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 nyctalopes (mikkel nickel)

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MessageSujet: nyctalopes (mikkel nickel)   nyctalopes (mikkel nickel) EmptySam 28 Mar - 16:49

Ce soir, on s’éclate.
C’est ce que Debbie a dit.
Quand elle est venu le chercher, quand elle a vu que Jaaziel n’était pas dans les parages, il ne faut pas célébrer seul, quand elle s’est sapé aux couleurs de la police de Détroit - en noir, donc, tu vois, ça fait funérailles aux porcs, en s’agrafant un faux badge doré à la pointe de son décolleté. C’est divinement de mauvais goût.

On s’éclate parce qu’il faut fêter Pickman. La mort de. Parce qu’Ares connait bien ça, la fête des morts, selon Debbie. Ce n’est pas tout à fait la même chose, et il a tenté de lui expliquer, en vain. Debbie retient les couleurs, les fleurs piqués dans les crânes blanc, le rythme qui fait danser les pieds. Ils se fument un bédo et forent la nuit jusqu’aux trottoirs, cette nuit qu’ils peuvent maintenant arpenter sans mal ; plus de couvre-feu, des limites comme des bornes à dépasser. La brune est déchaînée, toute l’excitation de la joie à venir lui fuit des pores comme du radon et glisse jusque dans les poumons d’Ares. Il se gorge de la noirceur, des cigarettes que Debbie lui partage en parlant très très vite, en s’interrompant brutalement, en reprenant comme on trébuche, hilare. C’est cool, c’est vraiment cool que tu mettes pas ton masque. Faut être fier bébé. T’as changé un peu, non ?

Ares tire une latte, une lueur calme dans l’oeil. Elle fait allusion à Miguel ? Il survole le sujet en se taisant. Elle l’aurait talonné pour qu’il l’enlève, le masque, ça, il le sait. Mais la nuit, tous les chats sont gris. Sur les pavés, ils ne sont que deux ombres semblables à toutes les autres, des faux-fuyants expirant des nuages de fumée et de condensation mêlés dans les derniers froids du printemps. Mexicantown est animée. Et parfois Ares se dit que ça va. Cette vie, ça va. Il est un peu moins bouffé par tout si c’est lui qui avale les infinis nocturnes. Debbie s’est pendue à son bras en bavassant, moulinant l’air devant eux comme pour dessiner ses mots et leur faire les traverser à mesure qu’ils avancent vers l’une de ces salsathèques tremblant sous les basses du Sub. Tout va redevenir comme avant elle assure, yeux rivés sur les escaliers qu'ils descendent pour rejoindre les souterrains, légère et grave à la fois. Comme avant, parce que les Perros reprennent du service, parce que Miguel est revenu, parce que la police est retournée se terrer, parce qu’il ne faudrait surtout pas que les choses avancent trop vite et la laisse, elle, loin derrière, dans cette jeunesse qui s’est fânée avant l’heure.

Ares effleure le coin de sa joue d’un oeil prudent. Son highlight brille sous les néons bleus alors qu’ils entrent dans la place, que l’odeur enfumée des brumisateurs et sucrée des boissons prend à la gorge. Dédales, porte en fer taguée, puis les éclairs de lumières vertes, roses, bleues. Ils sont descendus dans un monde parallèle, une roue frémissante de sons et de feux électriques conçus pour tenir à l’écart le sommeil et la faiblesse du coeur ; ici, on est tenu d'être immortels.

Debbie l’entraîne. Des visages familiers, des verres, de l’effervescence. Ares se relâche. Il boit. Bientôt, il ne sent presque plus les regards couler le long de ses entailles ; il est entier. Et surtout, il est loin de son merdier, des Los Zetas, des tables de poker, il a vingt-cinq ans et la certitude de crever se barre un peu plus loin, jusqu’à l’autre bout de la salsathèque, disons. Il se sent un peu moins épié. Il respire sur le rebord de son verre. Il sourit sur le rebord de son verre.

Debbie lui frappe l’épaule en ricanant comme une crécelle, mi corazoncito !, trinque avec un rictus taquin, est-ce que tu t’amuserais pas par hasard ?, ah putain, c’est un moment anthologique !

