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 You have to sell your body to the night ☾☾ ft. Anton Böhm

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MessageSujet: You have to sell your body to the night ☾☾ ft. Anton Böhm   You have to sell your body to the night ☾☾ ft. Anton Böhm EmptyDim 22 Mar - 1:33


You have to sell your body to the night
ft. Anton Böhm


Tombée du ciel, la goutte de pluie brillante traverse les ténèbres vers les lumières chevrotantes de la ruelle déserte. Les rafales froides du nord-est chassent par instant ce crachat incertain de mai vers le fleuve asséché - peut-être pour le remplir de nouveau ? - dans le sens de la longueur et, de largeur, vers le chemin de fer désaffecté. Il reste bien un dernier panneau de circulation sous un lampadaire à l’éclairage chancelant, cependant, les indications sont recouvertes d’une fine couche de mousse qui empêche la lecture. Encore une ville sans nom dont même les propres habitants nient l’existence. Et quand vous rencontrez ces mêmes habitants loin de chez eux et que vous leur demandez d’où ils viennent, ils leur arrivent de prétendre ne pas se souvenir non plus du nom de la ville (pt’être par honte). T’as cette goutte de pluie brillante qui tombe. Elle se ternit de plus en plus avant de prendre une couleur aussi grise que le ciel tandis qu’elle perfore la suie et le poison qui repose au-dessus des rues telle une coupole ornée. Malgré la fermeture des usines les unes après les autres au cours des dernières années. Malgré les poêles que les plus braves n’ont plus les moyens de chauffer. Malgré ce vent terrible et capricieux et cette pluie incessante qui ponctue chaque soirée. Malgré un soleil persistant - qui continue de brûler les dernières miettes habitables de la terre - dont certains affirment qu’il s’est mis à rougir un siècle auparavant, lorsque le réchauffement climatique faisait polémique dans les sujets de conversations les plus corsés. Elle s’enfonce ainsi dans les tréfonds de la civilisation éteinte, là où les constructions sont détruites depuis des lustres déjà et où l’Homme a déserté son foyer pour un ailleurs utopique. J’crois bien même qu’elle réveille quelques vieux cons qui se tiennent devant une flaque, sûrement pas pour contempler leurs vieilles gueules parce que y a rien de beau à reluquer à part les ravages de la drogue dans leurs yeux. Rah c’est pas beau ce que ça fait faire aux gens. Quoique Lee elle est pas toute propre la gamine. Qu’est-ce qui faudrait pas v’nir penser. Elle est pas si différente après tout. Elle est même plus camée qu’eux. C’est là à deux pas, près du grillage rouillé qu’on lui a refilé son premier joint, derrière la station service entre le gasoil et le sans plomb. La gosse avait 12 piges pas plus ni moins. C’est même étonnant qu’elle ait pas commencé plus tôt avec sa pute de mère qui l’enfumait à longueur de journées. A croire qu’elle aimait ça la conne. Pour être honnête, elle s’en rendait pas compte, tellement shootée qu’elle en oubliait l’existence de sa progéniture.

La goutte de pluie tombe dans le faisceau lumineux de l’enseigne électrique du Red Roof Motel. Ca grésille. C’est exactement le lieu des arnaques, drogues, histoires de cul en tout genre qui pullulent les trottoirs. Dans la chambre 108, Lee écrase son stick à la cerise sur ses lèvres. Elle a déjà testé pomme, fraise et chocolat mais c’est celui à la cerise qu’elle préfère, c’est le plus sucré des quatres. Elle a mis l’album de The Police dans le lecteur CD. Ba dum.

