Good girls

Cal ne reviendrait pas. Cal t’avait trahie. Cal était presque aussi mort qu’Eanna, à la différence près qu’entre vous, c’était ton coeur à toi qui avait cessé de battre. Parce que Cal te l’avait arraché à mains nues quand il avait pris son sac, fourré ses affaires dedans et claqué la porte. Sans un mot. Sans un aurevoir. Il avait raison Samih, tu avais beau pester comme une folle et l’accuser de t’avoir éloignée de lui, au fond tu savais bien que Cal l’avait fait tout seul, comme un grand. Alors oui, Cal t’avait trahie et cette information tournait en rond dans ton esprit comme un malware, détruisant tout sur son passage.
Personne ne se doutait de rien, tu avais fait la forte, celle qui n’en avait que faire, mais il n’en était rien. Tu avais joué un jeu de dupe avec les tiens, mais combien de temps tiendrais-tu avant de t’effondrer ? Ce n’était sans doute qu’une question de jours, peut-être même d’heures vu ton état d’ébriété. A croire que ta petite rébellion, tu la mènerais toute seule, loin des Kids. Mais pas toute seule pour autant.
Ce soir, c’est avec une amie que tu comptais sortir et tu avais ramené de quoi rendre la soirée un peu plus folle. A vrai dire, tu n’étais pas certaine de pouvoir appeler Athéna « amie » mais c’était ce qui s’en rapprochait le plus. Vous vous étiez rencontrées quelques semaines plus tôt et plus efficace qu’une application de rencontre, elle t’avait invitée à rentrer dans son univers quand tu étais persuadée être seule au monde.
Repérant la blonde à l’une des tables du bar où vous vous étiez donnée rendez-vous, tu t’approchais avant de venir claquer le cul de ta bouteille sur la table de bois poli. « Cadeau ! » annonçais-tu avec un grand sourire dévoilant chacune de tes dents et sans doute aussi ton taux d’alcoolémie. Heureusement, tu tenais plutôt bien à l’alcool, du moins tu n’étais pas le genre à vomir tes tripes ou pisser derrière le premier abri-bus croisé. Non, ça tu laissais aux mecs. Toi, t’étais plutôt du genre à dégoupiller une grenade, attendant qu’elle explose à la première personne venue.
Te laissant retomber à côté d’elle, tu posais tes coupes sur la table et ton visage dans tes paumes, le sourire mutin au coin des lèvres. Trois secondes plus tard, tu repris la bouteille pour l’examiner de plus près. « En vrai, ils devraient inventer des perfusions d’alcool, ça irait plus vite et on aurait pas à se défoncer les cordes vocales en buvant des trucs à…oh, 46% d’alcool, c’est beaucoup tu crois ? Quoique, j’ai réussi à venir de Delray jusqu’à là à pieds, c’est que ça ne doit pas être si fort que ça. » Tu lui souris à nouveau, comme disposée à l’écouter enfin. « ça va ? »

quoi de mieux pour se détendre et arrêter de réfléchir à quelque chose qu'une soirée entre meufs? rien. c'est pas comme si athéna pouvait se contenter de son plan habituel qui consisterait à chiller sur son canapé. y a trop d'images qui lui reviennent en tête quand elle est assise dessus. et vu qu'elle sait pas comment réagir à ces images, athéna, elle s'dit que sortir avec une pote, c'est mieux que gamberger chez elle. elle envoie quand même un message à ares pour lui dire qu'elle sort et qu'elle sait pas à quelle heure elle va rentrer. parce que même si c'est bizarre entre eux, un peu - beaucoup -, en ce moment (surtout à cause d'elle qui n'a aucune idée de comment gérer cette situation), elle le prévient quand même. l'habitude et aussi parce qu'elle a pas envie qu'il se demande ce qu'elle branle. elle a pas envie d'oublier de répondre à des "t'es où?" et de l'inquiéter bêtement.
et vu que sa meilleure pote a décidé d'être une connasse et de continuer de clasher son frère, athéna sait qu'elle a pas envie de passer une soirée avec elle. ce serait une putain d'angoisse mixée à des envies de meurtre. pas le bon plan, ça, pour se détendre.
en rentrant au bloc, athéna fait pas dans la demie-mesure. elle compte pas attendre may debout. compte pas aller danser en étant sobre. trop de gens défoncés. trop de gars déchirés qui vont faire ressortir les réflexes de merde qu'elle a depuis l'autre connard.
"Cadeau !" annonce may en posant une bouteille sur la table, grand sourire accroché aux lèvres. sourire auquel athéna répond en remarquant que sa pote est déjà bourrée. pas grave, athéna la rattrapera bien assez tôt. trop habituée au binge-drinking. elle se pose à côté d'elle, may, visage dans les paumes de ses mains, sourire rempli de conneries aux lèvres. "En vrai, ils devraient inventer des perfusions d’alcool, ça irait plus vite et on aurait pas à se défoncer les cordes vocales en buvant des trucs à…oh, 46% d’alcool, c’est beaucoup tu crois ? Quoique, j’ai réussi à venir de Delray jusqu’à là à pieds, c’est que ça ne doit pas être si fort que ça." le sourire d'athéna s'élargit en écoutant may. de delray jusqu'ici à pieds, c'est pas mal, en effet. mais le pire, c'est rarement l'aller. le pire, c'est souvent le retour. là, c'est toujours plus compliqué. "ça va ?"
c'est au tour d'athéna d'observer la bouteille, elle attrape les coupes que may a posé, ouvre la quille et remplie leurs verres. pressée de s'alcooliser elle aussi. "c'est un bon bail ton idée de perfusion, là. mais ça enlèverait tout le fun, non? parce que ça monterait surement d'un coup, sans qu'il y ait les étapes intermédiaires." est-ce que c'est un moyen de ne pas répondre à sa question? probablement. mais qu'est-ce qu'elle peut répondre? elles se sont pas vues depuis une semaine, ou plus, athéna a pas gardé le compte. mais elle sait que la dernière fois, un type avait pas failli la violer. elle était encore meilleure pote avec sa meilleure pote. et elle venait pas de baiser son frère. bref, trop de choses qui font qu'elle préfère éviter la question. boit une gorgée du verre, grimace à cause de l'absence de diluant. et c'est vrai, que ça nique la gorge. "et toi?" grand sourire aux lèvres, comme si elle avait répondu. sauf que contrairement à son état à elle, celui de may l'intéresse. de toute façon, athéna, elle ira beaucoup mieux après quelques verres. c'est juste une question de temps.

