And I'm gonna show ya, what's really crazy (Ashon)

And I'm gonna show ya, what's really crazy

@Ash Hopkins & Mason Warden

L’appel que Mason avait reçu en milieu d’après-midi avait été le coup de grâce à sa journée qui avait déjà mal commencé. D’une nature assez optimiste et enjouée, tout s’était imbriqué pour que cette journée soit invivable : coupure d’eau chaude le matin à la coloc, plus de café pour son petit-déj’, plus de monnaie pour s’arrêter en acheter un, clients mécontents et tatillons au garage, patron de mauvais poil et voilà que l’appel de sa mère avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. « Les examens de ton père ne sont vraiment pas bons, ils s’inquiètent que la maladie ait progressé plus qu’elle n’aurait dû, plus que ce qu’ils avaient prévu en tout cas. » et elle avait continué comme ça pendant presque cinq minutes, annonçant mauvaise nouvelle sur mauvaise nouvelle d’un jargon auquel il ne comprenait strictement rien. Puis, elle avait résumé le tout avec un « c’est vraiment pas bon, Mason. ». Coup de grâce. Sa mère n’avait jamais été quelqu’un de direct, elle était plutôt du genre à prendre des pincettes et tourner autour du pot, mais cette fois-ci, elle n’y avait pas été par quatre chemins et Mason avait accueilli sa déclaration comme une gifle. Il avait prétexté un problème familial et avait demandé à son patron de finir plus tard, parce que ça lui ferait du bien de s’occuper, d’être un peu seul, de faire la fermeture du garage quoi. En partant, son collègue Al lui avait discrètement filé une bouteille de scotch « t’en as plus besoin que moi, tu me rendras la pareille un autre jour » avait-il dit avant de partir. Si au début, Mace avait décidé de ne pas toucher à cette bouteille et de se concentrer sur son boulot, il avait fini par tourner en rond et ressasser tout ce qui n’allait pas dans sa vie. Une bonne heure plus tard, la bouteille était vide et le brun avait une sérieuse envie de dégueuler. Pas ici, partout mais pas là. Alors il était sortit prendre l’air, il avait fermé le garage et avait décidé de rentrer à pied. C’est comme ça qu’il s’était retrouvé à errer dans les rues de Krainz Woods en début de soirée, saoul et déprimé. Le rêve.

Marchant au ralenti, il savourait chaque bourrasque de vent qui venait lui fouetter le visage. Il se sentait moins vaseux qu’en quittant le garage, comme si la marche et l’air frais avait dissipé le brouillard dans lequel il se trouvait, malheureusement, pas assez pour qu’il puisse raisonner clairement. De toute manière, c’était son but, ne pas pouvoir penser ou réfléchir, avoir un petit moment de répit, juste un. Et comme si l’univers semblait vouloir le pousser à bout, Mason reconnut un visage qui lui était familier lorsqu’il tourna à l’angle d’une rue. Petit brun gringalet d’une vingtaine d’années, regard insolent et démarche assurée, il ne mit pas longtemps à le resituer. C’était Ash, le type qu’il avait vu plusieurs fois avec Alix. Alix. A la simple pensée de ce prénom, la chaleur lui monta à la tête, il était la dernière personne que Mason souhaitait croiser ce soir. — Hey toi, barre-toi d’ici tout de suite ! cria-t-il avec colère. Il était trop bourré pour comprendre ce qu’il faisait, et surtout trop bourré pour remarquer que le pauvre Ash était seul.

Ash c'était pas le genre de mec capable de rester fixe trop longtemps. Quand il n'avait rien à faire, qu'il avait du putain de temps libre pour se reposer, il fallait qu'il bouge, qu'il fasse quelque chose, bref qu'il ne reste pas sur place. Problème d'hyperactivité ou réflexe de vivre dans la rue ? Sans doute un peu des deux ! Dans cette ville rester trop longtemps au même endroit c'était prendre le risque de voir les emmerdes vous rattraper. D'un autre côté... trop bougé était peut être aussi prendre le risque d'aller à leur rencontre mais Ash préférait encore bouger et les esquiver si besoin que d'être prit au dépourvu et devoir se barrer à la hâte. Alors comme à son habitude, quand il n'avait pas son shift à faire ni l'envie d'aller peindre, il allait ici et là dans la ville, en profitant pour aller voir des potes, aller voir ses frères... enfin surtout Igg vu qu'il avait encore quelques rancunes pour le plus grand même si il n'avait pas coupé les ponts, souhaitant toujours le ramener à la maison lui aussi ! Et, quand l'envie lui prenait, aller dans des coins que lui seul connaissait où les toilettes on y allait pas pour pisser. Enfin bref, il s'occupait quoi ! Et aujourd'hui il était surtout allé voir des potes, comme ça tranquille sans pression et dans l'idée... bah il avait plutôt passé une bonne soirée sur le coup !

