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 the thread follows the needle [malcolm]

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MessageSujet: the thread follows the needle [malcolm]   the thread follows the needle [malcolm] EmptySam 9 Mai - 1:01



Clope qui tangue au bord des lippes gourmandes qui lui pompent goulument tout son air à intervalles réguliers. Tabac qui s'embrase, se coule dans les vaisseaux, paresse un peu dans les poumons, s'évapore en épaisses volutes qui piquent un peu les yeux mais que les cils chassent dans une série de battements imperceptibles. Et tout ça, sans l'aide des mains. Non, pas le temps les mains. Elles s'affairent, elles s'agitent, elles se trempent allègrement dans la peinture et s'étalent un peu partout sur l'espèce de bâche plus ou moins blanche qu'on aura épinglée au mur un peu plus tôt. Camaïeu d'azur qui nait de splashs qu'on envoie s'écraser à toute allure, de caresses qu'on distribue du bout des doigts, de vagues qu'on étend à l'infini du plat de la paume. Liquide froid et visqueux qui se mélange sur la toile, qui sèche au creux des jointures, qui se répand un peu partout, jusqu'aux coudes, dans les boucles brunes, et même sur le menton.

Peindre, elle adore ça Mano. Au pinceau parfois, avec tout et n'importe quoi souvent, mais s'en foutre partout, c'est tout ce qui compte. Musique qui crève les tympans, stéréo toute moisie aux basses vrombissantes, mais dont on ne se débarrassera qu'une fois qu'elle aura poussé son dernier cri. Cigarette au bec, chignon grossier haut perché sur la tête, une simple culotte, et toujours ce même débardeur tâché, troué, victime de toutes les autres expériences similaires, uniforme circonstanciel. Ce qu'elle peint, ça, elle ne sait pas bien, et elle s'en fout. Et puis d'abord, elle ne peint pas, elle danse, elle divague, elle tournoie entre les pots de bleu qui dégueulent sur les pages de journaux qui se froissent sous ses pieds nus. C'est un spectacle bien curieux pour José, sept ans, chat de gouttière en intérim devenu chat d'humain à plein temps, ayant élu domicile chez les Soto, et plus particulièrement, au coin Est du matelas qui sert de couchage à sa propriétaire. Si on sait parler chat, on remarque sans grande difficulté ce petit museau qui se fronce de perplexitude, parce qu'il a beau y assister souvent, à cette mascarade digne d'un film d'auteur suédois, il ne comprend toujours pas.

Entre deux accords de guitare, un bruissement sourd, comme un gros insecte qui se débat pour se remettre sur le ventre après s'être fait balayer sur le dos. José le chat qui se met à miauler en grattant l'édredon. José le chat qui peste si fort maintenant qu'il sort la Mano de sa presque transe, et ça, ça ne lui fait pas plaisir du tout. "Que te pasa joder ?!" Boule de fringues qui fend l'air, projectile improvisé, que le matou évite de justesse avant de filer s'aplatir quelque part entre une pile de vinyles et une commode brinquebalante. Et toujours ce bidule qui se meut et se débat au milieu des draps. Housse et sa couette qu'on chasse à la volée, pour découvrir le coupable, le provocateur, le perturbateur qu'on aimerait châtier : malheureux téléphone portable qui se cabre en clignotant de tous les côtés. Sur l'écran qui flashe, on peut lire si on t'appelle là tu réponds. "Joder...", oui, encore, parce que quand on a du bleu de partout, c'est vachement plus contraignant pour interagir avec un appareil technologique. D'abord, donner un coup de talon sur le dessus de la stéréo pour faire taire ce pauvre Elmore James qui n'a finalement rien demandé. Ensuite, se chiffonner les phalanges dans le marcel pour qu'elles collent un peu moins et pouvoir choper le portable sans faire trop de dégâts. "Allô?" A l'autre bout de la ligne, c'est la voix hésitante de Maggie, la collègue du centre où elle fait du bénévolat quand ça lui chante, qui bredouille si bas et si mal qu'on peine à entendre un mot sur deux. "Mag, relax, et articule." Voilà qui est mieux. "Quoi là maintenant ?" Pas mieux du tout. "T'es sûre que t'as bien regardé ?... ... ... C'est pas que j'te crois pas Mag, c'est juste que là j'ai autre chose à foutre que me pointer au centre pour t'aider à chercher une pipe à crack s'tu veux... ... ... Bah je sais pas moi tu lui dis de se détendre et de repasser demain ! ... ... ... Mag ? T'es là ?" Se mordre le poing pour chasser la colère qui commence à pointer le bout de son nez. Grimacer parce que non, vraiment, la peinture, c'est pas bon. Soupirer longuement en écrasant son mégot sur le cendrier improvisé qui trône sur les bouquins entassés qui servent de table de chevet. C'est toujours pareil avec les nouveaux : un max de bonne volonté au départ, puis ça tourne de l'oeil à la vue des aiguilles dans les premiers jours, ça s'encanaille ensuite parce que ça veut pas avoir l'air de se dégonfler, et puis ça panique pile quand il faudrait pas. Et bien évidemment, qui est ce qu'on appelle à la rescousse au moindre pet de travers ? Mano-les-grandes-mains, coqueluche des âmes égarées qui viennent se shooter au bonheur factice entre les quatre murs qu'on a leur a cédé pour limiter la casse. Super héroïne complètement flinguée qui ne résiste jamais bien longtemps à un cri de détresse. Et puis elle est pas bien méchante Maggie, ça serait quand même bien con qu'elle se mette à hyper ventiler alors qu'elle veut juste donner de son temps pour sortir de la merde ceux qui aiment tant s'y enfoncer jusqu'au cou.

Pas la peine de prendre une douche ni de se mettre sur son trente-et-un pour rejoindre cette destination qui en ferait rêver plus d'un. Se débarbouiller au lavabo, se glisser dans un jean et choper le premier sweat qui passe sous la main, ça fera amplement l'affaire. Une gratouille sous le menton du félin, histoire de dire ça va c'est bon j't'en veux pas, une petite phrase lancée entre deux portes pour pas que le Papo se fasse du mouron, et la voilà qui enfourche son vélo, fidèle destrier qui l'accompagne partout. Hop là pardon je suis pressée dégagez le passage excusez moi, ça pédale vite, ça pédale bien, si bien qu'en une poignée de minutes, elle déboule au pied de la bâtisse croulante qui accueille d'un côté le centre social, de l'autre, la Maison du Bonheur, comme l'ont renommée les habitués. "Hé Mano, qu'est c'tu fous là ? C'est pas ton jour aujourd'hui ! On t'manquait trop c'est ça ?" Pas le temps pour les bavardages, elle se glisse derrière la porte vitrée toute couverte d'affiches, droite, gauche, ah ! Elle la reconnaît cette tignasse rousse qui semble à peine moins affolée qu'à l'autre bout du fil. "Mano ! J'y crois pas tu es venue ah merci Mano merci !", qu'elle glapit en la chopant par les bras pour la secouer comme un prunier. "C'est lui là bas le gamin là, je crois qu'il est à deux doigts de péter les plombs s'il te plaît tu veux bien lui parler ? ... Tiens tu as du bleu là sur l'oreille, dans les cheveux aussi. Tu faisais du bricolage ?" Ça dévisse la tête sur la droite le temps de repérer la bête. Assis à l'autre bout du couloir, il fait sauter ses genoux tellement fort qu'on sait plus si c'est lui ou si c'est la chaise qui tremble. "Ça va Maggie, j'm'en occupe." Décoller les doigts moites de la collègue pour se diriger vers le fauteur de trouble, bras croisés, tranquille tranquille. Garder son calme, quoi qu'il arrive. Se planter devant lui comme ça, l'air de rien. Gamin, gamin, elle doit pas être beaucoup plus vieille que lui. "Bon c'est quoi le problème ? Tu vois pas que tu la fais carrément flipper la Maggie là ?" Une minute. Mais t'es qui toi ? Si je t'ai déjà vu quelque part, il suffit d'une fois. Un visage ça s'oublie pas. Et le grain de beauté sur ta joue. Mais bordel, t'es qui ?
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Malcolm Allen
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the thread follows the needle [malcolm] 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Malcolm est sanguin, hyper impulsif. Il réagit au quart de tour et peut passer d'une émotion à une autre, totalement opposée en un rien de temps. + Malcolm a trois doigts tordus, séquelles d'une nuit de breakdown où il s'est explosé les mains contre le mur de sa chambre + Y a comme un odeur d'ammoniaque chez lui, dû au crack qu'il fume.
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Il squat l'un des petits studios disponibles. Les chiottes sont sur le pallier et la douche n'a pas d'eau chaude est est dans un coin de la pièce. Ca fait environ 12 m2, c'est moche, y a qu'un lit une place et deux places chauffantes de branchée. Il a pris celui-ci car c'est l'appartement voisin de Draxter.

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MessageSujet: Re: the thread follows the needle [malcolm]   the thread follows the needle [malcolm] EmptyLun 25 Mai - 0:18

La journée n'aurait pas pu plus mal tourner. C'est comme si j'étais né avec le gène de la guigne, de toute façon. J'venais de palper dix grammes sous l'Ambassador, auprès d'un des rares dealers qui coin qui traite encore avec moi. Les retards de paiement et cette putain de ville qui part en vrille n'arrange pas les affaires des galériens de mon acabit. J'ai emprunté le scooter de Damon, au Com. J'voulais pas risquer d'me promener avec la caisse que m'a dégoté May dans un coin aussi craignos. Avec les dettes que j'ai auprès de la population des vendeurs d'espoir de MexicanTown, j'allais finir par me la faire tirer. J'connais les règles du jeu pour y avoir joué un certain nombre de fois. Alors une fois la transaction faite, je range tout mon attirail sous le siège. J'ai tout pris avec moi, parce que j'projette de m'effondrer quelque part vers la casse, pour consommer tranquille. Sans Drax dans l'appart d'à côté, sans Rex pour aboyer dès que l'ammoniaque aura imprégné les rideaux. Être tranquille, ouais, c'est tout ce que je demande. On peut pas dire que je passe le meilleur week-end de ma vie. C'est souvent par phase, ce genre de malaise qui me tord les boyaux et qui revient écouter mes nuits et faire flamber mes neurones. Mais faut croire que c'est pas un mauvais weekend que je passe, rien qu'une mauvaise année. Sentiment ravalé qui se tasse au fond de mon bide et qui pèse de plus en plus lourd. Je mets la clé sur le contact du scooter. Oh, frère, dis, t'as pas une clope ? Une fois qui m'appelle par derrière, je lui adresse pas un regard, je sais même pas qui m'appelle. Nan, désolé. Que je réponds, distrait. Allez, fais pas ta pute. Insiste la voix. Cette fois je me retourne d'un air soulé. Mais j'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, le poing s'abat sur mon visage et me fait tanguer trois pas plus loin. J'ai à peine le temps de prendre mes esprits que le bruit du moteur me secoue. Le gars a sauté sur mon scooter, (enfin celui de Damon) et a démarré en trombe. Non, non, NON ! J'hurle et me lance à sa poursuite sur trois pâtés de maison avant de m'arrêter essoufflé. Il a tracé de toute façon et je vois le scooter disparaître à l'horizon et moi je suis comme un con au milieu de la route les deux mains sur le crâne, la bouche entrouverte, sous le choc ce qui vient de se passer. J'hurle comme un fou, m'énerve, tape dans un panneau stop qui est plus solide que moi, ça m'arrache la main. Je tape encore, une fois deux fois, trois fois, jusqu'à ce que la douleur irradie dans tout mon bras (et qu'un passant ne commence à s'énerver). Là je m'arrête, en me tenant ma main douloureuse contre mon ventre qui brûle. Putain, putain, putain.

Je mets un temps fou à rejoindre Delray et le Com'. Et quand j'arrive, Damon est dans la cour intérieur. J'dois lui annoncer qu'on m'a tiré son scooter et il m'incendie sur place. Si bien que c'est Draxter qui doit intervenir pour nous séparer, parce que le ton est monté. Il crie que j'vais lui en retrouver un de scooter, et qu'il doit se calmer. Mais même moi, je décolère pas. Je me fiche de son scooter, et je lui en retrouverais cinquante dès demain si seulement ça me permettait de récupérer le précieux sésame que j'avais caché dans le coffre. Mes dix grammes de crack, toutes mes économies durement rassemblées. J'ai envie de pleurer de rage, d'ailleurs, c'est presque ce qui se passe quand Drax me traîne littéralement, comme un père en furie, jusqu'à notre étage. Par une contorsion excédée je me libère de son emprise devant la porte de mon appartement en lui hurlant de me foutre la paix. Mais Drax gueule plus fort que moi, comme toujours. Il demande des comptes, ce qu'il s'est passé, avec le scooter et tout ça, si j'ai des ennuis. Mais je suis pas d'humeur, et t'façon, j'pourrais même pas lui expliquer. Faudrait que je lui dise que j'étais à l'Ambassador, et on ne va là-bas que pour acheter de la drogue. Je suis dans tous mes états, j'arriverais pas à trouver un mensonge qui tienne la route. Alors je dis seulement que j'veux me coucher et je rentre dans mon studio miteux en claquant la porte derrière moi.