Des amies, tu n’en as jamais eu beaucoup dans ta vie. Des copines comme ça oui, mais des filles avec qui tu étais suffisamment en confiance pour te confier ou passer plus de quelques heures d’affilées ? Non, pas vraiment. D’ailleurs, tu n’avais pas vraiment d’amis tout court en réalité, en dehors des Kids. Peut-être que d’une certaine manière, ils étaient l’étau qui t’empêchait d’avancer toute seule, de faire ta propre vie. Tu te souvenais bien de la réaction de Samih quand tu avais évoqué la possibilité qu’il n’y ait pas qu’eux dans ta vie. Il n’avait pas aimé, pas du tout même. Maintenant que tu étais avec JJ, il devait donc être heureux, pas d’intrus, pas de fuite. Juste vous. Les rescapés.
Sauf que viscéralement, tu avais besoin de remonter à la surface parfois et happer quelques goulées d’oxygène loin d’eux, loin du groupe. Un peu comme ce soir où tu allais retrouver Athéna, ta nouvelle copine du moment.
Tu l’aimes bien, elle ne te prend pas la tête et puis, elle ne te place pas comme rivale. Avec Vivi et les autres, ça avait toujours été une compétition cachée entre vous, avec Athéna, non. Ça te faisait du bien, un peu de calme dans le chaos. Tu ne pouvais pourtant t’en prendre qu’à toi-même, tu aimais trop les dramas pour rester sage dans ton coin. Ni hier, ni ce soir, ni demain.
Tu annonces le ton en claquant le cul de la bouteille sur la table de la blonde, un sourire béat d’une oreille à l’autre. C’est drôle parce que vous êtes raccords, ni l’une ni l’autre ne s’est attendue. Parfait. Tu te laissais tomber à côté d’elle avant de dire de la merde, tu ne réalises même pas. Tout ce que tu vois, c’est qu’elle se sert, prête à te suivre et ça, c’est une bonne nouvelle. Tu l’encourages d’ailleurs en mettant deux doigts pour soulever le culot de la bouteille pour qu’elle en verse davantage. Tu hoches le menton à sa réflexion. « ça dépend pourquoi on se met à l’envers » boire pour le fun, c’est cool. Boire pour oublier, ça commence à craindre. Tu hausses des épaules à sa question. « ça va, comme ça va toujours pour tout le monde » bref, ça n’allait pas, mais tu allais surmonter ça, t’étais pas si faible que ça. « L’ambiance était plus cool à Savannah, ici tout le monde a l’air déjà un peu mort, tu ne trouves pas ? » May la bonne ambiance, tu regardais pourtant autour de toi, le visage posé dans ta main ouverte et le constat n’était pas formidable. « En plus, les mecs là-bas, on dirait vraiment des baltringues, pourquoi on a choisi ce bar là au juste ? »

