Rien que des camés et des pu...celles. (Drax)

Ce n’était pas une bonne idée. Tu le savais pourtant en sortant ce soir, vêtue d’un short de cuir trop court et d’une chemise peut-être trop transparente. A peine un petit blouson et des talons définitivement trop hauts pour terminer le tableau, celui de celle qui cherche les ennuis à l’ère du MeToo. Les féministes diraient bien que tu pouvais sortir comme ça te chantait, mais les autres penseront sans doute que ce serait bien mérité, le jour où il t’arriverait des bricoles. Et qu’on se le dise, ton comportement était à l’image de ton look !
Tu étais imprudente et terriblement insolente, à rire trop fort dans ce bar et virevolter parmi les hommes présents. Tous plus intéressants les uns que les autres au fil des verres que tu t’enfilais. Parce que oui, des verres t’avaient été offerts par ceux qui s’imaginaient que ce serait aussi simple que ça. Ce serait pas les premiers à gaspiller leur argent dans une cause perdue. Et c’était clairement ce que tu étais pour eux. Tu leur laissais croire qu’ils avaient leur chance, s’ils parvenaient à capter ton attention, mais c’était faux. Aucun n’avait sa chance. Aucun n’arrivait à la hauteur de ceux qui te faisaient vibrer. T’étais comme ça, exigeante et condescendante. Surtout en début de soirée.
Maintenant, c’était une toute autre histoire. Tu avais beaucoup trop bu et chancelante, tu songeais lentement à rentrer à la maison. Mais tu étais encore bien loin d’y être, postée face à la vitre sale des toilettes du bar. Tu n’étais plus aussi fraîche qu’en début de soirée, mais un peu d’eau jetée sur ton visage et ça allait déjà mieux. Aucun risque de faire couler ton maquillage, tu n’en portais même pas ce soir, par flemme. Parce que tu avais aussi suffisamment confiance en toi pour ne pas te cacher derrière les crèmes et cosmétiques.
Croisant ton regard dans la glace, tu soupirais en retirant du bout du pouce une goutte d’eau restée sur ta joue. Ouais, clairement, il était temps de rentrer. Mais la route jusqu’à Delray était encore longue et toi, tu ne savais plus que faire de tes longues jambes. Puis tu n’avais pas beaucoup d’argent sur toi, tu n’en avais jamais beaucoup d’ailleurs, difficile donc d’apeller un taxi et puis pour un uber, autant rêver. On n’était pas à Savannah, il n’y avait pas de touristes à dépouiller dans le coin ! Rien que des camés…
Comme si tu pouvais causer parce que tu n’avais pas fière allure alors que tu remontais les rues bétonnées, vacillant sur tes hauts talons. Tu finis d’ailleurs par t’assoir sur les pavés glacés par la nuit, le temps d’ouvrir les brides de tes chaussures.

'fait trop chaud. il fait trop chaud puis il a pas pris de douche aujourd'hui, drax. cheveux qui commencent à lui coller au visage, le ventilo ventile pas grand chose à part ses mèches grasses qui bougent avec difficulté. pulsion presque borderline, il se lève, puis pense à rien d'autre qu'à ses cheveux. et il se penche devant le miroir de la salle de bain, qu'est même pas munie de douche puisqu'elle est sur le palier. y'a juste des chiottes et un lavabo, puis un meuble en dessous. et y'a la tondeuse, dedans. qu'il empoigne et observe dans ses mains quelques instants avant de la reposer, enlever son tee-shirt, la reprendre. puis l'allumer. et il s'est déjà fait une crête à la con quand il était ado, mais il s'est jamais rasé la tête. sourire béat sur la face, y'a les mèches qui tombent devant ses yeux, des cheveux qui se posent sur sa langue, et des minuscules bouts qui se posent sur ses épaules et son cou. on dirait que chui poilu des épaules, qu'il se dit, tête de con à être ébahi par la situation qu'est pas si folle que ça non plus. puis plus besoin de les laver, comme ça.
