(bowie) slap me if i'm sober

@bowie krapett

Athéna bosse ce soir. Et t’as pas trop envie d’passer la soirée seul. T’as déjà vu Ivy hier — c’bon, elle est cool mais tu vas pas la voir tous les jours non plus, faut pas pousser. T’as pas envie de sortir de chez toi pour autant. Alors c’est à Bowie qu’t’envoies un texto pour lui dire de venir passer la soirée chez toi. Tu promets pizzas, alcool et allez, t’offres même la came ce soir, t’es d’humeur généreuse.

Quand il finit par se pointer vers vingt heures, tu l’accueilles les bras grand ouverts. Faut dire qu’tu te sens à nouveau pousser des ailes, en ce moment. Ça fait deux-trois jours que ton cerveau a commencé à surchauffer. La bipolarité qui repart dans ses excès. La manie — ça vaut mieux, plutôt que la phase dépressive. Tu kiffes être en phase de manie toi, t’as l’impression d’être le roi du monde, des idées grandioses (ou pas) plein à la tête, des plans sur la comète, l’excitation qui te parcoure les veines comme des décharges électriques. Bombe à retardement, c’est bien tant que ça dure — après, c’est une autre histoire ; après, c’est l’enfer. Mais là n’est pas le sujet, tant qu’t’es tout content comme un gamin au matin de Noël, tout va bien. T’as p’têtre été trop down ces derniers temps, c’est ton cerveau qui t’donne un coup de pouce, comme un booster de vitalité et d’énergie positive après ces mois chaotiques.

Porte claquée, culs enfoncés dans le canapé devant la console, small talk qui se dissipe et c’est le moment que tu choisis pour poser la manette et te rapprocher de la table pour sortir de quoi rouler un joint. "J’t’en fais un aussi?" Mais t’attends pas sa réponse pour en préparer deux, bien garnis, avant d’lui tendre. "Tu veux boire quoi?" Tu te lèves, coinces le bâton entre tes lèvres et t’embrases le sien avec ton zippo avant de faire de même pour le tien. Tu t’éloignes pour aller chercher ton iPhone qui trainait à la cuisine et tu composes le numéro de la pizzeria du coin avant de coller l'écran à ton oreille. "Tu veux quoi toi? Fais-toi plaiz c’est la maison qui régale." Tu hausses les sourcils, petit sourire malicieux plaqué au coin des lèvres.

le texto est le bienvenu. t'as besoin de te détendre après cette journée de boulot. elles se ressemblent toutes, tu fais un job qui te casse une couille, et y'a la princesse qui te brise l'autre couille. chienne de vie putain. alors quand ton bro te dit de rappliquer, il te faut pas longtemps pour prévoir ta soirée. pas de vadrouille ce soir, tu seras pépouze à jouer à la console et à boire des bières avec ares. best programme ever. puis en plus, t'avais besoin de lui parler, fallait que tu trouves une occasion, c'est tout trouvé du coup. parce qu'il tourne mal le coco, et que toi, c'est ton rôle de meilleur pote de le remettre sur le droit chemin. enfin, sur un chemin moins fou du moins.

le cul enfin posé sur le canapé qui sent l'herbe, la manette en main, tu mets une raclée à ton pote. c'est ça les bonnes soirées, au final, pas besoin de se taper tout le temps des culs. parfois un truc tranquille avec son meilleur pote, c'est tout aussi bien. et quand ares pose la manette pour te proposer un joint, bah, tu vas pas refuser, ce serait mal poli voyons. yep. et ça tarde pas, tu l'as rapidement au bec, et ares l'allume. tu tires deux lattes avant de lui répondre simplement en haussant les épaules. tu t'en fou, à lui de choisir ce que vous allez boire. mais par contre, quand il te demande de choisir la pizza, là, tu ouvres ta gueule. oh ptain, c'est mon anniversaire ? jveux une reine. la simplicité, mais la meilleure.

quand il revient sur le canap, tu tires encore. t'as du mal, depuis le temps, à encore sentir les effets du joint. ton corps est trop habitué. j'ai l'impression qu'on s'est pas capté depuis des jours. my bad, à cause de mon taff, j'suis toujours busy.

