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 Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)

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MessageSujet: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyMar 24 Mar - 17:29



Le temps était dégueulasse, et le pire était qu'il reflétait parfaitement l'avenir de cette foutue ville. Si Jaaziel savait déjà combien ce monde était fait de connards, chaque découverte était une nouvelle plaie sur la carapace qui maintenait sa rage. Ces derniers jours étaient devenus catastrophiques.
Le froid s'y ajoutant l'avait contraint à se cacher sous un bonnet, un vieux sweet à capuche et une lourde veste, pour se protéger de cet extérieur loin de soulever les cœurs. Les yeux piqués par le gèle, il marchait à pas assurés le long d'un trottoir craquelé, Cratos et Mordor se baladant librement autour de ses jambes. Vieille rue rappelant sans mal l'urgence de construire pour les ouvriers, longée par des maisons au bois humide et aux châssis troués, étroites et mal isolées. Même les arbres ne prenaient plus la peine de fleurir pour l'été.

Face à son regard plissé, sa bouche tordue il y a deux secondes autour d'un filtre parcouru de nicotine, il recracha son air opaque tel un baron vaudou sur le chemin d'un condamné. Il s'imagina voir changer le milieu ambiant une fois la fumée dissipée. Une peinture neuve, des fenêtres fermées, un jardin refait. Bientôt, ces sales baraques allaient surtout se faire raser au même titre que les déchets qu'elles étaient, dont une en particulier. Celle dont il écrasa désormais l'herbe sèche d'une pseudo allée, sous ses rangers sans pitiés.

Depuis l'incendie, le feu continuait à se consumer en lui en lui rappelant sans cesse l'addition de tous les soins qu'il devait payer. De ses traumatismes, Jaaziel en avait tiré quelques cauchemars qu'il se gardait bien d'agiter entre les draps d'Ares, qui depuis l'hébergeait au-delà du temps de sa convalescence. Puis quand il avait appris ce qu'il se passait à Delray et l'affaire Pickman, il en avait eu marre de jouer au chien en cage et il était sorti sans s'arrêter. Chaque manifestation, il les avait faite dès l'instant où il avait pu courir, jusqu'à se plaindre de ses muscles torturés et des coups sur ses fraîches cicatrices qu'il risquait à chaque fois de se manger. Du reste, entre deux beuglantes, il profitait surtout de ses chiens.

Mordor fut le premier à aboyer quand il vit une ombre se manifester de l'autre côté de la porte à la vitre floutée. L'épaule appuyée contre le mur, Jaaziel l'observait sans agir, sa clope négligemment jetée sur les quelques marches qu'il venait de grimper.

« Putain j'y crois » entendit-il d'une voix grasse à sa droite, une odeur de porc le fouettant mentalement, quand en réalité on y discernait un parfum d'alcool et de transpiration mêlés. « Tu ramènes enfin ta sale gueule ? T'crois qu'j'ai ça à foutre d'jouer les postiers ? »

En inspirant fortement, Jaaz trouva l'élan pour pivoter. Sans un regard pour le cinquantenaire qu'il poussa pour entrer, il se faufila à l’intérieur et se dirigea directement vers la cuisine. Il entendit dans son dos l'homme râler à propos de ses chiens, avant d’enchaîner sur sa présence tout en suivant ses pas. Irrité et pressé comme s'il subissait une épreuve, le maître canidés fit mine de ne pas l'écouter en fouillant la table puis un meuble dans lequel était fourré un nombre incalculable d'enveloppes et de papiers. Cet endroit, il le connaissait par cœur.

« Tu l'as mis où, bordel ? »

Sa jauge de patience s'emballait déjà, les aboiements les plus agaçants ne venant pas des clebs que l'on croit.

« T'en as rien à foutre de c'que j'ai à t'dire. T'sais que les flics viennent ici pour toi ? »


Mensonges. Pas depuis ces trois dernières années en tout cas, et très peu avant compte tenu de la réputation qu'il s'était faite. Il n'y avait que l'administration pour ne pas savoir qu'il ne vivait plus ici. D'ailleurs, il balaya un « Et j'te parle pas des menaces de saisie ! » en attrapant une boite au dessus du frigo.

« Et arrête d'fouiller dans mes affaires ! » s'emballa le plus âgé d'une voix plus haute, en allant s'asseoir en bout de table et en faisant grincer sa chaise.

« Tu t'fous de moi ?! Ça fait cinq ans que t'as pas dégagé ton cul d'ici et cinq ans que rien n'a changé ! »

Combats d'éclats. Si un ton paraissait plus jeune, les deux étaient de toute évidence brisés par les exclamations de colères et de rancunes échoués contre ces même murs.

« C'est MA maison, et j'en fais c'que j'veux ! Si t'es pas content, t'en voudras à ta salope de mère d't'avoir abandonné ! »

Les ondes retombèrent et les secondes se figèrent. Jaaziel dut enfoncer ses paumes contre le comptoir pour se maintenir, lui tourner le dos et respirer. Ses muscles étaient tendus, gonflés d'une baffe qu'il se retenait de donner. Respirer. Tourner le dos à son connard de beau-père. Le dernier mari de sa mère.

« Ta gueule... »


C'était prévisible, car c'était exactement comme ça que ça se passait lorsqu'il venait. Sauf que pour une raison ou pour une autre, il ne pouvait malheureusement pas s'empêcher de revenir affronter, ni totalement délier son nom de cet endroit.

« Tes papiers sont dans l'salon » maugréa le phacochère devant son verre d'alcool aussi sec que le mouvement de Jaaziel pour se déplacer. Il trouva une pile d'enveloppes ouvertes et déchirées dans la pièce à côté. Il prit sur lui pour ne pas s'y attarder.

« Y a ton foutu clébard dans l'couloir ! »

Il prit le tout puis passa par la cuisine pour se rendre dans le hall.

« Casse-toi, t'as raison ! Sale chien d'pouilleux va ! »


« Va crever connard. Tu fermeras bien ta gueule quand tu pourriras dehors avec ta baraque en ruine »

« Ouais, bah crois-moi qu'si j'vais en enfer, j't'y emmène avec moi ! »


En chemin, Jaaziel tira Cratos par son harnais, le lâchant sur ses quatre pattes qu'une fois dehors. Il ne prit pas la peine de fermer derrière lui, et pourtant il lui parvenait encore les cris du passé à qui il tournait trop souvent le dos.

