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 catch the blast of a hype verse ; joanna

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Deandre Parker
Deandre Parker

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catch the blast of a hype verse ; joanna  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
DEDEEEE, il est où dédé ???
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catch the blast of a hype verse ; joanna  658d201c40d5db58e4239ea8b389edc6

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âge : Vingt-huit ans.
statut : Désillusionné.
quartier : MexicanTown. Les trois verrous de la porte sont plus dissuasifs que le dobermann de Dom.
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MessageSujet: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyMar 18 Fév - 15:18

Trouver un boucher dans un abattoir n’a rien d’insolite.

Cet abattoir là a perdu de son lustre sanglant, mais il n’a pas entièrement abandonné sa fonction première. La trépidation des pouls s’apparente à celle des animaux que l’on mène à leur perte, tandis que l’air se charge d’une condamnation pesante, le genre qui accable une nuque, menace de la raccourcir. On ne tue plus avec le tranchant d’une lame et l’on estourbit plus avec le revers d’un gourdin, mais l’on désoriente et l’on assassine quand même, du bout de la langue. Une battle est une mise à mort entre deux lutteurs, lorsque la foule n’intervient pas pour achever le perdant à bout de souffle. Les agonies sont lentes ou rapides, toujours douloureuses. Il n’y a pas de place pour la clémence dans ce genre d’atmosphère sanguine.

C’est peut-être pour cela qu’il s’y retrouve.

Deandre fend la foule avec une aisance que l’habitude prête, bel habit d’empereur. Il a les yeux clairs et l’air avenant - pour une fois, baverait une mauvaise langue. La perspective de s’adonner à une activité appréciée suffit peut-être à l’éveiller. Il a toujours aimé les battles et les débats qu’elles suscitent. C’est après tout en connaisseur de la viande froide qu’il a l’habitude de décortiquer, éviscérer : untel a mal fait ceci, untel a mal fait cela. Celui-là faisait ça mieux, celui-ci s’améliorera.

Professionnel du post-mortem.

S’insinuer dans l’univers de Dom lui aurait déplu il y a quelques jours, mais il n’a pas pu résister. Il est de toute façon difficile de se cantonner à des cosmos différents. Leurs mondes s’entrechoquent par la force de l’habitude, ce big-bang quotidien. Il n’a pas l’intention de lui parler ce soir mais il a conscience de sa présence. Cette dernière ne suscite pas de rancoeur particulière. Peut-être est-il en train de pardonner malgré lui, comme d’habitude.

Deux adversaires sont déjà en train de s’étriper. La foule boit leurs mots avec une révérence presque religieuse, le genre que l’on réserve à un sacrifice. Le nom du gagnant pourra bientôt être lu dans les entrailles fumantes. Deandre n’a pas vraiment prêté attention au début de la rixe, trop préoccupé par une gorge soudainement sèche. Un sourire et une délicatesse inhabituelle arrachent à une fille une bouteille d’eau à moitié vide, qu’il ouvre d’un revers du pouce. Deux reniflements prudents aspirent le parfum tiédi du plastique échauffé. Il prend deux petites gorgées, rive deux yeux sur le dénouement. L’un des rappeurs n’a pas trouvé les mots. Il n’est plus qu’une charogne gonflée de non-dits.

Le prochain prétendant l’intéresse. Il l’a déjà écouté plusieurs fois - la voix un peu nasillarde mais l’intonation claire, l’intention limpide. Il glisse de l’humour dans ses estocades les plus sanglantes. Le tout se déverse en un amas fragrant, appétissant pour les amateurs de carnage déguisé en festin.

Deandre lève presque inconsciemment la bouteille jusqu’à sa bouche. Il menace de téter les prochains mots plus que les gouttes qui trempent ses lèvres, butent contre ses dents. Autour de lui, ça discute et débat. On parie sur l’un, sur l’autre. Les favoritismes de quartier jaillissent : on habite plus près de celui-ci, alors on le soutiendra. Mais on connaît la cousine de celui-là, ce qui en fait le favori. Lui a déjà choisi son champion et il ne lui reste plus qu’à mieux se placer sur l’échiquier pour voir tomber les pions. Ses coudes fendent des épaules jusqu’à obtenir satisfaction. Il fait un peu sombre, mais on entend bien et les gens ne se pressent pas contre lui.

Et puis elle est là, comme son ombre.
Omniprésente et prête à l’engloutir.

Jo, Joanna, Suarez. Il ne sait pas trop s’il la cherchait ou si elle l’a trouvé. Deandre la contemple du coin de l’oeil, - elle est proche sans être à ses côtés, à deux individus de lui - entre ses boucles d’ange et ses traits un peu juvéniles. Difficile de ne pas la reconnaître, surtout qu’il a l’habitude de la croiser ici.

Contrairement à son ombre, Jo, Joanna, Suarez ne se calque jamais sur ses mouvements.

Ses yeux considèrent les deux rappeurs avant de retomber sur elle. Il le pressent déjà - c’est imprimé dans la courbure de sa bouche, dans la posture qu’elle adopte.

Joanna s’apprête à le contredire.

Deux gouttes d’eau se destinent à son gosier, mais une fuyarde échoue contre la commissure de ses lèvres. Ses yeux se chargent d’une récrimination un peu amusée, parce que c’est ce qu’il va faire, maintenant : récriminer et s’amuser.

« Commence pas, Suarez. » Un doigt essuie l’eau égarée et le sourire qui se forme. « J’peux sentir d’ici qu’t’es en train de faire le mauvais choix. C’est désolant. »
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyMer 19 Fév - 3:49

T’étais là quand ça s’est rempli ; quand les murs de bétons taggués de couleurs criardes se sont morcelés sous la marée humaine, quand De Taksim, de Rio à Tahrir, l’odeur de gaz lacrymogènes, couchée avec hargne sur la cloison séparant l’ancien parc d’attente de l’abattoir, s’est transformée en une phrase stroboscopique sous l’afflux constant du public. La fièvre de la sous-culture née de la même ville d’où on t’a lâché les pieds te rappelle des souvenirs Bronx, kaléidoscope de déclinaisons dub, sax, break, l’amérique afro dans tes paysages de slang hispanophones. Mais si tu viens ici, surtout, c’est comme pour tous les autres, c’est pour la vibration, celle-là même qui traverse toutes les poitrines, partie du sol des voix aux plafonds de vos têtes éthers - vibrer la nuit, frémir le rythme qui tremble, lui aussi, et quelque part dans la grande secousse, parvenir à agiter le vide planant constamment sur le sens de vos vies évidées.

Tu n’as pas mis de khôl sur tes paupières, d’encre sur tes cils, de gloss sur ta bouche. Tu es venue nue, pour t’orner du bruit des joutes et de l’énergie des éclats qui viendront, viennent toujours, et la moitié de la salle joindra le poing devant ses lèvres retroussées, inspirant, s’extasiant, emballée d’être une initiée et criminelle d’aimer les balles à blanc, les revers un peu sale d’une poésie souterraine.

À la croisée des chemins, tu t’es faufilée, checkant ici une main connue, vite balayée au-dessus des autres, offrant là un croc saillant dans les affres d’un sourire balayé par les éclairages mal balancés. Carmin, carmin, cri l’un des spots en éclaboussure sur le visage relevé d’un homme que tu viens de placer dans ta mire ; la lumière rouge se réfracte dans le plastique vallonnée de sa bouteille vide, s’embrase comme un petit soleil dans la dernière goutte d'eau. Deandre boit l’étoile mourante, la supernova, toute la place de Cotonou et l’ex-Yougoslavie. Il t’a vu, et c’est parce que t’as bien voulu, t’es dans son champ gravitationnel uniquement parce qu’il est dans le tient. Une fébrilité impudique sur les lèvres, tu lui attrape les yeux au vol, toi, maillon voulu de la chaîne tendue, tenue dans les pas qui vous éloigne, que tu ne franchis pas, pas encore. Tu sais déjà sur qui il mise, parce qu’il est sans surprise, sécuritaire, joue avec le feu que si le feu peut brûler ses adversaires, tandis que toi, tu t’immolerais volontier si ça pouvait signifier de tout rafler.

« Commence pas, Suarez. »

Tes sourcils se haussent innocemment, tirant par le haut toute la joie fauve de ton visage. T’as commencé, déjà. Lui aussi. Et tu veux qu’il continue. J’peux sentir d’ici qu’t’es en train de faire le mauvais choix. C’est désolant. Ta voix claire porte, foulant le mètre sans se soucier des deux individus lambdas barrant sa course : « Alors c'est que t'as perdu ton flair, Parker. » C'est faux, tu lui reconnais l'instinct qui parfois te fait défaut, les mauvais choix ont, pour ainsi dire, eu un réel impact sur ta vie encore toute jeune.

