Wrong brother (Iggson)

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@Igg Hopkins & Mason Warden

Cette fois-ci c’est décidé, tu vas te le faire ce type ! Le patron a pété les plombs ce matin, le garage dans lequel tu remplaces ton père malade sur Krainz Woods a été tagué cette nuit par un petit merdeux. En temps normal, t’en aurais rien eu à foutre, mais là, t’as du supporter les cris et les réprimandes de ton boss toute la journée parce qu’à chaque fois qu’il posait les yeux sur ces dessins immondes, il remontait dans le rouge. D’après les gars, il finira par redescendre quand les tags auront été effacés mais comme personne ne compte s’y coller, tu t’es proposé. Ça t’a valut quelques regards de travers des collègues et un grand sourire de remerciement de ton boss, rien de plus et t’y as passé ta soirée. T’as frotté comme un forcené à t’en niquer les mains et le dos d’ailleurs. Crois-tu qu’un des gars qui bossent avec toi aurait proposé de t’aider, non. Tu te fais toujours avoir Mace, t’es trop gentil, trop niais. Tu rends service à tout le monde et ça finit toujours par te retomber sur le coin de la tronche. Tu te donnes aux autres, tu te donnes toujours à fond dans tout ce que tu fais et voilà comment on te remercie, en te laissant dans ta merde. Et pourtant, ça n’atteint pas ton optimisme, c’est ça le pire chez toi. Quand tu penses en avoir fait assez, tu chopes des gamins qui ont l’habitude de traîner dans le coin et tu leurs demandes ce qu’ils ont vu. Il en ressort la même description et tu te sens pris d’un élan de courage d’un coup. — Mais quelle demi-portion de merde ! Alors tu jettes ton éponge par terre et tu montes dans ta caisse direction North End.

Tu sais pas trop ce que tu vas lui dire encore mais t’es remonté, t’en as ras-le-cul de le voir traîner autour de tes potes ou de là où tu taffes, t’en as marre d’imaginer sa tête de petit con te faire la misère simplement en existant. En fait, t’es énervé pour rien, t’en as conscience mais c’est pas ton jour aujourd’hui et avoir du rattraper ses conneries t’a bien énervé. Sans compter qu’il passe son temps à tourner autour d’Alix et tu sais pas trop pourquoi mais ça te tape sur les nerfs. Peut-être que c’est physique, peut-être que c’est juste son attitude. Ça te ressemble pas pourtant, t’es pas un mec qui s’énerve facilement, encore moins un mec violent mais ce gamin il te revient pas, t’y peux rien. Maintenant que t’es garé à devant de vieux immeubles de North End, tu vas pas faire demi-tour de toute manière, alors tu descends et te mets à gueuler au milieu des immeubles. — Hopkins, ramènes ton cul ici petit vaurien ! Tu fronces les sourcils en t’entendant parler comme ton grand-père et gueules une nouvelle fois. — Hopkins putain, si tu veux foutre la merde, fous la chez toi ! dis le type qu’est en train d’ameuter tout le quartier sous le coup de la colère. Tu sais que tu devrais te calmer sous risque de te faire bien amocher mais t’as un trop plein aujourd’hui.

Aussi surprenant soit-il, tu n’étais pas si mauvais quand il s’agissait de magouiller et de sauver ta peau des pires emmerdes. Et en ce moment justement, ta pire emmerde, c’était ton bailleur. Ce type était complètement dingue ! Il hurlait comme un dingue et te coursait sans respect dans les escaliers alors que tu n’avais que deux mois de retard. Bientôt trois, bon OK. Mais après ? Tu n’avais pas tué sa mère pour autant ! De toute évidence, pour lui, ne pas payer revenait à la même sentence et tu n’avais absolument pas envie de savoir quelle elle serait. Alors tant pis, tu n’es pas rentré chez toi depuis deux jours et si tu as envisagé un instant de squatter chez Riggs ou Dam, tu es finalement retourné sur le chantier d’Ash. Parce qu’Ash au moins n’a jamais envie de te faire déguerpir et qu’en plus, il ramène souvent les restes de bouffe. Tu n’avais aucun scrupule à en profiter aussi un peu. Après tout, vous partagiez déjà le même ADN, pourquoi pas aussi ses ressources ? Toi tu trouvais ça plutôt juste, en fait.
Tu n’as pas eu trop de mal à retrouver l’immeuble en question, tu y étais déjà venu l’une ou l’autre fois en compagnie de ton frère et c’est après quelques étages montés que tu te retrouvais nez à nez avec une fresque urbaine tout juste entamée. Quelques bombes de peintures vides traînent par-terre et un peu plus loin, des emballages en papier graisseux roulés en boule et abandonnés là. L’écologie et la propreté de la planète ne vous concernent pas.
Ash n’est pas là. Génial. Tu te laisses glisser contre le mur et tranquillement, tu fouilles tes poches. Tu as changé de vestes vu qu’il fait meilleur maintenant, mais peut-être qu’il y a un petit reste ? Tu es plutôt optimiste comme garçon alors tu cherches du bout des doigts et tu ne te soucis même pas de ce qui t’entoure. Déjà qu’en tant normal ça t’es égal, mais quand en plus tu caresses l’espoir d’avaler un ou deux cachets, laisse tomber ! Dans les couloirs de béton, on hurle ton nom et tu finis par lever le nez, surpris. Bah merde, tu ne pensais pas avoir été suivi pourtant, ni vu. Et ce n’est définitivement pas la voix de ton bailleur. Le type continue à gueuler alors tu finis par te lever les yeux au ciel et te redresser. Allez, qu’on en finisse avant que tu sois vraiment en manque.
— Arrête de beugler bordel, si tu veux quelque chose tu montes au septième !
Alors, niveau instinct de survie, on repassera. Tu enfonces un peu davantage ton bonnet sur ton crâne.