Mais ça c'était sans compter les éternel poivrot qui pullulaient dans cette putain de ville... dès que la nuit commençait à tomber ils passaient de cinq à cinquante par mètre carré et toujours là pour vous faire chier. Car pour une fois Ash il n'avait rien demandé, il voulait juste rentrer chez lui tranquillement, ne pas faire d'histoire, retrouver un de ses squats, ceux qui ressemblaient presque à de beaux appart et pioncer un peu tant qu'il en avait l'occasion. Mais non il s'était fait arrêté par une voix qui sonnait pédale... ce qui était très hypocrite de sa part sachant que celui qui taillait des pipes c'était lui ! Une voix sortant de la bouche d'un mec clairement déchiré qui lui disait de se barrer d'ici en lui hurlant dessus. Relevant ses yeux vers lui, Ash était franchement pas impressionné. Les mains dans les poches de son vieux sweat usé, l'air blasé, il avait fini par lui dire « D'abord j't'emmerde, si j'ai envie d'être ici je fais encore c'que je veux. Et ensuite si tu voulais me faire peur faudrait déjà t'acheter une voix un peu plus virile. » c'était petit mais le mec là méritait pas d'être grand, alors Ash continua son chemin, le bousculant bien au passage et se retournant pour lui faire un beau doigt d'honneur, pensant que ça n'irait pas plus loin que ça.

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@Ash Hopkins & Mason Warden

Il ne buvait pas souvent Mason, et quand il le faisait, il buvait raisonnablement, en petites quantités. Se mettre la tête à l’envers n’était pas franchement son genre. Il buvait pour se mettre à l’aise mais s’arrêtait toujours au bon moment, au moment où il était capable de comprendre ce qu’il faisait et de se contrôler un minimum, l’instant entre le début de l’ivresse et la grosse caisse, ce petit laps de temps où il avait encore assez de jugeote pour savoir si oui ou non il devait fermer sa gueule. Ça l’aidait à se libérer, à parler plus facilement aux gens, parfois même à danser mais il gardait toujours le contrôle. Parce que quand on a passé sa vie à toujours tout garder pour soi, quand on a passé vingt ans à construire une barrière et qu’un jour elle s’effondre, on sait jamais de quoi on est capable. Et ce soir, Mason n’avait plus aucune barrière, annihilée par l’alcool. Il se sentait mi- euphorique, mi- vaseux. En colère ça il l’était, effrayé un peu aussi d’imaginer ce qu’il pourrait faire ou dire. Anxieux de tomber sur la mauvaise personne, de croiser quelqu’un qui profiterait de son état. Quelle idée de merde il avait eu d’accepter la bouteille de ce con de Al. Il lui revaudrait ça, Mason. C’était uniquement à cause de l’alcool que Mason s’en était pris à ce gamin, parce que c’était franchement pas son genre d’agresser les gens gratuitement et encore moins les plus jeunes. Ah ouais, vraiment ? Bon, c’est vrai qu’en ce moment il réagissait un peu bizarrement et dépassait les bornes trop souvent, mais il mit ça sur le compte de ses soucis personnels, de la maladie de son père, tout ça…