L'un des mecs entre vous t'observe et tourne la tête vers Deandre, comme pour l'inciter à répondre, franchement, mec, faut pas la laisser te parler de cette manière. Son ami a une moue pleine de considération et s'insère dans votre échange à l'aide d'un arbitrage plus ou moins objectif. La nana a raison si tu veux mon avis il fait en levant les mains, en baissant les paupières, mon avis, mon humble avis, mais tout le monde s'en fout de ton avis, et tu le lui fais comprendre en jouant de l'épaule contre celle de ton voisin de rangée pour te dégager, leur passer sous le nez, et venir blottir ton coude contre celui du boucher.

Dans le pit improvisé, ta recrue fantasmée reprend son souffle pendant que l'animateur fait lever les paris, les rires et les cris de hyènes, make some mother fucking noise qu'il jappe dans le micro en désignant ses deux gladiateurs. Tu étires le cou, désigne les clasheurs d'une main qui se veut impatiente, mais bien au fond, tu jubiles de pouvoir faire la partie du show de ton côté avec Deandre.

« Là, il suivra pas, ton poulain. Le mien est trop rapide. »

Parce que les amplis crachent des sons saturés de plus en plus rythmés, parce qu'il ne s'agit pas d'un gambling sur une course de chevaux mais que tu y ferais bien l'affaire - aussi compétitive, dans ce milieu comme un autre, mauvaise gagnante, tu jouerais de tes traits chérubin et de tes yeux sombres sous un chapeau excentrique aux larges bords, ou quelque chose comme ça. Pour l'instant, c'est sous la lisière d'une casquette marine à l'effigie de NYC que tes pupilles gonflent, deux trous noirs quémandant la lumière qu'il faut sans cesse avaler. Tu les remontes vers la mâchoire solide de Parker, l'éclat tranchant fiché sur l'angle de la rétine, et en bouffe absolument tous les infimes frémissements.

T'y tiens plus.

« Ça faisait longtemps que je t'avais vu dans le coin. »

Tu dois te hisser sur la pointe des pieds pour ne pas crier, chercher la courbe de son oreille ; s'il avait une explication à fournir, alors elle est fauchée par le flot de paroles incisives qui s'échappe soudain dans les micros des concurrents. L'électricité lézarde le troupeau. Tu respires dans le coeur des mots, dans la coulée profonde des rimes oripeaux. L'odeur de Parker te reste sur le bout de la langue, un suc tenace, un relent familier, même s'il n'a toujours résonné qu'ici, dans l'anonymat des nuits à la rallonge qui se cambrent, prises dans les murs bétonnés de l'abattoir, et sous les paroles scandées des battles.

Parce que c'est un pote de Dom. Parce que t'ose pas, t'ose plus, t'ose moins qu'avant. En enfonçant un peu mieux la casquette sur ta tête, tu glisses un regard voulant tout dire à l'avocat du diable tout plein d'espoirs facétieux, à ta droite. Ose encore moins que moi. C'est mort. Mort, comme le souffle d'un des mecs sur scène, patte foulée sur la dernière longueur, bête haletante, et tu la sent monter, la vague, la crépitante, déferlante, qui gagne la gorge de tous les spectateurs venus voir une mise à mort.

La clameur explose autour de vous, une exultation vociférante qui bouscule, donne la rage gaie, les pulsions insoumises.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyJeu 20 Fév - 21:38

Innocence carnassière et voix claire qui obombre le public, jette les spectateurs en coulisse. Dès qu’elle est là, la meute perd de son sens. C’est avec elle qu’il chasse l’adrénaline - ou c’est plutôt elle qu’il traque, piquant et chatouillant le flanc jusqu’à ce qu’elle lui montre le ventre. Il aimerait prétendre qu’il ressort toujours de leurs passes d’armes vainqueur, mais elle l’a déjà amoché. Deandre a l’instinct, Joanna a l’audace. C’est sûrement lorsqu'elle gagne qu’il se dévide le plus, intarissable et inconsolable. Il veut son objection, désire peut-être secrètement son approbation, l’exultation d’avoir eu raison.

« Alors c'est que t'as perdu ton flair, Parker. »

Son sourcil se hausse sur un scepticisme théâtral. Parker lappe une dernière goutte, mais il n’a plus soif d’eau. L’accusation a provoqué de l’indignation masculine qu’il effleure du bout des yeux, ses prémisses de sourire toujours sur la figure.

« Et toi, t’en as trouvé un depuis le temps ? »

Ce serait coupant si l’amusement n’enrobait pas les mots, épais et collant. La seule chose qui incise, c’est la remarque d’un des deux inconnus qui les séparent. Il arbore une moue et se range dans le mauvais camp, celui de la perdante. Deandre retient une contestation, l’instinct protestataire bien ancré sur la langue. Joanna abandonne de toute façon cet allié pour le rejoindre, coude à coude. Ses yeux flottent en quête d’un quelconque accompagnateur, retombent sur les boucles folles qui coiffent les opinions délirantes. Seule ce soir donc, si personne n’est tapi dans l’ombre.

« Là, il suivra pas, ton poulain. Le mien est trop rapide. »

Les mots bouillonnent sur sa langue - c’est parfois comme s’il avait trop à dire et pas assez, comme si le langage ne pouvait traduire tout ce ressenti qu’il va lui jeter dessus. Deandre agite une paume sous son nez, doigts impatients à la limite de claquer en rythme avec le beat.

« Combien de fois j’t’ai dit que ça a pas d’importance ? Vitesse et dextérité, c’est pas la même chose. Il crache sans réfléchir. »

Et il l’observe avec cet air faussement peiné, presque offensé, comme s’il était inconcevable qu’elle n’ait pas retenu la leçon.

La musique enfièvre les coeurs et infiltre les pouls. Ce n’est pourtant pas elle qui s’insinue dans son oreille, mais plutôt des mots qui se déversent pendant qu’une bouche effleure, éclot contre sa peau. « Ça faisait longtemps que je t'avais vu dans le coin. » Suarez est encore plus proche, hissée sur la pointe des pieds. Il se penche sur le puits de ses pupilles, menace de tomber dedans. L'une de ses mains flotte, indécise, non loin de son corps, comme pour la rattraper maintenant qu'elle est perchée si haut.

Son début d'explication est démantibulé par la première salve de tirs. C’était quelque chose comme ouais, à cause de mon coloc’...

Ou alors c’était quelque chose comme, j’t’ai manqué, Joanna ? Je sais que c’est nul sans moi.

Une décharge saccadée frappe contre les tympans à la place. Il est rapide, son poulain, certes. Il maîtrise son rythme sans perdre son souffle, les yeux fixes, les syllabes collées au micro.

Ses bras se croisent lentement contre sa poitrine, désapprobation manifeste. Et peut-être qu’il exagère - juste pour lui signifier à elle qu’il n’a rien d’admirable, qu’elle a eu tort.

Il a raison.  

Parce qu’une rime trébuche, tombe dans la marge de l’oubli. Il ne s’est essoufflé qu’un instant, mais l’éternité se gorge d’une seconde dans un tel espace. La foule se tend, king cobra enchanté, et le venin jaillit des gorges. Deandre lève un poing, hilare, exulte et insulte. Le MC répond avec quelques mots et regards assassins, mais il est trop tard. Il a manqué d’air. S’il était dans une arène, ses genoux s’enfonceraient dans le sable carminé et il tendrait le cou pour enfiler un collier sanglant.

Son favori exploite la faiblesse, imite un poisson hors de l’eau. Les veines saillent au cou lorsqu’il étrangle un peu plus son adversaire, jusqu’à ce que l’air manque dans toutes les gorges.

Il gagne.
Deandre aussi.

Ses yeux et sa gorge rient lorsqu’il les reposent sur Suarez. L’exultation le rend irrévérencieux, trop familier. Des doigts légers soulèvent sa casquette marine, la font tournoyer et voler dans les airs. Lorsqu’il la chapeaute à nouveau c’est de traviole, pour marquer le coup. Son hilarité n’a de cesse de monter, descendre, concurrencée seulement par la fierté.

« Tu vois ? Tu vois ?! Allez, abdique. Tu sais qu’j’ai raison. Il, » le désigne du doigt, « Va tout tuer ce soir. »

Son présage tombe parmi les autres prédictions qui fusent alentour. Deandre boit la réaction de sa parieuse préférée, s’en détache presque à regret pour observer le nouvel opposant.

C’est une femme. Elle porte les couronnes fantôme de ses victoires passées, se déplace avec une nonchalance affectée. Pas besoin d’ouvrir la bouche pour intimider l’audience ou son adversaire. Sa présence écrase autant que ses mots.