« T’as étoffé ton vocabulaire, yo veo.
- Aaah ferme ta gueule. »

Ares souffle un rire par les naseaux pendant que la brune manque faire un triple salto arrière en apercevant un visage connu. Elle gueule un nom,

Mike

la voix prise dans les aiguës, alors que son bras va crocheter celui du nouveau venu avec une vivacité légèrement chambranlante. Elle tangue sur lui en pouffant, tapote son torse et recule le visage, les iris enduit d’un vernis brillant nommé gin tonic. Et ça démarre, Mike, mais ça fait un bail, mais qu’est-ce que tu deviens, mais t’es beau comme un coeur bébé, mais mate-moi ça, mais tiens regarde ça c’est Ares, mais dios mio c’est pas Gina que je vois là-bas !?

Ares lorgne cette présumée bonne connaissance de Debbie avec sa retenue habituelle. Moins méfiant qu’à l'accoutumé, aidé par l’atmosphère enivrante du lieu, mais toujours bien moins emballé que la brune. Elle leur serre simultanément le bras à la hauteur du bicep comme pour les planter dans le sol, là, l’un face à l’autre, une injonction silencieuse à faire connaissance, pendant qu’elle fait mine de se casser vers cette amie qu’elle vient de repérer.

« Je reviens chicos ! »

Puis illuminée d’un énième tressautement de l’esprit, elle vire l’une des poches de son jean moulant pour en sortir deux pastilles lavandes qu’elle fourre dans leur main ; une dans celle de ce Mike, l’autre dans celle d’Ares. Le premier hérite d’une étoile, le deuxième d’un petit poisson.

Parce qu’on s’éclate, ça réitère avec un bonheur dilaté, prêt à s’envoler, et qu’il faudrait savoir prolonger de toutes les manières possibles. Elle disparaît  à la recherche de Gina, laissant Ares avec sa pill de MD entre les doigts, son verre, son pote.

« Comment tu… » il tente, soudain hâché par cette impression d’être transpercé à nouveau, pas assez invisible. Il glisse la pilule dans sa poche et termine son verre d’une traite ; l’alcool picote jusque dans ses balafres, les font se résorber, peut-être. « Comment tu connais Deb’ ? »

Puis, « Tu veux boire un truc ? », question qui n’attend pas réellement de réponse puisqu’il commande déjà des shots au serveur qui arpente le bar en dodelinant de la tête au rythme de la musique.

Son coeur lui galope dans la poitrine, lui martèle les veines et lui salope son calme. Ares ne sait pas faire ça. Il ne sait pas être désinvolte, transformer le poids des choses en une formule légère. Il ne sait pas se cacher suffisamment.
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Mike Braun
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MessageSujet: Re: nyctalopes (mikkel nickel)   nyctalopes (mikkel nickel) EmptyDim 29 Mar - 19:48

Et c'est reparti. Ça devait faire quelques mois déjà que j'étais pas sorti. Je deviens vieux sûrement, ou juste chiant, je sais pas. La question se pose pas de toute façon, ça sert à rien d'y répondre, à quoi ça nous mènerait ? Mais voilà, on m'a appelé, on m'a dit "ce soir tu sors", alors je sors. Où ça ? Ça ils m'ont pas dit, mais de toute façon ça va surement encore se passer au même endroit, les connaissant. Et ça va se passer pareil aussi, je vais encore arriver avec eux, les perdre trois minutes plus tard, et finir ma soirée à errer, croiser des gens que je connais, faire semblant de me souvenir de qui ils sont et finir ma soirée comme ça. Mais bon, c'est toujours une bonne occasion de se bourrer la gueule, de se défoncer et de pas se souvenir demain. Peut-être de chopper aussi, qui sait ? Mais pas d'apriori, tout peut se passer après tout. Bref, je me prépare un minimum, si je veux plaire un peu au moins.

Ils viennent me chercher et on part. Ils mettent la musique à fond dans la rue. Vous demandez c'est qui "Ils" ? Bah, ce sont ces gens qu'on pourrait appeler mes "potes", ceux que je connais depuis que j'suis ici, depuis qu'Emma m'a recueilli. Comment je les connais ? Tous des gens de Delray, des perdus dans la ville de Detroit, comme moi, des gens qu'ont ni famille, ni personne sur qui compter. On s'est rassemblé avec le temps. Je les aime bien, mais j'mentirais si je vous disais que je pourrais pas me passer d'eux. En fait, depuis mon arrivée ici, la seule personne que je considère comme indispensable, c'est sûrement Emma, même si je la vois moins ces derniers temps.