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@Igg Hopkins & Mason Warden

T’as beau avoir toujours vécu à Détroit, t’es assez intelligent pour éviter certains quartiers, North End en fait partie. Et en plus d’éviter certaines zones, tu sais exactement quels coins sont les moins biens réputés, mais aujourd’hui, tu t’es inconsciemment jeté dans la gueule du loup, t’éloignant des sentiers battus, de ta zone de confort. Tu te retrouves dans le « quartier black » comme certains l’appellent, mais pour l’instant t’as croisé personne. Coup de chance ou mauvais présage, t’en sais rien mais ça t’empêche pas de gueuler comme un demeuré dans la rue. C’est fou comme sous le coup de la colère, on peut vraiment faire n’importe quoi. Tu t’attendais pas à ce qu’on te réponde directement, tu pensais trouver des gens qui –comme les gamins de tout à l’heure– pourraient plus ou moins t’indiquer la direction sans être vraiment précis. Mais ça te suffit toi, une direction, tu feras le reste. Pourtant, t’entends qu’on te répond. Tu tournes la tête à droite et à gauche avant de comprendre ce qu’on te dit et de lever la tête. Tu vois pas trop qui t’a répondu, de loin comme ça, tu sais pas s’il s’agit vraiment du merdeux que tu cherches alors tu hausses les épaules et tu rentres dans l’immeuble. A un moment, entre le quatrième et le cinquième étage, y’a ton instinct de survie qui se réveille. Et si c’était un piège ? On sait pas qui on va trouver là-haut, peut-être un psychopathe, ou un mec armé. Tu t’arrêtes un moment et tu réfléchis, t’as déjà monté quatre étages parce que le putain d’ascenseur est en panne, tu vas pas faire demi-tour maintenant. T’as pensé ça tout à l’heure en descendant de voiture, et si tu l’avais fait, on aurait peut-être une chance de pas mourir ici ce soir. Tu sais pas ce qui t’arrives, tu sais pas pourquoi tu te montres aussi inconscient depuis quelques temps mais tu gravis les derniers étages en courant avant de changer d’avis. — Hey, y’a quelqu’un ? Hopkins, t’es là ? T’es trop essoufflé pour être en colère mais tu sais que ça reviendra dès que t’auras vu sa tronche. Dans ta tête t’échafaudes des plans et tu repenses à toutes ces fois où cet enfoiré de Malcolm t’a foutu sur la tronche, ça t’aura au moins appris une chose : parer les coups. Tu fais le tour de l’étage en travaux jusqu’à tomber sur une fresque murale et un type, un bonnet sur la tête. T’arrives pas trop à discerner ses traits cachés sous son bonnet de laine mais c’est pas le gamin que tu cherches, même s’ils doivent faire à peu près la même taille et avoir dans les mêmes âges.— Salut, je cherche le petit con qui fait ces tags-là, tu saurais pas où je peux le trouver par hasard ? Est-ce que ce merdeux va me faire faire le tour de tout le quartier avant que je le choppe ?