Mauvais auspice qui manque de lui tirer une grimace.

Dans les coulisses, ça donne de nouveau la réplique. Leurs deux voisins s’effilochent pendant qu’il tire sur le fil d’Ariane, se précipite dans les méandres du labyrinthe.

« Comme je disais, j’suis pas venu parce que j’étais pas là pour les fêtes. Et puis après, Dom a fait de la merde. » Son nez se fronce comme ses sourcils. Il garde un air sérieux lorsqu’il la contemple. « Tu sais, mon coloc’. Il a foutu l’appart’ en l’air et invité tout Detroit dans mon lit pour Nouvel-An. »

Son reniflement est dédaigneux mais chargé d’un peu d’amusement. Avec du recul, ça deviendrait presque drôle.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyVen 21 Fév - 22:44

Du flair, ouais, du flair ostentatoir, mais rarement utilisé pour les choses qui compte, c’est ce que tu pourrais lui reprocher.

« Et toi, t’en as trouvé un depuis le temps ? »

Tu copies son masque, sourcil levé, mais pas aussi bien que le sien, bouche enfantine tentant de feindre les mêmes ombres arrogantes d’un sourire qui se rebute à dévoiler ses crocs. Chez toi, la nuance est plus tranchante, moins langoureuse. Ton visage se froisse, ton nez pointe, et tu lui sers une grimace idiote en levant les yeux vers le ciel - à vrai dire, c’est qu’il faudrait supporter son regard, et dans l’élan, les petites pertes de contrôles, tu te réfugies là où tu échappes justement encore un peu à ce flair. Tu bouges, orbital, le mouvement en houle révélatrice de ce que ta voix s’aventure rarement à épeler. Le resserre. Observe ses mains s’agiter sous tes yeux en guise d’appui à ses mots, Combien de fois j’t’ai dit que ça a pas d’importance ?, je ne sais pas, on pourrait se le redire encore une fois, Vitesse et dextérité, c’est pas la même chose. Il crache sans réfléchir.

T’as relevé la tête, l’a laissé basculer vers l’arrière dans un geste lâche, lourd, regarde comme toutes tes conneries m’alourdissent le crâne, Parker. Rictus chacal, sur tes gencives, alors que tu gesticules de la même manière, désignant les deux combattants et Deandre plus abruptement encore : « Quand tu réfléchis trop tu t’prends les pieds dans les plats, faut y aller avec le coeur. »

Tu secoues bêtement la tête en refusant d’avance toute réplique argumentative, yeux mi-clos, le poing battant un court instant la cadence sur ta propre poitrine. Ton sourire se répand, inonde jusqu’à tes tempes. Convaincue de ce que tu dis juste parce que convaincue de devoir exposer un avis contraire. Pour qu’il te répondre. Depuis le premier soir.

Alors faut que tu lui demande où il était, faut que lui pose des questions, peut importe l’enrobage, et même quand tu le regardes, ça interroge, sonde, pousse, et exige l’écho.

La lame de la foule te rattrape, noie l'ambiguïté dans un raz-de-marée sonore. Ça te rentre dans la gorge, et tu boies la tasse ; alors faut que t'exultes comme les autres, cris en direction du pit, donnes ton énergie à la rime tu rappeur sous le regard désapprobateur du boucher. Narguer en riant, cacher la moitié de tes dents avec les phalanges de ton index replié sur ta bouche ourlé d’un sourire gredin.

Mais ça ne dure qu’un instant, le même instant dans lequel l’amnésie frappe, paralyse, et nuque tendue ou pas, la cohue de l’abattoir est un billot bien ingrat - clash quasi-instantané, ton poulain est décapité sur le champ, sans honneur. Mais il faut surtout que Deandre cri deux fois plus fort que toi ; t’as un mouvement agacé, à l’énergie décuplée par ce que l’ambiance de l’endroit nourrit dans les opinions et les ventres vides.

T’as croisé les bras, balance le visage de gauche à droite comme Il rit, non, non, I’m out, jusqu’à ce qu’une main trop rapide confisque ta casquette et que la tienne, trop lente, ne réussit qu’à effleurer l’intérieur d’un poignet ; double échec. Un cataplasme de chaleur vient s’étemper sur toute la peau de ton visage.

« C’est ça, marre toi ! » quand il replace ta couronne de perdante sur ta tête, « Tu vois ? Tu vois ?! Allez, abdique. », « T’as eu un coup de chance », « Tu sais qu’j’ai raison. Il va tout tuer ce soir. », « Bien sûr... », tu replaces ta casquette, enroule une de tes paumes sur ta hanche, « c’est surtout ta confiance qui va se casser la gueule d’ici la fin de la soirée, ça j’te promet ! »

Et justement, l’élue de tes mauvaises augures, valkyrie des temps modernes, débarque dans l’arène. Comme je disais… Tu tournes le visage vers lui, yeux toujours rivés sur la nouvelle candidate que l’animateur annonce dans un rugissement finement préparé…  j’suis pas venu parce que j’étais pas là pour les fêtes… voilà, tu le regardes, presque trop gentiment, exit les élans de colères factices, les faux jeux d’humeur, tu le regarde, sent le souffle de ses paroles sur tes cils, « Et puis après, Dom a fait de la merde. »

T’aurais du garder tes mirettes ailleurs. Là, dans la brillance, ça se fixe. T’allais lui sortir une vanne, peut-être, mais c’est Dom, tu sais, ou juxtaposer sur tes traits une énième carapace, mais le sérieux de Deandre tout à coup t’immobilise. « Tu sais, mon coloc’. Il a foutu l’appart’ en l’air et invité tout Detroit dans mon lit pour Nouvel-An. »

Ah. C’était son appartement. Tu souris doucement, lui offre quelque chose de contrit et d’amusé à la fois, pour cacher tout le reste. Ce qu’on ne sait pas ne nous fait pas mal. « Eh bah...  », tu coinces le bout de ta langue entre tes dents, une seconde, relâche « étrangement, je suis pas surprise. » Pas parce que tu y étais, bien sûr, et d’ailleurs, tu l’aveugles d’un autre sourire, la poitrine fourmillant soudain d’une fébrilité ne puisant pas seulement sa source dans ce souvenir sporadique. Voilà pourquoi ils ne traînent pas ensemble ce soir, alors.

Puis, sans transition : « Tu veux boire quelque chose ? »

Mais ça n’attend pas la réponse. Tu appuies une main à l’arrière de son biceps, tend l’autre pour attraper la bouteille de plastique vide pendant toujours au bout de ses doigts. « J’reviens. » Les petites brûlures que tu sais distribuer, une à une, méthodiquement. Un clin d’oeil, et tu te détournes en agitant la bouteille près de ta tête, je vais jeter ça, mais surtout, noyer mon élan de culpabilité adolescente dans l’alcool, j’invite.

Tu te fraies un chemin jusqu’au kiosque improvisé, près des portes battantes. À l’écart de la foule, un filet d’air glacé parvient à lécher l’humidité couvrant ta nuque. Tu commandes deux verres de bière en enlevant ta casquette, les bras couverts de frissons, et passe un élastique dans ta tignasse indisciplinée pour la réduire en otage - chignon lâche, tombant. Tu attaches la casquette à ta ceinture. Le mec derrière le comptoir te fait un 10 avec ses doigts, et t’avances le cou en répétant à voix haute, quoi, dix balles pour deux verres ? Il hoche la tête. Tu tends l’argent.

« Voler impunément les gens, comme ça…
- Le seul vrai voleur, c’est Pickman. »

Il prend le billet avec une moue désolée, l’ivresse joyeuse aux coins de la bouche, et tu ricanes en finissant de lisser tes cheveux. Pas faux. Les deux gobelets en main, tu te refais une route dans le labyrinthe des corps ; les basses grondent les premières répliques assassines des deux combattants, les flashs lumineux foncent allègrement au centre de tes yeux à découvert. Arrivée par derrière, ton bras contourne le corps de Parker, appuie doucement le verre sur son ventre. T’attend qu’il le prenne, puis revient te glisser à sa droite, ombre renarde, en trempant tes lèvres dans la boisson. C’est frais, pas très fort, comme toutes les bières ordinaires revendues à prix d’or dans ce genre de soirée. La langue rafraîchies, tu claques un « Elle va le bouffer tout cru » lumineux. Ouais, cette fois, c’est la bonne. Tu vas gagner.

