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 My head is spinning (AJ)

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MessageSujet: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyJeu 23 Mai - 0:07

Brouillard dans la tête, gorge noyée d’alcool, il trimballe sa silhouette dégingandée, déambule sans but dans les rues désertées. Les gens ont fui la pluie, sauf Nemo, évidemment, il se sent sous l’orage comme un poisson dans l’eau. Une bouteille de vodka bon marché à la main, à moitié vide – il n’est pas du genre à voir le verre à moitié plein –, les pieds ne se mettent pas vraiment l’un devant l’autre. De temps en temps, il dévie du trottoir, récolte un coup de klaxon et une vaguelette d’eau sale sur le pantalon en piétinant dans le caniveau. Il fait alors un bras d’honneur que personne ne peut voir sous les torrents qui dévalent les parebrises et remonte sur son trottoir, pas très droit sur ses jambes mais sans perdre son précaire équilibre. Il lui reste des bribes de lucidité, pourtant, encore trop à son goût. Il faudrait qu’il en boive plus, de cet alcool qui lui brûle le gosier plus qu’il n’a d’effet euphorisant. Le corps est habitué, blasé de tout, même un cocktail aux antidépresseurs ne le fait pas décoller, foutue accoutumance, damnation des camés.

Il s’appuie contre la vitrine d’un magasin de quartier, le front contre le verre pour essayer d’en distinguer le contenu à travers le rideau de pluie, non pas qu’il pourrait lever les yeux vers l’enseigne pour le savoir – si, il pourrait, mais il a toujours préféré regarder la terre plutôt que le ciel, la saleté des pavés plutôt que les nuages immaculés, ça lui donne envie de gerber. Peut-être qu’il va gerber contre la vitre, en fait. Dommage qu’il pleuve, aucun employé devra nettoyer. L’eau lui dégouline dans les cheveux, sur la gueule et dans les yeux. Ça l’empêche pas de les garder grand ouverts devant le visage familier qui lui fait face, au milieu des machines à laver. Alors il s’met à taper sur la vitre comme un paumé. AJ, il lance, vaguement conscient que l’autre doit rien entendre depuis l’intérieur de la laverie, à part ses boum boum boum contre la fenêtre. AJJJJJ, qu’il insiste juste pour le plaisir de faire chier. Il prononce son prénom comme le ferait un Japonais : mal. Il décide de taper à deux mains, oublie la bouteille qui se fracasse entre ses doigts, lacère joliment la chair. Fuck, c’est tout c’qu’il trouve à dire en regardant la vodka se mêler à la pluie et au sang qui perle déjà, sans plainte, sans passion. Il pose la main meurtrie à plat sur la vitrine, macule celle-ci de rouge avec un sourire sans joie.

Ça sent le désastre à plein nez.
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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyJeu 30 Mai - 17:38

_my head is spinning
@nemo murakami

t'as tué un homme.

t'arrête pas d'y penser, comme une supplication morbide, une prière qui brûle tes tripes et ta gorge. t'as tué un homme. ça s'impose à toi comme réalité bien trop concrète, bien trop violente. une torture que tu subis et que tu revis, en boucle, sans arrêt. t'es sur la table attaché pendant qu'on brûle ta chair, t'es enchaîné pendant qu'on t'arrache les ongles et qu'on te coupe la langue. dans ton sommeil, t'es hanté par les images de son corps étendu, de ses os brisés. et à chaque fois que tes paupières se ferment, c'est pour mieux te faire hurler. l'esprit hanté, incapable d'oublier. incapable de concevoir que c'est la vérité. t'es un meurtrier aj. et ça te prive de sommeil, ça te coupe l'appétit, ça déchire tes tripes et ça pollue ton esprit. depuis que t'es revenu de ta mésaventure avec nino, t'arrêtes pas d'y penser, à tout ce merdier. et tu t'en veux, quelque part. t'as du mal à le supporter. c'est pas la culpabilité en soi qui t'étouffe, mais l'acte. ton talon qui s'enfonce contre son crâne, sa conscience étouffée. alors sur la gueule, t'as des cernes creusées, noires, dues au manque cruel de repos. et sur le comptoir, y'a la boîte de somnifère que t'as vidée qui traîne, éventrée. puis la bouteille presque vide d'alcool que t'as utilisé pour tout faire passer. à bien y regarder, par terre, il reste même encore la seringue que t'as utilisée, pour t'injecter l'héro qui a étréci drastiquement tes pupilles. tu veux pas crever aj, non. tu veux juste dormir. c'est toujours la même histoire, toujours le même refrain, ce mélodrame sans fin. quand bien même tu maîtrises plus rien, ni les doses, ni les effets. t'as toujours cette idée en tête, la seule qui subsiste dans le brouillard. fermer les yeux. cesser de penser. cesser d'être pour enfin trouver un peu de paix. alors, t'es là, le coude sur le comptoir, la gueule qui repose sur ton poing fermé. et t'attends. tes collègues sont absents, disparus, envolés. dehors ça flotte à n'en plus finir, un déluge innommable. t'apprécies ta solitude, quand y'a un bruit qui te fait lever les yeux, juste assez pour distinguer une silhouette, là, dehors, trempée. un visage familier, des cheveux rougeoyants. y'a aucun prénom qui te vient. en fait, tu réagis pas de suite. sa voix étouffée te parvient à peine, à travers le boucan que fait l'eau en tombant du ciel. y'a que le bruit du verre brisé qui te fait tiquer. tu te redresses, vaguement, toisant la vitre avec attention, malgré ton esprit flottant. observant avec détachement le sang qui la macule désormais. tout ce rouge déjà presque effacé par la pluie. dans un geste terriblement lent, tu te relèves, saisissant au passage ta bouteille quasiment vide. tes pas te mènent jusqu'à la porte de la laverie, que tu déverrouilles sans hâte. gestes mécaniques, gestes robotiques, t'es un automate branché sur la fonction pilote automatique. t'ouvres la porte avec la même langueur et t'esquisses un pas vers l'extérieur. la pluie s'abat sur toi avec violence, ruisselle sur ton visage, sur tes cheveux, sur tes vêtements. trempé, dans la pénombre conférée par les nuages noirs au-dessus de vos têtes, tu le dévisages un instant dans le plus grand silence. et sans prévenir, dans un mouvement vif, malgré ta tension en chute libre et malgré ton calme douteux, tu attrapes le poignet de sa main blessée et tu l'attires à l'intérieur. mais il a à peine franchi le pas de la porte, à peine mis un pied dans la pièce, à l'abri de la pluie, que déjà, tu vides le contenu de la bouteille d'alcool sur sa main blessée. t'as agi sans prévenir, t'as même pas encore pris le temps de refermer la porte, pour empêcher le vent de s'engouffrer. t'as même pas pris la peine de parler. non. non, tu mimes la lucidité, quoiqu'elle soit parfaitement incohérente. l'alcool sur ses coupures, sur sa chair à vif, pour désinfecter. détourner l'attention par la douleur. comme si t'essayais de le protéger. même si ça rime à rien. même si ça dissimule pas ton état. et tu le regardes pas. tu fixes le poignet entre tes doigts, quand le sang coule à terre en même temps que l'alcool, retenant ses potentiels soubresauts de douleur à la misérable force de ta main tremblante, vacillante. ce qu'il te reste d'énergie, tu le mets à tenter de l'aider, au lieu d'essayer de te sauver.