________________________________________________________


« Mort au capital ! Mort Pickman ! Mort au capital ! Mort Pickman ! »

Les féministes n'étaient pas seules. Delray se joignaient activement à elles pour éradiquer ces nombreuses raclures au pouvoir. L'occasion était trop belle pour ne pas tout changer, et si d'avance c'était un combat vain, le but aurait été au moins de les faire chier. Les Perro's étaient évidement au rendez-vous, cagoulés et sans doute parmi les premiers à foncer. Sous la lueur de fumigènes que les moins virulents de ceux masqués et tout de noir vêtus maintenaient en signe de guerre, Jaaziel longea par le côté pour rejoindre Angelo et autres enragés. Au loin, une vague de combinaisons casqués approchaient, océan de justice corrompue et probablement dépassée.

« On est là !!! V'nez nous chercher bande de putes à l'Etat ! »

Pour marquer la fin d'une provocation noyée par le bruit des vitres de devantures cassées autour d'eux, Jaaz balança son briquet dans un tas de détritus rassemblés au milieu de la rue. Quand le feu l'emporta, l'écart entre son monde et celui de l'autorité fit définitivement de ce dernier leur principal ennemi.

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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyLun 30 Mar - 23:37

Son studio est devenu une singularité.

Une courbure dans son espace-temps. L’espace, c’est Détroit, c’est poussière, c’est froid de mars, c’est un mur à longer pour ne pas se faire choper. Le temps, c’est les boulots dangereux, les hésitations, les cartes dans la main, les nuits trop longues.

Mais son studio, maintenant, c’est autre chose. Une sensation d’infini s’y tisse, ricochant avec onctuosité sur la peinture immobile. L’odeur de Jaaziel est partout. La peau de Jaaziel est partout. Quand Ares revient se réfugier dans l’appartement, il sait qu’il n’y a plus un coin de cet endroit qui n’a pas été couvert par le regard du punk. C’est un lieu qui a été approprié. Un lieu isolé, mais sans solitude. Un lieu où il se glisse comme on glisse dans une nappe de lumière quasi liquide, chaude, orange, enveloppante.

C’est un lieu secret.

Isaàc n’a jamais autant existé qu’ici ; et il est là, le problème. Ce n’est pas ici qu’il doit être. C’est en bas. Autour de la table de poker. Au bout des ordres de ses cousins. Ce n’est plus seulement une question de salaire - ce n’est plus une question, point. Il n’a plus le choix. L’a-t-il eu, à un moment ? Probablement. Mais il ne voulait pas voir. Quand Jaaziel n’est pas là, Ares ne veut pas voir. Maintenant, il voit. Il voit, parce que Jaaziel est tout le temps là ; à lui rappeler ce dont il a vraiment envie, à lui rappeler ce qui lui bout dans les tripes, à lui rappeler qu’il n’a pas envie de crever. Crever pour une mauvaise main à la table de Marco, crever pour les erreurs de Victor, crever parce que les Zetas font ce qu’ils font : jouer aux hommes.

Jaaziel est ce qui cause cette singularité. Et par moment, encore, Ares le hait.

Il a mal d’autant le vouloir : il le hait. Il a mal d’être écartelé dans ce fossé qui se creuse, celui entre la vie qu’il mène, présentement, et celle qu’il aimerait atteindre, peut-être, avec le brun dans l’équation : il le hait. Il l’aime.

Alors il le hait.

Il a besoin de lui faire la guerre. Ou de faire la guerre avec lui. Qu’importe ; tant que le nom d’Arès soit honoré, tant qu’il puisse brouiller tout ce qui le bouffe dans ces excès de colères aveugles. Une nuit, il rentre et se presse au corps dur de Jaaziel, à son corps d’homme. Une nuit, il ne rentre pas du tout - il tangue dans la ville, il s’éparpille dans du vide. Une nuit, il embrasse la mâchoire de Jaaziel pour oublier sa mâchoire à lui. Une nuit, il lui crache au visage. Il veut mordre comme les chiens qu’il craint. Une nuit, c’est Jaaziel qui est sorti, qui ne rentre pas, alors ce n’est pas lui qui décide. Ares découvre qu’il aime décider quand même un peu.

Mais cette nuit, il peut chasser toute sa grisaille.

Ils sortent, ils sont dans la rue. Ils sont la rue. Détroit est un micro-climat, et ici, c’est la moisson. Tout le ciel vibre, toute la terre tremble. Les habitants veulent laver à grande eau toute la pourriture accumulée au pied des édifices. La Justice n’est plus la justice, plus même un leurre ; c’est un bulldozer, c’est une tuerie à l’haleine de Pickman. Et à la violence, on répond avec plus de violence. Ares connaît la formule - il n’en a jamais réchappé.

La foule est dense. Criarde. Quand elle ne gueule pas des injures, elle gueule des chants, elle gueule des slogans. Elle gueule même des rires provocateurs. Elle ne veut plus jamais se taire. Ares ne sait pas crier, lui. Il est l’ombre sur les talons de Miguel, il est une présence pour gonfler la masse des manifestants mais il n’est pas un décibel de plus dans leurs revendications.

« On va les défoncer ces petites chiennes » Debbie glousse à sa droite, la langue empâtée dans une joie sirupeuse, comme si dans sa bouche de femme, elle savourait déjà le sang des keufs ; pourtant, c’est son propre sang qu’elle risque de goûter. Mais pour elle, ce sera la même chose. Faut juste que ça frappe, quelque part. Faut que ça frappe fort. « Mais regarde-le c’te putain de taré ! »

Elle agrippe le bras d’Ares, lui pointe Jaaziel en train de s’époumoner vers la brigade anti-émeutes. Debbie a un soleil dans la voix. Jaaziel lance son briquet sur le blocus symbolique au centre de la rue.

C’était arrosé d’essence. Ça flambe direct.

Les flammes lèvent sous un coup de vent, ou alors ce sont les cris déchaînés des manifestants qui poussent à elles l’oxygène. Autour, les gens lèvent les bras en exultant. Un brasier, un brasier dans la nuit. Le centre d’un univers clos, organique, brutal ; un système stellaire en train de se créer.

