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 ghosts.

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Seven Popescu
Seven Popescu

Feuille de personnage
ghosts. 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : dents en vrac, toutes de travers | tatouages pourris | main gauche balafrée (poignardée) et à la motricité un peu réduite | cicatrice sur l'épaule gauche (poignardée), cuisse droite (balle), bras gauche (balle), côté droit du ventre (balle) | traces de piqûres sur les bras | nez qui saigne trop facilement | mains souvent abîmées | toujours énervé | l'air de ne pas avoir dormi depuis trois siècles
- jj, mon paradis -
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âge : vingt-et-un ans.
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MessageSujet: ghosts.   ghosts. EmptyLun 16 Sep - 13:36

[ le gouffre ]


Elle a l'air morte. Il voudrait recommencer à la secouer mais il n'en est plus capable – ses muscles sont trop crispés. Le corps comme un bloc de béton, il est figé, presque impassible. Le train de ses pensées a déraillé depuis qu'il a compris ce qu'Anca a fait. Son esprit refuse de l'assimiler. Il est là, prisonnier d'un calme qui ne lui ressemble pas, aussi plat que l'électrocardiogramme d'un mort. Et plus il la fixe, plus il l'imagine sur une table d'autopsie, ouverte puis recousue, prête à être abandonnée dans un cercueil trop grand pour elle.

Elle est minuscule entre ses bras. Fragile, friable, faite de morceaux de verres qu'on a trop souvent recollés. Il a peur de la briser s'il serre trop fort. De toute façon, il n'y arrive pas. Il se contente de la tenir contre lui, parfaitement immobile, le regard soudé à elle. Autour de lui, le temps s'est arrêté. Il ne pense plus – on dirait même qu'il ne respire plus. Le cerveau aussi paralysé que sa carcasse, les émotions trop fortes pour qu'il puisse les accueillir. La machine est complètement bloquée. Il est tellement furieux qu'il est incapable de gueuler, tellement triste qu'il n'arrivera jamais à chialer. Il s'est retranché si profondément en lui-même qu'il n'a aucune réaction ; il n'y a plus personne aux commandes, rien d'autre qu'un automate en pause.

Il attend. Les secondes paraissent des minutes et les minutes des heures, il est presque sûr qu'elle est morte trois fois avant que les secours n'arrivent enfin.

On lui parle. Il répond. Il n'enregistre rien. Tout est vide ; lui compris.

___________________


Il a envie de hurler. Pourtant il reste planté là, face à cette infirmière qui lui pose trop de questions auxquelles il ne sait pas répondre, qui essaie de le rassurer alors qu'il n'a aucune envie d'entendre dire ça va aller. C'est un putain de mensonge. Ça va pas, ça va jamais ; peu importe le temps qui passe et les faux sourires qu'elle se placarde sur la tronche, Anca reste une vulgaire poupée brisée. Peut-être que cette fois, ils ne pourront pas la réparer.

La femme prend des notes et il voudrait lui arracher le stylo pour se crever les yeux ou le cœur, pour effacer l'image de sa sœur en train de crever paisiblement, ou stopper le torrent d'émotions qui menace de tout dévaster.

À toutes les interrogations, il répond la même chose en boucle comme un disque rayé : j'sais pas. Il ne sait rien. Ça fait des semaines qu'ils se croisent à peine, qu'il aboie chaque fois qu'il fout un pied dans la baraque, qu'elle ne fait que passer comme un courant d'air. Ils ne se parlent plus. Il connaît les signes précurseurs qui annoncent une rechute chez Anca, et pourtant il n'a rien vu. Peut-être aussi qu'il ne voulait rien voir. Il n'a jamais su être là quand il le faut.

– Et est-ce qu'elle-
– J'SAIS PAS PUTAIN !

