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 passe d'armes ; dom

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Deandre Parker
Deandre Parker

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passe d'armes ; dom  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
DEDEEEE, il est où dédé ???
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statut : Désillusionné.
quartier : MexicanTown. Les trois verrous de la porte sont plus dissuasifs que le dobermann de Dom.
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MessageSujet: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyLun 20 Jan - 15:56

La semaine qu’il vient de passer l’a progressivement dépouillé de ses illusions. Il s’est cru motivé par la colère, il s’est découvert démuni par la frustration. Les derniers jours n’ont pas été les pires de sa vie, mais ils ont sûrement été les plus frustrants. L’enchaînement des événements a été chaotique, imprévisible. Il a été mis à vif, poussé à bout, jusqu’à ne plus savoir s’il ressent trop ou ne ressent rien. Il s’est découvert chaque matin aux prises avec une nouvelle émotion - amertume, hargne, détermination, déception, abattement, culpabilité, mélangés, délavés, exacerbés.

La résignation a surnagé dans son bol de céréales du jour, flottante, flasque.

Il l’a avalée avec une grande lampée de rancoeur.

Ses yeux se sont perdus dans le vague, se sont adonnés au ressassement jusqu’à épuisement. Il a tenté de comprendre ce qui lui arrive, de rationaliser les derniers événements. Son cerveau s’est d’abord penché sur le plus frustrant, le plus évident - les coups de pute de Dom. Et la paranoïa qu’ils provoquent.

Il a douté, au début. Les événements semblaient surréalistes, cauchemardesques. Une dizaine de livreurs à sa porte, déterminés à être payés. Sa voiture à sec dégorgeant sur le trottoir. Un flic blanc, une nuit noire, un tapage inexistant.

Des choses qui bougent peut-être dans l’appartement.

Deandre aimerait croire à une série de coïncidences. Il ignore presque studieusement les dérangements, se persuade qu’ils sont provoqués par le manque de sommeil. La colère l’étouffe lorsqu’il songe au reste. Parce que si Dom est à l’origine de tout ça, il gagne à l’usure accélérée.

Et il est inconsciemment aidé par Splinter. Le chien supporte mal la vie en appartement, habitué aux journées près du foodtruck. Il jappe, gémit, se jette dans ses pattes, réclame des jeux, des sorties, de l’attention constante qu’il n’est pas prêt à lui donner, trop occupé par les réparations, trop impatient de nature. Il remue le couteau dans la plaie lorsque, adossé à la porte d’entrée, il insuffle bruyamment et l’observe d’un œil humide - comme s’il réclamait qu’on le rende à l’idiot qui l’a pourtant oublié.

Il y a les revanches de Dom, le chien insupportable. Et puis il y a le fric siphonné par les deux, par tout le reste. La facture que Dom lui a laissé et qu’il grossit de ses frasques a enflé jusqu’à l’implosion. Hier soir, il a dû appeler sa mère et lui mentir pour réclamer de l’argent. Il n’avait plus fait ça depuis ses dix-huit ans. Lorsqu’il a raccroché, une boule s’est installée au creux de sa gorge, étouffante. Il a massé l’humiliation et la frustration jusqu’à ce qu’elles passent, cessent d’obstruer sa respiration.

Ce matin, il s’est levé. Il a laissé les céréales se ramollir. Splinter a hurlé à la mort avant de renverser un pot de peinture. Deandre a cherché des traces d’invasion avec la sensation de vivre une hallucination. Quelques unes de ses affaires lui ont paru curieusement rangées dans sa chambre, et un pan de mur qu’il n’avait pas touché est devenu trop blanc. Il a failli appeler Dom pour lui cracher mille insultes à la figure - Comment tu rentres chez moi, fils de pute ? C’est quoi ton p’tit jeu de merde ? - et puis il y a renoncé, juste au cas où il fantasmerait bel et bien les intrusions.

Il s’est tellement perdu dans le labyrinthe de ses pensées que sa main a dérapé. Un truc bête, manque d’attention décuplé par l’introspection. La plaie s’est ouverte au niveau du petit doigt. Elle a craché du sang comme si elle déversait toute la frustration accumulée dans son corps. Splinter a hurlé à la mort. Il a renversé un peu plus de peinture. Et Deandre a rivé sur la blessure un oeil un peu vitreux. La réalisation qu’elle allait le ralentir au boulot l’a affecté en crescendo, comme la douleur. Elle était presque incongrue. Il ne se blesse jamais les mains.

Le pansement est encore imbibé de rouge.
Il a ressassé. Il est parvenu à une conclusion.

Abdiquer et rendre Splinter blessera son égo, mais il doit faire ce sacrifice. Si les représailles de Dom continuent et que les travaux s’empilent, il ne pourra même pas finir le mois. Son orgueil doit être mis de côté au profit d’un élan de réalisme. Il s’est consolé en se disant qu’il n’aurait plus cette insupportable pression contre sa nuque. L’autre n’aura pas de raison de rester dans sa vie. Ils pourront s’ignorer mutuellement, s’il ne choisit pas de l’étrangler.

De toute façon, c’était pas très réglo de prendre le chien.

Delray est caressé par un soleil doré, matinal. L’air est frais. Splinter le traîne plus que lui ne le promène, exalté par chaque brin d’herbe. Il pisse contre tous les poteaux, furète dans les jardins. Ses multiples rappels à l’ordre lui valent des coups d’oeil distraits. C’est comme si le chien avait déjà compris où ils allaient. Deandre retarde l’échéance en faisant un énième tour de bloc. Il épuise des cigarettes jusqu’à la cendre. C’est de beuh, dont il aurait besoin. Une centaine de joints, quelques cent ans de sommeil. Mais il n’a pas les moyens d’en acheter, et trop d’orgueil pour en réclamer. Les dealers de remplacement ne sont pas si faciles à trouver - lorsque les cultivateurs de cannabis qu’il connaissait n’ont pas fini en prison pour trop longtemps, ils réclament des sommes exorbitantes pour ses poches vides. Les seules solutions rapides sont blanches, pédantes, et résidantes de Krainz Woods.

Il n’est pas question qu’il se fournisse auprès d’un adolescent blanc et boutonneux.

Alors, pas de beuh.
Plus de chien.
Plein d’ennuis.

Deandre prend péniblement la direction du foodtruck, dirigé par un Splinter surexcité. Le chien accélère le pas, les oreilles dressées vers l’avant, la langue pendante. Il pousse un aboiement et tire sur son collier lorsque le chemin devient parfaitement familier. Deandre s’arque presque, récalcitrant. Mais le foodtruck se dessine déjà au loin, parqué dans le coin habituel. Les zonards récurrents paissent des nuages et discutent tranquillement. Les effluves de friture imprègnent l’air.

L’anticipation le crispe. Il hésite à couper la file et puis, finalement, il ralentit. Splinter tire sur son collier et jappe, chaque muscle tendu en direction du maître qu’il devine. Dom est là, à sa position habituelle. C’est difficile, de ne pas songer à leur dernière conversation, à la guerre des images - mais c’est aussi difficile d’échapper à une bouffée de contradictions. Il devrait être mature, lui dire qu’il avait tort pour le chien. Il devrait aussi l’étrangler avec son dernier relevé bancaire.

Deandre s’aligne sagement, comme il l’a fait la première fois qu’il est venu. C’était il y a quelques éternités et engueulades de cela.

« Eh, Riggs ! T’as un peu de temps ?! J’ai une surprise pour toi ! »

Il préférerait presque un refus. Ça lui permettrait de se préparer, de se prêter un peu de crédibilité. À l’instant, il doit avoir l’air complètement piteux - cerné, encore un peu sanguinolent, aussi épuisé que Splinter est actif, la mine déconfite.

Il est perdant et il le sait.
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Dom Riggs
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passe d'armes ; dom  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : sourire aussi éclatant que charmeur | toujours bien sappé, porte beaucoup de bijoux (bagues, chaînes, gourmette, une boucle d'oreille) | souvent une odeur de weed qui plane | quelques tatouages | cicatrice au niveau du poumon gauche (poignardé) | constamment en train de se marrer
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyMer 29 Jan - 21:19

J'ai des restes de peinture incrustés sous les ongles. Pourtant j'ai frotté, j'ai même essayé de racler, mais ça ne veut pas partir. Peut-être que je devrais acheter des gants avant de retourner chez Deandre, ça m'évitera d'en ressortir avec les mains blanches. Coupables.

Mais coupables de quoi, après tout ? Je vais simplement chez lui pour l'aider à retaper son appartement, et ranger un peu ce qu'il laisse traîner. Le problème réside juste dans le fait que j'y vais en son absence, avec un double de ses clés que j'ai fait à son insu y a un moment déjà, et que je ne joue le bon samaritain que depuis hier. Avant ça, je faisais plutôt l'inverse. Je me demande à quel point ça l'a rendu fou, de voir bouger des objets ici et là. Et à quel point il m'a maudit, avec les livreurs intempestifs et tout le reste. Le plan initial devait s'étirer sur des semaines et des semaines, jusqu'à ce qu'il finisse par vriller complètement. Mais plus ça va, moins ça m'amuse. Je suis pas là pour voir sa tête, il ne vient pas pour m'incendier, il ne m'appelle même pas pour savoir si ça vient bien de moi. Si je voulais qu'on se cantonne au silence, j'aurais simplement récupéré Splinter pendant qu'il était au boulot. Et on en serait restés là.

Ce n'est pas ce que je veux. Et puisque lui pourrir la vie ne fonctionne pas, j'ai changé de tactique. Peut-être que s'il a l'impression qu'un petit lutin fait le sale boulot à sa place, ça me facilitera la tâche quand je reviendrai lui parler. Mais pas tout de suite. Il a sûrement besoin de temps pour calmer la rancœur.