tous les moyens sont bons pour fuir l'appartement. non seulement l'appartement, mais surtout ares. elle aime pas la gêne qui plane, les regards de biais, ni la légère animosité qui règne entre eux. ça lui déplait. comme de ne pas savoir lui parler, pas savoir quoi lui dire, pas pouvoir lui envoyer de message pour lui dire de la merde. juste qu'elle sait pas à quelle heure elle rentre. mais que ouais, elle va rentrer. même si ce sera tard, suffisamment tard pour espérer ne pas avoir à le croiser. et comme tous les soirs, athéna s'retrouve au bloc, mais cette fois, c'est avec may. au moins, elle se bourrera pas la gueule toute seule, cette fois. et c'est tant mieux. faire ça en solitaire, ça commence à la saouler. d'ailleurs, may débarque, se pose sur la chaise en face d'athéna, dépose aussi une bouteille et des verres. pas de diluant? pas grave. les cuites, ça va, ça vient. et elle leur sert déjà des verres, athéna, verse plus dans celui de meadbh qui met ses doigts sous la bouteille pour en avoir plus. et la première gorgée pique la gorge, putain. "ça dépend pourquoi on se met à l’envers" ouais, c'est pas faux. athéna, elle sait pas vraiment pourquoi elle le fait, parce que pour oublier, c'est trop cliché. et même si elle voulait, elle y arriverait pas, images encrées dans sa tête qui apparaissent à leurs guises. juste pour penser à autre chose, pour arrêter de réfléchir. ouais, c'est ça la raison. "ça va, comme ça va toujours pour tout le monde" sentiment réciproque, d'où le hochement de tête d'athéna en guise de réponse. elle pourrait lui demander ce qui ne va pas, ça se fait entre amies, mais athéna, elle a pas l'impression que may ait vraiment envie d'en parler, comme elle n'a pas envie de parler de ses problèmes, elle non plus. "L’ambiance était plus cool à Savannah, ici tout le monde a l’air déjà un peu mort, tu ne trouves pas ?" athéna regarde autour d'elle juste après avoir rigolé à sa remarque. parce que clairement, ici, tout le monde finit éclaté, c'est la règle. "c'est le bloc, ça. t'as de tout et n'importe quoi dans le coin, d'où... les états." dit-elle en fronçant les sourcils, juste avant de grimacer quand elle voit une meuf gerbée dans un coin isolé - mais trop tard, athéna l'a vu. putain. "En plus, les mecs là-bas, on dirait vraiment des baltringues, pourquoi on a choisi ce bar là au juste ?" athéna se retourne pour voir de quels gonzes elle lui parle. et y en a plusieurs qui pourraient coller au profil décrit. "bof, j'sais pas. c'est l'option de facilité pour moi." qu'elle lâche, parce que c'est même pas à dix minutes à pied de chez elle, alors forcément que c'est tentant. "mais on peut bouger, j'm'en tape." ouais, tant qu'elles ont la bouteille et qu'elles sont deux, athéna se fout d'où elles vont. "et pourquoi? tu veux pécho?" petit sourire en coin et haussement de sourcil équivoque qui va avec. athéna a pas envie de pécho, mais ça la dérange pas d'aider sa pote à le faire si elle en a envie.

Tu ne te souvenais même plus de la dernière fois que tu avais eu une amie en dehors des Kids. Il y avait bien eu les anglais, mais tu n’étais pas certaine que l’on puisse qualifier cette relation d’amicale, ni avec l’un, ni avec l’autre. Et puis, Athéna ne cherchait pas à repousser tes limites, elle ne te demandait pas de la poignarder, par exemple. C’était agréable, même si au fond, l’excitation de cette relation improbable te manquait. Au fond, tu étais peut-être un peu mal-foutue, toi aussi. Peut-être que t’étais montée à l’envers parce que oui, tout ce qui avait pu t’arriver jusqu’à présent, tu ne regrettais rien. Pas plus que tu n’avais de remords pour ce que tu avais pu faire. Certes, c’était à moindre mesure par rapport au monde qui t’entourait, mais est-ce que tout le monde menait cette vie dirigée par les rapports de force ? Est-ce qu’Athéna aussi, avait ce besoin presque viscéral qu’on la cadre aussi brutalement qu’on le faisait pour toi ? Est-ce qu’elle aussi, aimait vivre avec ce frisson d’excitation mêlée à la peur ? Est-ce qu’elle aussi connaissait le goût du sang ? Ou était-ce juste toi qui avait de sérieux problèmes ? Tu aimais imaginer que non, ce n’était pas toi le problème. En réalité tu te voyais même encore comme la petite fille sage. Une petite fille qui venait narguer les chiens enchainés, en espérant secrètement que la chaîne se brise.
Quand tu regardais Athéna, tu n’avais pas l’impression qu’elle était ainsi faite. En fait, elle te semblait même parfaitement équilibrée, le genre de fille à sortir sans se prendre la tête et avoir des amis avec qui picoler sans raison. Elle avait même un job. Tu ne te souvenais même plus de la dernière fois que tu t’étais bougée, par habitude que Daire s’occupe de ce genre de détails. Tu ne comptais pas changer ça, mais devant Athéna, tu jouais à la fille normale. Même si t’avais un peu trop bu, histoire de prendre de l’avance. Peut-être trop, vu ton humeur. Heureusement que la blonde ne se formalisait pas de si peut et tu finis par sourire à sa remarque. Elle n’avait pas tort, si tu voulais voir des gens en pleine forme, ce n’était pas ici qu’il fallait venir. Continuant à critiquer, tu lui désignais des mecs qui ne ressemblaient vraiment à rien. « Ici ou ailleurs c’est pareil, t’as raison » approuves-tu finalement en jouant avec l’étiquette de ta bouteille pour la décoller du bout des ongles. A sa question, tu te mis soudain à rire. « Non, figure toi que j’ai un mec maintenant ! » Tu te redressais un peu, un joli sourire aux lèvres. « On se connaît depuis des années, il avait toujours une copine à l’époque donc voilà, j’suis pas une salope, je laissais tranquille, et puis un jour elle a disparu et puis voilà. » Tu fronces des sourcils. « ça fait un peu roue de secours dit comme ça » tu attrapes la bouteille que tu avais ramené à Athéna pour en boire une gorgée. « Mais c’est pas grave, c’est bien d’avoir son attention. J’ai l’impression d’être invincible avec. » tu souris doucement. « Et toi ? Je connais rien de ta vie en vrai »

