Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Partagez
 

 Someone rescue me (AJson)

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyLun 8 Avr - 18:18


Someone rescue me_
@AJ Lucero & Mason Warden
T’as jamais été le genre de mec hyper anxieux, Mason. T’es plutôt un type sympa et raisonnable sur qui on peut compter et qui garde son sang-froid en toutes circonstances. T’es ce type qui rassure, celui qu’on vient voir quand on est en plein dilemme, la voix de la raison, la sagesse réincarnée dans le corps d’un gamin de vingt ans. T’as jamais rien fait de mal, t’as même pas été capable de voler ce paquet de chewing-gum y a douze ans alors qu’on te mettait au défi de le faire. Au milieu de cette ville dans laquelle t’as grandi t’es Mère Theresa, on te le dit souvent. Ça fait rire, ça amuse, parce que t’es trop gentil Mace et que tu te laisses avoir facilement. On te marche dessus des fois, on te manipule mais t’as pas un brin de méchanceté alors même quand tu t’en rends compte, tu laisses couler. Mais dernièrement, t’as l’impression qu’on te met à l’épreuve. T’as la très nette impression que là-haut, quelqu’un s’ennuie royalement et à décider de faire de toi sa proie favorite. Ça a commencé y a deux ans quand ton père est tombé malade et que sur un coup de tête tu t’es bêtement proposé de le remplacer temporairement au garage, mettant ainsi au placard toute opportunité de continuer tes études. Depuis, t’es toujours mécanicien et à la vitesse où vont les choses, tu le seras probablement jusqu’à la fin de ta vie. C’est pas trop mal mécanicien, fin, c’est mieux que rien surtout. Puis, un peu plus d’un an et demi plus tard, ta copine t’a largué parce que « c’est mieux comme ça, puis tu comprends, c’est pas toi, c’est moi ». C’est pas toi c’est elle ? N’importe quoi, si elle te quitte alors le problème vient de toi, pas d’elle. Et puis, ce connard divin a décidé d’en rajouter une couche, en mettant Alix sur ton chemin. Ton enfer personnel ce gamin, tu te tues à essayer de le comprendre et de le faire fuir en même temps. Et voilà que son copain Ash commence à te prendre la tête aussi, à toujours traîner dans vos pattes, à taguer l’endroit où tu travailles. Baby commence à te faire des réflexions, ta mère rouspète que tu ne passes pas assez souvent la voir, ta sœur commence à avoir du répondant, ton frère mène la belle vie à Chicago et ton coloc commence un peu à te foutre les jetons à rentrer les mains couvertes de sang. Et toi t’es là, perdu au milieu de tout ça, à errer dans Mexicantown à la tombée de la nuit, à la recherche d’un petit moment de répit.

Bah alors gringo, on cherche son chemin ? Grandir à Détroit t’a forcé à choisir l’espagnol comme deuxième langue à l’école, c’est pas pour ça que t’es bilingue mais t’arrives quand même à capter quelques mots. — Non, je rentre chez moi en fait. La réponse n’a pas l’air d’être celle escomptée. Ah vraiment, et le fric que tu me dois alors ? Tu jettes un coup d’œil derrière toi, peut-être que l’homme s’adresse à quelqu’un d’autre après tout, comme tu ne dois d’argent à personne. Mais t’es seul dans la rue. — Je suis désolé, il doit y avoir erreur sur la personne, je n’ai aucune idée de qui vous êtes. Toujours pas la bonne réponse apparemment. Et puis tout s’enchaîne, tu te retrouves violemment plaqué contre le mur, ta tête frappe la pierre et tu grimaces sous la douleur. — Aïe. L’homme attrape quelque chose dans son dos et tu paniques. J’veux pas mourir ici. — Non non attends, j’sais pas qui tu crois que je suis mais en tout cas c’est pas moi ! Un peu brouillon mais carrément sincère. — J’veux pas de problème moi, j’suis un mec normal qui veut juste rentrer chez lui. J’espère que c’est pas une arme dans sa main. — Attends attends attends. Tu lèves les mains en signe de paix. — J’ai de l’argent dans mon portefeuilles si c’est ce que tu cherches. Tu vois le type te fixer, apparemment il pèse le pour et le contre tandis que t’es en train de te liquéfier. Tu pourrais t’évanouir tellement ton cœur bat vite mais tu sais que si tu tombes, t’es mort. T’as le souffle coupé et toujours cette même pensée qui tourne en boucle. Putain j’espère que c’est pas une arme dans sa main, tout sauf une arme s’il vous plaît, j’veux pas crever ici.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyLun 8 Avr - 22:47

_someone rescue me
@mason warden

Tu es monté en pression à Detroit. Detroit qui te change. Detroit qui t'empoissonne, souffle putride insufflé dans ta poitrine, poumons nécrosés par l'ambiance de la ville. Detroit te change, la patience mise à l'épreuve, les emmerdes qui s'enchaînent, s'agglutinent, s'entassent, t'étouffent. Et les bleus, les blessures, les coups reçus. Accidents, tracas du quotidien, jamais tout à fait de ta faute, mais jamais totalement celle des autres. Au mauvais endroit, au mauvais moment, pour des regards de travers ou le plus souvent, un peu de poudre blanche, un peu d'argent. Le truc, AJ, c'est que cette accumulation commence à peser sur ton esprit. À peser sur toi, en toi. Poids mort dans le cœur, poids lourd à la cheville. Tu la sens monter dans ta gorge, cette angoisse, cette rage, comme une bouteille de soda que l'on aurait trop secoué. Tu es quelqu'un de si calme pourtant. Mais Detroit exacerbe cette facette de ta personnalité. Celle qui a sans cesse envie de hurler, de frapper. Celle qui a la peur au ventre et qui se bat depuis des années contre ce monde à la dérive. Le sang-froid qui commence à bouillonner. Les poings qui commencent à trembler. Et personne pour le remarquer. C'est ça, l'inconvénient d'être trop détaché. Malgré toutes les rencontres faites ces dernières semaines, tu n'as encore personne d'assez solide pour encaisser cette partie de toi. Anjel devenu un démon, à trop essayer de se canaliser. Alors, tu as le pas lourd, dans la rue, les mains enfoncées dans les poches, la mine basse, mais l'âme aux aguets.

L'espagnol, qui résonne à tes oreilles, sur le trottoir d'en face. La langue maternelle, alors tout naturellement, tu as le visage qui se relève, le pas qui imperceptiblement ralentit. Le souffle qui se fait silencieux. L'enfer, les autres, ta capacité à ignorer le monde et à continuer, tête baissée, échine courbée. Mais tu as cessé d'écarter les cuisses devant le premier venu, de laisser tes reins à la merci du moindre coup de bassin. Tu as ce jour-là l'injustice qui étrangle ton âme plus fort encore que ton indifférence, une voix qui hurle en toi à en briser tes chaînes. Regard inquisiteur vers la scène. Une discussion entre un type et un gamin. Un gamin qui doit avoir ton âge ou presque. Un racket, classique, banal, ordinaire. Trop ordinaire. Les mots qui ne font pas sens, qui se perdent, qui ne servent à rien. Parce que ça ne sert à rien de parler. Tu en as fait les frais, il n'y a pas si longtemps. Muscles encore douloureux. Coin de l'œil trop curieux, qui s'occupe de ce qui ne le regarde pas. La situation qui dérape en un claquement de doigts, un clignement de la paupière, un instant volé. Le choc, alors que l'homme en vient aux mains, plaquant sans difficulté le gamin contre le premier mur venu. Il s'en fout, de faire ça en pleine rue. Il se sent tout puissant, protégé par cette obscurité grandissante.

