Two boys one bed (Jash)

Ça va bientôt faire vingt minutes que t’attends comme un con à te peler le cul dehors. Plus le temps passe et plus ta patience s’effrite, à tel point que tu ne donnes pas cher de sa peau quand il se pointera. Les poings serrés au fond de tes poches, tes pieds qui donnent de petits coups dans le mur devant toi, t’es à la limite de péter les plombs quand enfin il se pointe comme une fleur. Tu l’as mauvaise Monroe, déjà parce qu’on te fait pas attendre, jamais, et ensuite parce qu’il a une tête qui te revient pas. Yeux cernés de noirs, veines explosées dans le regard, mains qui tremblent et teint pâle, le stéréotype même d’un camé. Tu lui dis pas bonjour, t’attaques directement parce qu’il a réussi à te foutre de mauvaise humeur ce con. « La prochaine fois que tu te pointes en retard, j’me barre. » Tu peux pas être plus clair, et encore t’es gentil, t’as failli lui dire que c’était le dernier truc qu’il ferait. Faut croire qu’il a sa bonne étoile avec lui aujourd’hui. Il hoche énergiquement la tête, il est à deux doigts de se faire dessus quand vous faîtes votre petit échange. Y a rien que tu détestes plus que ces putains de drogués, tu trouves ça pathétique d’être à ce point dépendant. Le manque les rend vraiment méprisable mais c’est ton gagne-pain alors tu fermes ta gueule et tu fais ce qu’on te dit. Tu continues à leur vendre de la merde en espérant qu’ils finiront par prendre la décision d’arrêter avant de finir au fond d’un ravin, une aiguille dans le bras. Mais qu’est-ce que ça peut te foutre de toute manière ? Tu le regardes repartir en titubant et tourner à l’angle de la rue avec une expression dégoûtée dans le regard, tu ne lui donnes pas longtemps à celui-là. Comme t’es crevé et que t’as la flemme de rentrer jusqu’à chez toi, tu décides de dormir sur place, dans un squat un peu plus loin. C’est pas trop crade, franchement tu t’attendais à pire. D’ailleurs, t’as connu pire quand t’étais qu’un gamin paumé qui errait dans les rues. Tu finis par te dégoter une chambre calme au fond d’un couloir et vas t’affaler sur le matelas dans le fond de la pièce. Tu commençais à t’endormir pénard quand on est venu te déranger, une grande blonde avec aussi peu de tissus sur le cul que de dents dans la bouche. « Casses-toi, j’suis pas intéressé » que tu lui dis sans prendre la peine d’être sympa. T’entends la porte se refermer derrière elle et se rouvrir quelques minutes plus tard. Tu prends même pas la peine de relever la tête quand tu grognes « t’es sourde ou quoi ? J’t’ai dis que j’étais pas intéressé. »

Encore une journée de travail de terminée ! On ne pouvait pas franchement dire que c'était palpitant... c'était même horrible. La gueule tout le temps au dessus des friteuses, les clients souvent désagréable, le travail ingrat pour une paye pas mirobolante... mais c'était toujours une paye ! Une qui venait s'ajouter à ses économies de plus en plus grandissantes car oui, Ash il économisait sur le logement, retrouvant chaque soir un de ses squats qui avait au final tout le confort de certains logements qui lui aurait normalement coûté un rein par mois. Et d'ailleurs là il ne pensait qu'à une seule chose, c'était de rentrer, retrouver sa chambre et s'écrouler sur son lit pour dormir des heures et des heures... car oui ce soir par de virée nocturne ! Il rentrait direct après avoir mangé son repas sur le retour, ayant choisit d'aller de ce squat plutôt peuplé, ce qui assurait un peu de dynamisme quand il se réveillait le lendemain, mais où il avait sa chambre depuis le temps.

Seulement... il fallait reconnaître que parfois certains imprévus se faisaient ! En effet, certains ayant cette image des squats assez... rudimentaire... pensant qu'il s'agissait juste de lieux libres où les gens allaient et venaient sans jamais rester, il arrivait régulièrement que des gens passent en imaginant pouvoir s'installer partout. Sauf que ce n'était pas comme ça, plus maintenant, pas partout en tout cas mais bon... ici en tout cas c'était difficile de faire entrer ça dans la tête de tout le monde mais bon, c'était un bien moindre soucis par rapport aux avantages du lieu. Il était donc rentré, avait salué les gens qu'il connaissait avant de directement se diriger vers sa chambre. Mais voilà, en ouvrant la porte il fut accueillit par quelqu'un qui, en effet, lui avait piqué sa chambre, le prenant d'ailleurs très certainement pour quelqu'un d'autre. Il avait donc roulé des yeux avant de dire « Merde ! Et moi qui avait apporté le lubrifiant, c'est con... » le ton insolant avant de poser son sac dans un coin, faisant voler ses chaussures dans un autre comme ci il était chez lui car... c'était le cas « Par contre mec, je sais pas si tu sais comment ça marche ici mais là c'est ma chambre mais genre... vraiment ma chambre. Si t'es juste de passage il y a des canapés et autre dans les zones communes. » Du moins si il restait de la place, en venant jusqu'ici il lui semblait avoir vu vraiment pas mal de monde « Enfin... normalement ! Si il reste de la place. » Mais c'était pas son problème, il voulait dormir dans son lit là.