Ça aurait pu s’arrêter là, son interlocuteur aurait pu l’ignorer, le laisser cuver dans la rue, seul avec son désespoir mais il n’en fit rien. Pourquoi l’aurait-il fait d’ailleurs, n’était-ce pas normal de riposter lorsqu’on vous agressait sans aucune raison ? Ah l’alcool… Mason le regarda faire volte-face et s’adresser à lui en le regardant d’en-dessous, de près il paraissait encore plus jeune et plus petit, presque fragile. Pourtant, il restait insolent et incroyablement agaçant. Mason dut se retenir de rire lorsque le gamin le remit à sa place, il pinça les lèvres et demanda. — Elle a quoi ma voix demi-portion ? Mais déjà, il s’était retourné pour partir. Mason pensait que tout s’arrêterait là, que le gamin préférait éviter les ennuis, tout comme il aurait dû le faire mais en passant près de lui, il le bouscula et se tourna pour lui faire un doigt. Dans un réflexe qu’il ne s’imaginait pas avoir, Mason lui attrapa le poignet et le poussa un grand coup. Il se surprit lui-même mais ne se laissa pas démonter. — Surveilles tes gestes, gamin. Vingt ans et il avait déjà l’alcool mauvais, ça promettait.

Mais pourquoi on venait le faire chier franchement ? Il n'avait rien demandé à personne pour une fois, il n'avait pas envie de chercher la merde alors sérieux, pourquoi fallait-il qu'on lui foute un idiot alcoolisé sur son chemin ? Le karma qu'on lui répondrait sûrement, ce à quoi il répondrait avec un doigt car il était un putain d'ange ! Du moins c'était ainsi qu'il se voyait. Quoi ? Ouai ok il volait ! Mais il volait à des gens qui avaient l'air de franchement s'en sortir pour aider des gens qui en chiait dans la vie, c'est à dire lui. Bah quoi ? Rien ne disait que Robin des Bois ne pouvait pas s'aider lui même si il était une âme dans le besoin, si ? On avait tous le droit de rêver ! Mais voilà, il était là avec un con qui lui demandait de dégager... puis quoi encore ? Alors Ash, profitant du fait que lui était sobre, s'était bien amusé à lui faire comprendre qu'il pouvait aller se faire enculer chez les grecs avec toute l'insolence dont il avait le secret avant de continuer son chemin, le bousculant au passage. Il avait bouclé le tout d'un joli doigt et pensait juste en finir là, disparaissant dans la nuit et rentrant chez lui mais ça... ça c'était sans compter sur les réflexe de ce poivrot ! Et Ash devait avouer que pour le coup il avait totalement été prit par surprise alors que l'autre lui attrapait le poignet avant de le pousser assez fort pour faire tomber Ash en arrière. Il avait alors grogné, se redressant mais restant le cul par terre, avant de commencer à hurler « Putain de merde mais c'est quoi ton problème ?! Qu'est-ce que je t'ai fait ? Tu peux pas aller en emmerder d'autres sérieux ? Monsieur est bourré, il se sent pousser des ailes donc il s'attaque à plus petit que lui ? Mais va te faire foutre ! Et t'as une voix de gay, voilà ce qu'elle a ta voix ! » Il était en colère, il était pas d'humeur car il n'aimait pas se faire victimiser comme ça sans raison et il ne comptait clairement pas rester sans rien faire, laisser un alcoolo gagner. Il s'était alors relevé, le toisant de toute sa... pas hauteur... avant de dire « Et surveiller quoi ? Mes gestes ? » et sur ce il l'avait poussé en plaquant ses mains sur son torse « Qu'est-ce qu'ils ont mes gestes ? » recommençant à nouveau à le pousser « Tu vas me faire quoi si je les surveille pas mes gestes, hein ? » Le repoussant une dernière fois et avec beaucoup plus de force dans l'espoir de le faire tomber... espérant que l'alcool lui ferait perdre assez d'équilibre vu la différence de gabarit. Du reste il avait voulu chercher la merde ? Ok il voulait bien lui montrer que si il avait en effet une taille de demi portion ça ne voulait pas dire qu'il n'était pas en mesure de lui casser la gueule si il voulait !

