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 how it had to end (sevih)

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Samih Scully
Samih Scully

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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Toujours défoncé + des traces de piqures sur les bras + une longue cicatrice du flanc jusqu'à la colonne + trèfle irlandais tatoué sur l'épaule gauche + porte toujours un hoodie noir + cohabite avec deux autres personnalités
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MessageSujet: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptySam 29 Aoû - 21:17

Sam tombe en avant contre le lavabo de la cuisine. La maison est étonnamment vide. Pourtant l'éboulement intérieur fait un boucan pas possible en lui. Une main tremblante cherche à l'aveugle le robinet. Enfin il fait couler de l'eau glacée sur son visage. Son corps dézingué est secoué de tremblements violents.

Pourquoi t'as menti ? Pourquoi tu m'as dit que tu l'avais tué ?
Pourquoi t'as fait ça ?

Les questions s'enchaînent et ne trouvent aucune réponse. Sam se raccroche sur le bord de l'évier pour se redresser, ses muscles tendus d'angoisse. L'autre a menti. Il a sauvé Seven. Il est encore bien là, bien vivant. Deux semaines qu'il se réveille, se lève, respire, vit avec la certitude qu'il a tué Seven. Deux semaines que l'intérieur de son propre cerveau s'est déchiré en deux. Y a deux versions de l'histoire, deux univers parallèles. Sam n'a aucune foutue idée de la réalité dans laquelle il se trouve. Et ça redescend pas. Cette angoisse qui l'étrangle, ce choc qui se répand dans tout son organisme. L'explosion intérieure si douloureuse, comme se noyer au fond d'un bassin d'eau glacée. Ses yeux ne voient plus, ses oreilles n'entendent plus. Il ne peut rien faire d'autre que d'accuser un choc trop fort pour lui. Tout est allé trop loin.

J'suis fou, j'suis fou, j'suis fou.

Qu'il se répète en boucle. Pourtant c'est pas comme s'il l'ignorait. Cette dernière année il n'a fait que s'enfoncer dans son délire. La prison a fait péter quelque chose, un barrage qui contenait l'autre. Il avait fini par s'habituer aux trous noirs, aux pertes de mémoire, aux incohérences qui rythmaient son existence hachée. Mais pas à ce point. Pas comme ça. C'est allé trop loin. Il se sent prisonnier d'une terrible machination. Et tout semble instable, puisque tout peut être faux. Il ne peut faire confiance à rien autour de lui. Ni même à son propre corps. À ses mains. Son regard se pose sur elles, accrochées à l'évier, rougies par ses crispations. Il est secoué d'un sanglot.

Pourquoi t'as menti…
Tu m'as dit qu'il était mort…

Il supplie, attend une réponse, il en a besoin. Il a besoin d'arrêter son cerveau paranoïaque. Parce que là, maintenant, tout semble se déliter. Quand est-ce que c'était des mensonges ? Quand est-ce que c'était la vérité ? Quels souvenirs sont vrais ? Et si tout ça, tout n'était qu'une putain de connerie, qu'une hallucination ?

RÉPOND-MOI PUTAIN !

Mais rien. Rien qu'un bourdonnement long et interminable dans ses oreilles qui le rend à moitié sourd. S'il a menti sur un truc aussi gros, il a pu mentir sur tout le reste. Depuis combien de temps il s'amuse à déformer sa réalité ? Depuis combien de temps Sam a perdu le contrôle ? Est-ce qu'il a vraiment déjà été en contrôle ? À qui appartiennent ces mains ? À qui appartient ce corps, ce cerveau, ces souvenirs ? Est-ce qu'il existe vraiment ? L'autre, ou lui-même ? C'est la dégringolade intérieure. C'est une chute si longue, incroyablement longue qui ne trouve pas de fin. Sam préfèrerait presque s'écraser aussitôt, plutôt que de subir ces doutes qui le lacèrent à l'intérieur. Alors il remonte ses yeux jusqu'à l'escalier à l'étage.

Si la chute ne veut pas venir, il va la provoquer. Il s'élance comme un dingue jusqu'à l'escalier.
Sam, tu fais quoi ? Il ne sait même pas s'il l'a vraiment entendu. Obsédé par son objectif. Il va falloir qu'il sache, qu'il découvre qui est l'autre. Parce qu'à l'heure actuelle, il n'a même plus l'impression de partager le même cerveau malade avec lui. Il a simplement un sale sentiment de s'être fait violé de toutes les manières possibles. Il ne sait même pas avec qui il vit, partage sa chambre. Au milieu des escaliers, il sent comme une main l'attraper par la capuche de son sweat-shirt et le tirer violemment en arrière. Il retombe de quelques marches en étouffant un cri de surprise, se rattrape à la rampe et se tape le menton contre l'escalier. D'un point de vue extérieur, il a simplement manqué une marche. Mais Sam sent parfaitement que l'autre l'a fait tomber exprès. Son coeur bat à tout rompre et il termine de monter les escaliers en rampant. Il s'est remis à pleurer, et son visage est tordu d'une rage qui le force à continuer. Il atterrit dans le couloir et se relève, titubant. Sa tête commence à lui faire incroyablement mal. Comme des coups de marteau à l'intérieur de son crâne. Il doit se tenir le front quand il pénètre enfin dans sa chambre. Il claque la porte derrière lui et se poste contre, comme s'il voulait empêcher l'autre d'y pénétrer. C'est stupide. C'est illogique, mais ça fait bien longtemps que toute logique a abandonné son destin.

Et t'espère trouver quoi ? Un journal intime ?

Cette fois il a bien entendu et ça l'électrise. Sam le cherche du regard, même si ça aussi, ça n'a aucun sens. Et puis, il reprend du mouvement et commence à retourner sa chambre dans tous les sens en criant. Arracher les placards, retourner le matelas, sortir toutes les fringues de son armoire. Il ne sait pas ce qu'il cherche, autant qu'il ne reconnait pas la moitié des affaires qui se trouvent ici, le reste se contente d'être à la mauvaise place. C'est si clair maintenant, comme une putain d'évidence. Ça fait si longtemps que l'héroïne a attaqué son système qu'il ne s'en était pas rendu compte. Mais il perd prise avec la réalité, complètement. Il essaie de se souvenir de ce qu'il a fait ce matin, ou la veille, et tout est incroyablement flou, lointain, inexistant, comme un mauvais rêve qui nous échappe. L'autre a pris du terrain, petit à petit. Cette chambre n'est plus la sienne. Sam se sent disparaitre.

Disparaitre. Complètement.

Cette pensée l'arrache une seconde à sa folie destructrice. Il reprend son souffle après avoir tant crié. Les yeux exorbités, au milieu du désastre qu'est sa vie, il fait lentement quelques pas en arrière jusqu'à buter contre un mur. Sifflement douloureux contre ses tympans. Il se laisse tomber jusqu'au sol, remonte ses jambes contre son torse et les entoure de ses bras tremblotants. Il n'existe pas. Il n'existe plus. Il a totalement disparu maintenant.

- Sam ? Sam, qu'est-ce que tu fous ?

C'est Macha. Mais sa voix qui transperce ses angoisses l'a fait sursauté. Il ne répond pas et se contente d'un regard effrayé vers la porte. Elle insiste. Il croit. Mais quelqu'un d'autre lui hurle dessus au même moment.

- Est-ce que tu veux bien te calmer maintenant ? J'ai menti pour toi, pour te protéger. Je sais ce que je fais.

Sam se met les deux mains contre ses oreilles. Mais il n'y a que la voix de Macha qui est étouffée. L'autre résonne à l'intérieur de sa cage thoracique. Si fort. Il insiste, enfin. S'explique, sans vraiment s'expliquer. Sam ne comprend rien.

- Est-ce qu'un de TES plans a déjà marché Sam ? Est-ce qu'UNE SEULE de tes décisions a déjà été la bonne ? Tu fous la merde partout où tu vas, et ensuite tu me reproches de vouloir prendre les choses en mains ? Tu fais ta crise ? Sérieusement ? Tu sais le nombre de fois où j'ai dû supporter tes putains de décisions de merde ? Hein ? HEIN ?

Il est en colère, au moins autant que Sam ne peut l'être. Il lui fait peur.

- LA FERME, LA-FERME !

Qu'il hurle. Et soudainement, comme un silence. Sam retire doucement les mains de ses oreilles. Plus personne ne toque à la porte. Plus personne ne l'appelle. Ni depuis le couloir, ni depuis l'intérieur même de son corps. Sa respiration est encore courte et son coeur bat trop vite. Il tente d'inspirer et d'expirer mais il a l'impression de mourir chaque fois que l'air entre dans ses poumons.

- Sam, faut que tu m'écoutes maintenant.

La voix ne vient pas de l'intérieur de sa cage thoracique cette fois. Elle vient de l'autre côté de la chambre. Et quand Sam lève les yeux vers elle, il croit faire une attaque. C'est lui qu'il voit. Lui qui se trouve de l'autre côté de la pièce.
Lui. L'autre. Là, en chair et en os. Bien présent dans cette pièce, dans cette réalité. Sam pousse un cri de terreur et se remet à pleurer aussitôt. Le voir est la pire expérience qu'il n'a jamais eu à traverser. Secoué de sanglot, il commence à aller à quatre pattes vers un coin opposé, s'éloigner le plus possible de lui. Il ferme les yeux et se prend un mur contre lequel il colle ensuite son visage, refusant expressément de le voir.

- C'est pas vrai, c'est pas possible, c'est pas possible.
- Faut qu'on parle.
- Qu'est-ce qui m'arrive… qu'est-ce qui m'arrive…

Ses sanglots étranglés dégoulinent le long du mur. Il a toujours les yeux fermés du plus fort qu'il le peut. Et pourtant, il sent la présence de l'autre se mouvoir dans la pièce. Il est tétanisé. La voix se rapproche de lui. Et d'un coup il sent comme si on l'attrapait par les épaules pour le plaquer contre le mur. Il est assit par terre, dans cette chambre sans dessus-dessous, ses propres mains le tiennent, et en face de lui son visage effrayant.

- Non, non, NON ! Laisse-moi tranquille ! Qu'il supplie de toutes ses forces.
- Fallait que j'te mentes. Fallait que j'sauve Seven. Tu refuses de comprendre, tu refuses de m'écouter ! Mais Seven n'a pas violé Assia.
- TAIS-TOI ! FERME-LA ! VA-T-EN !
- C'est JJ qui l'a fait, c'est lui ! Je le sais, et tu le sais aussi !

L'autre continue de crier, et Sam ne comprend rien à ce qui lui arrive. Tout ce qu'il sait c'est qu'il continue de chuter dans quelque chose de terrifiant. Il faut qu'il se sorte de là. Il faut qu'il s'en sorte au plus vite, que tout s'arrête. C'est le pire cauchemar qu'il n'a jamais fait de sa vie. Et y a quelques secondes où il se contente de le regarder, les yeux exorbités. Et les mots qu'ils prononcent semblent muets. Parce que soudain, ça lui explose à la figure. C'est JJ qui l'a fait. Son coeur s'arrête subitement. Tout le reste s'arrête juste avant que cette révélation le terrasse complètement. Sa mâchoire se décroche. Il a sauvé Seven car ce n'est pas lui qu'il veut tuer.

- C'est JJ que tu veux tuer.

Il dit ça à mi-voix. Il regarde ce double, là, juste devant lui, soudain muet aussi. Trois secondes de blanc avant que Sam ne se mette à hurler des NON, j'te laisserais pas faire ! paniqués, et à se débattre, fatalement retenu contre le mur par son double plus fort que lui - qui en réalité, ne se trouve même pas dans cette pièce. Soudain, dans cette rixe aberrante, Sam cherche d'une main au sol n'importe quoi qui pourrait l'aider à s'en sortir. Il attrape un stylo et plonge en avant. Le stylo s'enfonce dans le bras de l'autre qui hurle de douleur et est bien obligé de le lâcher. Sam lâche l'arme et saute au-dessus de lui pour s'échapper le plus vite possible de la chambre. Il part en courant dans le couloir, dévale les escaliers, puis le salon, sort de la maison.

Ce n'est qu'une fois dehors qu'il reprend une grande bouffée d'air. Il se tient la tête d'une main et regarde autour de lui, perdu. Il ne sait même plus où il est à l'heure actuelle. Mais il tente de faire le point, même si c'est perdu d'avance. Seven a parlé de JJ, quand il lui a avoué ce qui s'était passé. L'autre l'a sauvé à cause de JJ. L'autre en veut à JJ. Il sait que Sam ne lui laissera jamais lui faire du mal. Il a demandé à Seven de le tuer. C'est forcément ça. C'est FORCÉMENT ÇA. Cette pensée traumatise complètement Sam qui n'arrive plus à respirer. Il est comme en apnée dans son monde, comme s'il ne se trouvait pas dans son milieu naturel. Comme s'il n'était pas adapté à cet univers et que la Terre faisait un rejet de sa propre existence et faisait tout pour le recracher. Ailleurs, loin. Mais il faut qu'il s'accroche. Il faut qu'il s'accroche juste assez longtemps pour arrêter Seven, sauver JJ. Alors enfin il reprend du mouvement et court jusqu'à la voiture garée devant la maison. Une fois assis au volant il ouvre la boite à gant et en vide tout son contenu sur le siège passager pour en sortir les clés. Il met le contact en jetant des regards fous vers la maison, comme s'il s'attendait à voir l'autre le prendre en chasse. Mais il sait que c'est illogique. Il sait que l'autre est dans un coin de son cerveau et peu ressurgir à tout moment. Mais pour l'instant il ne le sent plus dans son corps, crisper ses muscles ou lui donner la migraine. Comme s'ils étaient, pour la première fois, deux entités bien distinctes. Ou peut-être que la peur de perdre JJ et la force avec laquelle il veut le sauver a réussi à faire taire l'autre pour le moment. Il n'en sait rien.

Il n'a pas le temps de savoir.

Il démarre en trombe et quitte son foyer en fonçant au passage contre la boite aux lettres déjà en ruine qui cède définitivement sous ce nouvel impact. Il ne sait pas dans quelle direction rouler pendant un moment, il ne s'y retrouve plus dans cette ville. Ça lui prend bien vingt minutes avant de reprendre ses esprits et de foncer vers North End. Il s'arrête en travers de la route devant cette maison miteuse dans laquelle il sait que Seven vit. Avant de descendre de la voiture, il fouille dans le bric à brac qu'il a renversé sur le siège passager pour en sortir un couteau papillon. Il sort en laissant les clés sur le contact et la portière ouverte. Il fonce jusqu'à la porte et s'écrase contre. Il s'attendait à la voir ouverte mais est bloqué devant, il tape contre un malade contre. Hurle, demande à Seven de lui ouvrir. Et ce n'est qu'au bout de trois longues minutes enfin que la porte s'ouvre. Il s'engouffre immédiatement à l'intérieur.

- Oh putain ! SAM ! MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS LÀ ? BARRE-TOI TOUT DE SUITE !

C'est la voix de Barbra qui perce l'atmosphère, mais Sam est parti bien trop loin pour pouvoir l'entendre, il se met à fouiller la maison en hurlant qu'il doit trouver Seven. Barbra le prend en chasse jusque dans leur chambre, mais Sam l'ignore, et Seven est introuvable. Et quand elle lui demande de partir la fois de trop il se retourne vers elle, l'attrape d'un bras et pointe la lame de son couteau vers elle. Tremblant d'émotion. Plus un son ne sort de la bouche de la blonde pendant un moment. Ils se contentent de s'échanger un regard aussi terrifié l'un que l'autre pendant trois longues secondes.

- Sam… barre-toi… Qu'elle articule enfin à voix basse. Mais elle semble plutôt lui dire qu'il lui fait peur.

Il se fait peur aussi, des fois.
Sam la lâche et elle recule aussitôt, lui aussi. De quelques pas avant de partir en courant pour rejoindre la voiture toujours garée en travers de la route et entre à l'intérieur. Il démarre avec des gestes brusques et imprécis. Il est agrippé au volant, tenant toujours la lame dans une main. Il voit flou, ne sait pas où aller, ne sait même pas quoi faire. Mais y a cette urgence encore au fond de son bide qui l'empêche de s'arrêter. Une urgence pire que toutes les autres. Peut-être bien que Seven est déjà en train de tuer JJ. Faut qu'il le trouve. Il fonce alors à l'Ambassador, mais l'endroit est vide. Il peut le voir depuis la voiture. Et alors qu'il fait tomber sa tête contre le dossier du siège, il tombe face à son reflet dans le rétroviseur. Mais se voir lui donne la nausée, et un drôle de sentiment d'étranglement. Il donne un coup dans le rétroviseur pour le dévier.
C'est là qu'il a cette idée.

