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 les oiseaux se cachent pour mourir (ltf)

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Seven Popescu
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les oiseaux se cachent pour mourir (ltf) 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : dents en vrac, toutes de travers | tatouages pourris | main gauche balafrée (poignardée) et à la motricité un peu réduite | cicatrice sur l'épaule gauche (poignardée), cuisse droite (balle), bras gauche (balle), côté droit du ventre (balle) | traces de piqûres sur les bras | nez qui saigne trop facilement | mains souvent abîmées | toujours énervé | l'air de ne pas avoir dormi depuis trois siècles
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MessageSujet: les oiseaux se cachent pour mourir (ltf)   les oiseaux se cachent pour mourir (ltf) EmptyLun 24 Juin - 22:20


ltf #1 _ dans la peau d'un autre
lavinia popescu / 2015


Elle l'a senti ce matin. Elle l'a vu dans ses yeux, sa façon de parler et même de marcher.
C'est comme s'il n'était déjà plus là.

Lavinia n'est pas proche de ses enfants. Plus les années passent et plus elle les sent lui échapper – ils s'éloignent et elle s'efface, délavée par le temps, la pluie, l'absence. Mais quoi qu'ils puissent en dire, elle les connaît. Elle le connaît. Seven fait partie des plus difficiles, parce que chaque mot qu'il lui adresse est aussi aiguisé qu'une lame, parce qu'il la foudroie sur place dès qu'il croise son regard. Elle sait qu'il la méprise. Mais elle sait aussi qu'il étouffe un peu plus à chaque jour qui passe. Alors elle n'est pas surprise, quand elle trouve le sac sous son lit. C'est presque attendrissant. Cinq ans qu'il multiplie les fugues et il est toujours pas capable de préparer ses affaires correctement. Des vêtements roulés en boule, froissés et entassés – elle les sort, les plie, les remet là où elle les a trouvés. De l'argent qu'il a récolté elle ne sait où – et elle préfère ne pas savoir. Des briquets et paquets de clopes en pagaille – ça fait plus d'une semaine que les fumeurs de la baraque se plaignent de perdre les leurs, elle comprise. Au milieu de tout ça y a un tas de trucs qui servent à rien, mais y a aussi un couteau pliable, du papier toilette, du savon. Des objets du quotidien, qui la laissent deviner qu'elle a raison.

Comme souvent, Seven veut partir. Mais cette fois, elle a peur qu'il ne revienne pas.

Elle reste un moment assise sur le perron, enchaînant les cigarettes, les doigts qui tremblent autour de son portable. Elle compose son numéro, se ravise, réessaie, raccroche avant de tomber sur la messagerie. Elle écrit une quinzaine de textos différents, n'en termine aucun, dérape en effaçant le dernier. C'est un simple « tu » qui s'est envoyé, auquel il ne répondra sûrement pas.

Elle ne sait pas ce qu'elle veut lui dire ni comment le dire, l'impression que tout sonne faux, la certitude que rien ne pourra le faire changer d'avis. Il s'est préparé, mieux qu'il ne l'a jamais fait. Il ne compte pas rentrer. Et elle a envie de chialer, d'aller le chercher alors qu'elle ne sait même pas où il traîne, de l'enfermer dans la baraque pour être sûre qu'il ne pourra pas disparaître dans la nature. Mais elle ne fait rien de tout ça. Parce qu'au fond d'elle il y a cette voix, cette conviction, cette phrase qui tourne en boucle – il a besoin de s'en aller. Et elle sait que l'en empêcher reviendrait à foutre un fauve en cage. Elle veut pas voir son fils devenir dingue ou se laisser crever. Il a besoin de s'en aller. Et puisqu'elle ne peut pas le retenir, elle veut l'aider.

Dans son sac elle ajoute ce qu'il a oublié : sa brosse à dents, une bouteille d'eau, une petite trousse de pharmacie. Elle passe le reste de la journée à cuisiner des choses qui se conservent dans le temps, mais elle se retrouve avec plus de tupperwares que le sac ne peut en contenir. Elle lutte et elle s'énerve et elle finit par tout envoyer valser, y en a la moitié qui se renverse sur le sol, elle voudrait hurler. Silencieusement, elle ramasse, nettoie, ne sélectionne que deux boîtes à glisser entre les vêtements dans le sac. Il est remis à sa place soigneusement, comme si elle n'y avait jamais touché.

Les heures défilent et finalement, c'est elle qui n'est plus vraiment là. Tout ce qu'elle veut c'est le voir, mais comme souvent il n'est pas là à l'heure du dîner. Quand il rentre enfin, il grimpe directement dans la chambre qu'il partage avec Mihail, sans même lui adresser le moindre regard. Elle n'ose pas aller lui parler.

Alors elle attend. Lucian s'est endormi à ses côtés, mais elle se contente de fixer le plafond, jetant un œil à l'heure régulièrement. Les lumières s'éteignent les unes après les autres, les mômes cèdent tous à Morphée, sauf lui. Elle le sait. Il est trois heures passées quand elle l'entend sortir de sa chambre. Aussi discrète qu'une ombre, elle se lève en silence et entrouvre sa porte pour le voir fermer la sienne, son sac passé en bandoulière. Jusqu'à la dernière seconde, elle avait l'espoir de se tromper – l'espoir stupide qu'il ne parte pas ce soir, qu'elle puisse le voir encore un jour ou peut-être deux. Mais il est noyé dans un sweat trop grand, son visage camouflé par la capuche, ses baskets à la main. Il s'en va, vraiment. Elle l'observe avancer à pas de loup, s'arrêter quand le vieux parquet grince, reprendre, s'appliquer dans les escaliers. Et c'est plus fort qu'elle : lentement, elle se met à le suivre. Elle attend qu'il soit au rez-de-chaussée pour descendre les escaliers à son tour, baissée dans la pénombre, mal planquée derrière la rambarde. Elle le voit faire un détour par la cuisine, en ressortir avec une part de baklava dans laquelle il mord allègrement, foutant des miettes partout. Ça lui arrache un presque sourire, mais la seconde suivante son cœur se serre en le voyant enfiler ses chaussures. Il n'a pas la moindre hésitation quand il se dirige enfin vers la porte. Pas même un regard en arrière. Et ça lui fait tellement mal qu'elle se redresse, comme si elle espérait lâchement qu'il l'aperçoive sans qu'elle ait à intervenir. Mais il reste aveugle. Et elle regrette de ne pas avoir fait un mot pour qu'il sache tout ce qu'elle n'ose pas dire à voix haute, tout ce qu'il a sûrement besoin d'entendre mais qu'elle ne sait pas comment lui expliquer depuis qu'il a rompu toute communication avec elle. Elle voudrait attirer son attention, lui demander de rester ou simplement lui dire au revoir, pouvoir le serrer contre elle sans avoir à affronter une tempête de haine. Mais il referme la porte et elle reste figée, plantée dans les escaliers. Elle suffoque, comme lui, se met à pleurer en silence, comme il se l'interdit.

Elle passe le reste de sa nuit assise dans la cuisine, le cendrier qui se remplit alors qu'elle fixe désespérément son téléphone. L'attente est cruelle. Elle aimerait voir son nom apparaître sur l'écran, qu'il l'engueule d'avoir touché à son sac, qu'il l'insulte même s'il veut, ou qu'il la remercie si les miracles existent. Mais le soleil se lève, et toujours rien. Les jours passent lentement, lancinants, et toujours rien.

Elle a laissé son fils s'en aller, et il n'est jamais rentré.
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