Moi aussi. Les choses qu'il a dites se sont coincées quelque part au fond de ma tête.

Je continue de gratter les traces de peinture. Les steaks chantent sur le grill, les frites cuisent dans l'huile. Darnell est en train de me raconter je ne sais trop quoi, parce que je n'écoute que d'une oreille. Je l'aime bien – c'est l'un de mes plus vieux habitués. C'est aussi l'un des mecs les plus tristes de Detroit. Rien ne va jamais dans sa vie, y a toujours des gens qui meurent, des histoires d'abandon, des problèmes de santé, d'argent, de boulot, de tout. Il fout le cafard à tout le monde. Même moi, il arrive presque à me casser le moral. Alors j'ai arrêté de faire attention à ce qu'il raconte. Je hoche mollement la tête en attendant de pouvoir ramener la conversation à moi, et je le pousse à fumer jusqu'à ce qu'il soit trop défoncé pour déprimer.

Le moment parfait se présente : il se tait le temps de me montrer sa main droite, qui vient d'être amputée de son pouce suite à un accident de travail. Je crois. Je sais pas, j'ai pas vraiment écouté. – Allez t'inquiètes, ça t'fait une blessure de guerre, c'est cool. Je lui fais signe d'approcher en brandissant mon briquet, les yeux rivés sur le joint qui s'est éteint entre ses lèvres y a dix bonnes minutes. Quand il se penche vers moi, je le rallume pour lui. – Pis t'auras une bonne excuse pour aborder les meufs maintenant ! J'agite mon briquet sous son nez en riant. Sans pouce, c'est beaucoup plus difficile à utiliser. Suffit de savoir tourner cette faiblesse à son avantage. – Regarde, moi elles kiffent quand j'leur raconte comment j'ai eu ça par exemple. Je remonte un peu ma manche pour lui montrer la cicatrice qui orne désormais mon bras droit. C'est la plus fraîche – et donc celle qui m'inspire le plus d'histoires. Je suis d'ailleurs prêt à me lancer dans une explication relativement mensongère, quand un éclat de voix me coupe dans mon élan. – Eh, Riggs ! T’as un peu de temps ?! J’ai une surprise pour toi ! Un peu surpris, j'observe Deandre, planté derrière Darnell et un autre gars. Mais très vite, c'est autre chose qui attire mon regard. Le chien est avec lui. – Yooo Splint ! Mon visage se fend d'un large sourire alors que je lui fais signe, me mettant à faire des bruits un peu stupides pour qu'il réagisse. Il aboie, tirant sur la laisse pour tenter de se rapprocher de moi. Je me marre à moitié, avant d'enfin remonter les yeux vers Deandre. J'esquisse un geste vague vers les deux silhouettes qui se dressent entre nous. – T'attends ton tour. Faudrait pas qu'il se pense privilégié.

Heureusement pour lui, les cuissons se terminent tour à tour, et le service se fait rapidement. Darnell et son burger s'installent un peu plus loin, l'autre type s'en va avec sa barquette de frites et son sachet d'herbe. Il ne reste plus que Deandre, et sa sale gueule. Celle des mauvais jours, tirée par la fatigue et les émotions négatives. Celle qui porte mon nom incrusté quelque part sous ses cernes. – Alors, qu'est-c'tu fais là ? J'attrape le dernier steak restant sur le grill et je le coupe en morceaux grossiers, avant d'en envoyer un bout à Splinter. Ça lui atterrit sur la tête et il se met à le chercher bêtement, sans voir qu'il l'a fait tomber entre ses pattes. Il a l'air con. – Tu viens m'demander des conseils pour t'occuper de mon clebs ? J'envoie un autre morceau de viande – cette fois, il l'attrape au vol. – Ou t'as fini par capter que c'est pas bien le kidnapping et t'en dors plus la nuit ? Un petit sourire moqueur tire sur le coin de mes lèvres. S'il est épuisé au point de ramener le chien ici, ça veut dire que la bataille prend un nouveau tournant. C'est comme s'il s'avouait vaincu. La victoire me revient, on le sait tous les deux.

Je ne cherche même pas à camoufler ma satisfaction.

– Y a p't'être un truc que t'as envie de m'dire, sinon ? En tous cas, y en a un que j'aimerais entendre. Des excuses pour le chien, pour ses mots. Après ça, on pourra avancer – même si je n'oublierai sûrement pas – parce que ça commence à m'agacer, tout ce froid entre nous. Je veux revenir dans son appartement, parce que c'est clairement le plus agréable que j'ai à ma disposition. Et je veux qu'on arrête de s'ignorer. De toute façon, je suis incapable de le faire. J'ai même pas tenu vingt-quatre heures avant de me décider à lui faire des sales coups, poussé par quelque chose d'instinctif, la rancœur ou la peur d'être effacé. Les deux. À mi-chemin entre la vengeance et le besoin d'attention.
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyJeu 30 Jan - 19:38

Il s’en veut d’être perturbé par le fait que Dom accorde un accueil plus enthousiaste au chien. Son large sourire caractéristique lui fend la figure - « Yooo Splint ! » - tandis qu’il pousse le genre de bruits que seuls les propriétaires d’animaux et les jeunes parents se permettent de faire, à moitié gâteux, quelque peu embarrassants. Splinter se prête au jeu, gamin particulièrement débile, et se dresse sur ses pattes arrières après avoir poussé un aboiement enthousiasmé. Deandre le retient d’une main un peu lâche, les yeux rivés sur cette joie tapageuse. Il a la sensation de marquer un contraste particulièrement violent.

« T'attends ton tour. » Ses épaules se haussent, nonchalance feinte, étudiée. Le répit que Dom lui accorde inconsciemment lui permet de rassembler ses idées et de travailler sa posture, plus détachée, moins croulante. Il est cependant trahi par les effluves de viande grillée que le food-truck exhale. Son estomac pousse un grognement vindicatif, qu’il étouffe du bout du pouce, formant des ronds apaisants contre la peau. Manquerait plus qu’il ait l’air de mourir de faim.

Les deux clients précédents disparaissent rapidement. Deandre se laisse guider par Splinter, qui tire sur sa laisse comme s’il allait charger le foodtruck. « Alors, qu'est-c'tu fais là ? » Un morceau de steak dégringole sur la tête du chien, qui se trémousse et plaque sa truffe contre le sol, en quête de sa pitance disparue. La viande finit par glisser dans la poussière. Il la happe au moment où l’estomac de son propriétaire temporaire pousse un autre appel déchirant. Les yeux de Deandre s’emplissent d’une sorte de résignation railleuse. S’il était Dom, il se fouterait de sa propre gueule allégrement.

« Tu viens m'demander des conseils pour t'occuper de mon clebs ? » Le dobermann fait oeuvre d’une rare dextérité pour attraper le second morceau. Ses mâchoires claquent bruyamment lorsqu’il broie la viande offerte. Deandre jette un regard un peu vide à Dom. Il est encore fracassé par cette espèce d’épuisement qui s’est installé dans ses os et met un peu de temps à retrouver son mordant naturel.  « Ou t'as fini par capter que c'est pas bien le kidnapping et t'en dors plus la nuit ? » Le sourire a quelque chose de moqueur, piquant. L’affirmation n’est pas entièrement dénuée de vérité, et Dom le sait peut-être. Mais la culpabilité n’est pas ce qui l’empêche de dormir, en ce moment.

Ça, il le sait sûrement aussi.

Il a retrouvé une certaine contenance. Deandre lâche la laisse du chien, qui furète aussitôt aux alentours du foodtruck, familier. Il compisse fidèlement ce qui doit être sa roue préférée tandis que Deandre observe son vrai propriétaire, l’ombre d’un rictus sur les lèvres.

« Nan, j’viens te supplier de revenir. Ma vie n’a plus de sens. » La raillerie s’appuie sur un faux désespoir qui quitte rapidement sa figure, remplacé par un air un peu narquois. Splinter louvoie de nouveau entre ses jambes. Il lève une tête interrogatrice dans la direction de Dom, se pourlèche les babines. Deandre aurait peut-être dû s’attirer ses faveurs avec les restes invendus de la boucherie. Ou le transformer en steak lorsqu’il a été ramené pour la première fois dans son appartement.

Son regard à l’indifférence étudiée croise à nouveau celui de Dom. C’est le genre d’impassibilité qui couvre la colère, lorsqu’on veut prétendre que l’autre personne a perdu toute importance. « Il est trop con, j’en ai marre. Ça vaut pas la peine de loger un autre chieur. » Ce n’est qu’une excuse à peine crédible, mais il s’en contentera. Splinter est après tout bel et bien con, et il en a bel et bien marre. Autant fréquenter sa solitude et apprendre à vivre avec.

Elle fait des dégâts, elle-aussi, mais ils sont moins coûteux en apparence.

Dom exsude la suffisance. Deandre le jauge, rembruni, l’air un peu fermé. Son petit air satisfait n’est qu’un énième rappel qu’il est le perdant de l’histoire. Et il sait qu’il ruminera ça plus tard, frustré d’avoir cédé. Il est plus raisonnable de rendre le chien, mais une part de lui est toujours vexée par la défaite. S’il l’avait écoutée, il serait encore chez lui à l’instant et il étudierait les meilleures façons de se venger.

« Y a p't'être un truc que t'as envie de m'dire, sinon ? »

Son visage se ferme instinctivement encore plus. Il sait ce que Dom veut. Sait aussi qu’il devrait le lui donner afin de se mettre à l’abri. Plus de représailles. L’autre pourra définitivement disparaître de sa vie.

