mâle alpha (camih) // flashback

Il écrase sa cigarette sur le macadam tandis que son doigt vient heurter la sonnette. Il n'sait pas ce qui l'amène ici, fausse loyauté ou envie d'vider son sac. Tout part en vrille. Tout explose et Cal se sent démuni, l'impression d'devoir endosser le rôle de chef sans savoir comment si prendre. Parce que soyons réalistes, avec Samih dans sa cellule, c'est lui l'mieux placé pour gérer la situation, JJ a déconné, May est plus souvent absente que présente, Macha s'en fou -ou en donne farouchement l'impression- et Daire n'a pas l'étoffe d'un chef, trop instable. Ouais, c'est ce qu'il s'est mit en tête depuis quelques jours Cal. Pauvre type, il est même pas capable de s'occuper de lui correctement et il croit qu'il va réussir à ramener les choses à la normale. Il se voile la face. Vous venez voir qui ? Samih Scully. Le nom qu'il prononce froidement avec l'envie de faire demi tour, l'envie de se barrer en sens inverse. Samih. Celui qu'il a autrefois considéré comme son propre frère, la joie partagé, les existences qui s'sont entrechoqués pour rendre l'autre meilleure. Et puis l'éloignement, croissant, douloureux un temps puis amer pour ne laisser aujourd'hui qu'une rancune un peu folle et maladroite. Le maton lui indique où s'asseoir et il s'exécute. Le temps semble interminable. Ses doigts qui tapotent contre la vitre en face de lui, s'il pensait foutre un jour les pieds en taule, c'était de l'autre côté qu'il a toujours imaginé se trouver.

Il le voit débarquer de loin, la gueule abîmé. Il le regarde, lui qui ne s'est pas demandé une seule seconde comment son ancien comparse pouvait aller. Lui n'a pas tous les paramètres et qui a pris ce détour en prison comme un abandon final, celui qui a sonné la fin d'une relation déjà bien étiolée. Ils se fixent mutuellement comme dans un mauvais western, à l’affût de celui qui parviendra à tirer le premier avant que Cal n'attrape le combiné. Qu’est-ce que tu fais là ? Les mots ne sortent pas. Le silence s'installe à cause de l'inéluctable colère du jeune irlandais. Il s’est passé quelque chose ? Les autres… ils vont bien ? Bien ? Non, personne ne va bien et Sam en est la cause. Ils sont tous à la dérive, ne sachant plus où aller, ni vers qui se tourner parce que cet abruti aux grand yeux de poisson n'a pas su accomplir le taf. Il a laissé les choses s'envenimer. Il se mord la lèvre Cal avant de prononcer ces premiers mots, ignorant clairement les propos de son interlocuteur : j'vais aller chercher Eanna. le ton glacial. Oui, il est venu pour dire ça alors il peut repartir maintenant sauf qu'il est bloqué, le cul vissé sur cette chaise à l'regarder avec un foutu air de chien battu dans les iris. enfin c'est pas comme si t'en avais qu'lque chose à foutre mais comme t'es plus là, faut bien que quelqu'un le fasse.  On pourrait croire qu'il a eu une promotion Cal. Il agit comme si maintenant c'était sur ses épaules que tout reposait. Lui qui n'a jamais rien su, lui qui n'a jamais rien géré et qui n'a conscience que d'un quart des choses, à commencer par la véritable raison qui a mit l'égyptien derrière les barreaux. ouais... Toujours à t'prendre pour le boss. Regarde toi maintenant. il pointe son oeil amoché avant de reprendre : on dirait que tu t'es fais des copains. Cette conversation, Cal ne l'aurait probablement pas si une vitre ne les séparaient pas. Lui qui abuse clairement de son statut de "libre". Lui qui laisse sortir la colère et l'incompréhension accumulée au fil des mois sur le seul capable d'encaisser. En tout cas, c'est ce qu'il croit Cal, que Samih peut continuer de prendre des coups. Il a cette capacité a laisser croire que tout lui glisse dessus. Un truc que le jeune Driscoll est bien incapable de réaliser. Chez lui, tout est clair comme de l'eau de roche. Flagrant. Il sait pas cacher ses émotions et les réfute difficilement. Ouais, des fois, ça lui arrive de fermer sa gueule juste pour pas passer pour un con ou s'faire casser la gueule mais c'est pas vraiment une force.