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@Ash Hopkins & Mason Warden

Il n’aurait jamais dû boire autant, Mason. Déjà parce que ce genre de comportement ne lui ressemble pas et ensuite parce qu’il vient juste de découvrir qu’il a l’alcool mauvais. Et il sait pas ce qui est pire, avoir la boisson triste ou mauvaise ? Les deux se valent mais quand on n’est pas habitué à être agressif, ça choque. Même lui est choqué de son propre comportement, la colère qu’il entend dans sa voix, cette rage qu’il sent bouillir dans ses veines. Il a beau mettre ça sur le dos de ses problèmes, personne ne l’avait forcé à boire, il avait fait ce choix tout seul. C’est pas comme ça qu’on devient alcoolique ? Génial. Il aurait pu mettre ça sur le dos de son collègue Al aussi, mais la vérité c’était qu’il avait pensé agir pour le bien de Mason car peut-être que lui noyait ses problèmes dans la boisson. Il aurait pu refuser Mace, il aurait dû. Parce que là, il se retrouve à agresser un gamin dans la rue, uniquement parce qu’il l’avait vu de loin avec Alix une fois. Pourtant, il continue d’essayer de se convaincre que ça n’a rien à voir avec Alix, qu’il aurait probablement agressé le premier venu mais il se voile la face Mace, tout a à voir avec ce putain de gamin qui vient de squatter son groupe d’amis. Alors quand le petit lui demande où est le problème, Mace reste muet, il peut pas lui dire la vérité, il y arrive pas. Ça sort pas, il bloque. Les mots restent coincés dans sa gorge et il se contente de le regarder sans le voir. C’est vrai qu’il a pas tort, il s’en prend à lui comme ça sans même se justifier. — Je… Mais il se bloque, Mace, au moment où il entend le mot, ce fameux mot. C’est comme un électrochoc qui aurait débranché son cerveau. Y a ce putain de mot qui résonne, gay. Et il est replongé des années en arrière le brun, un après-midi d’été où son père, adossé à la fenêtre insultait leur voisin de « sale pd » parce qu’il parlait un peu trop près à son ami venu lui rendre visite. Ce genre de choses, ça marque quand vous êtes gamins, parce que vous comprenez pas mais que c’est forcément mal vu comment on en parle. C’est pour ça qu’il réagit si violemment à un simple doigt envoyé comme ça, pour ça qu’il le repousse si méchamment. C’est pas vraiment ce gamin qu’il repousse en réalité, c’est tout ce qu’il représente, c’est la vérité qu’il s’entête à éloigner, toujours plus loin. Et puis le deuxième électrochoc, ses mains sur son torse qui le poussent en arrière à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il finisse le cul par terre, Mason. L’impact remet son cerveau en marche et il répond, la voix pâteuse. — Toi va te faire foutre. Et il est où ton pote d’ailleurs ? Allez vous faire foutre, tous les deux ! Ça n’a aucun putain de sens, mais ça l’empêche pas de continuer. — Vous me faîtes chier, vous me faîtes tous chier. Il se relève avec difficulté, il est misérable, il a l’air d’un vieux poivrot et il vient d’avoir vingt ans putain. — J’étais très bien avant que vous arriviez, et maintenant y a plus rien que va ! qu’il gueule. Il se rend pas compte que l’autre ne peut pas comprendre ce qu’il dit s’il n’y met pas un peu plus du sien. — Y a plus rien qui va, qu’il répète tout bas, plus pour lui-même que pour le gars qui lui fait face. Il s’avance, ou plutôt il titube vers l’autre type, le regard vitreux mais déterminé. A quoi ? Il sait pas encore.

Non mais quel connard... de toute les personnes il fallait que ce soit lui qui se fasse emmerder ? Sérieusement ? D'habitude Ash aimait se déplacer alors que la nuit prenait place car il n'y avait personne pour le faire chier, putain de chat invisible aux yeux de tous. Mais il était vrai que c'était aussi le meilleur moyen d'attirer tous les regards car quand il n'y avait pas une cinquantaine de personne autours... on tombait rapidement dans ce genre de situation. Enfin bref, ce mec là... il le faisait franchement chier ! Pourtant Ash n'avait rien demandé à personne, pour une fois tout ce qu'il voulait c'était vraiment rentrer chez lui. Mais bon, provoqué pour provoqué, il allait lui faire regretter de s'en être prit à lui, lui faire comprendre qu'il n'était pas de ces victimes mais plutôt de ces grenades qui n'attendaient que d'exploser. Et il n'avait pas tardé d'ailleurs, lui balançant tout un tas de piques et autre à la gueule, le bousculant ceci jusqu'à le faire tomber. Il avait beau être grand et tout ce n'était qu'une épave qui puait l'alcool, rien de plus. Et il était prêt à lui casser la gueule si il fallait. Mais pour le coup Ash... il s'était pas vraiment attendu à... ça.

Car ouai il avait rouvert sa bouche ce gars, forcément ! Il avait commencé à parler de nouveau pour se plaindre... du moins au début... car très vite cela se transforma en une avalanche de lamentations qu'il n'avait pas du tout vu venir. Bon il pigeait pas du tout la moitié de ce qu'il baragouinait, ça n'avait aucun sens dans sa tête, mais il était vraiment dans le mal et ça... autant il pouvait persécuter un emmerdeur, autant il se voyait pas en rajouter une couche là. Cela eut donc pour effet de bien faire redescendre la pression pour le coup. « Mais quel pote ? Qu'est-ce tu racontes mec ? On se connaît même pas... » Non il ne le connaissait pas ou du moins... il n'avait pas souvenir de le connaître... peut être un visage parmi tant d'autres ? Et si c'était le cas l'autre c'était qui ? Igg ? Lacey ? Il pensait plutôt que le gars, bourré, avait juste décidé de le prendre comme réceptacle pour ses problèmes sans qu'il n'ait rien à voir. Ash soupira alors longuement, passant ses bras autours de l'autre garçon mais pas pour lui faire un câlin ou autre, non, juste le pousser jusqu'au mur contre lequel il le plaqua, le poussant à glisser le long de celui ci avant de s'installer au sol à côté de lui « Essaye pas de te relever mec, tu tiens pas debout j'ai pas envie de te ramasser dix mille fois... C'est quoi ton soucis au juste ? Et fais gaffe, si tu te montres agressif je me casse et je te laisse croupir dans ta marre d'alcool et bientôt de vomi ! » l'avait-il alors prévenu, prêt à lui donner un peu de son temps. Trop un putain de samaritain ce Ash, il l'avait toujours dit !

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@Ash Hopkins & Mason Warden

Pour Mason c’est simple, tu bois, t’es saoul, tu décuves. Dans la logique des choses, à partir du moment où t’arrêtes de boire, t’es censé commencer à dessaouler, non ? Alors pourquoi il ne se passe rien ? Pourquoi il est toujours aussi perdu, le cerveau embrumé, les mots qu’ont du mal à s’aligner correctement une fois sortis de sa bouche ? Pourquoi la Terre continue de tourner beaucoup trop vite, pourquoi il a l’impression de tanguer, d’être sur un bateau ? Il a arrêté de boire y a un moment, en quittant le garage en fait. Il commence tout juste à réaliser qu’il a picolé sur son lieu de travail et d’un coup, il est heureux d’être torché pour ne faire s’en faire et culpabiliser pour un rien comme d’habitude. Les choses qu’il dit n’ont aucun sens, comme une suite de mots qui ne devraient pas se trouver dans la même phrase. Il s’attend à ce que l’autre gars s’énerve de nouveau lorsqu’il tangue jusqu’à lui, comme un enfant qui apprendrait tout juste à marcher. Mais il ne se passe rien. Il attend le coup de poing qui l’aidera à sortir du brouillard, l’insulte qui le fera réagir, la pique qui le mettra hors de lui mais il se passe rien, tout simplement, rien. Mason recommence à s’énerver quand il a l’impression que l’autre se paye sa tête, mais il lâche dans un souffle. — Alix. Son prénom murmuré, comme s’il rendait les armes. Puis d’une voix plus assurée, il ajoute — Bien-sûr que j’te connais. Peut-être que lui n’a pas fait attention à Mason, mais ce n’est pas son cas. Il sourit presque Mace, devant le ridicule de la situation et sa conscience qui lui demande, pourquoi est-ce que tu l’as repéré à ton avis ?

