cambriolage amateur #situation (ft. dom)

le jackpot, le gros lot. le jour de chance. un bruit métalique l’avait tiré de l’édition de son dernier shooting. et quelle surprise de voir un drone à sa fenêtre. en ouvrant la surprise fut d’autant plus agréable alors qu’elle découvre la somme d’argent qu’il transporte. elle hausse les épaules, si c’était à personne ça serait à elle. puis elle avait bien envie d’acheter la dernière collection de gucci, elle lui faisait de l’oeil. puis il ne fallait pas lutter contre le destin. au moins elle n’aurait pas besoin de faire des passes supplémentaires pour se faire de la moula. c’était tout bénéf pour son cul, non ? dans tous les sens du terme. mais voilà. assez rapidement quelqu’un était venu. et comme la connasse qu’elle était, hela avait juste rendu le drone, faisant une moue adorable pour convaincre le destinataire de la livraison. elle savait bien jouer la comédie hela. puis ça devait être erreur, des fois les drones déconnaient, qu’elle avait dit. et ce fut fini.

enfin, fini. c’était vite dit. la journée à bosser sur ses photos, une petite sortie pour s’acheter des mochis à la seule supérette asiatique du coin. elle avait bien planqué l’argent, sait-on jamais, avec les gens on était sûrs de rien. et en faisant partie de l’akai raida, elle était de nature à ne faire confiance à personne la belle brune. elle était vite rentrée de sa sortie. avait enfilé un pyjama, un débardeur et une culotte en dentelle en d’autres termes. elle travaille encore un peu pour finir l’édition de son photoshooting avant de s’étirer comme un félin. avant d’aller dans son lit, ce soir jin n’était pas là. occupé à faire le dragueur ou elle ne savait pas quoi. et elle ne voulait pas trop y penser pour ne pas sombrer dans la jalousie. alors elle se force à dormir dans son lit pour une fois.

mais voilà. elle entend un bruit. du verre brisé en plein milieu de la nuit. hela avait toujours un sommeil léger alors ça l’avait tiré du monde des rêves. entraînée à se défendre, elle était immédiatement à l'affût comme un panthère. elle tire de sa table de nuit, une dague avant de sortir de son lit sans faire de bruit. sur la pointe des pieds elle se colle au mur à côté de la porte de sa chambre. elle est calme. elle avait caché l’argent dans un petit coffre dans sa chambre. si c’était un voleur, il devrait passer par la chambre et elle était prête à le cueillir en lui faisant manger les pissenlits par la racine.

Quel gros con, ce Trevon. Il me file toujours des plans foireux. J'croyais que c'était une aubaine, moi, son histoire de drones. Par les temps qui courent, c'est compliqué de bosser correctement, de récupérer l'herbe là où elle est cultivée pour ensuite la mener là où elle est vendue – avec tous les clebs que les flics traînent à North End, vaut mieux rien avoir sur soi. Alors je galère un peu. Mais Tre est arrivé sur son cheval blanc et m'a offert la solution à tous mes problèmes, ce sale marchand de tapis m'a filé son drone tout pourri à prix réduit, en me disant que c'était l'outil du futur.

Tu parles. Le truc marche un coup sur deux.

Splinter n'a pas aidé : cet idiot de chien a mâchonné la manette de commande jusqu'à péter un bouton. Donc je me retrouve avec le drone le plus naze de tout Detroit, qui n'en fait qu'à sa tête et se prend tous les panneaux. Et comme si ça suffisait pas, j'me tape un client qui veut pas payer en ligne parce qu'il fait pas confiance au réseau, j'sais pas quoi. Le genre de taré aux yeux éclatés qui croit aux théories du complot et garde ses billets sous son matelas, avec un flingue à portée de main, au cas où les banques viendraient sucer son sang dans son sommeil. J'crois qu'il a trop fumé et que ça l'a rendu parano. Mais tant pis pour lui – c'est pas ça qui va m'empêcher de lui vendre.

Sauf que le karma décide de s'acharner jusqu'au bout, aujourd'hui. Le drone plante et mon fric finit entre les mains de quelqu'un d'autre. Vraiment, quel merdier.

La fille a tenté de me rouler, avec sa petite moue ingénue et ses yeux de biche, ah non je sais pas je l'ai trouvé comme ça, y avait que le drone, vraiment je l'jure, regarde comme je suis mignonne, impossible que je sois coupable, vraiment, j'ai une auréole au-dessus de la tête et j'ai jamais rien fait de mal dans ma vie. J'y crois pas une seule seconde. L'expérience m'a appris que bien souvent, plus elles ont l'air innocentes, moins elles le sont. Et tout le monde sait qu'on ne baratine pas un baratineur. On se reconnaît entre nous.

Alors j'ai attendu toute la journée. J'ai voulu demander à Igg de m'accompagner, en souvenir de notre dernière mission infiltration – qui a fini avec une crise cardiaque, un incendie criminel et un chien asphyxié, mais je préfère ne pas penser aux petites erreurs de parcours. Et puis j'ai appris qu'il était mort, depuis plusieurs mois déjà. Overdose. Je comprends mieux pourquoi il ne répondait ni à mes messages, ni à mes appels. Je croyais qu'il me snobait, mais en fait, il a juste claqué. Ça m'a fait une drôle de sensation dans l'bide, parce que je me souviens de la dernière fois que je l'ai vu, de combien il avait l'air défoncé, complètement à la dérive. Alors je suis pas tellement surpris, mais quand même déçu. Un peu triste, aussi.