Bref, on avance dans les rues de MexicanTown, dans la nuit pas si sombre de Detroit. On arrive à l'entrée de la soirée, on se glisse a l'intérieur et on quitte le monde des hommes pour rejoindre le monde de la fête et des dieux, ceux qu'on pense être quand on a trois grammes. La fête bat déjà son plein, les gens dansent sur la musique house aux inspirations latinos. Et comme prévu, je perds les autres et me retrouve dans la foule. Mon premier but est donc d'atteindre le bar, auquel je commande mon premier gin to', puis un AMF pour changer un peu. Puis je glisse le long du bar, à la recherche soit d'une connaissance, soit d'une âme seule comme moi, avec qui discuter.

Et voilà que j'entends un cri lointain, caché par le son de la fête et de l'effervescence des corps autour, un cri que je reconnaît bien, un cri caractéristique, surtout quand elle crie mon nom. Un MIKE! qui vient de Debs, sûrement l'une des seules personne que j'ai su apprécier dans ce monde de pute - littéralement - qu'est celui de la vente du plaisir, de la vente du corps. Elle m'agrippe, et m'attire sur elle, son mouvement d'une assurance modérée, qui s'explique sûrement par son taux d'alcoolémie que je remarque assez vite à la vue de ses yeux.

J'esquisse un sourire, puis je lui accorde un petit câlin avant de lui parler rapidement : Comment ça va ? Tu deviens quoi ? Blablabla. On connaît la rengaine par cœur. Elle est avec un autre gars, que je n'avais pas vraiment remarqué auparavant. Il a un visage dur, marqué par des cicatrices dont je ne saurais déceler la provenance. Elle nous laisse tous les deux, sans oublier de nous glisser à tout deux une petite pilule magique, une petite étoile pour ma part, un poisson pour lui. Puis elle se glisse dans la foule et disparaît.

Il essaye d'entamer la discussion, mais on sent son malaise, sûrement causé par ma présence, et mon caractère inconnu aussi. Les gens avec des cicatrices, je connais ça, j'en fait partie, et je sais que chacun sait gérer différemment. Que chacun a besoin de temps pour s'y adapter, mais surtout pour s'adapter au regard des autres. Dans son cas, c'est probablement bien plus compliqué d'ailleurs. Des blessures physiques, des marques, c'est pourtant ça qui nous rends unique.

Il réussit tout de même à me parler, à me demander d'où je connais notre amie commune. "Disons qu'on a fait le même métier à un moment dans notre vie, et qu'on l'a tous les deux quitté. C'est pour ça qu'on s'est un peu perdus de vue." Je lui souris, essaye de lui faire comprendre qu'avec moi, il peut parler, il peut rire, il peut vivre.

"Tu veux boire un truc?", une question presque rhétorique qu'il me pose tout en s'empressant de commander au bar. Je finis quasiment cul-sec mon verre précédant, et voit avec joie arriver une rangée de shots. J'ai envie de dire qu'il sait parler aux hommes, mais il sait sûrement plus parler aux fêtards dans ce cas-là.
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MessageSujet: Re: nyctalopes (mikkel nickel)   nyctalopes (mikkel nickel) EmptyMer 1 Avr - 22:24

Il entend distinctement le bruit. Tous les bruits. Des notes carabinées perçant la bulle dans laquelle il était parvenu à se distancer aux basses tremblant jusque dans les tissus de ses poumons lorsqu’il inspire. Si elle revient nous habiter sans qu’on l’habite à son tour, la musique est une violence. Alors Ares tente de se réfugier dans la voix de Mike, Disons qu'on a fait le même métier à un moment dans notre vie…

Et Mike lui sourit, et Ares ne comprend pas tout de suite, ou alors il ne veut pas comprendre. Il le regarde du coin de l’oeil finir son verre d’une traite, évoluer dans cette atmosphère qui le porte tandis que pour lui, elle le noie. Dix onces s’entassent bientôt devant eux, du Kamikaze au Liquid Cocaine. Le Salvadorien attrape le premier shot de la file, amorce un geste vers Mike comme s’il voulait trinquer, puis se ravise, le visage baissé. Quand il lève le menton, c’est pour avaler cul-sec la vodka qui lui brûle la gorge.

