enfant terrible (allens)

“réservoir d’chiottes” tel était le commencement de cette putain de journée. Un putain de SMS de Malcolm et une connerie qui s’en suit. Draxter n’a pas cherché plus loin, il avait bondi du canap’, le chien à ses talons et était prêt à aller mettre la tête au carré à son petit frère. Ça aurait été bien trop beau si ce n’était qu’une énième crise d’angoisse de la part de Malcolm ; ça aurait été bien trop facile : les flics étaient là. Drax les avait entendus à travers sa porte - faut dire que les murs ne sont pas bien épais, quand il n’y a pas de trous dedans. Alors il avait ravalé sa colère et avait attendu que ça passe. Il ne sut réellement pourquoi mais, à cet instant, il s’était mis à prier ; lui qui n’était pas croyant et qui était prêt à voler les églises, le voilà qu’il priait. Quelqu’un, quelque chose, bref, une action divine pour que ce ne soit pas Malcolm que l’on embarque. Mais étant donné que Dieu n’existait pas ; et que la spiritualité n’était pas son fort, c’était bien évidemment de chez Malcolm que venait le boucan. Alors l’ainé Allen était parti comme une furie vers sa fenêtre qui donnait sur la cours.
La scène était quasi insoutenable tant les émotions passaient et repassaient en son sein - lui qui n’était pas habitué. Mais la colère était la dominante de ces allers et venues. Drax fixait son frère, espérant qu’il puisse voir les balles qu’il tire avec ses yeux-revolvers. Oh non, il ne le planquera pas le flingue, il s’en servira contre Malcolm.

Dans un silence de mort - et très long - Drax se dirige vers sa cuisine de fortune où trainent deux-trois assiettes, une casserole à moitié pétée qu’il finit par attraper violemment pour la jeter au sol. PUTAIN DE SALE GOSSE DE MERDE ! Qu’il hurle à la mort, accompagné de la douce mélodie du chien, fidèle compagnon de route. Drax ne sait plus où donner de la tête mais il sait pertinemment que tout péter ne résoudrait rien. Il finit par se calmer, du-moins, il essaie. Il respire, inspire, respire, inspire, en faisant les quatre cents pas dans sa piaule.
Il vit tout ce qu’il déteste le plus au monde ; l’impuissance. Il ne peut rien faire hormis attendre. Attendre que le temps passe et que son frère fasse une réapparition. S’il en fait une.

Le soleil n’attend pas avant de se coucher, la pénombre commence doucement à s’installer entre les blocs désoeuvrés de Delray. Le dernier paquet de cigarettes de Draxter vient tout juste de se terminer, la dernière clope au bec en attendant quelque chose, un signe de vie, ou même de mort. S’il plonge à cause de Malcolm, c’est promis, il le bute avant d’aller en taule, au-moins, il aura une raison d’être entre quatre murs. Mais Drax ne veut pas en arriver là. Il ne comprend pas pourquoi son frère fait tout son possible pour bousiller tous ses plans ; lui qui se donne un mal fou à recoller les morceaux, Malcolm arrive comme un abruti et balance un coup de pieds dedans. Et tout se disperse et Drax doit tout recommencer.

Drax commence à fatiguer.

Les heures passent et toujours pas de nouvelles de son petit frère. Il ne comprend pas pourquoi Malcolm s’obstine à être aussi irresponsable, immature et tête brûlée. Il ne pouvait pas se permettre d’agir comme un gamin, de se faire mal et de pleurer sa mère. Il cherchait les emmerdes puis allait s’enterrer dans les jupons d’on ne sait qui (quand ce n’était pas lui). Il ne comprenait pas les coups foireux de Malcolm, de toutes ces fois où il l’avait planté lors d’un rendez-vous important, ou de ces excuses de merde. Parce que Malcolm pense être assez malin pour mentir, mais Drax ne le croit pas : il lui ment. Sauf qu’il ne dit rien parce qu’il n’y a rien à dire, mais cette fois, c’est la fois de trop.
Il hésite à sortir, à aller dans un bar, dans un pub, dans une boite, qu’importe, quelque part pour se changer les idées, mais quelque chose au fond de lui l’oblige à rester ici.

Les heures passent et Rex se met en alerte.
Draxter peut entendre les bruits de pas se faisant discret et la poignée de la porte d’à-côté, il lui avait dit un millier de fois de changer cette putain de serrure, mais comme à son habitude, Malcolm n’en faisait qu’à sa tête. Pas le temps de se reposer, la jeune homme se lève d’un bond et s’en va à la rencontre de son petit frère. Ah bah t'es là. Qu’il lui lâche, de son insupportable flegme. Drax ne dit rien, il l’observe. En temps normal, il lui aurait balancé des injures, mais là, il est bien trop énervé pour faire ou dire quoique ce soit sans qu’il ne balance le corps de son frère par-dessus une fenêtre. Il ne bouge pas, bras croisés contre sa poitrine, et attend. Il attend l’énième mensonge de Malcolm, l’énième excuse de merde. Il aimerait voir s’il aura assez de couilles pour le baratiner encore une fois. Il somme à Rex de s’assoir prés de lui, pour l’éloigner du gamin qui tente quelque chose. Au fait, j'voulais te dire, c'était que dalle hein, pour tout à l'heure. Une connerie, mais j'ai préféré être prudent tu vois pour… enfin… tu vois. Tu vois ? Non, Drax ne voit pas. On ne se fait pas embarquer par les flics pour une connerie, encore moins quand on habite dans l’quartier, quand on s’appelle Allen et qu’on a toujours fait en sorte de ne pas les avoir au cul. Cette fois, Drax ne peut s’empêcher de froncer des sourcils, de se mordre l’intérieur de la joue, surement pour ne pas hurler dans le couloir. Tu m'diras où t'as planqué le flingue comme ça j'le récupère, et puis voilà. Malcolm se faufile mais n’a pas le temps car Draxter lui chope le bras, peut-être un peu fort, avec une horrible volonté de lui faire du mal. Cette fois c’en est trop, il va péter les plombs. Tu vas m’dire où t’étais et ce que t’as dit aux flics. Des jours qu’il n’avait pas parlé comme cela à quelqu’un, même si le quelqu’un est bien souvent Malcolm qu’une autre personne. Ces derniers temps, Drax s’était trouvé serein, mais il avait fallu de ce putain de SMS pour que tout s’envole. Viens. qu’il lui ordonne froidement. Non. Il l’oblige, l’amène avec lui dans sa grotte afin de ne pas se donner en spectacle dans ce taudis.

Une fois à l’abri des regards, Drax ferme violemment la porte. Difficile pour lui de se contenir, il se fait déjà beaucoup trop de films. Et s’il avait balancé une connerie ? Et s’ils avaient des pistes sur eux ? Sur les différents cambriolages ? Pire, sur le cambriolage ? Drax avait donné beaucoup de chances à Malcolm, beaucoup trop pour les compter, mais il commençait à saturer. Alors, certes, ces derniers temps, il tentait de se faire des plans de son côté, sans son frère dans les pattes, et il trouvait que cela fonctionnait bien, mais quelque chose d’encore plus fort le ramenait toujours vers cette tête d’abruti. T’as intérêt à ne pas te foutre de ma gueule parce que je commence à en avoir RAS LE CUL de tes plans foireux. Etonnamment, Drax se contient. La colère est là, mais elle est silencieuse, elle est encore pire qu’on ne pourrait l’imaginer. Pourquoi. T’as. Été. Chez. Les. Flics ?