come as you are (nana)

Trop de corps qui se collent et s’échauffent, trop de mains qui effleurent, expéditrices à la recherche de courbes désireuses d’aventures. Elle est pas habituée, Rosalia, pas habituée à tout ce bruit, à tous ces corps qui se cherchent sans même se connaître. La musique pulse si fort qu’elle a l’impression de ressentir les vibrations dans chaque partie de son corps ce qui lui donnait l’impression de se laisser porter par le son alors qu’elle se frayait pourtant un chemin à travers les corps agglutinés. Elle sait même pas comment elle est censée retrouver un visage dans cette foule mais elle abandonne pas. Elle n’a pas subi le regard désapprobateur de sa mère et ses remarques acerbes murmurées en espagnol quand elle lui a confié Felix pour la nuit sans raison. La gamine comptait bien profiter de sa soirée autant que possible avant que ses obligations maternelles ne la rattrapent et l’obligent à agir en adulte. Pour ce soir, elle oublie volontiers son fils, sans grand effort il faut l’admettre, et cherche sa compagne de la soirée du regard. Elle sait même pas comment mais elle se retrouve avec un verre à la main, verre confié par inconnu et même si elle devrait probablement se méfier du contenu éventuel de la boisson, elle ne le fait pas et avale d’une traite le liquide ambré. Du rhum, apparemment, ce qui est une surprise plutôt agréable et quant à savoir si sa boisson contient autre chose, le mystère reste total et son insouciance l’incite à ne pas s’inquiéter plus que ça. Après plusieurs autres minutes de recherche intensive, elle aperçoit enfin Nana au loin, apparemment en pleine discussion. Elle se rue vers elle, soulagée de voir un visage familier au milieu de cette foule qui semble un peu l’oppresser par moment, foule qui donne l’impression de vouloir l’engloutir entièrement, elle et ce qu’il reste des limites qu’elle s’impose à elle-même et qui l’empêchent souvent d’encore faire ce qu’elle veut. Ça lui plairait sans doute, au fond, faire tomber toutes les barrières, faire taire cette voix dans la tête qui lui dit sans arrêt que c’est mal, tu devrais pas faire ça, que vont penser les gens ? Cette voix qui ressemble un peu trop à celle de sa mère, à toutes les remontrances qui ont guidé à sa vie pendant bien trop longtemps.

Finalement elle arrive vers Nana, l’enlace brièvement, l’air trop enjoué, gamine surexcitée à l’idée d’être loin de son monde habituel. Puis, elle est vraiment contente de la voir, Nana. Elles sont pas vraiment copines depuis très longtemps, c’est même très récent mais ça n’empêche pas Rosa de l’apprécier. Faut dire qu’elle a pas beaucoup d’amies, la gamine. Ou plutôt si, elle en a quelques-unes, qui ont jamais vraiment dépassé le stade de simple camarades et elle doutait que ces filles l’apprécient réellement, surtout maintenant. Elles approuveraient pas la voir fréquenter ce lieu, elles qui savent tout mieux que tout le monde, elles qui sont tellement meilleures qu’elle et qui n’hésitent pas à lui faire savoir – elle avait déjà dû subir leurs regards et leurs chuchotements pendant sa grossesse et il était hors de question qu’elle ne s’inflige ça à nouveau. « Wow j’pensais que j’allais jamais te trouver ! » Soulagement bien présent parce que si l’excitation d’être dans ce lieu est réelle, la crainte de l’inconnu l’est tout autant.

