HOLLYWOOD WHORE (( a r e s ))

01_THE SUBLIMINAL MIND-FUCK AMERICA Make America Great Again. Dehors les étrangers, dehors les pédés, dehors les handicapés, dehors tout le monde. Sauf toi. Parce que toi, t'as les cheveux blonds et les yeux bleus. C'est comme ça que t'as été élevé, Ares. Dans la haine. Dans l'intolérance. Dans le refus de la différence. Tes parents vous ont répété, à toi et ta soeur, que de toute façon, vous étiez l'élite, la race supérieure, que rien ne pourrait vous arriver. Et même s'ils vous ont répété que vous valiez mieux que les autres enfants du quartier, c'est pas pour autant qu'ils vous le montraient. Délaissés, maltraités. Fouiller les fentes du canapé pour espérer y trouver des billets. Pas assez de thunes pour bien manger, pas assez de thunes pour être bien éduqués. La misère, la crasse et la poussière. Quotidien dans votre baraque qui tombe en ruines. Le papier-peint décoloré, la fuite d'eau qui n'est jamais réparée, les tuiles du toit qui manquent de s'effondrer. L'odeur de clope accrochée aux meubles, les capsules de bière qui traînent par terre à la place des pièces de Lego. Les cris qui fusent, les insultes crachées au visage, les poings qui cognent. Et pourtant, toujours là, l'un comme l'autre. Parce que de toute façon, où est-ce qu'ils iraient? Jamais rien accompli de leurs vies, c'est pas comme si c'était maintenant que ça allait commencer.

02_TEENAGERS SCARE THE LIVING SHIT OUT OF ME Seul point d'accroche, ta soeur. Plus jeune que toi de quelques années. Challenge accepté, tu la protègeras du monde, tu la protègeras des parents, tu la feras se sentir aimée en espérant qu'elle n'se sente pas étouffée. Peu de libertés laissées, petits copains aux mâchoires déboitées. Très protecteur, trop. Envahisseur. Mais t'as surtout peur. Peur pour une fille comme elle, peur des gars comme toi. Parce que tu l'sais mieux que personne - des gens mal-intentionnés, y'en a des tas ici, et tu veux pas qu'elle s'fasse chopper et entraîner tu n'sais où. Alors tu préfères l'enfermer. Cogner tous ceux qu'elle s'autorise à aimer. Parce que ta frangine, tu veux pas avoir l'occasion d'voir un autre te la piquer. Amour démesuré, amour parfois mal placé. À la vie à la mort, sans jamais hésiter.

03_I THINK SOMETHING'S FUCKING WRONG WITH ME Les parents t'ont appris à détester ton prochain. Les parents t'ont appris qu'il fallait rester dans certaines cases. Ils ont essayé d'inculquer leur idéologie extrémiste dans ton esprit. "Les noirs sont des voyous, faudrait avorter les handicapés, les pédés devraient se suicider." Et si ça a marché au début, t'as grandi. Tu t'es détaché, t'as appris à remettre en cause leurs pensées. Et toi qui étais convaincu des déviances psychologiques des gays, t'as commencé à regarder. Curiosité, fantasme inavoué. Refoulé. T'as cogné du pédé. Comme pour te convaincre qu't'avais toujours la haine bien placée. Mais t'avais toujours le regard qui vrillait, au coin de la rue. Partagé entre tes envies et ce qu'on t'avait toujours répété. Les pédés devraient se suicider. Et un jour, quand t'es rentré dans ta baraque délabrée, t'as choppé une lame de rasoir et t'as tranché.

04_THERE'S VOICES IN MY HEAD BREAKING MY SPIRIT Seize ans qu't'avais, quand ta soeur t'a trouvé sur la moquette aux tâches brûlées de ta chambre sombre. Inconscient, trou noir, au revoir. Bonjour chambre blanche, lumières aveuglantes, ambiance morbide. Les poignets bandés et surtout attachés. Série d'entretiens pour mieux te connaître. Mieux te cerner. Analyser ton esprit. Et le verdict tombé : bipolarité. Parents paumés, "on va l'envoyer chez les tarés, on s'ra mieux après". Cachets à avaler chaque début de matinée. Cachets planqués, collés au palais pour finalement être recrachés. Et cette nana. Perchée. Plans pour s'évader, couloirs dévalés la nuit tombée. Ados rebelles, enfant paumés. Mal-fonctionnement. Duo de chaos. Et puis toi, on t'a offert la porte de sortie. Tu détestais c't'endroit. Elle le rendait un peu plus supportable, mais t'as jamais voulu rester là. Alors quand on t'a dit "tu peux partir", t'es parti. Sans te retourner. Même pas pour la regarder. Même pas une dernière fois. C'était censé te recadrer, te canaliser, te soigner - mais toi, t'as rien écouté. T'as rien touché de ce qu'ils te donnaient. T'as juste appris à faire semblant, à dire ce qu'ils voulaient entendre. À manipuler. Et les voix dans ta tête se sont intensifiées. Parfois elles te contrôlent. Parfois elle dorment. Le truc, c'est qu'tu sais jamais quand elles vont décider d'se réveiller.