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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyDim 2 Juin - 22:45

Derrière la vitre ruisselante de pluie, la silhouette est vague et semble apathique à crever, réalité distordue, d’un autre espace-temps. Nemo ne sait pas vraiment si c’est l’effet de l’eau ou de son esprit, ou encore si c’est AJ qui se languit sur son comptoir au lieu de venir lui ouvrir. C’est la bouteille fracassée sur la vitrine qui le réveille, AJ, il s’agite sans entrain, l’impression pour Nemo de regarder un vieux film au ralenti. Ça ne l’alarme pas tout de suite. La porte s’ouvre, AJ débarque sous l’averse comme s’il avait besoin d’une douche. Moment d’intense silence, ils se matent en chiens de faïence, Nemo pourrait rester là des heures, mais il ne sait pas s’ils jouent à ce jeu-là. Puis, brusquement, le monde se met à tourner en accéléré, AJ l’entraîne à l’intérieur, la main saisie au vol, la force surprend le rouquin qui s’emmêle un peu les pieds. Il ne tombe pas, toujours porté par cette chance miraculeuse dont il ne veut pas. L’alcool sur la plaie lui arrache une plainte sourde, pourtant il ne se défait pas de l’étreinte. Sursaut avorté de la main, comme si, un bref instant, elle avait été indépendante de son corps, avait voulu échapper à la douleur alors que tout l’être ne demande que ça. Nemo contemple le sang et l’alcool qui se mêlent joyeusement, constate avec un sourire grimaçant que plier les doigts amplifie la souffrance d’agréable manière. Si tu continues comme ça, j’vais finir par te demander en mariage, babe. Le rictus disparaît bien vite, lorsqu’il remarque le tremblement des phalanges autour de son poignet.

Il cligne des yeux, longuement, plusieurs fois, cherche un semblant de lucidité dans le calme qui les entoure, avant de relever la tête vers le visage baissé du brun. De sa main libre, il lui chope le menton, sans douceur, l’oblige à le regarder, les sourcils froncés face aux cernes violacées et aux pupilles contractées d’AJ. T’es loin, toi. Trop loin. T’as pris quoi ? Il a pas besoin de plus, pour savoir. C’est ce qu’il peut voir dans le miroir, souvent, la gueule de zombie, teint blafard et yeux qui ont l’air de s’être terrés dans les orbites. Nemo est injuste. Il aime pas ça sur quelqu’un d’autre que lui. Les doigts quittent son menton et la gifle part toute seule, pas violente, mais vive, pour susciter une réaction. Hein, AJ ? T’as pris quoi ? T’pourrais partager ? Putain d’égoïste. Il récupère son bras entravé, attrape la manche d’AJ, peu importe s’il lui fout du sang partout, pour le traîner jusqu’à la caisse. Il écrase quelque chose qui se brise sous sa semelle dans l’opération, soulève son pied pour découvrir les restes d’une seringue. Tu te fous de ma gueule, qu’il marmonne, plissant le nez, visiblement de plus en plus en colère, tout en s’emparant de la boîte de médicaments qui gît sur le comptoir. J’étais d’bonne humeur, AJ. T’es fier de toi ? Il jette la boîte par terre pour accrocher le col d’AJ à la place, approchant son visage du sien jusqu’à voir les vaisseaux sanguins dans l’blanc de ses yeux. Où sont les putain de toilettes ? Il s’étonne de faire preuve d’autant de clémence. Il est pas loin de lui enfoncer les doigts dans l’gosier sur le devant de la scène.
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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyDim 2 Juin - 23:47