Alors, il ne te voit pas t'engager sur la chaussée.

Tu la vois, la main qui glisse dans le dos, à la ceinture, qui soulève le tee-shirt. Tu le vois, l'éclat de la lame à la lueur du lampadaire le plus proche, brillant, étincelant. Peut-être a-t-il l'intention de l'intimider, peut-être compte-t-il l'égorger puis le dépouiller. Ou pire. Car il y a des méfaits bien plus terribles que la mort. Tes lèvres se pincent, quand tu vois le visage du gamin, que tu entends sa voix, enfin. Les mots qui se bousculent dans sa panique. La cadence, le débit. Le type qui se fige, la main fermée sur l'arme blanche, gardée dans son dos. Il hésite, réfléchit. Toi, tu as déjà décidé. Trop tard pour reculer, te voilà mêlé à cette histoire qui ne te concernait pourtant pas. Ta main se referme brutalement sur son poignet. Qu'importe sa carrure ou sa gueule de chien enragé. Tes doigts, tes ongles, s'enfoncent dans sa chair, roule sur ses nerfs pour le forcer à lâcher l'arme. Arme dont tu t'es emparé, de ton autre main, celle qu'il n'a pas vu venir. Celle qui qu'il ne peut contenir. Car même s'il se débat, dans un mouvement vif afin de te faire lâcher, c'est trop tard. Si son poignet est à libéré de ton emprise, quoique marqué par l'empreinte de tes ongles, c'est toi désormais, le type armé.

Il a relâché le gamin, esquissé un mouvement de recul alors que tu te dresses à ses côtés, la lame pointée en sa direction. Instant de flottement, passé à se fixer bêtement. Rapport de force inversé. De quoi tu te mêles ?! Qu'il te grogne après dans son espagnol tranché. Tes yeux noirs, cernés, ta mine fermée. Il ne s'attend pas à ce que tu lèves la voix, que tu exploses comme tu le fais, dans un espagnol beaucoup plus corrosif, précipité. Le sang chaud qui fait surface, qui bat aux tempes, qui colore tes mots, ta langue. Qui fuse et que tu ne cherches pas à contrôler. “Ça t'amuse de faire ça ? De t'attaquer au premier venu ? C'est quoi ton problème gringo, t'as un problème d'égo ? T'as les couilles qui te démangent et tu veux mettre à l'épreuve ta virilité ? Parce que tu crois que t'es un caïd ? Pauvre type.” Il essaie de te choper le col. Le truc, c'est que tu l'as vu venir, AJ. Tu t'esquives d'un geste et ton genoux vient s'abattre d'un coup sec entre ses jambes. Mais il réplique, il te saisit le poignet, celui qui est armé, bien décidé à reprendre son bien. Sauf que toi, toi tu te débats. Tu tords ton poignet dans de frénétiques gestes brusques, parce que tu t'en branles de te le briser. Et même si la douleur grandit, tu t'obstines, à tel point que tu parviens à tordre son bras, à te libérer de son emprise sans relâcher l'arme. Tu le repousses en arrière. Et cette fois, tu lui aboies après en arabe. Parce que la langue de tes parents a toujours été plus impressionnante, plus violente. “Casse toi de là, sale chien ! Retourne d'où tu viens !” L'arme agitée sous son nez, il recule, te menace il te semble, te menace de te retrouver. Tu lui ris presque au nez. Sauf que ton visage reste terriblement sérieux. “Va te faire foutre, pauvre merde.” Que tu siffles entre tes mâchoires serrées.

Et le silence revient. Tu restes parfaitement immobile jusqu'à ce que le type ait disparu de ta vie, avant de soupirer. Muscles crispés. Ta main vient effleurer ton poignet gonflé, rouge, douloureux. Tu grimaces, contrarié, avant d'enfin te retourner, croiser son regard et le dévisager comme si tu étais surpris de le voir là, comme si tu avais oublié sa présence. “Ça va ?” L'anglais, revenu comme une fleur entre tes lèvres, accent toujours omniprésent. “Il va certainement revenir accompagné, tu ne devrais pas rester là.” Dans un souffle, un murmure, le ton à nouveau terriblement neutre, tranquille. Toi ? Toi t'as pas peur, à l'intérieur, t'es déjà égorgé.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyMar 9 Avr - 19:21


Someone rescue me_
@AJ Lucero & Mason Warden
T’arrives plus à réfléchir, t’arrives plus à penser normalement, tout ce que tu vois c’est ce type et sa main dissimulée dans son dos. Tu flippes, tu flippes à mort, tu flippes comme t’as jamais flippé de toute ta vie. D’ailleurs, tu savais pas que c’était possible d’avoir aussi peur, t’ignorais qu’un jour tu tremblerais des pieds à la tête comme ça, que tu sentirais tes os trembler sous la pression. Tu comprends l’expression « mourir de peur » parce que putain comment tu pourrais mourir de peur maintenant, là, en pleine rue, au croisement de la première et du boulevard principal de Mexicantown. Triste mort après une pathétique vie. L’espace d’une seconde, tu respires plus, t’as le souffle coupé, t’es dans l’attente, dans le suspens. Ton cerveau est brûlant de théories et tes muscles vibrent d’appréhension, tu sais pas ce qui va se passer mais d’avance, tu sais que c’est pas bon pour toi. Et puis le type se remet en mouvement et ton corps expulse l’air que t’avais dans les poumons de lui-même, instinct de survie probablement. La main qui refait surface et l’acier qui brille entre ses doigts. Tu sais pas si tu dois rire ou pleurer, être soulagé ou avoir peur, c’est pas un flingue mais ça reste une arme. Tu sais pas lequel fait le plus mal et honnêtement, t’as pas franchement envie de le savoir. T’étais bien dans ton ignorance toi. L’espace d’un instant, tu te demandes si ça va se dérouler comme dans les films, est-ce que la lame va s’enfoncer facilement dans ta peau, est-ce que ton sang va gicler partout, est-ce que ça va faire très mal ou vraiment très mal, est-ce que tu vas tomber au sol mais rester conscient ? T’en sais rien, t’as jamais assisté à ce genre de scène toi, t’es pas un gars d’ici, tu viens du « beau quartier » de Détroit, le quartier blanc quoi. Tu voudrais lever les bras pour te protéger mais t’as aucune idée d’où le coup va partir, il pourrait aussi bien te planter l’abdomen que la jugulaire. Tu t’attends à ce que ta vie défile devant tes yeux mais c’est pas le cas, il se passe rien. Tu penses à ta sœur et au mal que ça lui fera de savoir que tu seras plus là pour elle, tu penses à ta mère aussi, qui t’avait supplié de ne pas t’installer dans ce quartier et tu te demandes si ton père versera au moins une larme à ton enterrement. Et puis bizarrement, une autre pensée te vient, aussi étrange qu’inappropriée dans un tel moment mais tu te demandes si t’as reposé le tournevis sur l’étagère ou si tu la remis dans la caisse à outils de Al, t’es incapable de t’en rappeler. Tu sais que c’est pas le mauvais ni l’endroit mais ça te passe par la tête, c’est sûrement la peur qui te monte au crâne.