Elle esquisse un mouvement de recul alors qu'il se détourne, passant une main sur son visage. Il a des nœuds dans le bide et une boule dans la gorge. Ces putains de questions l'angoissent, il n'a pas les réponses qu'il faudrait et ça ne fait qu'ajouter au poids de sa culpabilité. Ça le rend dingue – il sait pas comment gérer. Ni les problèmes d'Anca, ni les siens, ni même ce qu'il ressent. La rage et la tristesse se sont liées si étroitement qu'il se retrouve coincé entre les deux, plongé dans une transe qui fait trembler son échine. La fissure qui s'est logée dans sa poitrine menace de l'avaler tout entier.

– Peut-être que vous pourriez demander à des proches de venir vous épauler ?
Il s'étouffe dans un rire sec.
– Ouais.

Mais il ne lui reste que Barbra, et il ne l'appellera pas.

Elle ajoute quelque chose d'autre mais il n'écoute déjà plus, se dirigeant vers la sortie à grandes enjambées. Il suffoque. Une fois dehors il tente d'inspirer longuement mais l'air peine à se frayer un passage, la panique prend le dessus, il se sent perdre le contrôle petit à petit. Il a beau tirer sur le col de son sweat, l'étau qui lui étreint la gorge ne disparaît pas. Il ne fait que se resserrer à mesure qu'il fait défiler le nom des autres Popescu sur son écran. Par défaut, c'est sur celui de Mihail qu'il s'arrête, lui envoyant un message aussi froid que pragmatique. Il sait que son frère se chargera de prévenir les autres, qu'ils viendront, qu'ils sauront quoi faire – contrairement à lui.

Il se tire avant d'avoir à les affronter.

___________________


Toute la pièce est en vrac. Le matelas est retourné, tous les tiroirs sont ouverts, un tas d'affaires et de débris jonchent le sol. Des cadres photos éclatés, un réveil cassé, des livres à moitié déchirés, un lecteur CD explosé. Il a tout ravagé sur son passage. La chambre de sa sœur a des airs de champ de bataille, et il n'arrive toujours pas à respirer. Il n'a trouvé aucune lettre, aucune explication pour justifier son geste. Alors après avoir tout fouillé, il a tout fracassé, mais ça n'a servi à rien. La douleur ne fait qu'empirer.

Il est prostré dans un coin, le crâne enfoui entre ses mains, la carcasse tremblante. Otage de ses propres émotions, qu'il est incapable d'extérioriser. Même la violence n'arrive pas à le soulager et il se sent perdre pied, si distinctement que c'est une putain de torture. Il voudrait se dévisser la tête et s'arracher la peau, sortir de ce carcan qui le tient captif malgré lui. Il implose, encore et encore et encore, ça fait mal à en crever et il sait pas comment l'arrêter.

Il n'y a pas d'issue, quand on est sa propre prison.
Anca l'a prouvé.

Son portable sonne dans sa poche pour la troisième fois consécutive. Il met un long moment avant de daigner le prendre et regarder la liste de messages et appels manqués qui s'affichent, mais il ne s'intéresse qu'au dernier texto reçu.

Ils vont l'interner.

L'envie de chialer le prend par surprise. Il hoquette et s'étrangle dans les sanglots qu'il ravale férocement, à renifler comme un môme pathétique, les yeux pourtant secs. Il ne s'autorise pas à pleurer. Mais la tristesse lui arrive par vagues et il ne le supporte pas – il sait pas comment y faire face, plus vulnérable que jamais.

C'est la rage qui le pousse finalement à se lever et quitter la pièce, sans un regard pour le champ de ruines qu'il laisse derrière lui. Il n'a plus qu'une seule idée en tête : tout mettre en veille pour ne plus rien sentir. Et pour ça, il ne connaît qu'un moyen efficace. Alors dans des gestes saccadés, il change de sweat et enfonce le peu de billets qu'il a dans ses poches, résigné. Il ne prend pas la peine de verrouiller la porte en partant.
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Seven Popescu
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MessageSujet: Re: ghosts.   ghosts. EmptyMer 18 Mar - 15:21

[ too little, too late ]


La chaise grince sous son poids lorsqu'il se laisse lourdement tomber dessus. Il grimace, lèvres pincées pour ne laisser filtrer aucun son malgré la douleur qui le tiraille. Son bras blessé s'enroule autour de son abdomen, comme un bouclier ou une tentative de cacher les plaies qu'on ne peut pourtant pas voir. Il s'agite. Une jambe qui tressaute nerveusement, les dents qui malmènent sa lèvre inférieure, les doigts qui font des nœuds et battent un rythme soutenu contre sa cuisse. L'impression de suffoquer grimpe lentement, sournoise, vicieuse. Il a envie de se tirer.