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On dit toujours qu’il faut remonter en selle, quant on est tombé de cheval. Ça doit être la même chose pour tout, ne pas rester sur une mauvaise impression. Tu as tendance à te forger un avis un peu trop rapidement, et il est difficile par la suite de t’en faire changer. Depuis ton agression, en boite de nuit il y a six mois, tu es retissante à y aller. Déjà que tu n’étais pas franchement fan des contacts trop pressant et de la chaleur étouffante. Mais tu pouvais t’y défouler, et tu es persuadée qu’encore aujourd’hui, tu le peux. Et puis tu viens enfin de convaincre Rosalia de sortir, ce n’est pas pour faire la fine bouche. Tu as l’impression qu’elle ne sort jamais de chez elle. C’est plutôt logique, puisqu’elle a un bébé et qu’elle doit veiller seule lui. Mais les peu de fois où tu es venue la voir, chez elle, dans son environnement, tu t’es bien rendue compte qu’elle était véritablement dépasser, et qu’elle avait besoin de sortir, de changer d’air, de décompresser loin du bébé qui ne fait que pleurer ou de la pression qu’elle se met. Alors tu l’as tanné, tanné, tanné et elle a fini par accepter, de sortir de son trou. Tu ne sais pas trop ce qui l’a poussé à finalement dire oui, mais tu ne vas pas t’en plaindre. Tu lui as donné rendez vous dans cette boite donc, et en arrivant, tu en as fait un rapide tour avant de te rendre compte que tu étais la première sur les lieux. Une boule s’est formée dans ton estomac. Tu es revenue, en boite de nuit, quelques fois, mais toujours accompagnée. Là, toute seule, tu deviens parano, tu as l’impression qu’à tout moment, quelqu’un pourrait fondre sur toi. Alors tu croises les bras toutes les cinq minutes, tu tires sur ta jupe en cuir, tu passes une main sur ta nuque rasée de près et tes yeux papillonnent, pour finalement s’arrêter sur deux filles que tu connais depuis un moment maintenant. Des Vipers. Ton rythme cardiaque se ralentit instantanément et tu fonds sur elles pour les saluer, et discuter jusqu’à l’arrivée de Rosalia, qui ne tarde d’ailleurs pas. En la voyant, tu souris, la sert dans tes bras un cours instant avant de la regarder de la tête en bas. « Tu aurais pu laisser ton costume de maman à la maison. » que tu dis en plaisantant avant de lui attraper la main. « à plus, les filles » que tu dis en tirant Rosalia vers un coin isolé, non loin du bar. T’as même pas pensé à faire les présentations, c’est pas trop ton truc, te s’faire rencontrer les gens, on même les rencontres en général. Ça ne vient jamais de toi, ça n’arrive jamais par hasard. Par exemple, tu n’aurais jamais connu la jolie brune sans l’intervention de Mal. Une fois dans le coin, tu lâches sa main pour attraper l’élastique qui emprisonne ses cheveux, les libérant ainsi. Ces derniers viennent former de jolies vagues autours du visage poupon de la demoiselle. Putain qu’est-ce que tu aimerais lui ressembler. « Alors, ça fait quoi d’être libre, ce soir ? » que tu demandes, les yeux pétillants.