A cet instant précis, c'est Calbagh qui mène le jeu, clairement en position de pouvoir. Des années à ruminer ses remords. Et ce regard que Samih porte sur lui. Il grince des dents l'gamin. Il se rend pas compte l'égyptien que Cal lui en veut d'puis trop longtemps. Ou peut être qu'il s'en bat les couilles. Cal, il a passé les dernières heures de la nuit à contempler la ville du haut de son perchoir, se sentant invincible. L'écho d'la voix d'Eanna pour tinter de noir ses pensées les plus douces. La combine qui s'est imposé dans son esprit. Si une personne sait où elle est, c'est Samih. C’est quoi ton putain d’problème ? Il ricane lourdement. Un faux air de Joker. La rancœur qui parle avant le cœur. Lui qui s'prend soudainement pour surperman. Son problème c'est que tout se barre en couille et que personne ne fait rien. Son problème c'est que celui qu'il a longtemps considéré comme un mentor n'est plus que l'ombre de lui même. Son problème c'est qu'Samih a démissionner lui laissant la barque. Enfin, une barque en train de couler sans rames et sans rien pour retirer l'eau qui s’engouffre à l'intérieur. Combat de coq inégal. C’est pour vous que j’suis ici putain d’merde. Quoi ? Mais quelle hypocrisie putain. Ça l'fout en l'air d'entendre ces mots l'irlandais. Il fronce les sourcils et le fixe une seconde, plus sérieusement. Le temps de la rigolade était fini, si tant est qu'ils aient rigolé jusqu'ici. Les yeux de Sam viennent heurter les siens. Les blessures qu'il cache et qui l'affaiblissent. Si seulement il savait Cal, peut être qu'il ne serait pas si sournois. Lui, il soutient son regard, après tout, il peut rien lui faire derrière sa vitre. Il ferait moins le malin s'ils étaient face à face. Calbagh se rit de ses propos, de sa fausse abnégation. Persuadé qu'il ment ou du moins qu'il se cherche des excuses pour survivre. Ah oui j'oubliais. Sam le héros. Tu sauves toujours tout le monde toi hein ? Même quand on t'a rien demandé. Il est sarcastique, froid. Et franchement, on pourrait douté du fait qu'il ai un jour aimé le prisonnier. Ce fut pourtant le cas. Il n'était qu'un gosse quand il l'a sorti de la merde.

Malgré le manque d'intimité, il a l'impression qu'ils sont seuls tous les deux. Ouais, bah t’en parleras à JJ si tu l’revois. Il se redresse sur le tabouret inconfortable, incompréhension qui file dans le regard. Le gouffre s'est creusé entre eux, si bien qu'ils ne se comprennent plus vraiment de toutes façons et le gosse n'a plus envie d'essayer. Seulement voilà, quoi qu'ils fassent, ils ne sont que deux solitudes étouffées à la recherche d'un peu de compassion, peut être même d'l'amour tiens et tout ce qui en découle. Mais l'irlandais n'oublie pas la raison de sa présence et si l'égyptien parvient à le destabilisé, ça ne dure pas. Tu peux pas aller chercher Eanna. T’façon tu sais pas où elle est.  Pas vrai ? Le visage assuré. Le sourire en coin. Celui d'un homme en quête d'information qui semble toucher à son but. Il le comprend quand il perçoit le doute dans la voix du kid. Manigance. Contrôle de l'esprit. C'est aussi un moyen d'éviter le combat. D'obtenir ce qu'il désire sans avoir à se battre. Il est plus malin qu'il n'y parait, lui qu'on a tendance à croire un peu stupide avec sa gueule d'ange et ses baskets trop grandes. Mais Samih ne sera pas dupé si facilement. Il le connait. Il l'a presque façonné. Parce que tu penses être le seul à avoir toutes les infos. se glorifie t-il. Il excelle dans l'art du mensonge Cal. Et pour achever de le déstabiliser il ajoute : J'ai passé des jours à espérer que tu sortirais vite mais putain, en fait, que tu sois plus là, c'est la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Il ment, encore une fois et il suffit de voir l'état des autres pour le savoir mais ça, Samih l'ignore n'est ce pas ? Et puis, il a l'impression d'être indispensable, d'être là pour eux comme il l'a sous entendu quelques minutes plus tôt. On a plus b'soin d'toi mec. un rire jaune s'échappe de ses lèvres. J'ai plus b'soin d'toi. sous entendu, j'ai toutes les infos qu'il me faut.