Il accepte ta proposition de joint — évidemment, t’en attendais pas moins de lui, tu l’connais au fur et à mesure des années. Alors t’en prépares deux et tu lui allumes quand il le porte à ses lèvres. Puis tu t’éloignes pour aller chercher ton téléphone et appeler la pizzeria, parce que y’a ton estomac qui commence à s’réveiller. Tu dis même à Bowie que ce soir, c’est toi qui régale — que ce soit drogues, alcool, bouffe ; la totale. "oh ptain, c'est mon anniversaire ? jveux une reine." Tu lâches un bon rire, non sans une pointe de sarcasme dans ta réponse. "Parce que tu t’en tapes pas déjà assez?" C’est un charo, Bowie, tu l’sais aussi. Toi, beaucoup moins. Tu vois pas trop l’intérêt, les meufs piquent pas assez ta curiosité en général — et le peu qu’elles y arrivent, ça ne dure jamais plus de quelques heures. Enfin… sauf pour Athé. Et Ivy. Un peu Ivy, quand même. Parce que ça va faire quelques semaines que vous fricotez et t’arrives encore à bien la supporter. C’est choquant, limite. Peut-être que ça marche, en fait. Peut-être que t’arrives à passer au-dessus d’elle en étant avec Ivy.

Y’a le gars de la pizzeria qui décroche et tu passes commande. "Ça serait pour commander une grand Reine et une grande Fermière." Tu donnes l’adresse quand il te donne la confirmation de l’heure de livraison et tu raccroches. "D’ici vingt minutes. J’ai la dalle en vrai!" Tu ramènes une bouteille de tequila et deux verres à shot que tu poses sur la table basse et tu reviens te poser sur le canapé à ses côtés. Tu tires une longue taffe sur ton joint avant de servir les verres. "J’pensais que j’avais autre chose ne fait mais j’ai que ça, c’était à moi d’aller faire les courses askip mais j’ai zappé." Tu lui offres un beau sourire exagéré pour te faire pardonner. T’façon, t’as autre chose qui traine dans les placards pour le reste de la soirée. Plutôt d’humeur à jouer, tu comptes bien ingurgiter une pilule pour te laisser aller et laisser ton cerveau divaguer. Alors tu te relèves, t’attrapes un sachet qui traine dans les poches de ta veste en cuir et tu l’agites devant ses yeux. "Nouvelle formule soit-disant, il paraît qu’elle est mortelle. Enfin, pas genre, à proprement parler, tu vois? C’tait une expression. Bref." Tu secoues la tête non sans laisser échapper un petit rire. "j’ai l'impression qu'on s'est pas capté depuis des jours. my bad, à cause de mon taff, j'suis toujours busy." Tu te rassois à ses côtés en posant le sachet sur la table. "Non mais de ouf, c’est ça à jouer la chienne des marquises!" Tu le taquines mais qui aime bien châtie bien non? "Tu tapes quelqu’un de la famille au moins? Sinon, pourquoi t’endures c’te merde? T’as qu’à venir avec moi chez les Juggalos, tu seras sûrement mieux payé." P’têtre pas mieux traité, mais ça… c’t’une autre histoire.

rire franc, lorsqu'ares parle des reines. ouais c'est vrai que t'as pas la réputation d'être coincé. tu baises parfois sans même regarder les visages. un cul penché et hop, c'est la porte d'entrée. tu peux pas résister. c'est loin d'être des reines les meufs que j'baise. avec leurs gueules trop maquillées et leurs vêtements tout petit. mais tu te pleins pas, t'aime la marchandise comme ça. tu fumes toujours, écoute d'une oreille ce que ton pote de dit, et tu souris parce que tu pardonnes toutes ses phrases. vous êtes les mêmes. alors bon, comment lui en vouloir, puis la téquila c'est pas mal. tu prends le verre et fait tourner le liquide dedans avant de le reposer. y'a ares qui prend des pilules magiques et tu regardes ça. allez, testons ça. t'es souvent op pour prendre de la drogue, mais c'est pas régulièrement. t'as beau jouer aux cons, tu préfères rester lucide et savoir ce que tu fais. mais lui, ares, c'est de plus en plus qu'il fait des conneries. et même si t'es un petit bâtard, y'a un coeur dans l'fond, et ton pote, il t'inquiète.

quand tu dis que t'as plus de temps, il te parle de ton job et tu grimaces. t'imagines pas l'enfer là-bas mec. le taff est horrible mais... y'a un p'tit sourire malicieux qui se dessine. la gosse est hargneuse mais bave devant moi, et la daronne j't'en parle même pas, j'pourrais la baiser en claquant des doigts. et t'as même pas besoin de lancer la conversation qu'il le fait tout seul. t'en profite pour rebondir, l'air de rien, prenant une taffe. ton gang là ? pas mon délire tu sais bien. les conneries c'marrant, mais là ça envoi du lourd. j'comprends pas ce que tu leur trouves.