Et puis, tu vois une main se saisir du poignet de ton agresseur et tu retiens ton souffle. Le regard qui passe de l’homme à la lame à l’homme qui vient d’arriver. Putain de merde, on est venu t’aider. Le nouveau venu fait lâcher son arme au premier et s’en saisit. Si t’étais rassuré, c’est plus le cas maintenant. Tu te dis que s’il est assez fort pour le désarmer bah… ça coule de source quoi. Et tu te demandes si c’est comme dans la savane ici, si les deux lions vont se disputer leur proie –toi en l’occurrence– ou si le type est plus du genre Mufasa que Scar. Tu te demandes s’il est venu pour t’aider ou pour te dépouiller à la place de l’autre. L’homme te relâche et de nouveau, tout l’air est expulsé hors de ton corps. A retenir ton souffle comme ça, tu commences à avoir la tête qui tourne mais tu bouges pas, tu restes plaqué contre le mur et tu pries silencieusement pour réussir à fusionner avec ce dernier dans les minutes qui arrivent. Tu comprends les caméléons maintenant, ils ont les bons plans. Les deux hommes se toisent un moment et toi tu pries pour disparaître. Ils respirent l’autorité, la rage, la violence. Pourtant, aucun d’eux n’a encore porté de coup mais ça se lit dans leur regard plein de haine. Tu comprends rapidement qu’une conversation silencieuse est en train de se dérouler sous tes yeux, lequel craquera le premier. Pour les mots fusent et tu comprends rien. T’as fait espagnol mais t’es pas assez calé pour piger quelque chose. Toi, il faut te parler doucement et en face de préférence pour que tu puisses te concentrer. Là, c’est des mots crachés avant tant de mépris que t’arrives à en deviner le sens sans même en saisir la signification. Et puis enfin, ils en viennent aux mains. T’es pas serein, tu paries sur celui qu’à l’arme, déjà parce qu’il t’a aidé et ensuite parce que l’autre te fout vraiment trop les jetons et que t’as pas envie de subir quelques représailles. Tu sais que ce serait le bon moment pour t’enfuir, mais ça fait bien longtemps que ton cerveau s’est fait la malle ce traître, t’as plus aucun nerf qui te répond, ils ont tous lâchés depuis longtemps, alors t’assistes impuissant à la scène qui se déroule devant toi. De l’espagnol, le nouveau venu –ton sauveur tu l’espères– passe à l’arabe ou au turque, tu sais pas trop, tu comprends rien. T’entends la menace dans sa voix, et t’es pas le seul puisque le type décide de plier bagage. Vous le fixez tous les deux jusqu’à ce qu’il disparaisse de votre champ de vision et tu soupires longuement, t’es à deux doigts de tomber dans les vapes.

Et comme s’il semblait se rappeler de ta présence, le type venu t’aider se retourne et te dévisage. Peut-être qu’il se demande ce que t’as pu faire pour mériter ça, mais il doit rapidement réaliser à tes yeux larmoyants et à ton corps qui tremble que t’es pas le genre de mecs à embrouilles. Comme t’es incapable de parler, tu te contentes de secouer énergiquement la tête comme un gamin qu’on vient de réprimander. Il a l’air aussi calme que s’il venait d’aider une grand-mère à traverser la route et l’espace d’une seconde tu te demandes si ce type est un psychopathe, mais il t’a aidé, alors psychopathe ou pas, tu comptes bien obéir. T’as la voix qui tremble quand tu prends la parole mais t’es plus franchement à ça près. — Merci mec, j’ai bien cru que je vivais mes derniers instants. T’es conscient que tu devrais bouger, que le type risque de revenir mais le sang continue de pulser à tes oreilles et t’as tellement chaud que tu sens ton visage te brûler. L’espace d’un instant, t’as le regard qui se floute et c’est le moment que choisissent tes jambes pour te lâcher. Alors tu te laisses glisser le long du mur et t’expires un grand coup. Tu relèves un regard vide vers ton sauveur et lui adresse une moue contrite. — Désolé, le contrecoup, j’crois que j’me sens pas très bien. T’es pathétique, ce mec vient de risquer sa vie pour toi et tu te retrouves assis par terre avec l’envie de gerber tes tripes et la menace de perdre connaissance à tout moment.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyLun 22 Avr - 20:06

_someone rescue me
@mason warden

Devant tes yeux, y'a un gamin. Un gamin, un enfant larmoyant, traumatisé par un événement qui lui a totalement échappé. Un gosse, celui que des parents ont oublié dans un quartier inconnu ou à la fête foraine. Le petit garçon pousse de force dans la camionnette du mec qui rôdait devant la maison.  ce regard là, choqué, apeuré. En lui tu te revois, quand tu étais bien plus jeune. Ça fait mal, ça fait bizarre, peur aussi. Tu le dévisages avec une constance effrayante. Pas un seul instant tes pupilles se détachent des pores de sa peau. La forme de son nez, la légère ondulation de ses cheveux, la couleur de ses yeux. Absolument rien ne t'échappe, tu as l'œil plus vif que le rouge à ton poignet, que tu n'as pas cessé de masser. Il s'enferme dans un mutisme que tu ne connais que trop bien, ne répondant à ta question que d'un bref mouvement de la tête. Il tremble. Et plus les secondes défilent plus tu le rajeunis dans ton esprit. Tu te demandes ce qu'il a fait pour mériter ça, mais ton interrogation ne dure qu'un temps. Au fond, pas besoin d'être un caïd ou un criminel pour risquer sa peau par ici. Bien souvent un regard suffit, quand ce n'est pas juste la couleur d'un épiderme. Un peu trop blanc, un peu trop black. Il était sûrement au mauvais endroit, au mauvais moment. À un trottoir près, c'est toi qui aurait été agressé.

Il te rappelle ces gosses que tu côtoyais dans ton ancienne vie et, curieusement, tu ne parviens pas à t'apitoyer sur son sort. Au contraire, cela éveille en toi des souvenirs que tu tentes de faire taire ou de passer sous silence. Il se comporte comme un lâche et ça te donne envie de vomir. Jusqu'à ce que tu comprennes que c'est toi que tu vois en lui. C'est toi, le gamin terrorisé qu'on a voulu faire taire, c'est toi qui tremble de tout ton corps sans personne autour à qui s'accrocher. C'est toi, livré à toi même dans cette ville trop grande. Pourtant AJ, toi t'es là, t'es là aujourd'hui, à l'aider, lui. Tu l'as sauvé et égoïstement c'est un peu comme si tu te sauvais toi-même. Il prend parole d'une voix tremblante, te remerciant. Tu ne sourcilles pas. Il n'a pas à te remercier, tu as agi sur un coup de tête, un coup de sang. Alors, son visage passe du rouge au blanc. Tu secoues négativement la tête, le temps de chasser ces pensées parasites de ton esprit. Mais quand tu rouvres les yeux, c'est juste à temps pour voir le gamin tomber, s'écrouler à même le bitume, après s'être laissé glisser le long du mur. Tu ne te précipites pas pour l'aider. Tu n'en n'as pas le réflexe. Tu le toises de là où tu es, en silence, le visage terriblement neutre, à ne pas savoir quoi dire ou faire. Tu le laisses respirer. Cela te semble être la meilleure option.

Tes yeux finissent par croiser les siens et tu soutiens son regard, ses iris d'acier sans mot dire. Il te fait de la peine et tu accueilles ses excuses par un regard froid. Ne t'excuse pas, je dis ça pour toi. Que tu t'entends lui répondre. L'espace d'un instant tu te dis que tu en as assez fait, assez dit. Qu'il est temps pour toi de partir, de te barrer. Que tu peux le laisser là, car après tout il est vivant et tu t'es assez blessé à essayer de l'aider. Mais y'a quelque chose qui te retient. Son regard peut-être, ou ses lèvres pâles qui témoignent de son mal-être. Comment tu te mets accroupi, pour être à sa hauteur. D'aussi près tu détailles sa mâchoire, ses yeux clairs, la forme de son visage. Tu as toujours l'arme dans la main, mais tu la tiens désormais du bout des doigts, pour qu'elle ne représente plus une menace. Tu ne veux pas l'effrayer davantage.