Le cambriolage improvisé se fera en solitaire.

C'est pas vraiment mon domaine de prédilection. J'ai déjà volé des trucs et je me suis déjà introduit chez des gens, mais j'ai jamais eu la fibre d'un Arsène Lupin. Pourtant je suis confiant : c'est une petite meuf, toute menue, qui n'a même pas l'air du coin. Même si elle me chope, je crois que je risque pas grand chose. Surtout qu'ici, personne n'appelle jamais les flics. La victime risquerait trop de se faire embarquer avec son bourreau.

Tout de noir vêtu et cagoulé, fondu dans la nuit, je passe par les escaliers de secours pour monter jusqu'à son étage – une aubaine que son appartement donne de ce côté – et d'un coup de coude, je casse la vitre. Pas de double vitrage au Com', tout est vieux et abîmé. C'est peut-être le cambriolage le plus facile de tous les temps. Je me félicite silencieusement avant de regarder autour de moi, ayant un peu de mal à distinguer mes alentours à cause de la pénombre. Me reste plus qu'à mettre la main sur le fric qu'elle m'a volé, et me tirer. Simple comme bonjour.

Je me mets en mouvement et je commence à fouiller aussi silencieusement que possible, ouvrant les tiroirs, soulevant les coussins du canapé, regardant un peu partout. Enfin, je tâtonne plus que je n'observe, parce qu'il fait bien trop sombre. Et je commence à me dire que c'est pas aussi aisé que je l'avais imaginé – je comptais sur elle pour avoir laissé traîner les billets bien en vue, à portée de main, histoire de me faciliter la tâche. Je souffle doucement, un peu contrarié par la réalité de la chose, avant de jeter un œil vers les autres pièces. J'aperçois la chambre, mais j'ai l'impression que le lit est vide. Ça m'arrangerait qu'elle ne soit pas là. Je pourrais allumer la lumière et chercher tranquillement, sans avoir peur de la réveiller au moindre pas. Alors j'avance doucement pour en avoir le cœur net, parce que l'angle de vue ne me permet pas d'en être sûr pour l'instant. Et plus j'approche, plus ça se confirme : il n'y a personne. Un large sourire étire mes lèvres alors que j'entre dans la pièce, particulièrement satisfait de cette découverte.

Jusqu'à ce que je sente une présence derrière moi.

Je fais volte-face un peu brutalement, découvrant que la fille est bien là, finalement. Et surtout : elle est armée. La lame brille dans le noir. – WOH ! Reculant d'un grand pas, je lève les mains devant moi, soudain pris d'un vent de panique. J'ai rien pour me défendre. À vrai dire, j'ai pas tellement planifié la chose – je pensais sincèrement que ça serait un jeu d'enfant. Et puis c'est mon fric, merde, je viens juste récupérer ce qui m'appartient. – On se calme, y a pas besoin de faire des dingueries là ! J'ai déjà été poignardé par le passé, et j'ai pas franchement envie de réitérer l'expérience. – Tranquille j'te dis, j'vais pas te faire de mal. J'ai pas tellement l'impression que ça soit quelque chose qui l'inquiète. Il est clair que dans cette situation, celui qui est en danger, c'est moi.

Fallait que je tombe sur Chucky, putain.
Vraiment un plan pourri du début à la fin, cette histoire de drone.

– On va discuter, ok ? J'aimerais éviter qu'elle me saute dessus avec son couteau. Si on pouvait régler tout ça à l'amiable, ça m'arrangerait vraiment, vraiment beaucoup. Alors je tente ma chance. Les mains toujours levées en signe de paix, je la fixe sans ciller, n'osant même plus bouger. Comme si j'étais face à un fauve qui pourrait attaquer au moindre geste brusque. Et j'essaie de me rassurer en me disant que malgré tout, elle reste plus petite que moi, bien plus frêle aussi – j'aurai l'avantage physique, si j'arrive à la désarmer. Mais j'ai pas du tout envie d'en arriver là et de prendre le risque de me faire taillader en lançant l'assaut.

l’air de rien, elle était féroce hela. non pas qu’elle le soit à la base, mais elle avait apprit à s’endurcir. les clients abusant un peu trop de la violence l’avaient obligée à apprendre à se défendre. et c’était jin qui lui qui avait appris tout ça. mais ce n’était pas ça le pire, certains daddy un peu trop possessifs c’étaient plusieurs fois introduits chez elle, pour se l’approprier, pour qu’elle ne soit qu’à eux, en passant par la manière forte, et parfois dépassant les limites en essayant d’abuser sexuellement d’elle. mais elle ne s’était jamais laissée faire. le chaton avait appris à devenir une lionne qui sortait ses griffes. alors dans cette situation, elle savait comment réagir. agile, gracile, elle avait pris son arme pour colle son dos au mur à côté de la porte. elle écoutait chaque mouvement dans son salon. il était discret, mais la belle avait l’ouïe fine, elle avait été entraînée après tout. digne d’une akai raida.