Ares a un mouvement de recul lorsque la chaleur imaginée lèche son visage - il se réfugie sous son masque, évite le regard de Debbie qui semble comprendre mais qui l’interroge quand même. Il va fuir les incendies comme il fuit les chiens, maintenant. Pas comme Jaaz ; lui se dresse devant le bûcher, prêt à immoler quiconque viendra se mesurer à lui. Il n’a pas peur.

« Taré, c’est le bon mot. » Ares gronde, échappe à la compagnie de Debbie et se faufile jusqu’au punk. Devant, les gendarmes ont cessé leur progression, semblent se réorganiser. Le Salvadorien a le temps d’aller verrouiller sa main sur le coude du brun ; il le presse et le tire vers lui, lorgnant un court instant les flammes rugissantes. « Jaaz ! »

Putain, redescend. Il cherche son regard. L’attrape enfin, enfonce ses doigts dans le cuir de sa manche, solidement. Le bleu de ses yeux paraît presque blanc, décoloré sous la lumière vive de ce qui brûle à deux pas.

Souricière qu’Ares lâche seulement, et son autre main pointe la petite horde aux boucliers transparents ; les bords du troupeau s’effilochent, longeant les immeubles, avançant vers les manifestants par les côtés.

Des fêtards viennent balancer dans le feu tout ce qui leur tombe sous la main : cône de construction, pneu, vêtements, affiches. Plus le brasier grossit, plus la jouissance de la victoire enfle. Puis, monté sur une voiture stationnée, quelqu’un se met à hurler : PICKMAN EST MORT.

Tout le monde se marre, le siffle. C’est ce qu’ils souhaitent. La mort d’un symbole. La mort d’un homme, c’est encore mieux.

Le mec rit aussi. Comme un diable. Il répète : NON, BANDE DE CONNARDS. PICKMAN EST MORT. À L’INSTANT. LE PORC EST MORT.

Et dès que l’information est prise, digérée, comprise, le brasier allumée par Jaaziel se transforme en véritable feu de joie. Tout le monde se bouscule. Ça met au défi les anti-émeutes de venir se joindre à la fête.

Pickman est mort.

Ares n’a toujours pas lâché le bras de Jaaziel. Il tourne la tête, ahuri, et voit Angelo dans son angle mort qui retire sa cagoule en beuglant d’exaltation, entre le cri de guerre et le rire d’un géant. Derrière, Debbie est montée sur la bagnole pour rejoindre le porteur du message et lui rouler une pelle en décrochant un doigt d’honneur à la plèbe.
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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyLun 6 Avr - 1:34

Son cœur cessa son affolement, tout n'était plus que flottement, et dans les flammes qui jaillirent devant lui, Jaaziel sentit une vibration emporter toute sa raison. Il aurait du en trembler, pourtant une folle adrénaline vint titiller ses démons suicidaires. Rappelé aux mauvais souvenirs et aux cauchemars qui avaient suivis l'incendie, il se souleva en lui les profondeurs d'une peur qu'il transforma en une force furieuse. L'ardeur de l'injustice, de s'être retrouvé dans ce merdier et tout ce que ce feu avait emporté. Sa peur à lui est de celles qui pousse à la guerre, qu'importe le contexte. Elle est mesquine et aveugle, et tout aussi abrutie que celui qui l'engendre.

Assommé par cette soif féroce, il captura dans sa focale l'horizon armée et casquée en travers les vagues d'une chaleur qui continuait à le fouetter. Il était prêt à mordre, jusqu'à ce qu'on le tire par le collier au risque de se faire tuer. Car s'il n'était pas mort l'autre jour sur les brasiers, ça ne pouvait qu'être pour les attiser ce soir. Alors il s'en servit, il s'en nourrit, avec au coin de l’œil les lueurs orangées des frontières d'un enfer en travers lesquelles il serait bien capable de jaillir, des frontières si minces qu'il se disait qu'il n'avait plus grand chose à perdre, de toute façon.

La gueule ouverte et les muscles prêts à se tendre, quelque chose le bloqua à l'avant-bras. Il se tourna sur Ares, occupé de le retenir pour lui montrer ce qu'il se passait autour d'eux, dans ses angles morts. Jaaz fut à moitié surpris, il ne s'était pas attendu à ce qu'une rébellion se déroule dans les codes, codes qui n'existaient pas d'ailleurs. Il fut néanmoins dégoûté par ces fils de chiens, ces vendus comme il les avait plus vulgairement nommés, parfaitement endoctriné dans leur monde de mensonges et faux-semblants. Ça relevait presque de la maladie mentale, d'un poison voué à la discipline. Pouvait-on réellement s'en prendre à un pauvre peuple qu'on menaçait de virer ? C'était justement à cause de tout ça que les Perro's étaient par exemple si catégoriques et virulents. C'était parce que sans cela on ne les écouterait pas, pour ceux que ça intéresserait. S'ils ne cassaient rien, s'ils s'effaçaient ou manifestaient sur un droit chemin, on les baiserait de la même façon. Quitte à subir le viole, autant se débattre et le faire payer en arrachant quelques membres à cette société.

« Les enculés... »

Les enculer ?

PICKMAN EST MORT !

Jaaziel ne croyait pas au karma ni au surnaturel, mais il aurait pu s'il faisait le point entre sa montée de colère et la nouvelle. Il ne comprit pas tout de suite quand il vit le fou s'élever au milieu de la foule pour la leur annoncer. Et même lorsqu'il se rendit enfin compte de l’événement, il fut incapable de savoir quels en furent les effets. Avant de s'arrêter sur Isaac, il vit Angelo s’esclaffer plus loin. Puis il y eut davantage de cris de joie, ceux d'une guerre gagnée au beau milieu d'un champ de bataille à peine entamé. La poigne qui maintenait toujours son bras fut la première à le faire se réveiller physiquement. Elle le ramena violemment dans cette réalité à la claque bruyante, le sortant subitement d'une eau noircie par la vengeance et en travers laquelle lui étaient apparus tous ces sons lointains. Reprendre son souffle lui apporta une saveur partagée entre bonheur et aigreur. Ses doigts s'agrippèrent finalement à la manche d'une veste qui n'est pas la sienne.