Avec la chaleur de l’alcool, il retourne passablement dans son flottement. La musique baisse d’un ton, les lumières se tamisent. Ses yeux ricochent dans la salle, à la recherche de Debbie. Elle s’est volatilisée.

« Alors t’étais… »

Prostitué, escorte boy ? Gay, ça fait plus distinctement dans son esprit, comme une tâche qui transparaît à la surface d’un tissu immaculée, sans nuance. Ses ambres remontent sur le visage jeune du brun, prudemment. Un trouble indicible, une hostilité ravalée.

La phrase, laissée en suspens, lui revient finalement en boomerang. Il doit la compléter. Ne pas s’enliser de sa propre résistance.

« … tu fais quoi, maintenant ? »

Le small talk, la banalité ; en surface, la chose est clinquante de superficialité, et pourtant. C’est pour dissiper l’embarras, murer l’inconfort. Il attrape un deuxième shot et le fait descendre d’une traite avant de se tourner entièrement vers Mike. Ça n’a aucune chaleur, pourtant. Ares est comme ça, parfois. Froid, droit, rigide. Comme le tracé de ses sourcils, la courbe plate de ses cils, la clôture de ses lèvres.

Ares est une ligne d'horizon. Tout son corps est une distance, il est là mais il est ailleurs, à la fois enveloppant, comme ce ciel d'aube, toujours aux couleurs incertaines, et à la fois loin, si loin. Peut-être qu'il est l'horizon du Salvador. Peut-être qu'il n'est nul part. Dans la nappe de ses iris, l'ambre se fige et garde en elle de séculaires secrets, des douleurs fossilisées, oui, de petites douleurs accumulées et qui ont le corps d'insectes. Des parasites. Et face à lui, il y a cet éphèbe qui connait Debbie, qui semble totalement à l’aise dans cet espace, dans son corps, dans sa sexualité ; c’est une claque en plein visage.

Une provocation.
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MessageSujet: Re: nyctalopes (mikkel nickel)   nyctalopes (mikkel nickel) EmptyVen 17 Avr - 0:55

On ne se parle pas beaucoup depuis le début de notre échange. On s’observe, on se guette, on essaye de découvrir l’autre à travers nos regards. Je caresse les lignes de son visage avec mes yeux, cherche à comprendre qui il est, tout en restant très distant. On ne sait jamais qui est en face de nous. Mais après tout, j’ai déjà quelques verres dans le nez, lui aussi, et j’avais très envie de chopper ce soir. Encore faut il qu’il soit réceptif. Let Mike enter in seduction mode. Mais il faut prendre un shot d’abord.

La chaleur de la salle, de l’alcool, tout est propice à ce moment, pour moi en tout cas. La musique continue de créer une ambiance hors du temps, me permettant d’oublier tout ce qui se passes à l’extérieur. Les gens bougent au rythme du beat,  et je sens en moi les basses raisonner. C’est cette sensation qui me fait revenir à la réalité, qui est que je le fixe droit dans les yeux avec un regard surement déplacé depuis plus de trente secondes.

« Je vends des cafés, mais ça paye pas. Du coup j’ai trouvé de quoi arrondir les fin de mois à côté, un truc qui se résume en deux mots : FIGHT SHOW »

Je me devais de répondre à sa question, mais surtout de briser ce silence qui s’installais entre nous. La séduction se fait par étape, et ça, tout le monde le sait.

Je prends un deuxième shot, puis je commence à danser. Avec la chaleur, j’enlève un bouton à ma chemise, ce qui laisse entrevoir mon buste. Et le shot commence à se faire sentir. Surement trop. Je le réalise quand j’attrape la main du bel inconnu et que je le fais danser avec moi. Est-ce que c’est aller trop loin ? Qui sait ? Pas moi en tout cas, et surtout pas avec ma désinhibition actuelle. J’ai d’ailleurs qu’une envie : repousser toutes mes limites ce soir. Alors je continue de danser avec cet inconnu dont je ne connais pas le nom. C’est pas comme si Debbie était dans l’état de me le présenter avant de partir de toute façon. Puis lui à l’air clairement trop réservé pour le faire de lui même.