sa respiration reste calme, maîtrisée, pas à un seul instant elle ne panique. elle sait qu’il finira pas regarder dans la chambre. logique. et ce qu’il dû arriver, arriva. la porte s’ouvre. sa respiration reste toujours apaisée alors qu’elle l’observe dans le noir, sa silhouette éclairée par la lumière de la lune. le voilà, le cambrioleur - car oui vu sa carrure, c’était forcément un gars - est là, dos à elle. un geste rapide et elle aurait pu planter sa lame dans sa nuque pile entre deux vertèbres cervicales, un coup fatal, rapide, et qui ne fout pas du sang de partout. mais voilà, cet imbécile c’était retourner, ses mains se serrent sur la garde de sa dague. merde. foutu pour l’attaque surprise. mais lui à l’air tout aussi surpris. elle a un sourire mauvais hela. ce type ne savait pas sur qui il était tombé. il était tombé sur une prédatrice qui savait se défendre.

- la dinguerie, c’est péter une vitre pour cambrioler une inconnue. faut revoir tes bonnes manières. elle le toise alors que d’un geste du coude - pour pas lâcher sa lame d’une main, il aurait pu la désarmer à tout instant - pour appuyer et l'interrupteur et allumer la lumière. p’t’être que c’est qui pourrait te faire du mal.

elle le regarde de haut en bas, le toise sans la moindre gêne, prête à répondre au moindre mouvement de sa part et de la réaction la plus agressive. elle avait vécu pire que ça, c’était une survivante hela et personne n’arriverait à la blesser sans qu’elle ne se défende. elle lui fait un geste dédaigneux avant de lui lancer.

- vire ta cagoule déjà. et plus vite que ça. sa langue claque contre son palais, elle tapote du pied, pressée avant d’ajouter. bouge toi le cul, j’ai pas que ça à foutre de ma vie. elle soupire longuement en ne le quittant pas du regard. ses grands yeux charbon qui donnaient l’impression qu’elle lui sondait l’âme. ne me sous-estime, t’es peut-être baraqué, mais au moindre geste de travers, je t’aurai poignardé les couilles avant que tu n’aies le temps de dire ouf. compris ? elle continue de le fixer sans rien dire attendant qu’il s’exécute, mais elle supposait bien que c’était le type du drone. il ne fallait pas être con ou trois neurones pour arriver à cette déduction.

– La dinguerie, c’est péter une vitre pour cambrioler une inconnue. Faut revoir tes bonnes manières. Alors là, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Elles étaient où ses bonnes manières, à elle, quand elle a récupéré mon drone et qu'elle a gardé ma thune ? – T'es mal placée pour parler. Un petit ricanement dédaigneux m'échappe, et j'ai comme l'impression qu'elle me regarde de travers. J'en ai la confirmation quand la lumière s'allume. Ses yeux noirs me toisent comme s'ils cherchaient à creuser un trou dans ma peau, mais les miens sont bien vite attirés par l'arme qu'elle tient toujours fermement.

J'essaie de positiver en me disant qu'au moins, ce n'est pas un flingue dont le coup pourrait partir trop vite. J'ai peut-être de la chance dans mon malheur.

Mes mains redescendent légèrement, comme si mon optimisme suffisait à me rassurer. – P’t’être que c’est moi qui pourrait te faire du mal. Mon impression se confirme : j'ai visé l'appartement de Chucky la poupée tueuse. Ça me ferait presque lever les yeux au ciel, mais je préfère ne pas prendre le risque de la perdre de vue, pas même une toute petite seconde. – Vire ta cagoule déjà. Et plus vite que ça. Le ton autoritaire qu'elle prend soudainement me fait arquer un sourcil, mais je n'ai même pas le temps de réagir qu'elle s'impatiente déjà, se mettant à taper du pied.

Chiante, en plus d'avoir l'air dérangée.

Combo gagnant.

– Bouge toi le cul, j’ai pas que ça à foutre de ma vie. J'ai une sorte de hoquet indigné, un sourire incrédule qui me fend le visage sous la cagoule. C'est qu'elle en devient carrément désagréable. – Eh ça va, redescends un peu. J'suis pas ton chien. Je peux comprendre qu'elle soit fâchée pour la vitre cassée, mais après tout, c'est elle qui s'est mise dans cette situation. Si elle m'avait rendu mon fric quand je suis venu le chercher, ça ne serait pas arrivé. – Je l'enlève pas tant que t'as pas dit s'il te plaît. Mon sourire prend un angle insolent et je hausse les épaules, l'air de dire que j'y suis pour rien, moi, c'est la loi qui veut ça, faut être poli même avec les cambrioleurs, vraiment, c'est très important. Faut pas s'étonner qu'ils deviennent agressifs, si on leur aboie dessus comme elle le fait. Les chiens enragés, faut les dresser.

Même si elle me semble plus proche du chihuahua que du pitbull. Ou une espèce d'entre-deux. Un chihuahua qui se prend pour un pitbull.