il entre dans la douche, se lave quelques secondes pour enlever tous les cheveux qui se sont amassés sur lui, puis ressort, laisse pas le temps à la réflexion de s'immiscer dans son cerveau. il lui laisse jamais le temps, en fait. trouve toujours une distraction, quelque chose pour le faire s'échapper de la fatalité de sa situation.
et il sort, s'essuie grossièrement, se parfume jusqu'à ce que ça pique les yeux, parce qu'il fait chaud, bordel, et qu'y'a pas moyen que les autres s'en rendent compte via les reflux de drax. même si c'pas conscient, il veut pas puer.
et il sort, prend l'air, le peu qu'il en reste. parce qu'il suffoquait à l'intérieur, c'tait plus possible. il passe au tabac, péta deux paquets et les fourres dans chacune des poches de son jogging.  et il trace sa route.
puis il va au bar, pas celui de d'habitude mais un devant lequel il passe des fois. et y'avait une meuf pas mal l'autre jour à l'intérieur qui lui a sourit, du coup il y retourne. elle était tatouée de partout en plus, c'était kiffant.
et sur le chemin, y'a une nana qui s'assoit sur le trottoir, défait ses chaussures. puis ça l'fait sourire parce qu'il faisait ça, les premières fois où il se retrouvait bourré. il rentrait en courant pieds nus. c'tait pas glorieux, mais il s'est jamais demandé si ça l'était. c'était juste marrant, du point de vue d'un gosse de treize ans.
retour sur la nana, il la regarde un peu, arrive à peu près à sa hauteur, sourit en coin, genre de sourire de con qu'on aimerait lui arracher mais qu'on aime bien tout compte fait. et il pense à une blague, connerie qu'il regrettera pourtant jamais. c'est combien?

La tête te tourne salement. A moins que ça ne soit le sol qui se soit mis à tournoyer sous tes pieds, rendant chacun de tes pas plus incertains. Tu chancèles, la faute à tes jambes trop longues, pas aux alcools bus trop vite. Non non, tu ne remettais jamais en cause tes décisions, c’était toujours la faute à quelqu’un ou quelque chose d’autre ! Tes chaussures par exemples. Tes talons sont beaucoup trop hauts, tu glisses dedans et par trois fois tu manques de te casser la cheville. Assez de raisons pour te décider à te laisser tomber sur le bord du trottoir et essayer d’en ouvrir la lanière. C’est compliqué parce que tu vois double et tes doigts ont pris leur indépendance, refusant de faire la manoeuvre pourtant simple que tu leurs demandais.
Tu prends une pause entre deux chaussures, le temps de te coincer une cigarette entre tes lèvres, mais tu oublies de l’allumer, reprenant ta tâche jusqu’à parvenir à ôter la deuxième bride. Tu soupires d’aise quand tes petits pieds prennent l’air. Tant pis si les pavés sont froids, tant pis si d’autres poivrots ont pissé dans le caniveau avant ça, tu ne penses à rien de tout ça. Tu te contentes de rassembler tes affaires histoire de ne pas les oublier et quand tu t’apprêtais à te relever, un type se met à te parler.
Tu ne l’avais pas vu venir à ta hauteur, tu ne t’en étais pas vraiment soucié parce que des allées venues, il y en avait des milliers devant le bar. C’était un soir festif apparemment mais forcément, il fallait qu’on t’aborde toi. Parce que c’est ce que tu dégageais, tu leurs laissais toujours croire qu’il y avait moyen alors qu’il n’en était rien. Ce n’était clairement pas la classe qui te distinguait, particulièrement pas ce soir quand tes cheveux bouclés dégoulinaient de ta coiffure à demi-défaite et encadraient ton visage boudeur.