Ses yeux tombent sur le pansement qui couvre son doigt blessé. L’un des bords du tissu se décolle. Il choisit ce prétexte pour grappiller du temps et le lisse, sourcils froncés, pensif. S’excuser, c’est ce qu’il doit faire. Mais ça ne lui fait pas plaisir de reconnaître qu’il a été immature, alors qu’il a toujours pu, jusque là, s’arroger un certain discernement et en dériver une sorte de complexe de supériorité.  

Le sparadrap refuse de céder à ses doigts. L’ourlet se courbe de nouveau dès qu’il le lâche. Il a presque envie de l’arracher, et tant pis pour le sang qui coulera à nouveau.

Deandre a la décence de le regarder dans les yeux lorsqu’il lui fait ses excuses.

« C’était con de voler le chien et j’aurais pas dû amener ta mère dans la conversation. Je suis désolé. »

Il ne revient pas sur la perte de temps - Dom lui en a trop pris ces derniers jours pour qu’il puisse tempérer ces propos-là. Il se réfugie de toute façon déjà dans ses propres réclamations, le dos redressé, l’oeil clair, l’air critique. C’est une expression bien connue, qui tombe naturellement sur sa figure : demander que Dom avoue est devenu presque instinctif, et il remet toujours le même masque lorsqu’il le fait, entre le grand-frère exigeant et l’ami excédé.

« Maintenant tu peux aussi passer aux aveux. » Autant qu’il admette qu’il lui a pourri la vie ces derniers jours.

Son index fend les airs, guêpe irritée au dard sorti. « Et pas tes aveux de merde habituels. J’veux une liste détaillée de toutes les saloperies que tu m’as fait ces sept derniers jours, histoire de me marrer un coup. »

L’énumération ne servira sûrement qu’à nourrir sa rancoeur, et c’est un peu ce qu’il espère. Que Dom lui donne des raisons de lui en vouloir encore plus, pour que les remords s’affaissent et que la situation semble irréparable, coincée au stade de non-retour.
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyVen 31 Jan - 18:30

– Nan, j’viens te supplier de revenir. Ma vie n’a plus de sens. Je vois bien qu'il se fout de ma gueule, mais j'ai envie de penser qu'y a une toute petite part de vrai. Qu'il aimerait quand même que je revienne, parce qu'il s'ennuie quand je suis pas là. Tranquillement, je me penche vers l'ouverture du foodtruck, appuyant un coude sur le comptoir, mon menton qui vient se poser dans ma paume. Mon sourire est aussi moqueur que ses mots. – Ça s'voit t'inquiètes. Tu dors plus, tu manges plus... Impossible de passer à côté des appels à l'aide de son bide. – T'es perdu sans moi, quoi. Le constat est posé sereinement, avec une certitude qui a des airs de sentence. Comme si rien ne pouvait venir nier cette fausse vérité.

Splinter a les yeux qui réclament, la gueule qui salive. J'attrape un autre morceau de steak, faisant mine de le lui lancer, mais il reste caché dans ma main qui se referme. Il cherche, la truffe collée au sol, agitant ce qu'il reste de sa queue. Je m'esclaffe doucement. – Il est trop con, j’en ai marre. Ça vaut pas la peine de loger un autre chieur. J'abandonne la contemplation du chien pour croiser le regard de Deandre, fronçant les sourcils. – Eh relax, t'es pas obligé de parler d'lui comme ça. Il sait que ça ne me plaît pas mais il le fait quand même – c'est pas faute de le reprendre systématiquement. Splinter est plutôt con et pas très obéissant, mais il est trop adorable pour qu'on puisse lui en vouloir. Je sais qu'il l'aime bien ce chien, je l'ai vu agir avec lui, et j'ai surtout vu ce qu'il s'est passé quand je l'ai ramené chez lui. S'il veut s'en débarrasser, c'est pas à cause de sa stupidité. C'est plutôt qu'il doit galérer pour s'en occuper. Il a de la chance que je sois venu lui rendre visite toute la semaine, finalement. Sinon il aurait fait un tas de bêtises, à cause de ces longues heures passées tout seul entre quatre murs. Deandre devrait me remercier d'avoir limité la casse. Dommage qu'il soit pas au courant.

– Tu vas m'dire qu'il te fait perdre ton temps, lui aussi ? Tel maître tel chien, quelque chose du genre. Le rictus qui tord mes lèvres est suintant de rancœur.

Je finis par jeter le bout de viande que je gardais prisonnier. Splinter se précipite dessus à toute allure, fait un dérapage non-contrôlé, se ramasse et le chope d'un coup de langue. La scène m'arrache un souffle du nez amusé, alors que je tourne la tête vers Deandre pour réclamer des excuses à demi-mots. Quitte à gagner cette bataille, autant aller jusqu'au bout.

Il n'a pas envie de le faire.

Le silence retombe et je me contente de le scruter patiemment, pendant qu'il fait mine de se concentrer sur le pansement qui orne l'un de ses doigts. Je me demande si je vais devoir insister. S'il va esquiver, m'envoyer chier, me dire que c'est moi qui dois le plus d'excuses. Faire preuve de mauvaise foi et prétendre qu'il ne me doit rien. S'en aller pour ne pas avoir à céder. Toutes ces possibilités me rendent curieux de voir le résultat.

J'ai les yeux brillants d'anticipation quand il lève enfin les siens. – C’était con de voler le chien et j’aurais pas dû amener ta mère dans la conversation. Je suis désolé. Il manque un élément important – ça me fait tiquer, mais je suis trop ravi qu'il ait cédé pour le relever tout de suite. Je trouverai bien le temps de revenir dessus plus tard. – Aaah, tu vois, c'était pas si compliqué ! J'écarte les bras sur les côtés, avec un sourire si large qu'on voit presque toutes mes dents. – Excuses acceptées ! Bien sûr que je les accepte, je n'attendais que ça pour qu'on puisse redevenir potes. Pour moi, tout est déjà pardonné. Sauf la perte de temps, mais je sens que je vais devoir utiliser une autre technique pour obtenir des réparations émotionnelles à ce sujet. Il finira bien par culpabiliser, à force de subir mes petites piques là-dessus. Je pardonne vite – surtout quand ça m'arrange, en fait – mais je n'oublie pas. Et je sais faire en sorte que les coupables n'oublient pas non plus. Ça fonctionne toujours.

– Maintenant tu peux aussi passer aux aveux. Par automatisme, mon habituel masque innocent vient se plaquer sur ma figure. Résultat de nombreuses années d'entraînement. Le doigt de Deandre s'agite et je le suis du regard. – Et pas tes aveux de merde habituels. J’veux une liste détaillée de toutes les saloperies que tu m’as fait ces sept derniers jours, histoire de me marrer un coup. Mes prunelles se lèvent vers lui à nouveau, presque confuses. C'est plus fort que moi : je joue celui qui n'est pas au courant de ce dont on l'accuse. Comme toujours. – Quoi ? Vu la gueule qu'il tire, il n'a vraiment pas envie de jouer à ça aujourd'hui. En temps normal, ça ne m'empêcherait pas de continuer ma comédie, mais là, j'ai un peu peur qu'il se braque et décide subitement de partir.

Ça risquerait de compromettre mon retour dans ses bonnes grâces, et sur son canapé.

Je soupire, haussant les épaules. – Bon, d'accord, j't'ai envoyé quelques livreurs. Quelques dizaines de livreurs. Tous en même temps. Putain, ce que j'aurais aimé voir sa tête quand il a ouvert la porte. – D'ailleurs j'sais pas pourquoi tu crèves la dalle comme ça, y avait assez de bouffe pour toute la semaine au moins. Malheureusement pour lui, les commandes étaient savamment étudiées : uniquement des choses que je sais qu'il n'aime pas, ou qui risquent de ne pas lui plaire. En fait, je sais même pas s'il a gardé la nourriture ou non. Peut-être qu'il a tout payé, ou peut-être qu'il a réussi à se débarrasser des types, je n'en ai aucune idée. C'est frustrant, de ne pas savoir si son plan a bien marché. – C'était pas si méchant, je trouve. Puis t'as quand même volé mon chien, fallait bien que j'fasse un truc. Peut-être que ça aurait pu être acceptable, si je n'avais fait que ça. Mais je ne suis pas encore décidé à tout déballer – je ne le fais jamais, de toute façon. Il y a toujours des trous dans mes aveux, des choses édulcorées, des vérités retournées pour alléger les représailles. La seule chose qui pourrait me sauver, c'est dire que j'ai repeint son mur et rangé ses affaires. Sauf que je ne peux pas lui confier que j'ai un double de ses clés.

Alors, comme souvent lorsque je sens que je vais me retrouver au pied du mur, je tente une diversion. – Allez ça va, j'ai un truc pour m'faire pardonner. Je balance un nouveau morceau de steak à l'aveugle dans la direction de Splinter, avant de récupérer un petit pochon d'herbe dans les rangements sur ma droite. Je le coince entre mon index et mon majeur, tendant la main vers Deandre. – Cadeau d'la maison. Mes yeux le sondent, à la recherche d'un signe de capitulation. Je veux le voir baisser les armes définitivement.
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Deandre Parker
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DEDEEEE, il est où dédé ???
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptySam 1 Fév - 0:44

Sa fatigue est trop évidente pour que Dom l’ait omise. Il se cale sur un coude, sourire ourlé et babines découvertes. Sa moquerie luit comme ses dents. « Ça s'voit t'inquiètes. Tu dors plus, tu manges plus… » Son estomac se tord comme s’il savait qu’on parle de lui. « T'es perdu sans moi, quoi. » La sérénité qui imprègne ses mots est agaçante, donne envie de réfuter. Deandre se redresse, un sourcil haussé. Il scrute son interlocuteur, faussement songeur, examine ce qu’il peut voir de lui. « Toi par contre, tu t’portes très bien. J’suppose que tu t’es trouvé un super appart’ de remplacement. » Et que t’auras jamais besoin de retourner chez moi, du coup.