« C’est quoi ton petit nom ?»

Je lui lance ça, avec un clin d’oeil, tout en retournant chercher un nouveau Gin To’.

Je le provoque, le titille, parce que sa froideur m’intrigue. Elle me donne envie d’aller plus loin, de creuser et de voir ce qui se cache derrière ce petit bonhomme meurtri.

Je m'amuses.
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MessageSujet: Re: nyctalopes (mikkel nickel)   nyctalopes (mikkel nickel) EmptyVen 1 Mai - 4:17

Il a une façon de le reluquer qui met Ares mal à l’aise, mais quel regard ne fait pas se loger en lui une tension millénaire. S’il doit être vu sans porter la blessure de ces yeux sur son visage écorché, ce n’est qu’autour d’une table de jeu, là où il peut décider que ses cicatrices sont une arme de dissuasion, là où elles le referme hermétiquement plutôt que de l’exposer impudemment.

Il semble l’écouter d’une oreille seulement, aussi placide que les effets lumineux du plafond sont stroboscopiques ; pourtant tout l’engloutit, l’entaille, Mike vend des cafés, et Ares veut bien croire que ça ne paie pas suffisamment, comme n’importe quel petit job de merde sous-payé qu’on peut espérer trouver dans cette ville ou ailleurs.

Du coup j’ai trouvé de quoi arrondir les fin de mois à côté, un truc qui se résume en deux mots : FIGHT SHOW.

Quoi ? Les pupilles d’Ares, qui glissaient lentement à la dérive, reviennent se nicher dans celles du brun. L’ombre d’un éclat, en leur centre, peut-être une petite lueur amusée qui questionne. Ce mec à la UFC, il aimerait bien voir. Clairement, il se fout gentiment de sa gueule. Il pourrait tenter une ligne de sarcasme, n’importe quoi qui aiderait à alimenter la conversation, mais le silence se cale à nouveau au fond de bouche close. Rien pour décontenancer Mike, visiblement. Il bouge tranquillement, pris avec un naturel débilitant dans la vague festive de la soirée, tellement à sa place qu’Ares peut prendre, à sa juste mesure, le pouls de sa propre singularité.

Mike boit. Ares imite. Une petite chose comme une rivalité étrange l’y oblige. L’alcool du shot brûle sa gorge, refait une trouée temporaire dans son mutisme. Malgré lui, ses yeux achoppent sur l’aisance de l’autre gars, sur ses doigts qui montent dégrafer le premier bouton de sa chemise. Il ne lui manquerait que des glowsticks aux poignets et de la peinture sur l’arrête du nez pour en faire un festivalier aguerri. Et c’est peut-être cette perplexité qui dépouille Ares d’un quelconque réflexe lorsque Mike lui agrippe la main pour le faire danser. Il suit, interdit, incapable de se désister complètement.

C'est quoi, ton petit nom ?

Il claque un « Isaàc » sans réfléchir, et ses paupières ploient sous sa propre inadvertance. C'est à peine s'il le sent s'éclipser un court instant, le corps s'étirant vers le bar pour commander à boire. Le sang pulse dans son cou. Il a dit Isaàc comme dans quelque chose de dépouillé, d'avant Détroit. Comme dans cette petite chose dissimulée au fond de lui que Mike explore sans effort apparent.

Il le regarde revenir avec son verre piqué d'une tranche de lime. Et il a envie de le frapper.

« Mais… » il lorgne son verre, inspire sans bruit, glisse sous le couvert de la musique, « mon nom de fight show, c'est Ares. »

Cette fois-ci, un rictus fendille le coin de ses lèvres, puis ses sourcils se haussent légèrement pour tenter d'apaiser l'expression du visage, celle-là même qui tanguait dangereusement vers une forme de complicité, ou tout du moins, une légère ironie. Ses billes roulent sur la foule, comme s'il fallait vérifier que personne ne soit au courant de cette brèche passagère dans ses défenses.

