bon à enfermer (calom/intrigue)

Le besoin d'se vider la tête le pousse a placer le buvard bleu sous sa langue. Il sait pas bien ce que c'est, il sait juste qu'il l'a piqué dans un portefeuille subtilisé trop facilement. Il récupère ensuite les billets et jette l'objet au sol dans un sourire narquois. Il danse. Crie. Fume et danse à nouveau pendant des heures, jusqu'à ce que cette fille l'interpelle. Viens, j'connais un endroit génial. Plutôt vendeur, alors lui, il se laisse traîner par la main sans se battre sans trop savoir où il va. Il marche de longues minutes en sa compagnie sans remarquer que la brunette lui fait les yeux doux. Il vient sortir une cigarette de son paquet et attrape son feu dans la poche arrière de son jean. merde. Et tandis qu'il se baisse pour ramasser son briquet tombé au sol, il la perd de vue. Il fronce les sourcils, sa vision est flou mais il croit apercevoir une silhouette alors il prend à droite. Erreur qui pourrait lui être fatales. Les jambes qui flageolent.

Les heures défilent, sournoises. Lui ne sait plus où aller. Désemparé. Sa respiration lourde, sifflante. La bouche sèche. Son cœur lui n'est pas loin de céder sous la pression. Il dégluti avec peine et vient s'appuyer là, contre la paroi froide et humide. Ça fait des heures qu'il se traîne dans ce dédale de bitume. En pleine descente. j'vais crever ici bordel Il a soif, il a faim, il a la poitrine prête à exploser. HEY HO ! voix rauque qui retenti laissant un écho filer jusqu'à ses oreilles. Et d'un coup d'un seul, il est le plus heureux du monde, comme un enfant à noël. Ces yeux s'écarquillent en grand et sa colère se dissipe pour laisser place à l'espoir.

Bordel de merde. Un autre être vivant. Il n'sait pas bien depuis combien temps il est paumé et il s'en fout. Il pose une main au sol dans une tentative désespérée pour se relever, abusant des dernières forces qu'il reste. Foirade totale. Il retombe sur le sol. Etat de santé presque critique. OUAIIIS. J'SUIS LA. Pourvu qu'il soit entendu et que ce soit les pompiers où les flics. Ceci dit, l'idée serait étonnante. C'est pas comme s'il pouvait être recherché quand on y pense. D'toutes façons, personne ne sait qu'il est ici. Il pourrait essayer de ramper en oubliant ce qui lui reste de dignité. Autrement dit, pas grand chose. Y'A QUELQU'UN PUTAIN ? La vulgarité qui ressort même au pire moment. Il retente sa chance pour se mettre debout et y arrive cette fois. Il peut pas rester ici et crever comme une merde, ce serait trop triste et même si une part de lui pense le mériter, l'autre s'accroche à ce qui lui reste de vie. A l'image de ces foutus déglingués qu'il appelait autrefois famille. OHOH Il fait quelques pas, péniblement mais l’instinct de survie prend l'dessus sur le reste.

Encore une mauvaise décision, une de plus. Il a arrêté de les compter y'a trop d'années pour savoir où il en est. La seule bonne décision qu'il a pris dans sa vie d'toutes façons, ça a été de se barrer de chez son vieux, May sous le bras. Après ça, il a pas été franchement malin mais y'a bien une époque où il a été heureux et dans le fond, c'est peut être ça qu'il cherche à retrouver en se pointant ici. Enfin, il se voile la face le gamin, si jeune, il a déjà trop manger, des chocs à l'âme qui se sont multipliés pour le briser un peu plus à chaque fois et s'il laisse croire qu'il va bien c'est pas vrai. Il part à la dérive, plus fragile et meurtri qu'on ne l'imagine. Ceci dit, il est pas prêt à rendre les armes. Il est pas prêt à crever pour autant. Comme si la vie avait encore quelque chose à lui offrir. Parce que Cal dispose d'une réserve d'innocence. Et cette naïveté que l'on octroie à tous les Peter Pan dans son genre lui permet de triompher d'toutes les merdes qui croisent sa route. Le plus souvent en tout cas.

La lumière qui éblouie. Il ferme les yeux une seconde et quand ces derniers se dessillent, c'est une silhouette familière qu'il aperçoit dans un premier temps. eanna ? qu'il murmure pour lui même. merde, il divague complètement. Le manque de flotte ou simplement le cacheton qu'il a bouffé quelques heures plus tôt aident pas. Il dégluti. Nerveux. Il place une main devant lui, le pas ivre. Ça ne dure qu'une seconde à peine et le visage inconnu de Malcolm apparaît presque comme un soulagement. Comme si cette apparition était un moyen d'dire merde à la folie. Ceci dit, pendant une seconde, il en oublie presque la situation dans laquelle il se trouve depuis des heures à errer comme un con. Dommage que Waze ne fonctionne pas dans ce dédale. Et visiblement, ce n'est pas l'autre qui va l'aider, il n'a pas l'air d'être pompier, flic ou une connerie dans le genre. En même temps, c'est pas comme si quelqu'un tenait à sa santé et aurait lancé des recherches pour le retrouver.