J'essaie d'être civilisé et même avenant, mais ça n'a pas l'air de beaucoup fonctionner sur elle. Chiante, dérangée, impolie et pas drôle. Ça commence à faire beaucoup de défauts. – Ne me sous-estime pas, t’es peut-être baraqué, mais au moindre geste de travers, je t’aurai poignardé les couilles avant que tu n’aies le temps de dire ouf. Compris ? La menace me prend tellement de court que j'éclate de rire, parce que je ne m'attendais définitivement pas à ça. Peut-être aussi que j'ai encore un peu de mal à la prendre au sérieux, même si je ne suis pas assez stupide pour la penser inoffensive non plus. – Woooh mais pète un coup hein, j'ai rien fait, pas la peine de s'énerver comme ça. Vraiment, j'essaie d'être sympa, et elle, elle veut s'en prendre à mes bijoux de famille. Detroit est peuplée de barbares.

– C'est bon j'fais un effort, je l'enlève, ok ? Lui faisant signe de ne pas bouger puisque je vais coopérer, je remonte la cagoule de façon à révéler mon visage, sans la retirer complètement. – Ça va, t'es contente ? Tu peux t'calmer maintenant ? Je lui lance un regard insistant en lui présentant une dernière fois mes paumes, avant de laisser mes bras retomber le long de mon corps. – J'suis juste venu récupérer c'que tu m'as pris. Haussant les épaules, je tente un petit regard alentour, mais je préfère rapidement reporter mon attention sur elle à nouveau. On sait jamais. Elle a menacé mes couilles, vaut mieux rester prudent. – Écoute, on va pas épiloguer cent-sept ans. T'as cru que tu pouvais récupérer le blé tranquille, tu t'es plantée, c'est pas grave, ça arrive. Maintenant tu m'le rends, et j'me casse. Je sens la tension dans l'air, mais j'ose encore espérer qu'on peut régler ce problème à l'amiable. Je doute qu'elle me rende l'argent aussi facilement, mais j'essaie surtout de prendre la température. Histoire de savoir si je peux trouver une solution pacifique, ou si je vais devoir la jouer plus fourbe. – Allez, donne. Je tends une main. Ce n'est pas vraiment un ordre ; j'ai l'air plus paternaliste qu'autoritaire. Comme un adulte qui a pris un gosse la main dans le sac, et qui lui demande de ne pas s'entêter dans sa bêtise.

elle hausse les épaules la belle. elle se fout bien de ses réactions. mais ça se voyait qu’il ne savait pas vraiment qui il avait en face de lui. d’un côté, hela ne payait pas de mine. avec sa petite taille, sa corpulence fine, elle avait plus l’air une poupée de cire, pourtant c’était bien loin d’être le cas. grandir avec l’akai voulait forcément dire apprendre à se défendre. et elle savait rendre les coups, elle compensait sa faible force par son agilité et sa rapidité. il n’avait pas intérêt de faire un geste de trop parce qu’elle allait rapidement lui faire perdre sa virilité de ce type. c’était ça les membres de son clan, ils n’avaient pas de remords à exécuter et torturer. et là, ce qu’elle voulait c’était qu’il vire sa putain de cagoule. et elle est impatiente la fleur. et il demande une s’il te plait en plus ? non mais il se prenait pour qui au fait ? la reine de mon cul ? elle soupire et roule excessivement des yeux. déjà qu’elle courbait l’échine devant ses bourreaux, elle ne comptait pas le faire devant un random du stunfest.

- à ta place je ne ferai pas le malin, JE tiens le couteau.

non elle ne comptait pas péter un coup. parce que déjà les princesses ne pètent pas. elle soupire une nouvelle fois un peu plus fort histoire qu’il comprenne n’en avait rien à foutre de ce qu’il pensait et ce façon générale. mais heureusement le gars à quelques secondes de lucidité, quel miracle, et retire sa cagoule. au moins, maintenant elle sait que son intuition était la bonne. c’est le type de tout à l’heure.

- ça me convient, pour le moment.

elle baisse son couteau, mais ne baisse pas son attention pour autant, elle ne se fera pas avoir comme une bleue la petite hela. la fleur des épines acérées. elle écoute ce qu’il a dire. il n’est pas violent, au contraire, puis avec les menaces qu’elle lui a faite, probable qu’il n’ait pas très envie de perdre ses couilles.

- le blé. il est tombé ici, alors il n’appartient à personne j’te signale. petit rictus moqueur au coin des lèvres. elle jette ses cheveux en arrière en le fixant. c’est pas ma faute si ton drône a fait d’la merde. donc, c’est tombé chez moi, c’est donc mon fric.

elle hausse les épaules encore une fois simple question de logique.