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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyLun 24 Fév - 2:40

« Quand tu réfléchis trop tu t’prends les pieds dans les plats, faut y aller avec le cœur. » Et elle le tambourine en rythme avec son pouls, comme pour cracher dans ses veines l’affirmation, la faire courir dans chaque réseau. Le sang vicié ne le contamine pas et il l’observe toujours avec cette lueur mi-moqueuse mi-avide, les lèvres retroussées sur une réfutation irréfléchie. Le coeur, n’importe quoi, grince son rictus. Ils glissent dans les habitudes, la valse répétée toujours sur la même piste de danse. Tu fais un pas et je recule, avant de jaillir pour t’écraser le pied.

À cœur vaillant rien d'impossible - c’est naïf et faux, les deux pires défauts. Celui du perdant est piétiné par la foule, offert aux jappements et rires de hyène. Sa propre joie carnassière effleure le plafond en même temps que la casquette de Joanna. L’hilarité est contagieuse, sauf lorsqu’elle est aux dépens d’un mauvais perdant. Suarez secoue la tête et récrimine, jamais plus agréable que lorsqu'elle est comme ça, tiraillée par la défaite. « C’est ça, marre toi ! » Oui oui, tu vois bien, jusqu'aux yeux, j’en déborde. « T’as eu un coup de chance » Non non, tu vois bien, j’ai toujours raison et tu devrais demander miséricorde. « Bien sûr... c’est surtout ta confiance qui va se casser la gueule d’ici la fin de la soirée, ça j’te promet ! » Deandre reprend ce faux air sérieux et circonspect alors que l’amusement effleure encore ses lèvres, caresse un fantôme de sourire. « Fais pas de promesse que tu peux pas tenir, Suarez. »

Sa nouvelle adversaire par procuration en est malheureusement pleine, de promesses. Elle traîne dans son sillage des murmures et des victoires, un voile qui ruisselle jusqu'au sol comme une cascade noire de veuve. Deandre masque son incertitude derrière un récit qu’il connaît trop bien. Il commence et finit toujours de la même façon : Dom fait une connerie.

Il subit.

C’est de la moquerie qu’il attend et c’est un drôle de sourire qu’il reçoit, contrit et presque prévenant. « Eh bah... étrangement, je suis pas surprise. » Lui l’est, parce qu’elle est dangereusement douce et parce qu’il ne sait plus comment elle connaît Dom.

Sa question naissante est avortée par une autre demande. « Tu veux boire quelque chose ? »

Pas le temps de réfléchir. Joanna lui arrache sa bouteille et s’éloigne dans un clin d’œil qu’il a peut-être imaginé. Deandre la regarde partir, partagé par la soudaineté de sa proposition. Quelque chose flotte à la surface - une vieille question qu’il a posé il y a une éternité de cela, dans un coin plus sombre que celui-ci, sous des néons plus violents, entre des corps entrechoqués et des yeux incrédules.  

« T’allais prendre un verre ? »
Parce que Zaza, j’ai soif aussi.


Le souvenir noue quelque chose dans sa gorge, tire ses traits sur un semblant de convulsion. Elle revient trop souvent dans ses pensées, ces derniers temps, comme un hématome qui refuse de pâlir et que l’on caresse du bout des doigts, en quête d’une douleur fantôme. Cela fait déjà quelques siècles qu’il aurait dû cesser d’espérer Esperanza, et pourtant, pourtant.

Pourtant Suarez est partie chercher un verre sans son assentiment.

Il ne donne pas non plus d’approbation au type qui l’approche et lui tapote l’épaule, familiarité ostentatoire qui dénonce une certaine gêne. C’est l’un des deux hommes de tout à l’heure, celui qui s’était rangé dans le camp de Suarez. Il se masse la nuque comme si on menaçait de la lui couper, l’observe de sous ses cils. « Eh, j’peux tenter mon coup ? » Un instant de trop pour comprendre - pour que des réflexes abandonnés s’articulent. Deandre fronce les sourcils, jauge son interlocuteur sévèrement. « Pourquoi tu m’demandes ? J’ressemble à son frère ? » Et il retourne un doigt accusateur contre lui-même pour présenter l’évidence : sa peau est trop noire pour qu’il ait un lien de parenté quelconque avec les dilutions hâlées de Joanna. L’autre fait un signe de main qui exprime une satisfaction insolite, bredouille quelque chose et le tapote encore une fois avant de rejoindre son compagnon.

Les hostilités sont lancées. C’est un boulet de canon qui fauche, hache, tranche. Au creux du pit elle s’agite, ses longs dreads serpentins dansant en rythme avec ses épaules. Il serait subjugué si cette Gorgone ne crachait pas son venin en direction de son prétendant.

Un verre se presse contre son ventre. Il l’attrape en même temps que les yeux de Joanna, curieusement soulagé de la retrouver.

« T’essayes de m’acheter ? » La bière pétille sur sa langue. Il la savoure comme si elle valait son pesant d’or - et c’est sûrement le cas. Les prix du kiosque sont notoirement élevés. « Merci. » C’est glissé sincèrement.

Un nouveau flot de mots bien placés encastre son champion. « Elle va le bouffer tout cru. » Et c’est peut-être vrai, mais il ne l’admettra jamais. Deandre sirote pour repousser l’échéance. Son ton se charge d’un peu de frustration. « Yadda yadda yadda. » Le gobelet est secoué sous son nez. Il feint l’appréhension. « Tu m’le jettes pas à la figure lorsqu'elle perd, hein ? »

Il accroche l’approche en ombre chinoise du type de tout à l’heure du coin de l’œil. Ses lèvres se pincent. Il aurait peut-être dû endosser le rôle du grand-frère protecteur, finalement. C’est un manteau élimé qu’il ne mérite pas, mais il lui permettrait d’avoir Suarez pour lui tout seul ce soir, exclusif et difficile.

« Ah merde, » gémit-il à l’entente d’un énième assaut calibré, les yeux plissés, la bouche tordue par une grimace. Le reste de la foule s’enivre des mots. Une fille mime l’évanouissement, rattrapée par les bras prudents de sa compagne, pendant qu’un autre siffle et qu’un dernier s’égosille. La mâchoire de son favori est vissée. L’os saille comme s’il allait transpercer la peau.

C’est à son tour.

« Tout n’est pas perdu, tu vas voir. J’suis sûr qu’il a un truc. »

Pour le moment, il n’a pas grand chose, si ce n’est de l’hésitation distillée entre quelques mots plats. Mais ça viendra, c’est sûr. Acculé comme il est, il n’a rien à perdre. Plus qu’à attaquer sur le plan personnel : la famille, les échecs, les secrets. Tout est bon et tout fera l’affaire.

Deandre avale un peu d’impatience. Il veut avoir raison.

Encore.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyJeu 27 Fév - 22:44

T’essayes de m’acheter ? Bien sûr, fait l’éclat dans l’iris sombre, sans honte. Peut-être. T’es le genre d’homme qu’on peut corrompre ? tu demandes sur le même ton, jetant une fois de plus vos questions dans la même abysses des sans-réponses, des sous-entendus ambigues - parfois, tu ne sais pas à quoi tu joues, mais tu veux y jouer quand même. Et tu tires, tires l’élastique, jusqu’à ce qu’il t’éclate au visage ; ça, Sam n’a pas eu besoin de te l’enseigner. Tu as appris seule.

Le merci de Deandre t’arrache un sourire plus gentil. Tu bois. Laisses les basses propager leurs frissons dans tes os. Observe l’agacement monter dans la voix et les gestes du boucher, comme chez un enfant à qui on rappelle qu’il ne lui reste plus que cinq minutes à jouer - pourquoi, pourquoi se le faire rappeler.

Tu m’le jettes pas à la figure lorsqu'elle perd, hein ?

Ta main se pose un instant sur le haut de ta poitrine, mimant l’outragée bourgeoise, quoi, toi, t’abaisser à ce niveau ? Jamais. Le débit de la gorgone dans le pit sonne comme du miel à tes oreilles. Tu vas pour lui dire qu’on gaspille pas de l’or, mais y’a le mec de plus tôt qui se fait une combine Tai Chi pour sortir de ton angle mort, et t’apostropher d’un petit geste à peine trop travaillé du menton. Tu jettes un coup d’oeil à son sourire qui se veut confiant, détaché, relax, entend le ah merde de De, puis le elle a gagné le tournoi à New York en novembre dernier du gars qui, sans discrétion, mise toute sa stratégie sur ta casquette - ça fonctionne à moitié. Ton intérêt est piqué ; enfin, l’information, plutôt, te fait plaisir.

T’entends ça ? tu demandes à De en tournant la tête, fendu de part en part d’un rictus arrogant.

