne comprend pas. JJ les observe sans broncher, silencieux. Personne ne le remarque. C'est seulement quand sa mère fout le pied dans la bassine et la renverse sur le tapis qu'elle réalise. Elle se met à hurler, le visage déformé par une colère qu'il a l'habitude de subir et d'ignorer. Il demeure impassible et la fixe, un peu perdu. — Putain mais Jemmy ! Y en a partout ! Mais quel abrutis ce gosse ! L'inconnu se marre, un rire un peu gras. Sa mère elle, continue de gesticuler en constatant l'état déplorable du salon. Elle ramasse la bouteille de lait et vient la renifler, excédée. — Elle est ouverte depuis combien d'temps ?! Putain ça coûte cher Jemmy et aux dernières nouvelles c'est pas toi qui paye les trucs dans cette baraque ! Elle se calme un peu en constatant que le lait n'a pas tourné et elle file à la cuisine en pestant, la démarche incertaine, visiblement dans un état second. Ça ne le choque plus, il a pris l'habitude de la voir comme ça. Il ne comprend toujours pas pourquoi elle a changé comme ça, il s'est juste résigné face à cette réalité.

L'homme se vautre dans le canapé en lâchant un soupir d'extase. Leurs regards s'accrochent. JJ est assit en tailleur, une voiture dans la main, la bouche un peu sale, un peu collante, les vêtements mouillés par le lait. L'homme lui, moustachu, mâche bruyamment un chewing-gum, ouvrant la bouche à chaque coup de dents. Il étend ses bras sur le dossier du canapé, à l'aise. Ils se jaugent un silence et le regard du gosse semble finir par le mettre mal à l'aise. Par chance, les hurlements de sa mère refont surface. — NON MAIS ! LA PORTE DU FRIGO J'Y CROIS PAS ! JEMMY BORDEL ! L'homme rit à nouveau et secoue une main devant lui. — Bah dit donc gamin, tu fais qu'des conneries apparemment. JJ le fixe toujours, totalement muet, le regard un peu vitreux. Les mouvements de mâchoire de l'homme ralentisse progressivement, au fur et à mesure que son malaise augmente. Un bruit se fait entendre dans la cuisine, suivit de nouveaux cris. — ET QU'EST-CE QU'ELLE FOUT LA CETTE CHAISE MERDE ?! Quand elle revient dans le salon, elle boitille à moitié, s'étant très probablement mangée la chaise sans voir qu'elle était dans le passage. Elle se masse le front, parce qu'elle s'est aussi prise le coin de la porte de placard toujours ouverte elle aussi. Elle souffle bruyamment, remontée et marmonne dans son coin. — Il parle pas ton gamin ? Elle lève les yeux au ciel avant de s'avachir sur le canapé à son tour. — Si, des fois il fait que ça d'ailleurs, c'est insupportable. Et comme pour appuyer ses propos, elle fait les gros yeux. Elle finit par se tourner vers son mec du jour, laisse glisser ses doigts sur ton torse. — On en était où déjà ? Qu'elle susurre, féline.

JJ se lève et vient se planter devant eux, demandant timidement. — Il est où papa ? Sa mère s'arrête net, contrariée. Elle tourne la tête vers lui, le toisant. — Comment tu veux que j'le sache ? Il est pas là, c'est tout. Va r'garder la télé maintenant. Qu'elle lâche sèchement, avant de se remettre à ricaner et à grimper à moitié sur le type. JJ ne bouge pas, les regarde faire un instant avant de tendre sa voiture vers eux. — Vous jouez avec moi ? Qu'il demande plein d'espoir, ravit de pouvoir tromper un peu sa solitude. Sa mère échappe un cri de rage contenu. Le mec lui jette un regard un peu emmerdé, mais sa mère attrape ses joues pour le forcer à la regarder elle de nouveau. — Ignore-le, il va s'lasser. Elle grimpe à califourchon sur lui et en profite pour refiler un coup de pied à JJ pour le faire reculer. Il se prend le pied dans l'épaule, déséquilibré il bascule et s'écrase sur ses fesses. La déception plisse ses yeux et tire la commissure de ses lèvres vers le bas dans une moue douloureuse. Mais il tient bon, se relève et retente. Il vient carrément glisser la voiture entre les deux corps en imitant un bruit de moteur, se disant que ça leur donnera peut-être plus envie comme ça.