- mais. il fallait dire qu’il avait une bonne gueule, il était pas méchant, il avait juste l’air pas très malin. elle le détaille, ça n’a pas l’air d’être un mauvais gars. admettons que j’accepte. elle lève les sourcils. c’est cinquante/cinquante. parce que TU as fait une erreur pas moi. la vie est dure pour tous mon mignon. j’te fais une fleur en te donnant la moitié. elle sourit innocente, elle se rapproche de lui comme un félin, elle vient passer la main sur son visage, enjôleuse. puis t’es mignon, j’veux pas abîmer une belle gueule comme la tienne. elle lui fait un clin d’oeil avant d’ajouter. t’as qu’à dire que c’est le blé que tu me files pour avoir défoncé ma fenêtre. elle plante son regard charbon dans le sien avant de dire clairement. alors t’accepte le deal, mon mignon ?

– À ta place je ne ferai pas le malin, JE tiens le couteau. Je sais pas pourquoi elle juge nécessaire d'énoncer l'évidence – je le vois, son foutu couteau. Difficile de l'oublier. Alors je l'observe et je souffle, vaguement agacé par toute la situation, pas franchement impressionné par l'air supérieur qu'elle se donne. La seule chose qui m'empêche de me foutre d'elle et de me mettre à fouiller juste là, sous son nez, c'est son arme. Et la menace qu'elle s'amuse à faire planer sur mes couilles.

Je tente des compromis, tâtonnant dans mes actes et mes mots pour comprendre à qui j'ai affaire exactement. J'essaie de la comparer à ce que je connais – comme mon ex Coco la cinglée, qui m'a réellement poignardé. Mon interlocutrice doit être au moins aussi folle, mais elle a l'air plus pondérée. En tous cas, elle prend le temps de me taper la causette avant d'agir, ce qui est un avantage non-négligeable. Ça me permet de gagner du temps.

La cagoule finit relevée sur ma tête, comme une preuve de bonne foi, ou une croquette balancée à un clébard enragé pour détourner son attention. Ça ne suffira pas, mais c'est un bon début pour calmer le jeu. – Ça me convient, pour le moment. Je me mets à rire, parce que ses airs hautains ont beau être irritants, ça m'amuse quand même. – Ah ben si sa Majesté est satisfaite... Je fais une courbette ridicule, moulinet de poignet à l'appui. La moquerie est palpable, mais trop innocente pour être vexante – enfin, j'espère.

Son couteau se baisse légèrement. Je souris.

On est peut-être sur la bonne voie.

Je prends de plus en plus confiance, jusqu'à en oublier un peu la dangerosité de la situation, ne voyant finalement qu'une fille qui doit faire la moitié de mon poids et une bonne tête de moins que moi. Le couteau devient un détail dans mon esprit. Un simple obstacle que je dois trouver un moyen de contourner. – Le blé. Il est tombé ici, alors il n’appartient à personne j’te signale. Son petit rictus ne m'échappe pas. C'est qu'elle est en train de se foutre de ma gueule, là. – Non non non, c'est mon fric et il est pas « tombé » chez toi, tu l'as pris. Je pointe un index accusateur dans sa direction, pendant qu'elle me fait un jeté de cheveux en arrière comme si on était dans un clip de Beyoncé. Je sais pas d'où elle sort, cette nana, mais je suis encore tombé sur un sacré numéro. – C’est pas ma faute si ton drone a fait d’la merde. Donc, c’est tombé chez moi, c’est donc mon fric. Et elle ponctue sa mauvaise foi d'un haussement d'épaules. Petite garce.

La bouche ouverte, je suis prêt à rétorquer et lui prouver par A+B qu'elle raconte n'importe quoi, bien décidé à me lancer dans un débat pourtant inutile, voire même puéril. Mais elle ne me laisse pas le temps de dire quoi que ce soit. – Mais. Admettons que j’accepte. Je referme automatiquement la bouche, haussant les sourcils, surpris par ce revirement de situation. Ç'a été beaucoup plus facile que prévu. – C’est cinquante/cinquante. Parce que TU as fait une erreur pas moi. La vie est dure pour tous mon mignon. J’te fais une fleur en te donnant la moitié. C'est pas vraiment ce que j'espérais, mais ça reste un sacré pas en avant, compte tenu de la situation de départ. Ça ne suffit pas à me convaincre pour autant. – On m'a filé un drone pourri, j'vois pas en quoi c'est ma faute. T'es juste une sale voleuse. Dans le fond, ça n'a rien d'étonnant – j'aurais fait la même chose à sa place, comme la plupart des gens de cette ville. C'est juste que ça m'emmerde, de me retrouver dans le rôle de l'arnaqué.

J'ai toujours été l'escroc.

Mes muscles se tendent lorsqu'elle s'approche de moi et j'esquisse un mouvement de recul, mais c'est sa main non-armée qui vient à ma rencontre, glissant sur mon visage. J'ai du mal à comprendre à quoi elle joue. – Puis t’es mignon, j’veux pas abîmer une belle gueule comme la tienne. Certes, on est d'accord sur ce point. Ça n'explique tout de même pas son changement de comportement. Y a cinq minutes elle voulait me poignarder les couilles, et maintenant elle minaude comme une midinette. Mon froncement de sourcils trahit ma perplexité, tandis qu'elle continue son cirque, m'adressant un clin d'œil. – T’as qu’à dire que c’est le blé que tu me files pour avoir défoncé ma fenêtre. Je lâche un rire bref, teinté d'incrédulité. – Pour ce truc, là ? Mon bras se lance vaguement dans la direction de la fenêtre. – Tu déconnes, ton carreau pourri vaut vingt balles à tout casser ! J'exagère peut-être un peu, mais elle aussi. Rien à foutre de sa fenêtre. Tout est déglingué dans cet immeuble, de toute façon. Faut pas s'attendre au luxe quand on squatte un vieux bâtiment abandonné.