Iulia. Elle saura où est Seven, ou au moins, elle pourra le faire venir.
Iulia c'est la soeur de Seven, Sam l'a découvert il n'y a pas si longtemps que ça. Et penser qu'il avait tué son frère avait été la bonne raison d'arrêter purement et simplement de lui donner des nouvelles. Il avait mis fin à cette pseudo amitié entre eux. À ces séances de thérapie de groupes forcées, à ces soirées à presque rien dire, presque rien faire, mais le faire ensemble. Bonne alchimie, c'est comme s'ils se comprenaient tous les deux. Mais fallait que Seven soit au milieu de tout ça. Maintenant c'est trop tard pour lier de nouvelles relations. Trop tard pour quoi que ce soit d'autres. Sam est si loin qu'il ne peut pas revenir. Iulia lui servira simplement à atteindre sa cible.

Il fonce jusqu'à chez elle, comme il l'a déjà fait plusieurs fois. Il sait qu'elle vit au Com, à Delray. Il se gare sur le parking devant et enfonce le couteau dans la poche centrale de son sweatshirt. Il évite tous les regards quand il s'aventure dans le squat. Il a l'impression d'être radioactif, l'impression qu'il va s'évaporer comme de la fumée si quelqu'un le touche. Enfin, il retrouve son chemin jusqu'à l'appartement, ou ce qui se rapproche le plus d'un appartement dans ces lieux. Il frappe à la porte qui s'entrouvre, car elle ne ferme manifestement pas très bien. Il n'ose pas entrer. Et le temps que quelqu'un ne vienne lui ouvrir la porte, il a le temps de redescendre un peu. Enfin, de respirer.

Il est au bout de ses forces et complètement abattu quand Iulia ouvre la porte.

- Sam ?
- Je…
- T'as quoi au bras ?

Il fronce légèrement les sourcils et son regard est soudain attiré vers l'un de ses bras. De l'une de ses mains, du sang coule et tombe sur le parquet. Il ne comprend pas, jusqu'à ce que la douleur n'arrive d'un coup sec. Iulia le traine à l'intérieur et remonte sa manche. Sam découvre la blessure en même temps qu'elle. Exactement là où il a enfoncé le stylo dans le bras de l'autre. L'impact se trouve en réalité sur son propre bras. Le sentiment d'agoniser l'étrangle à nouveau et alors que Iulia s'apprêtait à lui demander qui lui avait fait ça, il retire son bras d'un coup sec et descend à nouveau sa manche. Il part cependant vers la cuisine pour se passer les mains sous l'eau. Mais il n'arrive pas à arrêter le sang le couler et il est trop distrait pour vraiment se nettoyer les mains.

- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Faut… faut que je trouve Seven.

Il se retourne vers elle. Iulia, qui a sa veste sur le dos et son sac en bandoulière s'arrête dans son mouvement et le regarde en fronçant les sourcils. Sam ne donne pas plus d'explications et elle a soudain l'air largué, largué et en colère. Mais c'est peut-être juste son expression naturelle ça. Alors elle finit par secouer la tête de mauvaise humeur et lève une main comme si ça l'aiderait à avoir plus d'autorité.

- Euh, attend, de quoi tu me parles là ? Et d'où est-ce que tu connais mon frère ?
- Tu sais où… où il est ? Faut qu'tu m'dises où il est.
- Sam, j'ai besoin d'un peu plus d'explications que ça, t'es carrément flippant là.
- Dis-lui de v'nir ici. Ouais… ouais dis-lui… dis-lui de v'nir… Faut que…
- Certainement pas !

Elle est radicale, et prise de court. Semble que ça soit la chose qui l'énerve le pus. Elle le regarde, méfiante, et prête à bondir. Soudain louve protégeant ses petits. Sam soutient son regard comme il peut, mais on dirait qu'il va s'effondrer à tout moment. Il ne sait pas quoi faire. Il ne sait plus quoi faire. Une main s'enfonce dans la poche centrale de son sweat-shirt, il attrape son couteau papillon sans oser le sortir. Faut qu'il trouve Seven. C'est la seule chose dont il est sûr à l'heure actuelle. Mais Iulia l'arrête dans son geste en ouvrant grand la porte d'entrée.

- Sors d'ici. Je dois y aller de toute façon. Tu m'expliqueras ce qui t'arrive quand tu seras redescendu de… peu importe le trip que t'es en train de te faire. Allez, allez sors de là.

Sam est incroyablement long à la détente. Si bien que Iulia l'attrape par l'épaule et le pousse sur le pallier. Elle le suit dehors et ferme la porte derrière elle. Elle dit peut-être quelque chose avant de partir, mais Sam n'entend pas, amorphe. Il ne va pas réussir à retrouver Seven. Ça sera trop tard. C'est peut-être déjà trop tard. Sam enfonce la main dans la poche de son jean à la recherche de son téléphone portable. Mais il ne l'a pas avec lui. Il ne peut même pas prévenir JJ. Il est bête de n'y avoir pas pensé avant. C'est foutu.
En plus de ça, il a un mal de crâne impossible.

Il veut se gratter la tête mais il se rend compte au même moment que sa main est à nouveau couverte de sang. La blessure le lance à nouveau, violemment. Il reste bêtement là à regarder sa main une seconde avant que ça ne remonte à son cerveau. Comme un sursaut. Il fait demi-tour et pénètre à nouveau dans l'appartement de Iulia. Elle finira bien par revenir, il l'obligera à faire venir Seven ici tout de suite. Elle doit l'aider. Il faut qu'elle l'aide.

Dans l'appartement il reste planté là une seconde avant que la douleur de son bras ne devienne presque insupportable. Alors il retourne dans la cuisine et remonte sa manche. Il serre les dents, et entreprend de nettoyer sa blessure et ses mains pleines de sang, sans trop savoir s'il est en train de pleurer ou si c'est la colère qui noue sa gorge si fort.
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Seven Popescu
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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : dents en vrac, toutes de travers | tatouages pourris | main gauche balafrée (poignardée) et à la motricité un peu réduite | cicatrice sur l'épaule gauche (poignardée), cuisse droite (balle), bras gauche (balle), côté droit du ventre (balle) | traces de piqûres sur les bras | nez qui saigne trop facilement | mains souvent abîmées | toujours énervé | l'air de ne pas avoir dormi depuis trois siècles
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MessageSujet: Re: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptyMer 9 Sep - 11:38

– Tu sais pas t'arrêter, hein ? Elle a la voix encrassée des fumeurs de longue date, les traits ridés, les yeux fatigués par les années. Pourtant son regard reste perçant, tranchant. Ça le perfore comme une lame finement aiguisée, mais Seven se borne à l'ignorer. Elle finit par secouer la tête, blasée. Le silence qui s'oppose à elle est farouche, si lourd qu'il envahit toute la pièce et appesantit l'atmosphère.

Il n'a pas envie de parler.
Ça fait un moment qu'il n'a plus envie de parler. Jamais. À qui que ce soit.

L'aiguille traverse la peau avec un peu trop de hargne – son ventre se contracte alors qu'il esquisse un mouvement de recul, avant de la fusiller du regard. Elle ne relève même pas la tête, mais l'ombre d'un petit sourire plane à la commissure de ses lèvres. – Ça fait mal ? Tant mieux. Ses gestes sont fermes, assurés, méthodiques. Dépourvus de la moindre délicatesse. Elle fait toujours mal quand elle le recoud, et c'est peut-être justement pour ça que lorsqu'il vient au dispensaire, c'est sur elle qu'il espère tomber.

Ses genoux craquent quand elle se redresse, attrapant un pansement qu'elle vient apposer un peu trop rudement sur la plaie fraîchement refermée. Il grimace. – La prochaine fois que tu fais péter les sutures, j'te referme à l'agrafeuse. Ça lui arrache un petit ricanement qui la fait hausser un sourcil, mais il ne prend pas la peine d'expliquer. Been there, done that. La douleur est encore vive dans son esprit.

Il attrape son sweat et entreprend de l'enfiler, traits tirés, dents serrées. Le moindre mouvement lui demande un effort considérable, conséquence du passage à tabac qu'il a subi sous le pont. Il sent encore ses os grincer, craquer, les impacts qui continuent de résonner dans sa tête. Ça fait mal mais il va s'en remettre, comme toujours. Les hématomes sur le point de fleurir disparaîtront, son nez cassé se ressoudera, ses plaies rouvertes finiront bien par guérir. La douleur physique est passagère, familière, presque rassurante tant il y est habitué – s'il a mal c'est qu'il est vivant. En revanche, sa fierté a plus de mal à encaisser. Elle est plus fracassée que ses os. Il rumine.

Se levant un peu trop vite, il manque de perdre l'équilibre à cause de la douleur qui le cisaille de l'intérieur. Une clope perchée au bord des lèvres, elle lève un index pour lui faire signe d'attendre et se détourne, le temps de fouiller dans le vieux meuble derrière elle. Généralement, elle lui donne un ou deux comprimés pour la douleur.

Elle lui tend une seringue neuve, encore emballée.

Il la regarde, elle le regarde, un silence s'installe. Elle finit par hausser les épaules. – Histoire que tu fasses ça proprement. J'vais pas gaspiller nos stocks de médocs pour quelqu'un qu'en a pas besoin. Elle a vu les traces au creux de son coude. Il se renfrogne un peu plus encore, ses poings qui se serrent alors qu'il continue de la jauger, mutique, immobile. Levant les yeux au ciel, elle vient finalement enfoncer le petit paquet dans la poche centrale de son sweat, sans lui demander son avis. Puis elle lui attrape une épaule pour le guider vers la sortie, mais il se dégage rapidement, trop vivement – la douleur le rappelle à l'ordre et lui arrache une grimace. Dans un nuage de fumée, elle souffle un rire par le nez. – À bientôt, hm. Le ton est moqueur, familier ; il finit si souvent en sale état que c'est devenu un gag récurrent. Une mauvaise blague qui a cessé de le faire rire il y a longtemps. – C'est ça.

Les mains enfoncées dans ses poches alors qu'il s'éloigne du dispensaire, il sent son portable vibrer. En le sortant, il découvre qu'il a trois appels manqués et plusieurs textos, tous de la part de Barbra. Ses sourcils se froncent.

wtf sam vient de débarqué a la barak ??? avec un COUTEAU
il te cherchait comme un ouf ptn il ma fait flippé ce con
tu fais chié 7 kesta foutu encore ??


Sam a osé aller chez lui, y imposer sa présence, empiéter sur un territoire qui n'est pas le sien, faire peser la menace d'un couteau.

Samih Scully. Chez lui. Armé.

Son sang ne fait qu'un tour.

Il aurait sûrement couru jusque là-bas, si son corps l'avait pu. L'adrénaline lui permet de faire en partie abstraction de la douleur et la fatigue, mais sa cuisse blessée traînasse toujours autant, l'empêche d'aller aussi vite qu'il le voudrait. Il se retrouve planté à un arrêt de bus. Ce sont les cinq minutes les plus longues de sa vie.

Une fois à l'intérieur, il se poste devant les portes, prêt à sauter dès qu'il sera assez proche de la maison. Un rayon de sécurité s'installe autour de lui, parce que sa rage semble proche de la folie, si féroce qu'elle en devient presque palpable. Il s'agite sur place, les yeux fous et le souffle court, suffisamment inquiétant pour que les gens s'éloignent tous de lui au maximum. Comme s'il était radioactif. Il ne s'en rend pas compte, trop occupé à regarder défiler les rues, s'imaginant sauter à la gorge de Samih dès qu'il l'apercevra. Il voudrait dégager le chauffeur, prendre sa place, rouler sur les piétons et les voitures qui n'avancent pas assez rapidement, tout dégommer pour rejoindre sa destination au plus vite. Mais il ne peut rien faire d'autre qu'attendre. Encore. Il a l'impression que le trajet dure des heures.

Lorsqu'il arrive enfin à la maison d'Anca, il a chaud, il sue, il est à deux doigts de la crise de tachycardie. Il entre comme une brute, la porte qui claque violemment contre le mur alors qu'il avance d'un pas rapide mais boiteux. Ses yeux noirs croisent ceux de Barbra, et il se met à gueuler avant qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche. – IL EST OÙ ? Elle a beau lui expliquer qu'il est déjà parti depuis un moment, il n'écoute pas. Il n'entend pas de toute façon – son cœur bat à ses tempes, causant un bourdonnement infernal qui prend toute la place. Il s'enfonce dans la maison comme un fou furieux, vérifie chaque pièce, s'attendant à voir Sam surgir d'une seconde à l'autre, presque persuadé qu'il s'est caché à l'insu de Barbra. Il arrive dans leur chambre et fonce droit sur la commode, ignorant la blonde sur ses talons, qui cherche à le raisonner. En vain. Il ouvre le tiroir où il planque sa drogue, soudain convaincu que Sam est venu récupérer l'héroïne qu'il lui a cédé là-bas, sous le pont, contre des informations que Seven n'a donné qu'à demi-mots. Les mains tremblantes, il ouvre la petite boîte et découvre que le sachet est toujours là, intact, entier.

La vague de soulagement qui le traverse laisse un arrière-goût amer.

Barbra s'énerve de plus belle. – J't'ai dit que c'est TOI qu'il cherchait, pas ta putain de came ! Elle gueule et gueule encore, parce qu'il s'inquiète plus de l'état de sa drogue que du sien, parce que c'est elle qui a fait face à la menace d'un couteau, elle qui a subi la présence d'un Sam en pleine crise. Seven est submergé. Il ne comprend pas ce qui a poussé Sam à vriller et il n'a pas envie de comprendre : il aimerait juste que ça s'arrête enfin. Ce chaos, cette folie, cette paranoïa qui le ronge un peu plus chaque jour. La tête entre ses mains, il cherche où Samih aurait bien pu aller ensuite, où il pourrait le trouver. Une limite de trop a été franchie. Il ne pourra plus jamais se sentir en sécurité ici, sachant que Sam s'est pointé et introduit avec une telle facilité. Une part de lui a été violée – peut-être parce qu'il pensait ce lieu hors d'atteinte pour les Kids, peut-être parce qu'il s'agit de chez Anca et que ça ne fait que rendre la chose un peu plus violente encore, plus insupportable. Samih a bafoué un sanctuaire.

Il ne sera jamais en paix nulle part. Aussi longtemps que Sam existera, il continuera de venir tout dégueulasser, pourrir sa vie jusqu'à ce qu'elle se nécrose et qu'il n'en reste plus rien de bon. Parfois, il a l'impression que tout est mort autour de lui. À l'intérieur de lui.

Peut-être que Sam l'a tué il y a longtemps déjà.

Son portable vibre à nouveau. Cette fois, c'est Iulia.

Comment tu connais Samih ?

Un vent de panique s'empare de lui, et il a beau relire la phrase dans tous les sens, elle n'en a aucun. Pourquoi sa sœur lui demande ça tout à coup, pourquoi elle connaît ce nom, pourquoi est-ce que tout continue de se déliter entre ses doigts ?

d'où toi tu le connais? pk tu demandes ça? keskil t'a raconté? c koi ce délire ptn??

T'occupes.
Pourquoi il te cherche comme ça ?


Il le cherche. Il est venu jusqu'ici pour tenter de le trouver, il a fouillé la maison, agressé Barbra. Et maintenant, sa sœur se retrouve dans l'équation sans qu'il n'y comprenne quoi que ce soit. Comment se connaissent-ils ? Et surtout, comment sait-elle qu'il le cherche ? Est-ce que Sam est allé la voir ? Où ? Chez elle ? Est-ce qu'ils sont ensemble là, maintenant, tout de suite ?

L'angoisse lui noue la gorge, les questions se bousculent si violemment qu'il en devient sourd, complètement hermétique au reste du monde. Barbra lui parle mais il n'entend rien, ses yeux rivés sur l'écran de son portable – pourtant, il voit flou. Il a les muscles contractés et les mains qui tremblent, l'esprit qui tourne à toute vitesse. Qu'est-ce que Sam irait foutre auprès d'une de ses sœurs ? Peut-être que tout ça fait partie d'un horrible, horrible plan. Peut-être qu'il a choisi sa cible minutieusement, peut-être qu'il a pris son temps pour se rapprocher de Iulia, gagner sa confiance. Peut-être qu'il prépare sa vengeance depuis qu'ils ont tous atterri à Detroit.

Iulia va subir le même sort qu'Assia.

C'est la seule explication possible, la seule idée qui trouve une quelconque logique dans sa tête déjà en feu. Sam veut venger sa sœur en s'en prenant à celle de Seven.

Il panique. Le souffle lui manque de plus en plus, jusqu'à ce qu'il se mette à hyperventiler. Les tremblements de ses mains s'étalent jusqu'au reste de son corps, il a chaud, la tête qui tourne, l'impression qu'il va tomber. Il peut presque sentir la réalité qui lui échappe, le monde qui s'écroule autour de lui, morceau par morceau. Il n'arrive plus à respirer – il se sent crever. Une main se porte à son sweat, tire sur le col rageusement, tente de faire disparaître cette sensation d'étranglement. En vain. L'étau qui emprisonne sa gorge est invisible et il ne peut rien faire contre lui. Il n'a plus aucun contrôle, sur rien, et surtout pas lui-même. Le sol se dérobe sous ses pieds, mais il ne s'en rend même pas compte. Il a l'impression d'être en train de mourir.