05_KISS YOUR KNUCKLES BEFORE THEY TOUCH MY CHEEK Un énième soir à partager les draps d'une inconnue. Ça te libère l'esprit, ça fait taire tout c'vacarme qui se produit là-haut. T'es un gamin perturbé, Ares. Envie de dominance, besoin de contrôle. Le contrôle que t'as du mal à chopper dans ta vie quotidienne, tu l'exerces au lit. T'attaches les chevilles, tu serres les poignets, t'agrippes les cheveux. Elles te le rendent bien en général - le dos griffé, le cou aux marques violacées. Main sur la gorge, tu serres. Toujours un peu plus fort. Et elle a mal, elle te demande d'arrêter. Mais tu n't'arrêtes pas. Tu ne l'écoutes pas. Bien trop obnubilé par ton besoin de te défouler. Alors tu la forces, tu la fais taire. Et le lendemain, elle porte plainte. Infraction criminelle de nature sexuelle au quatrième degré. T'aurais pu écoper du deuxième degré, mais t'y as par chance échappé. T'as passé un an en prison. T'avais été condamné à deux ans, mais ton avocat a plaidé la non-responsabilité criminelle. Soit disant qu'à cause de tes troubles de la personnalité, tu n'réalisais pas ce que tu faisais sur le moment. Conneries, mais t'as joué le jeu devant le jury. Et grâce à tes années de pratique en manipulation, c'est passé. Alors t'as été libéré un an plus tôt que prévu. Retour à la réalité, retour à la vie de quartier.

06_I WANNA BE THE GREATEST, WHERE DO I START? T'en as rencontré, des criminels au passé tumultueux. T'as écouté leurs histoires, t'as bu leurs paroles, impressionné, intimidé. Les noms que tout le monde connaît, les noms qui font trembler. Et toi aussi, t'as commencé à rêver. Rêver de gloire, de célébrité. Toi aussi, t'aimerais les voir tressaillir à l'entente de ton patronyme. Fantasme d'être reconnu un jour, d'être maître du quartier, de la ville. Ville à conquérir, terrain de jeu qui doit t'appartenir. T'es même pas motivé par l'argent, non vraiment, c'est juste la reconnaissance qui t'intéresse. Regardez d'où je viens, regardez où je suis. Égo surdimmensionné et énergie illimitée dans tes phases de manie, tes phases dépressives ralentissent ta progression, elles rendent ton ascension plus compliquée.

07_LET'S PLAY A GAME OF RUSSIAN ROULETTE Heureusement que tu l'as rencontré. Ton leader. Ton maître. Figure paternelle rêvée. Autorité. Charismatique, intéressé. Il t'a pris sous son aile et t'as pas rechigné. "Ton heure arrivera, gamin." qu'il te répétait. Suffisait qu'tu fasses tes preuves. Maître Corbeau sûrement lié à un autre groupe, quoique peut-être qu'il roule en solo. Tu n'cherches pas à savoir, tu te contentes d'obéir à c'qu'il te demande. Menaces? Done. Deal de drogues? Done. Vol? Done. Braquage? Done. Agression? Done. Enlèvement? Done. Torture? Done. T'as encore jamais tué. T'es jamais arrivé jusque là. Tu t'dis que c'est le test ultime. Alors tu te prépares. Tu t'dis qu'une fois qu'on t'aura confié la mission d'éliminer quelqu'un, c'est qu'on te fera totalement confiance et qu'tu seras prêt pour l'ascension. Le truc, c'est qu't'es beaucoup trop influencé pour capter qu'tu t'es fais embobiné. Les deux pieds scellés dans le béton d'une secte. Mais tu t'en fous d'où t'es, tu sais qu'tu serais prêt à tuer pour être acclamé.