Sa question te fait finalement lever les yeux sur lui. Il a bien la gueule d’un mec à demander ça, tête rasée, sourire à la con pour une gueule de con. T’arques un sourcil, mais tu ne te fâches pas, tu hausses des épaules d’un air entendu. « Trop chère pour toi, même si tu volais ta pauvre maman » Tu relèves le visage vers lui et tu fais une petite moue désolée. Comme si tu l’étais vraiment. Pas du tout. Tu ne vis ni avec les regrets, ni avec les remords. Tu finis par te redresser de ta haute taille, et grande tu es vraiment. Même sans tes talons. Tu le reconsidères un instant avant de sourire en coin, la lueur joueuse. « T'as vraiment une tête de sale type, tu sais ? Mais j’parie que tu connais les coins le plus dingues de cette foutue ville. »

puis la meuf commence à parler. et le ton de sa voix fait à moitié tourner la tête de drax. une voix qui lui sonne basique, puis c'pas de sa faute,  juste que la voix de la nana lui revient pas. du coup ça se voit sur sa tête, traits qui se crispent, sourcils qui se froncent. il la regarde, et ça fait un peu hautain, mais il y réfléchit même pas. m'en fout 'tain de merde. il l'écoute juste, alors qu'elle commence à lui parler, a relevé la tête vers lui. et elle le pseudo insulte, il l'entend à moitié, l'écoute à moitié aussi sûrement. il s'en fout un peu de ce qu'elle veut lui raconter, en fait. il lui a parlé pour rigoler mais se lasse déjà. comme d'habitude, un peu. mais il écoute, pour voir.
et elle le regarde en rigolant dans sa tête, ça s'voit, peut être qu'elle pense le blesser, heurter ses émotions. mais il sourit, frappe son coeur avec son poing. wouah, je suis tellement blessé, je crois que je vais pleurer. et sourire en coin de gros con qui sait que la seule personne qu'il fait rigoler c'est lui-même. il croise les bras, attend une réponse comme si c'était son dîner. il a faim, pas d'elle mais plus de l'échange qu'ils sont en train d'avoir. pas forcément super intéressé par elle du coup, surtout parce qu'il en a pas grand chose à foutre. c'pas les filles qui manquent dans son lit. pas non plus qu'il en ait tout le temps envie. puis ce serait bien qu'il y ait un truc plus sérieux, un jour. mais c'pas comme si il y pensait non plus. ça lui suffit, les nanas d'un soir. pour l'instant, et depuis toujours, en tous cas.
la meuf avait parlé de sa maman en plus, mais il a pas réfléchi, pas vraiment retenu ça à l'intérieur de leur conversation, peut être simplement parce qu'il a pas envie d'en entendre parler, ou parce qu'il fait semblant, sinon. ou peut être qu'il est devenu sourd, quelques secondes, le temps de ne pas entendre la gaffe que la bolosse assise sur le trottoir venait de faire. il lui aurait craché dessus, sinon. pas pire, parce qu'il frappe pas les nanas. mais il l'aurait bien insultée, ouais. très très bien, même.
et la discussion prend un nouveau tournant, parce que la nana insinue qu'elle pourrait passer la soirée avec lui si il lui donne une assez bonne proposition. il sourit à nouveau, pouffe un peu de; rire, même. rire nerveux, parce qu'il est surpris. je sais, ouais, t'inquiète. il s'trouve que j'ai un miroir chez moi, tu vois. retour du ton hautain. et il va se faire frapper, un de ces jours, à cause de ça. comme si c'était pas déjà arrivé, en fait. et il se rapproche un peu.
d'jà, le premier lieu au top du top, c'mon lit. on peut y faire un tour s'tu veux. il propose au cas où, cherche pas désespérément de réponse positive. c'juste qu'il s'amuse avec elle. la taquine. sinon... on peut aller en teuf s'tu veux. il fait une pause, sort une clope de sa poche et l'allume, puis parle à nouveau sans même la sortir de sa bouche. l'option lit reste dispo après la teuf, of course. sourire en coin, fier. de sa connerie de blague de merde.