Mais Anca arrive et ça le cloue sur place, ses muscles qui se tendent à l'extrême. Pourtant, c'est comme une bouffée d'oxygène. Il inspire longuement, gonfle ses poumons au maximum – et il se rend compte qu'il ne l'a plus fait depuis un moment. L'impression de sortir d'une trop longue apnée.

Il voudrait qu'elle le prenne dans ses bras.

Elle se contente de s'asseoir en face de lui.

Le silence qui s'installe est pesant, chargé de non-dits. Il la détaille. Son teint blafard, les cernes qui creusent son visage sous ses yeux fatigués, sa silhouette amaigrie. Ce qu'il voit ne lui plaît pas ; ses dents se serrent. Il se redresse instinctivement lorsqu'il remarque qu'elle fait la même chose que lui, ses prunelles qui l'examinent avec attention. Il a envie de se tirer.

– Je pensais que tu viendrais jamais. Lui aussi. Il pensait qu'il n'aurait qu'à attendre qu'elle sorte, qu'elle revienne et qu'ils puissent faire comme si rien n'était jamais arrivé.

Comme s'il n'avait pas senti sa sœur crever entre ses bras.

– Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Il ne peut pas cacher combien il est mal en point. Il ne dort plus, ne mange plus, ne pense qu'à se piquer ou s'éclater le crâne contre un mur pour faire taire son vacarme intérieur. Et il a mal. C'est une évidence pour quiconque se risque à l'observer plus de vingt secondes – mais avec Anca, c'est différent. Elle voit les autres blessures, celles qui sont trop profondes, enfouies, auxquelles personne ne fait attention. Elle sait.

Et soudain, il voudrait tout lui dire.

Avouer qu'il ne gère plus rien, qu'il ne sait plus quoi faire, qu'il se sent partir à la dérive. Lui parler du cadavre qui pèse trop lourd sur sa conscience, de ses veines qui brûlent en permanence, de la solitude qui lui tord les tripes parce qu'il ne peut pas s'empêcher de repousser tout le monde. Lui dire ce qu'il a ressenti quand il a cru mourir, cracher ses envies de vengeance, montrer toutes les cicatrices qu'on lui laisse. La laisser panser ses plaies comme elle l'a toujours fait. Lui demander de l'aider.

– Rien. Il se mord la langue, tente de ravaler les émotions qui ont créé un nœud dans sa gorge. Elle a un petit sourire aussi las que le soupir qu'elle lâche. – Avec toi, c'est jamais rien. Il ne s'ouvre jamais, elle le sait. Elle y est habituée.

– Tu sors quand ?
– Je sors pas.
– Ça veut dire quoi ça ?