c'est vrai que le bloc, c'est pas l'endroit le plus fou de détroit. y a surtout des gens défoncés, ivres morts et en général, ça finit toujours pas partir en couilles avant la fin de la soirée, mais bon, c'pas comme si athéna restait jusqu'à ce moment tous les soirs. elle part toujours avant, juste pour éviter tous les cons qui aiment foutre la merde. et avec l'alcool, de toute manière, tout le monde est vite sous tension. elle comprise, pour ça qu'il vaut mieux qu'elle s'arrache pour ne pas se foutre dans la merde trop facilement. pas fan de la violence - ironique quand on voit qui est son frère, mais bon, peu importe. et faut qu'elle arrête de penser à lui, parce qu'il y a les images qui reviennent et ça, ça aide pas son cas. ça aide ni à oublier, ni à se vider la tête. "Ici ou ailleurs c’est pareil, t’as raison" ouais, parce qu'au final, si c'est pour se torcher la gueule, le bloc conviendra très bien. et y a de la musique, suffisamment pour danser si elles en ont en envie. et quand elle mentionne les mecs derrière athéna, cette dernière se retourne et s'aperçoit qu'en effet, c'est pas de la grande qualité. mais athé est pas là pour ça ce soir. penser à ça, ça fait penser à ares et encore une fois: c'pas le but recherché. "Non, figure toi que j’ai un mec maintenant ! On se connaît depuis des années, il avait toujours une copine à l’époque donc voilà, j’suis pas une salope, je laissais tranquille, et puis un jour elle a disparu et puis voilà. Ça fait un peu roue de secours dit comme ça. Mais c’est pas grave, c’est bien d’avoir son attention. J’ai l’impression d’être invincible avec. Et toi ? Je connais rien de ta vie en vrai." et c'est une des premières fois que may parle autant, qu'elle lui dit autant de choses personnelles à la fois. ça étonne athéna, la surprend un peu, mais elle l'écoute quand même avec attention. athéna lui sourit. "j'suis contente pour toi, meuf!" et c'est sincère. tant mieux si elle est heureuse avec son gars. quant au 'et toi', athéna ne sait pas trop comment y répondre. parce que dernièrement, ce qui s'est passé dans sa vie, c'est pas ouf. et elle a pas envie de plomber la soirée. surtout, elle ne compte aucunement mentionner ce qui s'est passé avec son frère, c'est beaucoup trop personnel pour qu'elle en parle. même si elle aime bien may, c'est pas la question. "hm, j'ai pas grand-chose à raconter, t'sais. j'ai pas de copain, la dernière fois que j'suis sortie avec un mec, c'était y a genre deux mois? on a rompu à cause d'un désaccord." c'est peu de le dire, le type avait mal parlé sur ares (même si ares y était pour quelque chose, ça change pas les faits) et c'était fini après ça. "disons que j'me lasse vite et quand c'est pas à cause de ça, c'est parce que mon frère est allé menacer le type et qu'il a eu peur, donc bon...." elle hausse les épaules, reprend une gorgée de son verre, refait une grimace avant de revenir regarder may. "et voilà, c'est à peu près tout, mais si tu veux savoir quelque chose, demande directement, hein, hésites pas." suivant la question, ce n'est pas dit que may obtienne toute la vérité, mais athé répondra quand même.

L’alcool que tu avais bu avant de venir faisait son effet et ça te rendait étonnamment plus volubile qu’à l’accoutumée. Oh tu t’amusais bien à faire la maline avec les mecs que tu croisais, mais ce n’était pas pareil. Avec Athéna, tu n’avais pas besoin de jouer à un rôle ni quoique ce soit. Elle ne te connaissait pas après tout, pas plus qu’elle ne connaissait ta vie ou des amis, encore moins tes ennuis. Tu pouvais bien être qui tu voulais, avec elle, alors pourquoi pas toi-même ? Puis au fond, tu allais assez bien avec le décor. Tu avais beau te moquer des ivrognes et des camés, en réalité tu n’étais pas meilleure. Pas parce que tu te mettais la tête à l’envers, non tu tenais plutôt bien l’alcool dans les faits, mais parce que toi aussi, t’étais déglinguée. Tu n’avais simplement pas la tête de l’emploi.
Puis sans vraiment savoir pourquoi, tu lui racontais ta vie. Tu ne savais pas bien pourquoi, mais une fois lancée, tu ne savais plus t’arrêter, probablement la faute à l’alcool en fait. Parce que ce soit, tu avais abusé et tu allais sans doute en payer le prix. En même temps, il valait mieux que tu l’ouvres avec elle plutôt qu’un inconnu croisé au hasard. Ou pire, à un Kid qui ne manquerait pas de te juger. Et devant eux, tu te donnais du mal pour bien te tenir.
Tu souris donc à Athéna à la fin de ton monologue avant de te repositionner pour l’écouter à son tour, curieuse. « Un désaccord ? Genre il était vegan et pas toi ? » questionnais-tu, les sourcils froncés en imaginant le type de désaccord. Tu finis néanmoins par rire à l’évocation du frère protecteur. « Sans pression ton frère va virer tes mecs ? » Cal ne risquait pas de virer grand monde dans l’état actuel des choses, tu te demandais même si ça lui viendrait à l’idée. Reprenant le fil, tu hausses des épaules. « J’suis pas du genre à faire passer l’interrogatoire, j’suis d’ailleurs pas habituée à me faire des amis en dehors de ma petite bande »

athéna pensait pas que may était en couple, mais en même temps, elle n'avait jamais vraiment posé la question. et en vrai, elles savent pas grand-chose l'une de l'autre donc c'est normal qu'athé apprenne des choses quand elles se parlent. et quand may parle de son gars, elle a l'air contente et ça, au final, c'le principal. par contre, quand la balle est renvoyée dans le camp d'athéna, c'est moins cool. parce que c'est pas si simple. il s'est passé un tas de choses. un tas de choses dont athé a pas tellement envie de parler. pas parce que c'est may en face, mais juste parce qu'elle a pas vraiment envie d'aborder ces sujets-là. "Un désaccord ? Genre il était vegan et pas toi ?" athéna rigole, parce que quand même, elle quitte pas un mec pour ce genre de raisons. d'ailleurs, au final, la raison est toujours la même. elle change pas, invariable. "hm, non, pas vraiment. en fait, mon frère l'a menacé et le gars est venu me voir pour me le dire. il a dit qu'ares, mon frère, était pas normal, que c'était chelou, blah blah. j'lui ai dit que c'était un fragile, il a pas apprécié, moi non plus. bref, j'l'ai largué." et peut-être que l'explication est trop longue, mais c'pas grave, tant pis. et elle a pas vraiment envie de parler d'ares. pas ce soir, mais elle le fait. pas le choix. parce qu'en même temps, c'était lui la raison, ça sert à rien d'en inventer une. "Sans pression ton frère va virer tes mecs ?" athéna hausse les épaules, boit plusieurs gorgées de son verre. passion d'ares depuis qu'athé a eu son premier copain. et au final, surement qu'elle comprend mieux le pourquoi du comment maintenant. "ouais. c'est chiant, mais j'me suis habituée. et j'sais être plus discrète maintenant. bon, après, c'est pas des grandes pertes de manière générale, mais bon, j'avoue que c'est casse-couilles." ouais, parce qu'en soit, athé s'en branle un peu de ses petits copains. c'est un peu comme des plans culs, intéressants que pour une seule chose, le reste c'est bof. "J’suis pas du genre à faire passer l’interrogatoire, j’suis d’ailleurs pas habituée à me faire des amis en dehors de ma petite bande" et ça fait plusieurs fois que may mentionne sa 'bande', alors ça attise la curiosité d'athéna. même si à la base, elle est pas du genre à faire des interrogatoires non plus. "ça fait longtemps que tu les connais, tes potes?" curieuse, du coup.

Tu lui balançais toutes ces informations sans filtre et sans entrer dans les détails, comme si elle connaissait les tenants et aboutissants. Ce n’était pas le cas, mais l’alcool t’empêchait sans doute de le réaliser. D’ailleurs, faute à l’alcool aussi si tu avais subitement ouvert les vannes, sans chercher à stopper le flot de mots qui se déversaient de ta bouche. Athéna est moins refaite que toi, elle cherche encore ses mots et pèses les maux qu’elle veut bien te partager ce soir. Demain, tu n’en saurais peut-être plus rien, le risque reste pourtant bel et bien !
Sagement, tu l’écoutais parler de son frère et ça t’amusait de voir qu’il ne semblait pas simple. Au fond, ça te rassurait un peu, de savoir que les autres aussi ont un grain, que ça ne tourne pas rond là-haut. « Bah ouais j’comprends, moi aussi ça m’aurait soulé qu’on vienne parler sur mon frère » Oui, c’était un fait : il était interdit de parler bête sur la famille, ou les amis. Pas étonnant que son frère s’en soit mêlé du coup ! Pour le coup, tu comprenais mieux la position d’Athéna ! « Je crush toujours sur des gars capables d’enterrer leurs problèmes » racontais-tu d’un ton égal, ta manière de dire que toi, ils ne risquaient pas de te dire grand-chose, leur problème finissait souvent réglé à coup de pelle et réduit au silence. Tu ne voyais vraiment pas JJ venir se plaindre chez toi de quoique ce soit. A la rigueur, il te rapporterait une tête, mais ça s’arrêtait là.
Ceci dit, le frère relou, ça n’irait qu’un temps et visiblement, Athéna était du même avis. Tu comprenais bien ce qu’elle voulait dire. Toi non plus, tu n’aimais pas être contrôlée alors bien souvent, tu filais sans prévenir personne et tu vivais ta vie. Parfois, tu regrettais ton imprudence, mais ta bonne étoile veillait sur toi, là-haut ! « Je comprends, quand j’ai pas envie de lui dire où je suis, j’éteins le portable et je fais genre Oups, la batterie ! » Ce n’était pas contre lui, c’était juste que parfois, tu aimais bien voire d’autres gens, genre Athéna. Sa question te fait pourtant lever les yeux. Tiens, c’était vrai qu’à Détroit, tu n’étais pas associée à eux systématiquement et puis vous étiez moins connus qu’à Savannah ! « Six ou sept ans ? On est tous irlandais, faut croire que l’mal du pays ça rassemble. Et toi, t’es de Détroit même ? »