« Ares... »

Est-ce que c'était vrai ? Pouvait-il mieux voir que lui ce qu'il se passait ?

Un cri de Debbie fit néanmoins vibrer ses chairs, plus que ces yeux ambrés dans lesquels chercher ses propres reflets. Un courant d'étincelles fit ensuite trembler sa focale lorsque devant lui, il aperçut la jeune femme se faire attraper par un policier puis un attroupement se former.

« Hey ! Lachez-la ! »


Il n'était pas le seul à le crier, d'autres suivirent et la pause prit rapidement fin. Indignés, les manifestants s'agitèrent et sous prétexte de les maîtriser les flics reprirent leurs assauts programmés.

« Lachez-la putain ! »


Mais Debbie se fit traîner sur le trottoir, maintenue par les cheveux. Un traitement tout aussi barbare que l'homme qu'elle venait d'embrasser, plaqué au sol au risque de se faire piétiner par le mouvement anarchique qui naquit autour de lui. Un mur de boucliers se forma afin d'éloigner les coléreux. Jaaziel donna un coup de pied dans l'un d'entre eux, Angelo essaya d'atteindre un ou deux casques avec ses poings. En cinq secondes la fourmilière s'agita. Des soldats pour calmer des ouvrières, les laisser cependant fuir afin de n'attraper que les responsables et les coffrer. Enfin, quelques bombes pour les intoxiquer jetées dans le tas, et ainsi mieux les isoler.
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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptySam 25 Avr - 3:05

Jaaz redescend ; Ares peut le sentir dans les tendons du bras qu’il tient, le voir dans le reflet moins opaque de ses yeux. Le punk bouge enfin, à moitié empêtrer dans ses chimères d’agressivité que le Salvadorien n’a jamais su réellement dompter. Il agrippe sa veste, murmure son nom, comme pour regagner un semblant d’emprise sur le réel. Ce réel où la rue brûle, où Pickman est mort, où ils ont gagné quelque chose, peut-être ? Pourtant, Ares n’a pas le coeur à la fête. Une haine étrange lui ronge les sangs, une espèce d’euphorie qui n’arrive pas à imploser.

C’est dans ce magma que tranche le hurlement de Debbie, lame de glace dans la déflagration de l’assaut policier. Ares a seulement le temps de la voir se faire tirer par les cheveux derrière le mur de boucliers. Il n’entend même pas Jaaz crier.

Droit devant, il a l’impression de voir un visage connu. Un visage qu’il croyait avoir oublié ; le flic du Salvador. Celui qui a troué le crâne de son ami. Ou alors, celui qui a lâché le chien. Les souvenirs confus se superposent, se croisent, forment un noeud étrangleur que le brun peut sentir autour de sa gorge - les bombes fumigènes crachent leurs nuages denses, et la gueule de son fantôme se délite dans le brouillard. Ce n’était pas lui. Assurément, ce n’était pas lui. Rationnellement, Ares le sait. Mais ailleurs, tout le reste dérape.

Quelque chose vrille dans son crâne.

Il a l’impression que quelqu’un d’autre réfléchit à sa place ; lui, il n’est que le pantin de son propre corps. Rapidement, il se penche et rattrape l’une des bombes qui passe en roulant près de sa cheville. Une main plaquée sur son foulard, l’autre fait un retour à l’envoyeur qui éventre aussitôt la muraille de boucliers. La brèche qui se créer dans le rang des anti-émeutes sous l’effet de la surprise est mince, mais suffisamment grande pour qu’Ares s’y glisse, rapide, les épaules serrées contre son corps. Des mains ou des bras le frôlent, mais il a déjà atteint sa cible ; l’homme qui retient encore Debbie se prend quatre jointures dans le visage. Ça doit faire un joli bruit, mais le Salvadorien n’entend que les hurlements des manifestants. Il ne sait même pas si la jeune femme a eu le temps de se redresser et de déguerpir - on lui agrippe le torse par derrière pour l’immobiliser, et le policier qu’il vient tout juste de frapper se retourne déjà pour lui en coller une. Trop lent. La botte d’Ares monte botter la mâchoire de l’agent, et cette fois-ci, il entend très bien la joyeuse mélodie produite par ses soins. Les dents du mec claquent avec un bruit atroce, ou alors il vient de le démantibuler : Ares souris pour lui. Un rictus bref, mauvais, niché dans des nuances d’hostilité qu’il n’a pas ressenti depuis des années. Le genre d’emportement et d’agressivité nerveuse qui laisse des lézardes dans l’esprit, une fois la poussière retombée. Mais là, il pourrait le bouffer.

L’homme qui le tient toujours le tire brusquement vers l’arrière pour l’empêcher de ruer encore une fois, et Isaàc fait poids mort dans ses bras ; il est un morveux de quatorze ans et il se met à rire comme un putain de défoncé au crack, hilare. Sauf que c’est un rire qui veut mordre, un rire pour ne pas gueuler, un rire criblé d’angoisse - il sent le vent fouetter la peau de son ventre exposé alors qu’il croule sciemment entre les serres de son assaillant, celui-là même qui tente de le remettre droit sur ses pieds en lui servant des espèce de petite pute essouflés. Ares aussi commence à être hors d’haleine, et comme il tente une saccade pour se libérer, le vent sur son abdomen est remplacé par une droite qui achève de lui vider les poumons.

« Vas-y, tu t’marre encore mon p’tit anarcho à la con ? »

Il est plié en deux, la vision brouillée à cause du coup, ou peut-être à cause de la fumée du feu, des bombes. Le flic derrière lui prend bien soin de le tirer à nouveau vers le haut, juste pour que son camarade ait le loisir de continuer sa brillante intervention policière.

« Arrête de m’serrer comme ça, tu vas band- »

Un deuxième crochet dans les intestins, et cette fois, si Ares a eu le temps de contracter ses muscles, l’autre homme a lui aussi eu le temps de prendre son élan. La douleur grimpe dans ses côtes, vibre jusque dans son dos.