Roxanne
You don't have to put on the red light
Those days are over
You don't have to sell your body to the night


La ville a cessé de donner et s’est mise à prendre. D’abord, les puissants ont démantelé l’industrie, puis le chemin de fer, afin que personne ne puisse s’en aller de ce ghetto. Ensuite, ils ont commencé à assommer les habitants avec de la drogue là où jadis nous achetions nos billets de train. Et nous nous saoulons à ce dernier espoir car il n’y a plus que ça d’important. Il n’y a pas d’explication. Il n’y a pas de place pour les rats. Seul le pouvoir est vainqueur et les autres sont trop idiots pour se le convaincre. Leur mort est plus utile que votre existence. Il est temps de laisser place aux grands. Les seigneurs de l’industrie avides de profits appartenaient au moins à un secteur respectable. Contrairement au trois secteurs où l’on peut aujourd’hui survivre. La richesse, la drogue et le pouvoir.

Et t’as les putes qui arpenteront toujours les mêmes motels et t’auras toujours les mêmes gueuches dans cette même putain de flaque à contempler leur laideur qui change pas au fil des ans. Au contraire, ils deviennent tous plus laids les uns que les autres. Lee elle se regarde dans le miroir aussi pété que ses derniers neurones. Quoiqu’elle est pas conne la gosse. Elle pose sa clope dans le cendrier disposé sur le lavabo et s’apprête. Elle s’fait belle pour le prochain qui va rentrer dans la chambre puante. Faut pas s’attendre à un palace non plus avec le traversin tâché de foutre. Y a une odeur dans l’air qui prend au nez, un mélange d’alcool et de tabac froid qui semble stagner comme un nuage putride au rez du sol.

Munie d’un gros pinceau, elle applique soigneusement une couche conséquente de noir sur ses paupières. C’est une collègue au bordel qui lui a donné.

Roxanne
You don't have to wear that dress tonight
Walk the streets for money
You don't care if it's wrong or if it's right


Lee elle a perdu sa virginité dans un motel du même genre. C’était pas bien. ‘Fin elle s’en souvient pas trop. Mais elle se rappelle qu’elle ne l’avait pas imaginé ainsi. Elle pensait que l’amour c’était comme dans Ghost. Que c’était une histoire de poterie avec Patrick Swayze. En fait c’est qu’une histoire de cul. C’est nul.

Elle coiffe sa tignasse en vrac, arrange sa frange pour cacher en partie ses yeux bouffis et reprend sa cigarette. Elle n’a plus conscience du goût maintenant. Il n’y a plus qu’une sensation qui puisse encore la faire réagir à ce stade : le froid. Un froid qui te prend aux couilles quand t’es en manque. Un frisson qui te parcourt l’échine alors que tu commences à te gratter en réclamant ta dose. Lee enfile son soutien-gorge le plus pimpant, un rouge fluo qui en fait dégueuler plus d’un tant ça lui donne un look à la barbie. Lee c’est un peu une poupée, sauf qu’à la différence de ces congénères bourrées de plastique, elle est faite de porcelaine. Qu’on casse mais qu’on ne recolle jamais.

Elle s’improvise trois pas de danse.

Roxanne
You don't have to put on the red light


Cet argent elle en a besoin. Parce qu’elle est pas riche et n’a aucun pouvoir. La seule chose qu’elle croit détenir c’est son corps. Et encore, plus de personnes l’ont possédé qu’elle ne l’a jamais fait en une vie. Elle se trimballe le cul à l’air dans la chambre avant de le couvrir d’une jupe assez courte pour qu’on distingue parfaitement le carré de tissus rouge accordé au haut puis dandine son derrière jusqu’à trouver des talons aiguilles plus haut que sa propre taille. Ca s’pose devant une table pour aligner de la craie. C’est comme ça que tu carbures dans le métier. Ca passe plus vite comme ça et tu sens même plus rien. T’as des gens comme ça qui peuvent pas vivre une vie normale, ils ont été éduqués par la rue et ils essayent juste de pas crever chaque jour. Pourtant ils se tuent eux-mêmes suffisamment pour rester éveillés. Et puis se sera pas la première qui tombe, y en a eu des milliers avant elle.