Et puis le type s’approche de lui, lentement et Mason ne sait pas comment réagir. Bêtement, instinctivement, il recule à mesure que l’autre avance jusqu’à se retrouver aculé contre le mur. — Je… Mais il sait plus ce qu’il voulait dire, impossible de réfléchir dans ces conditions. Et l’alcool qui continue à tambouriner dans son cerveau lui donnant un début de migraine atroce. Comme s’il lui avait donné le signal, Mason se laisse glisser le long du mur et accueille le sol sous ses fesses avec un grand sourire. Ça fait du bien de ne plus tanguer. L’autre s’installe à côté de lui et il lui lance un regard étonné, pensant qu’il allait le laisser là. — Merci, j’crois que j’ai vraiment le mal de mer. C’est l’alcool qui parle évidemment, parce qu’il a jamais pris le bateau, Mason. Ça n’a aucun sens. Et puis la question fatidique qui tombe et Mace qui se contente de hausser les épaules. — J’sais pas, qu’il ment. — J’suis juste Mason, qu’il ajoute, comme si ça suffisait à justifier son état. Et puis finalement, il ajoute, dans un murmure. — Y a ce type qui me rend fou, genre vraiment fou. J’voudrais le cogner mais… Sa phrase reste en suspens. Il passe pour un mec bagarreur qu’a envie de frapper tout le monde quand en réalité, c’est juste un gamin paumé.

Ce mec il était grave tout de même ! De tous les mecs bourrés qu'il pouvait croiser il fallait qu'il tombe sur un qui était totalement perché, un qui allait lui prendre la tête comme jamais et surtout ne pas le lâcher pour quoi en plus ? Sûrement car il le prenait pour un autre qu'il n'avait pas les couilles d'affronter ! Mais merde il avait rien demandé Ash ! Il voulait juste continuer son chemin, être laissé tranquille, bordel il était même de bonne humeur à la base ! Mais là c'était foutu, il était remonté comme jamais et il était même prêt à lui casser la gueule à ce crétin ! Si il était pas capable de tenir l'alcool il avait qu'à pas boire, les bleus qu'il en retirerait serait donc totalement de sa faute. Mais alors qu'il l'avait poussé, qu'il avait commencé à se montrer violent avec lui, toute la pression était retombé quand l'autre avait commencé à montrer un visage plus pathétique, plus perdu et poussant Ash à le prendre en pitié. Alors ouai il avait décidé de s'intéresser un peu plus à ses paroles, à demander de quoi il parlait... avant que ça ne le frappe... Alix ? C'était donc Alix le lien ? Mais c'était qui ce type au juste ? « Alix ? Qu'est-ce qu'il vient foutre dans cette histoire ? Qu'est-ce tu lui veux au juste ? Qu'est-ce tu nous veux ? » avait-il demandé, un peu sur la défensive, pensant que ce mec pouvait en vouloir à son petit camarade même si vu son état il se doutait bien que ça devait cacher autre chose.

Puis finalement il s'était approché, bien résolu à vouloir lui apporter une oreille attentive... foutu empathie de merde ! Il s'était alors installé à côté de lui, posant ses fesses sur le sol, s'adossant au mur. Et le mal de mer ? Vraiment ? Pas étonnant en même temps « Tu pue l'alcool à des kilomètres mecs... tu m'étonnes que t'as le mal de mer. » Du reste il avançait, il avait eut son nom, cool ! Même si ça ne lui disait toujours rien à lui, il ne voyait toujours pas à quel moment ils auraient pu se croiser, surtout avec Alix, il avait toujours été plutôt seul avec ce dernier mais il fallait croire qu'ils n'étaient pas tant passés inaperçu les deux garçons. Est-ce que ça pouvait être une putain de raison homophobe encore ? Mais plus il entendait ce Mason parlait... plus il se rendait compte que c'était peut être tout le contraire en fait « Mec, t'es jaloux en fait ? T'es en train de me dire que tu t'es foutu dans cet état et que tu m'as pris la tête juste car t'es en kiffe sur mon pote et que t'es pas foutu de l'assumer ? » avait-il lâché un brin incrédule, même si pour le coup c'était hypocrite de sa part de lui faire la morale sachant qu'au fond il était pas beaucoup plus capable de s'assumer, incapable de faire le moindre pas vers un mec sans flipper sa race et préférant à la place se dégrader dans des glory hole et autre. Du reste pour lui c'était forcément Alix qu'il kiffait, pourquoi il en serait autrement sérieux ?