Écoute, tu peux vraiment pas rester. Que tu reprends, l'accent plus tranchant que le poignard dans ta main. Tu le scrutes, et après un temps de réflexion, de ta main libre, tu saisis son bras et tu te relèves, le forçant également à se relever. Mais malgré ton geste, tu es incroyablement doux, aussi tranquille que si tu tentais d'apprivoiser un animal blessé. D'un vague signe de la tête, tu l'invites à prendre appui sur toi, le soutenant autant que nécessaire. Tu habites loin ? Tu allais où ? Je peux te raccompagner jusqu'à ce que tu te sentes mieux. Tu ne lui proposes pas d'aller souffler chez toi, t'as nulle part à lui offrir. D'une voix plus basse, le maintenant droit tu ajoutes. Mais essaie de ne pas perdre connaissance s'il te plaît. S'il nous retrouve il nous tuera tous les deux. Tu aimerais que ça soit une plaisanterie, mais tu ne souris pas ; on ne peut pas faire plus honnête que toi.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyJeu 25 Avr - 17:54


Someone rescue me_
@AJ Lucero & Mason Warden
T’es pathétique, Mason, assis là, par terre, vulnérable et tremblant. Tu fais peine à voir, t’as l’air de rien, t’as l’air d’une merde. Tu souffles parce que tu manques d’air, t’es pâle, on croirait que tu vas rendre ton dernier repas à même le sol où t’es assis. T’es le regard vitreux, un peu perdu, mi- larmoyant mi- affolé. C’est pathétique. Mais le pire dans tout ça, c’est que t’as pas honte Mace, t’es trop mal pour avoir honte ou essayer de sauver les apparences. Tu le sais, que t’es qu’un putain de trouillard. Tu le sais bien que t’es pâle, trop pâle pour ce quartier et toutes ses emmerdes. Pis t’es trop bien aussi, trop bien pour cette ville et la pourriture qu’elle traîne avec elle. Parce que t’es pas le genre à te battre, t’es même pas le genre à répondre. Non, toi t’es le type qu’on retrouve par terre à deux doigts de faire une crise d’angoisse, ça donne envie. Ce type sortit de nulle part, ton ange-gardien pour une nuit, ce gars qui aurait pu se faire planter pour toi. T’oses même pas le regarder, parce que tu te sens tellement minable. Comment tu veux rivaliser avec tant de courage quand la seule personne que t’as frappé c’est Malcolm et que t’as à peine réussi à lui laisser une marque. Putain mais qu’est-ce que tu fous là ? Alors tu t’excuses piteusement et c’est encore pire. T’as l’air d’un gamin paumé, d’une brebis effrayé. Et ce type qui te toise de son regard froid, ça te fait te sentir encore plus minable. Pourtant tu chuchotes un  « merci », tu sais pas trop pourquoi tu le remercies, de t’avoir sauvé la vie ou de ne pas se foutre de toi de réagir comme une nana ? Et encore, tu connais des filles qu’auraient mieux réagit que toi. Il s’est même accroupis devant toi, comme on ferait pour parler à un gamin, à un gamin, Mason. T’as ton cerveau qui t’envoi des ordres mais t’as les muscles qui suivent pas, comme un court-circuit entre la tête et le corps, comme si ton âme avait quitté ton corps, c’est beau. Et puis sa main vient saisir ton bras et tu dois mettre toute ton énergie pour contrôler ton sursaut de recul, pour ne rien laisser paraître. Il t’aide à te relever en douceur et tu le fixes, ébahi. Tu t’appuies légèrement sur lui quand il t’y invite, le temps de te remettre les idées en place. T’es trempé de sueur, tes jambes tremblent encore et t’as le souffle court. T’as la vision encore un peu flou et cette nausée immonde qui ne veut pas te quitter, comme une boule dans ta gorge qui t’empêche de déglutir tranquillement. Un nouveau « merci » quitte tes lèvres, tu cherches même plus à savoir pourquoi.

Quand tu finis par retrouver un semble d’équilibre, tu t’éloignes un peu de lui et te grattes l’arrière de la tête, gêné. Tu revois ton père te dire que t’es un boulet, que t’es pas assez bien et ça te fait mal. C’est pas le moment de penser à ça, tu le sais, mais t’as tellement honte. — Non, j’habite le quartier. En fait, je rentrais chez moi quand ce type m’est tombé dessus. A la simple évocation de ce qui vient de se passer tu frissonnes. T’acceptes silencieusement son offre de te raccompagner chez toi. Tu sais pas si c’est une bonne idée, tu sais pas si ce type est encore pire que l’autre et va te détrousser mais quelque chose en lui te pousse à lui faire confiance. Tu sais pas quoi, tu te fis à ton instinct, même si ce dernier t’incite à faire confiance au premier venu, à croire que t’as aucun instinct de survie. Tu t’es pas encore mis en route quand il te met en garde. Heureusement parce que tu te figes immédiatement et tournes la tête vers lui, la bouche qui s’ouvre et se referme à plusieurs reprises. T’es choqué que quelqu’un veuille te tuer. T’as peur que quelqu’un veuille te tuer et t’as pas envie que quelqu’un veuille te tuer. Et puis la culpabilité laisse place à l’incrédulité, tous les deux il a dit. Tu fronces les sourcils et lui envoie une moue contrite. — Je suis désolé que tu risques d’avoir des problèmes à cause de moi. Ta voix n’est qu’un murmure et tu baisses la tête comme un gamin pris en faute. Tu voudrais lui dire qu’il n’aurait jamais dû intervenir et continuer sa route mais tu peux pas t’y résoudre, parce que tu le penses pas vraiment. Tu te mets alors à marcher lentement, tes yeux qui fixent toujours tes pieds. — C’était vraiment très courageux ce que t’as fait… Et super classe aussi le coup du poignet. Tu fronces les sourcils quand tu te rends compte de ce que tu dis. — Je m’appelle Mason, en fait. Ton cerveau te hurle de la fermer maintenant, de ne pas donner ton identité à n’importe qui, mais t’y peux rien Mason, t’es trop gentil, c’est comme ça. Trop naïf, pas assez méfiant.  
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyDim 28 Avr - 16:06

_someone rescue me
@mason warden

T'es pas un gros dur. On ne t'a déjà dit. T'es pas un gros dur. Physiquement, déjà, tu ne fais pas partie de cette catégorie de mecs bodybuildés naturellement, ces types qui ont des muscles saillants et des veines apparentes. Non. Toi, tu as une tête d'ange qui s'est fracassé sur le béton, le corps d'un chérubin qui s'est égaré. T'es sec, t'es grand, c'est sans doute tout ce que tu as pour toi, ce qui fait qu'on ne t'emmerde pas. Y'a que dans tes yeux que persiste la haine. Y'a que tes iris qui ne sont qu'un déchainement de colère. La seule raison pour laquelle on ne vient pas te faire chier, la seule raison qui fait que tu es encore debout, encore vivant. T'as pas un gros dur, mais t'es un battant. Un résistant. De ceux qui refusent de crever aussi bêtement. Alors, tu te sens pas supérieur à lui. À son corps que tu sens trembler contre toi. Tu te sens pas particulièrement plus fort ou plus apte à affronter la vie. Cette fragilité, celle qu'il te dévoile impudiquement, tu l'as aussi. Quelque part, enfouie, dissimulée sous des tonnes de mauvaises pensées. T'essaies juste de l'oublier. Parfois, tu peux plus lui échapper, c'est le plus souvent quand tu es défoncé. Alors, tu ne contrôles plus, tu ne sais plus te tenir et tu déambules prêt à t'écrouler sur le premier inconnu. Mais elle est là, omniprésente. C'est pour ça, que tu le lâches pas, que t'attends que ce soit lui qui daigne s'écarter. C'est naturel d'avoir peur, c'est normal de se sentir traumatisé. T'es sans doute un des mieux placé pour en parler.