parler d'ares ne faisait pas vraiment parti de ses plans de ce soir. la seule raison pour laquelle elle sort autant depuis quelques jours est justement parce qu'elle ne veut pas le croiser - et donc lui parler. alors non, elle comptait pas le faire à la base. mais faut croire que c'est difficile de faire autrement. et même si ça l'emmerde, c'est logique. ils vont pas l'un sans l'autre. phrase qui raisonne encore plus aujourd'hui. "Bah ouais j’comprends, moi aussi ça m’aurait soulé qu’on vienne parler sur mon frère" ouais, parce que même si athé a envie de le tuer en ce moment, le truc c'est qu'il reste son frère. et s'il y a bien une seule personne qui peut le critiquer, c'est athéna, pas les autres. "t'as un frère?" demande athé, curieuse, parce que même si may parle souvent de son groupe de potes, elle a jamais parlé d'un lien familial en particulier. mais à sa façon de le dire, on dirait qu'elle comprend très bien, comme si elle-même avait un frère. "Je crush toujours sur des gars capables d’enterrer leurs problèmes" bon plan, mais c'est pas toujours forcément mieux, parce qu'au final, enterrer ses problèmes, ça ne veut pas forcément dire savoir les gèrer. et c'est athéna qui parle, donc concrètement vu comment elle gère sa situation en ce moment, on peut dire que c'est l'archétype de cette idée. "en général, j'sors avec des fragiles, c'plus facile à gérer" et là, athéna ne parle que des petits-amis, pas des plans cul. les plans cul sont beaucoup moins fragiles. mais ouais, ares a raison, ses petits copains sont nuls. sauf qu'elle demande pas qu'ils soient comme lui à la base. au contraire. athéna cherche tout l'inverse. "Je comprends, quand j’ai pas envie de lui dire où je suis, j’éteins le portable et je fais genre Oups, la batterie !" cette technique a arrêté de marcher le jour où ares a envoyé des messages à des gens avec qui elle trainait pour savoir où elle était quand elle lui répondait pas. ouais, un stalker. "ma technique pour être discrète, c'est squatter chez des potes quand j'veux voir un gars. ou alors bah... utiliser les lieux publics si c'est un cas de force majeure." dit athéna en haussant les épaules. parfois, y a pas le choix. et comme elle a pas le droit de baiser à l'appartement, elle s'arrange comme elle peut. "Six ou sept ans ? On est tous irlandais, faut croire que l’mal du pays ça rassemble. Et toi, t’es de Détroit même ?" ah ouais, ça fait un moment qu'ils se connaissent en effet. athéna aimerait bien aller en irlande, voir ce que ça donne là-bas. en fait, elle aimerait bien aller partout: quitter detroit une bonne fois pour toutes. "ouais, j'suis née ici. mes darons habitent encore à delray." qu'ils crèvent, d'ailleurs. "pourquoi vous avez choisi detroit? genre... parmi toutes les destinations, c'est vraiment pas la meilleure." clairement pas, même.

Tu aimais bien discuter avec Athéna et découvrir sa vie. C’était l’occasion de voir autre chose que les Kids. C’était ce que tu te disais et pourtant, tu te retrouvais à parler de Cal et des Kids, c’était quand même dingue, ça, leur omniprésence dans ta vie ! Visiblement, tu n’étais pas la seule à vivre avec ce problème. De toute évidence, Athéna n’avait pas envie de parler de son frère, mais elle le faisait quand même. Tu dodelinais de la tête avant de poser ta main contre ton front, accoudée ainsi à boire ses paroles. La question de la blonde te fit alors réaliser que tu n’avais pas parlé de Cal depuis longtemps. Très longtemps même. En même temps, que pouvais-tu dire à son sujet ? Vous étiez liés comme personne puis du jour au lendemain, il avait disparu. Que pouvais-tu dire de plus ? A un moment, tu avais un frère, puis tu ne l’avais plus eu. Cette seule pensée te fit attraper la bouteille et en boire deux longues rasades. « J’ai un frère oui, sauf que je ne sais pas où il est, c’est con, hein ? » sifflais-tu, rageuse. D’ailleurs, tu en avais trois, et tout trois qu’ils étaient, ils t’avaient laissé tomber. En quittant la maison, la famille, les Kids. A croire que c’était un truc chez les mâles Driscoll, de fuir. D’abandonner. Toi tu ne laissais pas tomber ta famille.
Sa remarque sur le choix de ses copains te fit rire, un peu fort d’ailleurs. « T’as raison, comme ça c’est toi le boss ! » Oui, au fond Athéna avait sans doute raison, ce n’était pas si con cette technique, ne choisir que des bouffons et garder la voie libre. Un peu comme toi et JJ, sauf que c’était toi la fragile et lui le patron. Avec lui, ça ne te dérangeait même pas. Avec Knox non plus d’ailleurs, ça ne te dérangeait pas. « En matière de mecs, je choisis toujours ceux qui ne sont pas bons pour moi, j’dois avoir un truc qui ne tourne pas rond chez moi ! » racontais-tu, la langue toujours aussi déliée.
Avec attention, tu écoutais la technique d’Athéna pour échapper à la surveillance de son frère. Ce n’était pas con, mais c’était un peu triste de devoir mentir à ses proches, choses que vous faisiez du matin au soir entre Kids d’ailleurs. Parce que vous vous protégiez, à votre manière. « On y habite aussi. Vous n’avez pas envie de foutre le camp pour un joli coin ? genre Savannah ? Si je pouvais, j’y retournerais ! »