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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyLun 27 Avr - 22:36


La violence danse autour de lui, lui fait tourner la tête et le renvoie aux instinct les plus primaires dans ses gestes désordonnés. Jaaziel frappe quand ça hurle et il hurle quand ça frappe. C'est une véritable libération, car faute d'arriver à briser l’oppression, il s'y dégage toutes ces énergies qui éclatent et qui de l'intérieur à l’extérieur, le font complètement vibrer.
Ils ont tous l'air cons de se battre à cause d'autres enculés. Ils ont chacun leur famille, leurs amis et des problèmes similaires sur lesquels ils pourraient débattre des soirées entières. Mais à l'heure des règlements de comptes médiatiques, ils se dressent les uns contre les autres, ils expriment leurs colères, leurs désaccords, et font bêtement ce qu'ils ont à faire. Jaaziel est dans son élément. Un crétin aux lèvres fendues et à l'arcade éclatée, ici on lui permet d'exprimer la rage qu'il n'a pas les moyens d’élever plus haut dans cette foutue société.

Ici, c'est son cœur qui cogne d'injustices accumulées, ses poings qui s'accrochent aux vestes gradées et sa tête qui prend jusque dans ses tripes d'ainsi se tourmenter. Il pourrait crever que ça lui serait bien égal, en vomir tant il était débordant d'ardeur. La révolution coulait dans ses veines à fortes doses, brèves et assassines, inutiles, mais glorifiante et si pleine d'adrénaline. Il était vivant. Il existait dans cette foule occupée de se déchirer.

Connards de flics ! Putes à l’État !

Beuglait-il plus ou moins quand ses coups le lui permettaient.

On essaya de l'attraper par le col de la veste afin de l'amener vers les camionnettes qui s'étaient rapprochées. Il dût péter un genou pour qu'on le lâche afin, et aussitôt il s'était rué sous la protection des fumigènes. À nouveau, les cris rythmèrent les battements sous sa poitrine. Un foulard pour protéger ses voies respiratoires et les yeux rougies par les lacrymo', il avait des airs un peu plus rudes et fous, tandis qu'il observait les autorités commencer à se replier vers un mur de boucliers. Ils en avaient bientôt terminés.

C'est là qu'il entendit un rire, tout droit sorti des enfers. Le visage d'Ares heurta le coin de sa vue avant qu'il se noie entre les épaules et les bustes de flics privant l'accès aux trottoirs. Son sang ne fit qu'un tour avant qu'il fonce vers le tas et que de bras en bras, protégé par quelques perro's rendus dans sa direction, il aperçoive son entité destructrice se faire maintenir par un homme et boxer par un autre.

Il a peut-être bondi, foncé ou sauté. Quoi qu'il en soit, la seconde suivante il se retrouva derrière celui qui s'apprêtait encore à frapper, la main sur son épaule pour le faire se reculer et le poing se portant sous son casque, contre sa mâchoire. Angelo et un autre qui s'étaient faufilés après lui vinrent rapidement l'aider à maîtriser le premier agresseur, alors Jaaziel attrapa cette fois-ci l'épaule d'Isaac. Il tenta de le tirer loin de tout, le long du trottoir, poussés contre les bâtiments avant de s'extirper des zones les plus violentes. Et sans prêter attention aux blessures de son rescapé, sa focale de proie chassée, mêlée de prédateur alléché, scruta enfin l'état de sa prétentieuse guerre. Les silhouettes commençaient à s'éloigner de la masse, et Angelo ainsi que d'autres ombres de la rébellion eux-aussi s'écartaient.

Un mouvement de tête et Jaaziel eut l'air d'un chien aboyant un « viens » à celui que ses crocs ne lâchaient plus. Des bruits de tirs résonnèrent vers leurs jambes pendant qu'il traînait avec lui Ares, sous les nuages de briques et entre les voitures cabossées. La bataille se faisait désormais à distance, déjà quelques camionnettes démarraient vers les postes de police pour ramener leurs précieux trophées.

« Hey les gars, par ici !!! »

La rue étant néanmoins fermée, Rue les interpella dès qu'elle les vit. Elle se tenait debout à l'entrée vitrée et brisée d'une petite boutique, et au fond du décors sombre dans lequel elle s'était réfugiée, la lumière que dégageait une porte ouverte sur la ruelle arrière.
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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyVen 1 Mai - 17:31

Dans la confusion de la mêlée, Ares n’arrive plus à bouger ; là où les élans mouvementés du groupe devraient l’arracher à son inertie, ils l'obligent à demeurer prostré, le corps plié en deux comme pour se protéger des coups du flic autant que du tumulte ambiant qui, sous une mauvaise impulsion, aurait tôt fait de le renverser. Le troisième assaut ne vient pas - son sang bat dans sa tête, dans son ventre, puis bientôt plus librement dans ses bras qu’on le lâche brusquement. Ares reconnaît la voix d’Angelo, puis les contours de Jaaziel. Une main s’abat sur son épaule, le tire. Une main calleuse portant encore le tressautement sec du coup de poing qu'il vient d'enfoncer dans la gueule du policier ; il suit, les paupières vibrant sous l’assaut de la fumée. Elle fait monter l’eau à ses cils.

Traîné à l’écart, il peut enfin respirer. L’air a quelque chose de piquant, de saturé, et le mouvement de ses organes qui se gorge d’oxygène tire directement dans la douleur de son abdomen. Ares tombe dans le signe de tête du punk. Ça lui dit de venir, encore. Et il le fait, lâchant un rapide regard vers la petite fête infernale qui a toujours court derrière eux. Les manifestants ont balancé deux boucliers d’anti émeutes dans les flammes - le plastique dur brûle en renvoyant une odeur écoeurante, et les cris de bêtes se réjouissent d’empester la rue avec cette orgie de symboles détruits. Une ronde sauvage d’iconoclastes endurcis.

On tire. Pas de réelles balles, mais la détonation est la même. Ce bruit n’est qu’un énième grésillement venant faire de l’interférence entre le passé d’Ares et son présent. Quelque chose de plus fort que lui gronde dans ses tripes, un besoin de mordre pour survivre, une haine informe qu’il a ramené bien malgré lui du Salvador. La voix de Rue vibre vers eux, fissurant momentanément le brouillard dans lequel il tangue.

Ses bottes écrasent le verre pilé. Il arrête de courir, se dégage d’un geste brusque de la poigne de Jaaziel.