Il entend pas trop, non, rivé avec impatience sur les mots de son poulain qui démarrent en deuxième vitesse. Clairement, c’était pas l’intention du mec que de t’aider à faire davantage la conversation avec celui qui t’accompagne. Il continue - ça t’agace, enfin, tu sais pas trop. Sa voix enterre partiellement les mots des rappeurs, et en même temps, tu dois fournir un effort pour comprendre, quand la musique submerge la fin de ses syllabes tombantes. Tu viens de là-bas ou… ?

Tout n’est pas perdu, tu vas voir. J’suis sûr qu’il a un truc.

Moi je viens de Cleveland.

Cool.

Pas le moment. Le poulain de Deandre s’accroche, remonte la pente, haletant, termine sur une salve énorme, de quoi tirer un trait d’égalité sur les deux concurrents. La foule explose à nouveau, ça te déchire les tympans, et tu t’accroches un instant au bras de Parker, bousculée par les corps qui exultent. Ton verre, c’est tout ce que tu essaies de garder à flot.

L’animateur éclate de rire, sépare les deux combattants en criant damn damn ! Trois centimètres de plus, et ils se crachent leur fiel bouche contre bouche. Tout le monde hurle - t’oublies d’embarquer dans cette vague-ci, débordée par l’attention qu’on te demande de garder ici. Alors l’animateur suggère une petite pause, wow, intense, en ne manquant pas de rappeler à tout le monde de bien envoyer chier le nouveau couvre-feu instauré par la ville, un commentaire qui ne manque pas d’attiser le grand brasier dans lequel vous brûler. Les derniers mots dans le micro sont avalés par le son des amplis qui bascule subitement, offrant une entrée grondante aux danseurs venant régaler d’expressions violentes les yeux de la foule.

Tu sens que le mec va te relancer. Rapide, tu te retournes vers Deandre, basculant innocemment la tête sur ton épaule. Tu veux aller manger, après ? Tu vas te faire croire que c’est en partie pour te débarrasser de l’autre. Ou pas. C’est la première fois que tu passes réellement du temps seul à seul avec Parker. Et ça a une saveur légèrement différente que tu veux t’assurer de prolonger, alors t’ajoute, pour rester dans la veine de votre relation : Pour célébrer ma victoire, bien entendu. Tu lèves légèrement ton verre, un toast invisible à ton énième petit coup mesquin de la soirée, et cales, l’oeil luisant. Tu voudrais pas trop qu’il soit dépaysé, quand même. Tu voudrais pas trop t’exposer non plus.

T’as le coeur qui bat vite.

Apparement, y’a une pizzeria dans North End qui continue son service après le nouveau couvre-feu, volets fermés. Faut juste passer par la porte arrière.

Apparement, y’a une pizzeria dans Noth End qui continue d’être ouverte après le couvre-feu s’immisce la voix de Cleveland boy, sans hésitation aucune. Incroyable.

Cool, tu lances pour la deuxième fois, la poitrine qui s’enfle sous une respiration profonde.
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Deandre Parker
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catch the blast of a hype verse ; joanna  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
DEDEEEE, il est où dédé ???
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyVen 28 Fév - 17:28

« Peut-être. T’es le genre d’homme qu’on peut corrompre ? » C’est le type de question anodine qui génère trop de réflexion. Assentiment et contradiction bataillent dans son esprit, luttent sur sa langue. Il se dispute les attributs, se déchire sur les circonstances. Il n’y a bien que Suarez pour provoquer un tel conflit interne avec une simple boutade. Le désir de toujours lui donner la bonne réponse finira par le perdre. En attendant, il se résigne. Deandre est comme tout le monde.

Changeant.

« Ça dépend. »

La bière lui chatouille les lèvres. Celles de Suarez s’étirent. Ils boivent en même temps - s’abreuvent de leur camaraderie un peu piquante. L’inquiétude qu’il feint entraîne une imitation d’outrage. Joanna plaque des doigts délicats sur sa poitrine, bientôt la bouche en coeur. Il ne saura cependant jamais si elle veut l’arroser, parce que le type de tout à l’heure plante sa présence. Deandre reporte son attention sur le pit et laisse traîner une oreille distraite, curieux de connaître la réaction de sa voisine.

Son favori s’était enlisé, mais il parvient peu à peu à se dégager. Ses piques s’enfoncent de plus en plus profondément. Une accusation cinglante arrache à son plus grand fan de la soirée un sourire satisfait. La langue de Deandre claque contre son palais. Voilà. That’s my boy.

« Cool. » Joanna est moins joyeuse. Presque chiffonnée, vraiment - froideur lunaire aux côtés d’un espoir solaire. Le type irradie l’enthousiasme. Il n’a pas l’air bien méchant, et si Deandre le connaissait, il aurait mal pour lui. Parce que ce genre de cool détaché ne présage rien de bien engageant. Peut-être n’est il pas à son goût, ou peut-être ne veut-elle pas de ce genre de compagnie. Deandre reprend une gorgée de bière et devise sur la meilleure façon de l’arracher à son soupirant.

Pas trop vite, quand même.
La voir se débattre est plutôt marrant.

Les mots grondent de plus en plus fort, tonnerre qui précède la foudre. L’éclair s’abat à point nommé, enflamme la foule et embrase l’adversaire, qui se tend comme si elle voulait répliquer sur le champ. Deandre rit dans son gobelet et se laisse emporter par la ferveur du public, plutôt fier de son favori. La liesse déborde tellement qu’une main l’agrippe pour rester à flot. C’est Suarez qui s’accroche à son capitaine dans la tempête.

Mais l’orage n’en démord pas. Les deux MCs se toisent, les langues chargées de tout le fiel qu’ils veulent se cracher dessus. Une proposition de pause sépare les adversaires et rappelle l’existence du couvre-feu. Quelle heure est-il, au juste ? Trop tard. Mais ils savaient déjà tous en arrivant que la bataille finirait au creux de la pénombre. Et rien ne pourra jamais vraiment empêcher aux noctambules d’exister dans une telle ville. Les prédateurs vivent souvent la nuit, et c’est ce dont quoi Detroit déborde. Charognards et carnassiers errant dans les ruines, écrasant les fleurs qui poussent entre les craquelures de béton.

La foule est soudée entre les quatre murs mais elle s’éparpillera lorsque le glas aura sonné - comme une fourmilière compissée, comme les quatre membres d’un écartelé. Ce sera à qui s’enfouit le plus vite dans les ténèbres, à qui fuit le plus vite les chants de sirène.

« Tu veux aller manger, après ? »  

Surprise. Joanna a la tête penchée. C’est bizarre, comme elle peut avoir l’air si innocente, parfois, avec ses traits enfantins, presque poupins. Il hausse un sourcil et la considère en même temps que sa proposition. Ils ne se sont jamais vus en dehors de l’abattoir, n’ont jamais dévoré que les opinions de l’autre. Quelque chose lui dit que frôler l’illégalité avec elle doit être enivrant. Peut-être trop. « Pour célébrer ma victoire, bien entendu. » 

Reniflement amusé. « Et celui qui perd paie le repas de l’autre, c’est ça ? J’te préviens, j’suis fauché. Si tu gagnes, tu vas devoir prendre le truc le moins cher du menu. » Sourire de hyène mais regard calme. La proposition est acceptée avec plaisir.

« Apparemment, y’a une pizzeria dans North End qui continue d’être ouverte après le couvre-feu. »

Il lui fait un peu moins plaisir, celui-là.

« Cool. » Le ricanement qui lui échappe se répercute dans son gobelet. C’est l’heure d’abréger les souffrances de Jo. Deandre offre un rictus tendrement cruel à l’importun, crochète le coude de sa voisine. « Désolé, mec. Je crois qu’ils s’éclairent pas à la chandelle. »

Le temps qu’il comprenne est intelligemment employé à les emmener un peu plus loin, bras-dessus bras-dessous. Quelques dizaines de personnes les séparent de son désespoir.

Il défait le noeud de leurs bras. « Ben alors… » Et les dernières gouttes d’alcool lui tombent dans la gorge. « Tu veux pas visiter Cleveland ? » Les premiers mots lui tombent quant à eux dans les oreilles. Les hostilités sont relancées dans le pit sur un ton clair et incisif. La supposée reine de New York se démène pour s’asseoir sur le trône miteux de Detroit. Son opposant patiente, les paupières alourdies par toutes les pensées qu’il veut vocaliser. Il a pris une posture détendue, un pied en avant, le torse bombé et la lèvre légèrement retroussée.

Coup d’oeil éloquent à Suarez. On ne peut pas contrefaire ce genre de relaxation. Le mec a quelque chose d’explosif en tête.

La déflagration va crever tous les tympans.

« J’vais te faire payer une de ces pizzas… » Et il est de retour, le sourire moqueur mais caressant, comme une joue tendue après une claque retentissante.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyMer 11 Mar - 22:19

Dis oui.