Raté.

Sa mère lui arrache la voiture des mains et la balance à travers la pièce. — Va chercher ! Qu'elle raille. Et JJ obtempère, bien trop heureux que quelqu'un interagisse avec lui. Il les entend éclater de rire mais ne perçoit pas la moquerie dedans. Il rit avec eux, récupère la voiture avec enthousiasme et revient au bord du canapé, tendant à nouveau le jouet. Mais ils l'ont déjà oublié. Ils s'embrassent bruyamment, sous le regard un peu curieux de JJ qui ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe.

Il finit par baisser le bras et retourne s'asseoir sur le tapis, sans plus trop d'enthousiasme. Il fait un peu rouler mollement la voiture sur le tapis, mais l'envie de jouer a disparu. Sa bonne humeur aussi.

T'as ce que je t'ai demandé ?Évidemment. Tu connais l'prix. Il sort un petit sachet de sa poche, contenant une poudre blanche dont JJ ignore tout. Sa mère se marre et vient défaire la braguette de l'homme. Celui-ci l'arrête et jette un coup d'oeil à JJ qui les observe. — Tu veux pas qu'on aille ailleurs ? Ou lui dire de partir ? Sa mère balaye l'air de sa main pour chasser toutes ses inquiétudes. — Oh t'en fais pas pour lui, il comprend rien de toute façon. Il est débile. Le type insiste un peu mais il oublie bien vite ses protestations dès lors que sa compagne pour la nuit aventure sa bouche plus bas.

L'instant dure, s'éternise et JJ les regarde faire. A la fois perplexe et pétrifié. Bientôt les deux adultes se retrouvent nus sur le canapé, dans une danse aussi bruyante qu'effrayante qu'il ne comprend pas.

Non attend, pas l'cul j't'ai dit ! Mais l'homme ne semble pas vouloir écouter, il lâche quelques beuglements rauques qui le font frissonner. — Non, arrête j'te dit ! Sa mère qui râle, qui se contorsionne et qui tente de repousser les assauts répétés de ce qui lui sert de dealer pour cette nuit. — Tu la veut ta came ?! Qu'il menace, la voix rêche et autoritaire. Sa main attrape la gorge de sa mère et se met à serrer, avant de s'agiter sur elle encore plus fort. Et très vite, sa mère s'étrangle à moitié, pousse des hurlements qui lui glace le sang, le visage déformé par une douleur évidente. JJ ne perd pas une miette du film d'horreur qui se déroule devant lui. Tétanisé. Le visage de sa mère est devenu rouge, mouillé par la sueur et de la salive, sa bouche se tord dans tous les sens, échappe des bruits étranges, qui ressemble à une agonie. L'homme quant à lui va et vient, essoufflé, ruisselant aussi.

Jusqu'à ce que le silence revienne enfin. JJ ne respire même plus, apeuré. Sa mère se redresse et se relève, visiblement en colère. Les gestes saccadés, comme si ses muscles étaient trop douloureux pour se mouvoir normalement. Elle se rassoit, les cheveux collés au visage. Elle renifle un peu, passe ses main dessus pour les rabattre en arrière. Des marques saillantes ont fleurit sur son cou. Elle se tourne vers le type. — Bon, donne maintenant enfoiré. Le mec se rhabille en riant et lui jette le sachet à la gueule. — Fils de pute, j'suis pas ton chien ! Qu'elle aboie pourtant. Le mec n'en a rien à faire, il continue de mâcher son chewing-gum qu'il n'a visiblement pas perdu dans leur bataille. Il se relève, s'étire et se tourne vers JJ qui n'a toujours pas bougé. — A la prochaine gamin. Sa mère ricane froidement. — Ouais c'est ça, compte dessus ! Le moustachu lui tend son majeur avant de disparaitre de la maison.