Tu ne t’embarrasses pas avec les convenances qui voudraient que tu dises bonsoir, ou que tu te présentes avant d’entamer la discussion. Mais tu as une bonne excuses, deux en fait: de une tu es beaucoup trop alcoolisée pour le remarquer et de deux, il venait quand même de te traiter de pute, plus ou moins directement. Tu étais beaucoup habituée à l’insulte pour t’en offusquer. A vrai dire, elle te coulait dessus comme pouvait couler l’eau sur la roche, sans jamais réellement l’atteindre, ni l’endommager. Toi, tu savais quelle était la vérité, tu n’avais simplement pas envie d’user de ton énergie pour la rétablir. Puis dans le fond, tu t’en foutais bien de ce qu’on pouvait bien penser de toi. Ceux qui te traitaient de pute n’étaient-ils pas ceux qui n’avaient justement rien obtenu ?
Plus condescendante que méchante, tu balayais donc sa question non sans évoquer sa mère. C’était un classique, trop souvent les mecs partaient en vrille dès qu’on l’évoquait. Toi, personnellement, tu t’en foutais bien. Lui aussi visiblement vu son numéro de comique. Tu t’étais redressée et d’un profond soupire d’aise, tu te bénis d’avoir eu l’idée de retirer tes chaussures aussi haute que ton taux d’alcoolémie. Tu chancèles moins, mais le sol bouge toujours. Tu finis par te recentrer sur lui. « J’ai pas de mouchoir » lui annonces-tu d’un ton égal.
Sans vraiment songer un seul instant au fait que ce type, tu ne le connaissais pas, tu quémandais un bon tuyau pour le meilleur coin de Détroit. L’ambiance des raves parties te manquait et à Détroit, tu étais certaine qu’il y avait de pures soirées. Il suffisait simplement de les trouver, pas vrai ? Ou de trouver le type qui pourrait t’y mener. Il suffisait de peu parfois. A sa réponse, tu fis pourtant une grimace, tu avais déjà oublié la manière dont tu t’étais adressée à lui, malheureusement pas au top de ta forme. « Ah d’accord… » tu n’avais pas trouvé mieux, son ton hautin ne te perturbe même pas, tu as juste cette mine un peu renfrognée de celle qui ne comprend rien à sa vie.
Tu ne cilles pas quand il se rapproche. Tu devrais peut-être au lieu de boire ses paroles avec avidité. Tu perds d’ailleurs son sourire à sa proposition. « Non je pensais à un vrai truc cool, mais c’est gentil de proposer quand même » fais-tu remarquer avec de ricaner à imaginer la scène. Genre, comme si ça pouvait marcher cette technique toute petée. « Je préfère la deuxième option puis je peux toujours te faire croire qu’on ira chez toi après, mais tu sais déjà que ça n’arrivera pas, hein ? » Tu ris un peu, parce que t’as trop bu et tu finis par te passer la main sur le visage puis dans les cheveux. « J’ai juste tellement envie de tout envoyer s’faire foutre. On s’met en vrac et après on verra. On y va ? »

drax sourit, croise les bras, la regarde un peu de haut finalement. parce qu'il se prend pour je sais pas quoi, en fait, se prend pour mieux, qu'elle, que toi, que tous. c'est le roi, même s'il est le seul à le penser. peut être que malcolm est d'accord, pas sûr. quoi que, certainement, tout compte fait.
puis elle lui lance une petite pique, un truc pas méchant, un peu nul si on lui demande son avis, mais il esquisse un sourire. parce que bien tenté, mais nan, 'chu pas une tafiole, j'vais pas réagir, bolosse. puis même s'il aurait rien contre l'idée de la ramener dans son lit, parce qu'au final pourquoi pas, ben il la considère pas vraiment, la prend de haut, comme il prend toutes les meufs qui énoncent le moindre intérêt pour lui. il les prend pour des connes, ouais. parce qu'elles sont tombées dans le filet. puis il trouve ça simple, finalement, drax. parce qu'il dit deux trois trucs et elles suent déjà à grosses gouttes, serrent les cuisses et lui lancent des sourires. tellement simple que c'est presque plus amusant. peut être qu'un jour il se servira d'elle juste pour se vider. peut être qu'il le fait déjà.
