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 Racing (PV Lapinou)

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MessageSujet: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyMar 14 Jan - 18:33

T'es en sueur quand t'as fini d'empiler les amplis dans le camion. Ivory black résonne contre les murs en béton du garage. Mat est pas là ce soir - t'étais seule pour fermer boutique, et maintenant t'es seule pour livrer la location d'équipement sonore au Royal bar. Quel nom de merde, quand même, on va pas se mentir. Le seul truc de royal dans cette place, c'est la façon dont les gens dégueulent sur le côté des chiottes dans les after-hours. Le mois passé, c'est le bassiste qui a repeint tes pantalons avec son dégueulis de fin de soirée. Les seuls vrais Rois de la nuit, really.

Tu vires tes baskets blanches et enfile les Doc poussiéreuses de ton boss. Elles sont un peu trop grandes. Le portable coincé entre l'oreille et l'épaule, tes doigts lacent les bottes en vitesse.

Ouais ?
Salut Mat. J'trouve pas la rallonge blanche pour l'ampli #4.
Heu… je l'ai laissé sur le crochet prêt du panneau électrique j'crois. Ça va aller ?

Tu te redresses, éloignes le cellulaire de ton oreille pour regarder l'heure. 17h17. T'es large. T'inquiète. Tes bras glissent dans les manches amples d'un manteau orange et ta paume frappe contre l'interrupteur de la porte coulissante. Ça lève en vrombissant, dévoile une chaussée humide - il bruine. Détroit est comme une vieille photo rayée en noir et blanc.

Bon, je te laisse gérer alors.
Putain.
Jo ?
Y'a un gros con qui a laissé sa caisse dans la ruelle.

T'as rabattu la capuche molle sur ta tignasse, et sort dans ce drôle d'hiver pour enligner la vieille camaro roupillant sur ton chemin. What a joke, le conducteur est derrière le volant, les bras croisés sur le torse, la tête renversée, les yeux clos.

Tu peux la bouger ?
Attend.

Tu fais pivoter le cellulaire sur ton oreille, donne de l'espace à ta grande gueule ; trois coups puissants avec tes jointures pointues contre la vitre sale de la bagnole. Pour que ça se réveille brutalement, que ça te prouve que c'est pas un junkie à moitié crevé. Good morning princess. Tu lui fais signe de baisser sa fenêtre, un sourire caustique sur les lèvres.

Salut Peeter Pan. Tu bouges ton bateau s'te plaît ? Je dois mettre les voiles.

Il a pas le temps d'en placer une, ou alors tu l'entends pas. T'as déjà tourné la tête et remis le combiné prêt de ton visage en glissant ta langue sur tes dents.

C'est bon Mat, j'te rappelle s'il y a quoi que ce soit. On se voit demain.

Quand tu raccroches, y'a tout de même un truc que t'entends très bien, et c'est le moteur de la Camaro qui tousse et ricane comme une fumeuse. Le cellulaire de retour dans la poche arrière de ton jean, tu tournes un regard ahuri vers le conducteur, la bouche entre-ouverte.

Ça te prend qu'une seconde de flottement, mais quand tu fonces, ta voix claque avec caractère et tes orbes incendières lui cherche de l'huile où s'enflammer.

Tu te fous de ma gueule ?

Ta main s'écrase sur le montant de la fenêtre comme tu te penches pour mieux lui exposer ta façon de penser.

J'ai pas le temps pour ce genre de conneries, en fait. Fais la démarrer ou appelle une remorqueuse mec, ou je te dégage du chemin avec mon Monster Truck, ok ?

T'as pointé le camion, derrière. Pas super polie, mais super pressée. Faut choisir. Tu te redresses avec un putain entre les dents, lisses tes cheveux sur ton crâne et sous la capuche qui commence à s'alourdir de pluie fine. Une température de chiotte pour aider. Tu te barres déjà vers le garage pour aller agripper la rallonge qui te manque d'un geste irrité. Tu la balances sur le siège passager, claques la porte. Il a intérêt à se magner.
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptySam 18 Jan - 19:33

Il avait vraiment hésité avant de prendre cette voiture, mais c'était la seule qu'il avait pu trouver dans un état à peu près correct à la casse. Et son besoin d'avoir un toit s'était montré plutôt urgent, pas le temps de faire la fine bouche. Sa dernière voiture s'était faite éclater sur un trottoir, sous ses yeux impuissants - son nez s'en souvient encore et la ligne sombre qui le traverse témoigne de l'incident. En plein mois de Janvier, ici à Detroit, ne pas se retrouver un truc rapidement c'était signer son arrêt de mort. On l'aurait retrouvé mort de froid dans un coin de la ville, les gens auraient mis du temps avant de réaliser qu'il avait clamsé et personne ne serait venu à son enterrement. Sauf peut-être ses opposants, histoire de fêter la bonne nouvelle.

Il avait donc opté pour une vieille bagnole qui crachait une fumée noire et odorante à chaque accélération, fumée qui venait généralement envahir tout l'habitacle. C'était un coup à se crever tout seul, asphyxié par le gaz toxique. Il s'était donc montré raisonnable, l'avait peut utilisée, juste pour dormir et se réchauffer un peu, quand il ne sentait plus ni ses pieds, ni ses mains, oreilles, nez, plus rien. Quand il avait les lèvres qui viraient au bleu et tout son corps qui tremblait. Mais il n'en abusait pas, parce que ça consommait de l'essence et qu'il n'avait pas les moyens de s'offrir un plein toute les semaines. Même pas tous les mois.

Après avoir pris la flotte en début d'après-midi, il avait fini par aller se réchauffer dans sa caisse, avait tourné un peu en ville pour s'occuper l'esprit et ne pas laisser le froid le saisir. Puis il avait trouvé un coin tranquille, avait fouillé dans son sac pour trouver des vêtements secs. Mais tous étaient trop sales, l'odeur forte qui s'en dégageait le fit grimacer et il abandonna l'idée, préférant les fringues mouillés aux autres. Il allait encore devoir faire la manche pour tenter de grappiller quelques pièces, histoire de se payer une machine. Le dernier entretien qu'il avait passé n'avait rien donné. Il n'avait jamais eu de nouvelles, pour changer.

Il avait laissé le chauffage tourner encore un petit moment, mais l'aiguille indiquait déjà être dans la réserve, il jugea préférable de ne pas en abuser et avait coupé le moteur. Il s'était réchauffé comme il avait pu, sa couverture dessus et s'était vigoureusement frotté les bras pendant un moment. L'ennui, le froid et probablement un peu de monoxyde de carbone avaient finalement eu raison de lui et il s'était endormi comme une masse, dans cette ruelle, en pleine journée.

Trois coups secs à la vitre et il sursaute, sortant péniblement de son sommeil. Il fronce les sourcils, renifle, met quelques instants à percuter. Une ombre se mouve sur sa gauche et il sursaute une deuxième fois avant de réaliser qu'il s'agit simplement d'une fille, penchée à sa fenêtre. Il souffle, râle un peu, frissonne à cause du tissu mouillé qui lui colle toujours à la peau. Il baille, vient frotter son visage pour se réveiller un peu et baisse la vitre face aux gestes incessants de l'inconnue. Il l'accueille avec une tronche de déterré et un regard mi-vaseux mi-haineux - il n'apprécie pas trop de se faire réveiller. En face, ce n'est pas mieux. La fille a l'air excédée et pas d'humeur à négocier. — Salut Peeter Pan. Tu bouges ton bateau s'te plaît ? Je dois mettre les voiles. Il hausse un sourcil, la considère vaguement, un peu brusqué par ce réveil pour le moins désagréable et autoritaire. Elle se détourne aussitôt, se met à parler à son téléphone et il décide de ne pas surenchérir. Il n'a pas l'énergie pour ça. Il regarde autour de lui brièvement, essayant de comprendre pourquoi on le réveille pourquoi il doit bouger de là. Il bloque la route. Hm. Moyennement convaincu et par motivé pour un sous, il abdique malgré tout, sans se presser. Il s'étire, baille encore, soupire, agite ses bras et ses jambes engourdis et se décide enfin à démarrer la voiture. Premier échec. Il retente. Le voyant de l'essence s'allume, grésille et saute, s'éteignant totalement. — Putain... Qu'il marmonne tout bas. C'était bien le moment pour lui faire un coup pareil. Il rente une dernière fois et là, c'est le grand final. Un drôle de son raisonne sous le capot, suivit d'un truc aiguë, et d'un long bruit de fumée expirée brutalement. Très vite, une épaisse fumée noire s'échappe sur les côtés et la voiture ne répond plus du tout. Elle n'aura pas fait long feu celle-là. A peine quatre jours. Il se laisse retomber en arrière sur son siège, les yeux rivés vers le plafond et les épaules abattues. Va encore falloir qu'il en vole une. Et il est déjà tard, la nuit est déjà tombée.

