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 _cauchemars

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MessageSujet: _cauchemars   _cauchemars EmptyMer 29 Mai - 0:11

_c a u c h e m a r s # 1

il y a une éternité

dans un ailleurs qui n'existe plus

un quelque part trop vite oublié


le pied qui s'écorche sur le gravier. tu sens presque la chair se déchirer, le talon douloureux, le talon qui implore, quand le sang se met à couler. la plante brûlée par la chaleur emmagasinée dans le sable. les sensations comme anesthésiées, alors que le myocarde s'agite, alors que le cœur palpite, l'adrénaline tout juste retombée. la poussière qui craque sous tes dents, la terre bouffée à force de chutes, à force de sourires. suffocante atmosphère, lourde de ton empire. tu lèves la main, quémandes une pause, l'arrêt du combat, des hostilités. le ballon roule loin de toi, jusque dans les jambes d'un gamin qui te demande si ça va. t'es pas certain que ça aille, la plaie te fait un mal de chien. mais tu fais bonne figure, un sourire aux lèvres et l'air confiant. t'es plus un enfant, t'es de ceux qu'on respecte, de ceux qu'on admire et qu'on tente d'imiter, quand toi-même tu regardes avec des yeux brillants les adolescents de ton quartier. t'abandonnes pas, jamais.
t'as juste besoin de souffler.

t'aurais dû rester sur le terrain.
serrer les poings.
serrer les dents.
arrêter de faire l'enfant.

le truc c'est que tu sais pas qu'après ça, tu seras obligé de grandir.
que c'est la dernière fois que t'as dix ans.


le teeshirt qui colle à ta peau, trempé de sueur, te gêne. tu le retires et, boitillant jusqu'au muret le plus proche, tu l'abandonnes en chemin. plante du pied exposée au soleil, pour constater que la gêne vient d'un éclat de verre. un petit morceau brisée de ton âme encore intacte, le premier morceau amené à se détacher. t'aurais dû l'affronter, cette douleur imaginaire. plutôt que de grimacer à tenter de le retirer, avec tes ongles encrassés. t'entends les autres rire au loin. motivation suprême. la sueur sur ton front essuyée du revers de la main, les boucles brunes qui collent à ta peau. petit ange à la peau bronzée, l'épiderme éclatant, resplendissant. sale mais en bonne santé. les yeux noirs, de ceux qui brillent de malice et le sourire toujours au coin de tes lèvres sèches, comme la promesse d'un bonheur perpétuel. tu relèves ton beau minois pour les regarder courir après le ballon. leurs prénoms qui se bousculent dans ton esprit sans que tu ne parviennes à t'en souvenir.

tu gardes dans le cœur la chaleur de ce jour.
les regards.
les éclats de rire qui se perdent, qui se meurent dans ta mémoire.
le soleil et ses rayons qui frôlent ta peau.
la caresse du vent sur ton visage.
les odeurs familières.
le goût de la terre.

images prisonnières de ton cœur atmosphère.

la main dégueulasse qui vient se poser sur tes lèvres, le bras qui surgit derrière toi, s'enroule comme un serpent autour de ta cage thoracique et serre, serre, serre jusqu'à t'en faire suffoquer de douleur. le hurlement, le tien, qui se meurt dans la paume grasse qui t'empêche de respirer. le corps d'ange possédé par un démon, qui se débat, qui frappe, qui s'acharne, qui donne des coups. coups de pieds, coups de coudes, coups de tête, coups dans le cœur, à se tortiller, à se mouvoir, à onduler pour glisser jusqu'au sol, s'échapper. hurler, hurler et courir, prévenir. hurler à s'en déchirer la trachée et les poumons, le goût du sang sur le palais. les rires qui se taisent comme un seul homme. la voix, frénétique, l'affolement, la panique. et ton myocarde prêt à exploser, le corps en feu quand t'essaies de t'échapper.

quand tu vois tous tes amis fuir.
insectes qui tout à coup s'éparpillent.
sans se retourner.

y'a la poigne qui se referme sur ton poignet, la poigne qui saisit tes mèches bouclées. sans ménagement. tu insultes, te débats. coup de poing, pas dans le visage, il ne faudrait pas l'abîmer. coup de poing dans ta trachée. l'air qui cesse tout à coup de circuler. la surprise qui t'empêche de réagir, comme sonné, comme figé. statue en train de se fissurer. y'a des larmes sur tes joues, des larmes de peur, quand on te soulève du sol, quand tu quittes la chaleur et la lumière du dehors pour l'intérieur noir, froid, austère du véhicule qui attendait là. tes gémissements qui se taisent. et ton père, il est où ton père. tes épaules qui s'agitent, la poitrine qui se soulève. et ta mère, elle est où ta mère. y'a personne qui vient empêcher ça, c'est trop rapide, peut-être trop irréel. on t'oubliera anjel, l'existence qui s'efface en un claquement de doigts. les portes qui se referment sur toi dans un bruit sinistre.
puis le silence.

t'es plus un enfant, anjel et pourtant.
pourtant, dans les derniers instants,
tu t'es surpris à appeler maman.

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