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@nemo murakami

le long de ton nez, de tes joues creusées, de tes boucles brunes, plaquées sur ton front, ruisselle encore l'eau du dehors. elle glisse sur les pores de ta peau, glacée, agressive, corrosive. elle devrait t'arracher un frisson, une grimace, une réaction. mais ton épiderme est comme endormi à toutes ces sensations. le vent dans ton dos, le froid, les vêtements qui collent à ta peau. rien de tout ça n'existe, dans ta réalité. tu ne vois que sa main. sa main blessée et son poignet frêle que tu serres entre tes doigts. sans douceur. sans violence. sans contrôle. le contact de son sang, seule ancre qui puisse encore te maintenir parmi les vivants. tu l'observes, cette hémoglobine qui perle jusqu'au sol, qui sort de sa chair à vif, de sa main meurtrie. et les mouvements de ses phalanges, ses muscles qui se contractent quand l'alcool est trop douloureux. sa vivacité qui se réveille, quand la tienne s'endort. quand tes paupières se ferment et se relèvent sans bruit, avec cette lenteur terrifiante. et ta force qui faiblit, tes doigts qui relâchent lentement son bras sans s'en détacher totalement. comme si tu voulais pas t'en détacher, au fond. le garder toujours un peu plus près, rester dans la même temporalité. celle qui est parasitée par la pluie qui tonne au dehors, violente, bruyante. pas ce silence de mort qui plane dans ton esprit. et sa voix, qui devrait te faire réagir, le contredire, sourire peut être. lui dire que c'est qu'un con, que personne ne devrait aimer souffrir. mais tu te tais. mutisme étouffant, la gorge étranglée, enrouée. le corps entier ankylosé. et soudain, sa main sur ton menton et ta tête relevée. t'as pas lutté. ses yeux plantés dans les siens, son visage que tu regardes sans le voir. t'es loin, aj, il a raison le rouquin. t'es trop loin, tu commences à t'en douter. sa phrase, elle t'arrache un rictus. un putain de rictus amusé. comme si tu te foutais de sa gueule, comme si ça t'amusait. t'es loin, et il sait pas encore à quel point. à quel point ton âme elle flotte au-dessus de ton corps, à quel point ta lucidité s'étiole et s'atrophie. nécrose du myocarde et de l'esprit. tu réponds pas. ta tête part de côté quand la gifle claque sur ta joue, bref mouvement avorté. t'as toujours son poignet dans ta main, tes doigts qui se resserrent, comme pour l'engueuler. comme pour lui dire de pas te frapper. mais tu prends même pas la peine de rétablir le contact visuel, tes yeux noirs qui fixent le sol, qui remontent vaguement pour apercevoir l'horizon, comme si t'essayais d'enregistrer ses paroles. décrypter le langage humain, celui que t'as jamais pigé. égoïste. non. il ment. t'es tout sauf égoïste, à trop penser aux autres et trop rarement à toi. à te ruiner la santé pour que les autres crèvent pas. t'es pas égoïste, aj, il peut pas te dire ça. tu seras égoïste le jour où quelqu'un tiendra à toi. c'est pas le cas. c'est le moment que choisit nemo pour te faire bouger. son pas chancelant, le tien traînant. cacophonie dans laverie, vos dégaines de désespérés. tu butes presque contre son dos quand il s'arrête, le frôlant sans lui rentrer dedans, t'arrêtant juste à temps. à zieuter par-dessus son épaule la seringue éclaté, le merde silencieux qui franchit même pas la barrière de tes lèvres entrouvertes. sa colère que tu ne comprends pas, sa colère qui ne t'effleures même pas, quand la boîte vide heurte le sol, quand il fait volte-face pour se saisir de ton col. t'as juste un mouvement de recul quand il s'approche, le visage qui tente de s'éloigner du sien, autant que possible, parce que ton cou n'est pas extensible. puis ton appréciation des distances est assez erronée pour que tu t'offusques pas de sa proximité. hé… que tu t'entends articuler. calme-toi. l'espagnol qui ronronne sur ta langue avec cette paresse propre à ton état. trop longues secondes pour articuler ça. une main sur l'un de ses poignets, l'autre qui vient se poser doucement sur son torse, comme pour le repousser, comme pour tenter de le calmer. sa haine justifiée. t'ignores encore que tu risques seulement de l'énerver. plus. toujours plus. les toilettes ? tes yeux qui répondent à ta place, se lèvent et se dirigent vers une porte à l'arrière, pas loin de la caisse, avant de revenir sur lui. ses sourcils froncés. ses pommettes saillantes. ses yeux presque aussi sombres que les tiens. et tout à coup, ton sourire, serein, à nouveau, il effleure tes lèvres comme une caresse, comme un soupire, comme la promesse que tout ira bien. la seconde d'après, c'est tout ton corps qui vacille, qui tangue. ta main qui se referme sur son tee-shirt trempé, l'autre qui remonte sur sa main pour s'y accrocher. sa main blessée, mais ça tu ne le sais pas. tu ne t'en rends pas compte. tu sens même pas son sang sur ta peau, poisseux, tu sens même pas que tu peux lui faire mal. ta silhouette qui bascule, ton torse qui heurte son épaule, la seule chose qui puisse encore te maintenir. tu l'entraînes presque avec toi, dans ta chute, dans ta putain de réalité erronée. tu t'appuies sur lui comme si t'avais pas le choix. comme si tu ne contrôlais pas. peut-être que c'est le cas. tes lèvres à proximité de son oreille, ton murmure quand t'essaie de communiquer une dernière fois. nemo… son prénom tellement fluide entre tes lèvres, son prénom que t'écorches même pas, sublime, enrobé de ton accent, magnifique, sensuel, vicieux, insidieux, empoisonné. son prénom dans toute sa chaleur, dans toute sa terrible beauté, sa tendre horreur, son acide douceur. il n'a jamais été aussi éclatant. ça va. comme pour le rassurer. comme pour te rassurer, quand tes yeux ont de plus en plus de mal à se fixer, quand ton corps de plus en plus lourd, menace de s'écrouler. retenu par un fil, fragile, la seule force de ta volonté brisée, piétinée, assassinée.

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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyVen 7 Juin - 1:04

Quelque chose gronde au creux de son corps, quelque chose de sombre, de mauvais. Quelque chose qui n’a pas sa place dans son corps usé. Une rage indicible, sourde à toute supplique. De la jalousie. Nemo n’est pas violent. Il est doux, dans son horreur, presque tendre dans sa manière d’empoisonner l’air, perfide, insidieux, mais pas violent. Les jointures blanches, les doigts qui s’acharnent sur un pauvre bout de tissu, la mâchoire braquée, les épaules tendues, l’envie de frapper AJ jusqu’à c’qu’il revienne à la normale, tout ça, c’est pas Nemo. C’est jalousie. Brute, sans vergogne, elle fait dégager ce qui lui reste de joie inhumaine, causée par la vodka, assombrit son regard et serre ses dents, à mesure qu’il prend conscience de l’état d’AJ, de tous les indices trop évidents, même pour son esprit embrumé. Ça le fait dessaouler direct, impact, quand ses pupilles heurtent celles, mornes, de l’autres. Il veut pas d’un mort sur les bras. Il pourrait se barrer, pour éviter ça, juste tourner les talons, retourner sous la pluie là où il n’entendait rien et ne voyait rien, là où AJ n’avait aucune importance, aucun intérêt. Il en veut pas, de sa dépouille à la con, et il aime pas qu’on lui pique son rôle. AJ ferait un mauvais cadavre, il serait jamais repris au casting, ses yeux pas assez vitreux, sa peau pas assez cireuse, ses mots pas assez morbides. Calme-toi, qu’il dit, serein comme s’il avait atteint l’illumination. Nemo connaît ça. Le moment où tout va bien, seulement parce qu’il sait que c’est la fin, où il ressent rien, rien du tout, où le monde peut bien être à feu et à sang, il en a plus rien à foutre, parce qu’il est sur le point de crever. En théorie. Il s’est réveillé trop de fois à l’hosto pour y croire encore. Ce sera pareil, pour AJ.

AJ a les mains chaudes, celle qu’il pose contre son sternum, qui le fait frissonner dans ses vêtements trempés, celle qui s’accroche à son poignet, mauvais cadavre, les sourcils se froncent et la main se resserre sur sa prise, approchant davantage son visage du sien. Lutte injuste, AJ est faible, un souffle et il pourrait s’écrouler comme un château de cartes, Nemo le sent dans chacun de ses mouvements, chacun de ses battements de paupières trop lents. Trop déphasés. Il a déjà oublié pourquoi, pendant une seconde, il s’est senti l’âme clémente, l’interrogeant comme si une cuvette était la solution à tout. Il ne suit même pas les yeux d’AJ qui lui répondent, se contente de le dévisager, en se demandant comment enfoncer son poing dans la gueule du brun, lui faire ravaler ce sourire niaiseux. C’est la douleur dans sa main, qui le ramène sur terre, des phalanges étrangères qui s’y pressent, et il n’a pas le temps de profiter qu’il se retrouve avec AJ dans les bras, plaqué contre lui, en équilibre instable entre le vide et le comptoir. Ça ne dure qu’un instant, furtif, où il ferme les yeux pour entendre son prénom prononcé avec plus saveur qu’il n’en a jamais eu, comme si Nemo n’était pas qu’un poisson-clown débile et pas drôle, comme si Nemo ne voulait pas dire personne. Faut blâmer les ravages de la drogue sur les faibles neurones d’AJ, assurément. Nemo se laisse tomber au sol, les bras solidement calés autour d’AJ, pour qu’il s’amoche pas plus qu’il ne l’est, le repousse sans aucune délicatesse dès qu’il est assez près du carrelage pour ne pas s’exploser le crâne, et s’installe sur lui, un genou de part et d’autre du corps pratiquement inerte, retroussant ses manches poisseuses d’eau de pluie avec la précision d’un chirurgien se préparant à opérer. Ouais, ça va, enfoiré. Tu vas voir si ça va. De sa main épargnée, il lui soulève la tête, tire les cheveux plus que nécessaire. Voilà l’sang de l’antéchrist pour toi. De sa main meurtrie, il entreprend de le faire vomir, laissant son sang aux relents d’alcool couler dans sa gorge. Allez, AJ, fais-moi plaisir. Tu peux m’gerber dessus, j’ferais sans doute pareil juste après. Ça sera romantique, connard.
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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyVen 7 Juin - 16:08

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@nemo murakami

impossible pour toi de percevoir l'état dans lequel tu mets le rouquin. impossible pour toi de saisir à quel point il te hait. à quel point en cet instant il souhaiterait te voir crever. ou pas, justement. tu vois pas ce que tu lui imposes en t'appuyant ainsi sur son corps fragile, tu vois pas à quel point tu l'entraînes dans ta chute, pour le pire. littéralement. en quelques secondes, t'es passé d'un roc à une putain de feuille balayée par le vent. t'as pas conscience de l'intervention de nemo, qui t'empêches de te fracasser, mais t'as pas non plus conscience que c'est lui qui te fait rouler, sur le dos, pauvre carcasse inerte incapable de se défendre. tu le vois faire sans comprendre, jusqu'à ce qu'il commence à s'asseoir sur toi, à se caler dans une position qui t'arrache les boyaux, qui fait rugir le passé et qui devrait te faire hurler. le truc, c'est que t'es ailleurs. que t'as déjà oublié ce qu'il vient de se passer. sa main dans tes cheveux, un gémissement de douleur quand tu te sens redressé de force. une réaction, enfin, ton bassin qui remue, tes bras qui s'appuient par automatisme sur le sol, comme pour te soutenir seul, soulager la peine provoquée par sa poigne dans ton crâne. il parle, tu comprends rien. jusqu'à ce qu'il enfonce ses doigts dans ta gorge. le goût de l'alcool, amer, celui du sang, ce goût de fer. et sa main et s'enfonce, qui t'arrache un grognement, alors qu'il parle, encore, toujours. mais dans ton crâne, ça résonne, ça cogne, ça s'emballe. le sang qui bat aux tempes et qui rend la violence du geste encore plus palpable. t'as les larmes aux yeux tellement tu ne t'y attendais pas. tu te débats, presque instantanément. ta main qui saisit son poignet, pour le dégager, le repousser. et ça suffit pas. t'es pris au piège. les hauts-le-cœur de plus en plus fréquents, tandis que les pensées s'entremêlent, confuses, dissociées. est-ce qu'il a payé ? non, pourquoi tu penses à ça ? combien de temps ça va durer ? tais toi. et demain, ça recommencera ? tu le repousses comme tu aurais repoussé un agresseur, une violence inouïe, insoupçonnée. ce qu'il te reste de force, tu le mets dans ton geste, le désespoir à fleur d'âme et l'angoisse au fond des tripes. t'as pas totalement conscience de ce que tu fais. ton bras qui heurte son torse, alors que dans un soubresaut, ton buste se redresse et que, d'un mouvement de hanches, t'essaies de le désarçonner. en vérité, t'essaies rien. c'est pas réfléchi ou calculé. tu veux juste te dégager de là, de son emprise, de la putain de sensation que t'as de te faire violer. terribles souvenirs dans ton esprit embrumé. et t'y arrives. mais t'as pas le temps de penser à tout ça. t'as encore le goût de son sang sur la langue, entre tes lèvres, dans ta gorge. un haut-le-cœur, alors que t'es parvenu à le repousser, à le faire tomber à côté de toi. et dans un réflexe, un dernier putain de réflexe, tu te redresses sur un coude, lui tournes le dos et vomis. tes tripes, l'alcool, les médocs. tout ce que t'avais, c'est-à-dire pas grand-chose de consistant en vérité. les yeux clos, fermés, la trachée qui brûle, qui te donnes envie de hurler. et ton souffle, surtout, qui s'est emballé, quant t'as manqué de t'étouffer. même quand t'as plus rien à dégueuler, tu continues à cracher, à tousser, jusqu'à ce qu'il y ait du sang dans ta bile, le sien, peut-être, ou le tien, à force d'irriter ton pauvre corps, de le ruiner. t'en sais rien. tu t'en branles. t'as pas encore rouvert les yeux, t'es resté enfermé dans ta prison sombre; dans ta tête, ton corps est encore prisonnier sous le sien. dans ta tête, y'a son corps nu qui s'étend sur le tien, ses râles à tes oreilles, comme un putain de monstre sorti de ton imagination, sa peau trempée, moite, l'eau de pluie en vérité. sa respiration. t'essuies ta bouche d'un revers de main mais ton geste se suspend et tu restes ainsi figé, cherchant à étouffer ta propre respiration agitée, à la faire taire ou à la calmer. le palpitant au bord de l'implosion, les larmes qui perlent au coin des yeux. ton souffle qui ne cesse d'accélérer, quand tes épaules se soulève au rythme effréné de l'agitation qui t'habite, te dévore. et la raison qui te hurle de retomber. t'es pas dans ta prison, dans ton enfer personnalisé. si t'ouvres les yeux y'a rien d'autre que tes somnifères recrachés et la silhouette de nemo, là, juste à côté. et ce goût dégueulasse dans ta bouche. ta crise d'angoisse que tu tentes de contrôler. respire. tes mains qui tremblent, tes bras. ton coude qui ne parvient plus à te porter. tu t'écroules, retombes sur le dos, les mains plaquées sur ton visage. tu restes dans le noir. on n'entend que ta respiration, ton corps qui, au-delà de ton état psychologique, a du mal à se remettre de la violence des événements. de ce que tu lui a fais subir et de ce qu'il t'a imposé. on n'entend plus désormais que ton souffle sifflant, alors que ta poitrine se soulève vaguement, rapidement. et à tendre l'oreille, ta voix, à peine audible. de l'arabe, la langue de ta famille. à peine susurrée, à peine articulée. comme une prière, une supplication, celle de t'épargner. et après cela, après ces quelques secondes intenses, le silence, une expiration plus longue que les précédentes pour te calmer. on pourrait croire que t'es en train de crever, jusqu'à ce que tes mains daignent enfin bouger. jusqu'à ce qu'elles glissent négligemment le long de ton visage, de ta mâchoire, pour venir s'échouer sur ton torse et ne plus en bouger. tes yeux, grands ouverts désormais, sont figés sur le plafond au-dessus de toi. mais tu ne le distingues pas. la tête qui tourne, manège infernal, le cœur à la dérive. t'as juste envie de dormir maintenant que la décharge est passée. ça va que tu disais. mais ça va pas, y'a plus rien qui va. et tu sais pas si t'as envie de chialer ou de hurler. tes paupières qui se ferment et se rouvrent lentement, ta respiration encore irrégulière que tu essaies d'apprivoiser. tu cherches même pas nemo du regard ou sa présence à tes côtés. t'es loin aj, tu pars. ou tu reviens. t'en trop sais rien.