et elle répond, semble être désintéressée par lui, par ses manières. mais ça le fait sourire, parce que dans sa tête c'est juste le jeu qui commence, puis elle fait la difficile mais après deux gin tonics elle fera que crier son nom, et il s'effondrera ensuite près d'elle, se réveillera avec la gueule de bois sans se souvenir de son prénom et lui demandera de se casser. mais pas pour l'instant. même s'il sait très bien que ça finira comme ça, il dit rien. sourit juste.
puis elle lui balance plusieurs trucs, insinue qu'elle est pas du tout, mais on verra, hein. il finit juste par hocher la tête. ça me va parfait, poulette. il la regarde se laisser accompagner, lance un signe de la tête vers la gauche avant de commencer à marcher. c'par là la teuf, beauté. sans vraiment savoir où il va, juste l'idée du bloc parce que y'aura forcément de la musique, même si parfois c'est juste de la riddim pourrie qui plait à personne. mais si c'est le cas, ça les forcera à rentrer plus vite, donc pas si grave.
il commence à marcher, se tourne vers elle. c'quoi ton nom, déjà?

L’univers tourne autour de toi et c’est un peu triste, parce que tu es obligée de te raccrocher à lui pour ne pas te sentir mal. Alors tu le fixes intensément parce que si tu devais cesser, c’est probablement sur ses godasses que tu verserais tes tripes. Ce n’est pas classes, du tout même. Une chance qu’il soit décidé à ne pas te laisser tomber pour le moment alors tu souris doucement, les chaussures à la main et petit mouvement incertain, tu réajustes ta robe sur ta cuisse. Tu insistes un peu pour qu’il te trouve un endroit pour finir cette foutue nuit, à l’exclusion de sa piaule parce qu’aussi bourrée sois-tu, tu n’as pas encore perdu tes beaux principes. Tu lui laisses malgré tout croire qu’il a encore ses chances. Mais il le sait, que c’est de la flûte, pas vrai ? Pour l’heure, tu ne t’en soucies pas plus que ça et quand il accepte, tu lui offres un joli sourire. Tu lui dois au moins ça, pas vrai ? Pourvu qu’il ne te déçoive pas ! « J’mise tout sur toi ce soir » annonces-tu. Parce que tu n’as aucune envie d’être là, aucune envie d’aimer Détroit et tu doutes sérieusement trouver un endroit aussi cool que Savannah ici. Mais ce soir, tu laisses le bénéfices du doute planer, tu mises tes espoirs de folie sur ce mec qui avait quand même commencé par t’insulter avant même de dire bonjour. Le monde allait mal, et toi ça te sciait plutôt bien.
Sagement tu le suis. Tu ne penses pas à ce qu’il arrive parfois aux autres qui ont suivi un gars. Celles qui ont aidé à monter un meuble dans une camionnette ou monté dans une voiture au bord de la route. Tu ne penses pas à tout ce qui va mal dans la tête des gens. Parce que t’es pas méfiante. Parce qu’il y a cette insolence de te croire plus agile que les autres à éviter les emmerdes. Parce que tu crois avoir le monde à tes pieds et être immortelle. Parce que tu t’en fous, aussi. Alors tu le suis jusqu’au bout de la nuit, le temps d’un soir. « May et toi ? » C’était toujours mieux d’avoir un nom sur quoi t’appuyer. Trottinant à sa suite, tu regardes à peine le décor urbain qui défile, tout ce que tu veux, c’est arriver à la Terre Promise. Ça te manque, les basses et les beats à t’en décoller les ventricules, l’ambiance et la décadence. Tu as hâte de voir de quoi est capable Détroit. « T’as toujours vécu ici ? » questionnes-tu, la bouche un peu pâteuse. T’aimerais bien boire un truc encore. Pourvu qu’il y a ça, là où il t’emmène.