Son regard se charge d’un peu de raillerie. Il ne sait pas vraiment si Dom a trouvé un bon endroit où crécher, mais il a la certitude qu’il ne trouvera pas de meilleur appartement que le sien. Deandre est passé maître dans l’art de supporter sa présence, et bien que leur colocation ait souvent été houleuse, elle a aussi connu des moments agréables, complices. Il faudra du temps à l’autre pour creuser un nid aussi confortable chez quelqu’un d’autre.

Splinter se dandine presque. Il tombe dans le jeu de Dom avec une aisance naturelle. Leur symbiose ne fait qu’encore plus l’exaspérer. Deandre se console en se disant que le chien est de toute façon débile, ce qui justifie qu’il se soit attaché au mauvais homme. Dom est qui plus est prompt à défendre son clebs, alors que lui préfère dire les choses telles qu’elles sont : le dobermann est l’animal le moins intelligent qu’il ait croisé. Il tente régulièrement de manger du savon et il rentre encore dans les meubles d’un appartement dans lequel il vit pourtant depuis des mois.

C’est un cas désespéré.

« Eh relax, t'es pas obligé de parler d'lui comme ça. » Ses épaules se haussent légèrement, suspendues par l’indifférence. « T’es vraiment relou avec ça. C’est un chien. Il s’en fout de ce que je dis sur lui. » Dans d’autres circonstances, il l’aurait déjà démontré en interpellant le dobermann avec les premiers qualificatifs injurieux qui lui viennent à l’esprit. Mais la situation est déjà assez tendue. Pas la peine de l’envenimer encore plus.

« Tu vas m'dire qu'il te fait perdre ton temps, lui aussi ? » Le sourire de Dom se teinte d’amertume. Deandre la savoure du bout de la langue qui humecte ses propres lèvres. Il a la décence de ne pas lui renvoyer un rictus, mais il touche quand même à la plaie sans culpabilité, sans crainte de la rouvrir. Dom méritait qu’il lui jette une vérité à la figure. Cette dernière pourrait être tempérée s’il voulait lui pardonner son dernier excès, mais ce n’est pas le cas.

« Nan, lui il fait pas exprès. »

Il le fixe durement, comme pour le mettre au défi de le contredire.

Le chien aspire plus qu’il ne mâche la viande jetée. Deandre s’intéresse à son pansement. Le silence s’approfondit comme la plaie qu’il devine sous ses doigts. Il ne lui laisse pas le temps de s’infecter d’indécision et prononce des excuses sincères mais récalcitrantes. Les prunelles de Dom l’anticipent. Ses mots vont lui procurer une joie qu’il ne mérite pas.

« Aaah, tu vois, c'était pas si compliqué ! » Sourire dentu. « Excuses acceptées ! » Cela pourrait le soulager, mais ça ne le fait pas vraiment. Il a la sensation d’avoir ouvert une faille dans laquelle l’autre risque de s’engouffrer pour en réclamer plus, comme il en l’habitude. Deandre s’est un peu braqué. La défaite l’écrase et lui donne envie de mordre. « Pousse-pas. » Il tempère en faisant un mouvement de la main, se réfugie dans ses propres réclamations. Les yeux de Dom s’attachent à l’envol de son doigt avant de remonter dans les siens, presque confus. La grimace qui étire ses lèvres en réponse est instinctive, automatique. Il appréhende déjà les méandres dans lesquels l’autre va le mener.

« Quoi ? »

La colère surgit subitement, inattendue. C’est la frustration accumulée des derniers jours qui remonte, bouillonne dans son cerveau. Deandre retient au dernier moment un mouvement d’humeur. Son pied se levait déjà pour frapper la carcasse de métal du foodtruck. Il se contente d’un regard noir et d’un geste de recul, comme s’il menaçait de disparaître sans un mot de plus.

Dom soupire.

« Bon, d'accord, j't'ai envoyé quelques livreurs. D'ailleurs j'sais pas pourquoi tu crèves la dalle comme ça, y avait assez de bouffe pour toute la semaine au moins. » Les fameux livreurs qui ont échoué sur son paillasson, les mains débordantes des mets les plus infects qui soient. Ils se sont ligués contre lui jusqu’à ce qu’il débourse avec un air meurtrier, n’accordant à aucun d’entre eux un pourboire. On lui a appris à ne jamais gâcher la nourriture, aussi a-t-il congelé certains des repas en se disant qu’il serait peut-être bientôt assez désespéré pour les manger. Le reste a atterri entre les mains des quelques clochards qui errent dans sa rue à la nuit tombée.

« Oh, tu sais très bien. »

« C'était pas si méchant, je trouve. Puis t'as quand même volé mon chien, fallait bien que j'fasse un truc. » Il s’indignerait si la situation était différente, mais il reçoit la justification avec un certain stoïcisme. Et c’est l’indifférence qu’il feint, les yeux rivés sur ses ongles, pour lui soutirer tout ce qu’il retient encore. Dom ne s’est pas contenté d’appeler des livreurs.

« C’est pas tout c’que t’as fait. »

Dom ne se contentera pas non plus de la vérité. « Allez ça va, j'ai un truc pour m'faire pardonner. » Deandre a déjà les lèvres entrouvertes sur une protestation, mais il garde le silence pour mieux jauger la suite. Un pochon d’herbe voit la lumière du jour. Il est tendu. Offert.

Un cadeau empoisonné.

« Cadeau d'la maison. »

Il en a envie. Pire, il en a besoin. Son appartement se serait transformé en nuage s’il avait encore les moyens d’en acheter. Ça l’aiderait à bosser, dormir, oublier.

Mais il ne peut pas se faire acheter. Il évite de regarder ce qui est offert pour ne pas être tenté, remonte les yeux. Il doit rassembler beaucoup de détermination pour manifester la seule évidence.

« Non. »

Accepter ne ferait qu’ouvrir une autre faille et entamer plus encore sa rancune.
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Dom Riggs
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptySam 1 Fév - 12:25

– Toi par contre, tu t’portes très bien. J’suppose que tu t’es trouvé un super appart’ de remplacement. L'enfoiré. Je ne peux pas lui dire que je suis rentré chez mon père pour l'instant, que c'est le merdier et que je déteste ça – il en profiterait pour se moquer, j'suis sûr qu'il aurait même pas une once de pitié pour moi. Mais je ne peux pas lui faire croire que je mène la grande vie chez quelqu'un d'autre non plus – à tous les coups, il transformerait ça en argument pour que je ne revienne pas squatter son canapé. Il me tient. La tension remonte jusqu'à mes omoplates mais je continue de sourire comme si de rien n'était, balayant l'air d'un petit geste de la main. – J'me débrouille. Puisqu'il n'y a aucune option qui puisse m'être profitable, autant rester aussi vague que possible.

Splinter fait une diversion parfaite.

Mais comme d'habitude, Deandre l'insulte. Et comme d'habitude, je le défends avec une rare fidélité. De la même façon que je le ferais si c'était mon gosse ; c'est peut-être là que réside tout le cœur du problème, derrière une montagne de projections pathétiques. Je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas envie de gratter la surface. – T’es vraiment relou avec ça. C’est un chien. Il s’en fout de ce que je dis sur lui. Je lève les yeux au ciel, passablement irrité. – Bah moi j'm'en fous pas. Mon regard se fait un peu plus suspicieux alors que je le scanne, cherchant à lire dans ses pensées. Mais j'ai beau essayer, je n'y arrive jamais. – J'suis sûr que toute la semaine, t'as pas arrêté de l'appeler ducon ou j'sais pas quoi. Peut-être. J'en sais rien. C'est pas comme si je pouvais poser la question au chien, de toute manière. J'ai beau l'accuser et lui donner l'air d'être le pire maître du monde, au fond, je sais que Splinter était loin d'être maltraité ou malheureux. C'est juste que sans moi, il devait s'ennuyer à mourir.

Je n'attends rien de Deandre, quand je fais une remarque acerbe sur la perte de temps. Il parvient quand même à me décevoir.

– Nan, lui il fait pas exprès. Je me fige, il me fixe. On s'affronte dans un bras de fer visuel qui est voué à l'échec. Je me redresse lentement, tendu, remettant plus de distance entre nous. – Tu veux vraiment la jouer comme ça ? Persister dans ce qu'il a dit alors qu'il a très bien compris à quel point je l'ai mal vécu. En fait, c'est sûrement pour ça qu'il le fait. Il continue d'appuyer là où ça fait mal, en toute connaissance de cause. Et ça m'énerve autant que ça me blesse.

On en arrive finalement à ce qui m'intéresse le plus : les excuses. Je n'obtiens qu'une moitié de ce que je veux, mais c'est déjà bien plus que je n'aurais cru avoir aujourd'hui. Il a cédé. Je rayonne. – Pousse-pas. Touché dans sa fierté, faut croire. Ça me fait rire mais j'obtempère tranquillement, levant les paumes devant moi en signe de paix. Je martèlerai ma victoire plus tard. Quand il s'y attendra le moins, quand les choses se seront calmées, tassées, une fois que je serai revenu dans la zone blanche. Je lui rappellerai que j'ai gagné.