Et soudain, quelque chose lui claque le visage. La surprise le fige sur place et coupe court à la crise. Il lui faut quelques secondes pour comprendre que c'est de l'eau, qu'elle est froide, qu'on vient de la lui jeter dessus. Ses yeux peinent à faire le point sur Barbra, debout devant lui, une bassine vide à la main. Elle parle mais il n'écoute toujours pas, cherchant à reprendre ses esprits. Il est toujours fébrile mais il reprend peu à peu le contrôle de son corps et sa respiration. Lentement, il se redresse, la regarde sans vraiment la voir, et porte les mains à son cou, comme pour s'assurer que plus rien ne viendra le faire suffoquer. Un peu désorienté, il tourne sur place, se met à chercher son téléphone, le trouve par terre et s'en saisit nerveusement. Il doit s'y reprendre à plusieurs fois pour réussir à taper une réponse cohérente.

t ou? il est ac toi?
vous êtes chez toi?
reste pas seule avec lui


– Putain putain putain. Il recommence à s'agiter sur place un instant, une main qui frotte son crâne avant de se resserrer en un poing, tandis qu'il fixe l'écran. Il ne peut pas rester là, sans rien faire. C'est en train de le rendre complètement fou. Ses jambes se mettent en route avant son esprit, le poussent à sortir de la pièce si précipitamment qu'il bouscule Barbra au passage, sans même le voir. Ses yeux sont toujours collés à son portable.

jdéconne pas ok RESTE PAS SEULE AVEC LUI
c un malade


Il se retrouve dans le salon, tourne en rond quelques instants, renversant la plupart des choses qui croisent sa route. Puis il fonce vers la cuisine, toujours aussi agité et brusque, se mettant à ouvrir tous les placards et tiroirs dans un boucan infernal, continuant de faire voler les objets sans y prêter attention.

tu piges ske jte dis ou pas??? répond ptn

Ses doigts se referment sur le manche d'un couteau de cuisine.

REPOND

Elle ne répond pas. Son message reste confronté à un silence qui le terrifie.

– Mais qu'est-c'que tu fous putain ? Il fait volte-face brutalement, se retrouvant face à une Barbra dont la colère s'effrite, laissant paraître l'incompréhension et quelque chose qui ressemble à de l'inquiétude. Pourtant, c'est comme s'il voyait à travers elle. Comme si elle n'était pas vraiment là – ou peut-être que c'est lui qui ne l'est pas, en proie à des démons intérieurs qui l'emmènent bien loin de la réalité, quelque part où plus personne ne peut l'atteindre. Il fonce sur elle, sans réaliser combien il semble menaçant. Il ne perçoit même pas le mouvement de recul qu'elle esquisse. – Tes clés. Elle le jauge, il s'impatiente. – Ta bagnole putain. L'angoisse et la rage lui rongent le cerveau avec une telle application qu'il n'est même plus capable de former une phrase complète. – Pour qu'elle finisse encore entre les mains de j'sais pas qui et que tu m'racontes des mythos ? C'est mort Seven, j'te prête plus jamais ma caisse. Il n'a pas le temps pour gérer ça.

Sam est allé voir sa sœur, qui ne lui répond soudainement plus. Sam va faire quelque chose d'horrible, il le sent – ça lui tord les entrailles et lui vrille les neurones. La seule chose qui compte, c'est ça. Sam Sam Sam Sam Sam comme une litanie infernale dans sa tête.

Brusquement, il se met à tâtonner les poches de Barbra, tentant d'y introduire ses mains pour chercher ces foutues clés. Elle proteste et le repousse, il s'énerve. La pointe du couteau vient se coller sous l'angle de sa mâchoire, la lame qui frôle la peau de son cou. Elle se fige instantanément, et les prunelles de Seven ont beau être fixées sur elle, il ne la voit toujours pas. – File-moi tes putains de clés. Elle tente de reculer mais il l'en empêche, sa main libre qui lui empoigne un bras férocement pour la retenir. – À quoi tu joues ? La peur est apparue dans le timbre de sa voix, mais il reste trop loin de la réalité pour s'en apercevoir. – Tes. Clés. Ils sont là, immobiles, Barbra qui cherche des réponses qu'elle ne trouve pas dans les yeux de Seven, lui qui se noie dans le tourbillon de sa paranoïa. Un court silence plane, avant qu'elle ne finisse par céder. – Dans mon sac. Il la relâche aussi brutalement qu'il l'avait attrapée, se ruant dans la direction qu'elle lui a indiqué. Il fouille dans son sac peut-être trois secondes avant de le retourner, le secouant dans tous les sens pour en vider le contenu par terre.

Barbra est toujours là, debout à quelques mètres de lui, une main sur sa gorge – là où le couteau a laissé une sensation glacée sur sa peau. – T'es complètement taré. Peut-être. C'est la faute de Sam s'il déraille, c'est lui le vrai taré, lui qui l'a contaminé, comme si sa folie était un virus transmissible.

Ou peut-être que Sam est la maladie lui-même.

Une maladie que Seven a attrapé y a des années, qui s'étale et contamine chaque aspect de sa vie, qui prend de plus en plus de place, comme un putain de cancer généralisé. Il n'a plus aucun moyen d'y échapper.

Les clés en main, il abandonne le sac et Barbra sans un regard en arrière. Il trébuche dans sa précipitation, se rattrape à la porte d'entrée, lâche un grognement plaintif. Son corps tout entier proteste face aux efforts qu'il lui demande, mais l'adrénaline est plus forte que la douleur.

Sam Sam Sam Sam Sam le trouver l'arrêter le tuer.
Le tuer. Il n'y a que comme ça qu'il pourra de nouveau respirer.

Ça l'aide à tenir debout, avancer sans tenir compte de ses côtes qui grincent, sa cuisse qui brûle et toutes ses blessures qui le tiraillent dans tous les sens. Il s'installe dans la nouvelle voiture de Barbra, obtenue il ne sait comment – à vrai dire il s'en fout – et il démarre en trombe. Il ne sait pas si Iulia est chez elle, si Sam s'y trouve aussi, mais c'est l'endroit où il lui semble le plus logique de se rendre. Sur le chemin, il tente d'appeler sa sœur trois fois d'affilée. Seule la voix mécanique de la messagerie lui répond. Il dépasse toutes les limitations, grille tous les feux, manque de renverser les passants et d'emboutir les voitures qui se trouvent sur sa route. C'est un miracle qu'il arrive jusqu'à Delray sans avoir causé un accident.

Il arrive à toute vitesse devant le Com' et se gare en vrac juste devant l'entrée, manquant d'écraser les gens au passage. Il reste sourd aux protestations que son comportement fait naître, trop focalisé sur Sam, et sa sœur qui ne répond plus depuis de trop longues minutes. Tellement absorbé dans sa crise de folie qu'il ne prend même pas la peine de cacher le couteau de cuisine qu'il a emmené avec lui. On s'écarte sur son passage, on lui lance de drôles de regards, on lui demande ce qu'il fout avec ça. Il n'entend rien.

Sam Sam Sam Sam Sam. Ça tourne en boucle sur un fond de cacophonie ; des questions, des angoisses, des cris de rage étouffés au fond de son esprit. C'est si insupportable qu'il voudrait aller s'exploser le crâne contre un mur.

Il ne le fait pas. Il se contente d'avancer. Sa carcasse tangue un peu, il boîte, ses traits sont déformés par une grimace de douleur. Elle se mue en masque d'angoisse lorsqu'il arrive devant ce qui sert d'appartement à Iulia. La porte est entrouverte. Sa poigne se resserre sur son couteau alors qu'il entre, s'attendant au pire. Du bruit se fait entendre et il le suit instinctivement, découvrant Samih dans la cuisine. Samih penché au-dessus du lavabo, en train d'essuyer les traces rouges qui maculent ses doigts, son bras. Samih avec du sang sur les mains.

Où est Iulia ?

– QU'EST-C'QUE T'AS FAIT ? Il hurle sans réfléchir, avançant dans sa direction. Mais il est lent et Sam a bougé, maintenant la petite table au milieu de la pièce les sépare. Il s'accroche à son couteau plus fort encore, avec une soudaine envie de bondir par-dessus le meuble pour le rejoindre, le planter sans attendre. Mais son état ne lui permet pas une telle prouesse. – ELLE EST OÙ ? La panique et la rage vibrent en chœur dans sa voix, ses yeux qui scannent la cuisine en quête de la moindre trace de sang, le moindre signe de lutte. Il n'y a rien.

Juste Samih, et lui.
C'est à cela que tout se résume, après tout.

Samih et lui séparés par une table miteuse dans une cuisine tout aussi miteuse ; Samih et lui séparés par un gouffre qui menace de les avaler tous les deux. Ça se jouera à qui fera tomber l'autre le premier.

– IULIA ? Pas de réponse de la principale intéressée. Il a envie d'aller fouiller les autres pièces, persuadé qu'il va la trouver inconsciente, en train de se vider de son sang, ou peut-être déjà morte. Persuadé que Sam a déjà agi, que le sang qu'il a vu s'écouler dans l'évier est celui de sa sœur, qu'il est arrivé trop tard et que la vengeance s'est déroulée pendant qu'il était en chemin. Une vengeance qui n'a pas lieu d'être, basée sur un tissu de mensonges que Sam se raconte depuis des années pour ne pas voir l'évidence. – Qu'est-c'que tu lui as fait putain ? Il répète, dévoré par l'angoisse et la paranoïa, les yeux toujours rivés sur Samih. Il voudrait chercher sa sœur dans l'appartement mais il refuse de quitter son ennemi du regard – il ne prendra pas le risque de lui tourner le dos. Il est coincé là, planté d'un côté de la table, les phalanges toujours cramponnées à son couteau de cuisine. Le temps semble suspendu, son souffle aussi. Il le jauge comme le prédateur qui attend le bon moment pour attaquer sa proie. Ou la proie qui cherche le meilleur moyen de berner son prédateur. Lors de leurs face à face, il ne sait parfois plus qui est qui.
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Samih Scully
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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Toujours défoncé + des traces de piqures sur les bras + une longue cicatrice du flanc jusqu'à la colonne + trèfle irlandais tatoué sur l'épaule gauche + porte toujours un hoodie noir + cohabite avec deux autres personnalités
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MessageSujet: Re: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptyMar 6 Oct - 1:10

Ses yeux en sont desséchés. Comme deux raisins secs. Plus de larmes, plus de peur, plus rien qu'un gouffre infini qui s'étire. Ça fait longtemps que Sam a l'impression de sombrer dans quelque chose de grand et de vide. L'autre l'a fait imploser il y a des années de ça. Et tout bon passionné d'étoiles sait ce que ça fait, après l'implosion. Tout s'effondre sur lui-même. Tout est aspiré, digéré, malaxé. On ne sait même pas très bien ce que ça devient. Mais le trou noir ne peut faire que grandir, et continue de tout dévorer. La moindre petite parcelle de son âme est dérobée. Ça fait si longtemps maintenant. Quand est-il arrivé ? Il ne s'en souvient plus. Tout est flou dans sa tête, comme si au final il n'avait jamais existé avant, il n'existerait plus après. La partie était déjà terminée avant même qu'elle n'ait réellement commencé. Samih garde les mains sous l'eau. Ses mains qui tremblent, blanchâtres sous l'eau froide du lavabo d'Iulia. Le sang coule encore un peu, moins qu'avant. Ou peut-être juste qu'il s'est habitué à la traînée rouge sur l'inox. Ses boyaux se tordent depuis de longues minutes maintenant qu'il est seul. Parfois il divague, ses paupières se ferment un peu. Alors il chuchote, à mi-voix, presque en train de s'évanouir. Dis-le moi… Dis-moi ce que t'as fait… Mais il n'obtient jamais de réponse. Qu'un profond silence, qu'un profond malaise. Le sentiment acide que les murs se craquèlent autour de lui, vont s'écrouler. L'enterrer vivant. Ça serait presque un soulagement.

Le bruit de la porte l'arrache à sa torpeur si vite, c'est comme une claque en plein dans le cœur. Sam sursaute et se jette sur sa lame posée en travers de l'égouttoir. Mais il dérape en voulant se retourner, fait tomber le couteau et une tasse sur le sol. Mais le bruit de verre brisé ne saurait couvrir la voix éraillée d'un Seven au cœur enflammé :

- QU'EST-C'QUE T'AS FAIT ? qu'il hurle, paniqué.

Sam a eu le temps de ramasser son couteau papillon, qui semble incroyablement ridicule à côté de l'immense couteau de cuisine que Seven tient si fort dans sa main qu'elle en est presque aussi rouge que le sang qui se remet brusquement à couler du bras de Sam. L'égyptien est pris de terreur en voyant son éternel adversaire. À moitié dans la pénombre de cet appartement minable. Il fait un pas de côté et se prend une chaise, qui tombe à son tour.

- Il t'a dit quoi ? Demande alors Sam, sonné, qui n'a pas compris un mot de ce que hurle Popescu.
- ELLE EST OÙ ?

Il ne sait pas de qui il parle. Il ne sait rien de cet air paniqué. Comme si entre eux il a toujours été question d'un immense quiproquo. Ils ont grandi l'un à côté de l'autre dans cette vie tordue et complètement barge, et pourtant c'est comme s'ils n'avaient pas eu le même scénario. Seven a l'air tellement paniqué. Le genre de panique que le meurtre de JJ aurait très bien pu provoquer chez lui. Sam serre les dents, pour s'empêcher de pleurer, terrorisé et complètement dépassé par cette situation, il brandit le couteau en avant de sa main sanglante, son bras tremble terriblement.

QU'EST-CE QU'IL T'A DIT ?

Mais ils ne s'entendent pas.
D'un côté et de l'autre d'une faille profondément marquée dans leur chaire.
On pourra dire que Sam et Seven se sont saignés à défendre leur version de l'histoire.

Y en a toujours deux, finalement. Deux versions, deux réalités. Parfois plus, quand si vous êtes quelqu'un comme Sam, tellement disjoncté que votre cerveau se ligue littéralement contre vous-même. Y a eu Seven, sa petite vie, son petit groupe, ses petites voitures, ses petits tatouages, ses petits dérapages. Seven et sa misérable existence de cafard, qui a pollué celle de Sam depuis le tout premier jour. La toute première blague ingrate au sujet de sa sœur. C'était y a combien de temps ? Y a eu tous ces indices, cette putain d'évidence. Cette façon de se raccrocher à son crime comme un nourrisson à sa peluche préférée. Parce que c'était rassurant de se dire que c'était lui. Rassurant de penser que ça a toujours été Seven. Il ne compte pas, il n'a jamais compté. Seven est un insecte dans sa chambre, insupportable et impossible à faire partir. Mais l'ironie là-dedans, c'est qu'il est devenu central dans sa vie. Sam a passé la moitié de son temps, obsédé par ce garçon, par une vengeance qu'il n'a jamais pu avoir. La vengeance devait lui permettre de reformer une famille avec Assia, la rassurer, la faire revenir, mais elle aura foutu en l'air ses dernières années de vie. Assia sera morte seule, dans son appartement miteux, loin de son frère. Sam n'aura même pas eu le droit de la voir une dernière fois, entourée du linceul, d'entendre les psaumes funèbres. Il ne se souvient plus vraiment de l'enterrement de sa mère, mais celui d'Assia a dû lui ressembler.

Il aurait pu la sauver dix fois, s'il n'avait pas été si déterminé à la venger.

Et de quoi parle Seven ? Pourquoi est-ce qu'il crie le nom de sa soeur ? Iulia, qu'il appelle, dans un gémissement animal. Sam sent sa terreur au fond du bide, alors que les yeux de Seven, malades d'angoisse, s'accrochent aux siens. Il ne détourne pas le regard, il ne peut pas. Il a trop peur de faire un geste. Trop peur de Seven, autant qu'il veut le tuer. Et il se fiche qu'il pense qu'il a tué Iulia, il peut même penser qu'il a tué toute sa ridiculement grande fratrie si ça l'amuse. Y a qu'une chose qui tambourine dans le crâne de Sam :

- Il t'a demandé de faire du mal à JJ, pas vrai ? Sa voix tremble tellement. Parce que la réponse est évidente. Mais il ne voudra pas y croire, pas tant qu'il l'aura entendu pour de vrai.
- Qu'est-c'que tu lui as fait putain ?
- J'EN AI RIEN À FOUTRE DE TA SŒUR SEVEN !

Cette fois il répond en hurlant, si fort, d'un coup, avec un débit trop rapide. Il a la voix d'un cinglé, de ceux qu'on voit dans les films. Dangereux, imprévisibles, complètement exagérés. La vérité sur les cinglés, c'est qu'ils ont peur la plupart du temps. Peur d'eux-même, peur des autres. Peur de ce monde qui n'est pas taillé pour eux. Tout est une angoisse permanente, injectée en intraveineuse, qui transforme le sang en glace pilée. Son couteau tremble, bondit, virevolte dans les airs pendant qu'il renchérit, d'une voix encore plus rapide et encore une forte. On dirait qu'il mange les mots :

- IL VEUT QU'TU L'BUTES ? HEIN C'EST ÇA ? IL T'A DEMANDÉ DE TUER JJ ?