Il a les sourcils froncés, la gueule contrariée. Elle le regarde, silencieuse, un océan de tendresse au fond des yeux. Comme si elle cherchait les bons mots. Ça émane d'elle, il le sent – la tristesse, l'épuisement, la compassion. La détresse. – J'ai encore essayé de mourir la semaine dernière. Elle a pris le soin d'éviter le mot qu'il déteste le plus – suicide qu'il voudrait rayer de leur vocabulaire. Une lame s'enfonce quand même dans sa poitrine. Il pensait qu'elle irait mieux, après tout ce temps enfermée ici, loin de Detroit et ses fauves enragés, loin des fantômes, des problèmes, loin de lui. Parce qu'il refuse de voir que le mal dont elle souffre est en elle, pas dehors. – Pourquoi tu fais ça, putain ? La colère vibre dans sa voix, crispe ses poings. – Faut qu'tu sortes. T'as des médocs, non ? Il le voit. Elle semble alourdie, cotonneuse. La cervelle inondée de solutions chimiques qui ne marchent pourtant pas assez bien. – Tu peux les prendre dehors aussi, c'est bon. C'est autoritaire. Un ordre, une exigence de sale gosse qui joue l'enfant roi et refuse de voir plus loin que ses propres besoins. – Je suis malade, Seven. Elle le martèle sans le quitter des yeux, mais il détourne les siens. Il ne veut pas l'entendre – il ne l'a jamais accepté, n'a jamais voulu écouter ce qu'elle tentait de lui expliquer à ce sujet, préférant la secouer et sortir les crocs en espérant la faire réagir. Trop occupé à la blesser pour la laisser se soigner.

– Pourquoi tu veux tellement que je sorte, hein ?

Parce qu'il a l'impression qu'elle est la seule qui puisse l'empêcher de se noyer.

Il reste mutique. Elle lève le menton, le regard sombre et la voix aussi éreintée que chargée de reproches. – Pour ton propre petit confort ? Pour avoir quelqu'un qui s'occupe de faire le ménage et la cuisine ? Un rictus amer vient tordre les lèvres de Seven alors qu'il baisse la tête, la secouant de gauche à droite avant de revenir planter ses yeux dans les siens. – Ouais c'est ça, t'es qu'une bonniche. Le sarcasme lui écorche la bouche. Autant que sa sœur lui écorche le cœur en insinuant que c'est la seule chose qu'il voit en elle, la seule raison qui aurait pu le mener là, alors qu'il est clairement en position de faiblesse. – Et toi t'es qu'un égoïste. Elle est toujours aussi calme, alors que lui se sent bouillonner. Des spasmes nerveux secouent ses mains, sa jambe a recommencé à s'agiter plus fort encore, sa mâchoire se contracte par à-coups. Il la transperce du regard, mais ça n'a aucun effet sur elle. Peut-être qu'elle est déjà trop fissurée pour ça. – T'es pas venu une seule fois, t'as même pas essayé d'appeler, rien. Je suis pas à ton service. Et j'en ai assez que vous me disiez tous ce que je dois faire ou non. J'suis fatiguée. Il souffle du nez, un nouveau rictus qui froisse sa bouche. Il la toise comme s'il la défiait de continuer sur sa lancée, de l'énerver plus qu'elle ne l'a déjà fait, de le blesser alors qu'il a déjà l'impression d'être à terre.

Elle ne se laisse pas impressionner.

– Quand est-ce que t'arrêteras de penser qu'à ta gueule ?
– Parce que c'était pas égoïste c'que t'as fait ?

La réponse est sortie du tac-au-tac, tranchante. Emplie d'une rage à peine contenue, d'une rancœur qui dégouline par tous ses pores. Il ne lui a pas pardonné ses tentatives de suicide précédentes, il ne pardonnera pas celle-là non plus. Elle le sait. Et cette fois, ses mots ont visé juste. Elle tourne la tête de l'autre côté, les cils qui papillonnent, comme pour chasser les émotions qui menaceraient de déborder.

– Tu trouves toujours une raison de me blâmer.
– Parce que tu fais que d'la merde.
– Toi aussi.

Leurs prunelles s'affrontent. Chez elle, il sent l'épuisement, la déception, l'amertume. Lui est toujours tremblant de colère, tendu comme un arc, la douleur muée en animosité.

– Est-ce que je t'accuse, moi ? T'étais où, hein ? Il déglutit, ses ongles trop courts qui menacent pourtant de s'enfoncer dans ses paumes, tant ses poings sont crispés. Il se prépare à l'impact qu'il sent venir. – T'as rien vu, Seven, rien du tout, c'était juste sous ton nez et t'as rien fait. Personne a rien fait. Et toi, t'étais pas là. Il voudrait lui dire de la fermer. Mais les émotions se bousculent dans sa gorge et il a peur de ne pas pouvoir refermer les vannes s'il les ouvre, de tout voir déborder sans pouvoir s'arrêter. Ses lèvres restent désespérément closes – ce sont ses yeux qui lui intiment de se taire.