Il exige des aveux que je ne suis pas prêt à lui donner. J'abandonne vite l'idée de jouer l'innocent, parce que je le sens prêt à me filer entre les doigts – et cette fois, je risque d'avoir du mal à le rattraper. Maintenant que je le tiens, je peux plus le lâcher tant qu'on n'a pas renoué ce fil qui nous liait. Celui qui a subitement craqué, quand il m'a foutu dehors. Alors je fais une concession, je confesse le coup des livreurs et peut-être que j'en profite pour me foutre un peu de sa gueule. C'est plus fort que moi. – Oh, tu sais très bien. Je sens que l'équilibre est fragile ; au moindre faux pas, tout s'effondre. Alors je ravale mon sourire, et j'enchaîne. Mais aujourd'hui, pas moyen de le baratiner. De toute façon je crois que je n'ai jamais réussi à l'embrouiller réellement, c'est plutôt que parfois il ne lutte pas, il me laisse faire et il suit le mouvement. Quand je l'embobine, c'est parce qu'il le veut bien. Cette fois il ne veut rien. – C’est pas tout c’que t’as fait. Hors de question de l'admettre. Si je lui dresse une liste détaillée, je crois que rien ne pourra refermer la fissure qui s'est creusée entre nous.

Sans la moindre honte, j'essaie de l'acheter.

Le pochon tendu vers lui, j'attends qu'il le prenne, et je nous vois déjà fumer le calumet de la paix. – Non. Mes espoirs se brisent violemment. Interloqué par ce refus catégorique, je force mon sourire et j'insiste, approchant encore plus ma main de lui pour l'inciter à accepter mon cadeau. – Allez. Mais il n'en veut pas. Il ne veut rien du tout et ma meilleure carte devient soudainement obsolète. Pendant une seconde, je me sens démuni. Je fronce les sourcils et je fais la moue, lâchant un long soupir frustré. Le sachet disparaît finalement dans ma poche. – Bon, ok. Ça s'annonce bien compliqué que prévu, et ça ne me plaît pas du tout.

Je jette un œil derrière lui pour m'assurer qu'il n'y a pas de client à l'horizon – si ce n'est Darnell, posé plus loin, en train de galérer avec son burger. Il ne sait pas comment le tenir maintenant qu'il a un pouce en moins. Ça m'aurait fait mourir de rire, si je n'étais pas aussi contrarié.

Je descends du foodtruck et je rejoins Deandre, nous mettant à la même hauteur, sans barrière de métal pour nous séparer. Mes prunelles accrochent les siennes. – Écoute mec, j'suis désolé. Vraiment. Mais au final, on s'en fout de c'que t'as dit, je ne m'en fous pas du tout, j'essaie juste de noyer le poisson, c'que j'ai fait, tout ça c'est des conneries. Je hausse mollement les épaules, comme si toute cette histoire me fatiguait. Splinter vient me sauter dessus et je lui lance un petit regard, caressant sa tête par réflexe, mais je reste concentré sur Deandre. – On est potes, non ? J'ai pas envie qu'on se fasse la gueule cent-sept ans là. C'est naze. Je suis sincère. J'aime pas qu'on soit en froid, j'aime pas avoir l'impression qu'il maudit mon existence même. Il est aussi fermé que la porte de son appartement et ça me désespère. – Faut y mettre du tien aussi. J'veux dire, sérieux, tu veux pas que j'aide à réparer l'appart'. Je lève un doigt pour compter. – Tu veux pas que j'paye pour les trucs pétés. Un deuxième. – Tu veux pas ma beuh. Un troisième. J'écarquille un peu les yeux, pour lui montrer que ça fait beaucoup d'efforts pour très peu de réussite. Mes bras retombent d'un coup, mes mains qui claquent contre mes cuisses. – Même quand j'm'excuse t'es pas content. Je secoue la tête. Splinter reste collé à mes jambes. Je finis par m'accroupir, lui frottant le crâne et le cou, récoltant cette expression béate qui lui va si bien. Gueule ouverte et langue pendante. Ça m'arrache un sourire, mon regard qui remonte sur Deandre, puis qui dévie sur le côté. J'étudie ma camionnette en silence. – Sinon... Je lève le menton vers Deandre à nouveau, continuant de gratter le chien. – Tu peux taguer le foodtruck ou j'sais pas. Œil pour œil ? Après tout, on en est là parce qu'il a récupéré un appartement ravagé. Peut-être que si je le laisse s'attaquer à ma propriété, ça soulagera un peu sa colère.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptySam 1 Fév - 20:05

« J'me débrouille. » Il l’a coincé et il le sait, même si la curiosité l’affecte un peu. Dom s’est peut-être insinué chez un de ses potes ou chez une fille assez indulgente - et il aurait presque envie de voir à quoi ça ressemble, comment ça se passe. Juste pour comparer et juger, peut-être jalouser un peu aussi. Mais il est de toute façon improbable que l’autre dévoile plus de détails, et il n’est ni assez discret, ni assez désespéré pour le prendre en filature. La vraie réponse à sa question devra demeurer inconnue, à moins qu’un membre de leur entourage commun ne dérape et ne lui découvre le pot-aux-roses.

Dom s’irrite, lève les yeux. Le ciel est en train de se colorer d’un bleu presque tendre de début d’après-midi, parsemé de nuages cotonneux et placides, dégonflés des menaces pluviales qui semblent le poursuivre ces derniers temps. La météo ne s’accorde pas à la situation, et c’est tant mieux. Un mauvais temps ne ferait qu’assombrir son humeur déjà voilée de menaces orageuses. « Bah moi j'm'en fous pas. » Dom le scrute comme s’il cherchait à comprendre ce qu’il pense. Deandre a enfilé ce masque un peu lisse qui ne révèle pas grand chose, si ce n’est qu’il n’a pas envie d’être mis à jour. « J'suis sûr que toute la semaine, t'as pas arrêté de l'appeler ducon ou j'sais pas quoi. » Ce n’est pas entièrement faux. Parfois, il se demande si le chien ne réagit pas mieux lorsqu’on l’interpelle avec ducon, p’tit con ou connard. Si Dom a dit vrai sur la vie qu’il menait avant d’être sauvé par sa grande magnanimité, il a peut-être pris l’habitude d’être appelé de cette façon.

Non pas que la comparaison avec un type qui frappe son chien soit très flatteuse.

Deandre hausse les épaules, l’ombre d’un sourire en coin. Ni oui, ni non. Sûrement, Dom. Tu m’connais. Le sujet anodin retombe, remplacé par quelque chose de plus sérieux.

Leurs regards s’affrontent. Il a fait mal volontairement, appuyé sur la plaie mal fermée. Il est de toute façon improbable que Dom laisse la blessure cicatriser. Ils sont similaires sur ce point. Toujours à rouvrir les estafilades pour ne pas les oublier.

Il s’éloigne un peu. « Tu veux vraiment la jouer comme ça ? » Et ses propres yeux se plissent. Sa voix est circonspecte, presque patiente. Il n’y a pas d’acrimonie dans le ton, mais il y a une menace dans le sens. « Tu penses mériter mieux ? » C’est la même façon de le mettre au pied du mur que tout à l’heure, peloton d’exécution bien aligné. S’il dit oui, il aggrave son cas. S’il dit non, il est trop insincère pour être cru. Il n’y a pas de bonne réponse.

Dom n’a sûrement pas compris la gravité de ce qu’il a fait. Peut-être en est-il incapable, comme un enfant qui ne maîtrise pas vraiment la morale, pas encore dompté par la vie en société. Et c’est ce qu’il lui reproche. De lui en vouloir pour ses propos à lui sans parvenir à réaliser l’importance de ce qu’il a fait.

Les excuses provoquent l’éclat de joie attendu. Deandre se retranche dans l’irritation d’un animal coincé dans un piège. Plus il tente de se dégager et plus il a la sensation que la situation se referme sur lui, l’emprisonne. Dom fait l’effort de lisser sa figure pour éviter de le narguer trop fort, sûrement conscient qu’il risque de le braquer et de se faire mordre.

Mais il ne fait pas l’effort de lui donner tout ce qu’il veut. La diversion est tentante. Trop. Deandre évite l’herbe offerte, les yeux rivés ailleurs. Lorsqu’il refuse explicitement, il tombe sur un rangée de dents insistantes. Le cadeau approche. Il daigne l’observer, avale un peu de regrets prématurés en déglutissant. Dans n’importe quelles autres circonstances, il aurait déjà empoché ce qui est tendu. Mais ça vient de Dom. Et ça signifie qu’il abdique un peu plus.

Pas question.

« Allez. » Son retranchement dans un refus mutique s’étire quelques secondes. Le pochon disparaît. Deandre le suit cette fois des yeux en tentant de se convaincre qu’il a pris la meilleure décision. « Bon, ok. »

Dom sort de son royaume métallique tandis que Deandre se frotte les yeux, masse la fatigue. Ils sont au même niveau, maintenant. La proximité est presque insolite - ça ne fait qu’une semaine d’absence, et il a passé des périodes bien plus longues loin de lui, mais jamais avec la certitude qu’il ne voulait plus le revoir.

« Écoute mec, j'suis désolé. Vraiment. Mais au final, on s'en fout de c'que t'as dit, c'que j'ai fait, tout ça c'est des conneries. » Ses prunelles s’échappent loin du regard qu’il lui jette, noyées dans une réflexion. Il n’a pas envie de s’attarder dans ses prunelles pour y chercher de la sincérité. « On est potes, non ? J'ai pas envie qu'on se fasse la gueule cent-sept ans là. C'est naze. »

La tactique est bien calibrée. Deandre passe quelques instants à ressasser ses propos. L’autre le prend par les sentiments en évoquant leur amitié. Mais s’il le fait, c’est peut-être parce qu’il veut obtenir plus que leur réconciliation.

« Pourquoi c’est toi qui déciderait de l’importance de ce qui s’est passé alors que c’est moi qui subit ? » Poches vides, compte en banque hurlant.