Tout m'énerve dans cet appartement. Il est trop petit, il est moche. J'en ai marre de galérer, j'en ai marre de pas pouvoir m'acheter autant de crack que je veux, j'en ai marre de tout. Démoralisé, je m'énerve quand je me déshabille et envoie mes fringues dans tous les coins d'un air enragé. Je passe dix longues minutes sous le pommeau de douche avant que l'eau ne devienne glaciale. Putain mais RIEN NE VA. Je martèle le pommeau de douche contre le carrelage dans un mouvement d'humeur incontrôlé, et l'envoie à mes pieds dans la bagnoire. Le jet d'eau asperge toute ma salle de bain minuscule et je finis par la couper. Silence de mort. J'ai mes poings contre mes yeux et je tente vainement de me calmer. Mais y a rien qui calme quand je suis dans cet état. Rien sauf le crack.

Je sors de la douche, décidé à trouver une solution à mes emmerdes. J'appelle quelques potes en me frottant la tête d'un serviette plus ou moins propre. Mais personne n'a de solution. Tout le monde a une bonne excuse. Ce que je pense c'est que y en a aucun qui a envie de m'aider et ça me met dans un état encore plus lamentable. Et c'est à ce moment-là que je me dis que la soirée n'aurait pas pu plus mal tourner.

J'avais encore tout faux, comme d'habitude.

J'ai eu ce genre d'idée "lumineuse" qu'ont les désespérés. J'ai enfilé un ensemble de jogging et j'ai vissé une casquette sur ma tête. J'connais un endroit. Et c'est clairement le seul espoir que j'ai, vu mon état. La respiration courte, le coeur qui s'emballe, les vertiges. J'reconnais les symptômes qui me promettent une nuit d'agonie. Alors pas l'choix, que j'me dis. C'est vraiment la seule idée que j'ai eu, à ce moment-là. Je sors de mon appartement et dès que j'ai mis un pas dehors, Drax il sort la tête du sien pour me demander à nouveau des explications. Mais je l'ignore et ça l'énerve, il me hurle dessus depuis le haut des escaliers. En fait, y a un bourdonnement si présent dans mes oreilles que j'entends rien du tout. Je cours vers ma caisse, j'ignore Damon qui est en train de me descendre devant tous les gars de l'immeuble qui sont là, j'ignore tout. Je ne vois que mon objectif. Et il me traîne en bagnole jusqu'à North End.

Mon lycée était juste en face, c'est pour ça que j'connais la salle de shoot.

J'hésite un peu, je sais même pas à quoi m'attendre à l'intérieur. Les gars qui fréquentent ce genre d'endroit sont ce qu'on fait de mieux en terme de raté de la société. Ceux qui n'ont plus rien à prouver, parce que plus rien à perdre, enfoncés si profondément dans la dépendance qu'ils ne cherchent plus de solution, ni même à ce cacher. Ils sont toxicos, et c'est tout. Et ils se piquent ici par praticité, ou parce qu'ils n'ont aucune autre solution. On vient pas dans les salles de shoot pour l'hygiène. On y vient quand on est si seul au monde qu'on ne sait même plus où aller d'autres, c'est ce que je me dis. Et de me voir, là, dans le rétro, la joue encore en feu de l'agression du type, les yeux encore rouges de mes pétages de plombs et la main enflée de ma colère, ça me dépite. J'transpire littéralement du manque, et j'ai envie de m'arracher les yeux pour ne plus voir ce reflet dans le rétroviseur. Mais tant pis. Je donne un coup dedans pour le dérégler et effacer mon image et je sors de ma bagnole.