Impossible de t’ourler d’indifférence ; tu veux qu’il sache, qu’il sache que tu serais déçue s’il refusait, et vaniteuse s’il acceptait. Ça semble l’amuser, alors ça t’amuse aussi. Tes petites canines saillent, veulent mordent dans tout ce qu’on voudra bien leur tendre, sans honte. Et celui qui perd paie le repas de l’autre, c’est ça ? J’te préviens, j’suis fauché. Si tu gagnes, tu vas devoir prendre le truc le moins cher du menu. Tu brilles. T’es une putain de supernova. Et lui aussi. Y’a quelque chose qui t’excite plus que de raison dans cette réponse, et t’as pas besoin de savoir ce que c’est - l’important, c’est que ça te porte. Le pari, la menace, le compromis, les dents blanches de Parker, la légèreté des vices ordinaires.

C’est oui.

Cleveland boy ramène sa fraise, tiens, ça te fait trop plaisir. T’as cette énergie instable dans la poitrine, une joie comme un fourmillement qui pourrait rapidement muter en autre chose. Pour ce que t’en sais, ce genre d’euphorie ne fait que galvaniser la première émotion montante. Tu as tourné le visage vers l’autre mec, le même sourire éclatant étampé sur le visage, sauf que c’est pas pour lui, parce que t’as de la salive en trops sous le palais, soudain, un peu chaude, les balbutiements d’un geyser inhospitalier. Puis y’a le bras de Deandre qui happe le tient par le creux du coude, un trait d’esprit lancé par-dessus ta tête et un repli savamment calculé. Tu te laisses entraîner, volontairement légère, amène, une vraie petite plume, une brise, l’innocuité même.

Tu te déposes là où Parker l’a choisi, ben alors…, l’oeil vif sous une paupière alourdit, la mine un peu plus mielleuse, ou détendue. Tu veux pas visiter Cleveland ? T'aimes sa gueule pas tout à fait carré.

Nouvelle interruption ; devant, on lance l’assaut final. Tes pupilles sont vissées à la bouche de ta gorgone, comme si d’un regard suffisamment soutenu, tu pouvais insuffler à l’abysse de ses lèvres pleines le venin nécessaire à terrasser la bête. Transperce-le, extermine-le. Les répliques se chevauchent, s’emmêlent, tu attrapes le regard de Parker, j’vais te faire payer une de ces pizzas, t’emmêle aussi, merde, ça va pas le faire. Tu sent venir le souffle, celui qui déracinera la reine de New-York et toutes tes certitudes. Son adversaire expire, et l’intégralité de la foule s’occupe d’électrifier la tempête. Tu sursautes, piquée par la colère, et joint la huée protestataire - même elle n’arrive pas complètement à avaler l’hystérie de la salle. L’animateur reprend le micro pour annoncer le gagnant. Tu grognes quelque chose entre tes dents, cherche la dernière petite goutte au fond de ton verre pour faire passer l’amertume de la défaite.

Quand tu te tournes vers Deandre, c’est pour argumenter que cette décision minable flirte avec le favoritisme. Vas-y, tu lui sors ton discours politique, ton fiel anarchiste, sachant quelque part que chaque fin d’intonation martelée d’un poing dans ta main ouverte sera un clou de plus tiré dans ses fossettes pour le faire sourire. Tu finis ta tirade par un et Cleveland, c’est de la merde très nuancé, claquant la porte à toute argumentation d’un rictus carnassier. T’as faim. De cette faim qui revient sans cesse, une faim de coucher de soleil illuminant par en-dedans le trou qu’elle te laisse dans le ventre et qu’aucun high, qu’aucune baise, qu’aucune crowded night ne peut jamais colmater.

C’est bon, j’vais te la payer ta pizza ! tu lui cries pour couvrir les hurlements des autres, feignant une grande irritation perdant de son authenticité au contact de tes gencives manifestes. Par contre, ça en sera une bien moche et bien dégueulasse avec un max de jambon et d'ananas dessus, à ta santé ! Et cette fois tu pars devant, sans le toucher, l’attraper, tendant entre ses hanches et les tiennes un fil invisible auquel obéir. Tu es cette civelle remontant le courant des corps, tantôt de dos, tantôt de face, ne te retournant que pour vérifier si l’intensité du courant n’empêche pas Parker de suivre ton sillon. Tu passes au vestiaire improvisé, récupère le baseball coat que t’as piqué sans gêne dans une friperie beaucoup trop onéreuse du sud de Krainz Woods. Chaque fois que tu l’enfiles, les réminescences d’un petit frisson de satisfaction viennent raviver ce feu dont tu prends soin, dans tes artères. Qu’importe ce que les vertueux en pensent ; les objets volés ont une aura bien différente, et tu peux t’en repaître chaque fois que tu en as un entre les mains.

En enfilant la veste trop grande, tu pivotes vers Deandre et lui jettes un petit regard amusé.

T’es venu à pied ?

Parce que toi, oui. Mais tant qu’on ne croise pas d’âme trop acidulée, la nuit est douce pour marcher.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyDim 15 Mar - 16:09

Elle a mordu, les crochets profondément enfoncés dans la jugulaire. Mais le poison ne s’est pas répandu dans la veine - ou, s’il l'a fait, il n'a suffit qu'à inspirer un peu plus le fiel qui se déverse tout à coup, du miel pour Parker et du vinaigre pour Suarez, qu’il observe avec une satisfaction repue lorsqu'il n’a pas les yeux rivés sur sa future et certaine victoire. La foule s’agite, s’emballe, comme lui, comme elle qui proteste, qui fulmine déjà un peu, parce qu’elle doit bien sentir que l’exécution de ses espoirs arrive, savamment orchestrée par un boucher qui a du savoir faire.

Un cri satisfait lui échappe lorsque la battle prend fin. Il brandit un poing victorieux, le rire déjà à moitié coincé dans la gorge, la satisfaction suintant de tous les pores. Suarez grogne, et c’est peut-être comme ça qu’il la préfère, déçue et défaite, prête à protester. Parce qu’il va s’enivrer de chaque petite goutte de salive désappointée.

Le duo duel échange un regard. Suarez récrimine : la décision est minable, alors que Parker la trouve excellente, t’es qu’une mauvaise perdante et entachée d’un favoritisme qu’il fait tomber par terre d’un mouvement d’épaules nonchalant, le sourire fermement accroché aux lèvres. « Jamais d’la vie, Jo. Il était meilleur, c’est tout. Et puis elle était pas chez elle, de toute façon. C’est plus difficile de gagner lorsqu'on est pas à la maison. » Une légère indulgence pour expliquer la défaite, obombrée par son air perpétuellement goguenard. C’est une de ses émotions préférées, même s’il n’a pas l’occasion de la ressentir assez souvent ces derniers temps.

Fréquenter Suarez est peut-être cathartique.

Elle tape du poing et lui hoche la tête en rythme. Ils s’affrontent encore alors que la bataille est terminée, parce que la guerre ne sera jamais vraiment finie. Autour d’eux on échange de toute façon à l’identique : des passionnés qui discutent, des filles qui se pressent vers le grand gagnant, des liaisons éphémères provoquées par l’amour de la musique et du débat. Il se sent bien, la tête légère, dans son élément - autant qu’il peut l’être à Detroit.

« Et Cleveland, c’est de la merde ! » Le sifflement sidéré qui lui échappe est instinctif. Fort heureusement pour lui, son soupirant n’est pas là pour entendre l’attaque gratuite. Reste à savoir quel coin de la carte convient à Jo, si l’on élimine d’office la ville-forêt et son hall of fame du rock and roll.

« C’est bon, j’vais te la payer ta pizza ! » Évidemment, répondent les sourcils qu’il hausse. Elle fait tout pour paraître irritée, mais elle ne le trompe pas vraiment, pas complètement. Même lorsqu'il perd de son côté, il est quand même ravi de lui avoir tenu tête. Et il sait que le sentiment est partagé, même s’il est toujours masqué derrière des grimaces et des simagrées. « Par contre, ça en sera une bien moche et bien dégueulasse avec un max de jambon et d'ananas dessus, à ta santé ! » Deandre voudrait feindre l’indignation mais il rit malgré lui, le poignet devant la bouche pour masquer aussi cette hilarité. Il se reprend finalement, roule les yeux. « T’en sais rien, ça se trouve J’ADORE ça ! »

Pas vraiment. L’ananas ne devrait jamais entrer en contact avec la pizza, mais il fera semblant de déguster ça si elle concrétise ses menaces - il la soupçonne de trop l’apprécier pour le faire vraiment.