Putain mais c’est possible d’avoir la paix ? Tu renvoies chier la blonde sans prendre la peine de la regarder, la menace qui plane dans ta voix devrait la dissuader de ramener son cul une troisième fois. Pourtant, c’est pas sa voix nasillarde qui te répond mais celle d’un mec, insolent qui plus est. Tu soupires longuement, depuis quand les putes ont des mecs ? Parce que tu vois vraiment pas qui peut venir te chercher des problèmes ici, tu connais personne et la seule personne que tu as froissé, c’est cette blondasse. Y a bien le mec à qui t’as vendu de l’ecsta tout à l’heure mais tu doutes qu’il prenne le risque de venir t’emmerder sachant qu’il connaît tes changements d’humeur fréquents et tes habitudes à cogner avant de parler. Tu prends même pas la peine de répondre, qu’il aille se faire foutre avec ses vannes de merde, toi t’es là pour dormir, t’en as vraiment besoin et t’as pas envie de bouger ton cul de là. Tu gardes les yeux fermés quand il se remet à parler. — Putain mais vous vous êtes passé le mot pour me faire chier ce soir ou quoi ? que tu grognes pendant qu’il t’explique que c’est sa chambre. Alors tu te relèves sur tes coudes et le regardes en haussant les sourcils. — Désolé, j’ai pas vu ton nom sur la porte. Fermes à clé la prochaine fois. Tu le regardes poser –plutôt jeter– ses affaires comme s’il était chez lui. — Tu m’vois aller dormir dans l’salon au milieu des camés et du bordel ambiant ? Question purement rhétorique vu le ton que tu viens d’employer, montrant clairement qu’il faudrait pas qu’il s’avise de répondre par l’affirmatif. Tu finis par t’assoir en soupirant, les gens sont chiants. Tu demandes pas grand-chose, tu veux juste la paix, un putain de moment de calme, c’est pas si compliqué. — Mais si vraiment les canapés des zones communes te branchent pas, tu peux rester dans ma chambre cette nuit, tant que tu m’fais pas les poches pendant que j’dors. Le ton condescendant que t’emploies mettrait n’importe qui en rogne, à ton tour d’être insolent. De toute manière, qu’est-ce qu’il pourrait te faire, t’es armé et même sans ça, t’aurais le dessus. Inconsciemment, ta main vient trouver l’arme dans la poche de ta veste et tu te sens tout de suite beaucoup plus calme, presque apaisé. C’est bizarre cette drôle de relation que t’entretiens avec ton flingue. Tu relèves les yeux vers lui et finis par sourire. — J’te préviens, j’suis armé et j’ai le sommeil très léger, alors t’avises pas de jouer les têtes brûlées. Au moins il est prévenu, s’il veut se trouver un petit bout de sol dans le coin de la pièce pour pioncer, ça te va, tant qu’il garde ses distances et qu’il essaye pas de te la faire à l’envers.

Non mais c'était pas possible... sous prétexte que c'était un squat les gens se pensaient vraiment tout permis. Bordel mais les squats ça avait évolué, c'était plus juste des trous paumés où les gens venaient s'échouer, beaucoup de ces lieux avaient été transformés en de vrais lieux de vie où les gens avaient une adresse, un appartement, une chambre et bref... c'était pas la fête quoi ! Alors ouai ce squat ouvrait ses portes à tout le monde, laissaient les gens dormir sur les canapés, dans les chambres libres et tout ça... mais là c'était SA chambre, ce n'était pas open door bordel ! Enfin si la porte était ouverte mais uniquement car il avait pas encore pur réparer le verrou... mais c'était sûr qu'après tout ça il le ferait. Enfin bref... il se retrouvait donc avec ce mec dans sa chambre et il sentait que ça n'allait pas être simple mais Ash ne comptait pas dormir sur le canapé ni se taper le chemin vers un autre de ses squats, c'était mort ! Alors ils allaient devoir trouver un compromis. « Je pourrais dire la même chose, hein ? Et quand on est bien élevé on demande. Quand au verrou... disons que j'y travaille... » ouai encore une fois il y avait quelques réparations à faire ici... « Et pourquoi pas ? Moi en tout cas je m'y vois pas donc va falloir trouver une solution. » Oui une autre solution... et en soit elle était évidente ! Mais le fait que l'autre en parle en premier et en parlant de la chambre comme sa chambre fit rouler des yeux Ash tout en lâchant un profond soupir « C'est toujours pas ta chambre non. Et pour ça je devrais juste te foutre dehors. MAIS je suis fatigué putain alors ouai... on peut partager du moment que toi aussi tu reste sage. Et puis te voler quoi sérieux ? De nous deux c'est moi qui ait une chambre. Puis si t'as peur tu as qu'à dormir en calbute ! Perso je dors en sous vêtements j'espère que ça te pose pas de soucis, sinon bah... c'est con ! » Et d'ailleurs il avait commencé à se déshabiller, retirant son haut, commençant à déboutonner son pantalon et se figeant en l'entendant dire qu'il était armé... non mais sérieux putain ? Car non clairement Ash était pas à l'aise avec les armes à feu vu le nombre de fois où il avait été menacé... Mais il refusait de ployer devant ce mec. Il avait donc soupiré à nouveau, faisant tomber son pantalon sur ses cheville et l'envoyant voler dans un coin à son tour, restant juste en boxer et chaussettes, avant de dire « C'est bon arrête de faire ton caïd. Je te l'ai dit, la seule chose que je veux là c'est aller me coucher. Ma journée a été longue et j'aimerais bien qu'elle prenne fin. Alors range ton flingue, arrête ton parano un peu et peut être que toi comme moi on arrivera à trouver le sommeil... tu penses que c'est possible ou pas ? » avait-il alors dit en s'étant approché de ce mec, lui lançant un regard déterminé depuis sa petite hauteur et en sous vêtements.