Tu voudrais juste avoir un peu de temps pour toi, pour te poser et planer tranquille sans qu’on vienne te casser les burnes toutes les deux minutes. Evidemment, pour avoir la paix, ce serait mieux de ne pas venir sur le chantier actuel d’Ash, mais aux dernières nouvelles, ton frère voulait que vous passiez plus de temps ensemble alors t’étais qui toi, pour aller contre sa volonté ? Enfin, sur le coup tu pensais que c’était une bonne idée, tu ne pensais pas qu’un type viendrait chercher les poux à ton frère.
Le truc c’est que tu ne connaissais plus grand chose à sa vie. Tu savais certes où il bossait, quels étaient ses passions et lubies, mais ça s’arrêtait là. Il était loin désormais le temps où vous vous connaissez sur le bout des doigts. Comme celui où vous vous ressembliez comme deux gouttes d’eau en fait. On vous a séparé, mais c’est toi qui a terminé le travail. Le pauvre Ash n’avait rien demandé lui. Tu avais pris la décision tout seul, pour vous deux.
Mais si Ash devait avoir des emmerdes, tu aimais mieux ne pas le laisser dans la merde. Non pas que tu risquais de lui être utile ou de le défendre, mais si ce type devait régler ses comptes avec ton jumeau, tu pouvais bien essayer d’arranger ça. Genre vite fait bien fait, pour pouvoir enfin t’envoyer dans les airs. Tout seul, en tête à tête avec tes délires.
Voilà pourquoi tu fis monter le type directement jusqu’à toi. Tu ne voulais pas perdre ton temps, ni faire perdre son temps à ce type. Tu ne le connaissais pas, mais tu n’étais pas un mec relou, t’étais pratique au final, non ? Une chose de certaine, ce mec n’était pas venu par hasard. Tu roules des yeux. « Bon tu te ramènes ou tu veux que je t’envoie l’ascenseur ? » recries-tu, pas motivé à passer ta journée à l’attendre.
Tu retournes à ta place initiale et quand enfin il apparait, tu ouvres les bras en le dévisageant. Tu ne savais pas trop à quoi t’attendre, mais le type n’a pas vraiment l’air d’un fauve, plutôt d’un gentil petit chat feulant plus fort qu’il ne mord. Quand il reprend, tu arques les sourcils. « Traite le encore de con et je dessine la suite avec ta cervelle, trou du cul » on pourrait y croire, mais tu ne fais même pas l’effort d’avoir vraiment l’air convainquant. Tu n’es pas vraiment habitué à être cru, respecté ou craint. C’est juste sur le principe quoi. D’ailleurs tu reprends tout seul. « D’ailleurs quoiqu’il ait fait, si t’as été assez naze pour te faire avoir, ne t’en prend qu’à toi, mon pote. »

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@Igg Hopkins & Mason Warden

Sept étages à pied et t’es obligé de faire le tour du proprio pour le retrouver. T’entends sa remarque sur l’ascenseur et t’as envie de lui dire d’aller se faire foutre avec ces remarques à la con mais tu dis rien, trop perturbé par la fresque qui te fait face. T’es content, t’as tapé dans le mile, t’es au bon endroit. T’es soulagé de pas t’être tapé toutes ces marches pour rien, sauf si la personne que tu cherches n’est pas là. T’exposes la raison de ta présence, t’es pas rassuré des masses par ce type un peu bizarre et plein de tatouages mais tu fais aucun commentaire. Il te menace, mais t’entends dans sa voix qu’il est las, qu’il ne te plantera sûrement pas si t’oses le contredire. Mais tu t’y risques pas quand même, les psychopathes ne sont-ils pas dénués d’émotions ? Tu t’apprêtes tout de même à répondre quelque chose d’un peu moins sec mais il te coupe dans ton élan et tu laisses tomber la délicatesse. — C’est lui le naze, j’viens de passer la soirée à nettoyer la merde qu’il a dessiné sur la devanture du garage où j’bosse alors j’suis venu pour lui dire d’arrêter ces conneries ou de faire ces délires de picasso ailleurs s’il veut pas finir avec ses p’tites bombes de peinture au fond de la gorge. T’as lâché ça d’une traite, t’as même pas repris ton souffle et t’es encore sous le coup des étages que t’as dans les pattes. Et puis t’ajoutes. — J’ai pas que ça à foutre de ramasser ces merdes comme ça. Tu t’en veux de t’être proposé pour soulager ton patron de cette tâche, encore une fois t’as été trop gentil, trop con. Mais frotter pendant des heures sous la chaleur du soleil descendant, ça t’a permis de réfléchir, de ronger ton frein, de ruminer encore et encore et de finir la tâche complètement énervé. Et bien que ça te ressemble pas vraiment de chercher la merde comme ça, t’as répondu à une sorte d’instinct. T’as envie d’en finir avec ça, comme si régler cette histoire pouvait t’aider à te sentir mieux, à mettre un peu d’ordre dans ta vie. — Bon alors, tu sais où j’peux l’trouver ou pas ? Devant son hésitation, tu réponds. — J’veux juste discuter. C’est vrai que de premier abord, t’as l’air un peu furax, mais en réalité, t’es pas violent Mason, t’as pas un brin de méchanceté et ça te joue trop souvent des tours. Pourtant, c’est pas ce soir que t’as prévu de te révolter. Tu t’avances vers les fenêtres et observe la rue en contrebas, ce type doit sûrement être son pote pour se trouver dans son petit « repère ». En tout cas, il a pas l’air net, que tu penses en lui lançant un regard de biais, il a l’air presque… ailleurs, et on sait tous ce que ça signifie à Détroit.