Suarez s’éloigne de toute façon déjà, presque absorbée par une foule qui tarde à s’éparpiller. Ses yeux se rivent sur ses épaules, son dos, tout ce qui peut être suffisamment distinctif pour qu’il ne puisse pas la perdre, accroché par la perspective du repas et guidé par un fil d’Ariane invisible.

Il ne respire vraiment que lorsqu'ils atteignent les vestiaires, décroche son blouson noir. Elle se couvre d’une veste trop grande qui lui va inexplicablement bien et qu’il étudie, les yeux plissés.

« Tu l’as volée au dernier homme que t’as tué ? »

Et elle d’être plus pratique :

« T’es venu à pied ? »

Assentiment du menton. « Ouais. Plus facile de disparaître dans la nuit qu’en voiture. Tu connais le chemin, je suppose ? »

Deandre s’habille, salue quelques habitués qui le hèlent, et sort de l’abattoir en ignorant celui qui ricane en le voyant accompagné. La nuit engloutit complètement Delray, transformant les ruines industrielles en châteaux hantés. Les gens s’éloignent chacun de leur côté, potentiels spectres des demeures maudites. L’effervescence de la battle n’est bientôt plus qu’un souvenir qui bat dans son pouls, remplacée par le calme tout relatif de Detroit vers minuit.

Suarez est là, curieusement rassurante. Il fourre ses mains dans ses poches, les mène sur un chemin qui devrait conduire à North-End. Les étoiles sont tombées dans la flaque qu’il contourne.

« Tu viens vraiment de New York ? »

Il a bien écouté, tout à l’heure, lorsque monsieur Cleveland tentait son coup. Ce ne serait pas surprenant, qu’elle vienne de là-bas, même s’il n’y a jamais mis les pieds. Les new-yorkais ont peut-être ce je-ne-sais-quoi - ou alors c’est juste Suarez en elle-même, dans sa veste trop grande, sous sa casquette NYC.

Au loin, un chuintement caractéristique, feutré et presque doux. Des pneus sur l’asphalte. Les phares brillant dans le virage sont plus violents, les deux prunelles implacables de la justice nocturne.

Voiture de flic. Deandre crochète le coude de Jo, les emmène en direction du fossé. Il doit bien y avoir un coin dans lequel se cacher - qu’il s’agisse de la végétation épaisse ou de la ruine de baraque qui s’effondre au milieu de son jardin secret, à quelques mètres de là.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptySam 21 Mar - 16:09

Mauvaise perdante, mauvaise gagnante - tes joues se creusent, ton sourire s’étire comme une colle. C’est plus difficile de gagner lorsqu'on est pas à la maison. Ton visage se penchait déjà à la façon de celui d’un oiseau de proie, mais la nuque bloque, l’onde amusé glisse sous tes cils. Il est moins mauvais gagnant que toi, et tu sembles lui sussurer, dans l’éclat de ton regard, un doucereux ce n’est pas nécessaire. Toi, tu ne l’aurais pas épargné. Tu l’aurais ponctionné jusqu’à la moelle, siphonné jusqu’à la lie.

De toute façon, ce n’est que partie remise.

Tu te demandes s’il a déjà mis les pieds à Cleveland, pour que ça siffle de la sorte ; vraiment, tu imagines mal Parker s’extasier devant la grosse estampe rouge F R E E, celle qui gît au Willard park - tout au plus, tu le vois tirer un de ces grimaces, comme maintenant, à la fois amusée et dubitative. Parce que toutes les conneries d’artifices urbains qui osent se blaser de mots trop faciles comme love, power, freedom et autres inepties à la God bless America méritent à peu près ce genre de réaction.

Lui tirer toutes ces vagues successives, ces sourires tantôt ravalés, tantôt exponentiels, et ce rire, surtout, celui qu’il couvre de son poing - et alors c’est une éclipse, sa bouche est un soleil, et qu’elle disparaisse momentanément te donne davantage l’envie de regarder -, tout ça te rend à une sensibilité exacerbée, à une vigueur ridicule qui n’a de force que pour toi. Tu te sent grande, bien que tu ne dépasse pas la courbe de son menton. Puissante, aussi. Entière. Tellement plus rassemblée que par d’autres moments, ces moments où tu te serais retourné et où tes yeux auraient cru apercevoir le visage de Samuel dans la foule toujours compact. Ces moments où il te faut un rien pour te désintégrer, et un rien, c’est bien le cas de le dire, puisque l’angoisse monte trop souvent du néant afin de te tirer avec elle vers ce même creux. Mais pas ce soir. T’en sais rien. Pas ce soir.

… ça se trouve J’ADORE ça !

Il t’arrache à nouveau ces mêmes dents, serrées, petites, pointues. Un sourire comme tu sais les faire, aussi acéré qu’angélique. Tu ne décides pas tout de suite s’il faut tester son bon goût - ce que tu testes, toutefois, c’est son sens de l’orientation.

Les corps. L’air. Les vestiaires.

Tu balaies le trait d’esprit de Deandre à propos de ton baseball coat, esquissant à peine une petite moue affligée - mais enfin, n’importe quoi. C’est un super manteau. Faut pas le souiller de pensées macabres. Pour la peine, tu époussettes une des manches en relevant le visage un brin trop haut, dirigeant ailleurs la conversation. Parker aussi est venu à pied pour des raisons tactiques.
Tu applaudis son plus facile de disparaître dans la nuit d’un petit geste de la tête, l’index frôlant le coin de ta casquette. À la fois un assentiment, et une boutade. C’est ça, mon caporal. Tu connais le chemin, je suppose ? Tu supposes bien.

Quelques mètres sur les pavés, et toute l’ambiance fiévreuse de l’abattoire s’étiole. Le rythme s’espace, se transforme ; désormais, il habite vos respirations, vos pas. Tu t’étires légèrement, tirant vers l’arrière tes épaules tout en laissant  tes mains fourrées dans les poches amples de la ta veste. Ta nuque plie vers l’arrière, tu lances un petit sourire béat au smog violet. Le couvre-feu transfigure la ville, la rend plus silencieuse. Si on n’y réfléchit pas trop, et qu’on respire, l’air peut presque sembler pur.

Tu viens vraiment de New York ?

Le rictus et la tête relevée demeurent. Sans réellement tourner le visage, pourtant, tu l’observes désormais. Tes yeux, plus sombres dans la nuit, semble chercher quelque chose dans ceux de Deandre, calmement.

C’est pas comme devant le pit. T’es pas pressé de lui cracher ta réponse, de sauter dans son souffle pour le compléter du tien. Sauf que t’es peut-être trop détendue, et on devance ta réponse ; tu sens la lumière frapper l’atmosphère de la rue, à votre gauche. En deux temps. Deux couleurs. Même pas besoin de savoir lesquelles ; si elles se relaient, alors tu sais ce que ça veut dire.

Deandre a le réflexe aiguisé. Plus rapide que toi encore, il t’attrape et fait dévier votre trajectoire. Tu obéis au mouvement en jetant tout de même un coup d’oeil rapide à la chaussée. Le nez de la voiture de flic s’engage dans le tournant, et vos têtes disparaissent, un niveau plus bas.

Tu ne bouges pas plus rapidement, mais tes gestes sont plus efficaces, plus souples. Ton coeur devient élastique. Une légère montée d’adrénaline, quelque chose qui fait se redresser les vertèbres dans ton dos. . Tu as libéré ton bras du sien uniquement pour mieux verrouiller ta main sur son biceps et le tirer vers le mur nord de la maisonnette en ruines. Les phares de l’autopatrouille éclaboussent la façade ouest. Ton sourire a disparu, remplacé par une concentration étrange qui n’a pourtant pas balayée la légèreté dans tes mollets, dans tes doigts.

Une espèce de confiance insolite habite tes gestes lorsque tu pousses la porte moustiquaire déjà entreouverte de la baraque, que tu te glisses à l’intérieur, lâche le bras de Deandre avec lenteur ; comme si tu étais déjà venue ici, que tu savais combien de secondes prend tant d’enjambées pour longer le mur extérieur, entrer, autant de secondes qu’il en faut pour que les lumières de la voiture de police viennent éclairer l’endroit où vous n’êtes plus. Mais ce n’est pas ça. Tu n’es jamais venue ici. Mais il y a eu un déjà. Déjà-vu, déjà fait. Des dizaines de fuite répétées devant la Justice. Assez pour que tu ne laisses plus cet instinct de lièvre obliger tes jambes à fouetter l'air sans réfléchir. Le free stamp de Cleveland te traverse le crâne. Tu souris vaguement en faisant quelques pas dans le taudis, l'oreille tendue.

… Je viens du Bronx, si tu veux tout savoir.