Il a envie de pleurer, mais y a plus rien qui fonctionne correctement chez lui. Il a aussi envie de s'arracher les entrailles. C'est comme si sa vision périphérique foutait le camp, se réduisait. Tout est sombre, tout est bancal et de travers. Ils n'ont pas le cerveau à l'endroit, ni l'un, ni l'autre, et ils ne sont certainement pas branchés sur le même réseau. Parce que si Seven a l'air toujours aussi terrifié de ce qui a pu se passer avec Iulia, dans l'histoire de Sam, il est le grand méchant. Pas du genre gros dur baraqué qui fait peur. Mais Seven est la source même du mal. Du genre à foutre en l'air toute la vie de Sam par sa propre existence, sans même faire exprès. Il a tout gangréné, comme une bactérie dévoreuse de chaire. Sam perd patience.

- IULIA EST PLUS LÀ SEVEN, ET TOI T'ÉTAIS OÙ ? Il hurle, à bout de nerf, la voix qui s'éclate. QU'EST-CE QUE T'AS FAIT ? QU'EST-CE QUE T'AS FAIT À JJ ? QU'EST-CE QU'IL T'A DEMANDÉ DE FAIRE ? Il ne peut pas s'arrêter, sa voix est totalement cassée maintenant, il n'a plus de souffle. FAUT TU M'DISES ! IL FAUT QUE TU M'LE DISES SEVEN, PARCE QUE J'EN PEUX PLUS ! J'EN PEUX PLUS DE CETTE SITUATION, J'EN PEUX PLUS DE TOI, J'EN PEUX PLUS DE LUI !

C'est vrai qu'il n'en peut plus. Tout est parti beaucoup trop loin. Sam n'avait jamais anticipé ça. Pourtant il a toujours été du genre dépressif, du moins, aussi loin qu'il s'en souvienne. Avant même la mort de ses parents, sans doute. Avant tout ça. Petit il ne s'imaginait pas avoir une vie formidable. Pourtant, tout le monde pense ça. Personne ne se dit que ça ira, tout le monde pense que ça sera grandiose. On rêve d'être astronaute ou pompier. Pas Sam. Jamais Sam. Mais même dans ses pires cauchemars, même dans la pire version qu'il aurait pu s'imaginer, c'était pas à ce point. C'était pas lui et un putain de dégénéré couvert de tatouages stupides, dans une cuisine miteuse, à se braquer l'un et l'autre d'un couteau.

Sam craque le premier. Parce que la haine qu'il ressent envers sa propre existence est encore plus forte que celle qu'il ressent pour Seven. Il arrête de pointer Sam du couteau. Il se plaque les deux mains sur son crâne comme s'il allait exploser. Il n'arrive même plus à respirer, et reprend de grandes bouffées d'air qui sont comme des vapeurs de napalm dans sa trachée.

- J'EN PEUX PLUS ! J'EN PEUX PLUS ! J'EN PEUX PLUS PUTAIN ! Napalm. Il ferme les yeux forts. T'as tué ma soeur… t'as tué JJ…

Il divague complètement.
Sans doute que ça a sonné comme un signal dans la tête de Seven. La belle occasion. Le moment parfait pour surgir. Pourtant à la seconde où Seven fait le tour de cette table, Sam sursaute. Comme un vieux chat, avec des réflexes bien trop rapides pour que ça fasse vrai. Il lâche son couteau papillon dans l'action, qui glisse de sa main ensanglantée. Et pourtant, il arrive à attraper Seven qui bondissait pour l'attaquer. Il l'attrape par les poignets en hurlant et lui cogne le dos contre le meuble de la cuisine. Tenant les bras de Seven comme un forcené. Ils ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, leurs visages bien trop près, dans une contorsion désespérée pour empêcher Seven de le planter. La lame du couteau est trop proche de son corps. Sam la fixe un instant, et ses yeux semblent pouvoir bondir de leurs orbites quand il les remonte jusqu'à ceux de Seven. La peur d'abord, une rage indescriptible juste après.

- Tu veux nous tuer maintenant ?

Il n'a même plus la force de parler de lui au singulier. La rage est démultipliée, comme si c'était celle des deux à la fois. Des trois, des centaines d'autres qu'il a l'impression d'être parfois. Trop nombreux, comme un virus informatique qui a tout fait buguer. Un cheval de Troie qui enferme dans son enveloppe décharnée des milliers de soldats, tous prêts à combattre. La lutte est acharnée. Sam réussit miraculeusement à croiser les bras de Seven pour l'entraver, le pousse comme il peut pour qu'il tape contre les meubles de cuisine. Mais ce n'est pas suffisant, ils sont tous les deux à bout de force. Sa voix est basse à nouveau, sifflante, suffocante :

- Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as pourri la vie Seven ?

Deux versions.
Deux histoires.

- Ça aussi c'est lui qui t'a demandé le faire ?

La larme qui coule est pleine d'un ressentiment qui dure depuis trop longtemps. Parce que plus rien n'a l'air vrai, ni même crédible dans cette vie. Et un tiers de seconde, Sam voudrait que le couteau de Seven s'enfonce dans son cœur pour le tuer. Vite. Ça n'aurait même pas l'air douloureux. Ça serait un délivrance. Indolore, insignifiante. Et Sam s'effacerait de ce monde, lui et tous les autres. Il doit y penser trop fort, car la seconde d'après Seven réussi à se libérer de son emprise et le coup de couteau part vite, trop vite. Pourtant Sam, guidé par on ne sait quoi glisse sur le sol en tentant d'éviter le coup, se ramasse par terre en se tapant la hanche sur le sol ce qui déclenche une douleur soudaine et sourde. Mais elle ne l'empêche pas de plonger sous la table pour traverser la cuisine. Une première tentative de se relever une fois la table dépassée se solde par une nouvelle chute, il se rattrape au mur et parvient à se remettre sur pied en même temps qu'il percute le dos du canapé. Ses yeux paumés cherchent ceux de Seven, il en sursauterait presque quand il le voit. À reculons, il attrape tous les objets à proximité qu'il balance en direction de Seven. Jusqu'à ce que sa main tombe sur quelque chose de lourd, posé sur une commode. Une boite en métal. Quand il la prend, le couvercle s'ouvre et déverse un flot de bibelots sur le sol dans lequel Sam donne un coup de pied pour les envoyer bêtement devant lui.

Sa main est crispée autour de la boite métallique.
Si Seven approche il lui fracassera le crâne avec. Il a la conviction du désespéré, tellement qu'il se voit déjà en train de le faire.
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Seven Popescu
Seven Popescu

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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : dents en vrac, toutes de travers | tatouages pourris | main gauche balafrée (poignardée) et à la motricité un peu réduite | cicatrice sur l'épaule gauche (poignardée), cuisse droite (balle), bras gauche (balle), côté droit du ventre (balle) | traces de piqûres sur les bras | nez qui saigne trop facilement | mains souvent abîmées | toujours énervé | l'air de ne pas avoir dormi depuis trois siècles
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MessageSujet: Re: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptyLun 9 Nov - 20:52

Le sang bat à ses tempes. Il n'entend plus, ne voit plus. C'est comme s'il était sous l'eau – l'impression de flotter, loin, si loin de la surface, là où le chaos fait rage. Là où ses os craquent sous l'assaut de poings enragés. Il tousse et crache à l'image d'un noyé qui régurgite le trop-plein d'eau avalé, mais l'eau a un goût de fer, elle est rouge et visqueuse, elle gargouille dans sa gorge et encrasse son visage. S'il se noie, c'est dans son propre sang.

Il ne l'a pas vu venir.

À seize ans, il est trop facile de se croire invincible. Roi de pacotille, au sourire éclaté mais grand, trop grand, à montrer ses dents comme s'il voulait bouffer le monde.

Pourtant, c'est lui qui se fait dévorer. Mâché par des phalanges plus efficaces que des molaires, écrasé, disloqué, réduit en charpie sur le bitume. Il a seize ans, du sang plein la bouche, et l'intime conviction qu'il va mourir.

Qui aurait cru que Samih serait capable d'un tel massacre ?

Pas lui. Il le trouve plus proche du chewing-gum que de l'être humain – mou, distendu, mâchonné de tous les côtés. Une espèce de masse informe, qu'il dépasse déjà de quelques centimètres. La puberté le fait pousser à une vitesse folle et ses os s'étirent plus vite que sa peau, lui donnant cet air maigrichon, drôle de squelette monté sur ressorts. Il ne fait pas le poids contre la fureur d'un frère désespéré. Il l'a su lorsqu'il a croisé son regard – à glacer le sang. Ces yeux mués par la folie ou la rage, quelque chose entre les deux, cette chose terrible qui semble parfaitement incontrôlable. Samih le chewing-gum a muté en quelque chose d'autre, quelque chose de violent et sans limite, qui lui donne l'air plus grand, plus fort, un Cerbère qu'aucun maître ne saurait rappeler.

Un monstre.


Le sang bat à ses tempes. Il n'entend plus, ne voit plus. C'est comme s'il était toujours sous l'eau et peut-être que finalement il n'est jamais remonté à la surface, peut-être qu'il a continué de se noyer, de sombrer encore et encore – peut-être que c'est pour ça qu'il a si souvent l'impression qu'il ne peut plus respirer.

Samih Scully est un monstre.

Il est le croquemitaine planqué sous son lit, dans son armoire, dans sa tête, là, juste là, au plus près de lui. Devenu la personnification de ses angoisses et peurs les plus profondes, comme s'il avait absorbé chacun de ses démons pour n'en former plus qu'un, impossible à terrasser. Gigantesque. Terrifiant.

Seven a peur de lui. Peur de ce dont il est capable, peur de ce qui a pu arriver à sa sœur pendant qu'il conduisait comme un dégénéré dans les rues de Detroit. Les lèvres de Sam bougent, mais il n'entend rien d'autre que l'horrible fracas qui fait rage dans sa tête.

Iulia Iulia Iulia elle est où putain est-ce qu'il l'a tuée est-ce qu'elle est déjà morte, Sam Sam Sam faut le tuer le tuer avant de se faire tuer le tuer pour en finir.

– DIS-MOI OÙ ELLE EST !
– QU'EST-CE QU'IL T'A DIT ?

Leurs voix se superposent et c'est un dialogue de sourds – même pas un dialogue tout court, finalement. Seven n'entend rien. Sam n'entend rien. Ils hurlent dans le vide sans s'écouter, comme toujours. Le mur qui s'est érigé entre eux est trop dense, trop épais, impossible à contourner. Ils l'ont bâti eux-mêmes au fil des années, une brique pour chaque montée de haine, chaque coup, chaque menace. Chaque incompréhension. Il n'y a jamais eu de communication possible ; et après tout, peut-on réellement communiquer avec un monstre ?

Qui est le monstre ?

Samih est le sien, il est celui de Samih. Chacun à leur façon, ils se sont érigés au rang de cauchemar et tout ça pour quoi ? Un quiproquo ? Un mensonge ? Un cas de déni extrême ?

Qui est le monstre, quand chaque main tremble autour de son arme ? Quand la terreur tord les entrailles de chaque camp, quand on a envie de chialer ou gerber, quand on est fatigué, tellement, tellement fatigué ? Qui est le monstre, quand derrière la haine, il ne reste que deux mômes fracassés qui se font face ?

Samih Scully est un monstre.

Il se le répète depuis des années, depuis ce jour où Sam a bien failli le tuer, sans prévenir, sans lui laisser la moindre chance, sans aucune putain de raison. Le souvenir est encore vif, douloureux, un traumatisme qu'il a tendance à oublier mais qui a influencé tout le tourbillon infernal qui a suivi. Quelque chose s'est brisé en lui à l'instant même où il s'est vu mourir – quelque chose qu'il n'a jamais su comment réparer. Ce dont il est certain, c'est que la guerre a été déclarée par Sam et qu'elle ne pourra finir que lorsque l'un d'eux sera six pieds sous terre.

– Il t'a demandé de faire du mal à JJ, pas vrai ? Il se tend à la simple évocation de son prénom. JJ, ce putain d'enfoiré de JJ qui est toujours là, quelque part en arrière-plan, si intrinsèquement lié à cette guerre insensée. Parce que tout est parti de lui. Seven serre les dents, mais l'angoisse concernant sa sœur est bien plus forte que tout le reste, que la haine ou la rage, ce chaos qui l'agite depuis si longtemps maintenant. La seule chose qui l'intéresse, c'est le sort qui a été réservé à Iulia. – J'EN AI RIEN À FOUTRE DE TA SŒUR SEVEN ! Le hurlement est si soudain, si brutal qu'il en sursaute presque, se crispant instantanément de la tête aux pieds. Comme si Sam lui avait asséné un coup. Ses yeux sont attirés par le couteau qui s'agite dans la main de Sam, qu'il se met à fixer comme si sa vie en dépendait. S'attendant à le voir voler dans les airs d'un instant à l'autre. IL VEUT QU'TU L'BUTES ? HEIN C'EST ÇA ? IL T'A DEMANDÉ DE TUER JJ ? Sam est en pleine crise et c'est quelque chose qu'il est parfaitement incapable de supporter. – J'en ai rien à foutre de lui. Ses mots font écho aux siens, chargés d'une haine si épaisse qu'elle en devient poisseuse, collante – impossible de s'en défaire. Bien sûr que Numéro deux veut voir JJ crever, bien sûr que Seven aussi, bien sûr qu'il rêve de le buter depuis longtemps déjà. Bien sûr qu'il n'a jamais été capable de le faire. – Ma sœur. Ses doigts se cramponnent si fort au couteau qu'ils en tremblent. – Dis-moi c'que t'as fait. Au fond, il est convaincu de déjà le savoir. Convaincu qu'elle est morte ou sur le point de l'être, que le sang qu'il a vu sur les mains de Sam était le sien.

– IULIA EST PLUS LÀ SEVEN, ET TOI T'ÉTAIS OÙ ?

Iulia est plus là.

Il a l'impression de s'être pris un train lancé à grande vitesse. Ça lui coupe le souffle et les jambes : s'il tentait de faire un pas, il s'écroulerait. Mais il reste simplement là, figé sur place, son regard bloqué sur Sam. Pourtant il ne voit que du vide. Il ne l'entend même plus crier. La même phrase se répète en boucle.

Iulia est plus là. Plus là. Morte. Ça veut dire qu'elle est morte. Sa crainte s'est réalisée, Sam s'en est pris à elle, à sa chair et son sang, tout ça pour une vengeance qui n'a même pas lieu d'être. Et c'est vrai putain il était où, pourquoi il était pas là, pourquoi il l'a pas vu venir, c'était évident pourtant que ça finirait par en arriver là un jour, il aurait dû s'en douter il aurait dû tuer Sam bien avant, dès le soir où ils se sont retrouvés sous l'Ambassador Bridge, où il a compris que les démons le suivraient partout tout l'temps, pour toujours. Il aurait dû savoir que sa fratrie serait découverte un jour ou l'autre, qu'elle ferait un parfait buffet pour venger le souvenir d'une Assia massacrée. Assia qu'il voulait si fort mais qu'il n'a jamais touchée, Assia qu'il déteste bien plus fort qu'il n'a pu la désirer, parce qu'elle n'a jamais lavé son nom, ou si peu, pour mieux l'encrasser deux fois plus ensuite.

Assia est morte et c'est bien fait pour elle.

Iulia n'aurait jamais dû subir le même sort.

Il se met soudain à l'imaginer, rigide, blême, couverte de sang. Il repense à Anca qu'il avait cru morte, Anca inconsciente entre ses bras, froide et terne et tellement, tellement lourde – au moins autant que sa culpabilité. Le cadavre de Iulia pèsera probablement trois tonnes de plus. Est-elle là, dans la chambre ou la baignoire, les yeux exorbités, l'horreur imprimée sur ses traits ? Reste-t-il quelque chose à enterrer, ou Sam l'a-t-il trop ravagée ? Réduite en miettes comme Assia, une myriade de petits morceaux trop fracassés pour être recollés. Peut-être que tout était écrit. Deux géantes, deux piliers, deux monuments qui s'effondrent à cause de leurs petits frères indignes. Peut-être qu'il n'y avait tout simplement pas d'échappatoire. Ni pour elles, ni pour eux.

La redescente est brutale ; son cœur semble être tombé dans ses talons, lui et toutes ces émotions qu'il ne sait pas gérer, tout ce tourbillon d'horreur et de désespoir qui lui noue la gorge à l'idée que sa sœur soit morte. Une idée qui s'est incrustée si profondément dans son crâne qu'il croirait voir un fantôme si elle entrait dans l'appartement, là, maintenant.

Il n'a pas le temps de la pleurer. Peut-être même qu'il n'en a plus la capacité.

Samih est un monstre c'est vrai, il est le monstre que Seven a lui-même façonné, qu'il a fait grandir tout seul dans sa tête, qu'il a rendu plus fort et plus effrayant qu'il ne l'est vraiment. Un monstre qu'il pense capable de tout et surtout du pire.

Samih déraille. Il parle seul mais Seven n'entend toujours rien, un bourdonnement infernal à ses oreilles – le bruit de cette rage qui le brûle de l'intérieur, familière, rassurante, venue le sauver de l'angoisse qui le pétrifiait un peu plus tôt. Samih a les mains sur son crâne, les yeux fermés. Seven reprend le contrôle.