Tu n’as aucune considération pour le pauvre mec qui vient de se taper les sept étages. Toi aussi tu les avais montés, mais lui ? Il les avait gravies pour les mauvaises raisons: s’il était venu, c’était pour s’en prendre à ton frère et tu n’étais pas certain d’être d’accord avec cette idée. Alors qu’on se le dise, tu n’étais pas en mesure de défendre les miches d’Ash et si tu parvenais à te sauver toi-même, tu t’estimais déjà très content. Tu ne pouvais pas gérer les merdes de toute ta fratrie.
Le type qui parvint du haut des marches n’avait pourtant pas l’air bien dangereux. Beaucoup plus grand que toi, mais pas plus épais. Probablement pas plus dangereux que toi non plus. Mais tu savais te méfier de tout le monde. Enfin, tu te méfiais, mais ça ne changeait rien à ton attitude. Tu vivais sans jamais dévier de ta route, acceptant les tuiles qui te tombaient dessus sans ciller, sans chercher à t’en détourner non plus. Dans ta confiance paisible, tu lui fis tout de même savoir que c’était un peu de sa faute, s’il s’était fait rouler par un Hopkins. Vous n’étiez pourtant pas les plus malins alors si ce que tu disais était vrai, alors il était encore plus bête que vous et pour ça, vous n’y pouviez rien. Tu te mets à ricaner alors qu’il t’expliquait la raison de sa colère. Tu te retourne vers lui en ouvrant les bras. « Mais ! Pourquoi t’as fait ça ? Ecoute mec, nous on y peut rien si tu fait tout ce qu’on te demande ! » Tu ris de plus belle, quel baltringue sérieusement ! « Du coup si je te dis de me filer ta thune, tu le fais aussi ? Non parce que c’est un peu la dèche donc… » tu te fous de sa gueule, littéralement. Mais dans le doute, pourquoi pas ?
Le type semblait pourtant salement énervé, mais tu ne te souciais pas de si peu. Tu tirais plutôt une clope de ta poche à défaut d’autre chose. « Si tu veux discuter, tu peux me le dire à moi, je transmettrais à mon frère. A moins que ce soit aussi chiant que ta petite histoire ! » Dis-tu en souriant en coin, amusé de le faire tourner en bourrique. « En vrai j’suis sérieux, t’as pas un peu de thune ? Ou un truc à te mettre sous la dent ? » Tu ne parlais pas de graille. « Aide moi à trouver un truc et je t’aiderai à trouver Ash, peut-être. C’est un deal correct, non ? »