Alors, tu restes immobile, figé. Et tu le fixes. T'as une manière de le regarder, insistante, attentive, inhabituelle pour un être humain civilisé. Le visage proche du sien, à le regarder par en-dessous, à scruter son visage, guetter le moindre signe de malaise. Sa peau pâle, ses lèvres tout aussi blanches. Étonnement, t'es pas dégoûté par la proximité, toi qui déteste être touché. T'es bien trop concentré à tenter de savoir s'il va te claquer entre les doigts, bien trop impliqué dans ton rôle d'ange-gardien. Ironiquement. T'as cet air détaché, en même temps. Comme si tu en avais l'habitude, l'habitude d'en voir des types comme ça. La vérité, c'est que ça fait un petit bout de temps que tu ne t'es pas occupé de quelqu'un. Le truc, c'est que tu as toujours été plus attentif aux autres qu'à toi. À ces gamins qui souffraient en gémissant, pendant que toi, toi tu ravalais la douleur en silence. Muré dans ton éternel, ton putain de silence. Tu croises son regard, mais t'es pas certain qu'il te voit. Il a l'œil vitreux, l'air ailleurs. Son merci te heurte le cœur et tu t'entends répondre C'est rien. dans un murmure. Alors que non, non, c'est pas rien. T'as failli te faire planter pour des conneries. T'as le poignet en feu et le passé qui te saute à la gorge. Mais tu n'as pas envie qu'il se sente redevable. De toute façon, tu te dis que tu ne le reverras jamais.

Il finit par sortir de son cauchemar éveillé, s'éloignant de toi comme s'il reprenait connaissance après une longue descente aux enfers. Tu le toises, le relâches après t'être assuré qu'il pouvait effectivement tenir sur ses pieds, un minimum. Sa réponse t'arrache un hochement de tête, une bonne nouvelle que celle de savoir qu'il est du quartier. Cela sera bien plus simple pour le ramener, plus rapide aussi. Tu as déjà détourné le visage lorsque tu sens son regard peser sur tes épaules, ce qui attire à nouveau toute ton attention. Son visage, la peur dans son regard. Tu restes stoïque et ferme l'esprit à ses excuses. D'ailleurs, pour toute réponse, tu balaies l'air de la main, comme si tout ceci n'avait aucune espèce d'importance, alors que cela en a. Tu te mets en marche à son rythme, calquant ton allure sur ses pas. Il continue de parler, flot ininterrompu et tu ne peux pas t'empêcher de souffler du nez, presque amusé. C'était pas courageux ou super classe. T'es cassant, trop, alors tu te reprends, d'une voix plus amusée, plus douce. Cela ne sert à rien de l'affoler ou de s'acharner sur lui alors qu'il n'a rien fait. C'était surtout très con. Parce que des problèmes à cause de lui, tu en auras. Mais ça ne sert à rien de le culpabiliser. C'est toi qui a pris la décision de te mêler de ce qui ne te regarde pas. C'est un peu de ta faute, tout ça, ou du moins ça le sera.

Tu jettes un regard à ton poignet douloureux, puis à l'arme que tu as toujours en main. D'un mouvement discret, tu la glisses à ta ceinture, à ta hanche, alors que ton regard en coin vient capter celui de Mason. Encore une fois, tu te heurtes à un visage de gamin que tu n'as pas particulièrement envie d'inquiéter. T'es déjà pas très rassurant comme individu, mais armé, tu en deviens carrément louche. J'ai mes empreintes dessus et je ne sais pas ce qu'il a fait avec... Je m'en débarrasserai plus tard. Justification à peine articulée, dans un souffle. Tu te détournes, regardes droit devant toi. Laisses le silence s'installer. Inspires. Anjel. Cela tombe comme une sentence de mort. Tu ne cesses pas d'observer la rue, qui défile sous tes pas, alors que tu lèves enfin le voile sur ton identité. Et t'as pas dit AJ. Étrangement, t'as pas dit AJ. Moi c'est Anjel. Parce que l'ironie est trop belle, parce que pour une fois, t'es fier de ton prénom et que tu l'incarnes à la perfection. Pour une fois, AJ, t'as envie d'être ce putain d'ange tombé du ciel.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyMar 30 Avr - 18:35


Someone rescue me_
@AJ Lucero & Mason Warden
T’es limite gêné quand tu le vois te fixer avec insistance comme ça, tu t’es jamais senti si petit, toi qui mesure tout de même un bon mètre quatre-vingt-un, toi qu’on regarde d’en bas parce que t’as l’habitude de surplomber tout le monde. Sous l’œil inquisiteur de ton sauveur, tu te sens comme un môme perdu au milieu d’une fête foraine, de ceux dont on fait appeler les parents à l’accueil et qui finissent par courir dans leurs bras en larmes. T’as jamais rien eu d’un dur, et surtout pas aujourd’hui, pas ce soir. C’est pour ça que tu t’excuses piteusement, de cet état dans lequel tu es, de ce qu’il a fait pour toi, de ce qui aurait pu lui arriver à cause de toi, surtout. Il te répond dans un murmure et tu lèves un moment les yeux vers son visage. Il est impassible, détaché, presque froid et tu te demandes bien pourquoi ce type est venu t’aider alors qu’il n’a pas l’air d’en avoir quelque chose à faire de toi. Pourquoi devrait-il se soucier de toi d’ailleurs, tu ne le connais ni d’Eve, ni d’Adam, vous n’êtes même pas de la même couleur lui et toi. Toi, ça te fait rien bien-sûr, mais dans ce quartier, tu peux vite te faire lyncher parce que t’es pas assez bronzé. C’est d’ailleurs ce qui a failli d’arriver, et ça te rend fou. Tu sais que t’y repenseras lorsque ton cerveau sera reconnecté, tu sais que tu culpabiliseras de ce qui aurait pu arriver parce que t’es comme ça, Mason, c’est dans ta nature.