« Faut y mettre du tien aussi. J'veux dire, sérieux, tu veux pas que j'aide à réparer l'appart'. » Un doigt se lève. La liste sera longue. « Tu veux pas que j'paye pour les trucs pétés. » Ça, il le regrette un peu. Il aurait dû se saisir de cette opportunité au lieu de pécher par orgueil. « Tu veux pas ma beuh. » Dom écarquille les yeux, baisse les bras. Deandre est resté immobile, pensif. Il croise lentement les siens contre sa poitrine, retranchement physique et émotionnel. « Même quand j'm'excuse t'es pas content. »  

Quelques secondes s’écoulent pendant que le chien se trémousse, échauffé par les caresses.

L’idée prend forme lentement. Il la vocalise avec prudence.

« Le fait que j’veuille pas t’as pas empêché de le faire, hein. » Ses bras se resserrent. Il baisse les yeux sur Dom, songeur. C’est cette crasse là dont il est le moins sûr. Si on peut la qualifier de crasse. « À c'que j'sache, les pans de mur se repeignent pas tout seuls. » Et il le jauge avec une question dans la pupille, incertain. Est-il vraiment rentré chez lui ? Et pourquoi l’avoir aidé ? Pour se faire pardonner ? Rentrer dans ses bonnes grâces ? Ou l’exaspérer un peu plus ?

« Sinon… Tu peux taguer le foodtruck ou j'sais pas. Œil pour œil ? » La proposition lui arrache un aboiement de rire surpris. Deandre étudie le foodtruck, un sourire toujours placardé sur la figure. C’est qu’il pourrait le bichonner, en plus. Des petits mots doux à sa façon.

Il s’est presque radouci lorsqu’il baisse les yeux sur Dom.

« Me dit pas qu’t’es désespéré à ce point ? Tu sais que j’le rendrais dégueulasse. J’ai aucun talent mais beaucoup, beaucoup d’imagination. »

Et il se frotte le menton, l’imagine complètement bariolé d’insultes. Son ton devient presque rêveur.

« On a jamais fait d’tags ensemble. »

Non pas qu’il ait un don pour ça - il est juste assez doué pour pourrir les murs de ceux qui le méritent. Des souvenirs d’adolescence remontent et éclatent à la surface, bientôt crevés par Splinter qui s’est échappé de l’emprise de Dom. Le chien trottine jusqu’à un client qui tente tant bien que mal d’avaler son burger, se dresse pour tenter de le lui voler. Le pauvre homme se défend un peu maladroitement.

Il lui manque un pouce.

Deandre fronce les sourcils, mais le rire monte. Il fixe le spectacle quelques secondes de trop et se retourne, les épaules secouées par un ricanement qu’il a du mal à endiguer. « Splint ! Eh, Splint ! Arrête ça ! » mais l’ordre est poussé sur un ton tremblant d’hilarité. Le chien ne lui accorde qu’un coup d’oeil curieux, avant de reprendre ce qu’il faisait.
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Dom Riggs
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passe d'armes ; dom  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : sourire aussi éclatant que charmeur | toujours bien sappé, porte beaucoup de bijoux (bagues, chaînes, gourmette, une boucle d'oreille) | souvent une odeur de weed qui plane | quelques tatouages | cicatrice au niveau du poumon gauche (poignardé) | constamment en train de se marrer
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyMar 11 Fév - 17:13

– Tu penses mériter mieux ? Mon menton se lève légèrement, mes yeux parlent pour moi : bien sûr que je mérite mieux. Je comprends pas pourquoi il s'obstine à enfoncer cette foutue lame, là où il est évident qu'une plaie s'est déjà creusée, bien plus vieille, bien plus profonde. Son acharnement me dépasse. Je vois bien qu'il a du mal à digérer ce qui s'est passé avec son appartement, mais ça me paraît un peu démesuré. Mon ego vaut quand même plus qu'une fenêtre pétée et quelques babioles volées, selon moi.

Pas selon Deandre. Je le sais – il attend juste que je lui donne un nouveau prétexte pour m'en vouloir encore plus. Alors je dis rien.

Le claquement agacé de ma langue sur mon palais est bien assez explicite.

Aujourd'hui, il a décidé d'être pénible. Impossible de le soudoyer avec ma beuh, alors que c'était mon dernier recours ; l'as que j'attendais d'abattre pour gagner la partie. Je suis sûr qu'au fond, il en crève d'envie. Mais il refuse malgré mon insistance, de la même façon qu'il a refusé mes excuses, mon fric, ma proposition de l'aider. Je commence sérieusement à désespérer.

– Pourquoi c’est toi qui déciderait de l’importance de ce qui s’est passé alors que c’est moi qui subit ?
Parce qu'il est une putain de dramaqueen.

Je ravale mes mots par peur de le braquer, mais ils dégoulinent dans le soupir d'agonie que je lâche. – Parce que sinon on va jamais s'en sortir ! Si je le laisse décider, je crois qu'on restera fâchés jusqu'à la fin des temps, et qu'il continuera de parler de moi comme d'une perte de temps à tout le monde, même à ses futurs gosses. Tout ça pour une petite fête de rien du tout.

Il exagère.

J'essaie de lui prouver combien il est ridicule, liste à l'appui. Le croisement de ses bras lui donne l'air d'un adulte qui ne veut plus écouter son ado turbulent, ou d'un ado lui-même qui se retranche derrière un bouclier grotesque. Dans les deux cas : j'ai l'impression que rien ne l'atteint. Je me rabats sur Splinter pour oublier mes échecs à répétition. – Le fait que j’veuille pas t’as pas empêché de le faire, hein. Je lève un regard interrogateur vers lui, pas tout à fait sûr de là où il veut en venir. – À c'que j'sache, les pans de mur se repeignent pas tout seuls. Ah. Instinctivement, je reporte mon attention sur le chien, histoire de gagner quelques précieuses secondes sans qu'il puisse lire mes traits. Si je confirme, il saura avec certitude que je suis rentré chez lui – et il fera vite le rapprochement avec les choses que je bougeais pour le rendre dingue. Je peux pas avouer frontalement. Mais ça m'emmerderait de nier ma rédemption. Je comptais continuer tranquillement, pour compenser avec mes vengeances de cette dernière semaine, mais il est venu à moi plus vite que prévu. – J'sais pas de quoi tu parles. Je hausse les épaules avec un petit sourire confiant. Si je reste vague, rien ne prouve concrètement ma culpabilité. – T'as p't'être un ange gardien. On devine presque une auréole se dessiner au-dessus de ma tête. En plus des cornes qui la contredisent.

Finalement, c'est dans le foodtruck que je place mes derniers espoirs. Je vois pas de meilleure proposition pour calmer sa rancœur et laver mes affronts, une bonne fois pour toutes. Sa réaction m'indique qu'on est sur la bonne voie.

Il a ri. Il est en train de sourire. L'armure se craquelle et je vois déjà la victoire apparaître au loin, je m'imagine me réinstaller, revenir pioncer sur son canapé. Mon visage s'illumine, toutes dents dehors. – Me dit pas qu’t’es désespéré à ce point ? Tu sais que j’le rendrais dégueulasse. J’ai aucun talent mais beaucoup, beaucoup d’imagination. Je me marre à moitié, tout en me demandant ce que ça donnerait. – Bof, il a connu pire. Il a connu Coco. Je compte pas le nombre de fois où elle a dégueulassé la carrosserie, en plus des pneus crevés, rayures, et tout le reste. J'ai passé des heures à nettoyer les traces de ses passages, à repeindre par-dessus comme je pouvais. On devine encore les marques ici et là, sous la peinture de mauvaise qualité, mais ça se fond avec l'état général de la camionnette. Heureusement qu'elle était déjà pourrie quand je l'ai récupérée. – On a jamais fait d’tags ensemble. Mon sourire se tord en coin, intéressé. Chaque petit élément qu'il me donne est un moyen de retrouver ma place. – Ça peut changer. J'connais quelques façades qu'on pourrait redécorer, c'est quand tu veux. La lueur qui brille dans mes yeux est malicieuse, un brin défiante. Celle qu'on trouve chez les sales gosses qui préparent déjà leur prochaine connerie. Si je pouvais l'entraîner avec moi, ça serait le triomphe absolu – et ça m'assurerait que la réconciliation est bien entamée.

Je me redresse finalement et Splinter en profite pour aller flâner du côté de ce pauvre Darnell, qui galère toujours autant avec son burger. Sa tâche se complique encore plus, avec la bête qui lui grimpe à moitié dessus. J'éclate de rire. – Splint ! Eh, Splint ! Arrête ça ! Comme souvent, il n'en a pas grand-chose à foutre. Il continue, ses pattes avant appuyées sur les cuisses de Darnell qui tente maladroitement de le chasser, levant le bras qui tient la bouffe. Je l'entends qui proteste et ses yeux se lèvent vers nous pour chercher un peu d'aide, mais j'suis trop hilare pour me soucier de sa détresse évidente. Splinter profite de cette seconde d'inattention pour le prendre par surprise et lui sauter dessus. Son bras s'abaisse, la moitié du burger disparaît dans la gueule du chien. Mon rire redouble d'intensité alors qu'il observe ce qu'il en reste d'un air abattu. – T'es l'meilleur Splint ! J'ai le visage fendu d'un sourire goguenard quand je m'adresse à sa victime. – Eh Darnell, faut apprendre à t'défendre un peu, hein ! Il se met à râler mais j'écoute pas vraiment, agitant une main comme pour lui montrer que ce qu'il dit n'est pas important. – Allez pleure pas, j'vais t'en refaire un et j't'ajoute même une barquette. C'est cadeau. Même si je me moque, j'ai un cœur.