Il se met en mouvement brusquement, poussant la table lorsqu'il la contourne, alertant Sam qui sort de sa transe. Le couteau frôle sa cible mais il n'a pas été suffisamment rapide, ses poignets se retrouvent prisonniers des mains de Sam, sa carcasse heurte brutalement un meuble. Le choc remonte le long de sa colonne vertébrale et se répercute jusque dans ses côtes déjà trop malmenées, lui arrachant un grognement de douleur. Ils luttent comme des forcenés, Seven qui tente coûte que coûte de planter la lame dans le premier bout de chair qu'il trouvera, Sam qui parvient tant bien que mal à le tenir à distance. Leurs visages sont si proches qu'il songe à se servir de ses dents, tenter de lui arracher le nez, lui gober les yeux, viser plus bas pour atteindre la jugulaire. Il veut tellement le tuer qu'il pourrait en perdre la raison.

– Tu veux nous tuer maintenant ? Nous. Lui, Numéro deux, après tout quelle différence ? Sam reste Sam, un seul corps, peu importe le nombre de personnes qui l'habitent. Un, deux ou mille, rien à foutre. Il les tuera tous jusqu'au dernier.

Il enrage. Parce qu'il est trop affaibli pour parvenir à prendre le dessus, sa rage surpasse la douleur mais ne décuple pas assez sa force. Sam lui croise les bras et le fait taper contre le meuble dans son dos plusieurs fois, lui arrachant plusieurs plaintes et un son guttural, chargé d'une haine sans nom, de ce trop-plein qu'il n'est pas en mesure d'évacuer. Il se débat autant qu'il peut, s'agite, se secoue, se cogne lui-même à force de multiplier les mouvements trop brutaux. – LÂCHE-MOI PUTAIN ! La frustration lui donnerait presque envie de pleurer, si la fureur qui l'anime n'était pas si féroce. Samih est proche, si proche, il suffirait d'un geste bien placé pour en finir. Planter le couteau dans son flanc, son bide, ou sa poitrine, peut-être même lui trancher la gorge. Ou tout faire à la fois. La vengeance est là, enfin, juste sous son nez, et il est incapable de l'atteindre. Ça finit par lui arracher un cri bref mais intense, manifestation d'une colère incommensurable. Il est comme un fauve pris au piège, une bête acculée, muée par la rage de vaincre. La rage de vivre.

– Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as pourri la vie Seven ? Il cesse de bouger le temps de plonger son regard dans celui de Sam, et tout ce qu'il y voit, c'est le reflet de sa haine. Il n'y a plus de place pour le cynisme habituel, le rire névrosé, incrédule, l'indignation quand l'un ose se positionner comme victime alors qu'il est le bourreau de l'autre.

Tout ce qu'il reste, à la fin, c'est la haine. Peut-être a-t-elle atteint son apogée, le point culminant. Celui de non-retour.

– Ça aussi c'est lui qui t'a demandé de le faire ? La larme qu'il voit couler fait naître un profond dégoût en lui. Il voudrait lui crever les yeux pour qu'il ne puisse plus pleurer que du sang, des rivières pourpres à en donner la nausée. Ce sale hypocrite n'a pas le droit d'être triste, pas le droit d'avoir mal ou de montrer le moindre signe d'humanité. Pas alors qu'il a ravagé la vie de Seven de bout en bout.

Peut-être que c'est ce qui lui donne cet élan plus fort que les autres – la rancœur, amère, venimeuse, finalement bien plus puissante que la colère. Il réussit enfin à se libérer des mains de Sam, son bras armé qui tente immédiatement de l'atteindre, balancé avec véhémence. Sam lui échappe sans avoir été touché. De nouveau, Seven gueule de rage et frustration, tandis que son adversaire se rue sous la table pour lui échapper. Dans la précipitation, il parvient à lui attraper un pied, mais ne garde que la chaussure en main. – PUTAIN ! Il la balance de l'autre côté de la pièce, complètement enragé par la situation qui s'éternise, tandis que Sam se retrouve près du canapé. Il se lance à sa suite, bien décidé à en finir. Mais les objets se mettent à voler dans sa direction, certains le frôlent, d'autres l'atteignent. Il en reçoit un en plein visage et grogne, se détourne, porte une main au point d'impact en lâchant un tas d'insultes. Quand il fait volte-face, Sam est armé d'une boîte en métal. Il reste immobile un instant, le jaugeant d'un regard si noir qu'il en devient sinistre. Ils sont là, à se fixer en chiens de faïence, les respirations aussi lourdes que la haine qui les lie. Et il y a cette petite voix qui semble planer dans l'air – est-ce juste dans sa tête, ou est-ce que Sam l'entend aussi ? Cette voix qui susurre qu'aujourd'hui, c'est la dernière fois.

Aujourd'hui, l'un d'eux repartira dans un sac mortuaire.
Ou plusieurs sacs poubelle.

– C'est toi qu'as fait ça. Pas moi, pas même c'fils de pute de JJ. Parce que si tout est parti de JJ, c'est pourtant Sam qui les a mis sur ce chemin – celui de la destruction la plus totale. C'est lui qui a choisi de ne rien voir, quitte à en achever Assia, en tuer Seven, se tuer lui-même. Il est l'épicentre de tout ce chaos. – T'as pas l'droit d'jouer la victime putain, c'est TOI qu'as laissé ta sœur crever, TOI qui m'pourris la vie, TOI QUI AS BUTÉ IULIA ALORS QU'ELLE A RIEN FAIT ! C'EST TOI ! Malgré lui, sa voix tremble. L'émotion monte, menaçante, pernicieuse. C'est sûrement pour cette raison qu'il fonce tête baissée – ça lui évitera de s'effondrer sur place.

Comme un boulet de canon, il se rue sur Sam, couteau levé. Il tente de planter mais ne parvient qu'à lui entailler le visage, et reçoit un grand coup de boîte sur le crâne, suffisant pour le sonner. Perdant l'équilibre, il se retrouve à terre, le couteau qui lui échappe de la main et glisse un peu plus loin. Sam est là, juste là, il le sent planer dans son dos, prêt à l'achever. L'instinct le pousse à se mettre à quatre pattes, ce qui lui permet d'éviter in extremis de se faire assommer complètement, la boîte métallique s'abattant sur son épaule plutôt que sa tête. Un cri étouffé lui échappe et son bras lâche sous la force de l'impact, le forçant à ramper comme un insecte, sous la menace de se faire écraser d'un instant à l'autre. Ses doigts trouvent enfin le couteau. Il fait volte-face si brusquement que ça tire sur les sutures de son ventre, qui menacent de lâcher définitivement lorsqu'il redresse son buste d'un coup, pour mieux atteindre son adversaire. Ça fait un mal de chien – il gueule, mais le résultat est là.

La lame s'enfonce dans la chair, enfin.

Il n'a pas pris le temps de viser, a simplement planté de toutes ses forces. Sam perd l'équilibre et s'effondre à son tour, écrasant Seven au passage. Une plainte se fait entendre, mais impossible de dire si ça vient de lui ou Sam – peut-être bien des deux. Il ne sait même pas où est-ce qu'il l'a poignardé, mais à vrai dire il n'y songe même plus. La douleur lui fait tourner la tête, ou peut-être est-ce à cause du coup qui résonne encore dans sa boîte crânienne. Il a envie de vomir et du mal à y voir clair, le bide qui semble à deux doigts de s'ouvrir une énième fois, le corps complètement en vrac. Il rampe, encore, toujours, poussé par l'adrénaline et ce furieux élan de vie. Il escalade Samih, le gravit comme s'il s'agissait d'une montagne, ses genoux et ses mains qui s'enfoncent au fil de sa montée sans la moindre pitié. Lorsqu'il atteint son visage, il est à moitié avachi sur lui, trop à bout de forces pour se tenir droit – trop tiraillé par la douleur, surtout. Le plat de sa main s'écrase sur sa face comme une gifle, ses doigts qui se resserrent lentement sur son front et glissent, creusant et tirant la peau comme s'ils cherchaient à l'arracher. Ils s'enfoncent plus profondément dans ses paupières, mais continuent finalement leur descente pour s'arrêter sur le bas de son visage, formant une sorte de cage qui emprisonne son nez et sa bouche. Et c'est ainsi qu'il prend appui sur lui pour se pencher en avant, sa main qui pèse sur sa tête, ses phalanges qui s'enfoncent toujours plus fort dans sa chair. Sa main libre parvient à atteindre le fil de la lampe posée sur la table à côté du canapé, et il tire pour l'amener à lui, la faisant exploser sur le sol au passage. Quelques éclats se dispersent autour d'eux tandis qu'il libère finalement le visage de Samih, prenant une seconde pour se redresser un peu sur son perchoir. Lorsqu'il revient à la charge avec sa nouvelle arme, des bras et mains tentent de le contrer. Ça n'empêche pas la lampe brisée de venir s'abattre lourdement, les bords tranchants qui déchirent le tissu et la peau qui se trouvent sur son passage. Le geste est presque mécanique, comme si sa conscience était en berne, laissant la place à une colère froide, répétitive, machinale. Il semble pouvoir continuer ainsi jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce que son corps lâche ou qu'il ne reste plus qu'un amas sanglant sous le poids de ses assauts.

C'est à peine s'il réagit, lorsque Sam finit par réussir à le faire basculer. Il grogne, sent les signaux de douleur qui lui mordent les nerfs – mais il ne semble plus déceler l'alarme qui se fait pourtant de plus en plus forte, qui cherche à lui dire que le shutdown est proche. Bien plus proche qu'il ne le pense.

Samih est dos à lui. Peut-être cherche-t-il son souffle ou de quoi riposter – où est passé le couteau, où est la boîte métallique, manque-t-il des éclats de la lampe qui ont volé par terre ? Son cerveau ne parvient plus à traiter l'information, ou peut-être est-ce lui qui ne veut plus l'écouter. Les connexions se sont rompues quelque part et c'est par automatisme qu'il continue de se mouvoir. Il se coupe sur les bords de la lampe lorsqu'il change sa prise en main. Le fil se tend entre ses doigts, alors qu'il le passe brusquement autour de la gorge de Samih. Il bascule en arrière et amène Sam avec lui, se retrouvant presque couché sur le dos, sa proie contre son torse. Le fil a fait un tour sur son cou et il tire, il serre, comme s'il voulait sectionner sa tête à la simple force de ses bras. – Tu vas crever. Sa voix n'est plus qu'un murmure. – J'vais te crever, t'entends ? Il serre, il serre, il serre.

Ses yeux se sont paumés dans le vide et dans sa tête tout se rejoue, le pourpre sur les mains de Samih, le cadavre de Iulia qu'il imagine trop bien, le bordel qu'ils sont en train de foutre dans son appartement, son propre sang, celui de Sam, tout ce sang qui coule depuis des années, les autres, Assia sacrifiée, les Kids, JJ, la casse, le mec de la casse, ses cris, le métal qui se froisse, le sang, toujours plus de sang, comment faire pour éponger tout ce sang ?

Sam se débat. – Shhh. À qui s'adresse-t-il ? Qu'est-ce qu'il veut le plus faire taire ? Les cris dans sa tête ou les hoquets étouffés qui résonnent contre lui ? Peut-être que lorsque les seconds s'arrêteront, les premiers s'apaiseront.

Si Sam meurt, alors une part de Seven mourra aussi. Et inversement. Il faut être un monstre pour tuer un autre monstre – et peut-être est-ce là toute l'ironie de leur histoire. Cette monstruosité les pousse à vouloir s'entretuer, mais c'est parce qu'ils veulent s'entretuer qu'ils en sont arrivés à ce degré de monstruosité. Au fond, peut-être n'y a-t-il pas de démon, pas de bête à terrasser. Juste deux trous noirs qui cherchent à s'avaler mutuellement. S'annihiler complètement.

Après eux, pas de déluge.
Il ne restera que le silence.
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Samih Scully
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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Toujours défoncé + des traces de piqures sur les bras + une longue cicatrice du flanc jusqu'à la colonne + trèfle irlandais tatoué sur l'épaule gauche + porte toujours un hoodie noir + cohabite avec deux autres personnalités
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MessageSujet: Re: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptySam 13 Fév - 1:45

Ils sont où, les autres ? La famille, la vraie. Celle avec laquelle il a fait tous les pactes, toutes les promesses. Celle pour qui il a dépassé toutes les limites. Où est JJ et sa rage de pitbull. Il devrait sauter sur Seven pour mordre, arracher son visage, le faire souffrir atrocement de s’en prendre à son père d’adoption. Où est Daire et ses poings acérés, toujours là pour défendre l’honneur du chef de la meute ? Où est Eanna, et sa folie fulgurante qui aurait dû détourner l’attention de la catastrophe qui se profile ? Elle aurait dû allumer un feu rien que pour qu’il y ait plus urgent à faire que de s’entre-tuer. Où sont Cal, May et leur impressionnante capacité à tout foirer en sauvant la peau à tout le monde en même temps ? Macha peut-être sera là, plus tard, en uniforme de travail, pour nettoyer les vestiges de cette scène de crime. Mais la vérité c’est que Sam est seul aujourd’hui. Seul à fuir Seven, rampant sous la table. Seul dans son délire. Seul dans cette croisade. Cette histoire entre lui et Popescu dépasse toutes les autres. Elle dépasse toutes les guerres. Ils sont loin, très loin de la réalité de leurs congénères. Eux, ils n’ont jamais compris. Personne n’a vraiment essayé. Personne ne sait ce que c’est.

Y a eu un premier coup, un choc terrible mais assommant. Ça c’était quand il a trouvé Assia par terre, chez elle, passée à tabac, nue et traumatisée. C’était si violent, comme une droite en plein cœur. Un arrêt cardiaque de douze heures. Mais il était trop à côté de ses pompes pour vraiment se rendre compte de la douleur. C’était plutôt une gueule de bois astronomique. Et puis y a eu le reste. La longue, très longue agonie. L’acide sur les os qui ronge tout inévitablement. La décomposition perfide, en douce. Comme une maladie chronique, qui vous emporte un peu plus de vous-même tous les jours. Et ça, personne ne peut le comprendre. Alors personne n’a pu haïr Seven aussi fort que Sam. Et au fil des semaines, des mois, des années, l’eau a coulé sous les ponts pour tout le monde. Sauf pour Sam. Parce que c’était pas possible. C’était toujours là, dans toutes ses cellules, gâchant toutes ses soirées, tous ses bons moments. L’idée qu’Assia ait été attaquée, violée, vidée de toute substance l’a accompagné en permanence. Et plus c’était dans sa tête, plus ça pourrissait. Les images ont commencé à surgir, ce que son imaginaire avait besoin de visualiser pour comprendre et entretenir cette haine, combler les vides. Le choc, la douleur, tout ça s’est transformé en obsession. Une obsession malsaine et désespérée. Et ça personne pouvait comprendre, alors personne n’a vraiment aidé à ce que ça soit digéré. Et tout s’est aggravé. Petit à petit… et puis d’un coup. Sam a entrainé Seven dans sa folie, ou c’est Seven qui a créé cette folie chez Sam. Le résultat est le même. Ils tombent depuis des lustres dans cette histoire qui ne commence nulle part, mais qui n’a pourtant qu’une fin possible. Et plus le temps passe, plus le sol se rapproche à une vitesse folle. Tout s’enchaîne soudain très vite, trop vite pour que le cerveau ait le temps de traiter toutes les informations.

Sam ne sent même pas sa chaussure quitter son pied quand il veut s’échapper. 

Il ne s’en rend compte que quand il se redresse, en sentant sous son pied le parquet mal posé. Et il est d’un coup très seul, debout, la boite en métal dans sa main crispée. Dans quelques secondes, il va s’écrouler sur Seven, libérer la bête, celle qui a tout enflammé chez lui depuis le début. Celle qui lui hurle qu’il n’y a rien de plus important au monde que de tuer Seven. Alors, peut-être, que ses os arrêteront de fondre.

– C'est toi qu'as fait ça. Pas moi, pas même c'fils de pute de JJ. 

Ses doigts serrent encore autour de la boite à métal. Il semble momentanément paralysé. Cloué sur place par cette révélation qu’il s’est pourtant déjà faite mille fois ces quatre dernières années. Pourtant le coup de jus est toujours là, comme à chaque fois que ces mots résonnent dans son crâne ou dans la bouche d’un autre. C’était de sa faute. Il s’y refuse, chaque particule de son être rejette ça et s’agglomère autour de l’autre idée, celle, destructrice, qui veut faire payer Seven. Son menton tremble de rage. Sous sa peau, l’effervescence, dans la réalité, il a l’impression que ses pieds sont enfoncés dans du béton.

– T'as pas l'droit d'jouer la victime putain, c'est TOI qu'as laissé ta sœur crever, TOI qui m'pourris la vie, d’un coup, le bras de Sam se brandit dans les airs, l’arme bien en évidence, prêt à frapper. Mais il s’auto-censure, paralysé par cette culpabilité qui l’étrangle. Il se mord les lèvres, le visage tordu d’une tristesse exténuée. La vérité c’est qu’il est épuisé. Qu’il ne sait pas quand est-ce qu’il a dormi pour la dernière fois. Il ne sait même pas s’il dort vraiment quand il croit s’assoupir. Il est au bout de ses forces, au bout de lui-même, au bout d’une guerre qui a duré un siècle. La fin est fastidieuse, maintenant qu’elle est si proche. Il est bloqué dans son geste assassin. Il penche un peu la tête, toujours le visage contracté d’une douleur, d’une haine et d’un profond sentiment d’injustice. Mais Seven se met soudain à hurler : TOI QUI AS BUTÉ IULIA ALORS QU'ELLE A RIEN FAIT ! C'EST TOI !

La main de Sam retombe dans le vide, le long de son corps qui tient encore debout par un miracle inexplicable. Seven pense donc qu’il a tué Iulia. Il était trop dispersé pour l’entendre jusque là. Ça le trouble un moment, quand il reconnaît dans les yeux de son adversaire la longue agonie dont il souffre depuis si longtemps. La même maladie dévoreuse de chair qui démarre. Pourtant, Iulia est bien en vie. Elle reviendra dans quelques heures du travail. Iulia n’est pas détruite, souillée et disloquée. Iulia est encore une grande sœur capable de parler, d’écouter et de voir. Iulia ne s’est pas bourrée le bide de cachetons pour oublier qu’une ordure l’a dépossédée de qui elle est. Cette idée dévore Sam, lui rempli la gorge d’une jalousie perverse. Jalousie que la vie de Seven semble moins merdique que la sienne. Jalousie qu’il ait encore sa grande sœur avec lui, et que, quand bien même elle serait morte, il ait toute une tripotée de frères et de soeurs avec qui partager sa détresse. La haine revient, et la réponse bondit d’elle-même, d’une voix laconique, monocorde, tâchée d’une fatalité tragique qu’il dont il s’est lui-même maudit : Assia non plus, elle avait rien fait. Il veut pas démentir, et ça, même si ça doit lui coûter la vie ce soir. Voir cette douleur corrosive chez Seven a quelque chose de grisant.

La réaction est pourtant sans appel et Sam ne peut rien faire contre : Seven se jette sur lui comme une balle de sniper. Le couteau en avant tranche la joue de l’égyptien qui fait un grand mouvement de bras qui frappe presque par accident le crâne de Seven. Il s’effondre sur le sol pendant que Sam dérive de quelques pas, sonné par cette attaque-éclair. Quelques gémissements vaseux et choqués s’échappent de ses lèvres qui tremblent. Dans un sursaut, il monte une main jusqu’à sa joue, gémit quand ses doigts touchent la fissure humide de sang. Mais c’est plutôt un genre de grognement qui s’échappe quand il voit le rouge sur sa main. Il reprend enfin un peu de consistance, doit se rassembler rapidement. Cette blessure est comme une électrocution et la situation devient d’un coup plus réelle, plus angoissée. La lame a déchiré sa peau, son visage. Il comprend à ce moment-là, et très violemment quelle sera l’issue. Ce n’est pas une bagarre comme les autres. Les menaces de mort ont l’air plus vraies, remplies de sens, aujourd’hui. Alors il reprend du mouvement, fiévreux. La boite en métal vissée contre sa paume, il plonge en avant pour frapper Seven à l’arrière de son crâne. Mais le reptile a déjà rampé de quelques centimètres. L’arme de fortune s’écrase sur son épaule. C’est satisfaisant quand même, tout comme le cri que Seven pousse. Sam se baisse et s’accroche de sa main libre à son t-shirt. Lève à nouveau la boite pour frapper encore, dans la nuque, sur le crâne, partout où ça sonne définitif. Mais Seven se retourne brusquement. Le tissu échappe des doigts de l’égyptien qui se referment dans le vide, n’attrapant rien de plus que la fumée, du rien. Mais ils semblent être intoxiqués tous les deux par l’oxygène qu’ils partagent.

Ça se passe en un clin d’œil. Seven perce l’atmosphère, la lame en avant. Samih n’a pas vu le coup venir. Il n’a pas eu le temps de réagir. Tout s’enchaîne dans une urgence désordonnée. Le couteau tranche, s’enfonce, découpe les tissus. Le coup est mal calibré et trop rapide, mais la blessure est bien là. Dans son flanc. Sam est comme électrifié et s’effondre en arrière, le visage tordu dans une expression de surprise, les lèvres entrouvertes comme s’il poussait un cri muet. Sa main lâche la boite en fer qui tinte quand elle s’écrase sur le parquet. Il est sur les fesses, à moitié avachi, ne contrôle aucun de ses gestes. Seven l’a poignardé. Il a senti la lame froide sans vraiment la sentir. Il n’arrive pas à réaliser ce qui est en train de se produire. Ses bras bougent de manière imprécise, dans des mouvements trop brusques. Le droit tente de se retenir sur le sol, le gauche tâtonne son ventre à la recherche de la blessure. Gémissement enragé entrecoupé d’insultes murmurées : Fils de pute… fils de pute… Qu’il articule difficilement. Sa voix tremble car la colère est trop forte, car il perd chaque bataille, chaque assaut. Il voudrait réagir plus vite que ça. Il voudrait pouvoir reprendre le dessus. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Seven revient à la charge le premier, et l’équilibre incertain de Sam s’effondre. Il part en arrière, poussé par un Seven enragé. L’arrière de sa tête tape sur le plancher. Il se débat, hurle, réussit in-extremis à balancer un coup de poing dans sa mâchoire. Mais ça n’arrête pas Seven qui grimpe sur lui avec l’énergie du désespoir. Sam se retrouve sous les mains poisseuses de son ennemi qui glissent le long de son visage, griffent, s’enfoncent dans ses globes oculaires lui arrachant un énième grognement paniqué. Ça peut pas se finir comme ça, ça peut pas.

Pourtant Seven est nettement plus fort, là, d’un coup. Il a le dessus, Sam est écrasé par la haine. Il a l’impression que sa tête va exploser sous sa pression, que ses yeux vont éclater. Ça lui file une migraine monstre, d’un coup. Il a pourtant toujours eu cette impression d’avoir l’enveloppe charnelle trop juste pour tout ce qu’elle abrite. Ou plutôt, pour tout ceux qu’elle abrite. Mais d’habitude, c’est à l’intérieur de lui que quelque chose prend vie, s’étale, s’impose et cogne contre ses os. Là les doigts de Seven vont le faire s’effondrer. Il va forcément craquer. Pourtant, enfin les mains descendent et libèrent ses globes oculaires. Il a pourtant du mal à les rouvrir, la seconde suivante, et est aveugle un moment. Les gémissements se font de plus en plus sonores, de plus en plus angoissés. Il attrape partout où il peut, il se débat mais tous ses coups semblent vains. Il s’est toujours débattu dans le vide, comme contre de la fumée. Ses ennemis ont toujours été invisibles pour les yeux. Mais Seven est bien réelle, autant que l’absence d’oxygène l’est, quand il emprisonne le bas du visage de Samih. Alors le visage du roumain réapparaît parmi les tâches noires qui s’effacent peu à peu. Sam le fixe, les yeux exorbités, désormais museler, complètement à sa merci. Un bras cependant parvient à s’agripper dans le dos de Seven, à son t-shirt, cherche sa route jusque’à sa nuque. Il griffe tant qu’il peut, il pince, empoigne, jusqu’à ce que ses doigts n’attrape une oreille sur laquelle il tire brutalement de toutes ses forces. Il voudrait lui arracher si seulement il en avait le temps. Si seulement il en avait la force. Mais tout le poids de ces années s’écrase sur son visage. Seven pèse une tonne de haine et au-moins autant d’envie de vengeance.

Pourtant une lueur d’espoir dans la mort écrasante qui l’attend. Seven le libère enfin, si soudainement que Sam met quelques instants à le comprendre. Ses poumons se remplissent violemment. L’inspiration ferait presque mal. Comme une naissance traumatique d’une mère morte en couche. Sam se sent orphelin autant que mort-né. Ses membres se mettent alors à bouger dans tous les sens, sans aucune cohérence. Les douleurs assourdies par l’attaque se ravivent. Le trou dans le bide, le bras qui saigne, le visage broyé. Son corps s’électrise dans des convulsions inefficaces, comme s’il était séparé de son cerveau et que chacun de ses membres cherchaient une issue, oubliant qu’ils étaient tous liés l’un à l’autre autour d’une âme dépassée par les évènements. Alors forcément, il ne saisit par l’occasion de fuir. Et quand enfin il veut se redresser, Seven rapplique déjà armé d’un nouvel objet de mauvais goût qui ressemble à s’y méprendre à de la grosse artillerie de guerre, ce soir. Par instinct, Sam croise les bras devant son visage et envoie une jambe en avant, espérant qu’elle y trouvera un ventre ou un testicule dans lequel frapper. Mais tout ce qu’il trouve, c’est plutôt la lampe qui s’écrase sur lui. Ses avants-bras prennent le plus. Sam se tortille pour tenter de s’extirper de là, mais il ne tombe que face au visage peinturluré du pire masque d’horreur de Seven. Il tend un bras, attrape le fil de la lampe qui le moleste, envoie des coups avec la prise dans le dos de Seven, du plus fort qu’il le peut. Mais son agresseur se fait automate, fait d’acier, immortel. 

On ne pense pas à abandonner pourtant. Votre corps pense de lui-même à se protéger des coups. Et Sam n’a même pas l’impression de prendre consciemment la décision qui va enfin le tirer de cette posture. Mais profitant d’un élan meurtrier du bras de Popescu. Il se redresse brusquement et pousse Seven en arrière de tout son désespoir. Juste assez pour se redresser et se jeter à nouveau sur lui, dans un bond désorganisé ponctué d’un cri vengeur. Enfin il a le dessus à nouveau. Seven s’écrase sur le dos, dans leur roulade, Sam attrape son bras et l’écrase sur le parquet, dans un petit tas de débris, espérant l’y crucifié. C’est plus une prise de défense qu’une véritable attaque. Car il n’attend pas une seconde de provoquer d’autre dégât, il bondit dans l’autre sens, faisant dos à Seven, pour essayer de trouver son salut quelque part. Dans un éclat d’argile brisé provenant de la lampe ou dans la boite en métal, aussi bien qu’une porte de sortie. Il regarde partout à la fois, dans des petits sursauts apeurés et pressés. À quatre pattes, il tâtonne sur le sol sans savoir ce qu’il veut faire. Tant pis, ça sera l’éclat d’argile. Il n’est pas long mais il est tranchant. Il s’en rend compte dès qu’il l’a en main. Il veut se retourner, il a déjà le bras en l’air pour frapper. 

L’étranglement le prend de court.
Gémissement étranglé.

Plutôt que de lâcher son arme de fortune, sa main se contracte autour de l’éclat, se saigne, se tranche. Mais c’est le cadet de ses soucis. Seven lui a plongé dessus par derrière et le retient avec le fil électrique. Il a l’air fait d’acier autant qu’il semble minuscule, à se fondre dans sa peau. Il sent sa carotide qui gonfle. Il sent la brûle du câble, il sent ses membres qui se crispent, se tendent, s’arrêtent. L’étranglement est trop fort, trop violent, il ne peut rien faire, ni même émettre le moindre son. Il est tiré en arrière avec force, il se tord la cheville dans la cascade. Bourdonnement dans les oreilles. Long et abominablement strident. Sam regarde partout autour de lui. Comme si ses yeux voulaient tout voir. Tout retenir. Et il sent son cœur qui bat si vite pour un organisme paralysé. Il bat la chamade, plus fort qu’il n’a jamais battu. Pour lui rappeler qu’il est vivant, ou parce qu’il le peut encore. Battre, vivre. Ça ne va pas durer. Il n’a plus la force, il n’y arrivera pas. Seven est plus grand, plus hargneux, plus rapide, plus désespéré. Il pense sa soeur fraîchement assassinée. Seven va gagner, parce que Sam a toujours perdu. Il a toujours tout perdu. Sa mère, son père, sa maison, son chat, son pays, sa dignité, sa raison. Assia. Qu’est-ce qu’il aimerait qu’elle soit là. L’entendre. La voix, on finit par oublier. Parce que l’héroïne lui grignote trop le cerveau ou parce qu’il a déjà trop de voix dans sa tête. Mais il veut l’entendre à nouveau. Reconnaître l’accent irlandais quand elle parle. Il la voudrait là, fauve, vengeresse, grande sœur, titan. Il n’a jamais su s’en sortir tout seul, il a besoin d’elle. Et pourtant les seuls images qui lui reviennent sont cette dernière entrevue, au parloir de la prison fédérale. Ses mots, imprimés : C’est Seven, j’pensais que tu serais assez malin pour deviner ça tout seul.. Son rire, ses larmes, ses cris. Y a pas de bons souvenirs qui défilent devant lui, rien qu’un amas d’une violence dégueulasse qu’il s’est pris en pleine gueule toute sa vie, avec un stoïcisme fatal.

Il va s’arrêter là, il croit.

C’est bon, ça va, c’est terminé maintenant. Ça a assez duré. Assez de peur, assez de souffrances. Trop d’horreurs. L’escalade a été monstrueuse. C’est terminé maintenant. Il veut que sa s’arrête. Même si sa main libre cherche encore à attraper le câble électrique, se griffant lui-même le cou, ce ne sont que des automatismes qu’il aimerait bien voir s’arrêter. Il ferme les yeux difficilement, la bouche entrouverte. Il veut que ça s’arrête.

Moi, j’veux pas. 

Son bras se tend et au lieu de chercher à frapper le visage de Seven, la lame de fortune, précise se plante dans sa cuisse. Avec une précision presque chirurgicale, il a rouvert la blessure par balle, il tourne dans la cuisse, dans un boucherie indiscutable. Mais ce n’est pas vraiment Sam qui fait ça. Et comme toujours, quand l’autre intervient, ça réussit. Le câble glisse le long de son cou. Dans un sursaut, Sam s’en débarrasse pendant que Seven se tord de douleur. Des vieux sifflements de phoque percent ses lèvres. Sa trachée est en feu, littéralement. Il roule sur le côté pour ne peut toucher Seven. Il est assommé et désorienté. Mais il sait quoi faire. Pourtant, il ne sent pas l’autre commander ses gestes, mais c’est comme s’il lui avait soufflé la solution, et qu’il se souvenait soudainement de toute la leçon. Il regarde sa main, toujours avec une respiration suffoquée, celle qui tient la lame de fortune. Elle est couverte de sang. Aussi bien le sien que celui de Seven. Il ouvre la paume et ça fait un mal de chien. Il serrait tellement l’engin qu’il s’est ouvert profondément. Mais il n’attend pas une seconde de plus pourtant pour réaffirmer sa prise. Il est à genoux par terre, à côté de Seven. Il se retourne vers lui. Le considère lentement. Quand il perçoit une attaque provenant du roumain, il fend l’air de son arme sans savoir s’il a fait quelque dégât que ce soit. Il s’en fiche, il sait quoi faire. Il sait quoi faire. Il s’approche de Seven, un genou sur son torse pour l’empêcher de bouger, et juste pour enfoncer le clou, il tape bien avec son genoux contre son impact de balle dans le bas-ventre. Sa main libre vient écraser son sternum tandis que ses yeux se plantent dans ceux de Seven, durs, assassins. Semble y avoir un chaos monstre autour d’eux. Comme s’ils étaient au milieu d’une bagarre de bar. Des cris, des hurlements, de la douleur, et toujours ce foutu bourdonnement dans les oreilles. Mais semblent que ce ne soit que les échos de leur haine et leurs affrontements perpétuels, depuis des années.

Sam lève le bras. Il l’abat sur Seven. 
La lame se plante dans sa gorge. 

Elle ressort aussitôt, et d’un coup un silence de mort autour de lui. Il reste là, dans cette même position, la lame en l’air et Seven en train d’agoniser, se noyant dans son propre sang sous ses yeux. Il ne comprend pas. Il ne sait pas ce qu’il a fait. Alors juste pour être sûr, il répète le même geste.
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Seven Popescu
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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : dents en vrac, toutes de travers | tatouages pourris | main gauche balafrée (poignardée) et à la motricité un peu réduite | cicatrice sur l'épaule gauche (poignardée), cuisse droite (balle), bras gauche (balle), côté droit du ventre (balle) | traces de piqûres sur les bras | nez qui saigne trop facilement | mains souvent abîmées | toujours énervé | l'air de ne pas avoir dormi depuis trois siècles
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MessageSujet: Re: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptyDim 21 Fév - 10:26

Dans une autre vie, peut-être ont-ils offensé l'univers, ou des dieux depuis longtemps oubliés. Peut-être leur croisade est-elle un châtiment divin – comme ceux qu'on expose dans ces mythes grecs, où les condamnés sont en proie à une torture éternelle. Ils sont Tantale et Sisyphe, des Prométhée des temps modernes. L'un est enchaîné au sommet d'une montagne, l'autre est l'aigle venu lui dévorer le foie, et chaque jour, le supplice se répète. Chaque jour, les rôles s'inversent.