Tu te sens un peu mieux quand le bas de ton corps se reconnecte au haut et que t’arrives à marcher sans que tes jambes te lâchent. D’un côté, t’as repris contenance assez vite et t’es plutôt fier. De l’autre, t’es en pleine possession de tes moyens si, effectivement, le type finit par revenir et se met à vous courser. Vous vous mettez en marche mais tu ne peux pas t’empêcher de lui jeter des regards en coin. Tu marches côte à côte avec un inconnu qui vient littéralement de te sauver la vie et il se montre tellement stoïque et t’en viens à te poser des questions, du genre : est-ce qu’il regrette ? Est-ce que je l’ennuie ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi être si froid ? Alors tu continues de t’excuser jusqu’à ce que son geste de la main ne t’interrompe. Cet homme est définitivement étrange, mais aussi détaché puisse-t-il être, tu te sens étrangement en sécurité à ses côtés. Et puis tu commences à dire n’importe quoi, parce que t’es angoissé et que t’as besoin d’évacuer la pression. Tu te mords la lèvre quand ses mots résonnent un moment dans ta tête, c’était surtout très con. Evidemment que c’était très con, mais sans lui, tu serais mort. Alors tu lâches ce que t’essayais de retenir depuis tout à l’heure. — J’te suis redevable. J’ai… une dette envers toi. Ça te fait bizarre de dire ça, t’as l’impression d’être dans un vieux film de mafieux en noir et blanc, manque plus que l’accent russe et on s’y croirait. T’as jamais été redevable envers personne, mais pour ce gars, tu décides que tu le seras. C’est sa vie contre la tienne ou quelque chose comme ça, non ? Vous continuez de marcher quand tes yeux viennent se poser sur l’arme qu’il garde en main, tu te rassures en te disant que c’est pour vous défendre, ouais juste au cas où, mais ça te fait froid dans le dos de voir les reflets de la lune se refléter dedans à chacun de ses pas. Son explication ne te rassure pas du tout, pire encore, ça te fait frissonner quand il commence à parler d’empreintes et de se débarrasser de l’arme. A quel moment ta vie est devenue un thriller palpitant ? — Oh… D’accord. C’est tout ce que t’arrives à dire. Sûrement parce qu’il n’y a rien d’autre à dire. Et puis malgré toi, tes jambes s’arrêtes net quand t’entends son prénom. Tu le fixes un moment et tu peux pas t’empêcher de sourire. — Anjel ? J’aurais dû m’en douter. Quelle drôle de coïncidence tout de même, que l’homme que te sauves la vie se prénomme ainsi, t’as presque du mal à y croire. Un peu gêné de sourire comme un niais devant cet homme si détaché, tu te racles la gorge et te remet en marche. — Eh bien Anjel, je ne te remercierais jamais assez pour ce que tu as fait pour moi, tu m’as littéralement sauvé la vie. Vous prenez à droite au prochain croisement et les rues deviennent un peu plus éclairées, plus peuplées, même si à cette heure il n’y a plus grand monde. Tu sais que tu te répètes mais tu ne peux pas t’en empêcher alors que vous arrivez dans ta rue. — Si jamais je peux faire quelque chose… Mais qu’est-ce que tu pourrais faire, Mason ? Tu sais rien faire à part réparer des voitures et te foutre dans la merde, t’as pas beaucoup d’argent et aucune relation qui pourrait te servir, mais ça t’empêche pas d’insister. — J’habitude juste au bout de la rue, là. Tiens bon Anjel, ton calvaire devrait bientôt prendre fin.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyMer 1 Mai - 1:43

_someone rescue me
@mason warden

Il y a un truc qui fait qu'on ne peut pas t'aimer. Un blocage, cette barrière que tu as dressée entre les autres et toi. Une manie que tu as de n'exposer qu'une version minimale de toi, l'âme détachée, meurtrie par la vie. Tu penses qu'elle te protège, et c'est le cas. Tu penses que t'es encore debout grâce à elle, et c'est le cas. Tu penses que sans sa réconfortante présence, tu serais déjà mort dans le pire des cas. C'est vrai. Le truc Anjel, c'est que ta seule défense, elle t'a isolé du monde, elle t'a coupé des autres comme un prisonnier dans le couloir de la mort. Tellement déconnecté. Tellement ailleurs. Tu t'es emprisonné dans ton propre corps, enfermé, cadenassé derrière cette gueule fermée. Puis tu en as perdu les clefs. Souffrance morale, souffrance réelle que tu ne sais plus exprimer. T'as fermé les vannes et le cœur. Il te reste cette méfiance, quand tu sens ses regards, images volées, dérobées du coin de l'œil, petit morceau d'éternité qui d'effrite. Pupilles qui se croisent, qui s'apprivoisent, mais que déjà tu détournes, la route comme seul et unique horizon. Il parle de dette, t'as le crâne qui résonne, l'esprit qui se dérobe. Imperceptible mouvement de la tête, le non silencieux, celui que tu ne prends même pas la peine d'articuler. Tu veux pas qu'il se sente redevable. Demain, ça sera toi, la gueule éclatée sur le pavé. Demain, ça sera toi, le crâne explosé sur la chaussée ou le poignard planté dans le dos. Y'aura sûrement personne pour te sauver. Alors t'acceptes pas qu'il se sente redevable de quoi que ce soit, d'une dette qu'il ne remboursera pas. Il sera pas là, quand ça t'arrivera. Personne ne sera là, pour te ramasser, encore. Après la chute libre, y'a que le béton armé pour te réceptionner. L'œil fixé sur le trottoir, le lampadaire, puis celui d'après, le défilement du paysage pour s'éviter de penser. Les rues qui s'éclairent, l'âme qui s'assombrit. T'être redevable, c'est avoir une vision sur le long terme. Tu sais déjà pas où tu seras dans deux minutes, dans deux heures, dans deux jours. Pourquoi s'engager sur un si long moment quand t'es pas certain que le corps suive la cadence ? Les lèvres qui se pincent, imperceptiblement. Tu restes détaché, pour ne pas prendre le risque de te lier. Soupir. On oublie ça. Je t'assure, tu n'me dois rien. L'accent présent, l'accent pesant. La langue qui roule dans le palais, entre tes lèvres, quand la voix devient plus grave, quand tes yeux noirs, à la lueur orangée d'un réverbère, finissent par se tourner vers lui, brillants dans l'obscurité. T'es surpris qu'il soit encore à tes côtés, qu'il ait placé en toi une confiance aveugle, quasi absolue. Après tout, tu es encore armé. Tu pourrais prendre ce qu'il lui reste de dignité, voler son argent et te barrer. Tu saurais faire. Mais à quoi bon ? Le mal, tu ne l'as jamais fait gratuitement et ta conscience repose en paix. T'es pas tout à fait un ange, AJ, mais t'es loin d'être un démon. Tu l'as suffisamment prouvé ce soir. Comme si une nuit pouvait rattraper tous tes péchés. Au fond, t'as dû faire quelque chose de mal, pour avoir une vie si minable. Douleur muette, le regard qui part un instant vers les étoiles. T'as l'air paumé dans tes pensées. Tu l'es. Jusqu'à ce que tu comprennes qu'il s'est arrêté. D'un mouvement similaire, tu te figes, le visage qui se tourne vers sa silhouette immobile. Éclat de lune sur vos visages pâles, ton visage blafard, le teint exotique mais maladif. Les cernes sous les yeux, des yeux qui n'ont de cesse de s'agiter, de le dévisager, avec un air presque inquiet. Et tout à coup, y'a son sourire. Tu es désemparé par son sourire. Le regard qui fuit, droite, gauche, il se perd, cherchant malgré lui à qui ce sourire est destiné. Mais tu dois te raccrocher à la réalité. C'est à toi qu'il appartient désormais. Tu es surpris, tu ne sais pas comment réagir. Il te faudrait lâcher prise, te laisser aller. Il se racle la gorge, tu le regardes s'approcher, reprendre sa progression, lui emboîtant finalement le pas après une hésitation. Sauver la vie. Ton visage qui se détend, la commissure des lèvres qui se creuse sur sa joue, sourire arraché à ton visage d'enfant. Arrête d'insister, vraiment, c'était rien… Tu voudrais ajouter que n'importe qui aurait agi comme ça, mais cela serait se leurrer. Vous savez tous les deux que c'est faux et c'est probablement ce qui rend délicate cette situation. Tu devrais te contenter de dire de rien et de passer ton chemin. Tu le sens qui ralenti, tu l'imites, imperceptiblement. Il te propose de faire quelque chose et ça t'arrache un nouveau sourire. Il ne sait pas à quel point tu es un cas désespéré, à quel point il ne peut pas t'aider, en rien. T'as besoin d'oxygène Anjel, de rien d'autre. Mais personne ne peut t'en donner. Alors, tu restes en apnée. Les épaules qui se soulèvent légèrement, tu manifestes ton impuissance. Si jamais. Si jamais. Il désigne le bout de la rue, t'as tes jambes qui se figent, mouvement avorté. Te voilà arrêté au milieu du trottoir, les yeux qui se plongent dans les siens, une seconde, avant de continuer à avancer. Silence pesant. Oublie cette histoire de dette, j'te demanderai rien. Le pas qui ralentit alors que vous arrivez doucement devant son chez lui. L'oeil qui fuit encore un instant son visage, le temps d'observer le bâtiment, avant de venir le scruter. Les mains froides qui se glissent dans tes poches, le poignet qui tiraille encore, qui a gonflé. Bon. Tu te sens mieux, ça va aller ? Piétinement, t'es pas pressé, t'es pas nerveux, t'es pas tendu, t'es pas inquiet. T'es dépendant des événements. Tu réfléchis à où tu vas aller, à ce que tu vas faire. Dans deux minutes, dans deux heures, dans deux jours. Essaie de pas rentrer par la même route la prochaine fois. Au moins quelques temps. Puis pas aussi tard sans être accompagné. C'est pas une leçon de morale, c'est un conseil. Après tout, toi, t'étais bien tout seul, sur le trottoir d'en face, t'es mal placé pour parler. Cette pensée te fait sourire, sourire gêné, sourire d'enfant, tu baisses la tête vers tes pieds un instant, avant de relever les yeux. T'anticipes la moindre réflexion à ce sujet. Enfin, prends pas exemple sur moi. L'air plus ouvert, moins fermé. La bienveillance dans l'iris maintenant que la pression est retombée. Elles sautent aux yeux, tes tares, tes difficultés à simplement communiquer. Ça t'amuse au fond. T'es capable de te péter le poignet pour un inconnu et t'es pas foutu de tourner les talons. À trop traîner, il va penser que t'attends quelque chose. Quand toi, t'attends plus rien. C'est le moment de dire au revoir, à jamais. Mais t'es excessivement mauvais pour les adieux. Un pas en arrière, puis deux. Tu t'arrêtes. Tu le fixes. Tu sais pas comment achever tout ça. Tu sais pas mettre fin à ce moment où t'as été important aux yeux de quelqu'un. Tu peux pas terminer par un à bientôt, peut-être à demain.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyLun 6 Mai - 9:07