elle tourne un peu autour du pot, le fait légèrement espérer. rien de méchant, puis il s'en rend compte, donc rentre à moitié dans son jeu, peut être juste pour rigoler, peut être qu'il est sérieux. il se demande pas vraiment. puis quand elle dit qu'elle mise tout sur lui ce soir, il sourit. j'y crois pas une seconde. parce qu'il s'est pris assez de vents par des nanas pour savoir que quand on a un vagin c'pas compliqué de trouver un plan qui tient la route. c'pas compliqué d'appeler sa super copine nathalie pour lui demander d'aller faire un tour. tout ça dès que drax la soulera. du coup mouais, fais gaffe, t'vas sûrement être déçue baby. puis vieux surnom à la con qui le fait passer pour un bouffon, mais qu'est ce qu'on s'en fout, c'pas la femme de ma vie de toutes façons. c'pas comme si elle existait celle là, de toutes façons.
mais il lui fait quand même signe de le suivre, et commence à marcher, à peu près à sa hauteur, mais toujours un tout petit peu devant. un peu de temps d'avance, ouais. toujours un train d'avance, en fait, drax. même s'il le sait pas, si tout le monde en doute. y'a un truc qu'est toujours plus rapide. p'tet pour ça qu'il se lasse de tout. puis qui sait, un de ces jours, même vivre sera une activité qui le rendra indifférent. peut être même que c'est déjà le cas, tout compte fait.
puis elle lui dit son nom, il sourit, se tourne vers elle. parce qu'il regardait. un peu dans le vide pendant deux secondes, mais il repose son regard sur elle. avril, qu'il dit avant de pouffer de rire, sourire en coin de petit con. on pourrait le méprendre pour un gosse de cinq ans, à faire des blagues de merde puis rigoler dans sa barbe. champion. puis il soupire un peu, finit de rire et la regarde plus sérieusement, ses traits se détendent. drax.
puis elle fait de la conversation, sûrement qu'elle doit se sentir gênée de suivre comme un chien un mec qu'elle connait pas du tout. c'plutôt marrant, en soi, mais il peut comprendre. du coup ouais. chu né ici. j'ai un peu bougé quand j'ai eu dix-huit ans, mais sinon rien à part les vacances en famille de quand j'étais petit qui puaient la merde. le regard qui finit par tomber dans le vide pendant quelques secondes avant qu'il se reprenne. puis quitte à faire la conversation, autant qu'il renvoie la balle. et toi? même si ça l'intéresse pas plus que ça.
et ils marchent, la brise caresse la peau de drax à travers ses vêtements, il fait super bon, pas trop chaud, un peu frais. un temps à baiser la fenêtre ouverte, ça.
puis il tourne à droite, continue de marcher. pas beaucoup de gens, surtout des troupeaux qui bougent ensemble. peu de personnes seules, à part des mecs bizarres. mais drax a pas peur.

Ta tête te tourne et tu chancèles sur tes pieds, tu n’es pourtant plus si haut chaussée, mais ton taux l’alcoolémie l’est lui en revanche. Peut-être que ce type allait en profiter, peut-être que ce type allait ruiner ta confiance naturelle, peut-être que ce type allait te faire regretter ton insouciance. Beaucoup de peut-être, hein ? C’est cette part de doute qui te poussait irrémédiablement à revenir te fourrer dans ces sales plans. Le pire c’est que ce type n’avait même pas l’air rassurant. C’était probablement ce qui te poussait à le suivre, si on y réfléchissait bien.
