Home sweet home (Seven)

Alors que May refait l’historique de tous les dégâts qu’elle a causé au roumain, Sam le regarde avec l’air fermé, sans trop de réaction. Pas tellement de surprise que May soit à l’origine de ses blessures, et pourtant, c’est pas souvent qu’il la prend en pleine bagarre. Mais sans doute qu’au fond de lui il n’a jamais eu de doute sur sa force. Les Kids sont comme des fauves ils se défendent en cas d’attaque, après ça tourne plus ou moins mal. On aurait pu avoir pire, pour le moment, Sam se contente de lui conseiller d’aller chercher des petits pois et il repose rapidement sur on regard vers Seven. Y a un genre d’inquiétude au fond de lui, ça le trouble que Seven ait pénétré sa maison, qu’il ait attaqué May sur leur propre terrain. D’un autre côté, y a une colère qui se propage, comme un incendie. Dès qu’il se met à parler à la gosse, Sam lui remet les idées en place, en essayant de se faire menaçant, ça marche moyennement. Mais qu’est-ce qu’il foutait là celui-ci ? Semble qu’il sache même pas lui même la réponse. J'm'ennuyais. Qu’il lâche comme le sale gosse qu’il a toujours été. Sam expire, crispé. Trouve-toi un passe-temps. Qu’il siffle les dents serrées. Mais c’est May qui le sort de ce genre de combat de regard qu’il avait entamé. Elle fonce jusqu’à la cuisine, et Sam la suit des yeux un moment, sans trop comprendre ce qu’elle est partie foutre. Quand il la voit ouvrir le congelo il s’en souvient et fait rapidement les cent pas, avant de reporter son attention jusqu’à Seven. Il sait pas quoi en foutre. Et il semble que Seven est une épine dans son pied depuis un bout de temps. Toujours là pour l’emmerder, toujours à rôder quelque part, comme un putain de nuisible. Sam n’en peut tout simplement plus de lui, il ne peut pas le voir en peinture, et tout ce qui se rapporte à lui le fait chier au plus haut point. Alors il soupire un grand coup avant d’exposer toutes les idées qui lui passent par la tête, même celle d’un sacrifice au Malin. Mais Seven ne l’entend pas de cette oreille, il fait son petit rire désagréable, dénué de tous sentiments, parce que ce mec n’est qu’une coquille vide, et il enchaîne, sûr de lui : Va t'faire foutre. Détache-moi. Au tour de Sam d’échapper un rire ahuri, parce qu’il ne sait même pas comment il ose donner des ordres. Il croit vraiment qu’il est en position de réclamer ? Et bah trois secondes plus tard, il s’avère que oui. Soit tu m'laisses me barrer, soit j'raconte tout à May pour l'héro. Sous l’coup de l’émotion, Sam relève la tête et sa bouche s’entrouvre brièvement. Et puis son air se ferme à nouveau, et y a une peur qui le tenaille, ça fait mal au fond du bide. Shit, il pensait que Seven oublierait cette partie de l’histoire. Ses propres souvenirs de cette entrevues sont embrouillés. Mais faut croire que la dose qu’il lui a injecté n’était pas assez forte. Sa respiration s’accélère un peu. Seven a un moyen de pression maintenant. Ça, tu l’avais pas vu venir. Non, clairement pas. Et le choc est rude. Parce que maintenant y a une sale impression qui va plus le lâcher. Qui le collera, jour après jour. Parce que Seven peut tout foutre en l’air, encore une fois. L’héro c’est la seule chose qui le fait tenir debout à l’heure actuelle. Mais les autres, ils comprendraient pas. Déjà qu’on fait rarement confiance aux malades mentaux, mais alors aux toxicos, c’est encore pire. Il se passe les deux mains sur le visage. Il a chaud soudainement. C'est comme tu veux. Il en rajoute, Seven. Et ça rend dingue Sam. Enfoiré. Qu’il marmonne, mais déjà May revient avec les petits pois. L’estomac de l’égyptien se tord.

Ce serait plus simple s’il se contentait de dire merci et au revoir, hein ? C’est une bonne porte de sortie, au moins May ne trouvera pas ça bizarre qu’il le laisse partir si facilement. Mais y a cette envie de le faire taire à tout jamais, celui de lui péter la mâchoire, en si petits morceaux que de toute façon, il ne pourra même pas balancer quoi que ce soit. Il se craque nerveusement les doigts, sans rien répondre. Mais d’un coup, May se remet en mouvement et approche les surgelés du visage de Seven. Sam a un premier mouvement vers elle, comme pour l’arrêter mais s’arrête dans son élan, surtout parce qu’il ne comprend pas ce qu’elle fout. Elle veut le cogner avec ? Qu'est-c'tu fous putain ? M'touche pas. Qu’il s’énerve l’autre. Elle est quand même pas entrain de l’aider ? Et l’regard que Seven lance à Sam le remet en route. Il surgit sur May et lui arrache un peu brusquement des mains le sachets de légumes : Arrête-ça. Qu’il maugrée, autoritaire. Et puis il envoie le sachet sur le canapé, un peu plus loin, avec mauvaise humeur. Putain d’merde, il fait quoi. Seven va pas se la fermer très longtemps, Sam sait que ce n’est qu’une question de minutes. Il est trop impatient pour attendre, trop excessif aussi. Qu’il parle ! Tu vas pas le laisser partir ?! C’est facile pour toi de dire ça. Mais j’t’assure que l’manque, ça sera simplement pour aucun des deux. Qu’il pense, Sam, si fort. Il ferme les yeux fort, une seconde. Et puis dans un sursaut il sort de sa poche son opinel. Il s’approche de quelques pas de Seven, il le braque, et pendant une seconde il ne sait plus s’il veut lui trancher la gorge ou le libérer. Il lui lance un regard qui veut tout dire. Et puis expire : Bon. On va faire comme t’as dit. Il lance une oeillade à May et puis, il fait le tour de la chaise et coupe les liens qui retiennent Seven. Mais t’as pas intérêt à recroiser l’un de nous. Il sait que sa menace tombe dans le vide. Seven a enfin le dessus, et rien que cette pensée le dégoûte. Alors sans attendre, il l’attrape par les cheveux et le traine en avant pour qu’il se relève au plus vite. Il doit rapidement le lâcher, surtout parce qu’il fait deux têtes de plus que lui, maintenant. Et Sam se souvient du gamin qu’il était il n’y a pas si longtemps. Putain, jamais il n’aurait parié qu’il survive aussi longtemps à l’époque. Il lui donne un coup dans l’dos pour le pousser hors du salon. Une fois dehors, il reste sur le pas de la porte. La voiture, elle reste ici. De toute façon, May a dit qu’elle ne marchait pas. Barre-toi, putain. Vite, l’autre a envie d’attaquer.