cosmic child

C_sadosvki. ça s'échappe des lèvres avec dédain. la nicotine consumée à en brûler les poumons, et le nez saupoudré de blanc. les camés de détroit. le foyer qui brûle de haine, sous les meubles qui se fracassent contre les murs et la moquette tâchée de sang. ils sont timbrés, les sadovski ; embrasés par la folie et la désillusion. racines putrides, détériorés. l'amour usé à coup de clope contre le cendrier. completely fucked up. papa et maman, ils ont pas la raison. papa et maman, ils sont pourris jusqu'à la moelle. « putain. » dans un cracha de sang et une bile amère qui frétille à la gorge. putain à la lame qui s'enfonce dans la chair et l'épiderme porcelaine qui tombe en éclats. t'sers à rien, p'tain. t'es une déception, aurora. l'écho dévastateur ; le multicolore tâche l'opalin de ses seins, la gosse, et les trois cicatrices rougies descendent jusqu'au nombril. « j'me barre. » dix-sept ans, aurora, elle part longer détroit sur son skateboard. elle vole des snacks dans les épiceries. elle dort sur le bitume gelé.

H_aurora, le corps froid, son visage de poupée baigné par des larmes semblables à des diamants. le regard se prolongeant sur l'épitaphe chimérique d'un inconnu qu'elle tentait d'effleurer en vain de ses doigts. elle sombrait. avachie comme une poupée livide, dénuée d'âme le long de l'asphalte. elle effleurait la constellation, la gamine. s'apprêtait à rejoindre les astres de minuit. je brillerai pas autant. je paraîtrai terne, dans le ciel. elle se sentait défaillir. mais peu importe. les aléas l'avaient suffisamment esquinté, les pétales de la rose étaient dorénavant flétries. elles sont retombées doucement, ses paupières, dans un monde peaufiné de rêves. puis y'a eu cette odeur. douce, singulière, qui a réussi à faire taire ses maux les plus coriaces. une chaleur apaisante, où elle a fourré son nez avant de sombrer aux bras de morphée. la lumière au gouffre du tunnel. elle a espéré survivre.

A_les coups multicolores n'étaient plus que des sourires lumineux. l'âme damnée a été sauvée. elle y a naïvement cru, la gamine. au raque de sa voix qui a réchauffé le creux de son ventre à la tombée de la neige. à ses sourires. à ses soupirs. elle a cru au prince charmant, comme une gosse éperdue dans des fantasmes sans fin. le miracle de noël, avait-elle cru à son premier réveil, dans cette chambre aux voiles nacrées. elle a humé l'encens épicé des draps. son odeur. il l'a sauvé, le chevalier, d'une mort certaine. il l'a abrité dans son p'tit appart souillé et ses draps, accessoirement. elle s'est accrochée à un espoir incertain. une fleur de lys réchauffait leurs nuits fauves. ils ont succombé à l'amour ; les étoiles virevoltant au fond de leurs prunelles avec des mots enjôleurs et des sourires vifs. puis ils ont sombré. c'était trop beau, cet amour chimérique, trop faux. les traces de rouge sur sa chemise souillée. les infidélités refoulées. elle fermait les yeux, la rose. elle tombait faussement dans l'ignorance. c'était alarmant, la façon de laquelle leurs corps mouvaient avec désespoir à la tombée de la nuit. ils se déchiraient. les insultes commençaient à claquer contre les palais. plus de mots enjôleurs. juste la haine où ils arrivaient à fourrer un semblant d'amour mièvre. dernière infidélité. elle a claqué la porte, la poupée brisée, et elle s'est évaporée dans les néons de détroit.

O_aurora, c'est le regard qui effleure l'obscurité. les pupilles dilatées, imbibées d'une joie éphémère. elle a sombré, la gamine, dans l'addiction de l'illicite. elle s'esquinte le corps, s'esquinte la santé. elle se bousille. mais peu importe. l'odeur du tabac qui s'évapore dans l'air, le goût amer qui picote la langue pour venir lui brûler agréablement l’œsophage. elle se consume, la belle, comme la clope qu'elle roule malicieusement entre le carmin de ses lèvres asséchées. de la poudre blanche sur le bout du nez des fois. elle a pas été sauvée. elle reste une sadovski, malgré tout ce qu'elle essaye de faire pour se détacher de ses racines nocives. elle se ment à elle-même.

T_princesse au cœur broyé. l'étincelle de la joie s'est essoufflée dans le vent. à quoi croire ? à quoi s'accrocher ? quelques pilules pour rougir son teint livide et fignoler vraisemblablement son sourire cassé. elle est belle, aurora, mais elle est malheureuse. comme une fleur qui fane et qui perd ses pétales. elle s'est dénichée un p'tit appart rouillé, avec des colocataires qui ne lui donnent aucun répit. elle s'est trouvée un foyer ; elle devrait être heureuse, la belle. mais elle parfait ses sourires avec des médicaments. elle dit que c'est des bonbons, ça s'échappe moins péniblement des lèvres.

I_ensorceleuse aux mots quasi enchanteurs. elle dupe, la belle, avec ses mots doucereux, et ses sourires légers. elle ment, et elle vole même, des fois. ce qui lui tombe sous la main. des bagues, des clopes... pas forcément parce qu'elle en a besoin. ça l'amuse juste. ça rajoute un semblant de piquant dans sa vie terne. ça embrase de l'adrénaline dans son cœur endolori.

C_elle bosse, aurora. elle grandit. elle devient belle. le sang sèche sur la peau. elle l'effleure, de ses doigts frêles. c'est plus qu'un vague souvenir parmi tant d'autres. ils sont loin, les camés, et le détenteur de son cœur. elle est enfin libre, la gamine. elle effleure le ciel de ses joies et de ses rêves. enterre les peines sous un faciès parfait. elle arbore la joie, la désespérée. étouffe ses cris de ses rires cristallins. feint l'amour de la vie. danseuse dans le bar du coin et sugar baby. c'est pas glorieux, mais c'est de l'argent sale. l'âme volage, la gamine. elle s'élance dans le vide. effleure l'immensité de l'inconnu. elle dit qu'elle ne craint plus rien. elle ment.