Mais comme si ça ne suffisait pas, l'autre s'en mêle, peut-être encore plus contrariée que lui. — Tu te fous de ma gueule ? Il ferme les yeux et prend sur lui, vraiment très fort. Il les rouvre et tourne légèrement la tête dans sa direction, avant de répondre sur un ton las et désabusé. — Ouais, j'adore faire semblant d'planter mes voitures. Une vraie vocation. Il roule des yeux et souffle encore, de plus en plus fort. Il se redresse, tente encore tandis que l'autre a visiblement décidé d'en rajouter une couche et de lui prendre la tête. — J'ai pas le temps pour ce genre de conneries, en fait. Fais la démarrer ou appelle une remorqueuse mec, ou je te dégage du chemin avec mon Monster Truck, ok ? Il inspire un grand coup, les mains qui se serrent autour du volant avant de finalement se tourner complètement vers elle. Ses mains viennent alors se poser sur le bord de la fenêtre également, à l'extérieur de celles de la fille et il plante son regard dans le sien, passablement irrité. Il marque une pause, avant d'articuler lentement et sèchement. — Tu m'fais chier. Puis, sans attendre plus longtemps, il ouvre brutalement la portière, bousculant la fille au passage, mais c'est le cadet de ses soucis à cet instant. Il pense juste à où il va pouvoir dormir ce soir. Elle est loin la casse d'ici ? Il réfléchit tout en ouvrant la portière arrière, récupère son sac de sport qui contient absolument toute sa vie. Il pourrait peut-être en voler une dans le coin. Il revient à l'avant pour récupérer sa couverture qu'il fourre dans son sac de façon machinale et nerveuse. Il relève la tête, regarde autour de lui. — Merde, on est à North End ? Il n'avait même pas réalisé en s'arrêtant. Vraiment pas le bon plan. Il oublie l'idée de voler quoi que ce soit dans le coin, s'il se fait choper par les habitants, il va finir en morceaux. Il referme les deux portières en les claquant bruyamment, puis se décale un peu sur le côté pour venir s'asseoir sur le petit muret qui longe la baraque d'à côté.

Il fouille dans son sac tout en s'adressant à la fille. — Vas-y, roule dessus avec ton machin, j'm'en trouverai une autre. Et plus bas, il ajoute en maugréant un peu. — Enfin si j'en trouve une autre. Il commence à s'énerver alors qu'il ne trouve pas ce qu'il veut dans son sac. Il plonge le bras en entier avant d'en ressortir un paquet de clopes dans un sale état. — Ah ! Qu'il s'exclame, satisfait. Mais la joie est vite piétinée par la déception. Le paquet est vide. Il le scrute sous tous les angles, mais rien à faire : il est vide. D'un geste enragé, il le jette au sol avant de jeter sa tête en arrière. — Mais putaaaain... ! Quand il baisse la tête, la fille est toujours là. Il l'interpelle d'un signe de tête. — T'aurais pas une clope ? Il tâte ses poches. — Et un briquet. Puis il tourne la tête vers la bagnole de la fille, effectue une petite moue vaguement impressionnée. — Sacré engin. On doit être bien calé là-dedans. Mieux que dans les caisses pourries qu'il vole. Hm. Il pourrait peut-être lui voler ? Il se lève, jette son sac sur son épaule et s'approche prudemment, faisant pour le moment simplement mine de s'intéresser au véhicule. Comme s'il y connaissait quoi que ce soit. La vérité, c'est que la seule spécialité qu'il a développé en terme de mécanique, c'est de reconnaître des sièges confortables de ceux qui ne le sont pas. Ça s'arrête là.
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyDim 19 Jan - 4:26

Tu m’fais chier.

Vraiment ? T’aurais pu te forcer, t’aplatir un sourire désabusé sur la gueule, mettre dans tes yeux les paillettes d’un éclat révélateur, mais ouais mec, toi aussi, tu m’fais chier, on est peut-être âme soeur, qu’est-ce que t’en penses ? Sa brusquerie répond à la tienne, et t’y mord ; les escalades, tu connais. T’es bonne grimpeuse. T’as fait la navette entre lui et le garage, le garage et lui, une poignée de pas dont tu calmes toujours un peu plus le tempo, cependant - c’est là que tu t’arrêtes, à mi-chemin entre la chaleur tiède du bâtiment et les gestes saccadés de l’autre qui fourre ses derniers effets personnels dans son sac. Redescends. T'es plus cette personne-là. Ton frère lui aurait sauté à la gueule. Toi, tu bosses. Ça pose une question. T’as rien à lui répondre. Tu le dévisages juste, attends un petit miracle du type collaboration.

Vas-y, roule dessus avec ton machin, j'm'en trouverai une autre.

C’est quoi ce mec. Tes yeux virent, frémissent sous tes paupières lourdes, tu les sens, ça cherche un ciel, un donnez-moi la patience, parce qu’avec la force, je lui mets une claque. Il te sort un paquet de clopes vide, te le triture sous le nez, t’en quête une.

Petit con.

Sacré engin.

C'est pas le pogo le plus dégelé de la boîte, lui. T’as un mouvement de main, gestuelle agacée, et le laisses s’approcher du camion pendant que toi, t’harponnes sa voiture. À moitié assise sur le siège conducteur, un pied sur la pédale et l'autre jambe dehors, tu fais jouer la clef dans le contact - au mieux, la caisse chuinte comme un vieux sifflet qui a pris l’eau, au pire, elle ne remue même pas. Tu gardes la clef au fond, donnes du gaz. Ça te résiste. Tu lâches tout avec agacement, mets le bras de vitesse sur le neutre.

C’est mort.

Fais pas trop de bruit, y’a des enfants qui dorment dedans, tu lui lances en refermant la portière, une vanne nulle que t’as même pas le don d’agrémenter d’un sourire. Scotché à chacun de ses gestes - il te coince un malaise, quelque part, un truc que tu te formules pas -, tu sors à nouveau ton portable pour appeler la remorqueuse parce que, visiblement, monsieur se fera pas chier à s’occuper de sa merde.

T’enfiles la liste de petites questions pointilleuses ; nom, téléphone, modèle de la voiture, plaque d’immatriculation… tu rôdes autour de la ferraille, le combiné sur l’oreille et l’autre main sur ton front, que tu masses lentement. T’as demandé combien de temps. T’as pas aimé la réponse. En raccrochant, tu vois tout le déroulement de la soirée en accéléré. Tu vas devoir mettre les bouchées doubles pour faire tous les branchements avant que le bar ne se remplisse.

De retour près du camion, enfin, tu t’arraches à la pluie. Tu peux poser ton dos contre la carrosserie, rabattre la capuche qu’il faudrait tordre. Du coin de l’oeil, t’avises les habits du mec - il a pris la flotte, et pas seulement dans les cinq dernières minutes. Les liens se tissent dans ta tête, comme les théories que tu te gardes, pour le moment.

Vas-y, j’t’en pris, viens te réchauffer.