Elle insiste. – Alors t’acceptes le deal, mon mignon ? Non. Je compte bien récupérer tout mon fric, mais elle a toujours son couteau et vu ses changements d'humeur sans queue ni tête, je ne me suis pas trompé sur son profil : y a quelque chose qui tourne pas rond là-dedans. Alors je prends sur moi, et je décide d'aller dans son sens, lâchant un long soupir. Histoire de jouer le type un minimum contrarié. – Vas-y, tu casses les couilles. J'attends une seconde de plus, et puis : – C'est bon ça va, fifty-fifty. C't'arnaque. Je tire un peu la gueule, lui faisant signe qu'elle peut aller récupérer mon dû, maintenant qu'elle m'a fait abdiquer.

Mes mains se lèvent à nouveau, pour la mettre en confiance, lui montrer qu'elle a définitivement gagné. Je suis planté là, la queue entre les jambes, m'avouant vaincu.

J'attends.

Et quand elle se met finalement en mouvement, je décide que c'est le moment ou jamais d'agir.

Elle est en train de me dépasser quand ma jambe vient brutalement chasser les siennes, de façon à lui faire perdre l'équilibre. Je profite de l'effet de surprise pour l'attaquer en traître, derrière elle. Je la fais tomber en avant, me retrouvant rapidement assis à califourchon sur son dos, tentant de l'immobiliser comme je peux. – Lâche ! Mes mains se cramponnent à ses poignets pour l'empêcher de m'atteindre, et je frappe son bras armé sur le sol encore et encore, jusqu'à ce que sa poigne sur le couteau faiblisse malgré elle. S'enchaîne une courte lutte pour que je le récupère enfin, non sans me couper la paume sur la lame à cause de ses mouvements intempestifs. Je grogne mais je resserre ma prise sur l'arme une fois que je l'ai, levant mon bras pour la garder hors de sa portée. De toute façon, elle est couchée sur le ventre, donc son champ de manœuvre est considérablement réduit pour le moment. – C'est bon, tu t'calmes maintenant ? Ma main libre garde l'un de ses poignets prisonnier et je continue de peser sur elle de tout mon poids, comme pour lui faire comprendre que les rôles se sont inversés. Sauf que moi, je ne menace pas de la planter. À vrai dire, je me contente juste de garder le couteau loin d'elle – je ne compte pas l'utiliser. – Allez, tu l'as mis où mon fric ? C'est la première étape. Ensuite, je le prends, et je me tire.

Le problème, c'est que je ne suis pas sûr de la manière dont je vais procéder. J'ai comme l'impression que si je la relâche, elle va me sauter dessus pour m'étriper avec ses ongles. Peut-être que si je trouve les bons mots, je pourrai la raisonner. Ou peut-être que je vais devoir l'assommer. J'y ai pas réfléchi, avant d'attaquer. Y a pas de plan. Y en a jamais.

les choses semblent tourner un peu trop vite en sa faveur, il y a comme une odeur de moisi dans l’air. pourtant elle avait sorti ses meilleurs arguments. mais le type là, il était trop décidé à garder son pognon, alors qu’il change aussi vite d’avis, il y avait cachalot sous graviers. mais hela avait bien analysé ce type, il avait tout sauf l’air d’un dingue comme elle pouvait l’être, c’était juste une petite racaille qui aboie fort. rien de très méchant, ni de quoi s’inquiéter, surtout après avoir vécu avec les mauvais traitement de l’akai. autant dire que pour elle, elle n’était pas impressionnée pour un sou. mais il n’empêchait que ce changement d’avis pour un cinquante-cinquante, c’était louche, hela le savait bien. ce type n’a pas changé d’avis et c’est pas ses mains levées qui vont la rassure, loin de là. elle est méfiante, elle sait bien que tourner le dos à un ennemi, c’est se montrer faible. mais elle attend de voir ce qu’il va se passer. hela est une survivante et elle sait qu’elle se sortira de toutes les situations. après tout ce qu’elle avait vécu, elle ne compte pas se faire avoir si facilement. pourtant, elle finit par se retourner et aller vers une commode, pas du tout l’endroit où est planqué le fric en vrai. mais sa réaction, elle ne la surprend pas. mais ça lui coupe quand même le souffle et elle gémit de douleur. alors qu’il gueule et retient son poignet, elle fait genre de se débattre un peu, mais lâche bien vite son arme blanche. face contre terre, avec son poids sur tout son dos, elle ne peut pas bouger. elle tourne la tête sur le côté. d’une voix tremblante, très bonne actrice, elle commence à dire.

- mon…. mon ventre. bles….blesse p… pas mon ventre. pitié. elle laisse quelques larmes couler sur ses joues, convaincante. elle tente de croiser son regard, mais c’est compliqué dans la position actuelle. écoute… en vrai… je m’appelle sakura. elle ne montre aucun signe de lutte, en temps normal, la vraie hela se serait débattue comme une diablesse, elle aurait hurlé comme une hystérique, mais elle la joue fine cette fois. j’suis… j’suis juste une pute. je … je suis enceinte. mes patrons m’ont viré. pitié… j’ai… j’ai besoin de blé. elle renifle fortement. et de sa main libre elle montre où est vraiment le coffre, dans la penderie. c’est là… mais pitié… prends pas tout, laisse m’en un peu… je veux pas finir à la rue. elle finit la laisser tomber son bras avant de dire tout bas. 2105 le code. j’te la fais pas à l’envers, j’te jure. mais arrête d’appuyer sur mon ventre…

elle baisse la tête. elle attend de voir si son meilleur jeu d’acteur avait marché. en soit, c’était pas complètement faux. il y avait de la vérité dans son discours, une petite dose de mensonge, voilà pourquoi tout était si crédible. maintenant il suffisait de voir si le cambrioleur tombait dans le panneau ou pas. elle aurait très bien pu profiter qu’il tourne le dos pour l’attaquer, ou alors peut-être que son numéro émotionnel allait marcher et qu’elle allait avoir un peu de blé. mais dans tous les cas, elle ne voulait pas que ça finisse dans le sang. enfin, si monsieur choisit la bonne option, tout se passerait bien… ou pas.

Tout en demandant où se trouve mon fric, j'essuie ma paume sanglante sur mon jean noir, continuant de grimacer un peu. Foutue cinglée avec son couteau. – Mon…. Mon ventre. Bles….blesse p… Pas mon ventre. Pitié. Je reporte mon attention sur elle, un peu interloqué par sa voix devenue tremblante et la détresse qui semble émaner de ses mots. Son regard cherche le mien, mais moi, tout ce que je vois, ce sont les larmes qui ont commencé à rouler sur ses joues. Presque aussi parfaites que celles qu'on voit dans les films. – Attends, tu chiales ? Je suis complètement perdu. – Pourquoi tu chiales ? Elle est vraiment, vraiment difficile à suivre. Elle joue la psychopathe avec son couteau et ses menaces, puis elle minaude en m'appelant « mon mignon » et maintenant, elle se met à pleurer comme une gamine apeurée.

J'y comprends plus rien.

– Écoute… En vrai… Je m’appelle Sakura. Je sais pas trop si elle dit vrai ou si elle s'invente un faux prénom, mais dans tous les cas, je m'en fiche un peu. J'aimerais juste qu'elle arrête de pleurer. – Ok Sakura. T'as d'la chance, moi j'suis monsieur Sympa. J'vais pas te faire de mal, j'veux juste récupérer ma thune et c'est tout. Promis, j'te poignarderai pas les couilles, moi. À priori elle n'en a pas ; c'est juste pour faire le parallèle entre ses menaces que j'ai plutôt prises au sérieux, et le fait que moi, je n'en fais aucune. La lame a beau être levée dans les airs, je ne compte pas me la jouer Jack l'éventreur. Je tente même un sourire pour me donner l'air aussi sympa que je dis l'être.

J'ai pas l'impression que ça ait beaucoup d'effet. – J’suis… J’suis juste une pute. Je … Je suis enceinte. Mes sourcils se froncent et mon bras armé s'affaisse légèrement, alors que je baisse les yeux comme si je cherchais à vérifier ce qu'elle raconte. Mais elle est couchée sur le ventre alors ça complique un peu les choses – et de toute façon, je suis bien placé pour savoir que les apparences peuvent être trompeuses à ce sujet. Y a qu'à voir la surprise que nous a fait ma gamine, en débarquant suite à un déni de grossesse. – Mes patrons m’ont virée. Pitié… J’ai… J’ai besoin de blé. Je soupire. Elle est bien belle, son histoire de bébé, mais je n'ai aucune raison de la croire. Après tout, elle change de comportement toutes les cinq minutes, alors je ne sais plus trop quelle version d'elle est la plus proche de la réalité. Peut-être qu'elle essaie encore de me rouler. Ou peut-être que c'est maintenant qu'elle dit la vérité, et le reste du temps qu'elle jouait un rôle, pour se donner l'air dangereuse ou quelque chose du genre. J'en sais trop rien.

De toute façon, quand bien même ce serait vrai, elle n'est pas tombée sur l'un des rares bons samaritains de cette ville. Mon blé, c'est mon blé.

Mes yeux suivent le mouvement de sa main libre, qui désigne la direction de la penderie. – C’est là… Mais pitié… Prends pas tout, laisse m’en un peu… Je veux pas finir à la rue. Je tique. Finir à la rue, hein ? On est au Com'. Y a pas de loyer, au Com'. Pas de proprio casse-couilles qui peut vous foutre dehors, pas même de factures d'eau ou d'électricité puisque tout est rafistolé, bidouillé, détournant les ressources des secteurs d'à côté.

