You committed, I'm your crime | ft Drax

C’est tendu, en ce moment, avec Malcolm. C’est tendu depuis des mois, en réalité, même si tu ne voulais pas te l’avouer. A chaque fois que tu le vois, tu aimerais lui parler de cette soirée, de cette soirée en boite, avec son frère. De ce qu’il a mis dans ton verre, de ce qu’il t’a dit, de ce qu’il aurait pu te faire, si Eka n’était pas arrivé. Tu aimeras lui dire que ces filles qu’ils dénigrent t’ont sauvé la vie, tu aimeras lui dire que ce frère qu’il admire, que tu admirais, toi aussi, n’est qu’une pourriture sans moral. Mais tu n’y arrives pas, Nana, tu ne peux pas. Parce que tu sais qu’il n’a rien de plus précieux. Parce que tu sais que Drax restera son modèle, son héros, et tu ne veux pas le détruire plus qu’il ne l’est. Mais ça te bouffe, et tu es tendue, à chaque fois que tu le vois, à chaque fois que tu lui parles. La dernière fois, ça a pété, et tu sais que ça peut recommencer, tu sais que bientôt, tu ne pourrais plus te taire. Alors égoïstement, tu l’ignores. Tu lui dis que tu as beaucoup de travail, et tu passes ta vie chez Eka et les autres filles. C’est plus simple, comme ça. Mais il faut bien que tu rentres, de temps en temps. Que tu passes assurer à sol que tu es toujours en vie, que tu prennes des fringues propres, aussi. Alors parfois, tu t’rends à Delray et tu montes les quatre étages qui te séparent de ton appartement. Aujourd’hui, quand tu es partie de Mexicantown, tu ne t’attendais absolument pas à le trouver devant ta porte. Pourtant, pourtant il est bien là, appuyé contre le mur, avec une expression ennuyée et une attitude nonchalante. Il attend, il t’attend. Et toi, toi tu te sens mourir, quand tu le vois. Gamine, tu aurais tout donner pour un peu de son attention, aujourd’hui, tu aimerais disparaitre, ne plus le voir, ne plus l’entendre. Sa présence de remue le cœur, tu as envie de vomir, de pleurer, de hurler, de t’enfuir. Et pourtant, pourtant tu restes bloquer là, à la dernière marche, face à lui. Et bientôt, bientôt il lève la tête, bientôt il te voit et sourit. Comme si de rien était. Comme s’il n’avait rien fait. Et tu veux disparaitre, tellement fort, Nana. Pourtant tu restes, droite dans tes bottes, tu rassembles toutes tes forces pour avancer, un pied devant l’autre pour passer devant lui, passer devant drax et atteindre ta porte. Tu sors ta clé et essaie de l’entrer dans la serrure, mais tu trembles, nana, parce que tu as tellement peur. Tu penses à cette nuit-là, tu penses à Jaime et toutes les autres, tu penses, tu penses, tu penses.

pas d'idée précise, ce jour là. pas grand chose à faire non plus. puis c'est dimanche, du coup le tabac est fermé et drax travaille pas. rien à faire, ni à voire, personne à qui parler. malcolm qu'est pas à la maison de la journée, du coup drax sort un peu, histoire de peut être se balader, mais perd toute envie sur le pas de la porte. plutôt envie d'une bière, d'un coup. ou un truc, peu importe, juste de l'alcool. quelque chose, quoi. ce serait sympa. sauf que y'a rien dans le frigo. fin de la semaine, normalement il fait un peu de courses le lundi. mais là rien d'ouvert. à part les voisins.
sauf que y'a pas tout le monde qui a envie de voir sa gueule, à drax, parce que c'est pas forcément le voisin qui plaît, à part aux nénettes qu'il croise sur le palier qui donneraient tout pour une nuit avec lui. mais les mecs l'aiment pas trop. puis y'a sol dans l'immeuble d'à côté, et il le connaît, donc c'est pas un soucis ou très compliqué de lui demander un truc. puis certainement qu'il dira oui, en plus. du coup il bouge, drax, s'échappe de chez lui quelques instants histoire de sonner à l'immeuble d'à côté. surtout que ça fait un bail qu'il l'a pas vu, donc pourquoi pas.
du coup c'est ce qu'il fait, toujours dans la dégaine du dimanche qui en soit pourrait être considérée comme sa tenue habituelle, même jogging adidas qu'il porte tellement qu'on dirait un personnage de bande dessinée.
mais pour l'instant pas de réponse, peut être qu'il est sous la douche ou machin, chais pas moi. du coup il attend, sort une clope qu'il fume malgré le fait que y'ai qu'une pauvre fenêtre ouverte dans la cage d'escalier. ça pue moins que the com', mais ça changera rien. l'odeur partira un jour où l'autre, de toutes façons.
et y'a quelqu'un qui monte, p'têt une autre nana à draguer, surtout que quand elle a fini de monter, elle prend le temps de s'arrêter, assez longtemps pour que drax l'observe et se mette à sourire, parce que ah p'tain c'est nana.
et il la connaît pas en profondeur, il sait juste qu'elle était sur lui quand ils étaient plus jeunes, et que depuis qu'il a apprit ça il a envie de rien sauf de la pécho. quelle belle coïncidence, du coup.
eh salut beauté, qu'il lance alors qu'elle s'avance sans lâcher un sourire ni un bonjour, puis qu'elle se dirige vers la porte pour l'ouvrir. ahhh p'tain mais ouais t'es la reus de sol! ben j'passais juste pécho une bière si y'en avait une.. qu'il dit en retenant la fumée de la dernière taffe dans sa gorge, puis l'exhale quand il a fini, et jette le mégot dans l'escalier.
il se tourne vers elle à nouveau, sourire de con aux lèvres, et l'observe un peu une dernière fois. ça va toi ? puis il se lèche presque les babines en repensant à la dernière fois où il l'a vue, parce qu'ils étaient tous en boite, et il l'a un peu cherchée mais elle s'est pas laissée faire, du coup il a laissé tomber, sans plus forcer. mais en la regardant à nouveau, ben il a toujours autant envie, en fait. parce qu'elle est jolie, nana. très. peut être un peu trop pour lui.

C’est bête, mais tu pensais vraiment être capable de l’ignorer jusqu’à la fin de ta vie. Lui, l’ami de ton frère, le frère de ton ami. Tu devrais considérer Drax comme un membre de ta famille, pourtant, pourtant ça n’a jamais été le cas. Enfant, tu lui vouais une véritable admiration, sans véritablement savoir pourquoi. Et puis, tu as affirmé à Malcolm que tu étais amoureuse de son frère, sans même savoir ce qu’était véritablement l’amour, Nana. Après tout, Jamie disait t’aimer, lui aussi, tout comme maman. Ta vision d’l’amour a toujours été un peu biaisé. Et, en grandissant, tu as fini par te désintéresser de lui, tout simplement. Ça s’est fait naturellement. Tu le voyais de moins en moins, et quand vous vous croisiez, il n’était qu’le frère de Malcolm, que l’ami de Sol, mais pour toi ? pour toi rien du tout.

Et puis y’a eu cette nuit,
Et puis tout a basculé.

Lui aussi aurait dû te considérer comme un membre de sa famille. Et pourtant, pourtant il était là, à cette soirée, ton esprit, même embrumé par la drogue, l’aurait reconnu entre mille, lui qui ressemble tant à son frère. Pourtant il était là, trop là, trop présent, trop proche et toi, toi t’avais l’impression d’étouffer, l’impression de mourir, une seconde fois, une nouvelle fois. Et sans eka, peut être serais-tu vraiment morte, ce jour-là, Nana.

Tu n’l’as pas revu depuis, tu n’le voulais pas, et y’avait pas vraiment de raison, n’est-ce pas ? et pourtant, pourtant il est là, juste devant la porte de ton appartement, et y’a sa voix d’sucre, sa voix d’sang qui s’élève dans la cage d’escalier, et t’as envie d’vomir, Nana, et t’as envie d’pleurer.

Beauté

Y’a sa voix qui s’répercute dans ta tête et tes yeux qui s’écarquillent. Tu t’fais des films, déjà, tu as envie d’hurler, de partir, loin, très loin, mais t’es incapable d’le faire, tu restes là, devant ta porte, à essayer d’l’ouvrir du mieux que tu l’peux. Et il continue, il parle, parle, parle, et ton silence t’étouffe, fort, fort, fort.

La reus de Sol. C’est tout, tout ce que tu es, à ses yeux. Pas la fille d’la boite. Pas la meilleure amie de son frère. Juste la sœur de Sol. Tu r’dresses la tête pour tenter d’lui répondre, mais il charge, de nouveau, il ose te demander si ça va, et il bave presque, et il a ce regard, le regard de Jamie, le regard de la nuit. Alors tes sourcils se froncent et ta mâchoire se sert. L’audace qui t’a quitté, depuis longtemps maintenant, semble émerger de ton cœur, et tu lui dis, alors qu’la porte veut enfin s’ouvrir, tu lui dis, Nana, la voix tremblante et l’regard farouche, tu lui dis d’aller s’faire foutre. Et tu entres, et tu vas pour fermer la porte, mais y’a un truc qui bloque, mais y’a drax, encore, encore, encore.

la demoiselle répond pas, drax fronce les sourcils. qu'est ce qu'elle a, la donzelle? qu'il se demande vaguement, entre deux regards de haut en bas.
puis elle lui crache à la gueule, l'insulte comme ça de nulle part, et ça lui fait écarquiller les yeux, puis elle essaye de s'échapper, fermer la porte qu'il bloque rapidement avec son pied, puis qu'il finit par tirer de ses deux mains.
et il se retrouve face à elle, assez proche pour sentir son parfum tout doux qui lui ferait presque sourire l'odorat, jolie fleur, jolie nana. puis comme ça, une fois devant elle, il sait même plus quoi dire. il reste comme bloqué devant elle, devant son regard qui le transperce. il est juste bloqué là, mal au pied droit et aux doigts, bouche bée devant la meuf, comme un con qui bave.
pourquoi tu me dis ça nana? j'ai fais quoi? qu'il finit par sortir, cherchant un peu ses mots. puis je comprends pas, je mords pas pourtant.. qu'il dit, regard un peu dans le vide, puis il laisse sortir un petit rire, pensant à lui sous la forme d'un chien, un gros pitbull qui mord bien fort.
puis même si ça lui ressemble un peu, c'est vrai, ben il serait jamais comme ça avec nana, et j'espère bien qu'elle le sait. avec qui que ce soit peut être, mais pas avec elle, non. pas nana.