Une fois entré je baisse ma casquette un peu sur mon crâne, surtout parce qu'à North End j'ai toujours peur d'être reconnu par quelqu'un. Je soupire pour me donner du courage et m'étale contre le comptoir de l'accueil pour attirer l'attention. Patientez m'sieur, on va venir s'oc- qu'on commence à me sortir et par mouvement d'humeur je fais demi-tour pour sortir d'ici avant de tout péter, mais je reviens en arrière, m'affale à nouveau sur le comptoir pour attirer l'attention de la nana. J'ai besoin d'crack, pis d'matos aussi. Genre une pipe à crack. La fille me dévisage et ça me fout mal à l'aise. Euh… vous êtes inscrit sur le registre ? Quoi ? Quel registre putain ? On est dans une salle de shoot ici non ? Ma voix est rapide, brusque, désagréable. La fille à l'air impressionnée. Par mon jeune âge peut-être, ou par toutes ces émotions en vrac qui s'entrechoquent dans mon regard. Elle secoue les mains pour me calmer tout de suite, un peu dépassée, trop vite dépassée : Non attendez, c'est pas comme ça que ça se passe ici, je vais vous expliquer. Et je m'enfonce le visage dans mes deux mains d'un air désespéré, ravale un long soupir plaintif. J'ai envie de me tirer une balle sur le champ tellement ils ont tous l'air de s'être ligué contre moi depuis ce matin. Le ton monte vite, à nouveau. Je m'impatiente, je commence à me donner en spectacle. Ça attire les regards autour de moi, de personnes qui patientent, mais aussi pas mal d'énervement. Je gueule que je demande un truc simple, qu'ils sont sensés m'aider. Et pis pourquoi personne veut m'aider putain ? La fille essaye de me calmer en vain. Jusqu'à ce qu'elle sorte la phrase magique, quinze minutes plus tard : J'vais vous donner ce que vous voulez, calmez-vous, s'il vous plait. Laissez moi juste cinq minutes. Allez attendre là. Elle me montre une chaise libre. J'inspire, expire. Fais un sourire de travers. M'assois sur cette putain de chaise tellement inconfortable que je serais mieux sous les roues d'un train. La nana attrape le téléphone. Je la quitte pas des yeux, même si je n'entends pas ce qu'elle dit, et qu'en plus elle me tourne le dos maintenant. Je commence à me ronger les ongles, comme je le fais tout le temps, avec une frénésie obsessive et une jambe se met à rebondir nerveusement.

Et puis j'ai l'impression d'attendre un siècle. Je désespère complètement et me fais plein de films différents. Peut-être qu'elle a appelé les flics, ou peut-être Drax. pire, elle me connait, connait mon père et l'a appelé lui. J'en sais rien putain. Pourquoi elle me fait attendre ? Je suis toujours dans tous mes états et je compte les carreaux du sol pour essayer de me calmer quand je vois deux jambes se poster devant moi. Bon c'est quoi le problème ? Tu vois pas que tu la fais carrément flipper la Maggie là ? Maggie, quoi, hein ? Je lève des yeux assassins. Ouais, bah cette bouffonne de Maggie elle capte que dalle aussi. Que je réponds d'entrée de jeu, insolent, à bout de nerf. Et quand enfin mes yeux s'accrochent à ceux de la latina, l'air pas commode, qui est postée devant moi, j'ai un coup d'arrêt cardiaque. Je la reconnais dans la seconde. Manola. La clinique psychiatrique. Des années auparavant. J'oublie pas cette période, parmi la plus éclatée de mon adolescence, violente, traumatisante. Manola, confidente tendre pendant nos années sombres. Le baiser qu'elle m'a volé à l'arraché, notre silence depuis notre puberté déglinguée. Tout me revient en pleine gueule comme un coup d'jus. Comme si j'avais besoin de ça putain. Et ça dure quelques secondes de béatitude stupide où je la fixe par en-dessous la bouche entrouverte, choqué de cette rencontre que je n'avais pas vu venir, tout droit sortie d'un passé que j'ai oublié depuis longtemps. Putain. Que j'hoquète sous le choc. Et elle semble intriguée, mais elle n'a pas l'air de m'avoir replacé. Tant mieux, tant mieux putain. C'est inconcevable pour moi d'assumer mon état devant qui que ce soit de connu, surtout pas elle. Depuis le temps, elle ne peut pas avoir fait de son passé une force de caractère pour être là à aider son prochain pendant que moi, ouais moi, je suis toujours le pauvre gosse que je suis, la mauvaise graine qui a encore plus mal tourné qu'on ne le pensait. Non, j'peux pas. J'me casse, c'est bon, Maison du Bonheur mon cul ouais. Et je la contourne, tremblant d'émotion et de rage pour filer vers la sortie, en priant juste pour qu'elle ne me reconnaisse pas sur les dix mètres qui me sépare de la porte d'entrée. Et quand l'air froid de la soirée me claque au visage, je prends une grande inspiration et m'adosse contre la façade crasseuse pour reprendre mon souffle. J'enfonce la main dans ma poche pour en sortir mon paquet de cigarette, et je découvre avec horreur qu'il est vide. Je suis presque secoué d'un petit rire sidéré et fais tomber ma tête contre la façade, désespéré.

Là, on peut vraiment dire que la journée n'aurait pas pu plus mal tourner.
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