Finement maquillée, elle néglige pas son apparence, demoiselle élégante jusqu’au bout des ongles qu’elle a laqué d’un vernis rose. ‘Fin demoiselle, c’est pas une bourge distinguée non plus. Elle prend son portable et tape un message.

Chambre 108, je t’attends I love you

Roxy

Amber et Angel étaient déjà pris.

Elle prend sa carte cadeau Primark et trace sa poudre de fée avant de sniffer le tout comme Mia Wallace. Pi’ elle attend le client.




© FRIMELDA

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MessageSujet: Re: You have to sell your body to the night ☾☾ ft. Anton Böhm   You have to sell your body to the night ☾☾ ft. Anton Böhm EmptyLun 30 Mar - 9:36

The irony I face
Is that whenever I try to medicate my aches
It kills the only part of me
That makes me want to stay
And as I lay supine and let the phosphenes fade
After another collapse, I'm left to contemplate if I'm really getting better
Or if I'm just numb to the feeling of falling apart


Les bottes qu’il a acheté dans un surplus militaire il y a un peu trop longtemps et dont le cuir commence à se barrer au niveau du talon d’Achille claquent contre le béton mouillé à chaque pas qu’il peut faire. La rythmique est foireuse, parce qu’il va trop vite, parce qu’il tente d’allonger ses foulées, pressé comme quelqu’un qui a des trucs importants à faire. Ce soir, tout est chaotique, bordélique, il a un peu trop bu et il ne sait plus comment se tenir. Sans réelle élégance, il remonte son jean avant de passer un revers de main sous son nez, tic nerveux qu’il se traîne depuis l’adolescence. Il est agacé, Anton, ça se voit dans sa démarche alors que, capuche rabattue sur la tête, il avance en bousculant ceux qui oseraient se mettre sur son passage. Il a beau être grand, il n’est pas assez imposant pour qu’on s’écarte automatiquement. Un coup d’épaule suffit pourtant à recadrer les badauds et il continue sans s’arrêter, sans s’excuser, ignorant sciemment les connards agacés par son attitude, ceux qui se retourne pour l’insulter, un majeur en l’air pour marquer le coup. Il pourrait s’arrêter. Chercher la merde. Provoquer une bagarre dénuée d’intérêt, s’attirer tous les ennuis du monde. Aussi simple qu’un arrêt net et qu’un volte-face arrogant. Aussi rapide qu’une injure renvoyée à la bonne personne. Ce soir, tout est chaotique, même lui, pourtant il trace sa route sans s’égarer dans les méandres d’une altercation. Ce n’est pas l’envie de cogner qui manque. Non. En vrai, il aurait plus envie d’en prendre une, ça pourrait peut-être lui remettre les idées en place. Manque de bol, son égo ne peut pas accepter un tel masochisme, mieux vaut s’enfoncer sans égard pour le bon sens dans un déni toujours plus profond.

Les entrailles en vracs, les nerfs en pelote, Anton file vers une solution qu’il pense plus digne qu’un sacrifice de sa belle gueule. Son portable vibre, il check l’écran fracassé par une connerie de trop et ne se donne pas la peine de répondre avant de planter le téléphone dans sa poche, entre son porte-feuille et un chapelet de capotes. Il a un peu trop bu, ouais, mais il est à la limite. Sa limite. Entre chien et loup, pas encore foutu, pas encore trop loin pour en revenir. Il vacille sur le fil du rasoir, funambule dont l’équilibre ne tient qu’à son insolence. Pourquoi faut-il qu’il se foute dans des états pareils pour si peu ? Juste un visage croisé dans la foule d’une énième soirée, un fantôme parmi tant d’autres. Ce n’est pas comme si c’était sa seule connerie, après tout. Sauf que ce soir, ça ne passe pas. Rien ne passe, en dehors des minutes qui s’égrainent, indéniablement, alors qu’il file sous les lampadaires.