C’est le sentiment d’être enfin libre, d’être débarrassé de toute responsabilité qui la rendait si enthousiaste. Elle savait bien, Rosa, que c’était éphémère, que demain matin, elle récupèrerait Felix et les emmerdes qui allaient avec. Mais pour l’instant, elle préférait ne pas y penser, volonté de passer quelques heures dans le déni. Enfin, c’est uniquement à condition de trouver Nana, parce qu’elle saurait pas faire toute seule, la gamine, saurait même pas comment se faufiler, passer incognito au sein de cette foule de fêtards habitués. Heureusement qu’elle repère vite son amie, déjà accompagnée. La moue boudeuse qui habite ses lèvres à la remarque de Nana, tête qu’elle abaisse vers sa tenue pour l’observer. C’est vrai qu’elle a pas fait beaucoup d’effort. Elle a opté pour un skinny noir et un top simple, avec ses habituelles converses aux pieds. C’est qu’elle n’a jamais été dans l’apparence Rosalia, elle qui préfère largement le confort des jeans et des chemises plutôt que la gêne provoquée chez elle en portant des robes et des jupes. C’est peut-être à cause de ses activités aussi – les jupes ne la protègent pas beaucoup en cas de chute de son skate, par exemple. « Excuse-moi, tout le monde n’a pas l’apparence ni la garde-robe d’un mannequin ! » C’est dit sur un ton léger, remarque de Nana qu’elle avait pris comme une plaisanterie et qui ne l’avait pas réellement vexé. Elle la suit volontiers, sans réellement prêter attention aux filles qui accompagnaient son amie un peu plus tôt. Rire qui échappe de ses lèvres quand Nana retire l’élastique qui tenait ses cheveux, elle se laisse faire sans dire grand-chose, persuadée que son amie sait probablement mieux qu’elle-même la mettre en valeur. « J’suis si contente, Nana, t’as pas idée!» qu’elle dit en prenant les mains de son amie dans les siennes, les serrant légèrement. Sincérité évidente dans ses propos, suffit de voir son sourire et son air enjoué pour comprendre qu’elle avait besoin de sortir, de changer d’air. « J’devrais sans doute te remercier d’m’avoir fait sortir ! » qu’elle dit en riant un peu. C’était parce que Nana avait insisté que Rosalia avait craqué, s’était autorisée cette courte pause. « Et puisque c’est rare, j’compte bien profiter autant que possible de toi... mais aussi de l’alcool ! » qu’elle dit, son regard se glissant vers le bar près d’elles, entraînant la brune avec elle pour s’en rapprocher. « Et toi, alors ? J’espère que t’as des anecdotes croustillantes à me raconter ! » Faut dire que pour Rosa, c’était plutôt une routine ennuyante qui s’est installée dans sa vie, chose qui l’effrayait mais qui était finalement arrivée. Alors cette soirée avec Nana, c’était l’occasion de vivre par procuration à travers les aventures de son amie et, pourquoi, l’occasion d’en vivre quelques-unes avec elle aussi.

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T’as l’impression d’voir un enfant qui découvre le monde, c’est touchant et très drôle à la fois. Un peu à la manière d’une girafe qui fait ses premiers pas, Rosa est tremblante mais émerveillée par tout ce qu’elle voit. Elle a bien dû fixer le DJ pendant deux minutes alors qu’bonnement, il est plutôt nul. Tu l’observes un instant en te disant que tu aurais dû lui donner rendez vous à la maison. Là, tu aurais pu la maquiller, la coiffer et l’habiller. Rosa est tellement jolie que tu en es jalouse, mais elle ne fait pas franchement d’effort pour se mettre en valeur, c’est dommage. Tu donnerais tout pour être aussi jolie qu’elle, pour avoir son cœur -et ce malgré sa grossesse- ou ses cheveux. Mais bon, le monde est injuste. Toi, tu essaies simplement de réparer cette injustice en détachant, au point, ses cheveux tout lui souriant. « Tu es chou mais je n’ai rien d’un mannequin. La prochaine fois, j’te resterai quelque chose à mettre. » tu aurais bien ajouté « ça ne peut pas être pire » mais tu te retiens, parce que ce serait de la méchanceté gratuite. Tu l’observes un instant en passant tes mains dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu. Tu souris quand elle attrape tes mains. Elle se mettrait à sautiller sur place que ça ne t’étonnerait même pas. Elle avait vraiment besoin d’une pause, c’est évident. « À ton service » que tu lui réponds avec un clin d’œil. Tu n’as pas le temps ‘en dire plus puisque déjà, Rosa te tire vers le bar. Ton sourire a dû mal à passer, cette fois, et quand tu arrives au bar, tu l’attrapes par les épaules pour la regarder droit dans les yeux. « Tu ne quittes pas le serveur des yeux quand il prépare ton verre et quand tu ne bois pas, tu poses ta main dessus, tu ne le quittes jamais, et tu ne bois pas d’en le verre de quelqu’un d’autre, d’accord ? » Il y a quelques mois, tu as connu les joies du ghb car tu étais imprudente. Depuis, tu prends toutes les précautions, surtout avec Rosa qui semble trop pure pour ce monde. Tu t’assure qu’elle ait bien tout compris avant de lever le bras en l’air pour attirer l’attention du barman, que tu connais. « Un cosmo pour moi et… ? » tu te tournes vers Rosa qui semble un peu paumé. « Mets deux cosmo » qu’tu finis par dire avant de sourire à la jeune femme. « Oh, pas grand-chose, je suis sur les nerfs en ce moment, je me prends la tête avec tout le monde. » tu dis en riant.