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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyLun 10 Juin - 21:15

Dans le fond de ses prunelles, un détachement cruel. Le spectacle macabre qui se joue sous ses yeux lui semble lointain, étranger. Il ne flotte pas au-dessus de son corps, à assister, impuissant, à la violence qui se déchaîne au bout de ses phalanges. Il est à nouveau debout devant la vitrine, le nez tout contre pour tenter d’apercevoir quelque chose à travers le rideau de pluie, spectateur d’une réalité qui n’est pas sienne. AJ, allongé par terre, entre la vie et la mort. S’il ne lui avait pas ouvert, il aurait passé son chemin, aurait laissé le corps aux mains de quelqu’un d’autre. Peut-être qu’ils l’auraient sauvé, peut-être qu’ils l’auraient laissé crever, un pauvre type de plus qui s’enfile une boîte de comprimés, un p’tit encart dans la rubrique nécro, sans nom, un anonyme dans une laverie. Nemo aurait même pas su qui c’était. Nemo aurait pris des mois à comprendre qu’AJ n’était plus là. Il aurait haussé les épaules, aurait pesté contre ces enfoirés qui prennent sa place sur la guest list tant convoitée de sa tendre Camarde. Il ne sent pas le mélange infect de sang, de salive et de bile, poisseux contre ses doigts, ni n’entend la plainte geinte qui échappe à ses lèvres. Il ne réalise pas la brutalité déployée, le sadisme de ses gestes, incube qui étouffe sa victime d’une pression infernale sur sa poitrine, dans le creux de celle-ci. Il ne voit pas la détresse d’AJ, les larmes ameutées au bord de ses longs cils, fait abstraction de la main qui enserre son poignet pour enfoncer la sienne davantage. Il ne voit rien, en vérité, c’est lui, qui est trop loin, à présent, lui qui n’est plus lui-même, masochiste qui se transforme en bourreau, pour quelques secondes à peine. S’il ne laisse pas crever AJ, il ne le sauve pas non plus. C’est autre chose. S’il avait eu pitié, s’il avait voulu l’épargner, il se serait contenté de rester à ses côtés le temps qu’il s’en aille, d’appeler l’ambulance une fois qu’il aurait été trop tard pour un dernier espoir. Nemo n’a pas pitié. Nemo est une raclure, une crevure, c’est la jalousie, l’égoïsme, le despotisme d’un suicidaire en mal de mort qui le possèdent, transcendent ses actes. AJ a pas le droit de crever. Pas avant lui.

Il ne voit pas arriver le moment où il se retrouve projeté à terre. Nemo n’a jamais été fort, trop squelettique pour pouvoir maîtriser un adversaire, mais il a pris l’apathie d’AJ comme garante de sa faiblesse, et le bras qui s’abat brusquement sur son sternum y laisse un écho tout aussi douloureux que surprenant. Le crâne heurte le carrelage dans la chute, et il reste là, couché sur le dos, son champ de vision envahi par le flou. Il prend soudain conscience qu’il est toujours aussi bourré qu’avant, la nausée qui débarque en entendant AJ vomir si près de lui, l’odeur dégueulasse qui prend d’assaut ses narines, et le monde qui se met à tourner, beaucoup plus que lorsqu’il était sur ses deux pieds, curieusement. Il respire un grand coup dans une tentative vaine d’éradiquer son mal-être, physique plutôt qu’existentiel, pour une fois. Il ne regarde pas AJ, ne lui demande pas comment il se sent, s’en tape complètement. Il a gerbé, c’est terminé pour ce soir, les urgences sont fermées. Nemo l’écoute d’une oreille, le souffle chaotique, les mouvements saccadés, troublés, il pourrait jurer entendre son tremblement dans la manière dont il expire. La tempête est passée, mais le calme est oppressant. Nemo s’y sent bien, lové entre des désirs morbides et une colère qui retombe. Les mots d’AJ qui résonnent dans le silence malgré le murmure lui arrachent un sourire froid, sans vie. Le rouquin reconnaît la langue pour être celle qui fait trembler d’effroi les américains sans cervelle, comme il y en a tant. Parle pas comme ça, AJ. Ils aiment pas les terroristes, ici. Ses paupières se ferment, un instant. La nausée est toujours présente mais moins imminente, alors il se tourne vers le brun, tend une main pour la glisser dans ses boucles sombres, avec délice ou malice, un peu des deux, sans doute. Sois pas si dramatique, j’t’ai pas violé. Il ricane, comme s’il avait vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir, dans un coin de conscience encore lucide, comme s’il savait, maintenant. Peut-être, peut-être pas. On va attendre que tu redescendes, puis tu m’rachèteras de la vodka, pour me remercier. Peut-être, peut-être pas, oui. Ce qu’il sait, c’est qu’AJ est bousillé, plus qu’il ne l’a jamais pensé. Et ça lui plaît.
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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyMar 25 Juin - 0:46