Les sortir de la rue, les sauver d'un destin tragique. Ouais. Et il a raison dans un sens, lui et sa sœur n'étaient pas grand chose d'autre que deux gamins en colère et désespérés avant de le rencontrer. Ils n'étaient rien et il leur a offert un foyer, un endroit où se réfugier quand ça va pas. Une famille.  Et pendant un temps, ils ont été heureux. Vraiment. Il saurait pas dire quand tout est parti en vrille Cal. Il saurait même pas dire s'il a sa part de responsabilité. Sans doutes que oui mais il l'assumera pas. C'est l'histoire que tu t'racontes le soir pour te sentir mieux ? Tu sais quoi, si ça peut t'aider à mieux dormir le soir, va y ! Les mots dépassent la pensée. Ou peut être qu'il se contente d'évacuer sa rage sur la seule personne incapable de le blesser actuellement. Faux jeton, lâche. Il sait son ami en position de faiblesse et utilise tout ça pour le blesser. Et oui, Daire. On a pas vraiment de secrets l'un pour l'autre tu sais. il se mordille la lèvre, les sous entendu que ça implique. Sa relation avec Daire n'est pas parfaite mais ils sont amis. Ils s'entraident. Pourtant sur ce coup là, Daire n'était pas d'accord avec lui, elle lui a même clairement dit que c'était une putain de connerie d'aller chercher Eanna. Pas la seule. Comme si ça ne posait de problèmes à personne de l'abandonner. Alors non, elle ne lui a donné aucune informations mais son impulsivité lui livrera sans doutes les informations manquantes si Sam ne le fait pas. Il parviendra à la faire dire ce qu'il souhaite entendre. A manipuler. Il l'a déjà fait par le passé.

Gosse ingrat. Il lui en veut à Sam. Pour tellement de choses. Pour des trucs dont il n'est même pas responsable mais il l'a vu trop longtemps comme une figure paternelle pour pardonner. Après tout, c'est Sam qui s'est donné ce rôle en recueillant toutes les âmes en peine qu'il a croisé sur sa route. Cet aura autour de lui qui inspire la confiance aux premiers abords. Comme si c'était simple. Et il observe. Il recule d'un pas. La peur qui lui glace le sang. Il ne l'a jamais vu dans un tel état de rage. Si forte, si puissante, y'a ce truc qui change, comme si un bouton avait switché. Et Eanna alors ? Est ce que quelqu'un en a quelque chose à foutre putain ? Le visage de Samih se décompose. Il a gagné. C'est ce qu'il voulait l'branleur amer et hostile. Le pousser à bout. Victoire égoïste. Alors il ne comprend pas ce sentiment renversant qui lui retourne le cœur. Il ne comprend cette envie d'gerber qui le prend aux tripes. Il pensait que gagner lui apporterait une satisfaction ultime. Il pensait que ce serait différent. Aucune jouissance à retirer. Rien. Peut être aussi parce que ces mots le touche. Plus qu'il ne le voudrait. Il essaie de s'donner un rôle, celui du vilain, celui du plus fort mais son cœur n'y ai pas. Sa tête, ses mots oui. Mais son cœur non. Une partie d'lui est restée sur ce canapé cramoisie à jouer pendant des heures à des jeux vidéos. Et voir Samih se dépérir de la sorte lui donne presque envie d'le serrer dans les bras putain. Un paradoxe débile le gosse. Il sait pas c'qu'il veut. Il a jamais su. salut Sam. qu'il dit en reposant le combiné alors que la solitude de celui qui était son ami le prend à la gorge. Plus de raison de rester. Plus envie non plus parce qu'il veut se séparer d'cette impression d'étouffer. Il fuit, comme il le fait à chaque fois Cal. Il a toujours réglé ses soucis de cette façon.