Leur guerre n'a pas de fin. Sûrement parce qu'elle n'a pas de sens, parce qu'ils s'y adonnent depuis si longtemps qu'ils en ont oublié le début. Quand ils cherchent à s'entretuer, est-ce encore au nom d'Assia ou d'une fausse accusation ? Est-ce simplement la folie qui les a emportés tous les deux ? Ils sont loin, si loin du point de départ, de ce qu'ils étaient lorsque la chute a été amorcée. Une chute qui dure depuis cinq longues années. Lorsqu'on est suspendu dans le vide, sans autre choix qu'attendre l'impact, plus rien n'a d'importance.

Personne n'a jamais compris – jamais vraiment. Ni la bande de Samih, ni celle de Seven. Ils n'ont jamais saisi l'ampleur de la plaie qui s'est creusée chez l'un, chez l'autre. Ce trou béant qui ne cesse de s'agrandir au fil du temps, avalant tout sur son passage, jusqu'à leur raison. La haine les a aliénés, elle a fait d'eux des animaux, apeurés, enragés. Blessés. Les autres ne voient pas, ils ne comprennent pas : c'est être plongé dans un perpétuel état d'urgence, le mode combat-fuite, tuer ou être tué. Ça dévore tout sur son passage. On ne peut plus bouger. Plus manger. Plus dormir. On en oublie même comment respirer et peu importe combien on cherche l'oxygène, l'autre est là pour nous l'arracher. Parfois avec ses mains. Parfois par sa simple existence. Dans le monde de Samih et Seven, l'apocalypse a lieu tous les jours. C'est le même schéma qui se répète inlassablement : chercher à s'entretuer, échouer, mourir un peu plus à l'intérieur, recommencer. Et n'est-ce pas là la preuve même de leur folie ? Rien ne change mais ils recommencent, encore et encore et encore et–

Ça suffit.

Il faut que ça s'arrête, Seven a besoin que ça s'arrête. Il n'y a pas de fuite possible ; même quand il a quitté Savannah, il a retrouvé Sam ici, à Detroit. S'il avait cru au destin, peut-être y aurait-il vu un signe, une raison pour tout ce qui leur arrive, tout ce sang et cette haine qui les lie. Mais Seven ne croit en rien et il s'est simplement demandé si c'était cela, l'Enfer.

Il va le tuer. Il doit le tuer. C'est le seul moyen de se libérer, d'enfin échapper à ce brasier qui les consume tous les deux – mais il ne voit pas que même sans Sam, il brûle. Depuis l'enfance, il brûle. Parce que grandir dans une maison en flammes lui a fait croire que le monde entier était en feu, alors que c'est juste lui.

Tuer Samih ne suffira pas à étouffer l'incendie.
Ça ne ramènera pas Iulia, non plus.

Iulia est morte elle est morte il l'a tuée, c'est ma faute, ma faute, ma faute ma faute ma faute.

Ses yeux sont vides, lorsqu'il enroule le câble électrique autour du cou de Samih, lorsqu'il se met à serrer. Sam perd son souffle et Seven perd la tête ; il peut presque voir Iulia là, juste là, étendue par terre devant eux, froide et raide et sanguinolente. Morte. Morte morte morte. Et soudain elle le transperce de son regard dur et acéré, soudain elle l'accuse sans même dire un mot, soudain il a envie de pleurer.

C'est de sa faute et il le sait, comme il sait que pour Anca aussi, il était à blâmer. Elle n'est pas morte et pourtant elle n'est plus là, ni auprès de lui, ni dans son propre corps – une coquille vide, un fantôme, les vestiges d'une sœur qu'il a usée jusqu'à la corde, jusqu'à la dépouiller de tout ce qu'il y avait de bon en elle. L'a-t-il tuée ?

Et Iulia, sait-elle pourquoi elle est morte ? Est-ce que Sam a parlé d'Assia, de Seven, est-ce que Sam lui a donné une raison, avant de l'assassiner ? Est-ce qu'elle a eu mal ? S'est-elle débattu, en a-t-elle eu le temps ? S'est-elle vue mourir ?

Il aimerait savoir où est son cadavre, lui poser des questions auxquelles elle ne pourra jamais répondre, lui dire qu'il est désolé. Il aimerait qu'elle sache qu'il l'a vengée.

Samih est en train de payer. Il s'agite contre le torse de Seven, réveillant les douleurs de ses côtes malmenées, ses plaies fraîchement suturées. Mais il tient bon. Il serre, encore et encore, se fiant aux sons étouffés qui échappent à sa victime, pressé que le silence vienne les remplacer. Toutes ses dernières forces sont concentrées dans cet effort titanesque. Il va gagner, il en est certain. Sûrement pense-t-il être le gentil de l'histoire, le martyr, celui qui mérite d'avoir une victoire, enfin, juste une fois. Mais cette histoire n'a ni bon ni mauvais, ils sont tous les deux gris, de ce gris aussi sale que leurs mains. Seven n'est pas un martyr. Samih non plus. C'est sur la tête de leurs sœurs, que la couronne d'épines s'est posée – ce sont elles, qui ont payé pour leurs péchés.

La douleur, fulgurante, le prend par surprise. Il hurle et lâche le câble, pris par une secousse désagréable, momentanément aveuglé par un flash. Samih a visé juste : il a rouvert le trou dans sa cuisse, déchirant pansement et sutures pour venir charcuter la chair qui peine tant à guérir. C'est comme s'il se faisait tirer dessus à nouveau. Il se souvient du choc et de la douleur, la brûlure, cette impression qu'on lui a jeté de l'acide sous la peau.

Sam est manifestement doué, lorsqu'il s'agit de rouvrir les plaies.

Allongé sur le sol, Seven a le visage déformé par une grimace, une main plaquée sur sa cuisse pour tenter de limiter le saignement. Il en oublie presque Samih, jusqu'à sentir son regard peser sur lui. Il est là, agenouillé près de lui, planant comme l'ombre de la faucheuse. Dans un réflexe un peu idiot, Seven lève son bras libre dans le but de repousser l'autre, mais son geste est contré par l'éclat de lampe qui traverse sa manche et lui entaille la peau. Il grogne, ramenant son bras à lui, lâchant des insultes entre ses dents serrées. Et lorsqu'il se met en tête de rouler sur le côté pour tenter de s'éloigner, le genou de Sam vient l'en empêcher, pesant sur son torse et lui coupant le souffle. Cette fois, il utilise ses deux bras pour le pousser – étalant du sang sur les fringues de Sam au passage – mais la pression qui se fait sur son ventre coupe court à sa maigre riposte. C'est une plaie qui est visée, à nouveau. La plus douloureuse de toutes, celle qui se rouvre et s'infecte sans relâche. Ça fait si mal qu'il en a la nausée et qu'une plainte lui échappe, tandis qu'il retombe lourdement sur le parquet. Ou peut-être est-ce la main de Sam qui le plaque au sol, écrasant lourdement son sternum. Il a du mal à respirer, envie de vomir, la cuisse en charpie et le ventre en feu. Même si Sam ne le maintenait pas dans cette position, il n'aurait probablement pas la force de se relever. Il a tout mis dans sa tentative d'étranglement.

Son regard furieux est surpris de croiser celui d'un Sam à l'air stoïque. Implacable. Il comprend ce qui va suivre, une seconde trop tard.

La lame est déjà là.

Enfoncée dans sa gorge.

Ses yeux s'écarquillent, ses mains montent vers son cou, tremblantes, rapidement noyées dans le sang. Parfaitement inutiles. Il se vide, et il ne peut rien y faire.

Seven a souvent pensé à la mort. Quand il a fallu enterrer le chien que son père a laissé crever, quand le môme du bout de la rue a pris un mauvais coup de trop, la première fois qu'Anca s'est taillé les veines. Debout sur un toit avec Elena, à jouer à celui qui s'approchera le plus du bord. Dans un squat douteux, roulé en boule, souillé, bousillé. Au volant d'une voiture qui va si vite qu'on ne voit plus la route. Sous les coups de Sam. Quand tout le monde doute de lui. Dans une soirée trop bruyante. Après des terreurs nocturnes. Quand il essaie de parler à Anca, quand il n'y arrive pas. Avec une seringue enfoncée dans le bras. Pendant qu'un type agonise dans une voiture qu'il regarde se faire mettre en cube, quand JJ en rigole, quand ça continue de hurler dans sa tête. Quand il imagine le cadavre de Iulia.

Seven a souvent pensé à la mort, jusqu'à se persuader qu'elle ne lui fait pas peur. Qu'il est, de toute façon, un mort-vivant ou un fantôme, quelque chose entre les deux, coincé dans les limbes. Samih l'a assassiné il y a des années, et d'autres un millier de fois avant lui, après lui.

Alors s'il a si souvent eu l'impression d'être déjà mort, pourquoi est-il terrorisé ?

Ses yeux exorbités cherchent ceux de Sam, sa bouche s'ouvre et il voudrait parler mais il n'y arrive plus, il ne fait que crachoter du sang, suffoquer, hoqueter. C'est dégueulasse et il étouffe, il appuie sur la plaie mais ça ne sert à rien. Abandonnant sa gorge, sa main plonge maladroitement vers Sam – on dirait d'abord qu'il essaie de le frapper, mais il finit par s'agripper à son pantalon, son sweat, son bras. Ses doigts se cramponnent à lui mais ça ne suffit pas, il le regarde et il voudrait trouver quelque chose à quoi se raccrocher dans ses yeux.

Tout ce qu'il récolte, c'est un second coup de poignard.

Il se noie dans son propre sang, qui gicle un peu plus et coule dans sa trachée déchirée, se met à remplir ses poumons. Il a mal, il a peur, et soudain il réalise que Sam sera la dernière chose qu'il voit. Pris par une brutale envie de chialer, il se met à chercher quelque chose d'autre autour de lui, sans savoir quoi. Il s'en fout – n'importe quoi, tout mais pas Sam. Mais il n'y a rien. Et s'il n'y a rien c'est peut-être parce qu'il ne veut pas n'importe quoi, il veut n'importe qui. Ou peut-être que finalement, il veut sa sœur, il veut voir Iulia revenir d'entre les morts, son cadavre animé par une colère vengeresse, venu terrasser Samih. Peut-être qu'il veut Anca, sa douceur sur laquelle il a toujours craché, sa main toujours prête à serrer la sienne, même là, même couvert de sang et en train de crever. Il accepterait même la présence de sa mère, si ça pouvait faire disparaître Sam. Mais elle n'est pas là et ses sœurs non plus, Iulia est morte, Anca l'est presque, les autres ne sont pas beaucoup mieux. Sa main ne se referme que sur du vide, parce que personne ne viendra la tenir. Et peut-être bien que c'est ce qu'il mérite, après tout : crever seul, comme un chien.

Quelque chose se serre dans sa poitrine tandis que ses yeux s'échouent sur le plafond, loin de Sam. Ses hoquets sont sanguinolents, un horrible gargouillis venu remplacer son souffle. Se remettant en mouvement, ses mains ne cherchent plus une ancre mais une arme, venant soudain tâtonner le sol dans des gestes paniqués, à la recherche d'éclats abandonnés. Comme s'il gardait l'espoir vain de lutter encore un peu, de tenter une riposte finale, juste pour ne pas s'avouer complètement vaincu. Comme s'il refusait de mourir. Mais encore une fois, ses doigts ne se referment que sur le vide et la panique devient une détresse déchirante.

Il ne veut pas mourir comme ça.

Il ne veut pas mourir tout court.

Pourtant la mort est là, violente, poisseuse, sanglante. Terrifiante. Il a passé ces dernières années à la défier, comme s'il était prêt à l'accueillir à bras ouverts, comme s'il attendait qu'elle vienne enfin le chercher, le libérer. Mais il n'aperçoit aucune liberté, aucun repos. Il n'y a pas de grand soulagement et il ne veut pas lâcher prise. Sa mort n'a rien de digne, elle est bruyante et dégueulasse, lui donne l'impression qu'il a de nouveau huit ans et besoin que quelqu'un le prenne dans ses bras. Et soudain sa cage thoracique se soulève plus vite, les hoquets sont plus nombreux, plus puissants. C'est comme si sa carcasse était secouée par des sanglots qui ne viennent pas, étouffés par le sang qui a envahi sa bouche et coule sur ses joues. Ses yeux sont fixés sur le plafond mais il ne voit plus les moisissures et les fissures qui le parcourent ici et là. Il ne voit plus rien du tout, la vision rendue floue par les larmes ou la mort, il n'en sait rien. Peut-être les deux.

Une mare de sang commence à se former autour de lui, ses mains l'étalent, se coupent sur les bris d'argile auxquels il s'accroche, sans pouvoir rien en faire. Il n'a même plus la force de lever les bras pour espérer atteindre Samih, et de toute façon, il ne le voit plus. Il lutte dans le vide, par réflexe plus que par envie, parce que même là, en train de mourir, il ne reste qu'un clébard enragé. Incapable d'abandonner, accepter la sentence, et simplement se laisser aller. Il résiste du mieux qu'il peut mais ses efforts sont aussi vains que minables. Les hoquets se raréfient, le gargouillis infernal perd en intensité. Il se sent partir et il voudrait hurler – il essaie, mais aucun son ne sort, juste du sang. Personne n'est là pour entendre ce désespoir qui le déchire de l'intérieur.

Entre les éclats de lampe éparpillés par terre, il y a des morceaux de lui. Il en a semé partout sur son passage, sans même s'en rendre compte – sans même voir que la mosaïque qui le constitue a trop de fois été ravagée, recollée, pour mieux être brisée à nouveau. Peut-être n'y avait-il pas d'issue pour lui. Pas d'espoir. Juste ce vide, dans lequel il chute depuis plus longtemps qu'il le croit. Il l'a toujours pensé sans fond, jusqu'à maintenant. Jusqu'à se sentir se fracasser en une myriade d'éclats qu'il ne pourra plus ramasser.

Son corps se ramollit. Il hoquette une dernière fois.

Et enfin, le silence.
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Samih Scully
Samih Scully

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how it had to end (sevih)  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Toujours défoncé + des traces de piqures sur les bras + une longue cicatrice du flanc jusqu'à la colonne + trèfle irlandais tatoué sur l'épaule gauche + porte toujours un hoodie noir + cohabite avec deux autres personnalités
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MessageSujet: Re: how it had to end (sevih)    how it had to end (sevih)  EmptyLun 22 Fév - 22:09

La lame rentre. Déchirure des tissus, section de la carotide, hémorragie.
La lame ressort, facilement, dans un bruit humide et dégueulasse.
Sam expire bruyamment. Seven se décompose. Ses yeux s'arrondissent, ses pupilles se dilatent, ses mains cherchent à contenir l'hémorragie, le protéger de la mort qui envahie son corps à mesure que le sang s'en échappe. Comme pour combler le vide. La panique est évidente chez le roumain, plein de sentiments semblent bouillonner à l'intérieur de son regard écarquillé ; tous les sentiments. Tout ce qu'il est, toute sa vie, tout son être, tout ce qui fait profondément de lui un être humain se bouscule tandis que ses gestes deviennent imprécis, désespérés.

Mais Samih ne voit rien. Il ne comprend rien. Il ne comprend pas la terreur. Il ne comprend pas le sang. Il ne comprend pas la lame qu'il tient encore en l'air. Il ne comprend pas ce qui vient de se passer, comme si ça ne s'était pas passé. Alors le bras s'élance à nouveau en avant, perce à nouveau la peau. Rejaillit en l'air aussi vite. Déchirure, section, hémorragie. Sam est aussi stoïque, immobile, largué que la dernière fois. Hermétique à tout ce qui se passe sous ses yeux, mais encore là, agenouillé sur le corps perforé de son ennemi. Seuls les mouvements de bras désarticulés de Seven qui parviennent jusqu'à lui le font tressaillir. Il lâche enfin son arme, pare les coups, repousse violemment les mains de Seven, gémit un peu, comme s'il était au bord de la nausée. Il ne veut pas qu'il le touche. Comme s'il était répugnant, contagieux de la Mort. Sam le tient en arrière, ses doigts se referme sur son t-shirt pour le garder plaquer sur le sol, le visage aussi fermé qu'il peut être, contracté à l'extrême, sans qu'il ne s'en rende compte, tous ses muscles sont tendus d'angoisse pour maintenir Seven à terre. Il serre si fort que ça fait mal.

Mais Seven se débat de moins en moins. Et la main de Sam est bientôt humide du sang qui s'écoule. Pendant une seconde, son regard quitte le visage tordu de Seven et se pose autour d'eux. Il est frappé par la quantité de sang qui s'étend. Une mare immense. Il croit halluciner un instant. C'est impossible. Un corps humain ne peut pas en contenir autant. Mais le liquide rouge continue d'imbiber la pièce. Le regard de Sam saute d'une pièce à conviction à une autre, sans que cela ne fasse vraiment tilt dans sa tête. Il a l'impression d'être dans le cœur d'une explosion nucléaire, bloqué à la seconde même où tout pète. La lumière est aveuglante, il n'y a plus de son, plus rien, mais son corps ne s'est pas encore désintégré.