_my head is spinning
@nemo murakami

dans ta détresse t'as récité cette continue à la con que ta mère t'avait apprise. comme si elle pouvait te sauver. comme si elle allait surgir de ton passé pour te tirer de ce mauvais pas. cette mère dont tu as oublié les traits, dont tu as occulté le visage. cette génitrice dont il ne reste que quelques paroles erronées, des éclats de voix, des brides de parfum qui reviennent parfois et qui te transporte, ailleurs. peut-être s'est-elle laissée mourir de chagrin, depuis tout ce temps. qui sait. mais elle n'aurait pas su te préserver de cette violence, n'aurait pas pu te sauver. pas avec la douceur. seule la brutalité de nemo avait eu un effet. désastreux, sûrement, bénéfique, peut-être. égoïste nemo. il aurait dû te laisser partir, toi qui ne manqueras à personne. il aurait dû te laisser dépérir, passer son chemin, écraser sa bouteille et sa main ensanglantée sur une autre vitre, sur une autre vie. mais c'était ta planète qu'il avait choisi pour s'échouer. ton satellite cabossé qu'il était venu percuter avec toute sa colère, tout son sadisme. nemo n'est pas là pour te sauver ou pour t'aider. non. nemo, il te retient par les pieds quand t'essaies de décoller. nemo, il te fait mal, il te fait chialer. il fait exploser toute ta colère et toute ta peine dans un mélange amer de bile et de sang. tu le hais, ton bourreau aveugle, incapable de voir ta détresse ou tes sentiments. tu le hais mais c'est le seul à être là en cet instant. la seule présence à tes côtés. ironique. n'importe qui, n'importe qui, mais pas lui. sauvé pour les mauvaises raisons. dieu, que tu le hais. mais si tu le hais, c'est que t'es en vie. ses mots te percutent de plein fouet. il parle de ta langue avec ce ton qui n'appartient qu'à lui, qui te fait grincer des dents. souffle sifflant, saccadé dans le silence. le monde qui tangue, qui tourne, tu t'enfonces dans le sol, tu t'y noies, tu t'y perds. t'as peur aj ? t'es peut-être encore dans tes cauchemars. t'es peut-être encore en train de te faire agresser. t'es peut-être même mort et ça, c'est ce qu'il y a après. le silence. un sol glacial. et des frissons le long de l'épiderme. non. non c'est sa main qui frôle tes boucles brunes, qui t'arrache un frisson, qui te fait trembler dans un soubresaut comme si t'étais surpris par ce contact, comme si t'étais encore traumatisé par la caresse soudaine de ses doigts au fond de ta gorge. tu l'es, sûrement. terroriste. ça te ferait sourire, si t'étais là. mais tu continues à te perdre, à t'éloigner dans cet espace un peu flou et totalement confus de ton esprit. tu sens son regard peser sur toi, coup de talon dans ton crâne au bord de l'explosion. tu mets de longues secondes à daigner tourner le visage vers sa silhouette. tes yeux qui roulent dans le vague avant de se poser enfin sur lui. t'aimerais dégager sa main, lui dire de se tirer, d'arrêter. t'en fais rien. y'a quelque chose de rassurant, dans son geste. tu sais pas l'expliquer. c'est malsain, perfide, mauvais. mais tu connais pas ça, ce que tu interprètes comme de la tendresse après la torture. monstre détaché de la réalité, à quelles tortures va-t-il encore te soumettre ? tu le fixes de ton regard vide, sans même cligner des paupières, les yeux rougis par l'adrénaline, la drogue, la peur, les larmes. jusqu'à le coup final, celui qui doit t'achever. pas violé. et son ricanement. l'œil rouge qui se voile, se pare de noir, une tempête dans le regard, la haine dans toute sa laideur, un élan de colère qui t'étouffe, te fait suffoquer. ta respiration se bloque un instant avant qu'une inspiration plus profonde que les précédentes ne se fasse entendre. tes yeux qui se plissent quand tu l'observes, comme si tu cherchais la meilleure manière de le tuer. comme si tu l'imaginais mort, comme si te voyais en train de l'étrangler. t'as pas la force, de te battre. soupir retenu au fond de ta trachée, tu te détournes de lui l'arrière du crâne reposant à nouveau sur le carrelage. et tu clignes des yeux, articulant dans un souffle un ta gueule, nemo. passif-agressif, la voix rendue rauque par l'agression. respiration bruyante, qui s'atténue progressivement. tout tourne autour de toi. mais ton monde, c'est ce qui tourne le moins rond dans l'histoire. t'entends même pas ses propos sur la récompense qu'il pense mériter. tu ne lui es redevable de rien du tout. il le sait. égoïste nemo. il le sait, qu'il ne t'a pas aidé. qu'il a juste bousculé ton destin d'un coup de pied bien placé. t'as les pupilles explosées, les tripes en vrac. t'as peut-être plus les somnifères dans le corps, t'as peut-être plus l'alcool qui sue par tous les pores de ta peau, mais t'es pas encore revenu. la nuque douloureuse à force de lutter, tu laisses ton visage fatigué se tourner vers le rouquin, le regardant à nouveau, sans vraiment le voir. l'envie brûlante de lui demander ce qu'il fait là, pourquoi il a fait ça, de dégager, de rester tout à la fois. tu te tais. tu l'observes silencieusement, une éternité. le truc, c'est que ton air absent, il rend ton regard encore plus perçant. tu fixes pas son visage, ses taches de rousseur ou ses yeux foncés. t'es en train de dévorer son âme, comme si t'étais capable de lire en lui, le roman souillé de sa vie, aux pages cornées et tâchées, quand les tiennes sont déchirées. l'œil qui glisse sur son bras tendu vers toi, avant de revenir paresseusement à son minois pâle, à ses lèvres, à son nez, à ses yeux. tu devrais dire quelque chose. il faudrait que tu dises quelque chose. mais y'a que le silence dans ton esprit et ta manière d'être, devenue presque oppressante. dans un soupir, tu finis par fermer les yeux et ta main, celle la plus éloignée de sa silhouette squelettique, remonte le long de ton buste, survole ton torse et vient serpenter le long de son bras, jusqu'à son poignet autour duquel tu refermes tes doigts sans délicatesse, les ongles qui s'enfoncent dans la chair. comme pour l'empêcher de te toucher, virer sa main de tes cheveux. et pourtant, tu restes là, sans le repousser. tes doigts qui s'accrochent à sa chair comme s'il était ton seul lien avec la réalité. c'est peut-être le cas, au fond. dans l'océan de ténèbres offert par tes yeux fermés, y'a que sa peau brûlante à laquelle tu peux encore t'agripper. t'es presque appuyé sur ton épaule, presque totalement de côté. encore un peu et tu lui ferais face, intégralement tourné vers lui. lui. nemo. encore son prénom, toujours cet accent quand tu le prononces. cette douceur suave, dégueulasse dans la voix. lui donner l'illusion qu'il est un être exceptionnel alors qu'il n'est rien, rien de plus qu'une tare dans ta vie. mais tu peux pas t'en empêcher. il est magnifique, son prénom, éclatant dans sa laideur. je suis fatigué. tes lèvres forment les lettres sans que ta voix ne parvienne à les prononcer. et tu luttes pour pas sombrer, pour pas t'endormir. tu luttes pour pas être à sa merci, ne serait-ce qu'une seule seconde. fatigué, de tout, fatigué d'être, d'exister. las d'être piétiné, encore et toujours. même plus la force de parler, même plus le courage de sangloter. tu mettras ça sur le compte de la drogue et de l'alcool. t'es vide et vidé. doigts qui se crispent, qui se serrent autour de leur prise si fragile, la main qui tremble, ton corps glacé. y'a que ta respiration et le vague mouvement de ta poitrine qui prouvent que tu es encore vivant. et c'est bien assez.