« Mais t’es complètement con ! Tu voulais qu’on te chope une autre fois !? » il hurle, la voix enrouée par les émanations des bombes et le halètement de sa course.

« Eh, ho ! » Rue les sépare avant que l’un d’eux ne se jette à la gorge de l’autre, poussant durement sur leur torse pour les faire reculer.  « Mais t’es malade Ares, qu’est-ce qui te prend ! »

Un gronde un pendejo entre ses dents serrés, lançant un geste vif de la main vers Jaaziel comme pour lui foutre une baffe à distance, et se détourne vivement, écrasant la vitre brisée sur quelques pas. La peur perle encore sur son lobe. Un tremblement dans ses abdominaux, lorsqu’il retire rageusement son t-shirt souillé - du sang de qui, le sien, celui du flic ? - pour en choper un neuf, bien plié sur une table de la boutique de vêtements. L’aménagement de l’intérieur jure avec le bordel à l’extérieur.

Il enfile rapidement le haut noir en se tournant au trois-quart, laissant ses yeux assombrit courir sur le visage du punk. Il ne sent pas encore très bien la douleur que lui laisseront les courbatures des coups ; pour l'instant, les marques des jointures sur sa peau ne font qu’une coloration à peine plus foncée, et l’adrénaline gèle l'inconfort.

« C’est lui, là ! » il mollarde avec agressivité, parlant à Rue mais pointant toujours Jaaziel de ses pupilles minces, « Tu réfléchis jamais deux putain de secondes ! ». Celle-là, elle était directement adressée au brun.

Ces reproches pourraient tout aussi bien lui être destinées - Ares est perché dans le stress de l’affrontement. Il a cet instinct bestial de mordre la main qui a tenté de le tirer hors du danger. Peut-être qu’il aurait pu se libérer seul. Peut-être qu’il aurait voulu rester là-bas. Peut-être qu’il n’arrive juste pas à gérer le trop plein, et alors Rue tourne les talons avec agacement, filant vers la porte du fond pour rejoindre la ruelle et les laisser se bouffer le nez entre eux. Elle cri par-dessus son épaule, excédée : « Vous faites chiez, merde ! »

Ares s’entend respirer. Fort. Plus personne ne fait barrage entre Jaaziel et lui, est c’est probablement pour ça qu’il retourne à ses bonnes vieilles stratégies ; après lui avoir balancé le mordant qu’il a dans la gorge, il fait mine de se tailler dans les pas de la jeune femme, la mâchoire prête à se fendre sous la pression qu’il y exerce. Cet enculé de fils de pute... c'est tout ce qui lui roule dans le crâne comme il s'éloigne, les muscles encore tremblants, ce fils de pute qui finira derrière les barreaux, encore, à n'en pas douter. Et juste d'y penser, Ares a envie de vriller. Parce qu'il ne supporterait pas. Pas une autre fois.
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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptySam 2 Mai - 15:48

Le retour au calme était proche, mais un dernier cri l’électrisa. L'ombre d'une tentation se dressa devant lui sous la forme d'une provocation, lui crachant ses décharges en travers la grande gueule d'Ares et des mots qu'il vit sortir de nulle part. Ce con... l'engueulait ?
Jaaziel eut à peine le temps de comprendre ses accusations et d'en chercher les traits sur son visage, que ses pas se rapprochaient automatiquement. Un premier pas menaçant qui sonna l'alarme chez Rue. Et si la main de celle-ci sur son torse eut le don de le maintenir et d'empêcher la suite de son élan, son regard lui, s'attachait à Isaac comme s'il allait réellement le dévorer. Sous ses pompes, le verre lui s'écrasait lentement. Il imprima, menaçant et sur ses gardes, accusant chaque coups fictifs sans broncher, mais non sans grogner.

L’intérieur du magasin semblait moins bruyant et pourtant il y avait autant d'agitation en lui que lorsqu'il était au milieu des bombes et des coups bas. Pour la première fois depuis une bonne heure, le rasé s'empêcha de réagir. Sauf que c'était ça le pire avec lui. C'était quand il la fermait qu'il fallait craindre le pire. Il prenait le temps de boire chaque parole et chaque image que le salvadorien lui renvoyait comme s'il avait oublié. Oublié à qui il avait affaire seulement.

Oh c'était probablement ça qui l'agaçait le plus. C'était qu'Ares lui fasse la morale.

Crétin fini qui dans sa raison n'en gardait pas moins une tête à claques. Ça le rendait dingue de le voir aussi insolent et merdeux. Ses émotions se bousculaient en effet d'un extrême à l'autre jusqu'à l'engourdissement, car Jaaziel se sentait lourd et faible d'être si brutalement rempli de cette essence qui menaçait si fortement de s'enflammer. Afin de mieux l'encaisser, il eut beau faire les cent pas, ce n'était pas un exercice capable de lui faire perdre de ce poids. Au mieux, ça allait lui donner meilleur élan pour bondir une fois qu'il craquerait. Ce qu'il ne manqua pas de faire dès que la jeune femme leur donna l'occasion de s'affronter...

Il dépassa son casse-couilles international avant que celui ne franchisse à son tour la porte, pour lui barrer la sortie de tout son corps tendu d'avoir été allumé. Il était question de ça, oui. Il l'allumait depuis tout à l'heure pour l'inquiétude qu'il lui témoignait, pour cette façon de comporter, de se déshabiller, d'exposer ses muscles encore bandés, de le chercher encore et encore sans jamais se lasser.

« Tu voulais quoi ? Que j'le laisse te démolir la gueule ?! »

Le plus important, ce n'était même pas ça, car il suffisait de bien le regarder pour se douter qu'Ares savait comment encaisser des coups. Si Jaaz n'était pas intervenu, il s'en saurait peut-être même sorti tout seul, à deux contre un. Non, le plus important c'était qu'un autre l'avait malmené et que le muselé avait poussé à le faire. Pour la première fois Jaaziel avait eu un petit aperçu du pourquoi il avait voulu recueillir Isaac dès qu'il l'avait rencontré. Au fond, il avait toujours su qu'il existait ce grain de folie qui un jour le tuerait en plein combat.