Sa mère s'est penchée sur la table et JJ la regarde s'affairer sur des choses qui lui échappe. — Quel gros con ce mec. C'qui faut pas faire pour avoir des trucs gratos putain. Si ton père était pas un gros raté j'serais pas obligée d'faire ça putain ! Quel gros con lui aussi. Elle s'interrompt un instant pour relever les yeux vers son fils. Elle a la gueule de travers, des cernes de dix pieds de long, le visage creusé, les cheveux en pagaille. Elle fait peur et ça donne envie au gosse de chialer. — Toi aussi t'es con. Vous êtes tous cons. Ras l'cul d'cette vie d'merde. Il plisse le front en la voyant s'enfoncer une aiguille dans la peau, à chaque fois ça lui fait mal pour elle. Et il ne comprend pas pourquoi elle s'inflige ça. Elle relâche tout et se laisse retomber en arrière. Ses yeux semblent disparaitre derrière ses paupières, devenant pratiquement totalement blanc et ça lui fait peur. Il se remet enfin en mouvement, relâche la voiture qu'il serrait de toutes ses forces dans sa main et se précipite sous la table basse pour se cacher.

Et très vite, le silence revient. Froid. Immense. Effrayant.
Sa mère est là sans l'être vraiment.
Il préfère encore quand elle s'absente. Il préfère quand elle lui manque que quand il voudrait qu'elle parte. Allongé sur le côté, il rabat ses genoux devant son visage et encercle ses jambes avec ses petits bras. Et tout bas, il se met à chantonner une comptine qu'il a appris à l'école, pour se rassurer. Pour briser le silence qui l'enveloppe progressivement, comme si ce dernier était devenu une entité à part entière. Menaçant et glacé.

Il tremble un peu.
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JJ O'Reilly
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MessageSujet: Re: childhood.   childhood. EmptyMer 27 Mai - 12:14

detroit,
février 2002 (5 ans).


On les entend arriver depuis l'intérieur de la maison. Sa mère, comme à son habitude, hurle. La démarche lourde, ses talons qui claquent sur le sol alors que ses jambes maigres semblent ployer à chaque pas, comme si elle allait s'écrouler. La porte s'ouvre dans un grand fracas et son père qui se trouvait là pour une fois, sursaute. — Putain ! La porte ! JJ s'engouffre rapidement à l'intérieur, alors que sa mère la referme déjà encore plus fort qu'elle ne l'a ouverte. Juste pour faire chier son maris. — Si t'es pas content t'avais qu'à aller chercher ce gros dégueulasse à l'école ! Elle se retourne vers JJ et lui refile une énième claque derrière la tête. Il part légèrement en avant mais ne bronche pas, c'est au moins la dixième qu'il se prend depuis qu'ils ont quitté le bureau de la directrice. — Hey. C'est tout ce qu'il trouve à redire face à la violence de son épouse. Il hausse les épaules, assez peu concerné. — Ce vicelard se tripote la queue en pleine classe ! Son père hausse un sourcil, quelque peu interpellé cette fois-ci. Quant à sa mère, elle se retourne vers lui, véritable furie. Sa main part de nouveau, mais pas pour le gifler cette fois. Elle lui attrape l'entre-jambe et se met à serrer. — CA, CA DOIT RESTER DANS TON FROC ! JJ échappe un cri de douleur suraigüe et se tord immédiatement dans tous les sens. S'en suit très rapidement le bruit d'une gifle, de celle qui vous retourne la tête. Mais cette fois, ce n'est pas lui qui la ramasse. C'est sa mère. Elle le relâche et s'écroule lamentablement au sol, sonnée. — PUTAIN MAIS T'ES MALADE ? Qu'il s'indigne. Peut-être par simple solidarité masculine. Ou peut-être parce qu'il lui reste un semblant d'instinct paternel. Un truc qu'il cacherait bien, mais qui subsisterait quelque part. — C'est d'ta faute ça ! A force de t'faire sauter par tous les dégénérés du coin devant lui fallait bien qu'ça arrive un jour ! Elle se relève, chancelante et se met à hurler sur lui. Plié en deux, JJ insiste impuissant à une nouvelle querelle du couple. A condition que l'on puisse encore les considérer comme tel. Les mots prononcés sont tous plus horribles les uns que les autres, les jurons ponctuent les phrases, et très vite les coups se remettent à pleuvoir.