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MessageSujet: Re: My head is spinning (AJ)   My head is spinning (AJ) EmptyDim 7 Juil - 22:31

Il y a quelque chose de confortable, dans le souffle chaotique du brun, sa poitrine qui se soulève à intervalles irréguliers, mélodie sans rythme, jouissive à l’oreille du mélomane macabre qu’est Nemo. C’est doux, cotonneux, familier, c’est un souffle qui pourrait être celui d’un malade sur le point de rendre le dernier, c’est un souffle qui trahit un mal-être dans lequel Nemo pourrait se vautrer toute la journée, pour oublier le sien, celui qui tiraille ses os fatigués. Il y a cette envie d’enfoncer ses doigts partout où ça fait mal, pas seulement au fond de sa gorge, mais aussi dans les plaies passées. De les y tourner, retourner, jusqu’à faire couler le sang le long des blessures mal refermées. Les yeux d’AJ se font soudain sombres, orageux, le sourire de Nemo s’accentue, vide de toute compassion, de toute empathie, simplement heureux d’avoir trouvé une corde sensible sur laquelle jouer de son archet infernal. Il aime ce qu’il décèle dans l’atmosphère, un instant, il imagine son crâne fracassé contre le carrelage, tache carmin sur le sol clinquant de la laverie, fantasme de déviant. Il aime penser qu’AJ en serait capable, malgré la faiblesse passagère, que la haine qu’il ressent à ce moment suffira à lui donner la force, une force divine, peut-être. Une seconde. Nemo bat des cils, ne récolte qu’un ta gueule sans saveur, trop souvent entendu partout, tout le temps. AJ est pas le seul à pas avoir envie d’écouter les conneries de Nemo, le rouquin espérait qu’il trouverait une manière plus créative de le lui faire savoir. Lui faire ravaler ses dents, pourquoi pas, mais ta gueule, ça le ferait presque pleurer. S’il venait pas d’mettre ses sales pattes sur un détail – un secret ? – de la vie d’AJ, quelque chose qui nourrit ses désirs morbides, flatte ses neurones ravagés.

Les phalanges s’entortillent dans les boucles brunes, tirent un peu, pure provocation. Le sourire s’est éteint, mais pointe encore au coin des lèvres, quasi tendre dans sa légèreté. Il ne regarde plus AJ, les pupilles paumées ailleurs, à des années lumières de là. Nemo ne regarde dans les yeux que lorsqu’il peut mettre mal à l’aise, autrement il sait qu’éviter un regard rapporte plus de mépris que de l’affronter, et c’est ce qu’il cherche, évidemment. Les paupières se ferment, au contact des ongles dans le peu de chair de son poignet, il se mord la lèvre inférieure, aguicheur au lieu d’éloigner son bras, rouvre les yeux à son prénom, juste à temps pour lire les syllabes sur les lèvres en face. Je sais, AJ. Mais on peut pas rester là. Sa main est douce contre la joue d’AJ, malgré la douleur lancinante sur sa peau à lui. Il ne la sent déjà plus, trop habitué à s’infliger pire, à espérer pire. Il voudrait qu’AJ puisse se venger, décharger toute sa rage sur lui, qu’il ait assez d’énergie pour cela. Mais c’est pas aujourd’hui que ça arrivera, Nemo reste lucide, entre les vapeurs d’alcool et l’adrénaline du moment précédent, déjà perdu quelque part au fond de sa mémoire. T’es gelé. Lentement, lourdement, il se hisse sur ses coudes, parvient à se mettre à quatre pattes, tordant assez l’avant-bras d’AJ pour qu’il lâche prise et qu’il puisse passer ses bras autour de lui pour l’aider à se redresser, dans une position grotesque et surtout mal embarquée. Allez, Honey, un effort. Y’a un canapé à l’arrière ? Y’a un rire, dans sa gorge, à cause du surnom débile massacré par son accent japonais. Si tu t’lèves pas, j’te tire par les pieds.
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