"c'est loin d'être des reines les meufs que j’baise." Tu roules un peu des yeux non sans un petit sourire amusé. Tu le blâmeras pas pour son irrespect, t’en as pas beaucoup plus que lui sur ce coup.

Tequila servie, joint accroché aux lippes, tu sors ton petit sachet transparent. P’têtre que c’est pas une bonne idée de tout mélanger. Mais t’as jamais vraiment été le gosse responsable de la famille, alors tu vas pas t’en soucier. Surtout que bon… Ça va pas t’tuer, n’est-ce pas? Il en faut plus pour te buter, toi, t’es un costaud, cafard de Detroit, tu vas pas disparaître comme ça. Non, ça va pas t’tuer, vous allez juste passer une très bonne soirée. "allez, testons ça." Tu lui offres un grand sourire. "Bonne réponse mec!" Puis bon, c’pas comme si tu faisais ça tous les jours. En général, ça t’arrive au Bloc. D’ailleurs… "Putain la dernière fois qu’j’me suis shooté j’étais avec mon pote des réunions là, on a terminé la nuit en s’faisant deux meufs dans la caisse, c’était un truc de dingue." T’as encore du mal à y croire que cette nuit se soit vraiment passée. Mais tu vas pas plus dans les détails. Ouais non, l’fait qu’elles étaient pas consentantes, tu préfères quand même garder ça pour toi. Toi et Athéna. Parce qu’elle sait, elle. Elle sait tout.

Ça vous permettra, à Bowie et toi, d’vous lâcher un peu. En plus faut bien fêter ça, ça fait bien plus d’une semaine qu’vous vous êtes pas vus à cause de son taf d’esclave de merde. "t’imagines pas l'enfer là-bas mec. le taff est horrible mais... la gosse est hargneuse mais bave devant moi, et la daronne j't'en parle même pas, j'pourrais la baiser en claquant des doigts." Tu l’observes un instant pour voir s’il est réellement sérieux, et quand tu comprends que c’est le cas, tu sifflotes un peu, l’air faussement admiratif. "Ah ouais, la daronne? Putain j’te pensais pas branché MILF. Et forcément qu’la meuf est une taspé, c’est une gosse de riches, elles le sont toutes. Enfin, presque, j’veux dire." Parce que c’est pas l’cas d’Ivy. C’est une gosse de riche mais elle a choisi un autre chemin dans la vie et elle fait partie des dévergondées, le genre que les parents envoient carrément chez les bonnes soeurs pour essayer de la calmer.

Il a qu’à venir taffer avec toi, p’têtre que tu pourrais le faire rentrer — ou plutôt, tu t’fais des idées Ares, comme si t’avais ton mot à dire face aux autres, tu la fermes et tu fais ce qu’on te dit, bon petit soldat qui obéit. "ton gang là ? pas mon délire tu sais bien. les conneries c'marrant, mais là ça envoi du lourd. j'comprends pas ce que tu leur trouves." Tu hausses quelque peu les épaules en tirant une grosse taffe sur ton joint. "Bah j’sais pas, c’est normal que j’y sois." Parce que t'as le physique. La peau blanche, les cheveux blonds, les yeux bleus. C’est tes origines, ton père en rêvait, c’était l’honneur de la famille. Et pourtant, ton père est la dernière personne sur terre à qui tu voudrais ressembler. Là est toute la contradiction de ta vie — tu le hais, et pourtant, tu peux pas t’empêcher de chercher son approbation. "C’est un peu… la famille? J’sais pas. Tu m’en poses des questions toi aussi." qu'tu dis en levant les yeux au ciel et en avalant ton shooter. Tu saurais pas vraiment dire, en fait. Ce besoin d’appartenance. Une nouvelle famille — parce que la tienne, t’en veux pas. À part Athéna.

il te parle de son pote des réunions, se soit-disant JJ que toi, tu connais pas vraiment, pas du tout en fait. mais c'est pas la première fois qu'ares te parle de lui. et tu sais déjà que tu l'aimes pas ce type, parce qu'il tire son pote vers le bas, vers une pente beaucoup trop dangereuse et pas saine. deux nanas ensemble ? genre cote à cote ? t'avais pas peur que ta bite touche la sienne ? tu te mets à rire, tu lui donnes un coup de coude. t'es loin de te douter que les nanas n'avaient pas leur mot à dire et heureusement, sinon t'aurais surement foutu une baigne à ton meilleur pote. parce que toi t'es un connard, tu prends et tu jètes, mais tu demandes toujours l'autorisation.