Et elle se rend pas compte, Nana. D’à quel point elle est jolie. Des cœurs qu’elle brise sur son passage, sans même le vouloir. Rosalia l’admire, pour ça. Elle a jamais été de celles qui font ce qu’elles veulent des hommes. C’est plutôt l’inverse, gamine qu’on impressionne trop facilement, gamine qui veut se sentir aimée et qui est prête à accepter les gestes de tendresse les plus rudimentaires comme preuve d’un amour sincère. Gamine qui se fait toujours avoir par les belles paroles, celles susurrées au creux de l’oreille après quelques verres et qui veulent plus rien dire une fois l’ébriété envolée. Peut-être que c’est elle, le problème. Pourtant, elle veut pas forcément quelque chose de grand. Elle veut pas finir dans les étoiles, les effleurer du bout des doigts lui suffiraient. Mais ça bloque tout le temps. Elle et son caractère trop affirmée, elle et Felix sous le bras, poids trop gros pour ces gamins qu’elle désire tant épater. Et ça finit toujours pareil. Par des draps froids, présence envolée depuis longtemps et par ses espoirs disparus une fois le soleil levé. Nana, elle a sans doute pas ce problème là – Rosa est persuadée qu’elle peut avoir qui elle veut et sans doute même qu’ils restent, ces gars-là. La latina la suit bien volontiers jusqu’au bar, enthousiasme sans fin qui l’habite. C’est pourtant idiot, banal, cette sortie, mais c’est une bouffée d’air frais dans un quotidien qui la ronge chaque jour un peu plus. Elle fronce les sourcils face aux nombreux conseils donnés par Nana, sans vraiment comprendre pourquoi elle devrait prendre tant de précaution. « D’accord, mais tu penses vraiment que c’est nécessaire ? J’veux dire, tout le monde est là pour s’amuser, pas vrai ? » Preuve qu’elle sort pas assez souvent, Rosa. Elle reste persuadée que ces personnes qui profitent des autres se font rares. Sans doute aussi qu’elle fait partie de ceux qui pensent que ça n’arrive qu’aux autres. Elle avait pensé aussi que tomber enceinte si rapidement n’arrivait qu’aux autres et résultat, Felix était désormais là pour occuper ses journées. Pourtant, elle a pas vraiment l’air d’avoir retenu une quelconque leçon de ce qui est arrivé. Elle hausse les épaules quand Nana l’interroge sur ce qu’elle veut. Elle a jamais rien connu d’autre que les verres de vodka qui déchirent la gorge et les shots de téquila qui la poussent à se précipiter vers les toilettes. Les cocktails et autre, c’était pas vraiment son fort. Elle s’appuie contre le bar en attendant leurs boissons, fronçant les sourcils suite aux confessions de la brune. « J’peux comprendre. Ça m’arrive un peu trop souvent aussi, ces temps-ci. » Les malentendus et la mauvaise foi qui se mêlaient et provoquaient des disputes explosives, résultant en des relations abîmées. Fierté qui n’aide pas à arranger les choses et qui poussent la gamine dans ses retranchements, même quand elle a tort, même quand sa maladresse est la grande responsable de ces amitiés fracturées. « En tout cas si jamais quelqu’un t’emmerde, j’peux t’aider à t’venger. J’suis sûre qu’il y a des tutos pour nous filer des idées sur internet. » Faut dire qu’elle était plutôt adepte des explosions live que des vengeances masquées après coup, Rosalia. Elle a jamais réellement su se contenir et elle a jamais été assez vicieuse pour s’en prendre à quelqu’un derrière son dos. Ses colères sont trop éphémères, astéroïde qui s’écrase aussi rapidement qu’il s’est lancé. Enfin, leurs verres arrivent. Rosalia s’empare du sien, se redresse et fait face à Nana. « On trinque à nous, et à une soirée sans prise de tête, d’accord ? » C’était bien ça, la volonté de cette soirée. S'évader, panser un peu ces cœurs contrariés.

» nana nobody
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» (16/03) nana reynolds
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