UNDERDOG // (SID)

nom_transcription écossaise du nom juif polak signifiant polonais, il signe ses papiers du nom pollock, vestiges anciens des racines depuis longtemps fauchées, abandonnées sur l'autre rive de la grande bleue atlantique et brouillées par le passage immuable du temps

prénom_nommé sidoine par son père, du latin sidonius, désignant par étymologie les citoyens de sidon, actuelle saïda en syrie, citadelle des mers. très vite écorché sid par les langues chéries qui l'aimaient, seule la génitrice désormais use des sept lettres dans leur intégralité pour le réprimander. eugene pour nom du milieu, fut le nom de feu le père de son père, un homme très aimant et très aimé, à ce qu'on en dit. qui irait médire d'un mort, de toute manière?

âge_vingt-trois ans, s'il ne les compte plus désormais, il entamera sa vingt-quatrième année à la mi-octobre, sous le signe de la balance

nationalité_ américain jusqu'au bout des ongles, terre d'adoption de ses ancêtres arrivés par miracle sur des rafiots ballants, qui espéraient comme tous les autres y quérir la liberté d'une seconde naissance, pour finir par se vautrer dans la boue, oubliés de tous, comme l'écume des mers

origine_inconnues, petit blanc sans véritable racines au milieu des hommes d'ici et d'ailleurs fiers d'exhiber leurs couleurs. on le soupçonne juif polonais côté paternel, une éventuelle escale en écosse il y a bien longtemps

lieu de naissance_détroit, michigan (usa). jamais il ne s'est aventuré très loin des frontières de la ville où il est né. comme un aimant, elle le rappelle quand il s'égare par curiosité. perché au sommet du phare, il a souvent contemplé l'horizon, demandé à sa mère 'comment c'est tout là-bas? est-ce qu'un jour on ira?' maintenant qu'il est grand, il a la réponse.

arrivée à détroit_dans ces années oubliées, quand la ville était encore riche et prospère. grand-père et grand-mère à l'aube de leurs vingt ans, jeunes, forts et beaux, pleins de ressources et de vie. la crise économique est venue frapper aux portes de la ville quand papa était petit et les entreprises ont une à une mis la clé sous la porte. grand-père et grand-mère se sont trouvés sans emplois pendant un temps à manger de la soupe en conserve et à devoir vendre la maison. puis une connaissance a mis grand-père sur une bonne affaire. c'est là que le phare les a sauvés. sans lui, comme tant d'autres, ils auraient fait naufrage aussi

orientation sexuelle_hétéro, probablement. c'est-à-dire qu'il a jamais vraiment essayé les hommes au-delà d'un baiser enivré d'absinthe lors des soirées les plus arrosées. l'éventualité ne le fait pas grimacer, cependant, seulement hausser un sourcil curieux et gêné. ce n'est juste pas une option qui lui viendrait seule à l'esprit

statut_fleur bleue, s'il pouvait les aimer toutes, il n'hésiterait pas une seconde. son cœur est si grand et elles sont si petites, bien assez du moins pour s'y loger facilement. mais sa maladresse les malmène parfois, ces pauvres enfants. et alors elle s'échappent, il les sème derrière lui au fur et à mesure qu'il les cueille, par accident

occupation_des petits boulots cumulés à la chaîne, aux salaires comptés en centimes et à coups de pieds au cul. là, il tient une station service glauque sur le périphérique, loin de tout si ce n'est d'un motel sordide où se passent des choses certainement pas catholiques

suggestion de groupe_croco sur la défensive, il fait ses plans dans son coin sans gêner personne pour pouvoir boucler ses fins de mois. fils du quartier, on le connaît depuis tout p'tit et les pollock ont toujours été des gens appréciés, alors on le met sur les bonnes affaires, on lui refile les bons tuyaux et, lui, il saisit les opportunités, des plus légales à celles qui le sont moins. mais il est pas né de la dernière pluie, il sait comment ça marche le business ici, c'est peut-être pour ça qu'on se méfie de lui et qu'on essaie rarement de la lui mettre.

crédit_icon du bas (c) un fantôme de bazzart vraiment très cool.

caractère_c'est pas vraiment un gros dur, sid. ni ce qu'on pourrait appeler un roublard, d'ailleurs. pour dire vrai, il a même le crâne qui sonne un peu creux. mais sid, c'est un gars d'ici, alors il sait, il connait, et il se fait pas avoir. sid, c'est le modique juste-milieu de la banalité, un spécimen-type, le gars moyen par excellence. rien qu'un pauvre môme absolument quelconque dans tout ce qu'il entreprend, qui fait pas de vagues, qui sort pas trop du lot. parce qu'il a de toute façon aucune ambition ni véritable but dans la vie, autre que celui de grappiller quelques modestes dollars çà et là pour manger pas toujours à sa fin et payer son loyer.

alors voilà, sid, il flirte avec la ligne médiane. ni trop haut-dessus, ni trop en dessous. c'est pas une brute, mais il cogne pas trop mal s'il doit sauver sa peau. c'est pas un escroc, mais il a le sens des affaires quand son ventre grogne famine. posé le cul entre deux chaises, il se fait pas remarquer, jamais, et ça lui va très bien comme ça. c'est pas comme si il avait de prétention à autre chose, de toute manière. tout le monde sait qu'il pourrait jouer des poings ou de ce qui lui sert de cerveau, mais tout le monde sait aussi que ça ne bénéficierait sans doute à personne alors on évite de trop le provoquer, et c'est très bien comme ça.

du reste, sid, il aime le rock garage, les belles bagnoles, le sport à la télé et les jeux-vidéos, pourrait passer des heures étalé sur les toits quand le soleil daigne réchauffer le cœur dur et sec des habitants de détroit, et il fait une collection de cendriers sur son balcon, où il crèvera à coup sûr d'une pneumonie foudroyante couplée à une overdose à force de fumer à la chaîne sous emprise d'un mélange de médocs expirés depuis des lustres. puis sid, c'est quelqu'un de bien, tout l'monde dans l'quartier aimait ce gamin, et personne dans l'quartier irait l'emmerder encore aujourd'hui, maintenant qu'il est adulte. pour ses potes de toujours, pour les filles du quartier, pour les sales mioches du terrain vague, il prendrait une balle sans aucun regret. même pour les clébards galeux des rues, pour les matous borgnes dont l’œil unique brille au fond des coupes-gorges, pour le nid de pigeons sur le balcon de l'appart' du dessous, qui le réveillent en piaillant à quatre heures du matin, son cœur est tendre comme la mie de pain.

mais sid, il est aussi très maladroit, en actes et en paroles, et sid blesse parfois. c'est qu'il a son caractère, le môme. quand on est élevé par le bitume, on peut pas être un enfant d'cœur. et sid peut être rancunier, amer, cruel. sid peut être boudeur, têtu, égoïste. sid, au final, dans sa médiocrité, est peut-être seulement profondément, intimement, ce qu'on fait de plus humain.