Il le voit bien paniqué et à l'intérieur, il n'en mène pas large non plus mais il n'a plus la force de s'égosiller ou d'paniquer comme un enfant qui a perdu ses parents au supermarché. Il le laisse parler sans rien dire, il se contente d'observer. si je te dis que j'commence à voir des fantômes ça répond à ta question ? il doit rien comprendre en face et Calbagh n'en dit pas plus, il abdique et s'assoit à nouveau contre la paroi fraîche devenue familière. Rassurante. Il pousse un soupire. t'as un truc à bouffer au moins ? qu'il lâche, manquant clairement de savoir vivre pour le coup. Il agit même comme un gros con parce que le gars en face -aussi paniqué soit il- semble plutôt enclin à lui filer un coup de main alors qu'il aurait pu tourner les talons et le laisser dans sa merde, il est clair que Cal ne fera que le retarder. Sans doutes que lui se serait cassé si les rôles avaient été inversés. Le laissant tout seul dans sa merde. Mais soyons réalistes, là tout de suite, il est à peu près sûre de faire la une des faits divers avec en gros titre : un type a crevé en se perdant dans le dédale souterrain. Alors il fini par la jouer fine et se montre un peu plus sympathique : je m’appelle Cal. il tend même une main vers l'autre, celui qui s'ra son sauveur de la soirée... Ou pas.

C'est pas une chance pour l'autre de se retrouver en compagnie de Calbagh. Cet abruti ne connait pas du tout la ville et même si c'était le cas, il est tellement défoncé qu'il parviendrait à se perdre dans son ancien appartement. Cal est assez étonné que le gars ne se casse pas illico d'ailleurs. Mais non, il lui file même un truc à bouffer. Et le Driscoll le prend mollement avant de croquer un bout. C'est vraiment con de crever comme ça quand même. Son père lui avait dit à l'époque qu'il pourrirait dans un caniveau, c'est bien la première et dernière fois qu'il a eu raison celui là. Et pendant qu'il mange, il l'écoute pas tellement déblatérer, trop difficile pour lui de se concentrer. Ok, on peut aussi dire qu'il ne fait aucun efforts. Il n'essaye pas vraiment. C'est pourtant un dur à cuire en temps normal Cal mais ce soir, il donne plutôt l'impression de baisser les bras. Et tandis qu'il mange, y'a Malcolm qui s'agite et qui place des cailloux devant eux. Comme si c'était le moment de faire de l'art où d's'amuser avec des pierres. Il termine la confiserie et laisse le papier flotter jusqu'au sol. Mais quand il réalise qu'il essaie simplement de les faire sortir d'ici, il attise sa curiosité et Cal tente de se concentrer sur ce qu'il dit. Je sais qu'j'étais dans un bar où ils servent du rhum. Ouais, merci petit génie mais ça n'aide absolument pas son comparse. Sauf que Cal ne sait pas tellement par où il est entré, il s'est contenté de suivre cette fille. Il regarde ce que fait l'autre mais il est totalement impuissant lui, mauvais sens de l'orientation et en plus de ça, une connaissance quasi nulle de la ville. Et quand il demande par où il est arrivé, il tente de se remémorer sa soirée. C'est flou. Très flou. Je crois que je suis arrivée par ici... qu'il fait en pointant une direction du doigt. Aucun certitude. Rien à faire valoir pour l'aider. Pas même une forme physique olympique. Lui qui parvient difficilement à tenir debout. Un rire jaune sort de ses lippes quand il lui parle de l'Ambassador. J'en sais rien, je crois que c'est le bon moment pour te dire que j'suis en ville seulement depuis quelques semaines et que je sais même pas ce que c'est, l'Ambassador. Ok, la situation n'a rien de comique, je vous l'accorde mais ses nerfs lâchent.

Il prend les choses en main. Malcolm qui tient visiblement plus à la vie que l'autre. Enfin, il est là depuis moins longtemps aussi. Oh. Plus de lumière, génial, le sort s'acharne sur eux. Cal pourrait se mettre à rire de nouveau mais il n'en fait rien et lance lascivement : J'ai pas de téléphone. Et oui, qui en 2019 n'a pas de téléphone ? Et bien Cal, il l'a oublié à Belfast et comme il n'a ni argent, ni amis à appeler, il a pas encore pris le temps d'en racheter un ici. Il déglutit sa salive difficilement. Là, ils sont vraiment dans la merde mais y'a pas cinquante solution. Avancer et espèrer non ?  De toutes façons, y'a pas cinquante possibilités, tu voulais aller tout droit non ? Ce qu'il a fait pendant des heures lui, sans jamais percevoir un rayon de lumière mais peut être qu'à deux. Ils seront plus chanceux. Et peut être que le moment serait bien choisi pour remercier Malcolm de ne pas l'avoir encore abandonné. Il irait plus vite et serait moins fatigué sans lui. C'est peut être ce qu'il finira par faire. Il est pas censé y avoir une fête où un truc du genre ? On devrait entendre de la musique non ? J'suivais cette fille et... Et il en sait strictement rien putain. Ouais, ils sont condamnés ces deux là. Le destin est quand même hargneux avec lui. Peut être qu'il n'a que ce qu'il mérite en même temps, lui qui a causé la mort d'Eanna... Lui qui n'a pas toujours - voir jamais - fait les bons choix dans la vie.