Et pour le prouver, je me tourne vers Deandre, continuant de sourire. – J'peux t'en faire un aussi. Ou en ramener à l'appart' quand je rentre, ce soir. C'est une demande à demi-mots, même s'il y a un peu trop d'assurance dans ma phrase. Après tout, il s'est radouci. J'ai proposé un tas de compensations. Maintenant il a l'embarras du choix – l'herbe, la bouffe, mon aide, qu'importe tant que je retrouve ma place de semi colocataire, total parasite. – On apprendra à Splint que c'est pas bien d's'attaquer aux handicapés. On ne lui apprendra rien du tout, parce qu'il n'arrive même pas à retenir des choses aussi simples qu'assis ou couché. C'est juste des mots en l'air, pour balayer tout le reste, lui faire oublier notre froid et toutes les conneries qui l'ont accompagné. J'essaie de tout effacer comme ça, tranquillement, facilement. En un claquement de doigts.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyVen 14 Fév - 16:31

Les yeux répondent, la langue claque contre le palais. La parole règne en maître chez Dom, mais il se contente cette fois d’exprimer l’agacement sans syllabes, s’appuie un peu plus sur un soupir excédé. Les mots s’échappent finalement, parce que c’est sûrement trop difficile de résister. « Parce que sinon on va jamais s'en sortir ! »

Pourquoi le devraient-ils ? Quel est l’intérêt de réparer leur relation ?

Il n’avait jamais prévu d’inclure Dom dans son quotidien. Il a admis sa présence sans vouloir examiner pourquoi, nouvellement arrivé dans une ville inconnue et peut-être un peu angoissé par la perspective d’une cohabitation avec sa solitude et ses remords, des compagnons pesants et encombrants. L’autre s’est insinué chez lui avec une excuse qu’il a oublié - il y en a eu d’autres, depuis, puisque Dom n’en manque jamais - et il l’a laissé revenir, rester, se creuser une sorte de place dans son existence. Ils sont potes, mais ne se connaissent pas comme des ombres qui ont l’habitude de s’emmêler ensemble sur le béton. Ce sont les rires et les reproches qui s’entremêlent le plus souvent. Les moments d’insouciance sont aussi grands que les accès de colère, et les deux aspects de leur relation se toisent depuis quelques jours dans son esprit, affrontement silencieux. Tôt ou tard, l’un culbutera l’autre pour le renverser par terre.

Dom dresse une liste de toutes les propositions qu’il a faites et qui lui auraient permis de réparer son erreur. Elle a le mérite de mettre en évidence qu’il a souhaité faire des efforts - et peut-être veut-t-il vraiment sauver cette relation, autant qu’il veut s’affaler sur son canapé.

Deandre a croisé les bras contre sa poitrine, comme s’il voulait que la vérité ne puisse pas pénétrer jusqu’au coeur. Il feinte lorsque l’énumération prend fin, tente de mettre une chose au clair. Dom lui jette un regard interrogatif qui le plonge momentanément dans l’incertitude. Et s’il avait halluciné les incursions chez lui ? Il était suffisamment crevé pour le faire.

Il l’observe. Dom étudie le chien. Splinter le regarde.

« J'sais pas de quoi tu parles. » Le sourire a retrouvé sa place sur sa figure, si bien épinglé qu’on se demande parfois ce qui pourrait le décrocher. Quelque chose sur le temps perdu, peut-être - sur les minutes et les heures qu’il dérobe avec son insouciance insolente. Le doute se fiche un peu plus dans l’esprit de Deandre pendant que les secondes s’étirent et séparent les mots.  « T'as p't'être un ange gardien. »

Un reniflement incrédule lui échappe aussitôt. Il hausse un sourcil, un peu amusé malgré lui par son culot. L’incompréhension demeure quant aux intentions de Dom, mais le doute s’écroule. Il est rentré chez lui.

« Exagère pas. » Deandre secoue la tête. Les prémisses de son hilarité sont déjà là : ses épaules se sont détendues et ses lèvres s’étirent vers le haut. « T’as pas une gueule d’ange. »

Pas pour lui, en tout cas. Les filles qui échouent sur son paillasson comme s’il s’agissait d’un autel le contrediraient peut-être. Elles ont des yeux plein de foi et des lèvres entrouvertes sur des prières - Il est où, Dom ? -, ointes d’onguents qui montent à la tête. L’une d’entre elles s’était immiscé chez lui avant qu’il n’ait pu claquer la porte. Lorsqu’il lui avait répondu que Dom n’était pas là ce soir et que de toute façon il n’avait pas le droit de baiser chez lui, elle avait fait la moue avant de disparaître, emportant dans son sillage un parfum pesant de vanille.

Il ne s’attarde pas longtemps sur le souvenir, emporté dans un éclat de rire. Dom n’est pas effrayé par ses talents en peinture - il devrait, pourtant - et relativise. « Bof, il a connu pire. » C’est possible. Le véhicule tient le choc, mais il traîne manifestement une longue vie sous ses roues. Il ne sait plus s’il a déjà entendu l’histoire du comment du pourquoi Dom a fini par l’avoir en sa possession, mais c’est aussi fort probable. Et s’il l’a sûrement un peu oubliée, c’est parce que les histoires de Dom sont plus agréables lorsqu’elles sont à moitié occultées par le cerveau. Lorsqu’on tente de se rappeler de ses récits, l’esprit compense les zones d’ombre et transforme les rebondissements déjà exagérés en véritables péripéties héroïques.

C’est comme ça qu’on crée les légendes, parfois. En disséminant des vérités et des mensonges et en laissant les autres les déformer jusqu’à ce qu’ils deviennent des mythes.

« Ça peut changer. J'connais quelques façades qu'on pourrait redécorer, c'est quand tu veux. » Tentant et presque cathartique. Il n’y aurait sûrement rien de plus détendant que d’abîmer la propriété de quelqu’un d’autre après avoir passé des heures à nettoyer la sienne.

Deandre défait le noeud de ses bras et fend les airs d’une main pensive. Ni oui, ni non. Peut-être. Son attention est déjà accaparée par Splinter, qui s’en prend au hamburger d’un infirme. L’hilarité monte et éclate finalement à la surface. Il tente de réprimer les premiers ricanements de hyène, mais ceux de Dom ne l’aident pas vraiment à réussir.

« T'es l'meilleur Splint ! » Le susnommé est trop occupé à engloutir ce qu’il a volé pour relever le rare compliment. « Eh Darnell, faut apprendre à t'défendre un peu, hein ! » Deandre considère l’inconnu avec une expression un peu plus sérieuse. Il partage le nom de son beau-père  mais ils n’ont rien en commun physiquement, ce qui lui permet de tuer tout souvenir. « Allez pleure pas, j'vais t'en refaire un et j't'ajoute même une barquette. C'est cadeau. »

L’estomac de Deandre est une créature consciente, indépendante du reste de son corps. Il pousse un énième grondement de fauve en cage.

« J'peux t'en faire un aussi. Ou en ramener à l'appart' quand je rentre, ce soir. » Ses sourcils se haussent. Dom porte l’audace comme il enfile ses sourires, naturel un peu désarmant. Et lui nargue instinctivement, tac au tac : « En crochetant la serrure ? »

« On apprendra à Splint que c'est pas bien d's'attaquer aux handicapés. »

Un souffle dubitatif lui échappe. « J’préférerais qu’il arrête d’attaquer toutes les réserves de savon. »

Deandre déploie la tactique de l’évitement. Splinter et Darnell sont des diversions bienvenues. L’homme vient récupérer la bouffe qu’on lui a promis, jetant des petits regards inquiets au chien que Deandre cale entre ses jambes. Il flatte les flancs du molosse avec des caresses énergiques qui provoquent des petits frétillements de queue satisfaits.

Lorsque l’inconnu s’éloigne, il relève finalement la tête et regarde Dom. Son observation prend quelques instants de trop - et on doit de toute façon voir sur sa figure qu’il tergiverse encore, incertain.

« Sérieusement, arrête de rentrer chez moi sans ma permission ou je vais devoir faire changer les serrures. » Non pas qu’il ait les moyens de payer pour une telle opération actuellement. « Toque comme un être civilisé, la prochaine fois. »

Ses doigts se perdent encore un peu dans la fourrure du chien, qui lui lèche la main. Le geste affectueux lui ferait presque regretter de l’avoir rapporté.

« Et tu ramèneras de quoi nettoyer et réparer, aussi. La prochaine fois. »

Il ne sait pas trop ce qu’il est en train de concéder. Les frontières de la rancoeur et de l’indulgence sont floues.

« C’est pas une permission d’emménager. Tu m’aides à remettre les choses en ordre et j’aviserai lorsque l’appart’ sera redevenu vivable. »

Le compromis lui semble acceptable. Si Dom aide vraiment à réparer les dégâts, il pourra envisager de l’accueillir à nouveau lorsque les travaux seront finis, ce qui prendra un peu du temps nécessaire à ce qu’il se remette de sa colère. S’il manque d’enthousiasme, il n’aura qu’à user de ce prétexte pour le laisser dehors. Entre temps, Dom aura même peut-être trouvé un autre logement qui demande moins d’efforts.

Les éventualités sont multiples, même si l’une d’entre elles est peut-être, au fond de lui, plus tentante que les autres.  
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Dom Riggs
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptyMer 19 Fév - 14:21

– Exagère pas. T’as pas une gueule d’ange. Le mur s'effrite, le sourire plane. Le mien cherche à le convaincre qu'il a tort. – Tout Detroit dit qu'si. C'est pas tout à fait vrai, mais j'aime prétendre que c'est le cas. Ma gueule et mes sourires m'ont permis plus d'une pirouette périlleuse – c'est qu'ils font leur petit effet. Je le sais. J'en joue. Et même si ça ne marche pas sur Deandre, je vais jusqu'à battre des cils pour appuyer mes mots et feindre cette innocence qui n'est souvent qu'illusoire. Puis je me mets à rire. Tranquillement, dans cette familiarité facile, détendue.

L'orage est enfin passé.