Someone rescue me_
@AJ Lucero & Mason Warden
T’as beau insisté, il ne veut rien entendre. Tu sais pas comment le convaincre d’accepter, tu sais même pas ce que tu pourrais faire pour lui. De l’argent, tu pourrais lui en donner un peu, t’as de maigres économies et comme de toute manière, t’as pas prévu de partir, tu pourrais le dépanner s’il avait besoin. T’as un toit et à manger, alors tu songes à lui dire qu’il est le bienvenu chez toi si un jour il en a le besoin, parce que c’est le cas. Pourtant, ton instinct de survie te souffle de ne pas ouvrir si facilement ta porte à un inconnu, même si techniquement à tes yeux, il n’en est plus vraiment un. Non, ce qui te stoppe surtout, c’est ton colocataire. D’ailleurs, quand t’y réfléchis bien, Anjel te rappelle un peu Magnùs à cette façon qu’il a de se montrer si froid et si détaché tout en prenant soin de toi. Il semble responsable et débrouillard, mais tellement mystérieux. Et au fond de toi, tu sens que, comme Magnùs, il doit probablement se sentir très seul. Tu sais pas pourquoi tu penses ça, peut-être parce qu’il a le même éclat dans le regard que ton colocataire, cette même manière de détourner les yeux à chaque signe de bienveillance de ta part, ou cette habilité à mettre toujours un peu plus de distance entre lui et toi. Mais tu te décourages pas, Mason. Peut-être qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il vient de faire pour toi, peut-être qu’effectivement, il n’a personne à retrouver le soir en rentrant chez lui, mais toi, t’as Kelsie. Et s’il devait t’arriver quelque chose, tu sais pas si ta mère parviendrait à s’en sortir avec les frais médicaux de ton père et la scolarité de ta petite sœur. C’est pour ça que tu peux pas te permettre de mourir maintenant. Pas maintenant, pas tant que Kelsie n’a pas réussi à fuir cette ville de misère.

T’es conscient qu’il est armé, beaucoup plus fort que toi, plus effrayant aussi mais ça t’empêche pas de lui sourire franchement. Anjel, ton ange-gardien. Il semble décontenancé par ton attitude et ça te plaît de voir sur son visage autre chose que son masque d’impassibilité. Vous marchez un moment en silence jusqu’à ce que tu lâches — J’suis désolé mais j’continue d’insister. Tu sais que ça va pas lui plaire, t’as même l’impression de l’entendre soupirer mais tu te dégonfles pas.  En temps normal, t’es déjà le genre de personnes à toujours vouloir aider et rendre service aux gens. Et là, ce type t’a littéralement sauvé la vie, alors s’il croit que tu vas le laisser s’en sortir comme ça, il se trompe. Peut-être que cette conversation tourne en rond, mais t’espères bien l’avoir à l’usure parce que tu ne comptes pas baisser les bras. T’es peut-être pas le type le plus courageux Mace, mais t’es déterminé et t’as vraiment un grand cœur. Et ce soir, tu t’es mis en tête de rendre la pareille à Anjel, et quand t’as une idée en tête, tu l’as pas ailleurs. Il te regarde et t’as l’impression de l’agacer, tu sais que tu devrais arrêter là mais tu te surprends en lui répondant. — C’est pas parce que tu demandes rien que j’te donnerai rien. Dis-toi que maintenant, t’as quelqu’un à qui t’adresser si t’as besoin un jour. T’as préféré tourner ça comme ça pour ne pas le pousser trop loin. Qui sait, peut-être qu’un jour où il sera dans le besoin, il pensera effectivement à toi.

T’es presque soulagé quand tes jambes s’arrêtent d’elle-même devant chez toi. T’as jamais été particulièrement excité de rentrer à l’appartement. Tu dors, tu te lèves, tu vas bosser, parfois tu sors et ensuite, tu dors de nouveau. La routine s’est installée sans même que tu t’en rendes compte et ça te va très bien comme ça. Parfois, t’as l’impression que ta vie est un peu monotone, mais c’est dans ces jours-là que tu regrettes d’avoir pensé ça. C’est pour ça que t’as jamais été aussi heureux de voir ton immeuble, de savoir que dans deux étages et quelques portes, tu seras en sécurité chez toi. T’iras probablement prendre une douche brûlante pour décompresser, tu vérifieras deux fois que la porte est bien verrouillée et t’iras t’enrouler dans ta couette avant de tomber dans un sommeil profond tellement tu es fatigué. — Oui, ça va aller, merci. Et toi, est-ce que ça va aller ? T’es altruiste Mace, t’y peux rien. T’espères juste ne pas le vexer en t’inquiétant pour lui. Tu parles pas forcément du chemin du retour, tu parles de son poignet, du possible traumatisme après cet épisode, de l’arme dont il doit se débarrasser et des prochains jours à venir, où comme toi, il sera peut-être parano en sortant de chez lui, à toujours regarder par-dessus son épaule. En entendant son conseil, t’as du mal à déglutir et tu hoches la tête soudain très pâle. T’ajoutes rien parce que t’en es tout simplement incapable. Un frisson descend le long de ta colonne vertébrale et te glace le sang, t’as une boule dans la gorge, un nœud qui t’empêche de parler. La peur qui revient lentement et tu jettes des coups d’œil alentour, c’est plus fort que toi.