En même temps, il te plaisait assez bien ce type, tu aimais bien sa manière de te répondre, il avait au moins le mérite de te surprendre et ça, c’était plutôt cool. « Franchement, j’sais pas, j’suis entourée de tocards alors faire pire, c’est carrément un challenge là » fais-tu en haussant des épaules avec un petit sourire en coin. Tu étais dure avec ton entourage, mais ce que tu ne lui disais pas, c’est que tu les aimais bien, tes tocards. Au fond, t’étais peut-être comme eux.
Alors en bonne tocarde bien alcoolisée, tu trottinais derrière lui et quand tu parvins plus ou moins à sa hauteur, tu lui souris le plus naturellement du monde. Du moins, ça c’était avant qu’il ne se foute de ta gueule avec sa blague toute pourrie. Le pire, c’est qu’il rigole. « Si je te disais le vrai prénom, tu ne saurais même pas le réécrire » tu marquais une pause avant de pouffer. « Tu sais écrire au moins ? Bon tu me diras, on s’en fout de tes notes en dictée ce soir » tu te remis en marche, sautillante comme une petite sauterelle aux jambes trop longues. Drax pouvait bien être illettré que ça te serait complètement égal. Tu ne jugeais pas sur ce genre de détails.
Tu l’écoutais raconter son parcours et tu te demandais un court instant ce à quoi devaient ressembler ses vacances en famille. Tu l’imaginas bien avec un bob sur la tête, à l’arrière d’un break pourri avec ses parents à l’avant pour l’emmener voir les chutes du Niagara ou un truc du genre. « J’suis de Belfast. »
A tes yeux, ce genre d’information suffit. Et tu te remets à trottiner à ses côtés, jusqu’à en avoir marre de marcher. Tu finis par lui attraper le bras. « C’est encore loin ? D’ici là je serais redevenue sobre ! »

la meuf le suit un peu comme un petit chien, puis ça lui déplait pas tant que ça, c'est marrant limite.
puis elle blablate, parle tellement qu'il enregistre pas tout ce qu'elle dit. les gens avec qui il traine d'habitude parlent pas autant, et lui non plus. c'pas une pipelette, drax, et ça le soule bien vite ceux qui peuvent pas s'empêcher de parler. mais il réagit pas, acquiesce presque histoire de réussir peut être à la mettre dans son lit. puis il avait lu quelque part que les meufs aimaient bien qu'on les écoute, donc c'est ce qu'il faisait.
et elle parle sur drax, lui demande s'il sait écrire, mais il réagit pas tant que ça. chepa moi, m-a-y? ou c'est un truc en elfique encore? elle a déjà recommencé à sautiller partout, tellement qu'on dirait une petite qui a hâte d'aller à disney. alors que le bar où ils vont est pas si fou que ça, en soit. c'est juste un bar. pas de quoi en mouiller sa culotte.
puis elle lui dit qu'elle vient de belfast, et il fronce les sourcils, tente de se remémorer le peu de cours de géographie qu'il a suivis, pas passés à rouler des joints sur ses genoux dans le fond de la classe. wah, c'est en angleterre ou un truc du genre nan? il lève les sourcils, tente de comprendre pourquoi elle aurait voulu passer de là-bas à ici. du coup t'es quoi, t'es une touriste? puis ce serait compréhensible, il l'a croisée, elle cherche à faire la fête, c'est un peu une attitude de petite européenne seule qui sait pas que ça craint au max par ici quand t'es une fille qui te balade toute seule. mais elle est pas tombée sur le pire. d'après drax, en tous cas.
elle marche encore comme une gosse, puis lui tire le bras et le pousse légèrement vers l'avant. putain mais souffle, on dirait une gosse, qu'il lui lâche tranquillement, sans chercher à être méchant, juste en étant honnête.