Les mains agrippées à l'encadrement de porte depuis qu'il était question de ne pas le laisser sortir, il se servit d'une pulsion soudaine, celle d'une pensée jalouse et excitée, afin de se projeter contre lui. Ses serres vinrent alors trouver meilleure place sous les pourtours de son visage, son front pratiquement collé au sien pendant qu'il le forçait à se reculer, comme pour repousser l’insupportable. Il le fit rapidement buter au niveau d'une table de t-shirts à hauteur de l'arrière de ses genoux.

« J'laisserai jamais personne te frapper sous mes yeux, que ça t'plaise ou non. Et il est hors de question que tu termines en taule à ma place, tu tiendrais pas deux jours sans devenir la chienne d'un autre »

Un sourire carnassier déforma ses lèvres à l’inférieure coupée. Ses gencives, elles-aussi avaient pris cher.

« Maintenant, tu peux aboyer »

Quitte à lui donner une bonne raison...
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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyMar 19 Mai - 4:10

Ares peut ne pas se l'admettre, mais il ne peut le cacher ; il boit les réactions de Jaaziel comme un alcoolique sa bouteille de fort. De ses hanches qui tressautent sous l'envie d'avancer en sa direction pour lui faire ravaler ses paroles au brasier incandescent dans ses iris lavés par la nuit agitée. Et s'il se détourne, c'est aussi pour l'appeler. Avoir le poids des démons du punk vautré sur son dos, léchant sa nuque, mordillant sa peau. Cette pointe acide de plaisir mesquin dans une peur junkie.

Le brun le dépasse ; Ares sent la chaleur lui frapper derrière le front. Il tente de se faufiler, un geste rapide que le corps barré de l'ancien taulard lui bloque en s'inventant porte blindée. Alors le Salvadorien n'a qu'une envie, et c'est de le défoncer. Pour que ça s'ouvre. Ou pour que ça se referme sur lui.

Tu voulais quoi ? Que j'le laisse te démolir la gueule ?!

Il n'y a plus de masque pour couvrir le sourire mauvais qui germe sur sa bouche entre-ouverte. Elle se tord presque comme une provocation, exposant en silence cette gueule déjà démolie, et presque comme une question, c'est de celle-là que tu parles ?  De tout ce qu'il pourrait s'aventurer à cracher à voix haute, c'est probablement dans son silence qu'Ares est le plus incendiaire - ça, il le sait. Dans un mutisme qui se détourne comme dans un qui mord. Et celui-ci attaque de plein fouet. Un silence orné d'un rictus accidenté, mûr de mauvaise foi.

Ce qui oblige son petit air de con essoufflé à se casser la gueule dans ses propres escarpements, ce sont les doigts de Jaaziel venant s'agripper sous les parois de sa mâchoire. Cette fois, Ares parle sans réussir à formuler quoi que ce soit d'intelligible ; plutôt un hybride incongru, miaulement rauque, grondement surpris et haché alors que le punk l'oblige à reculer brusquement, et qu'il sent l'arrière de ses genoux ployer sous un obstacle invisible. Il perd l'équilibre, atterrit sur une des tables basses à vêtements avec la même brusquerie que monte à son visage les flammes d'une colère belliqueuse.

J'laisserai jamais personne te frapper sous mes yeux, que ça t'plaise ou non. Et il est hors de question que tu termines en taule à ma place, tu tiendrais pas deux jours sans devenir la chienne d'un autre. Un sourire rouge. Belzébuth entre ses cuisses. Maintenant, tu peux aboyer.

Ares s’est déformé sous l’impulsion féroce que lui a inspiré ce chienne balancé une fois de trop. Sa main a agrippé le premier projectile qu’elle a trouvé, mais la chose est trop molle, et n’a pas eu l’impact espéré ; le punk se prend un morceau de vêtement quelconque dans la gueule, et le Salvadorien pousse une plainte de frustration en se reculant sur le table, un talon enfoncé entre les jeans pliés. Tout fout le camp, même le « va t’faire mettre ! » qu’il lui lance avec le deuxième t-shirt - l’élan est plein de conviction, mais la voix se déchire quelque part entre la colère insurgée et le rire nerveux. Une autre poussée, et il est rendu de l’autre côté de la table. Il se redresse en vitesse, le souffle court et la pupille mince, braquée sur Jaaziel. L’une de ses mains est restée appuyée sur le coin du présentoir, et l’autre s’aventure à se lever doucement vers le punk, comme pour l’accuser et lui exiger de rester où il est tout à la fois, de la même façon qu’on montre une paume à un animal sauvage en espérant désamorcer sa volonté de nous charger. Le ridicule de la situation n’échappe pas à Ares ; et c’est peut-être pour cette raison, couplée à l’excitation de l’émeute et au désir latent qui lui ronge les chairs, qui fait que sa hargne s’entache d’un élan précaire d’ironie.

« D’accord ! D’accord… » Il se lèche rapidement le coin des lèvres, le corps légèrement en biais, prêt à fuir. « T’as raison… »

Il ne devrait pas, mais il le fait quand même : ses yeux accrochent rapidement la porte de sortie, toujours entre-ouverte. Si près, mais si loin. Ares sait que le seul mouvement de ses yeux vers une échappatoire qu’il n’est pas certain de pouvoir atteindre est un cadeau jouissif pour le punk pouvant dès lors jubiler à l’idée de l’empêcher de rejoindre sa cible. Or, il devrait aussi se douter qu’une capitulation aussi rapide n’est pas sans cacher autre chose.

La main d’Ares retombe lentement, son dos se déplie, il ose un pas vers la sortie en se déplaçant vers la droite. Mais quelque part au fond de ses iris, un éclat abrasif annonce le rictus aigre qui rôde contre son palais. Il parle en détachant bien chaque syllabe, en goûtant chaque mot comme s'ils étaient tous plus exquis les uns que les autres : « Je tiendrais pas deux jours sans devenir la chienne d’un autre… ou p’têtre même de plusieurs autres, j’me ferais pas prier, j’les sucerais tous tour à tour comme la bonne petite pute que je serai jamais pour toi, et puis tu sais quoi, j’prendrais mon pied. Quoi, qu’est-ce que t’as… pas envie de te l’imaginer ? Ça t’aide si j’te dit que c’est déjà fait ? »

Il s’est déplacé lentement en parlant, les crocs longs et la respiration courte. Puis quand il croit voir la lueur éclatée dans l’oeil pâle de Jaaziel, il détale à toute vitesse, faisant basculer dans son sillon le corps désarticulé d’un mannequin pour ralentir la course du punk. Quelques enjambées et il est dehors, la main râpant contre la brique à l’angle du mur de la ruelle. Quelque chose comme une frénésie de gamin irresponsable lui enfle le coeur, un besoin de le provoquer, de l’attirer plus loin, de mentir juste pour le faire chier, pour se venger, pour finir de faire sortir le trop-plein qui lui compresse les poumons.

Il entend l’écho de ses pas avalant les siens. Au bout de la ruelle, Ares voit déjà l’impasse attendant de l’avaler comme le ressac brise une vague trop enthousiaste ; une clôture haute, facile à escalader en temps normal, mais pas avec un démon à ses trousses. Le Salvadorien doute de pouvoir placer un seul pied dans le grillage avant de sentir les serres de Jaaziel se refermer sur ses épaules.
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MessageSujet: Re: Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue)   Chiens sans laisse [Pv Isaac] (intrigue) EmptyDim 24 Mai - 20:55

C'était facile de se provoquer, comme s'il n'y avait pas eu trois années entre eux, que tout s'était effacé en emportant avec le temps le cheminement et l'évolution qui allaient avec. Jaaziel était toujours ce con fougueux capable de tourner le dos à n'importe quelle autre situation rien que pour sa cible. Il se focalisait sur une proie quand ça l'arrangeait, et après le combat général qu'il venait de mener, Ares était la victime parfaite pour le terminer. Or, ce n'était pas la seule raison pour mettre à bout ses pulsions. Le brun bénéficiait de n'importe quelle excuse pour attirer toute son attention, aussi violente, mauvaise ou malsaine soit-elle. Et dans un sens ce dernier avait raison, Jaaz ne pouvait pas se l'imaginer être la distraction d'un autre, encore moins de plusieurs, et il suffisait d'une simple image pour le faire complètement vriller.

Qu'Ares soit gay, c'était son problème à lui. Que lui le soit devenu, c'était à cause de lui. Alors combien de bites avait-il sucé pour le contaminer ? Est-ce que c'était vrai ? Est-ce qu'il lui avait menti le jour où il lui avait dit qu'il était son premier ?

Aucunes de ces questions n'avaient de bons sens. S'il eut honte, il ne comprit pas que c'était à cause de ses jugements déraisonnés plutôt que le fait de se sentir trop concerné. Ce p'tit con savait exactement comment le piquer, après une ou deux claques lâchées en travers quelques vêtements pour le frustrer plus que l'aveugler, l'assassinant ensuite à coups de mots, de cette langue qui passe le coin de ses lèvres pour se préparer à répondre, de ce regard d'enfoiré, l'enculé...

Évidemment que Jaaziel lui couru après. Il était le taureau qui souffle en chargeant son torero, son marero, abruti par ce rouge qu'il distinguait seulement, qui ressortait fortement et rendait si fade le reste de son environnement. Il le croyait parce que finalement ça lui plaisait et que ça lui donnait une bonne raison de lui en vouloir. Lui en vouloir pour se soulager, parce que c'était ça au fond que le rendait furieux de sa condition : c'était cette rancune mal placée. Parfois il l'oubliait, il faisait sans et il se laissait même bercer par des élans de tendresses et de projets. D'autres, il s'en souvenait, exactement dans ces moments où Ares le jugeait en travers ses provocations, et dans ces jugements, lui, il fonçait droit dedans.

« Putain, sale PUTE ! »

Que soit faux ou non, pour l'heure, sa réaction l'était et tandis que le punk repoussait de son bras le mannequin qui lui tomba pratiquement dessus, il évalua son taux de colère assez haut pour se venger comme s'il l'avait trompé. Et quelle ne fut pas sa satisfaction lorsque la seconde suivante, -sa course perdant en effet de sa mémoire tant elle s'était automatisée-, le bout de ses doigts atteignaient l'épaule du fuyard. C'est alors qu'il comprit lui-aussi que derrière eux se dressait un mur, et devant un grillage, car l'arrière de la boutique s'apparentait davantage à une cours qu'une ruelle malfamée. Ni une ni deux, il saisit l'occasion de l'agripper et dans un mouvement de rage, le pousser vers l'arrière. En l'entourant de son bras, il le cala aussitôt contre lui, une pression contre sa nuque pour le faire se plier, son visage écrasé contre son torse, pendant que son autre poing se levait sous son ventre pour le frapper d'abord à l'abdomen puis au plexus, sa force certes entravée par la position mais non moins violente de férocité. Ce n'est qu'une fois assuré de sentir tout son poids se relâcher entre ses bras par sa respiration probablement coupée, qu'il le lâcha en le repoussant plus loin, méprisant comme jamais.

Il se recula vers le grillage en faisant marche arrière, et son rire cassé ne manqua pas de dévorer le moindre geste malmené d'Ares, de l'envelopper dans sa fierté et dans sa moquerie. Au moins, s'il l'avait sauvé des flics un peu plus tôt pour cette même agression, il lui rappelait désormais que le souci c'était qu'il n'y avait que lui pour décider de ça. De quand, de où, de comment, et de s'il lui laissait une chance de s'échapper.

Essoufflé lui-aussi par toute cette frénésie, il glissa les doigts entre les fils métalliques qu'il finit par atteindre, jeta un regard de l'autre côté, vers cette sortie qu'il gâchait. Mais quand il posa à nouveau les yeux sur la silhouette recroquevillée, il s'humecta plutôt les lèvres en se sentant complètement consumé.

« Si t'es vraiment qu'une petite salope facile... »

La grille couina sous son poids, le corps entièrement exposé et droit, bout de langue disparaissant entre ses dents au sourire carnassier.

« On va voir si tu dis vrai. Suce-moi comme la chienne que tu es, et peut-être que j'te laisserais passer sans t'défoncer »

Un défi, une envie, mais surtout une attaque basse et ciblée sur sa tronche d'harceleur de bas-âge.

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