Son histoire tient pas la route. Si elle m'avait dit qu'elle a besoin d'argent pour les frais médicaux ou une connerie comme ça, passe encore. Mais finir à la rue ? Non. Pas ici. Alors je sais pas si elle ment sur toute la ligne ou seulement sur quelques éléments, si elle est vraiment enceinte ou même une pute, si son nom c'est Sakura ou Jessica, si elle pleure parce qu'elle flippe de voir le couteau dans ma main, ou parce qu'elle veut s'attirer ma pitié. Soit il y a du vrai quelque part, soit elle peut se présenter à la cérémonie des Oscars pour sa prestation. Ses larmes me dérangent.

J'ai jamais aimé faire pleurer les filles.

– 2105 le code. J’te la fais pas à l’envers, j’te jure. Mais arrête d’appuyer sur mon ventre… Dans le doute, je glisse vers l'arrière, de façon à peser seulement sur le bas de son dos, laissant plus de place à son ventre. Sait-on jamais. – T'sais quoi, on va dire que c'est vrai, Sakura. Mensonges ou pas, j'accepte de tenir compte de tout ce qu'elle m'a dit jusqu'ici. – J'y suis pour rien, moi. J'suis pas ton boss, ni ton client, ni rien du tout. J't'ai pas mise en cloque, hm ? Pourquoi j'devrais te laisser d'la thune ? J'ai jamais filé de pension à Netty, c'est pas pour ensuite donner de l'argent à une soi-disant pute enceinte que je ne connais même pas. Je me considère comme un type gentil, mais faut pas déconner. – Moi aussi j'en ai besoin. Chacun sa merde. Si encore elle avait été à North End, une meuf du quartier, que je connais de vue ou qui a des amis en commun avec moi, pourquoi pas. Y a de l'entraide entre nous – j'ai grandi là-dedans, en voyant mes parents filer des coups de main aux voisins alors qu'on était constamment en galère nous-mêmes. Ils ont essayé de me transmettre ces valeurs.

Mais on n'est pas dans mon quartier, j'ai jamais vu cette fille de ma vie, et elle n'a pas le bon profil – pas la même couleur que moi.

Je n'ai aucune raison de lui tendre la main.

– Tu devrais déjà être contente que j'sois pas rancunier alors que t'as voulu me voler mon fric. J'en connais qui le lui auraient fait payer, certains plus cher que d'autres. Contrairement à moi qui suis plutôt inoffensif là-dessus. La violence, c'est pas mon truc.

– Bouge pas. Je descends enfin de mon perchoir, la laissant libre de ses mouvements alors que je me redresse lentement. – Tu restes couchée. Oublie pas que JE tiens le couteau. Je prends le même ton qu'elle cinq minutes plus tôt, l'air un peu moqueur. L'arme est toujours là c'est vrai, en guise d'élément dissuasif. Je reste prudent, toujours pas sûr de savoir à qui j'ai affaire – la psychopathe sanguinaire du début, ou la petite chose qui tremblait sous mon poids ? Le doute me pousse à la méfiance. Mes yeux ne la quittent pas tandis que je recule doucement jusqu'à la penderie, refusant de lui tourner le dos pour le moment. Je m'arrête lorsque je bute contre le meuble, lançant une main dans mon dos à la recherche du coffre. Tout ce que je sens sous mes doigts, c'est du tissu, du tissu, toujours du tissu. Je suis obligé de tourner la tête pour chercher le coffre, mes sens toujours focalisés sur Sakura. Lorsque je le trouve, je pose à nouveau les yeux sur elle, pour vérifier qu'elle ne s'est pas matérialisée juste devant moi entre temps. Rassuré par ce que je vois, je me détourne encore, le temps de commencer à l'ouvrir. Mon regard va et vient entre elle et ce que je fais, pour ne jamais la laisser sans surveillance plus de trois secondes.

Je suis surpris de découvrir qu'elle m'a effectivement donné la bonne combinaison.

Tergiversant un court instant, je finis par lui tourner le dos pour des raisons pratiques, mais je continue de regarder par-dessus mon épaule toutes les deux secondes, pour éviter une attaque surprise. Mes doigts sont toujours étroitement serrés sur le manche du couteau. Ma main libre – et blessée – récupère les liasses une à une, que j'enfonce dans mes poches. C'est un peu long, puisque je suis obligé de surveiller Sakura pendant l'opération.

Et puisque je suis toujours entier à la fin, je décide de croire qu'elle n'est peut-être pas aussi cinglée qu'elle en avait l'air au début de notre entrevue. Ou peut-être que si, mais elle a moins de points communs avec Chucky que prévu.

– T'sais quoi, comme t'as été sage, j'vais faire un geste. On dirait que je m'adresse à une enfant qui a bien réalisé l'exercice qui lui a été demandé. Cette petite victoire me met en confiance, décuple cette arrogance qui me sied si bien, et laisse mon ego prendre le pas sur la prudence. – T'auras qu'à aller faire des courses, ou réparer ta fenêtre. Je m'octroie le luxe d'être généreux, ou en tous cas, de penser l'être. Mon attention se détourne d'elle, le temps de retirer vingt petits dollars de mon butin. Je lui tourne même le dos, déposant les billets à l'intérieur du coffre resté ouvert.