et quelque pas après ils sont devant leur bar, le bout du chemin et de la quête. on est arrivés, princesse. qu'il lui dit, puis tape une révérence avant de pouffer de rire et de rentrer dans le bar en premier, sans vraiment regarder si elle le suit. il s'accoude au bar, fait un signe de tête au barman. il arrive, puis ils papotent quelques instants de leurs vies respectives, évoquent malcolm, la météo, l'appart, le chien, tout ça. puis deux shots de tequila s'teupl. il se tourne vers la demoiselle, chope sa main et la saupoudre de sel, puis lui donne son shot et un quartier de citron vert. il fait la même chose sur la sienne, puis hoche la tête en sa direction. il lèche, boit et aspire le jus du citron d'une traite, et l'agrume lui éveille les sens, le fait sourire. il se tourne et lâche un billet sur le bar, chope deux pintes et pointe un bout de banquette libre dans un coin. on va là-bas?

Certains avaient l’alcool triste, d’autres violent, parce qu’ils avaient besoin d’une excuse pour casser des gueules, parce que ça passait mieux en disant « désolé, j’étais bourré ». Toi non, tu n’es pas une violente de base, même pas une colérique en fait. Tu étais de celles qui surmontaient tout et pardonnaient l’impardonnable pour un sourire, un regard. Un peu d’attention, quoi. Alors toi, t’avais l’alcool joyeux, il te déliait la langue et te donnait envie de danser jusqu’à ne plus toucher le sol. T’es pas une mauvaise fille au fond, juste de celles qui vivent entourées d’ombres, sautillant entre les mines, dégoupillant les grenades et ce, dans la plus grande des inconsciences, ne se rendant même pas comptes qu’elles étaient à ça d’y passer. C’était un peu l’histoire de ta vie et à force, tu finirais pas user ta bonne étoile. Tu la pompais un peu plus chaque jour et il arrivera un temps où elle n’aura plus la force de briller dans la nuit de ta vie. Peut-être ce soir, peut-être demain.
Le garçon sur qui tu étais tombée ce soir n’était pas loin d’être un saint, à rester de marbre face aux provocations lui coulant dessus comme de l’eau sur les pierres. Sa remarque te fait rire et ton regard brille un peu, parce que tu ne t’attendais pas à une telle supposition. « Ben figure toi que t’es pas si loin ! » C’était bien connu, l’Irlande était truffée de bêtes féériques. Avec indulgence, tu hoches du menton, pinçant ton index et ton pouce « T’es à ça d’avoir raison, encore » et c’est autant de chances de réussir à te baiser à la fin de la soirée. Mais ça tu ne dis pas, tu le regardes avec un joli sourire en ricanant dans ta tête. En vrai, tu l’aimes bien. Effronté et limite désintéressé, il te traînait avec lui comme un boulet, un peu comme tous les mecs avec qui tu avais traîné dans ta courte vie. Digne parasite que tu étais, tu étais pire qu’une maladie vénérienne, tu t’accrochais à ceux qui, a mieux s’en foutaient de toi, au pire, tentaient de te foutre en l’air. « Si j’étais une touriste, on aurait déjà fait des selfies ! » argumentes-tu d’un haussement d’épaule, reprenant ta route à ses côtés comme un petit cabot.
Finalement, c’est devant un bar que vous arriviez et tu fais ta petite moue renfrognée. Tout ça pour un bar ? T’aurais aussi bien pu rester à l’autre alors ! Toi tu espérais quelque chose de plus fou. Tu lui dipenses cependant la moindre remarque, parce que tu ne voulais pas le vexer, peut-être que c’était déjà quelque chose de dingue pour lui, un bar. Tu te consoles à l’évocation de la tequila, tu attends qu’il soit prêt pour boire, le sourie aux lèvres, ravie d’avoir un peu de quoi te réchauffer l’estomac. D’un hochement de tête tu approuves et fais un salut au barman avant de le suivre en continuant de suçoter ton quartier de citron vert. « Tu viens souvent ici ? Ton barman, c’était limite s’il te demandait pas comment allait la famille et les gosses »