– T'es jamais là.

Les reproches de sa sœur sont plus douloureux que les balles qui lui ont troué le corps.

– Va t'faire foutre.
– Non, toi va te faire foutre.

Il fronce les sourcils. Anca ne parle pas comme ça ; elle arrondit les angles, distille de la douceur partout où il n'y en a pas, ramasse le dégueulis de haine qu'il laisse toujours derrière lui. Mais pas aujourd'hui. – C'est trop facile de me rejeter toutes les fautes. Il sait. Il n'est pas prêt à assumer les siennes. – Pourquoi tu me traites comme ça ? Comme tous les autres : mal. Elle est pourtant privilégiée, elle l'a toujours été. Ça ne l'empêche pas de la repousser, la bousculer en permanence, la rabaisser parfois. Parce qu'il ne mesure pas l'impact de ses mots, ses gestes. La violence déborde toujours – il ne la contrôle jamais. – Arrête. Il n'arrive plus à la regarder. Il s'agite encore et encore, le siège qui tremble avec lui, ses plaies qui le lancent de plus en plus. Mais la douleur ne l'arrête pas, au contraire, il essaie de s'y raccrocher pour ne pas imploser, exploser, laisser paraître tout ce qu'il tente désespérément de contenir. Tout ce qui fait trop mal, ce qu'il ne saurait comment dire. – Qu'est-ce que tu espérais ? Qu'elle se plie à ses exigences, comme elle a toujours eu tendance à le faire. Qu'elle lise entre les lignes pour qu'il n'ait pas besoin d'afficher sa vulnérabilité, qu'elle comprenne les messages qu'il tente de faire passer sans savoir comment s'y prendre. Il aurait aimé que les choses soit plus faciles.

– J'ai besoin d'toi. Il ne la regarde toujours pas. Les mots sont à peine audibles, lâchés d'une voix étranglée, teintés d'une fragilité contenue mais palpable. Douloureuse. Il se sent faible, mis à nu. Il a cette sensation terrible que quelque chose va lui tomber dessus d'une seconde à l'autre, pour profiter de cette faille, et le déchiqueter. Ça l'empêche de respirer. – J'avais besoin de toi aussi. Elle a la voix qui tremble et lui est en train de suffoquer. Entre les lignes, il devine.

Mais t'étais pas là.

Lorsqu'il tourne à nouveau les yeux vers elle, il découvre que les siens sont humides. Il ne supporte pas de la voir pleurer. Surtout pas aujourd'hui – l'impression que ses larmes sont chargées de reproches, que les voir couler reviendrait à se faire poignarder. Il est déjà trop mis à mal pour le surmonter. Il a montré une faiblesse, mais il n'obtiendra pas ce qu'il espérait trouver. Il regrette de l'avoir fait.

Sans un mot, il se lève. – Tu fais toujours ça. Fuir, quand les choses deviennent trop difficiles émotionnellement, quand il n'a plus le contrôle, quand il se sent trop à vif. Trop fragile. – Reste pas comme ça, Seven. Elle attrape sa main. Il baisse les yeux vers leurs paumes et se tend, figé de la tête aux pieds. – S'il te plaît. Il retire sa main sèchement, lui adresse un dernier regard amer. Elle recommence déjà à se soucier plus de lui que d'elle-même. – T'as l'air déjà mort. Il espérait qu'elle puisse y faire quelque chose. Il s'est trompé.

La démarche raide mais bancale lorsqu'il tourne les talons, il a la gorge tellement nouée que l'air a du mal à passer. Et plus il s'éloigne d'elle, plus les émotions qui le submergent sont violentes, plus il étouffe. Il perd pied. Obligé d'aller s'enfermer dans les chiottes pour calmer la crise d'angoisse, avant de quitter le bâtiment.
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