Le dernier mot se trempe allègrement dans le sarcasme. Parce qu’il fait déjà le vautour dans le ventre du garage, parce que tu l’aurais pas laissé dehors non plus, et merde, il a l’air dans une sacrée dèche, comme tous les fumeurs qui mendient. Un goût de fin du monde, vraiment. T’as fourré tes mains dans les poches de ton manteau, posé l’arrière de ton crâne contre le métal du véhicule ; pas vraiment décontractée, juste bonne actrice. Oublier les minutes qui s’égrainent. Le drôle d’oiseau qui vole pas haut, juste devant toi.

… Tu vis dedans ?

Ça pose pas vraiment la question, en fait. Ça affirme, presque. Exige un espèce d’aveu inutile. La caisse, tu vis dedans. T'es paumé.

Tu vas pas passer les quinze prochaines minutes à jouer au roi du silence, alors merde. Il a l'air du genre a avoir besoin de se dégourdir la langue pour s'entendre parler, en plus. Un vrai cadeau.
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyVen 24 Jan - 22:45

La fille n'est pas très causante. Elle se contente de le fixer d'un air bougon, ça le fait doucement rouler des yeux. Encore un cadeau de la nature. Faut croire que c'est Detroit qui fait ça, qui rend les gens si sérieux, si moroses. Il ne s'en formalise pas, ne s'offusque pas des réponses qui ne viennent pas. Après tout, elle ne lui doit rien. Et déjà, elle ne l'agresse pas, c'est plutôt un bon point de départ. Elle ne sait probablement pas qui il est, c'est tant mieux. En revanche, se retrouver coincé dans North End ça, ça ne l'arrange pas du tout. Tracassé, il cherche déjà un moyen de sortir du quartier le plus discrètement possible, avant de se faire tomber dessus par une bande. Pas certain qu'on le laisserait repartir d'ici vivant cette fois-ci, surtout avec tout le bordel qui règne dans le coin ces derniers temps. Se barrer avec la voiture de la fille lui semble être l'option la plus raisonnable à l'heure actuelle. Voler des voitures, ça il sait faire - il a dû apprendre par la force des choses. En revanche, les voler sous le nez de leur propriétaire, ce serait une première. Il n'est pas certain d'en être capable. Et s'il se rate, la fille ne lui semble pas suffisamment stupide pour le laisser filer sans séquelles. L'opération paraît risquée, il faut qu'il prenne le temps d'évaluer tous les éléments. Rien ne presse, l'endroit est plutôt désert.

Elle tente de faire démarrer la voiture et ça lui laisse comme un arrière-goût amer. Il est vexé. Elle le pense incapable de démarrer une voiture, c'est ça ? Il souffle discrètement tout en se rapprochant de l'énorme véhicule qui lui fait de l’œil. Il a presque l'impression que la ferraille lui susurre des mots tendres pour l'appâter. C'est pas d'ma faute monsieur l'agent, c'est la voiture qui le voulait. Pas sûr que ça passe.

Fais pas trop de bruit, y’a des enfants qui dorment dedans. Lapo sursaute à moitié, comme un gosse pris en flagrant délit de bêtise. Il se tourne vers elle, interloqué. Des enfants ? Merde, ça change la donne ça. Faudrait qu'il les fasse descendre avant de se tirer avec. Être accusé de vol de voiture, ok. Mais kidnappeur d'enfants, non merci. Il a déjà eu assez de souci avec les gosses pour toute une vie. Il jette un coup d’œil dans l'habitacle, mais il ne distingue aucune forme humaine à l'intérieur. Sourcils froncés, il marmonne tout bas. — Des gosses ? Y a pas d'gosses... qu'est-ce qu'elle m'dit ? Il pivote la tête à nouveau dans la direction de la fille, pour tenter d'obtenir plus d'informations, mais celle-ci semble trop occupée à faire autre chose. Il fait le tour de la caisse avant de revenir à sa conclusion première : il n'y a pas âme qui vive dans cette voiture. Alors de quoi est-ce qu'elle parlait ?

Il se désintéresse de cette information en l'entendant parler toute seule. Il revient vers l'avant de la voiture et prend appui sur le capot en toute aisance, se souciant assez peu des bonnes manières - on apprend vite à les oublier en prison. Il a vraiment envie d'une clope. Ne sachant pas quoi faire de ses mains, il les enfonce dans les poches de son jogging et observe l'inconnue échanger avec ce qu'il comprend être un dépanneur. La conversation a l'air plutôt pénible et vu la tête qu'elle fait en raccrochant, elle n'a pas eu la conclusion espérée. Il la désigné brièvement d'un mouvement de tête lorsqu'elle revient vers le garage à son tour, pour s'abriter, et demande avec une certaine nonchalance totalement maitrisée. Il y a juste ce qu'il faut d'insolence dedans, ni trop, ni pas assez. — Bah alors ? Tu veux plus rouler d'ssus du coup ? Mais ça n'a pas l'air de l'amuser autant que lui. Il fait la moue et surenchérit, incapable de se taire quand il le faudrait. — Hé, arrêtes de sourire autant hein, sinon à force tu vas rester coincée comme ça. Il ricane bêtement, pas peu fier de sa réflexion. Cette fille est encore plus déprimante et froide qu'une porte de prison. Et pourtant, il s'y connait vachement bien en la matière, il en a vu défiler un paquet, de toutes sortes, de toutes formes.

Vas-y, j’t’en pris, viens te réchauffer. Ça a le don de lui faire ravaler son sourire. C'est vrai qu'il a pris ses aises un peu trop vite, un peu trop facilement. Il se redresse, se décollant du capot sur lequel il a laissé une trace mouillée. Il n'insiste pas et prend sa phrase comme une invitation à prendre le large. Tant pis pour la voiture volée, il doit se résigner à abandonner ce projet pour le moment. C'est trop compliqué, faudrait qu'il arrive à l'éloigner et de toute façon, pour le moment, sa caisse pourrie bloque toujours la route. Alors il veut rouler dessus lui, mais il n'est pas convaincu à 100% que l'engin pourrait le faire, sans risquer de se retourner au passage. Il se baisse pour ramasser son sac, prêt à partir d'ici sans demander son reste. Mais elle l'interpelle à nouveau, faisant se dissoudre dans l'air toutes ses certitudes sur le fait qu'elle tentait de le foutre dehors. — … Tu vis dedans ? Oh. Ça se voit tant que ça ? Faut croire que oui. En même temps, vu la dégaine qu'il se trimballe, ça n'a rien de franchement étonnant. Mais ça l'emmerde malgré tout, il n'a pas envie de ressembler à ces autres sans-abris qui ont l'air d'avoir perdu la tête et qui empeste si fort qu'on peut les suivre à l'odeur dans tout un magasin. Il hausse les épaules et agite brièvement sa main, comme pour dédramatiser toute la situation. Comme si tout ça n'était pas grave finalement, juste un détail. — Vivais, nuance. Son regard se pose quelques secondes sur la vieille carcasse qui vient de rendre son dernier souffle. — Elle est morte de chez morte là j'pense. Aucun doute là-dessus même. Il passe ses mains dans ses cheveux et viens les renouer en chignon avant de réinstaller sa casquette sur sa tête. — J'en trouverai une autre, j'ai l'habitude. Entre celles qui meurent toutes seules et celles qu'on lui défonce, le destin s'acharne. Il fait un pas et se retourne pour pouvoir faire face à la voiture de la fille. Il écarte les bras face à l'objet volumineux, un éclat admiratif et envieux dans le fond des yeux. — Certes pas une aussi énorme et cool que celle-là ! Mais tant qu'elle a dû chauffage et qu'elle prend pas la flotte, j'suis pas difficile. Puisqu'elle veut bien lui faire la conversation, il ne va pas se prier. Il profite de l'abri que lui offre le garage pour gagner un peu de temps avant de devoir retourner affronter la pluie glacée. — T'étais pressée ? Il s'en veut un peu. Juste un peu. Mais c'est déjà ça.
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyMer 29 Jan - 1:43

Il est dans son monde, tu penses. Un monde pas si éloigné du tien, alors une de tes tempes glace et l’autre brûle. Tu maintiens un cap par grands vents sans savoir t’orienter. Ce serait plus simple de revenir à terre. À ce que tu connais, au fond de ta vie, à ton frère, à tout ce qui est détruit, mais qui, par accumulation, a fini par former le corps rassurant de tes origines.