Ça se sent : on s'attarde sur le foodtruck, la perspective de taguer, Splinter qui démontre toute l'étendue de ses mauvaises manières. Deandre se marre. Tout devient plus léger.

Je saute sur l'occasion pour glisser mon retour chez lui l'air de rien, avec tout le naturel du monde. C'est en insinuant les idées au fil des conversations qu'elles finissent par s'épanouir. À force de les disséminer ici et là, elles s'enracinent et se réalisent. Il ne me reste plus qu'à les guider dans la direction qui m'arrange ensuite. – En crochetant la serrure ? Bien sûr qu'il pense que c'est comme ça que je m'y prends. Je ne suis pas assez fou pour le contredire, mais le coin de mes lèvres se tord dans un petit sourire. De ceux qui puent l'insolence. – Bah non, tu vas m'accueillir à bras ouverts. Pas l'ombre d'un doute dans ma voix. Ça sonne comme une vérité irréfutable, que je ponctue d'un haussement d'épaules désinvolte. Ajouter Splinter à la conversation ne fait que confirmer mon assurance. – J’préférerais qu’il arrête d’attaquer toutes les réserves de savon. Il a l'air dépité, j'éclate de rire. Je me demande combien de savons ont été sacrifiés pendant que j'étais pas là. – Si on passe au gel douche, ça ira p't'être mieux. C'est certainement l'odeur qui l'attire – même si j'ai du mal à comprendre pourquoi, puisqu'on a jamais eu de savon qui sentait le steak – alors peut-être qu'une bouteille fermée limitera la casse.

La vérité, c'est que je m'en fiche un peu. Je continue simplement à me projeter pour marteler l'idée que je suis de retour. Et sans même qu'il s'en rende compte, ça finira par s'imprimer dans son esprit, tout naturellement. J'en suis convaincu, parce que ça s'est toujours passé comme ça avec tout le monde. Mon petit manège est bien rodé.

De retour dans le foodtruck, je me lave les mains et m'installe aux fourneaux, pendant que Darnell continue à se plaindre du chien. Je lui explique qu'il a de la chance qu'on ait été là, parce que Splinter n'est gentil qu'en notre présence. Et que sans ça, c'est sa main qu'il aurait bouffé. C'est un mensonge éhonté, mais j'y mets tellement de cœur qu'il a l'air d'y croire : il fait prudemment un pas de côté pour s'éloigner de Deandre et du chien. Je ravale un rire, avant de lui tendre un nouveau burger et une barquette de frites.

Cette fois, il ne reste pas dans le coin pour manger.

– Tu vois Splint, je lance une nouvelle cuisson avant de baisser la tête vers lui, j'vais te transformer en légende. Puisqu'il n'a rien de très classe ou même intimidant, je vais lui inventer une réputation au fil du temps. C'est ma spécialité.

J'ai toujours un petit sourire amusé quand je lève les yeux vers Deandre. Ça ne dure pas. – Sérieusement, arrête de rentrer chez moi sans ma permission ou je vais devoir faire changer les serrures. Je fais la moue. C'est vraiment la dernière chose que je veux – ses verrous sont bien trop difficiles à crocheter, j'ai jamais réussi malgré mes nombreuses tentatives. Le double de ses clés est mon saint Graal, alors s'il changeait ses serrures, ça me mettrait à la porte pour de bon. – Toque comme un être civilisé, la prochaine fois. Ma moue se transforme en air dubitatif. – Parce que tu m'aurais ouvert si j'étais venu frapper, p't'être ? Tu m'aurais laissé entrer ? J'en doute un peu. De toute façon, j'avais pas envie de lui faire face. Peut-être que lui non plus. – Et tu ramèneras de quoi nettoyer et réparer, aussi. La prochaine fois. Mon sourire revient aussi vite qu'il a disparu, s'étend même jusqu'à mes oreilles. – C’est pas une permission d’emménager. Tu m’aides à remettre les choses en ordre et j’aviserai lorsque l’appart’ sera redevenu vivable. Soit il ne le sait pas encore, soit il se voile la face, mais il faut se rendre à l'évidence : j'ai déjà gagné. Je retrouverai ma place petit à petit, qu'il le veuille ou non. En m'étalant progressivement, sans qu'il n'y fasse attention, jusqu'à ce que ça soit trop tard pour me déloger. Exactement comme je l'ai fait au tout début. – T'inquiètes. Je m'attelle à la préparation du burger, le visage toujours fendu d'un large sourire. – D'ici une semaine, c'est réglé. Probablement pas. Je sais pas combien de temps sera nécessaire pour tout remettre en état, mais je compte pas y passer toutes mes journées non plus. – L'appart' sera même mieux qu'avant tu verras, ça va faire un coup d'neuf. Tu finiras p't'être par me remercier. J'ose même ponctuer ma phrase d'un clin d'œil en emballant le burger encore chaud. Puis je le lui tends – y a comme un air de déjà-vu, le même enjeu qui revient, sans être formulé cette fois. – J'peux passer en fin d'aprem ? Je crois qu'il peut voir toutes mes dents.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: passe d'armes ; dom    passe d'armes ; dom  EmptySam 22 Fév - 20:59

« Tout Detroit dit qu'si. » Et il bat des cils comme une ingénue.

« J’fais pas franchement confiance aux opinions des gens de Detroit. »

Il ne devrait pas non plus faire confiance aux propositions de Dom, mais il se laisse quand même bercer par ses insinuations. C’est toujours facile d’être emporté par le courant de ses mots, de se laisser flotter à la surface des éventualités. Il est un peu trop tard lorsqu’on réalise qu’on se noie à moitié.

Insolence tordue par un sourire. « Bah non, tu vas m'accueillir à bras ouverts. » C’est dit avec trop d’assurance et ça le braquerait presque, parce qu’il n’a pas envie d’avoir pardonné trop vite. Deandre se rembrunit momentanément. Il ne sait pas s’il a fait les bons choix, ces derniers temps - l’enlèvement de Splinter était une erreur évidente, mais le copinage avec Dom en est peut-être une aussi. Il se tait. Choisit de ne pas retomber dans la rancœur en faisant une autre remarque blessante - surtout qu’il sait ce qui fait mal maintenant, où piquer pour faire couler l’amertume.

Le goût pour le savon de Splinter est une distraction légère et toujours aussi déroutante. « Si on passe au gel douche, ça ira p't'être mieux. » On. C’est transparent et inclusif, comme si Dom n’était jamais vraiment sorti de chez lui.

« J’y songerai. »

Darnell vient réclamer son hamburger. Deandre se perd dans ses pensées pendant que la viande cuit, grille. Le fond sonore n’est pas aussi prenant que les petites histoires brodées de Dom. Le baratineur est à l’oeuvre et il est écouté par deux paires d’oreilles, l’une crédule et l’autre moyennement admirative. Ce serait presque reposant de l’entendre mentir à quelqu’un d’autre.

« Tu vois Splint, j'vais te transformer en légende. » Le chien ne réagit même pas à l’entente de son nom, trop absorbé par les caresses que son maître de substitution lui administre. Deandre relève la tête pour découvrir que Dom a mis un nouveau steak sur le grill.

Le sourire faiblit lorsqu’il évoque l'interdiction de crocheter les serrures. À trois cadenas, on pourrait pourtant penser que l’infraction est impossible. Dom a soit des doigts de fée, soit une technique légendaire transmise de génération en génération. Ce qu’il n’a pas toujours cependant, c’est de la chance. Deandre finira tôt ou tard par le prendre sur le fait - du moins, il l’espère.

« Parce que tu m'aurais ouvert si j'étais venu frapper, p't'être ? Tu m'aurais laissé entrer ? » Haussement d’épaule détaché. « Nan. » Pas après la guerre des réseaux sociaux et l’échange houleux par téléphone. « Personne t’aurais laissé entrer après ce que t’as fait. » Vengeances mesquines incluses. Il se montre déjà bien trop indulgent en omettant toutes les saloperies qu’il lui a fait ces sept derniers jours.

Dom a le don de ne jamais vraiment perdre la joie. Ses dents se dévoilent, d’un blanc plus pur que lui. « T'inquiètes. » Deandre réalise que la viande qui cuit lui est destinée. Elle est soigneusement calée dans un hamburger qu’il jauge du bout des yeux. Un autre cadeau scellant leur trêve.

« D'ici une semaine, c'est réglé. » Un petit bruit de bouche réprobateur lui échappe. « T’es trop optimiste. » Il connaît pourtant mieux que quiconque l’étendue des dégâts.

« L'appart' sera même mieux qu'avant tu verras, ça va faire un coup d'neuf. Tu finiras p't'être par me remercier. » Clin d’oeil ravageur, hamburger dans le papier blanc. L’offrande est tendue, tiédie par son dernier refus. « J’te remercierai le jour où t’auras cessé de faire des conneries. Mais étant donné qu’il viendra jamais… »

Moment flottant d’hésitation.

« J'peux passer en fin d'aprem ? »

Ses doigts se referment sur le mets emballé. Il regarde le sourire avant de tomber dans les yeux.

« Pour bosser, oui. Pas pour pioncer. »

Lui bâille derrière son poignet - l’épuisement des derniers jours le rattrape. Son regard traîne dans les alentours. Un client est en approche, silhouette encore lointaine, hésitante.

« Merci pour ça j’suppose. » Deandre brandit le hamburger. « J’me casse, j’suis crevé. Si tu passes, tu sais que tu dois toquer. »

Et il lui adresse un signe de main familier avant de le considérer un instant de trop, comme pour tenter de déterminer s’il a pris la bonne décision. Splinter reste sagement près du foodtruck lorsqu’il s’éloigne finalement d’un pas plus léger qu’à l’arrivée.

C’est pas à lui qu’il pourrait voler de la viande.
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