quand tu parles de ton taff, tu peux pas t'empêcher de penser un peu à la connasse de gamine. et ça t'fais rire la réflexion d'ares. j'vois pas pourquoi j'dirais non à une chatte expérimentée. puis t'as toujours voulu te taper une milf, peut-être pour régler un genre de complexe d'Œdipe que t'as pas pu avoir, vu que t'as pas vraiment eu de mère. tu hoches simplement les épaules quand il te dit que liesel est une pétasse, parce qu'il n'a clairement pas tort. mais t'es pas vraiment là pour parler de toi, t'es là pour mettre, à ta façon, ton pote en garde. alors tu demandes ce qu'il trouve à ce gang que toi tu trouves craignos. la famille ? ha ouais jvois l'genre. baiser en famille, c'est ton kiff c'est ça ? que tu craches en riant, faisant allusion à lui et JJ dans une même bagnole à se choper des nanas.

et pourtant, tu l'sais pas encore, mais ta phrase pour ares, elle est plus profonde que ça. (coucou la sista)

"deux nanas ensemble ? genre cote à cote ? t'avais pas peur que ta bite touche la sienne ?" Tu lèves les yeux au ciel. Ha-ha. "Tu m’as pris pour une tafiole?" Il est pas trop loin de la vérité, pourtant. Mais tu préfères jouer au con, faire un peu l’indigné pour évincer tout soupçon.

Puis bon, il peut bien rire pour ton plan à quatre improvisé mais toi, tu préfères toujours ça à te taper une vieille daronne. Non merci, tu penserais trop à la tienne et clairement, c’est un turn-off. "j’vois pas pourquoi j'dirais non à une chatte expérimentée." Toi, tu vois pleins de raisons. Mais bon, pas nécessairement envie de les énumérer, il fait ce qu’il veut, il fourre sa teub où ça lui chante — tant qu’ça le rend heureux, t’as rien à dire toi.

Sauf que ça a pas l’air d’être sa mentalité, à lui. Reproches qui commencent à pleuvoir concernant ton appartenance aux Juggalos. Tu sais pas trop comment l’expliquer, les raisons qui te motivent à tout faire pour y être accepté. Sûrement l’esprit de communauté, avoir des gens sur qui tu sais que tu pourras compter, le sentiment d’appartenance à un groupe, à une cause plus grande que ta petite vie de misère. Envie d’accomplir de grandes choses, et tu sais pas trop comment faire à part grimper en haut de l’échelle. Et pour ça, faut d’abord que tu passes par la case de larbin, t’en as conscience. Mais là, ça commence à faire un peu long. Ça fait des mois qu’tu leur obéis au doigt et à l’oeil, que tu leur fais le sale boulot, que tu rentres tous les joues la gueule en sang à t’faire soigner par Athé. Et tout ça, pour quoi? Pour l’instant, pour pas grand chose. Pour ne pas dire pour rien.  

"la famille ? ha ouais jvois l'genre. baiser en famille, c'est ton kiff c'est ça ?" Tu t’étouffes avec la fumée de la dernière taffe que tu venais d’inspirer. Tu tousses, tu crachotes — putain mais c’pas vrai, qu’est-ce qu’ils ont tous à t’faire ce genre de remarques ? Ivy t’a fait la même l’autre jour et pareil, t’as failli crever en t’étouffant sur ton joint. "JJ fait pas parti des Juggalos si c’est c’que t’insinues. C’est juste moi sur ce coup."

On sonne à la porte et tu te lèves pour aller chercher les pizzas qui viennent d’arriver. Tu payes le livreur avant de refermer la porte, installant les cartons sur la table basse. "On s’fait la pilule après manger? Normalement les effets sont quasi instantanés. En revanche t’es pas dispensé de boire hein!" que tu pousses un peu pour lui faire remarquer son shooter encore plein contrairement au tien, déjà vide. "T’as peur de finir retourné bro? Peur de l’adversité?" Tu hausses tes sourcils, petit air de défi sur le visage. Tu te rappelles vos soirées débiles à vous mettre minables à essayer de battre l’autre, être le dernier encore debout pour crier victoire. C’était des temps beaucoup plus simples et ça te semble maintenant être à des années lumières. Mais peut-être que, par nostalgie, ce soir, ça peut redevenir comme ça. Aussi simple que ça. Juste deux meilleurs potes qui se foutent une race par plaisir et camaraderie. Ouais, si seulement la vie pouvait être aussi simple.