Il faut t’extirper constamment.

Son insolence, molle, fait pourtant l’incision - précisément là où tu aimerais répondre, où elle te ramène à toi-même. Une brèche où tu pourrais tomber, revenir, dans ce mouvement subtil qui t’aspire si aisément vers ce à quoi tu t’arraches avec fatigue. Tu ne lui réponds pas. Il ne te fera pas descendre dans ce puits. Sur son visage, tu claques un regard au noyau dur, rond, pointu soudain, comme aiguisé par les pensées qu’on se refuse à formuler. Son sourire se résorbe, son corps se redresse. T’as la mâchoire qui lève aussi. Là, vous vous parlez. Parce qu’il fait mine de fuir. Parce qu’il fait pas le con sur un muret. Ouais, les gens adorent parler d'où ils vivent et surtout d'où ils ne vivent pas. T'es le rapace perché sur son épaule qui dégage la lourdeur, sur sa main qui balaie, l'importance peut aller se foutre ailleurs, dans les vies éplorées d'autres condamnés, vivais, nuance.

Tu jettes un coup d'oeil à sa caisse, une seconde de silence conjointe pour sa boîte de carton en ferraille qui rouille sous la pluie. Les pertes qui ne sont pas des pertes.

Aucun doute tu répètes, constat automate, incertain de ce qu'il cherche à appuyer.

T'as sorti une main de ta poche et la passe sur ta joue opposée en un geste lâche. Mimique empruntée à l'inspecteur d'une scène de crime. Mouvement docile et résigné chassant la gravité des choses. Aucun doute, elle est morte. Tant pis. Dommage. Une de perdue, dix de retrouvées.

J'en trouverai une autre, j'ai l'habitude.

Voilà. On s'accorde si bien sur les évidences. Le small talk, c'est la came des gens ordinaires sans angoisse. Tu vas small talk jusqu'à te purger de tout. Tu ne connais même pas son nom. Faudrait qu’il te le dise, et tu ferais moi c’est Jo, ou mieux, tu te roulerais les lèvres dans un sourire poli, et ce serait la cerise sur le sundae de la banalité, le Graäl de la futilité. Sauf qu’il se recule, fait le crucifié devant l’engin énorme et cool sur lequel t’es toujours adossé. T’es dans le tableau. Alors t’en sors, le front plissé par tes sourcils qui remontent comme les bras du mec, un genre de faciès pour corroborer ses dires.

C’est au patron. Même si tu le conduis parfois hors de tes heures de travail. Mat s’en fiche, tant que tu remets du gaz. Et puis, t’étais pressée ?

Je suis pressée, nuance. Putain, quelle finesse d’esprit. Peut-être que si tu jouais d’éclats dans tes yeux de dame, comme lui, pour laisser entendre aux autres que tu te flattes d’être si perspicace sur ta rhétorique, tu ferais moins chier. Mais est-ce que t’es vraiment pressée ? Parce que tu te flanques à sa gauche, jambes écartées, talons dans le sol, épaules tirées vers l’arrière, et tu embrasses le camion du regard comme un espèce de cliché de vieux marin fixant la mer tranquille. Il te manquerait un cigare dans le bec, une paupière légèrement tombante. Puis tu changes de pose, stroboscopique, et te rassembles pour pousser la poussière sur le béton avec le bout de ta botte. Une gamine qui s’emmerde. Parce que t’es que ça, des emprunts, des masques superposés. Couche par couche, tu t’emmures.

J’dois aller porter ça au Royal - en prenant pour acquis qu’il sait ce que ça désigne puisqu’il a bien inspecté le fatras derrière les vitres teintées du camion.

Tu dois aller te porter toi aussi, c’est ce que ça veut dire. Et là, précisément, t’as aucune envie de mettre un pied dans ce bar, et que l’air collant te fasse une deuxième pellicule de peau, mais tu sais aussi qu’une fois les dix premières minutes écoulées, t’auras pas envie de repartir, d’affronter l’humidité de l’hiver qui ne se décide pas, et tu prendras un verre, et un autre, tu te feras de faux amis, et ce sera une nuit de roulette russe, encore, à ne pas savoir si tu rentreras accompagnée ou non, mais dans tous les cas, tu seras seule.

Et soudain, petite épiphanie. Tu relâches, fais trois pas en sens inverse et ouvres la portière conducteur avant de te hisser sur le siège. Là, t’allonges le flanc, vas fouiller dans le coffre passager d’une main et agrippes une boîte de plastique rugueux. Tu te retournes vers le mec, une jambe sortie du camion, semelle sur le marchepied, et déposes la boîte sur le haut de ta cuisse. Le stock à rouler de Mat. T’ouvres sans le regarder, prends un cut, un papier, égraines un tabac trop vieux et trop sec dans le tube à demi fermé. Geste habile, répété un millier de fois, rarement pour toi. Rouler les joints des amis de ton frère, avec des cuts faits avec des retailles de billets de concert, comme ça, qu’il t’a montré, tu fais un z, et après t’enroules, serré.

C'est ta chance, Peeter. Un sucre dans ta journée amère.

J’ai pas de feu, va falloir que tu te démerdes pour en trouver. Pas une invitation à fouiller tous les tiroirs de l’établi dans le coin du garage, quoi que. Y’a bien l’allume-cigarette de la caisse, mais tu vas pas lui faire le plaisir de faire rouler le moteur juste pour qu’il s’en grille une. On évolue à la base de nos frustrations, Freud disait. Quel connard ce type. Ta langue glisse sur la longueur du papier, puis tu refermes avant de lui tendre la clope généreusement remplie. Pas un cadeau pour avoir laissé sa bagnole de merde dans le chemin, c’est clair, mais peut-être bien un acte de foi. Toujours, tu sais pas son nom, alors vous êtes saufs. Peut-être que ça pourrait dépasser le stade de la trivialité.

Tu roules une deuxième cigarette, l’oeil levé vers lui, patient et scrutateur. Une pour toi, plus tard, peut-être. Quand tu voudras ventiler du Royal. Avoir un goût de cendre sur la langue, pour te faire à croire que le feu est mort.
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Lapo Alvise
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyMer 29 Jan - 21:42

Elle ne répond même pas à ses railleries. Il se contente alors de rouler des yeux et de mimer un "okaaaai" silencieux avec ses lèvres. Qu'elle continue à tirer la gueule alors, il aura moins de culpabilité à lui voler sa caisse plus tard. Il ne sait pas encore quand, ni comment. Il est vrai qu'il a déjà à moitié abandonné l'idée, mais la crainte de passer une nouvelle nuit dehors fait subsister une maigre envie de partir en trombe avec l'engin.

Aucun doute. Il hausse un sourcil et tourne lentement la tête vers elle. Il attend une suite qui ne vient pas. Ses yeux s'arrondissent lentement alors qu'il se met à rire nerveusement, tout bas. Il pose une main sur son cœur et lève l'autre, la paume tournée dans la direction de la fille comme pour la supplier d'arrêter. — Woh, merci pour ta compassion. Non, cesse, c'est trop, j'suis mal à l'aise. Il reconnait bien là la chaleur humaine de Detroit. Ou le maitre mot est chacun sa merde. En vérité, il ne s'attendait pas vraiment à autre chose. Il y a longtemps qu'il n'espère plus l'aide de ses semblables. L'être humain l'a déçu trop de fois, il s'est résigné à accepter l'idée qu'il était seul pour gérer tout ça. Il conclut cet épisode en marmonnant qu'il en trouvera une autre. Il ne sait juste pas encore quoi, ni quoi exactement. Il a l'impression que plus ça va et plus il vole des merdes. Il va finir par se contenter de dormir dans des voitures stationnées à la casse et puis voilà. Au moins là-bas, personne n'ira le faire chier.

Il se remet rapidement en mouvement, ne se laisse pas abattre par la mine robotique de l'inconnue. Dans sa tête, il l'a déjà surnommée Terminator. Il trouve que ça va lui va bien et la voiture est assortie. — C’est au patron. Il garde les bras en l'air pendant encore quelques secondes, le sourire aux lèvres. Et finalement, il abandonne tout. Les bras qui retombent le long de son corps, les mains qui tape ses cuisses et la mine qui se défait un peu, soupçonnée d'un brin de reproches. — Tu m'aides pas du tout là. Elle ne fait aucun effort, rien qui pourrait lui prouver qu'elle est capable d'une once d'humanité et mieux encore : d'émotion positive. Il secoue la tête et souffle doucement, se disant qu'il est sûrement préférable d'arrêter les frais ici. Ce n'est pas dans ce garage qu'il trouvera un peu de chaleur. Et pas de celle qui vous réchauffe le corps, non, c'est son cœur qui a froid. Lapo n'est pas fait pour mener une vie de solitaire. Animal sociable, il se révèle sous son meilleur jour dans un groupe. Son quotidien isolé le rend morose, parfois même agressif. Il est déçu de voir que ses efforts ne mènent à rien et décide de continuer la conversation sur une lancée un peu plus... banale et formelle. Elle se débrouille peut-être mieux dans ce domaine.

Je suis pressée, nuance. Frémissement au bord des lèvres, l'envie de sourire le démange. Il la fixe par en-dessous, amusé de cette réponse. Tout espoir n'est peut-être pas perdu après tout. Elle a peut-être juste besoin de temps. Il reste silencieux pour une fois et se contente de l'observer. Elle ne tient pas en place. Semble afficher un calme de façade, comme pour mieux dissimuler l'activité volcanique qui la ronge de l'intérieur. Il se méprend peut-être, mais l'idée lui plait bien. Son cœur n'est peut-être pas fait de métal finalement. — J’dois aller porter ça au Royal. Il fronce les sourcils, intrigué. Il tourne la tête, se remet à inspecter l'intérieur de la voiture qu'il avait juste survolé avant à la recherche d'une forme humaine - en vain. C'est là qu'il discerne le matériel installé à l'arrière. Il se décolle et s'approche pour voir ça de plus près. — Ah merde, j'suis désolé. Il est sincère. Il sonde tout ce qu'il voit, n'est pas particulièrement connaisseur en la matière mais semble plutôt impressionné malgré tout. — Ah ouais, c'est pas d'la merde. Ça doit valoir cher à la revente. Il se redresse, l'envie de partir avec revient sur le devant de la scène. Il empocherait un sacré pactole avec tout ça, lui assurant quelques mois de tranquillité. Ses doigts le démange, mais il se retient, sans savoir pourquoi. T'es pas comme ils disent, qu'il se répète pour se raisonner. Prouve-le.

Il s'éloigne rapidement, comme si ça suffirait à calmer la tentation. — J'avais vraiment pas fait gaffe en me garant que j'étais devant une sortie. Il passe une main derrière sa nuque et frotte celle-ci lentement, réellement emmerdé. Il n'a franchement pas envie de causer du tort à qui que ce soit, ça ne lui ressemble pas.

Elle s'éloigne subitement et rentre à moitié dans la voiture. L'instant est trop beau. Il pourrait en profiter, elle est en position de faiblesse, en la prenant par surprise il pourrait la neutraliser assez facilement en principe. Il regarde autour de lui, le cœur qui tambourine, à la recherche d'une idée. Il se tend, alors qu'une partie de lui hurle en arrière-plan, s'opposant totalement à cette décision stupide. Mais il n'a de toute façon pas le temps de réagir. Elle ressort déjà à moitié, petite boite sur la cuisse. Il s'approche un peu, curieux.

Elle roule une clope.

Il déglutit, envieux. Ne sachant pas si elle fait ça pour lui, ou si elle compte simplement fumer ça sous ses yeux pour le narguer. Comme un chien qui fixe sa balle, il ne bouge plus, oublie le reste, l'envie de l'attaquer pour lui voler son bien a déjà disparue sans les profondeurs de son esprit. — J’ai pas de feu, va falloir que tu te démerdes pour en trouver. C'est bien pour lui. Ses lèvres s'étirent largement, dévoilant toute la satisfaction qu'il éprouve à cet instant. La cigarette lui fait doucement de l’œil, venant ronger son impatience. Quand elle la lui tend, il s'empresse de la prendre - comme s'il avait peur qu'elle change d'avis entre temps. — Wah, merci. Et dire que j'ai failli douter de ta capacité à t'émouvoir pour tes congénères. Il relève les yeux vers elle, hausse les épaules avec un petit air de gamin faussement désolé. Il ramène la cigarette contre sa poitrine, comme si elle était l'élue de son cœur.

Elle se met à rouler une deuxième cigarette mais il n'y prête pas attention. Ses yeux balaient le garage avec intérêt, à la recherche d'un truc pour allumer sa clope. Il a déjà oublié le fait qu'il devait se démerder pour y foutre le feu. Maintenant qu'il l'a sous la main, il compte bien en profiter jusqu'au bout. — T'aurais pas, j'sais pas, un chalumeau ? C'est peut-être un peu excessif. Hm. Ses yeux finissent sur la voiture et la solution lui apparait alors avec évidence. — Ah bah, j'suis con, l'allume cigare ! Il pose une main sur la poignée de la porte avant et sans demander la permission, c'est à son tour de se hisser à moitié dans l'habitacle. Il enclenche le bouton, savoure le confort du siège sur lequel il est à moitié avachi et le récupère dès qu'il est prêt. Il ressort et allume sa clope en toute quiétude, sans vraiment se demander s'il est allé trop loin ou non. Il tire sur le tabac, la fumée s'infiltre dans sa gorge puis dans ses poumons, lui apportant instantanément une sensation de plénitude. Il coince le bâton entre ses doigts et le retire de sa bouche en soufflant la fumée longuement, avec soulagement. — Tu veux ? Qu'il demande en lui tendant l'allume cigare encore brûlant. Il la laisse l'attraper et referme la portière,  venant appuyer son dos dessus. Sa tête pivote vers sa voiture, puis vers la fille. Avec nonchalance il reprend la parole. — Tu sais que si t'es pressée, j'enlève le frein à main et on la pousse de quelques mètres en arrière. Après réflexion, il aurait peut-être dû commencer par-là.
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyJeu 30 Jan - 17:34

D'accord. Si t'avais préalablement souhaité que l'énergumène demeure au pays des songes dans sa bagnole back to the future, tu peux pas t'empêcher de penser qu'un Bel aux bois dormants éveillé est beaucoup plus divertissant. Il gesticule, soliloque, creusant peu à peu ton humeur rébarbative comme on casse une géode - un bouffon. Les cristaux se fichent sur tes dents que tu gardes pourtant encore bien sagement derrière tes lèvres. Une enfant boudeuse au parc d'attractions, non plus envie de manèges, de montagnes russes, mais si, t'adores ça, les montagnes russes, et l'attraction tout court. Tu m'aides pas du tout là qu'il fait, et t'accuses le coup, c'est vrai, t'aimes bien qu'il le nomme dans une moue défaitiste, platement atteinte par les injustices ordinaires, t'aimes qu'il te  retourne la chose comme elle est, imbuvable, ridicule, susceptible d'être tout de même un peu cocasse, pour bien qu'on veuille en rire à rebours.

Voilà, tu lui sers sa sauce - cette entrée pour les estrades, tu vas la payer, et si c'est pas en entrant, ce sera à la sortie. En attendant, tu fonds sur le tremblement léger sur le coin de sa bouche, touché, toi aussi, touchée. Vas-y, il aurait pu te craquer un sourire sincère au lieu de caracoler dans ses plaisanteries toutes faites. Ah merde, j'suis désolé. Ouais, better be. J'vais m'en remettre. Après avoir sifflé quatre gin tonic, c'est sûr, on s'en remet, et après un Canada de shooters, douze petits soldats alignés sur le comptoir, on se remet de tout, sauf de la cuite qui attend au tournant. Faut choisir ses combats. C'est pas de la merde, comme dit l'autre, ça non, on paierait même pas une pute le prix d'un seul de ces amplis, la vie est ainsi faite, étrange étrange, que la valeur des choses.

J'avais vraiment pas fait gaffe en me garant que j'étais devant une sortie.

Autre chose étrange, tu le crois. Habile prestidigitateur. Tes doigts frémissent, résistent à l'envie de balayer l'air avec nonchalance pour lui offrir un trop tendre c'est rien. Y'a l'honneur, quand même. Tu dois avoir quelques anciens ancêtres samouraïs, ça expliquerait bien des choses, et ce serait pas mal plus hollywoodien que de se dire que t'es qu'une connasse parce que les femmes de ta famille sont des connasses elles aussi, et ainsi vont les vilaines machinations de la filiation et ele mystérieux défaitisme biologique, les pères battent les mères et les petits garçons battent les petites filles, les parents sont des toxicos et les enfants aussi, tout le monde ensemble, il n'y a rien qu'on ne puisse pas excuser sur le dos des salopards qui nous ont précédés.

La roue tourne, le tube de la cigarette aussi. T'as bien savouré son regard fixe, parce que t'as de ça, fondu dans tout le reste, un plaisir excessif et pas coupable du tout à dominer bêtement, les petits vices ordinaires pour aller avec les petites justices ordinaires.

Bah voilà, il sait sourire. T'irradies en silence. Pas de chicot pourri dans sa belle gueule, ça va, il est paumé avec un minimum de classe, faudrait qu'il se rabatte là-dessus. Wah, merci. Et dire que j'ai failli douter de ta capacité à t'émouvoir pour tes congénères. C'est contagieux - c'est ton visage qui se fend, cette fois. Deux rangées de crocs blancs entre tes gencives roses.

Tes yeux sont retombés, voilés sous un jeu de paupières faussement pudique. Tu te gardes une réflexion, n'ambitionnes pas trop, voilà, te tires la bride. T'es tellement raisonnable. Tu fourres la deuxième clope roulée dans la poche de ton manteau avec une délicatesse qu'on ne te soupçonnait plus, capable de reconnaître la préciosité de certains objets sacrés, et sautes du marchepied, le dos bien droit. Il est quelle heure.

Un Ah bah, j'suis con, l'allume cigare te fait tourner la tête, sauf qu'il est rapide, ce con, et déjà, il a le cul assis dans l'habitacle du camion. Ta gorge émet un grondement réprobateur, puis t'abandonnes, qu'est-ce que tu t'en fous, de lui, du camion, de Mat, du Royal. Tu regardes les aiguilles tomber infiniment du ciel puis éclater sur le capot de la voiture, dehors.

Odeur de fumée. Tu l'adores, cette odeur, couplée dans le froid, dans l'humide, dans la nuit, dans le cuir des bagnoles, partout, finalement, malgré les petites phrases assassines des bien-pensants radotant constamment les mêmes images, pouah, ça pue le cendrier, ça pour la vieille fumeuse, ça pue, ouais, Détroit pue, et s'ils se mettaient le nez dans leur propre merde, peut-être est-ce qu'ils finiraient par en revenir.

Tu veux ?

Poli, en plus. Plus que toi. T'as réorienté ton regard, détailles son visage puis le petit cylindre que tu prends presque par obligation. Une maintenant, et tu t'en ferais offrir une autre plus tard dans la soirée - ça sonne comme un bon plan. Merci. Sans trop d'hésitation, tu ressors la cigarette si gentiment rangée et en rougis l'extrémité avant de claquer le cul de l'allume-cigare sur l'une des surfaces de travail en inox.

Puis l'idée du siècle. Enlever le frein, laisser sur neutre et pousser. T'aspires une fois, dans la bouche, puis une deuxième, jusque dans les poumons. Ça ressort très doucement, comme la réponse qui languit sur ta langue.

J'admets… - tu plies le coude et coinces l'une de tes mains près de ton aisselle - …avoir douté de ton intelligence, mais… -tu diriges la pointe de ta clope vers lui, le poignet courbé, une lippe finement ourlée d'une nonchalance arrogante - … tu es très perspicace.

Ta tête penche, roule en sa direction. Un peu plus de lumière que de sel dans ce rictus-ci. La familiarité appelle la familiarité, la violence la violence, et ainsi de suite, on a bâti et détruit des empires sur cette mécanique fort bancale.

T'allais esquisser un geste ; faire mine de ressortir sous la pluie, peut-être, afin de mettre le geste à sa parole, ou tirer une autre fois sur le filtre, mais un son bref, criard et diablement coutumier fige jusqu'à tes pupilles.

Un coup unique et hululant d'une voiture de flics. La lumière tourne mollement dans les gyrophares. Sur la gueule du mec et la tienne, ça s'alterne : bleu, rouge, bleu, rouge. T'entends les portes qui claquent, et enfin, tu regardes. C'est comme assister à une scène déjà vécue une centaine de fois. Rien ne déroge : le cou du premier policier qui plie pour regarder son partenaire, l'autre qui contourne le véhicule, voilà les gars, super tempo, ils s'avancent, pas trop rapidement pas trop lentement, affectant une indifférence courtoise, l'un à la tête baissée, l'autre à la main sur la ceinture.

Ça tourne vite, très vite dans ton crâne. Derrière l'auto-patrouille, tu vois la remorqueuse. L'un des policiers a atteint la pauvre bagnole abandonnée et jette un coup d'oeil à la plaque - là, tu comprends.

Son coéquipier vient à votre rencontre. Sans attendre, tu le devances, fardant ton visage de la nouvelle BB crème Beige Hypocrisie. Mais ça, c'est pas sans un regard à la dérobée pour ce sale con à ta droite. Le clouer sur la croix du silence. T'as quand même pas un corps dans ce coffre s'te plaît. Y'a des limites à romancer le scénario de sa propre vie.

Bonsoir, vous êtes Joanna Suarez ?
Elle-même.

T'as fait quelques pas, freines le policier dans son élan. On va parler, mais tu profiteras pas de l'abri du garage. Le flic fait mine de ne pas en être affecté. Quel professionnalisme, cette susceptibilité ravalée.

Vous avez appelé pour la voiture ?
Effectivement.

Ni oui ni non. T'es une brute à ce jeu. T'as une liste de synonymes longue comme le bras de la justice.

Vous saviez qu'il s'agissait d'un véhicule volé ?

Tant de questions et si peu de réponses, c'est un grand mystère que le sens de notre présence ici-bas monsieur l'agent, mais j'évite de trop me demander, à force, c'est très perturbant.

Tu pourrais laisser ton rescapé s'expliquer avec vos deux nouveaux camarades. Tu pourrais. Mais si tu t'y refuses, c'est plus parce que ça t'arrange que par compassion - pas envie que ça prenne encore d'interminables minutes, s'il faut vraiment trouver une raison pratique à la chose, mais plus sûrement, foutrement pas envie de coopérer avec des gardiens de la paix. Une vieille histoire de famille, de rancoeur, vous savez, rien de personnel.

J'en savais rien. Mais là, ça bloque le chemin, et on aurait dû décoller y'a dix minutes déjà - tu pointes du pouce vers ton nouvel associé désigné, Peeter, premier du nom -, faut livrer de l'équipement au Royal.

Le policier regarde le fumeur et le camion, le regard égal. Ta cigarette se consume au bout de tes doigts. C'est un sacré gaspillage. De temps.

Le mec de la remorqueuse a déjà attaché son câble de fer à la bagnole, c'est ça de fait, au moins. Tu sens que l'agent va tergiverser, heureux de pouvoir utiliser la minute dont il dispose avant que la voiture libère le chemin. Allez, tu joues un joker.

Écoutez, on est vraiment pressés. Cette caisse était là quand j'ai ouvert la porte du garage. Vous avez mon numéro avec le dépanneur, si jamais ? Vous pourriez m'appeler demain, de toute façon je serai ici, je bosse de midi à six.

Tant de sollicitude dans cette voix, tu te surprends toi-même de tes talents d'actrice - qui es-tu, Jo-Jolyne-Josianna, une bonne fille de bonne famille soudain, avenante, légèrement intimidée oui juste ce qu'il faut par un beau policier en uniforme, ouf, l'autorité, ça me fait mouiller, mais Josianna n'est pas vulgaire, elle est juste troublée, désolée d'être si en retard, elle est gentille et veut bien bosser, vous comprenez, monsieur le policier ?

Il comprend.

De plates excuses, de sincères remerciements, la boucle est bouclée, tu pivotes en relâchant les muscles de ton visage. Monte que tu ordonnes seulement au voyou niveau 1 sur un ton sec et qui n'appelle pas la réplique. Monte et ferme ta gueule. Tu vas jouer le jeu et lui aussi.

Tu as lâché ta cigarette après avoir tiré une dernière fois puis t'assois derrière le volant, les yeux rivés sur la voiture qui se fait lentement remorquer hors de la ruelle. Sur les deux policiers aussi, qui se refusent à l'idée de flâner encore un peu en raison de cette pluie fine glaçant la peau. Et là, à la seconde où tu sens que le gars à côté de toi pourrait s'ouvrir la trappe, tu coupes devant, du verglas dans la voix.

C'était pas pour te sauver le cul, déjà.

T'as fermé les deux mains sur le volant en inspirant. Ça te ferait grave chier qu'il pense qu'il est digne d'un minimum d'intérêt, même si la raison t'échappe - y'a un trou dans ta réflexion. Il s'agit de toi. Des deux macaques devant, maintenant assis dans l'auto-patrouille. Et puis t'as la morale flexible, une femme aux mœurs légères, quelle expression, si t'étais une tueuse en série, t'aimerais qu'ils disent ça à propos de ton cas, c'est une femme aux mœurs légères. Et c'est vrai, y'a quelque chose de très léger à tout ça, si tu repenses à ton frère et toi, aux mille infractions, voler une voiture, vous avez fait pire. Et toutes ces libertés étaient des morceaux de bonheur crus et barbares qui ne laissaient rien d'illicite dans la bouche, seulement le goût féroce de continuer à transgresser pour vivre. Alors la légèreté a raison de toi ; une infime euphorie soulève ta poitrine, mais quand même, et tes lèvres se fendillent en un sourire à peine coupable, de toutes les caisses que t’aurais pu voler tu conclus avec ton implacable humour en laissant le dernier mot gargouiller dans un rire démarrant comme le moteur récalcitrant de cette pauvre bagnole. Mais c’est trop, c’est plus fort que toi, et t’éclates, probablement aidée par la nervosité, le ridicule de la situation, la fatigue, et vraiment, ça ne se moque pas, c’est complètement ingénu, toute cette affaire est désopilante.

T'es pliée de rire comme la sale gosse de 12 ans que t'étais, celle qui s'enfuit en courant après avoir brisé la vitre du voisin.
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MessageSujet: Re: Racing (PV Lapinou)   Racing (PV Lapinou) EmptyVen 31 Jan - 16:22

Elle lui propose une cigarette et il ne peut pas s'empêcher de la railler. Il s'attendait déjà à recevoir un regard noir, comme pour le dissuader de continuer dans cette voie au risque d'être privé de sa nicotine promise. Mais non, rien de tout ça. Elle se déride sous ses yeux surpris, les lèvres qui s'étirent suffisamment pour dévoiler ses dents. Un vrai sourire amusé. Il la fixe, les yeux très légèrement écarquillés et l'air un peu béat. Il ne dit rien, réprime un sourire de gamin, pas peu fier de lui. Quel talent. Ça lui rappelle un peu l'époque du lycée, où il était si facile de décrocher tous les cœurs. Un sourire par-ci, un clin d’œil par-là et c'était dans la poche. Un pouvoir puéril dont il n'abusait que de façon superficielle, car déjà en couple avec Nico à ce moment-là et pas du genre à être capable de s'intéresser à une autre qu'elle. Cette pensée serre sa gorge un instant, étouffe de vieux ressentiments qu'il a eu le temps de cultiver pendant plus de trois ans. Son sourire meurt progressivement, effacé par l'amertume qui le ronge. Il se redresse et se détourne d'elle tandis qu'elle roule une seconde cigarette.

Il se concentre sur sa quête de trouver quelque chose pour allumer son cadeau si précieux jusqu'à ce que l'évidence lui saute aux yeux. Avant que ce ne soit lui qui saute dans la voiture. Elle ne proteste pas, ou alors il ne l'entend pas, et fait son affaire. Il ressort, claque la portière et s'installe contre, se délectant de ce bref instant d'extase qu'est la première taffe. Le tabac est vieux, mais il s'en contente avec une joie à peine dissimulée. Il se fiche bien de la qualité, tant qu'il peut serrer ce cône entre ses doigts. Vivre dans la rue, sans un sous, apprend à relativiser certaines choses. Il partage sa trouvaille et elle s'en empare en le remerciant, pour toute réponse il lui offre un petit clin d’œil accompagné d'un bref claquement de langue, qui n'ont d'autre signification que de rien.

C'est là qu'il lui fait remarquer qu'ils auraient pu dès le début pousser simplement la voiture en retirant le frein à main. Il ne sait pas trop pourquoi ils n'y ont pas pensé - surtout elle en fait. Elle le considère longuement et il soutient son regard avec facilité, ne sachant cependant pas si elle va l'applaudir ou l'insulter. — J'admets… Elle prend son temps, fait durer. Il la regarde se mouvoir avec une lente désinvolture, attendant patiemment la suite qui tarde à venir. …avoir douté de ton intelligence, mais… Il hausse un sourcil, surprit de cette révélation. Il retrouve son sourire, échappe un léger rire à peine audible, amusé par son aveux et nullement blessé. … tu es très perspicace. Il se redresse, la toise un peu, faisant mine de réfléchir et l'imite en fumant sa clope avec un certain désintérêt. Éclat de malice dans les yeux. — J'peux pas en dire autant de toi. Il hausse les épaules, comme s'il avançait une conclusion dont il n'était pas responsable. — Tu n'y as pas pensé du tout. A son tour de dévoiler ses dents, avec une insolence enfantine, de celle qui ne vexe pas mais agace tout au plus - si l'on est vraiment susceptible.

Mais la magie de l'instant est brusquement écourtée alors qu'une musique bien trop familière vient lui irriter les tympans. Ses lippes se scellent et son regard s'assombrit. Il tourne aussitôt la tête en direction de la rue, voit les lumières danser dans les millions de gouttes qui tombent du ciel et recouvrent chaque surface. Il se tend, se décolle de la voiture et son regard tombe nez à nez avec la sienne. Enfin, la sienne. Il ne dit plus rien, la main qui tient sa cigarette est suspendue dans les airs, figée. Et son cœur se met à marteler sa poitrine quand la voiture s'arrête à leur hauteur, descente brutale d'organe. Ses lèvres s'entrouvrent très légèrement, juste de quoi laisser filer sa respiration saccadée et nerveuse. Il hésite très sincèrement à partir en courant, alors qu'il ne sait encore rien de leur présence ici.

La façon dont ils reluquent la voiture suffit à confirmer toutes ses craintes. Il blêmit, lance un regard inquiet à la fille qui semble elle aussi avoir saisit de quoi il en retournait vu l’œillade qu'elle lui jette. Il n'a pas beaucoup d'espoir sur la façon dont va se terminer cette entrevue. Elle ne lui doit rien. Il se sent défaillir à l'idée de se retrouver à nouveau menotté et ramené au poste. Tous ses boyaux se tordent et il se sent nauséeux. Son regard balaye déjà la rue, cherchant le meilleur angle pour fuir et les semer le plus rapidement possible. Il jette un coup d’œil au sac à ses pieds et se résout déjà à l'abandonner ici pour ne pas être ralenti dans sa course.

Un flic s'avance, rentre en contact avec la fille - Joanna visiblement. La main qui tenait sa cigarette retombe le long de son corps, il retient son souffle.

Vous saviez qu'il s'agissait d'un véhicule volé ?
Il tourne lentement la tête vers elle, l'appréhension lui noue les tripes.
J'en savais rien. Mais là, ça bloque le chemin, et on aurait dû décoller y'a dix minutes déjà, faut livrer de l'équipement au Royal.

Il était déjà prêt à courir, mais les mots de Joanna le fige sur place. Son front se plisse sous l'effet de l'incompréhension. Il n'écoute plus ce qu'ils disent, se contente de la fixer encore un peu abasourdi. Il ne dit rien, recule un peu pour pouvoir reprendre appui contre la voiture. Il disparait au second plan pour laisser sa nouvelle acolyte gérer la situation bien mieux que lui. Les pensées s'emmêlent dans sa tête, encore pas certain que la situation soit bien réelle.

Quand il relève la tête et que son regard croise celui du second flic resté en retrait également, un duel s'engage. Le mec le dévisage avec insistance, les yeux un peu plissé, l'air de dire : je connais ta tête. Lapo déglutit, l'observe farfouiller dans son téléphone pendant quelques secondes. Il fixe quelque chose sur son écran, puis son regard va et vient entre lui et le téléphone. Lapo devine qu'il doit comparer sa tronche à une photo de lui mise sur Internet par la presse à l'époque. Quand le flic comprend, son visage se ferme instantanément. Lapo se racle la gorge et regarde ailleurs avant d'enfoncer sa casquette sur sa tête, tentative désespérée de se cacher alors que l'affreuse vérité a déjà été découverte. Il se remet à fumer nerveusement et fixe ses pieds, priant juste pour que tout ça se termine rapidement.

Le second flic, celui qui l'a reconnu, s'approche de celui qui discute avec Joanna. Il se penche à l'oreille de son collègue pour lui murmurer quelques mots, pendant qu'elle leur fait tout un speech que Lapo n'écoute que d'une oreille distraite. Le policier qui parlait avec elle se penche légèrement sur la gauche, son regard qui passe par-dessus l'épaule de Joanna pour sonder Lapo. Quand il repose son attention sur la fille, son regard semble affligé.

Ils s'excusent, la remercie, la conversation est expédiée et déjà ils font demi-tour. Plus ils s'éloignent, plus Lapo peut respirer de nouveau. Joanna revient brusquement, claque un monte qui le prend de court mais il ne se fait pas prier. Il posera des questions plus tard, quand il sera loin d'ici. Il attrape son sac à la volée et grimpe du côté passager, claquant la portière avec un certain empressement. La ceinture est bouclée et déjà le véhicule démarre, le moteur qui vrombit d'une façon rassurante, comme la promesse qu'il ne pourra rien lui arriver ici.

Et enfin, ils partent.

Lapo jette quelques regards dans le rétroviseur central, puis dans celui à sa droite et dès qu'il ne les voit plus dedans il échappe un long soupir de soulagement. Il s'avachit dans le siège et passe ses mains sur son visage pour se détendre. C'est elle qui brise le silence la première. — C'était pas pour te sauver le cul, déjà. Il retire ses mains et tourne la tête vers elle. Elle a le visage dur, concentrée sur la route. Il rit un peu, fait la moue et relève mollement ses mains devant lui en gage de bonne foi. — Ok Terminator, c'est noté. Qu'il ne peut pas s'empêcher de taquiner. Chassez le naturel et il revient au galop. Il se redresse un peu, pivote sur son siège pour regarder à travers le pare-brise arrière, comme pour s'assurer qu'ils ne sont pas suivi, réalisant lentement à quoi il vient d'échapper. Et ça, grâce à elle. — Mais qu'importe tes raisons : merci. Mentir à la police, c'est endosser le rôle de complice. Un rôle que tous n'ont pas toujours assumés au fil de l'histoire de l'humanité, quand l'heure du jugement les avait rattrapés.

Mais quand même... Son attention se repose sur elle aussitôt, intrigué par l'hilarité mal contenue qu'il perçoit dans sa voix. Il hausse les sourcils, le visage figé par la curiosité. — ...de toutes les caisses que t’aurais pu voler. La fin plane autour d'eux, pas besoin d'être dite pour être comprise. Et voilà qu'elle craque, cédant à un rire franc et sans retenue. Lapo l'observe, il n'a toujours pas bougé, ahuri. Mais l'hilarité est contagieuse et il finit par se dérider, échappant d'abord un rire nerveux alors que son regard dévie jusqu'à la route devant lui, puis il se joint à elle volontiers. La pression retombe brusquement et le soulagement d'être toujours libre accompagne chaque secousse de son corps provoquée par ses éclats de rire.

Il se calme le premier, les rires s'espacent, ralentissent, jusqu'à disparaitre totalement dans un dernier soupir libérateur. Il retire sa casquette un instant, l'impression que sa tête va exploser dedans. Ses doigts glissent sur son crâne, s'emmêlent un peu à ses cheveux attachés. — J'les revend pas ces bagnoles, pas b'soin qu'elles soient géniales. Au contraire, j'essaye plutôt d'en récupérer qui ne manqueront à personne. Non pas par charité d'âme, mais plutôt pour éviter que le propriétaire et les flics remuent ciel et terre pour la retrouver. — T'sais quoi, j'suis même sûr qu'le mec était content que j'le débarrasse de sa merde. Hochement de tête convaincu.

Il remet sa casquette, prend appui sur la portière avec son coude et pose sa tête dans le creux de sa main, se remettant de la montée d'adrénaline qu'il vient de vivre. Il souffle par le nez pour se tranquilliser. Et puis, il se souvient qu'elle doit livrer le matos quelque part. Il se redresse, jette un coup d’œil sur les enceintes avant de poser ses yeux sur elle.

C'est où le Royal ? Il redevient légèrement nerveux. — Si c'est dans North End, dépose moi avant, n'importe où, j'me débrouillerai. Ils sont déjà à North End, mais la zone ne semble pas craindre particulièrement. Si il se retrouve largué au pied d'un bar ou qu'importe ce qu'est le Royal, au beau milieu du quartier il ne donne pas cher de sa peau. — Par contre, si c'est ailleurs... Il ne termine pas sa phrase, son contente d'étendre ses jambes devant lui et de caler ses mains derrière sa tête, l'air de dire : si c'est ailleurs, je suis ton homme. Incapable de rester immobile trois secondes, il s'agite à nouveau et change de position. — Et tu sais quoi, pour te remercier d'avoir fait un truc que t'as pas du tout fait pour moi, j'te payerai un coup à boire. Il marque un pause, son regard dévie sur le côté tandis qu'il grimace, comme pris d'une révélation embarrassante. Il reprendre de plus belle. — Ouais non, en fait j'ai pas d'thunes. Disons plutôt que c'est toi qui m'paye un verre, parce que t'as clairement dit que tu pensais que j'étais un abruti et vraiment... Il vient poser sa main droite sur son cœur et mime une mine déconfite. ça m'a énormément blessé. C'est complètement faux, tout le monde le sait, mais il s'en amuse. S'il peut se réchauffer dans un bar et se faire payer un verre, il ne va pas cracher dessus. Sinon tant pis, il retournera zoner sous la pluie, à la recherche d'un nouvel abris.


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