c'est pas désagréable d'en apprendre plus sur may. au contraire, c'est toujours mieux de savoir à qui on parle. même si au fond, ouais, may peut mentir ou ne pas dire un tas de trucs, mais c'est pas le plus important. le plus important actuellement pour athéna, c'est de pouvoir discuter sans se prendre la tête. qu'elle ait pas envie de se barrer même si elle parle d'ares. "J’ai un frère oui, sauf que je ne sais pas où il est, c’est con, hein ?" oh wow, putain, si athéna savait pas où était ares, elle péterait un câble. et elle sait de quoi elle parle, le nombre de fois où elle était à deux doigts de péter un plomb quand il était en prison, c'est quelque chose. mais elle savait où il était et c'est le plus important. "j'pourrais pas. ne pas savoir où il est, j'veux dire." et c'est dit avec un tel sérieux que ça s'voit qu'elle le pense fort. parce que même quand ils sont en froid, comme là, elle sait qu'il est dans les parages et c'est ce qui compte. pas d'athéna sans ares, impossible. concernant les autres gars qui sont dans sa vie, c'est simple, elle tape pas dans les fortes têtes. assez d'une à la maison pour pas s'encombrer de plus. "T’as raison, comme ça c’est toi le boss !" ouais, puis comme ça, ils la font pas chier surtout. et comme ça ils rechignent pas quand elle donne un endroit et tout le bordel. ouais, moins de complications. "En matière de mecs, je choisis toujours ceux qui ne sont pas bons pour moi, j’dois avoir un truc qui ne tourne pas rond chez moi !" athéna manque de rire, parce que franchement? entre choisir des mecs qui tournent pas rond et baiser son frère? y a une marge et franchement, athéna doit avoir des problèmes. "ouais j'vois, genre jaloux, possessif et qui gueule un peu trop?" et pas que, y a aussi des côté sympas. bref. athéna boit plusieurs gorgées de son verre, ça fait pas de mal. "On y habite aussi. Vous n’avez pas envie de foutre le camp pour un joli coin ? genre Savannah ? Si je pouvais, j’y retournerais !" et athéna hausse un sourcil, parce que savannah? c'est où, ça? elle connait pas. athéna n'a en tête que les grandes villes des states, elle a pas cherché plus loin. de toute façon, elle a jamais bougé de detroit, même si c'est pas l'envie qui manque. "j'sais pas où est savannah?" c'pas méchant, c'est juste qu'elle sait vraiment pas. "et j'aimerais bien visiter autre chose. après, j'habite à krainz avec ares maintenant. plus à delray dans cette maison de merde. mais j'aimerais bien bouger, voir un autre endroit pour de vrai, pas juste à la télé." mais c'est plus facile à dire qu'à faire, parce que partir, c'pas si facile que ça. et pas sans ares.

Ça ne te prenait pas souvent de discuter ainsi sans réfléchir et en dire autant sur ta vie, sur tes proches et même sur ta famille. Peut-être qu’au fond, elle te semblait inoffensive Athéna, pas du genre à venir foutre la merde autour d’elle et c’était appréciable, pas comme Barbra et Trixia. Non, Athéna semblait tranquille, à ne pas vouloir d’emmerdes et surtout, à ne pas en causer non plus. Alors voilà sans doute pourquoi tu lui avais accordé ta confiance, assez pour lui parler de Cal en tout cas. Au fond, tu en avais peut-être besoin aussi, besoin de t’exprimer au sujet de son abandon. Sur ce point, Athéna semblait d’ailleurs aussi scandalisée que toi ! Tu hochais du menton d’un air blasé. « C’est aussi ce que je croyais, avant qu’il parte ! » C’était toujours toi et Cal. Puis un beau jour, c’était devenu toi toute seule. C’était aussi brutal qu’elle se l’imaginait, oui ! « En même temps, c’est un truc de famille ça, d’abandonner les autres, même quand on prétend rester l’un pour l’autre pour toujours ! » Avant ça, vos frères avaient fait la même chose, ils prétendaient rester pour vous soutenir et à la première occasion, ils foutaient le camp avec toutes les bonnes excuses du monde ! Tu soupirais en tirant ton paquet de cigarettes, en tirant une pour la coincer entre tes lèvres. Tu ne l’allumais pas pour autant.
Le sujet n’était pas très joyeux, alors tu changeais l’air de rien, évoquant ta relation avec JJ. Entre vous, ce n’était pas toujours simple, tu avais cette manie de dire et faire exactement ce qu’il attendait de toi. Pourquoi ? De peur de le décevoir ? Qu’il se lasse de toi ? Tu ne savais pas bien, mais par moment, tu avais besoin de t’éloigner, juste pour pouvoir agir sans te soucier de rien, sans craindre les retombées d’une mauvaise décision, d’un mot de travers. « Si ce n’était que ça ! » Souris-tu doucement en repensant à la relation qu’avaient eu JJ et Eanna avant toi. Pas dit que tu voulais réellement te mettre à sa place. Elle n’était pas obligée d’en connaître les détails et puis, tu n’étais pas certaine qu’elle comprendrait. Il fallait être un Kid pour comprendre et encore, ce n’était pas dit. « Savannah, c’est près de l’océan, pour commencer ». Qu’importe quel côté du Pays, ça ne lui changerait pas grand chose. Tu finis par lever les yeux sur elle. « Pourquoi vous le faites pas ? »