Il ne sait pas s’il regrette sa caisse, là de suite. Marcher lui fait clairement du bien, mais c’est long, alors il trépigne comme un gosse. Toujours plus vite, direction un motel pourri, histoire d’enfoncer le clou quant au sinistre de la soirée. Avant d’offrir son visage au néon criard et dégueulasse du taudis, cependant, il s’engouffre dans une supérette random, le genre où le mec à la caisse est obligé de se planquer derrière une grille et une plaque de plexiglas, parce que les connards qui zonent ici le soir ne peuvent pas s’empêcher de foutre le bordel. Sous les lumières digne hôpital, il déambule, passe les chips, les test de grossesse ouvre un des frigos pour chopper un truc à boire. Redbull, pour accompagner la flasque de vodka qu’il trimballe, le mélange est presque une madeleine de Proust tant il est familier, souvenirs des premières cuites, les plus catastrophiques, les plus périlleuses. Il achète au passage des clopes, fourre tout ça dans ses poches et sous sa veste, tire un paquet de chewing-gum en quittant la boutique. Pour la forme, il regarde le goût une fois dehors et râle comme un con face à l’emballage coloré. Pastèque, fait chier, pas des plus utiles pour casser l’haleine de cendrier. Tant pis.

Sa course reprend et bientôt il est devant le motel. Il y a des types qui squattent un peu partout, ça discute autour d’une bagnole, une mer de mégots autour des pieds. Il remonte sa capuche, Anton, mais c’est pas qu’il a honte d’être là, juste qu’il a besoin de se foutre des oeillères et éviter les distractions. Il est arrivé jusqu’ici sans provoquer d’esclandre, autant continuer. Il entre dans le taudis sans s’arrêter, passe les portes, presse le pas sur la moquette immonde en évitant de trop penser à la crasse qui s’y loge sans doute. 101, 102, il continue sa procession, pèlerin égaré qui a besoin d’un truc simple, d’un truc clair. Ce n’est pas qu’il va souvent aux putes, Anton. Juste quand il a l’impression de perdre pied, de lâcher prise… C’est des passades, des enchaînements fugaces, une lubie qui lui passe puis revient un peu plus fort, comme les vagues qui reviennent toujours s’écraser contre les rochers. 103, 104, les portes s’enchainent, les sales pensées aussi. Bordel de merde, pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui ? Il refoule toute pulsion, canalise ça sur ce qu’il fait. 105, 106, derrière les prochaines portes il y a une fille qui demande qu’à lui faire oublier ses malheurs, contre quelques billets. Peau diaphane, formes délicates, de quoi recalibrer ses préférences et lui faire passer toute curiosité. Parce qu’il peut pas être autre chose qu’hétéro, Anton. Pas dans ce quartier, pas dans cette famille, pas quand les meufs qui dansent avec des robes un peu trop courtes le foutent à l’étroit dans son froc. Tout ça, c’est juste des conneries, un court-circuit dans son cerveau, un truc qu’il doit endiguer et oublier.

107, 108, il s’arrête net, vient toquer à la porte, le souffle rendu court par ses pérégrinations. Dans ses poches, il y a assez de thune pour tuer une partie de la nuit avec un peu de compagnie. Il tire sa flasque, s’empresse de prendre une gorgée qui le fait grimacer, délaissant la cannette de Redbull qu’il a pourtant acheté. Mauvaise idée, de boire d’avantage, le pire c’est qu’il aime pas ça… Alcool sur les lèvres et dans le souffle, il s’impatiente déjà, toque à nouveau. Elle a dit 108, pas vrai ? Il piétine, trépigne, déjà gonflé d’être livré à lui-même avec sa tête. Il a signé pour qu'on lui change les idées, qu'on lui fasse oublier momentanément sa vie douteuse, pas pour poireauter dans un couloir dégueulasse au fond d'un motel sordide.


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