Pour la première fois tu le vois sourire et t’es étonné de voir qu’il a un visage doux sous cette carapace qu’il s’évertue à mettre entre lui et le monde. Mais comment le lui reprocher, il ne te connaît pas et a failli se faire planter pour toi. Peut-être est-ce le genre de sourire qu’il réserve à son entourage, à ses amis, à sa famille, à celle qu’il aime ? Mais t’es heureux d’avoir pu en bénéficier. Et puis les secondes passent et vous vous fixez poliment tandis qu’il recule lentement. Le moment est venu de lui dire au revoir mais tu sais pas comment faire, tu voudrais le remercier encore mais tu veux pas l’embêter, tu voudrais lui exprimer ta gratitude mais tu l’as déjà fait. — Mon appartement est le B22 au deuxième étage si jamais t’as besoin de quelque chose un jour. T’acceptes qu’il refuse ton offre, mais au moins, tu t’assures qu’il sache où te trouver en cas de besoin. Tu veux pas lui donner ta carte de crédit et ton code pendant que tu y es ? L’instinct de survie toujours présent mais que tu refuses d’écouter, parce que ça y est, t’as fait ton choix, t’as décidé. Tu fais confiance à ce type et tant pis si c’est une erreur. Tu vas pour lui serrer la main, comme font les hommes lorsque tu te souviens qu’il s’est fait mal au poignet. — J’imagine que si j’te propose de m’attendre ici pour que j’aille chercher ma voiture et que j’te conduise à l’hôpital tu vas m’envoyer bouler ? Tu retiens pas ton petit sourire devant l’évidence de la chose, mais t’as la conscience tranquille en te disant que tu auras fait tout ton possible pour lui et puis qui sait, peut-être qu’un jour vous vous recroiserez dans d’autres circonstances ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) EmptyVen 17 Mai - 12:07

_someone rescue me
@mason warden

Les barrières semblent tout à coup extrêmement fragilisées. L'instinct de survie comme apaisé, endormi, alors que vos cœurs s'ouvrent doucement, tacitement. L'inconnu n'en est plus un. Il a un nom, un regard, un visage, précieux à ta mémoire. Qu'en feras-tu de ces souvenirs lorsque viendra le moment où tu te les repasseras comme on regarde un vieux film ? Tu n'auras certainement aucune famille à qui les confier, personne à qui raconter ce qu'a été ta vie ici. Cette histoire ne sera pas de celles que tu pourras vanter, parce que cela ne te ressemble pas, d'être le héros. Tu n'as jamais été le personnage principal d'aucun texte, d'aucun regard, d'aucune vie, pas même de la tienne. À subir plus qu'à décider. À encaisser, en silence, à te ployer  sans jamais céder. À détourner trop souvent le regard, lorsque les choses glissent entre tes doigts. Lorsque Mason fait preuve d'une bienveillance à ton égard qui te dépasse, à laquelle tu n'es pas habitué. Cette promesse à demi-mot de t'offrir une présence si tu en as besoin un jour. Un interlocuteur à qui t'adresser. Mais pour dire quoi ? L'air décontenancé, plus que surpris. Cette foutue fierté qui t'empêchera toujours de demander de l'aide, qui sera plus forte, plus persistante que la main tendue qu'il t'offre par ses quelques phrases. Sa manière d'insister. Tu ne le connais pas, mais tu es désormais persuadé que c'est un être foncièrement désintéressé. Le genre d'âme que tu ne sais pas apprivoiser, parce que tu n'en as que peu côtoyé. Tu ne le sais pas Anjel, et c'est bien là un grand problème, mais ton âme a été aussi éclatante que la sienne. Tu l'as simplement oublié.

Ça va aller, qu'il te demande. T'as les lèvres qui s'entrouvrent pour répondre, mais aucun son qui ne sort de ta gorge nouée. Aucune parole, voix suspendue entre deux hésitations. Et toi, Anjel, ça va aller ? C'est vrai ça. C'est une excellente question à laquelle tu n'es pas foutu de répondre. Que va-t-il se passer maintenant ? Pour lui, la réponse est évidente. Il va monter dans cet immeuble, par l'ascenseur ou l'escalier, le plus rapidement possible, s'enfermer chez lui et tâcher d'oublier tout ce qu'il s'est passé. S'allonger sur son lit en fixant le plafond et tenter de se rassurer. Puis savourer le rythme apaisé des battement de son cœur, le poids de son corps sur le matelas, sa respiration tranquille. Savourer le fait d'être encore vivant. Mais toi, quand on te demande si ça va aller, t'as pas cette vision sur le long terme. Dans quelques secondes, ça ira. Dans une minute, ça ira. Au-delà, y'a qu'un trou béant d'incertitudes. Tes yeux glissent un instant sur le béton avant de remonter à son visage. Ça va aller. Que tu t'entends répondre, aussi simplement qu'un mensonge, aussi tranquillement qu'une futile banalité. Ça va aller, tout va aller pour le mieux. Il ne te reste plus qu'à t'en convaincre.

Il te donne le numéro de son appartement et t'as cette légère incrédulité sur le visage. L'information s'enregistre malgré toi dans un coin de ton esprit, alors même que tu ne penses pas que tu l'utiliseras un jour. En fait, tu hoches lentement la tête, acquiesçant, acceptant sans poser de mots, sa proposition de te porter secours, un jour. Si on extrapole un peu, c'est ta manière d'accepter que tu seras amené à le recroiser. Que sa présence, dans ta vie, aura peut-être un jour une impression de déjà-vu. T'es touché par sa confiance, sincèrement, quoique t'en montres pas grand-chose. Y'a que ton œil fuyant qui trahit tes sentiments. Il parle alors de l'hôpital et t'as cet air sauvage quand tu relèves le visage. Le poignet douloureux comme piqûre de rappel. Tu ne sais pas comment fonctionnent les hôpitaux ici, si tu devras payer pour des soins ou pas. T'as pas d'assurance, t'as rien pour gérer et hors de question pour toi de taper dans tes maigres économies si un jour tu veux avoir assez de thunes pour trouver un appartement. Alors, en réponse à son sourire, tu en esquisses un, amusé, tranquille, pour dédramatiser. Ouais. D'un geste du menton tu désignes l'immeuble derrière lui. T'as mieux à faire que de conduire... te reposer déjà. Tu masses ton poignet entre tes doigts, évaluant les dégâts. C'est rien, ça va passer, j'ai l'habitude. Et comme pour effacer tes mots trop rapidement prononcés, tu tends l'autre main vers lui. Toi que les contacts répugnent, toi qui a tellement de mal à te laisser approcher. Une main tendue et un sourire, c'est tout ce que tu as à lui offrir. Mais c'est déjà si précieux pour toi. Fais attention à toi. Que tu finis par souffler, sur ce ton de la confidence, avec cette infinie douceur, cette bienveillance si détachée. T'es pas particulièrement inquiet pour lui, mais tu ne peux pas t'en empêcher. Toi aussi, t'as besoin d'humanité.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Someone rescue me (AJson) Empty
MessageSujet: Re: Someone rescue me (AJson)   Someone rescue me (AJson) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Someone rescue me (AJson)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
C R O C O D I L E / G A M E S :: version deux :: les rps-
Sauter vers: