fight or flight

nom_ ALBRIGHT. c'est bien clair et bien lisse. c'est allemand, parait-il, autrichien même, si on cherche bien. c'est le genre de nom qui descend de trop de colons qui auront passé un océan pour construire l'idée même, l'idée crasse, de quelque mythe américain. un nom à l'histoire aussi plate que celle du pays. un nom bien loin de lui, au fond. loin de sa peau tannée, un peu, de l'espagnol perdu, dilué dans son sang, loin de l'hébreu d'adoption. un nom banal, qui ne cache rien de ce qu'on voit bien trop aisément. prénom_ personne ne le dit vraiment en entier. c'est que ça prend un peu trop la bouche, même juste pour se présenter, ELIYAHU. alors c'est tout simple, mais on ne le trouve que sur ses papiers, en toutes lettres. au creux de sa langue, tous les jours, partout, c'est ELI. trois lettres bien simples, à peine moins connotées. c'est qu'elijah est tout aussi hébreu que son nom à lui, c'est qu'on entends du yiddish au creux de chaque son, même en les réduisant simplement. nationalité_ il n'y a jamais eu d'autre drapeau sur son passeport que les stars and stripes. c'est un AMÉRICAIN pur jus, eli, du genre bourré de racines diverses, vaguement foireuses, du genre de ces melting pots qu'on présent quand on introduit le pays. du genre un peu déconnecté. mais il n'a pas à se plaindre, pas à fuir. il est chez lui sur ce territoire, et même en cherchant bien, on ne pourrait pas lui en trouver un autre. origine_ dans son sang, il y a quelque chose d'autre pourtant. quelque chose qu'on ne pointe pas vraiment, qu'on devine le long de ses traits, et au bout d'un espagnol trop lisse, trop appris. des origines de quelque part en amérique du sud, au GUATEMALA, parait-il. mais elles semblent bien éloignées, du genre qu'il faut se réapproprier. c'est qu'il a beau avoir deux parents, il n'ont jamais mis l'ombre d'un orteil dans ce pays-là. c'est qu'il est particulièrement adopté, et il n'a pas grand-chose à en dire, ce sont ses parents, c'est tout. et s'il a été un peu déraciné, ils ont trouvé de quoi le rempoter. et son arrière-grand-mère, avant de passer, lui a fait entendre d'autres sonorités, yiddish, du genre que trop de générations ont oublié. pas lui, et si on lui demande, il le dit, absolument, qu'il est bel et bien JUIF. dans un trait étrange entre ceux qui en ont le sang, et les convertis. car si cette ethnie là n'est pas marquée dans sa chair, il la connait mieux qu'aucune autre. lieu de naissance_ aucune putain d'idée. les papiers disent PHOENIX, ARIZONA, mais c'est juste une question de légalité, plus que de vérité. c'est qu'il a dû être trouvé dans ce coin-là, sans nom, sans rien pour vraiment l'identifier. une carte postale de CHISEC, GUATEMALA, comme vague indice. il n'a jamais trop cherché plus loin. c'est qu'on ne résume pas cette situation à un point d'interrogation. c'est qu'il a été trouvé, après tout. et c'est le plus important. il s'est juste construit sans point de départ. mais il s'est construit quand même. arrivée à détroit_ il ne pourrait pas donner une date. c'est que sans y être né, il y a TOUJOURS vécu, ou quasiment. ses parents sont de ces quelques irréductibles de la classe moyenne qui sont restés, envers et contre tout. parce que les grand-parents ne bougeraient pas de chez eux, malgré une fille médecin qui pourrait aisément les aider à trouver autre chose. du mieux. et puis il y a quelque chose de sacrément bon, peut-être un peu bête dans cette famille-là. c'est qu'ils sont du gang des optimistes, de ceux qui se disent que la vie peut bien avancer, que les choses ne peuvent que mieux aller, tant qu'on les aide un peu. que même si detroit est devenu un