non, y a pas moyen qu'athéna vive sans ares. ça a jamais bien fonctionné. ou plutôt elle a jamais bien fonctionné sans lui dans les parages. comme quand elle avait treize piges et qu'il est allé à l'hôpital pendant un an. comme quand il est allé en prison. ça marche pas. ou mal. elle y arrive pas vraiment. "C’est aussi ce que je croyais, avant qu’il parte ! En même temps, c’est un truc de famille ça, d’abandonner les autres, même quand on prétend rester l’un pour l’autre pour toujours !" athéna l'observe un moment - ça s'voit que may a bu. elle a jamais été aussi bavarde. et elle balance des bouts de vie naturellement. c'est inhabituel, mais en même temps ça donne envie de creuser à athéna. sauf qu'elle sait pas si c'est vraiment une bonne idée. elle verra bien. "J'sais pas comment tu fais. Les quelques fois où j'pouvais pas  le voir, j'ai toujours fait que de la merde. Y a jamais eu que nous deux. Mais après, 'fin, si tu le vis bien maintenant c'est tant mieux. Et surtout tant pis pour lui d'être parti sans toi." moyen comme un autre de dire que son frère a fait un erreur. peut-être qu'il regrette d'être parti sans elle. peut-être pas. mais dans tous les cas: c'est sa faute. mais bon, comme c'est un peu athéna qui a amené ce sujet sur la table, elle s'dit qu'il vaut mieux qu'elle lui remonte le moral comme elle peut. même si ça fonctionne pas, au moins, elle aura essayé.

la discussion dérape sur les types de mecs. sujet plus fun. même si franchement, may a pas l'air de faire que des bons choix de ce côté-là. sauf que, clairement, c'pas athéna qui va lui faire des leçons de moral. entre ses petits copains éclatés au sol et le fait qu'elle ait tout récemment couché avec son frère... elle n'a absolument aucune leçon à donner à qui que ce soit. "Si ce n’était que ça !" athéna fronce les sourcils en buvant une nouvelle gorgée de son verre. puis elle se ressert. et remplit de nouveau le verre de may par la même occasion. "Comment ça?" athéna croit avoir compris, mais elle veut pas faire des suppositions erronées. est-ce qu'elle choisit des mecs qui tapent? ça a l'air possible, dans ce qu'elle dit. athéna a trop vu ses parents se taper dessus pour faire ça. et comme elle aime pas la violence - elle a jamais tapé personne, elle refuse de se mettre avec un gars qui lui donne des coups. et de toute façon, ares finirait surement par couper les mains du gars en question. "Savannah, c’est près de l’océan, pour commencer. Pourquoi vous le faites pas ?" lui demande may en relevant la tête pour venir croiser son regard. pourquoi ils le font pas? athéna en sait rien. ils sont toujours restés là, pourquoi partir? et pour partir quelque part, il faut de l'argent. plein de raisons. surtout, surement, la vraie ça doit être la peur de l'inconnu. "Cool et il neige ou pas?" c'est une question importante ça. "J'sais pas pourquoi. On l'a juste jamais fait. On n'a pas eu l'occasion, puis, partir pour aller où?" ton légèrement défaitiste, parce qu'athéna sait qu'ils bougeront surement jamais. mais ça l'empêchera pas de continuer de rêver.

Au fond, vous n’étiez pas si différentes l’une de l’autre, toutes deux vous étiez attachées à votre famille et prête à aller jusqu’au bout du monde pour eux. La seule différence finalement, c’est que toi tu connaissais le goût amer de la trahison et de l’abandon. Athena ne savait pas encore ce que ça faisait, d’être laissée seule et dans le noir. Alors parfois, tu te disais sans remords qu’il aurait aussi bien pu être mort ! Et à cette pensée, t’avalais une nouvelle gorgée, tentant de lui expliquer ce que tu avais vécu. D’abord les ainés puis Cal. Tu ne t’en étais toujours pas remise. « Je te comprends, j’suis pareille. Heureusement j’ai mes amis pour me retenir. Mais quand ils ont été en prison, bah ça a bien merdé… Mais maintenant ça va, on est de nouveau tous ensemble ! » racontais-tu, sans réaliser à quel point ce que tu disais pouvait sembler grave d’une oreille extérieure. Parler de prison n’était pas si habituel de la part de jolies filles, on s’attendait mieux à vous voir parler de crush et histoires futiles. Mais vous non, vous aviez vécu du mauvais côté de la ligne. Vous n’aviez jamais eu de paillettes ailleurs que dans vos yeux rêveurs. Des rêves à bas-prix, des rêves à faire rire les riches.
Puis comme vous étiez visibles toutes deux aussi liées l’une que l’autre aux mecs de votre vie, qu’il soit frère, ami ou petit-ami, le sujet glissa évidemment par là. Athéna était célibataire de ce qu’elle disait et tu ris en ayant l’idée la plus saugrenue de l’histoire. « J’pourrais te présenter Samih tiens, lui il est pas chiant, il embêtera pas ton frère » il ne le calculera même pas ! Et tu t’esclaffais en imaginant le couple le plus improbable de l’histoire, mais ce n’était là jamais qu’une divagation due à l’alcool. Athéna avait l’esprit trop vif pour ton camé de frère improvisé. Puis à l’évocation de JJ, tu mentionnais ses travers, sans préciser l’étendue des dégâts, encore moins ta part de responsabilité dans sa folie. N’était-ce pas toi qui lui avait murmuré d’un baiser qu’il en avait le droit ? Que tu ne l’abandonnerais pas. « JJ est juste intense lui. Je te le présenterai à l’occasion, peut-être qu’il s’entendrait avec ton frère ? Surtout s’il est branché bagarre. » ris-tu doucement avant de rêver de Savannah. « Non, je n’ai jamais vu de neige…Pas assez froid. Pas comme ici. Détroit, c’est comme un pied dans l’cercueil. »