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@Igg Hopkins & Mason Warden

Ça t’énerve de l’entendre rire comme ça alors que tu viens de passer une journée de merde à entendre ton boss pester à chaque fois qu’il passait devant ces affreux graffitis, une soirée pourrie à nettoyer un putain pan de mur comme un putain d’esclave qui dit « amen » à tout et une montée vers l’enfer pour te retrouver dans le repère de l’enfoiré qui t’a torturé toute la journée sans le savoir. Et lui, il rigole. Il te rit au nez et franchement, ça te met sur les nerfs mais tu inspires un moment et tentes de garder ton calme, c’est pas en le frappant que les choses se règleront et pourtant, tu dois avouer que ça te démange un peu. — J’ai fait ça pour rendre service, tu grognes. Et puis pourquoi j’me justifie devant lui, d’abord ? Et il se remet à rire, te poussant un peu plus dans tes retranchements, parce qu’au point où t’en es, de la patience, t’en as plus des masses. — Va t’faire foutre. C’est pas dit méchamment, il a même pas haussé le ton en fait. C’est plus une abdication, une triste prise de conscience alors qu’il croise les bras sur son torse et fait la moue comme un enfant. — Et nan, t’auras pas ma thune, j’suis pas si con. A moins que tu sois armé ou accompagné de types armés, là j’pourrais éventuellement revoir mon jugement. Cette simple pensée suffit à te filer des frissons et tu repenses à cette fois où Anjel a sauvé tes miches. D’un coup, il a l’air vachement plus menaçant ce type assis dans son coin sans bouger. — Ton frère ? Tu le fixes un moment, t’arrives pas trop à trouver la ressemblance. Faut dire que tu t’es pas approché pour bien l’observer, préférant garder tes distances. — Evidemment, que tu soupires en te disant qu’il y en a un qui doit bien se marrer là-haut. Tu croises de nouveau les bras sur ton torse et le toise quand il recommence à se foutre de ta gueule, tu tireras rien de ce type, pas la peine d’insister. Alors tu commences à faire demi-tour quand il te propose un deal que t’es peut-être prêt à accepter, juste parce que t’as envie de régler cette histoire au plus vite. — Ok, j’t’aide à trouver un truc à bouffer et tu me dis où se planque ton frère. Tu sais pas trop si c’est sûr de sortir avec ce type, mais t’as pas trop le choix, tu connais à peine ce « Ash » et en plus de ça, t’as aucune idée d’où chercher. Alors tu t’adosses au mur et croises les bras et les jambes en attendant que monsieur J’me-fous-de-ta-gueule daigne se lever.

Il se fâche le mec, mais ça ne changera rien à son problème: tu restais et demeurais le mauvais Hopkins. Ce n’était pas ton problème s’il avait monté les sept étages pour tomber sur toi, dans le fond il n’était pas si mal en réalité: il avait au moins la bonne adresse. Il n’aurait qu’a retenter sa chance une autre fois s’il tenait absolument à parler à Ash. Juste lui parler. C’est ce qu’il avait dit et bizarrement, tu le croyais assez bien. Il avait beau l’air furieux, il ne semblait pas violent. Juste soulé et bien décidé à s’expliquer avec ton frère. OK, c’était compréhensible, c’était même plutôt logique s’il avait passé sa journée à nettoyer ses merdes. Ça n’enlève rien à ton sourire amusé. « Eh ben j’espère que t’as appris une leçon: ça sert à rien » se bouger pour rendre service, c’était la dernière connerie à faire. Le type en avait probablement assez chié pour le savoir maintenant. C’était cruel, mais c’était avec ce genre de conneries qu’on apprenait à affronter la vie. Toi par exemple, tu ne te bougeais plus pour les autres, parce que tu avais assez à gérer avec ta propre vie.
Ma pauvre gars finit par t’envoyer chier et tu l’entends déjà au son de sa voix qu’il a baissé les armes. Il n’y met plus tout son coeur, ni toute sa rage. Il abdique sans s’être battu et ça te convient très bien comme ça. C’est le moment de tenter ta chance, tu n’y crois pas, mais tu essaies quand même. « Dommage, ça m’aurait arrangé » tu dis en haussant des épaules. Tu n’es pas rancunier, et tu ne vas pas non plus le menacer. Limite, tu étais même poli.
Puis baissant finalement toi aussi les armes, tu fais une petite moue en avouant ton lien avec Ash. Frères. Jumeaux. A son air incrédule, tu souris doucement. Il te fixe sans même se gêner et tu finis par poser tes doigts sur ta pommette tatouée. « En dessous on est pareils. Presque. » Oui, s’il s’asseyait en tailleur devant toi, tu pourrais même lui raconter le pourquoi du comment.
Déçu et définitivement convaincu que tu ne servirais à rien, il allait s’en aller et te laisser tranquille quand une nouvelle idée germa dans ton esprit. Et contre-toute attente, il accepte. Il n’avait certes pas tout à faire compris ce à quoi tu pensais mais ça, tu ne pouvais pas lui en vouloir. « Ouais ouais, un truc à bouffer lol » singes-tu en te redressant. Tu fourres les mains dans les poches et t’approches tranquillement. Il fait environ trois fois ta taille, mais tu n’es pas impressionné, t’as bien vu que ses bras c’était des baguettes en pâte à modelée, tu ne craignais pas grand chose. « Sérieusement, t’a pas vingt dollars ? Je te les rends ? » promis, t’étais sincère maintenant. Et tu le dépasses en croisant son regard avant de lui adresser un mouvement de tête. « On y va ? D’ailleurs, tant qu’à faire, je suis Igg. Comme ça tu sauras pour les prochaines fois » Parce qu’il y en aurait d’autres ? Ah oui, pour lui rendre les hypothétiques vingts balles que tu tentais encore de lui soutirer.