JJ chiale en sourdine, le corps encore traumatisé par la violence du geste de sa mère. Et il dépérit en constatant que même là, il ne parvient pas à être le centre de leur attention. Il commence à pleurer de plus en plus fort, finit carrément par hurler à la mort, dans une dernière tentative désespérée d'exister à leurs yeux. Mais tout ce qu'il récolte, c'est le trousseau de clés de sa mère dans le visage et un TA GUEULE prononcé à l'unisson. Il se tait brusquement, de ces silences qui ne présagent rien de bon, parce qu'ils étouffent une colère qui se mue généralement en violence. JJ décampe, fait demi-tour et monte dans sa chambre, laissant dans son sillage les prémices d'une folie qui ne fera que grandir.

Les deux adultes continuent de se pourrir, avec une haine si bestiale que ça prend des allures de passion adolescente. Pourtant, il ne reste plus rien de l'amour qu'ils ont pu ressentir un jour. Ne reste plus que cette envie inavouée de buter l'autre en traitre. Il est en train de la trainer par les cheveux pour la foutre dehors en l'insultant de sale junkie de merde quand un capharnaüm provenant de l'étage a finalement eu raison d'eux. Ils se stoppent net, interloqués. Il la relâche et s'avance un peu, tendant l'oreille. Le bruit a continué quelques instants avant de disparaitre totalement. Il se tourne vers elle, elle s'est remise debout entre temps, se malaxant son crâne douloureux. Ils échangent un bref regard avant de se décider.

Ils montent ensemble à l'étage et rentre dans la chambre de JJ sans frapper. La chambre est entièrement retournée. Tout a été renversé, déchiqueté, piétiné, brisé, arraché. Le sol est jonché de ses affaires foutues, de ses jouets décapités, de ses draps éventrés. L'ambiance qui règne est post-apocalyptique. Leurs regards balayent la pièce avec une appréhension mêlée à une incompréhension totale. Ils finissent par s'arrêter sur le dos de JJ, assit à sa chaise de bureau, le front posé sur son bureau, les bras autour de lui, sanglotant de frustration et d'épuisement. — Qu'est-ce que... oh putain ! Sa mère se retourne brusquement et agite ses mains devant elle, alors qu'elle vient d'apercevoir le hamster de JJ cloué au bureau par la paire de ciseau profondément enfoncée dans son abdomen. — Ok, j'veux pas être mêlée à ça, c'est dégueulasse, démerde toi avec ton gosse ! Qu'elle siffle avant de prendre la fuite sans se faire prier. Elle qui se débattait pourtant deux minutes auparavant pour pouvoir rester.

Son père reste planté là, les bras ballants, bouche-bée. Il voit bien qu'il y a un problème, mais il ne sait pas comment le gérer. Comment l'endiguer. Il aurait pu faire barrage ce jour-là, éviter que tout dégringole encore plus. Mais il n'a pas su.

Il a fini par s'avancer prudemment dans la pièce, surveillant où il mettait les pieds. Ecoeuré, il s'est penché au-dessus de son gamin pour attraper du bout des doigts la paire de ciseaux. Il a tiré dessus en grimaçant, étonné de voir que les lames s'étaient plantées aussi profondément dans le bois souple du bureau. Le hamster a suivi le mouvement, restant à moitié accroché. — Putain, putain, putain ! Qu'il s'est mis à répété à toute allure en se dirigeant vers la fenêtre la plus proche. Il l'a ouverte et a balancé hamster et ciseaux à travers, laissant les deux retomber dans le jardin des voisins. Puis il a claqué la fenêtre un peu trop fort, pressé de se débarrasser de tout ça et il s'est reculé de trois pas, un peu secoué. JJ a tourné la tête vers lui, toujours courbé sur son bureau, les yeux gorgés de larmes et le visage encore rouge de la colère qui vient de le secouer. Il attend un mot, un geste de la part de son père, qui viendrait le tranquilliser, le rassurer.

Mais celui-ci recule encore. Se dédouane de son rôle de père - il a toujours su le faire mieux que quiconque. — Euh, écoute, il reste des trucs à manger dans le frigo, ok ? Te-, te couche pas trop tard, hein ? Et à son tour, il s'éclipse, referme la porte de la chambre derrière lui et quitte la baraque pour aller retrouver l'une de ses maitresses.

Et JJ se retrouve à nouveau seul avec le chaos partout autour de lui. Le chaos dans sa tête aussi, dans son cœur surtout. La solitude qui revient lui caresser les épaules avec un tendresse que ses parents n'ont plus pour lui depuis longtemps déjà. Il tourne la tête de l'autre côté, la joue toujours appuyée contre le bois. Ses yeux s'accrochent aux quelques légères gouttes de sang qui sont restées là. Il met un doigt dedans, les étale avec un intérêt mitigé. Son visage se déforme, prémices d'une nouvelle vague de sanglots.

Et il finira par s'endormir, vidé de toute émotion, de toute énergie. A même le bureau. A nouveau seul, pour trois jours cette fois.
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JJ O'Reilly
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MessageSujet: Re: childhood.   childhood. EmptyVen 3 Juin - 21:52

detroit,
juin 2002 (6 ans).


Il court dans tous les sens sur le bitume de la cour de récrée, crevant d'envie de choper ce foutu ballon. Que quelqu'un lui fasse une passe ; enfin ! Mais son tour ne vient jamais. Il court à en perdre haleine, trempé de sueur, il s'agite, crie désespérément pour qu'on le remarque, qu'on n'oublie pas sa présence. Mais les autres gosses semblent rester insensibles à sa quête effrénée. Il finit par heurter sans le vouloir un gosse avec le ballon aux pieds. — Passe, passe ! Qu'il gueule en avançant son pied, sans même savoir si le mec fait partie de son équipe ou non. En fait, ça n'a pas vraiment d'importance puisqu'il ne fait partie d'aucune équipe. Personne ne l'a choisi. Il s'est incrusté malgré tout, le point sera pour l'équipe chanceuse et puis voilà. Mais alors qu'il a le pied décollé du sol, prêt à taper dans le ballon une main virulente se pose sur son épaule et le pousse en arrière. En manque d'équilibre, il agite les bras autour de lui avant de tomber en arrière, le cul en premier. Il échappe un outch et son visage se froisse sous l'effet de la douleur qui remonte le long de sa colonne vertébrale. Quand il relève les yeux vers le responsable, le gamin le toise, passablement énervé. — Casse toi le crado, tu joues pas avec nous toi ! Quelques rires moqueurs et la partie reprend, comme si de rien était. JJ fait la moue, se relève péniblement et vient frotter ses fesses douloureuses. Il s'éloigne en traînant des pieds, shoot dans des cailloux et remonte machinalement son t-shirt à moitié déchiré à force de tirer dessus et de se battre. Le col est déformé et bien trop large pour lui, ne faisant que tomber sur l'une de ses épaules. Il se dirige vers la pelouse de la cour et s'accroupit dedans, farfouillant dans la terre, arrachant l'herbe. Il retrouve vite son sourire, s'efforçant d'ignorer les multiples rejets qu'il essuie en permanence. S'il les ignore, c'est comme s'ils n'avaient jamais existé.

Il finit par tomber nez à nez avec une sorte de gros scarabée aux reflets bleutés. Fasciné, JJ l'observe et le suit pendant un moment avant de céder à la tentation. Il tend la main et attrape l'insecte. Celui-ci émet un gros bruit et des ailes puissantes se déploient, tentant désespérément de se dégager de là. Même les insectes ne semblent pas vouloir de lui. Il ne s'en offusque pas et décide d'aller montrer sa trouvaille aux autres. Là, c'est sûr, on va l'écouter.

Il revient en courant, l'énorme bête noire coincée entre ses petits doigts. Mais il n'obtient pas l'effet escompté. Tout le monde se met à hurler et à courir dans tous les sens pour le fuir alors qu'il leur court après, hilare. — Regardez ! Qu'il s'écrie en boucle, cherchant encore et encore un petit bout d'attention. Il finit par faire face au gamin qui l'a poussé un peu plus tôt. Le gosse l'interpelle et se met à lui crier après. — Mais va-t-en ! C'est dégueu ! JJ s'arrête et pivote vers lui, ne comprenant pas ce qu'il y a de si sale et si terrible dans ce qu'il est en train de faire. Il veut juste monter les beaux reflets bleutés de l'animal à ses camarades. JJ explose de rire et se jette sur le garçon. Une lutte acharnée commence et JJ finit par prendre le dessus. Le gosse tombe à terre et JJ lui grimpe à califourchon dessus, cherchant alors à mettre l'insecte dans sa bouche, sans trop savoir pourquoi. Le garçon se met à hurler et à pleurer, se débattant aussi fort qu'il peut. Ce sont finalement les professeurs qui mettront fin à la tempête. Des mains fortes passent sous les bras de JJ et voilà qu'il se fait soulever comme s'il ne pesait rien - c'est vrai qu'il ne pèse pas grand chose. La maitresse lui tape fort sur la main et sous la surprise il lâche l'insecte qui ne perd pas une seconde pour s'envoler loin de son bourreau. Le visage de JJ se décompose un instant, déçu.

La maitresse lui empoigne le bras et le tire avec elle, elle semble dépitée. JJ suit le mouvement, ne comprenant pas trop ce qu'il se passe et il se marre tout en cherchant dans les regards de ses camarades une quelconque complicité. Il n'y trouve que des murs immenses. Il rit plus fort, ignorant ce qu'il ne peut supporter.

Il se retrouve dans une salle de classe et la maitresse l'assoit de force sur une chaise. — Tu es puni, Jemmy ! L'enfant cesse subitement de rire et relève ses grands yeux ébahit vers l'adulte. — Hein ? Mais ? Pourquoi ?! Il ne comprend toujours pas le problème. Les explications de la femme n'ont aucun sens pour lui. Il la fixe, désespéré. Il se met à sangloter. — Mais j'ai rien fait ! Qu'il insiste. Pourquoi le puni-t-on pour avoir voulu jouer avec ses camarades ? Qu'a-t-il fait de mal encore ? — Tu vas donc rester ici jusqu'à la fin de la récréation. Je reviendrai te chercher quand ça sonnera. Son visage se décompose et il bondit de sa chaise, attrapant la manche de la maitresse. — NON ! Je veux pas rester ici tout seul ! Il se met à hurler et s'accroche de toutes ses forces. S'en suit un combat interminable entre lui et la femme, elle hausse le ton et finit par le rassoir de force sur la chaise, exaspérée. Elle s'éloigne et JJ, vissé à sa chaise, continue malgré tout de supplier. — Non, s'il vous plait ! Je veux pas rester ici ! S'il vous plait ! Elle reste insensible à ce qu'elle estime n'être qu'un simple caprice, pensant qu'il veut simplement retourner s'amuser dans la cour et n'accepte pas la punition. Elle ne perçoit pas toute la détresse dans la voix du gamin. La porte claque derrière elle et JJ sanglote si fort qu'il s'étouffe à moitié. Il halète, ses épaules qui sautent au rythme de sa respiration chaotique. Il reste quelques minutes à geindre et pleurer, tente encore d'appeler quelqu'un à la rescousse. Mais ses cris se perdent dans le vide, un peu comme ses tentatives de se lier aux autres enfants.

Un sentiment horrible lui écrase tout à coup la poitrine. Il n'est pas encore capable de mettre des mots dessus, ne sait pas ce qu'il ressent vraiment. Il sait juste que ça fait mal et que c'est insupportable. Il a l'impression d'avoir un trou noir dans le bide et de disparaitre de l'intérieur. Il prend sa tête entre ses mains et se laisse tomber de la chaise comme s'il était devenu liquide. Il se met à se rouler par terre, à frapper par terre et à hurler de rage. Et plus le silence est grand, plus il hurle fort. Animé par une émotion terrible qui le ronge, il finit par se relever et commence à tout jeter. Les tables, les chaises, les craies, la brosse du tableau, les papiers qui trainent sur le bureau. Ses poings se serrent et par intermittence il vient se frapper le crâne, comme s'il voulait faire sortir de lui tout ce qui l'étouffe.

La crise dure plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'il s'effondre d'épuisement. Allongé sur le dos, jambes et bras écartés, il n'arrive plus à reprendre son souffle. Pendant un instant, il a l'impression qu'il va mourir. La sonnerie marquant la fin de la récréation finit par retentir. Le soulagement est tel que sa respiration se calme.

Des bruits de pas se font finalement entendre dans le couloir. Les talons de la maitresse qui claquent dans sa direction. La porte qui s'ouvre, dévoilant le carnage.

JEMMY ! La colère dans la voix de la femme fait presque trembler les murs.

Les talons qui claquent à toute vitesse jusqu'à lui.
Elle va probablement l'engueuler pendant des heures.
Il sourit.
Tant qu'ils crient, c'est qu'il existe encore.
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JJ O'Reilly
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- - DÉGUISÉ EN ÊTRE HUMAIN,
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MessageSujet: Re: childhood.   childhood. EmptyMar 7 Juin - 16:39

savannah,
septembre 2007 (11 ans).


La tête enfouie dans ses bras, il dort paisiblement sur le bureau de classe. Personne ne prête attention à lui, le professeur ne cherche surtout pas à le réveiller. JJ, on le préfère endormit que réveillé. Tant pis s'il rate ses études ou même sa vie, de toute façon, il y a longtemps que plus personne ne croit en lui. Certains profs persistent encore un peu, persuadés de pouvoir le remettre sur la voie des études. Ce qu'ils n'ont pas encore compris, c'est que cette voie, il ne l'a jamais empruntée. Elle n'existe pas. Et il s'en fiche pas mal, il n'a pas l'intention de faire de grandes études et d'avoir un bon métier. Il n'a jamais couru après l'argent ou la gloire. Lui, tout ce qu'il veut, c'est être entouré.

Une sonnerie se fait subitement entendre dans la classe, provoquant un silence total. Puis les élèves se mettent à murmurer et tout le monde cherche d'où elle provient. Le professeur claque bruyamment sa craie sur le support métallique le long du tableau et remonte l'allée entre les bureaux, jusqu'à la hauteur de JJ. — O'Reilly ! Le môme sursaute, tiré d'un profond sommeil. Il relève les yeux vers son professeur tout en baillant, cherchant à comprendre ce qu'on lui veut. — Donnez moi votre téléphone. Léger moment de flottement, JJ ne comprend pas pourquoi l'adulte lui réclame subitement son téléphone. C'est en entendant la sonnerie qu'il comprend. Il bondit et extirpe l'objet de la poche de son jean. — C'EST SAM ! Qu'il s'écrie, le visage subitement illuminé. Le professeur n'a même pas le temps de réagir que JJ a déjà décroché sous son regard médusé. — Yooooo SamSam, ça va ? Qu'il demande gaiement, totalement enchanté de cet appel. — Non tu m'gênes pas, j'fais rien de particulier. Le professeur se redresse, halluciné. — O'Reilly, donnez-moi votre téléphone immédiatement ! Le gosse fronce les sourcils et lui fait signe de se taire. — Ouais, j'arrive, cool ! A tout d'suite SamSam ! Il raccroche, surexcité. Et sans plus un regard pour les gens autour de lui, il remballe ses affaires, jette son sac-à-dos sur son épaule et détale de la salle de classe à toute vitesse, ignorant totalement les cris de son prof. Il n'entend plus rien, propulsé dans une bulle de joie intense. Tout à coup, il se fiche bien de l'attention des autres êtres humains. Seule celle de Sam compte. Il l'a appelé. Lui a proposé de venir le voir. Ça veut dire qu'il l'aime, non ? Oui, c'est sûr.

Ils ont beau se voir quasiment tous les jours, JJ a sans cesse besoin de se rassurer à ce sujet. Il a toujours peur de ce jour où Sam ne l'appellera plus.

Il court à travers les rues de Savannah, ne prête pas attention au point de côté qui se forme petit à petit. Ça ne l'empêchera pas de courir.