genre de no man's land, il y reste encore des gens à aider. et cette vision de la ville, du monde, ça l'a forgé, eli. et elle pourrait partir en fumée qu'il ne voudrait pas non plus partir. puis, il ne la laisserait même pas partir en fumée. orientation sexuelle_ c'est une question sur laquelle il ne pose pas de mots. peut-être parce que ça n'a pas grande importance. peut-être parce que ça en a trop. et il est bien prompt à la promiscuité, ou l'a été. et on lui a passé la bague au doigt, et il s'en est débarrassé. et il a un gamin, qui est toute sa vie, plus que toute personne qui jamais ne serait dans son lit. c'est plutôt comme ça qu'il se définit. sans se poser de limites. sans se poser de questions. et parfois il se demande s'il en a vraiment été amoureux, s'il l'a vraiment désirée, anna, ou si c'était pas plutôt l'idée d'une vie, l'idée de ce qu'ils pouvaient s'offrir, à deux. et il aime plaire. sans trop pouvoir dire à qui. et il a ses expériences, d'un côté, de l'autre. regarde peut-être plus souvent des hommes, maintenant. mais au fond, les mots n'ont que peu d'importance. occupation_ FIRE CAPTAIN comme une évidence, à vouloir toujours aider, peut-être un peu jouer avec le feu, jouer au héros. c'est qu'il n'a jamais trop eu peur de la mort, et définitivement pas du feu. c'est qu'il sait bien que c'est là sa place, au creux de l'action. c'est qu'il s'en voudrait de ne pas se rendre utile. et c'est de bon cœur qu'il s'est retrouvé ou il en est maintenant, à vivre le cœur au fusil, à deux pas de la caserne. toujours aux aguets, sûrement trop. c'est que le monde n'est pas si beau qu'il le pensait, les gens pas si bons. et depuis quelques temps, il y a quelque chose de neuf dans ses organes pour le guider. quelque chose de moins gamin, de moins optimiste. peut-être est-il plus à l'épreuve du feu, maintenant, que sa cuirasse s'est faite plus dure. suggestion de groupe_ quelque part entre pacifiste et sur la défensive. c'est qu'il y a quelque chose dans son sang qui boue, qui grille, et s'il prends le risque de basculer dans le chaotique, il reste en lui un sens moral plus que profond, qui le guide, et ne le lâchera sûrement pas de sitôt. crédit_jenesaispas @ bazzart, et pinterest.

caractère_craque une ALLUMETTE, et vois-le apparaître. c'est le genre de flamme qui ne s'éteint pas eli. droit sous son casque, il a ses principes, et rien pour les faire flancher. il a son sourire, à illuminer les planètes. c'est un soleil, bien proche de l'explosion pourtant. si la compassion est brodée dans la chaleur de chacun de ses gestes, de ses mots, il reste aux aguets. c'est qu'il a perdu en optimisme, peut-être, l'animal blessé au creux des pavés. c'est qu'il en a vu assez tomber, c'est qu'il a bien failli perdre beaucoup. et d'un coup d'un seul, les éraflures bien nettes, les chocs et les fissures pourraient finir leur travail, et le laisser aller. c'est qu'il n'a jamais été sage, juste bon. c'est que quelque part sous cette peau abîmée, le sang bout. pas une question de vengeance, juste un désir de paix, à tout prix, quitte à devoir se battre pour. juste quelque chose d'un peu cassé, au coin de son sourire. des idéaux présents, une naïveté perdue. et s'il veut voir le meilleur de l'humanité, s'il veut être bon, il l'a bien appris à ses dépends, que même ceux qu'on connait peuvent être capable du pire. mais quand savoir qui a passé le point de non-retour ? quand savoir qui c'est qu'on ne peut plus aider ? et s'il s'y perd un peu, il n'en montre rien. toujours le même gamin qui a grandi là. c'est juste qu'il en a, des choses à protéger, maintenant, plutôt que de se jeter dans les flammes les yeux fermés.