Il croit voir Debbie papillonner au loin, de connaissances en connaissances. Perdue pour la soirée, à n'en pas douter.

Rentrer. Rentrer fêter les plus grandes funérailles de Détroit seul, dans son deux mètres carré. Il pense à Miguel. Se demande où il est encore planqué. Et ça le fait chier. Niche une petite épingle brûlante dans sa poitrine. Ou alors rester avec ce Mike. En étant Isaàc, et rien de ce qu'il est habituellement à l'extérieur du Sub - un joueur de poker, un dealer, une petite frappe, un mec dans la merde jusqu'au cou, comme la moitié de la jeunesse de la ville.

Il déglutit.

« T’as prévu un truc ce soir ? »

Il doit élever la voix, se rapprocher pour que les mots tombent dans la bonne oreille. Autour, le beat tombe et l’air vibre. Le ton de voix porte une pointe inexplicable de dangerosité. Prévu un truc de plus que le Sub, ça sous-entend. Un truc après. Ou pendant. Bref, tout ce dont Ares n’a pas encore décidé de faire partie, même s’il ne lui faudrait qu’une seule proposition bien formulée pour qu’il accepte de se draper d’une nuit un peu plus longue. Un peu différente. La vibe paisible du Casa Nova commence à avoir raison de son bouclier - mais comme il tangue constamment entre une humeur curieuse et rébarbative, Ares considère aussi le petit poisson qui patiente dans sa poche.
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MessageSujet: Re: nyctalopes (mikkel nickel)   nyctalopes (mikkel nickel) EmptyMar 12 Mai - 11:15

La soirée continue à battre son plein. Je regarde autour, le mouvement des corps qui devient flou dans mon esprit, fruit des quelques verres que je viens de m’enfiler trop vite. Mais tout va bien, j’ai un accompagnateur bien plus intéressant que mes potes - que j’apprécie beaucoup, mais quand même. Un mec un peu barré, qui sait ce qu’est d’être détruit, et qui m’intrigue tellement. Son visage n’est que pur mystère, que j’ai envie d’élucider un à un. Puis j’entends son nom, Isaàc, prononcé à l’hispanique, sûrement des origines, ou peut-être qu’il est comme moi, un étranger venu se réfugier ici.

Ares, ça, c’est original aussi, le dieu de la guerre, mais aussi de la destruction. Pourquoi se nommer après quelqu’un qui incarne ce qu’on a subi ?

Il est pensif, observe la salle, et il observe la salle. Il aperçoit quelqu’un qu’il connaît, son visage change, il s’adoucit. Quand je suis son regard, j’aperçois Debs, perdue pour la soirée, qui vogue à travers le Sub sans se soucier du fait qu’elle nous avait clairement laissés là.

Je continue à observer autour de moi, et remarque que mes potes sont tous éparpillés, comme d’habitude, et qu’ils finiront sûrement leur soirée chacun de leur côté. À moi de faire pareil.

La boîte est blindée de gens assez bourrés pour se laisser aller totalement, ce qui offre un spectacle plutôt impressionnant. Entre les gens qui dansent sans savoir danser, les gens qui sont au bord du coït sur les banquettes et les concours de celui qui vomira le plus vite, on ne sait presque plus où donner de la tête. Comme si la soirée se rapporte à un énorme concours de celui qui aura la plus grosse et qui saura faire le plus rire ses potes.

« T’as prévu un truc ce soir ? »

J’avais la tête tournée, mais elle s’est tournée vers lui instantanément à l’écoute de ces mots, mes yeux écarquillés comme étonné par sa franchise qui dénote de ce caractère d’homme timide et un peu renfermé qu’il renvoie depuis le début. Il s’était rapproché, ce qui fait qu’en tournant la tête, nos visages sont séparés par seulement une dizaine de centimètres. J’en joue en le fixant droit dans les yeux, sans briser la distance entre nous, et en lui disant :

« Tout dépend de toi. »

Je me doute que cette réponse n'est peut-être pas celle qu’il attend, mais j’aime jouer avec les gens, et il n’y échappera pas. J’y ajoute un clin d’oeil et me recule, pour retourner danser, me lâchant de plus en plus grâce à l’alcool que j’ingurgite, et grâce à l’euphorie crée par la situation.
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