Une vingtaine de minutes plus tard, il arrive enfin dans le parc que Sam lui a indiqué. Il a les joues rouges, le front humide et la respiration douloureuse. Il repère Sam sans mal, celui-ci avance dans sa direction, capuche sur la tête, et entouré de quatre jeunes un peu plus âgés que JJ. Peut-être 14 ans, quelque chose comme ça. Ils semblent en avoir après Sam. Le bouscule un peu, rient très fort, on dirait des hyènes affamées. Le sang de JJ ne fait qu'un tour. Il s'arrête et regarde autour de lui. Il choppe un caillou un peu plus petit que sa paume de main et s'approche. Quand il n'est plus qu'à quelques mètres d'eux à peine, il prend de l'élan et jette violemment le caillou sur le crâne d'un des gosses.

ARH ! Le gamin titube et un pote à lui le retient avant qu'il ne tombe au sol. Il passe sa main sur son crâne et réalise qu'il saigne. Tous les regards remontent vers JJ. Bien loin d'avoir entamé sa poussée de croissance, JJ fait une bonne tête de moins qu'eux et apparait tout frêle. Rien d'impressionnant. — T'es malade ou quoi ?Vous laissez Sam tranquille ! Qu'il grogne, la voix encore un peu fluette. Les quatre ado regardent JJ, puis Sam, puis JJ, puis se regardent entre eux et explosent de rire.

Sam marche jusqu'à son niveau et se contente de continuer d'avancer. — Viens. Qu'il souffle, visiblement désintéressé par toute cette situation. — Hey ducon, on a pas terminé ! Qu'il beugle à l'encontre de Sam. Mais tout ce qu'il obtient comme réponse ce sont les dos de JJ et Sam qui s'éloignent ensemble. L'un traîne des pieds quand l'autre sautille, remonté à bloc malgré sa course effrénée - il est inépuisable.

JJ entend les bruits de pas derrière eux. Et dès qu'il perçoit un bras se tendre entre eux, la main prête à attraper Sam il pivote subitement et bondit sur le type. Son sac-à-dos tombe par terre au passage. Agrippé au jeune, JJ plante ses dents dans la gorge du mec et mord de toutes ses forces. Sous l'effet de la douleur, le gosse hurle et bascule en arrière. Emporté par l'élan - et solidement accroché à sa jugulaire - JJ tombe avec lui. Sa tête tape le sol mais il ne lâche quand même pas. Les autres s'y mettent à trois pour le dégager et le jeter sur la pelouse un peu plus loin. JJ se relève, prêt à y retourner. Il crache le sang accumulé dans sa bouche et s'essuie du revers de sa manche. — J'avais dit de pas toucher à Sam ! Il tourne la tête vers Sam, qui n'a pas trop l'air de saisir tout ce qu'il vient de se passer. — Sam, c'est vrai ou pas ? Je leur avais dit ou pas ? Le concerné se contente de hausser les épaules, un peu dépassé. Il est probablement défoncé.

Le groupe d'ados finit par détaler - sûrement pressés d'aller soigner leur pote en train de saigner comme un cochon égorgé -, après avoir menacé JJ de le retrouver et d'le tuer. Ce qui a pour seul effet de le faire éclater de rire.

JJ revient vers Sam en trottinant. Il ramasse son sac et ils reprennent leur route. Il voit Sam zieuter son front rougit par l'impact au sol. Il aura probablement une bosse sur le front demain. Mais il s'en fout, le regard que Sam pose dessus est le meilleur des remèdes. Il n'a même plus mal.

Sam ?
Hm ?
J'peux avoir une bière ?
S'tu veux.
YOUHOU !

Le gamin brandit ses bras au-dessus de lui, victorieux. Et voilà qu'ils prennent la direction de la supérette la plus proche.

Sam ?
Hm ?
J'peux rester dormir ce soir ?
S'tu veux.
Trop cool !

Sourire jusqu'aux oreilles.

Sam ?
... Quoi ?
Ahahah, non rien !

Samih soupire doucement mais ne s'en formalise pas, continuant de trainer sa carcasse. JJ finit par se calmer et, machinalement, il vient attraper un petit bout du pull de Sam et le serrer entre ses doigts. Juste pour s'assurer qu'il ne disparaisse pas.
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