Tu dis ça en te retournant vers lui, désinvolte, puis jettes un regard par les carreaux fendillés. Les lumières s’éloignent en tournoyant mollement. Il y a une odeur rance qui s’échappe des murs, des planchers. Tout est sale, et tu le devines, pâteux au toucher. Alors tu glisses à nouveau tes mains dans les poches de ta veste, mais ça ne t’empêche pas de faire mine de fouiner juste un peu ; tu te déplaces dans l’espace ouvert, trois pas par-ci, cinq pas par-là, tes yeux curieux dissimulés sous les angles de ta casquette.

Et j’crois qu’un des appartements dans lequel j’ai habité était à peu près - une main ressort, balance dans l’air frais comme un aéroplane - aussi crados que celui-ci.

Tu te retournes vers lui, une lueur sagace sous les paupières. Le Bronx a une réputation à défendre, t’y peux rien. La haute silhouette de Parker baigne une dernière fois dans un halo bleu qui s’épuise, puis tout redevient gris. Tu ne vois pas son visage, lui qui fait dos à la fenêtre, à la porte, mais tu devines ses yeux, et là où échoue la courbe de sa mâchoire.

Tu le sent quand même, le petit coup de stress qui a dilaté tes veines et chassé la moindre lourdeur dans ta tête. Tu pensais tracer en diagonale jusqu'à North End, mais ce sera peut-être pas possible. Tes yeux se tournent vers la rivière, à quelques mètres de là, comme s'ils pouvaient la voir au travers les murs de la baraque. Vous pourriez la longer jusqu'au Boulevard Rosa Park, disons, et remonter en ligne droite à partir de là en empruntant les petites rues. C'est un coin plus industriel. Au final, tu réalises que tu te fous pas mal de l'endroit où vous irez manger ; tu veux juste étirer le temps en compagnie de Deandre.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyLun 23 Mar - 16:21

Un flottement - comme les étoiles dans la flaque, sauf qu’elles sont aspirées par un trou noir, la prunelle indélébile de Jo. Elle le regarde, une réponse manifestement dans les airs, sur le bout de la langue. Les constellations sont importantes, en Amérique. On vit après tout sous cinquante astres bien alignés, cousus par le fil ténu de l’appartenance. Alors, en orbite autour de New York ou pas ? Quel coin du cosmos pour cette nébuleuse ?

L’astéroïde Pickman menace de rentrer dans la réponse. Deandre sent plus qu’il ne constate la menace, harponne Suarez dans une mer de végétation. Elle suit le rythme avec la légèreté d’une partenaire de danse, malléable et alerte, avant d’imposer le sien. « Là. » Parker lui prête une confiance aveugle lorsqu'il fuse à sa suite en direction du taudis croulant. C’est instinctif, cette sensation que Joanna ne peut pas se tromper - en tout cas pas lorsqu'il s’agit de ce genre de choses.

La baraque tient encore debout, mais la nature l’engloutira sûrement bientôt. Ça commence par de la mousse et ça finit par un arbre planté dans le salon, qui transperce le toit et pourfend les souvenirs d’enfance.

En attendant c’est juste vermoulu, poisseux, poussiéreux. Joanna pousse la porte moustiquaire et Deandre se faufile à sa suite, ombre disproportionnée. Il est assailli par des réminiscences d’été qui ne lui appartiennent pas - des soirées violacées bercées par une époque meilleure, au cours desquelles on couve un verre de grenadine ou de limonade avec les restes fondants d’un glaçon. Citron sucré sur le palais, menace hématophage furieusement repoussée, hécatombe de papillons écrasés par leurs assauts lumineux.

Il n’y a plus rien de tout ça. Les moustiques vrombissent à l’intérieur, attirés par l’humidité ambiante. La maison est en pétard, échevelée. On a tiré les fils des murs pour récupérer tout le plomb. Au dehors, c’est la symphonie chuchotée des pneus qui glissent, l’accord silencieux des phares qui s’immiscent dans chaque recoin.

« … Je viens du Bronx, si tu veux tout savoir. »

Suarez est une ombre chinoise.

Deandre hausse les sourcils, appuie la réponse d’un menton pensif. Pourquoi pas.

Ses yeux se faufilent dans les fentes pour mieux capturer le prédateur en fuite. Les flics devaient se douter qu’il y avait battle ce soir, s’ils rôdent à cette heure précise dans le quartier. Les rues de Delray vont bientôt être battues par des cochons anthropophages, le genre qu’il ne peut pas tranquillement vider en boucherie.

« Voilà qui explique des choses. »

Petite lueur sardonique sur la canine et la pupille. Il n’a rien contre le Bronx, en soi, mais c’est facile et plaisant de la taquiner, comme toujours. Et puis, ça lui va bien - Suarez dans son Bronx, avec toute la réputation qui va avec. Ça explique un petit peu le pourquoi du Jo de Joanna.

« Et j’crois qu’un des appartements dans lequel j’ai habité était à peu près » - arc de la main - « ... aussi crados que celui-ci. » Elle serait presque bizarre, cette sensation d’avoir quelque chose en commun. Lui aussi a connu les taudis, lorsqu’il était plus jeune. Les boîtes à sardine lorsqu'il évidait les poissons près des docks, mains fatiguées, dos tordu, fumet permanent. C’était le prix à payer, lui avait dit son père, s’il voulait faire les choses correctement, des années de misère pour plus tard goûter à un peu plus que la poussière. L’insouciance lui manquait, à l’époque. Mais il avait Tianna pour partager la nécessité d’être raisonnable, de s’en sortir.

Ils n’ont pas vraiment réussi, finalement.

« Pourquoi t'es partie ? Tu cherchais quelque chose d'encore plus crade ? »

Ça aussi, c’est curieusement commun. Ils ont tous les deux quitté leur berceau crasseux pour mettre un pied dans une tombe fangeuse.

Deandre fait quelques pas dans la pièce, mains dans les poches. Sa voix est enrobée d’un sarcasme sucré - les restes de limonade fantasmée - parce qu’il imagine trop bien le ridicule de la situation. « On emménage quand tu veux, si ça te manque. J’suis sûr que tu ferais une excellente coloc… »

Il tripote la poignée de porte. La nature a retrouvé son calme.

La maison l’était jusque là, mais elle profite du moment pour montrer les crocs. L’étage s’ébranle, le plafond empoussiéré frissonne. Quelque chose de lourd vient de tomber par terre, qu’il s’agisse d’un animal, d’un squatteur, d’un fantôme - ou même d’une goule, puisque à Detroit tout est possible. Dans tous les cas, ignorance is bliss. Deandre ouvre la porte moustiquaire, ceint d’un halo des parasites susnommés.

« Faut qu’on s’casse, à moins qu’tu veuilles lui dire bonne nuit. »

Il n’attend pas vraiment son assentiment, rejoint les herbes folles du jardin. La route ne lui donne plus vraiment envie, et il patiente quelques secondes, en quête d’une idée. Non loin de là, la rivière chante. Pas de sirène dedans, mais la promesse de ne pas être dérangés par des flics trop diligents. Un sourcil interrogateur joint le doigt qu’il pointe dans sa direction.

« On passe par là ? »

Elle serait presque romantique, si les cadavres en plastique n’ornaient pas sa chevelure ondulante. La rivière emporte joyeusement les déchets dans son sillage, affleurée par des orties et des trèfles. Les narcisses ne poussent pas sur ce coin du globe.

Deandre a remis ses mains dans ses poches, son nez dans son col. Son oeil coule sur Suarez.

« Si son s’perd, j’te tiens pour responsable et tu prends le premier tour de garde. »
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyVen 27 Mar - 0:31

Voilà qui explique des choses.

Ta tête bascule vers lui. Un roulement de la nuque, parfaitement décortiqué. Plaît-il ? Sous l’angle de la casquette, tu lui souris avec une arrogance feinte. Seule façon de relever, pour l’instant - partie remise, Parker, partie remise. Tes yeux glissent ailleurs pour longer les murs à nouveau, mais ton corps se rapproche discrètement du sien pendant que tu bascules ton poids sur tes talons, que tu pivotes, recules, constates en silence le délabrement du taudis ; ça te fait un truc, toutes ces maisons un jour habitées, jamais reprises, et que Pickman veut raser comme on écrase des boîtes de carton pleines d’humidité d’un hiver qui se retire. Pourquoi t'es partie ? Tu cherchais quelque chose d'encore plus crade ? Tes poings poussent un peu mieux dans le creux de tes poches. Déjà il enchaîne, comme tu le regardes se mouvoir à son tour sur le parquet incliné. On emménage quand tu veux, si ça te manque. J’suis sûr que tu ferais une excellente coloc…

Un rire sec, précis. