il est purement et simplement impensable, pour la plupart des familles dans le monde d’ouvrir un ballot de cannabis sur la table de la cuisine. encore plus impensable que maman appelle toute la famille pour aider, et distribue les sachets à remplir. mais chez les aguirre, c’est ce qu’on appelle le mardi soir. depuis que noa s’est investi pour de bon dans la redistribution pour la famille avec un grand m, il est récurrent que tout le monde soit mis à contribution pour reconditionner le tout en doses plus petites pour les clients du grand. alors les mardis soirs, toute la maisonnée se retrouve autour de la table de la cuisine, à ensacher de la weed en mangeant des chips trempées dans le guacamol maison de la matriarche aguirre. soirée familiale sympa. un mardi soir.
le vendredi, lupe va gratter quelques sachets à son frère. pas pour sa consommation perso, elle l’a déjà stockée depuis mardi. pas folle la guêpe. non, non, elle a reçu une commande. non, elle est pas censer dealer, mais elle peut pas s’empêcher de rendre service, voyez. alors elle va frotter sa joue contre celle mal rasée de son bro’ en minaudant pour lui soudoyer quelques doses. c’est pas vraiment utile, qu’on se le dise, il a pas de raison de dire non noa. mais ça fait plaisir à lupe alors ça le fait juste marrer. “c’est pour qui ?” elle lui lance au oeil scandalisé, genre tu m’fais pas confiance?!, mais elle répond d’une voix égale. “velasco.” il hausse les sourcils, un poil surpris. “mais il m’a pas envoyé de message.” elle soupire, lève les yeux au ciel, laisse tomber ses bras, les mains qui claquent sur les cuisses. dramaqueen. “bah non, il va t’envoyer un message pour que tu m’en envois un, c’est bon on s’connait, il m’dit direct maintenant.”“mouais...” qu’il répond avec un regard en biais de grand frère méfiant. elle pouffe et lui bourre l’épaule avant de claquer une bise sur sa joue et de repartir avec son dû. enfin de le dû d’horatio. anyway.
le samedi, elle se fait belle. enfin presque. elle troque son t-shirt à l’effigie d’un groupe de hardrock contre une brassière en skaï et une veste leopard. “t’as l’air d’une pute” avec tout l'amour de sa petite soeur qui passe la tête par la porte de sa chambre. “bah comme tout le monde dans les bars glauques du coin. j’passe icognito comme ça.” elle se rajoute du rouge sur les lèvres, des créoles dorées, mais renonce à virer son jean même si elle opte pour des talons. “une vraie chola.” commente la cadette, en croquant dans des bâtons de carotte crus. “merci, merci.”
un bisou sur la joue, des sachets de weeds au fin fond de ses poches, un bâton de carotte chouré à la petite, et elle est partie.
Gonna walk right through that door, High heels on a hardwood floor They all coming back for more, it's a party tonight (hey, hey) Get it up and do it right this time, never gonna stop till the beat is mine Come 'round if you're so inclined, it's a party tonight
dès qu’elle mets des talons, elle chantonne du ru paul. c’est tellement pas son genre qu’elle se prend pour un drag queen. bref. on s’en fout.
elle finit par passer les portes de l’un des bars dans lequel elle a le plus ses habitudes. (à 22 ans oui, elle a déjà ses habitudes, t’as quoi?) elle arrive au bar, et au lieu de commander elle chantonne : “it’s gonna take more than one marguarita.” et le barman lui répond. “i’m gonna call you my sweet senorita.” avec un sourire et un signe de tête avant de s'atteler à lui faire son cocktail. quand on cause business, c’est toujours margarita. encore un truc de famille. elle attrape son verre et pivote sur sa chaise, s’adossant au bar pour guetter l’entrée et l’arrivée d’horatio. un grand signe de main quand il pointe le bout de son nez. personne n’est moins soupçonnable que les expansifs.
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Sujet: Re: dreamwalkers (horatio) Dim 10 Mai - 16:55
BITE THE HAND
foutre les pieds dans un bar autre que celui de grand standing qui lui sert mystérieusement de job, ce n'est pas une évidence pour horatio. victime de tous aimé nulle part il marche tête vissée au sol comme si c'était son seul ami. il n'existe que deux choses pour le faire sortir de son trou : MJ et la drogue. la petite soeur ayant décidé que sa famille adoptée était vachement mieux que les restes de sa famille biologique, boycottant son frère comme un lépreux, c'était cette dernière qui menait les pas peu assurés d'horatio à travers mexicantown. la drogue seule chose apte à le faire bouger. elle avait raison la petite : il est pitoyable à en pleurer, et c'est une bonne chose que leurs parents soient morts pour ne pas voir cette déchéance. sur son portable pourri sont enregistrés quatre numéros : celui d'MJ, celui de big ed, celui de Rafael, son patron, et celui de lupe, sa pourvoyeuse de vie. horatio d'avant l'aurait appelée amie. il aurait cherché à en savoir plus sur elle, peut être même qu'il aurait tenté de la séduire. horatio de maintenant mime l'amitié pour obtenir la came. quand il est de "bonne" humeur, il s'imagine naïvement que soulager son addiction c'est une façon de retrouver son lui d'autrefois, une façon de retrouver la légèreté avec laquelle il abordait tout le monde. de retrouver un monde où il était aimé de tous. si dans les faits ça n'a jamais rien donné, il a l'espoir vissé au corps, il ne cesse d'y penser. comme tous les accros, il s'est trouvé une justification pour consommer, tout simplement. contrairement à lupe, contrairement à la plupart de ceux et celles qui fréquentent mexican town avec la fierté de leur sang latin, il ne parade pas torse bombé, homme contre le monde. ce que ne savent pas ces brigands à la petite semaine c'est que quand on est seul contre le monde on essaye en permanence de se faire oublier. sa large capuche noire qui masque jusqu'à ses sourcils est sa seule alliée. il arrive au bar en ayant conscience d'avoir réussi brillamment dans son rôle de silhouette. c'est la seule chose qui lui permet d'entrer l'esprit tranquille : pas moyen qu'il se soit fait repérer par qui que ce soit. ce qui coince en entrant c'est qu'il va devoir enlever sa capuche il le sait et quoi de mieux qu'un bar pour dresser une embuscade ? il n'a pas choisi d'accorder sa confiance à lupe le besoin de came ne lui a pas donné le choix. il entre et la repère tout de suite, ostentatoire, cliquante. lupe a dans l'idée que la meilleure cachette c'est sous le nez de ceux qui nous réprouvent. big ed pense pareil, c'est pour ça qu'il lui a dit d'aller bosser chez les riches. si tant de monde pratique la méthode c'est peut être qu'elle est bonne, mais il se voit mal se colorer les cheveux en rose et parler fort à longueur de journée. il enlève sa capuche comme d'autres perdent des matchs de foot et s'approche du comptoir tête basse, encore, toujours. une bière s'il te plaît. il marmonne au barman. il n'a pas les moyens de claquer du pognon dans n'importe quoi mais après tout, l'alcool, pourquoi pas. puis il se tourne vers la jeune femme. qu'est-ce que tu as pour moi, lupe ? il s'aperçoit qu'il n'a même pas ajouté une petite phrase d'introduction pour s'enquérir de sa santé ou pour faire genre, tout simplement. la politesse, concept oublié dans l'esprit d'horatio. il n'a pas été élevé comme ça, mais c'est comme ça qu'il a été éduqué par la drogue.
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Sujet: dreamwalkers (horatio)