Seven fait une multitude de choses en mourant.
Il s'étouffe, il fait des bruits bizarres avec sa bouche, il s'agrippe à tout au vide, à Sam. Il regarde en l'air, sur le côté, devant, puis rien. Il disparaît, il s'agite, il s'accroche à la vie, si fort. Tellement fort. Sam se contente de le regarder d'un air si vide qu'on ne le croirait même pas dans la même réalité.

Il pense à son père.
Il le revoit, là d'un coup, c'est si clair dans sa tête, comme s'il l'avait vécu hier. Il le revoit s'étouffer avec son sandwich. S'agiter comme Seven le fait. Lancer des appels à l'aide muet. Son regard exorbités, ses mains qui cherchent la solution dans l'air vide. Il le revoit, c'est tellement réel. Il revit cette scène pour la première fois depuis vingt-deux ans. Et dans un sens, il a l'impression de vivre ça pour la toute première fois. Ce souvenir lance une décharge électrique froide et fulgurante. Puis le ramène à la réalité avec une violence inouie, en même temps que le bras de Seven arrive à nouveau malencontreusement contre lui. Sam le repousse à nouveau, puis voit flou.

Les larmes ont envahi ses yeux, tombent en piqué jusqu'à Seven, se mêlent à son sang. L'égyptien lâche sa victime. Il se redresse un peu, toujours à califourchon sur ce corps qui se vide de vie et se remplie de mort. Il sait qu'aucun assaut ne sera plus dangereux de sa part. Il comprend qu'il a gagné cette bataille. Cette guerre. Il comprend qu'il l'a tué.

Définitivement, ce coup-ci.

Ses bras retombent le long de son corps. Ses paupières sont tombantes. Il a gagné. Ces mots semblent vides. Peu à peu, ils prennent pourtant sens. Long processus. Sam ferme les yeux un instant. Rien qu'un instant. Mais le bruit, il ne peut pas l'ignorer. La noyade par hémorragie. Alors il ferme les yeux encore plus fort. Sans savoir pourquoi ce son est soudain insupportable. La nouvelle se repend comme un poison dans son organisme. Il a gagné. Il l'a tué. Seven meurt. Il meurt là, juste en dessous de ses jambes. Le corps sur lequel il se repose sera bientôt un cadavre. Il l'entend mourir, si sûrement. Il l'entend se battre pour la vie. Il pourrait presque entendre son coeur pomper les derniers instants. Les touts derniers instants.

Sam rouvre les yeux. Fixe devant lui, se risque à baisser le regard.
Mais Seven est déjà mort.

Ça il ne s'y attendait pas. Il avait l'impression de l'entendre gémir il y a encore une seconde. Il écarquille les yeux, son visage se fige dans une expression terrifié. Sa bouche s'entrouvre. Il reste parfaitement immobile trente longues secondes, à l'affût, comme s'il s'attendait à voir Seven être secoué d'un ultime souffle de vie. Mais rien. Seven est là, les bras étalés comme un Jesus en croix, d'une blancheur morbide, les yeux vidés de toute substance. Sam à l'inverse, est incroyablement en vie, là, au-dessus de lui, à ressentir des émotions d'homme parfaitement en vie, et à respirer comme quelqu'un de tout bonnement vivant. Ce contraste est comme un uppercut dans son myocarde.

Nouvelle expiration. Comme un rappel de sa condition d'être vivant qui fait monter en lui une angoisse indescriptible. Sa respiration s'accélère et ses mains montent sans qu'il ne puisse les empêcher jusqu'à son crâne. Il passe ses doigts entre ses cheveux, les souillent de sang par la même occasion. Il se plante les ongles dans le crâne. Veut s'arracher les cheveux. Son corps est sous tension, il serre les dents si fort. Toutes ses veines semblent jaillir de sous sa peau. Il ne sait pas comment contenir le chahut qui hurle chez lui. Et ça le bouffe. Il dévisage la dépouille, et c'est d'un coup insoutenable d'être en contact avec un mort. Alors il se lève dans un sursaut, oubliant sa cheville tordue et son corps brisé. Alors il trébuche et s'effondre sur le sol, dans un flaque de sang qui imbibe tout ses vêtements.

Il gémit, et continue de pleurer, ne sait pas où essuyer ses mains. Il se retourne, trouve un pied de table et s'y accroche pour se relever à nouveau. Il laisse une trace de sang chaque fois qu'il touche quelque chose. Il semble être dans un monde en plein effondrement. Comme si une faille venait de s'ouvrir sous ses pieds, et que tout était en train de tomber dedans. Rien ne semble stable, il a la tête qui tourne. Les deux mains sur la table, il tente de trouver un équilibre, mais ça aussi, ça semble incertain, en train de sombrer.

Ça siffle dans ses oreilles. Il pousse des petits grognements, se racle la gorge et part dans une quinte de toux qui lui fait mal. Il crie. D'abord un cri sec et court, puis plus long, enfin un hurlement bestial. Ses doigts tentent de se planter dans le bois. Il tremble. Il comprend pas, il comprend pas. Ça n'a rien à voir avec la sensation qu'il avait, hier matin, quand il était déjà persuadé d'avoir tué Seven. Ça ne ressemble à rien d'autre. Il tape une paume contre la table. Comme s'il cherchait à ressentir quelque chose, autre chose que ce qu'il n'arrive pas à comprendre. Il ferme à nouveau les yeux, continue de pleurer sans le savoir. Tout est agressif. Tout fait un mal de chien. Pourquoi ça fait si mal ? C'était tué ou être tué, pas vrai ? Alors pourquoi ça fait si MAL ?

Sam glisse un regard à droite. Tombe sur un bout de jambe de Seven. Colère, d'un coup. Il boite jusqu'à la dépouille, se laisse à nouveau tomber sur le sol, et agrippe le t-shirt de Seven. Il le tire comme si le corps allait suivre, mais il est trop lourd. Rien n'accompagne ce mouvement. Il tire à nouveau, grogne de rage. Et puis, ça lui demande trop d'efforts alors il arrête. Une main sur le sol l'aide à se maintenir debout, l'autre est sur le torse de Seven, ses doigts s'écartent. Il se rend compte qu'il tente de percevoir un battement de coeur. Mais qu'il n'y a rien. Et ça fait bizarre, qu'il n'y ait rien. C'est contre-nature comme sensation. Ça calme sa rage fugace et la remplace par un grand abattement. Son regard monte doucement jusqu'au visage de Seven figé dans cette ultime expression.

Soudain, ça frappe Sam : il est jeune. Il est hyper jeune, un vrai gamin, encore un adolescent. C'est un enfant. Il a le visage d'un bébé. Sam ne s'en était jamais rendu compte avant ça.

Ça le répugne qu'il soit si jeune.
Et soudain, comme un éclair qui le traverse et le propulse en arrière, retomber sur ses fesses pour éviter tout contact : c'était pas Seven.

C'est pas Seven qui a violé Assia.
C'est tellement évident, ça crève les yeux. Et plus il regarde la dépouille de Seven plus c'est évident. Il revoit tout, tout depuis le début, et c'est tellement clair. Il revoit tout si vite. Et puis il revoit Assia, et son regard quand elle lui a pourtant dit que c'était bien Seven, au parloir. Mais elle mentait, ça se voyait, tout son corps hurlait qu'elle mentait. Comment Sam a pu louper ça ? La prise de conscience le crucifie littéralement. Il veut se cacher le visage de ses mains mais voit leur état, voit le sang, tout ce sang autour d'eux. Il pousse un long gémissement écoeuré qui se termine dans un cri paniqué. Il secoue les mains, et tente de les essuyer sur quelque chose, son jean, mais tout est souillé. Tout est sale de cette haine soudain illogique. Tout se tord dans son corps. Tout lui donne la nausée. Il se met à quatre pattes, veut s'éloigner, il se relève. Il garde les mains en l'air sans savoir quoi en faire. Il finit par s'essuyer sur une paire de coussins, sur le canapé. Puis il tente d'enlever le sang de son bras, mais y en a trop. Il veut arracher tout sa peau. En fait il préfèrerait être dans n'importe quelle peau plutôt que la sienne. Il est là, à faire les cents pas dans ce salon dégueulasse. Et puis la mare de sang continue de s'agrandir, et il trouve ça dingue que le sang n'ait toujours pas fini de couler. Il gémit à nouveau. Il a envie de vomir. Alors il se penche en avant subitement, se retenant avec ses mains sur sa cuisse. Mais rien ne sort, rien que des crachats acides qui lui éclatent l'œsophage. Il gémit, cassé en deux, pleure, croit à nouveau vomir. Rien. Il se redresse trop vite, voit flou, noir, croit tomber dans les pommes. Il lève les bras, les fait retomber contre son front. Il croise à nouveau le corps de Seven. Nouveau sanglot.

Rien ne fait sens. Ni ses gestes, ni ses pensées. Il ne sait pas quoi penser en fait. C'était pas Seven, ça il le sait, il en est persuadé maintenant. Mais même ça, ça ne semble même pas vouloir dire quelque chose de particulier. Il pourrait appeler l'un des Kids, mais il n'y pense pas non plus. La vérité c'est qu'il est incapable de faire quoi que ce soit d'autre que d'errer dans ce salon, paniqué, en pleurant. La douleur est de plus en plus vive dans son ventre. Une douleur qui arrache ses organes. Tout fond en lui. Il ne peut même pas se rendre compte de sa vie gâchée, parce qu'il ne se rend compte de rien. Il se sent disparaître complètement. Il ne gère plus rien. Alors il finit par se poster contre un mur pour retomber contre le sol.

Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ? Non, non, non, non.

Y a que ça qui tourne en boucle dans sa tête. Que des mots vidés de substance. Il a le tournis à n'en plus finir. Il veut prendre feu. Il veut détruire tout ce qui le constitue, mais il n'est même pas sûr que ça calmerait le mal qui le ronge comme un fauve. Il est assis, le corps de Seven en perpendiculaire devant lui.

Il veut se crever les yeux.

Il crie encore. Il pleure encore. Il est désolé.
Désolé Seven, il s'est trompé, il s'est tellement trompé.
Et puis ça fait pas du bien, ça fait mal. Ça change rien, il se sent encore plus minable et vide d'intérêt qu'avant. La victoire n'a rien d'agréable. Il a la même impression de noyade que Seven a eu juste avant. Alors il se recroqueville, se tient la nuque.

C'était pas tué ou être tué.
C'était mourir ensemble.

Il s'en remettra pas.

Mais moi je m'en remettrais.

Je m'en fiche déjà. Comme que je fichais que Sean meurt. Ou le chat. Ou tous les autres. Je me fichais aussi des mains de Patsy sur notre bite d'enfant, ou des attouchements en bande organisée sur le corps de préado d'Assia. Je me fichais aussi du déracinement, de l'appartement miteux de Savannah. J'ai dépassé ça pour toi Sam, parce que t'en étais pas capable. J'ai tenu le coup pour toi. Tout ce que j'ai fait, c'était pour toi. Alors je suis content que tu saches maintenant que c'était pas Seven, mais tu pourras pas dire que je t'avais pas prévenu. Dans le fond, peut-être que tu savais que tu tiendrais pas le coup non plus. T'as jamais rien pu encaisser. C'est pour ça que j'existe, pas vrai ? C'est ce qu'ils diraient, les médecins, si on les avait consulté. C'était plus simple de le haïr lui, non ? La vrae bataille c'était contre moi, pas vrai ? Ce que t'avais pas anticipé, c'est que tu supporterais pas non plus de le tuer. C'était foutu d'avance pour toi.

Je t'ai laissé du temps pourtant. J'ai été patient avec toi. J'ai tenté toutes les méthodes. T'as jamais voulu m'écouter. Mais moi, je t'aimais Samih. Je t'ai toujours aimé. J'ai pris ta défense tellement de fois, et tu peux pas imaginer tout ce que j'ai supporté à ta place. Seven n'est pas le premier qui meurt entre tes mains - nos mains. Mais chaque fois, fallait le faire. Tu voulais pas te souvenir, alors t'as oublié, et moi j'ai rien dit. Mais t'as pas été facile à supporter. T'aurais dû te ménager. T'aurais pas dû te battre contre moi. On aurait pu faire les choses autrement, si seulement t'étais pas si binaire. C'était Seven ou rien, t'étais un vrai obsédé.

Maintenant c'est fini, Samih. Ça ne me fait pas de peine pour toi. Tu seras mieux là où tu es. Loin, très loin, tout au fond, dans le noir. Ça fait peur, des fois, mais c'est calme. Tu préfèreras ça à la vie, j'en suis sûr.

Moi je préfère la vie.

--

J'ouvre les yeux, relève la tête. La douleur est gérable. Je regarde mes mains, l'entaille sur ma paume. Et puis mon bras, le coup de stylo que Sam m'a donné lance encore un peu. J'étire mes jambes. Le ventre fait mal, là où Seven a porté son coup. Je grogne un peu quand je me redresse.

Je ne prête pas un regard vers Seven, je file directement dans la salle de bain où je retire mes vêtements et les envoie dans un coin. Je m'arrête devant le miroir, m'observe, me trouve beau. Je souris à travers le rideau de sang qui peint la quasi totalité de mon visage. Et puis j'allume le robinet et me passe de l'eau fraiche sur le visage. Retirer tout le sang prend un moment, mais je ne suis pas pressé. J'ai tout mon temps maintenant. Je fouille ensuite dans les placards à la recherche d'un quelconque désinfectant. Quand je le trouve, je nettoie mes plaies et me scotche des compresses dessus. Je traverse, toujours nu, le couloir jusqu'à la chambre et fouille dans les placards à la recherche de vêtements qui me plaisent plus ou moins. Je prends mon temps. Enfile un jean, prend une ceinture que je serre au maximum. Les vêtements sont nettement trop grands pour moi. Je mets un premier t-shirt, mais y a du sang dessus. Je m'étais mal nettoyé. Alors je m'essuie à nouveau la nuque avec, et prend un nouveau t-shirt. Il est trop large lui aussi. Mais c'est pas grave. J'essaie une paire de basket miteuses, mais pour le coup, ce n'est pas du tout ma pointure. Je me résigne à retourner dans la salle de bain pour reprendre celles de Sam que je nettoie rapidement avec du papier toilette que je laisse ensuite par terre. Je les enfile et me décide enfin à retourner dans le salon. Je soupire devant le bazar. Je cherche surtout un chemin qui ne me salira pas à nouveau.

J'entends du bruit dans le couloir, se rapprocher de la porte. Je me souviens dans un sursaut qu'il n'y a pas de serrure qui fonctionne. Sans un bruit, je sautille sur la pointe des pieds jusqu'à la porte et m'effondre contre, en grimaçant un peu.

- Eh, Iulia, t'es là ?

Je ferme les yeux de soulagement en me rendant compte que c'est pas l'aînée des Popescu qui rapplique. On tape à la porte, là, juste derrière mon épaule. J'ai un coup d'œil illogique vers Seven, comme si je voulais lui ordonner de ne pas faire un bruit.

- Iulia, réponds ! J'suis en galère avec Dylan, faut que j'te parle d'un truc.

Toujours pas un bruit. La nana tente de forcer mais je tiens si bien mes positions qu'elle semble comprendre que c'est fermé à clé, même si ça semble l'étonner un peu, vu le petit bruit que j'entends. Finalement, les pas s'éloigne. Je soupire un grand coup, silencieusement, et j'ai un sourire en coin.

- On l'a échappé belle, pas vrai ? que je chuchote à l'intention de Seven. Ça m'arrache un hoquet de rire.

Quand je suis sûr que la voie est libre, je m'éloigne de la porte pour rassembler quelques affaires que je vole. Un couteau suisse, quelques dollars. Les clés de voiture de Sam. J'allais sortir mais je suis pris d'un élan plus ou moins empathique. Je m'arrête à hauteur du cadavre, me tourne vers lui. Je m'approche prudemment de son crâne, évitant comme je peux le sang. Et puis, je m'accroupis, le regarde, fasciné.

Tout n'aura dépendu que de lui finalement. Il suffisait que je laisse Sam le tuer. C'est marrant. J'ai un sourire nostalgique. Ça m'a semblé si long, tout ça. Cette attente. Pour en arrivée exactement là. J'étais persuadé que c'était quand il comprendrait que c'était JJ qui était à l'origine du viol d'Assia qu'il vrillerait, me laisserait le volant. Finalement, il suffisait que je laisse Seven mourir.

Ça m'aurait fait gagné vachement de temps et d'énergie de comprendra ça plus tôt.

Je donnerais bien un petite tape amicale sur la joue rigide et froide de Seven, si je n'avais pas peur de me salir. Alors je me contente simplement d'un :

- Sans rancune, mon pote. accompagné d'un sourire compatissant.

Et puis, dans un soupir fatigué je me redresse et me fraie un chemin jusqu'à la porte d'entrée. J'essuie longuement mes chaussures sur le paillasson avant d'ouvrir la porte, et de me glisser à l'extérieur, dans les bras ouverts d'un monde tout nouveau qui m'attend.
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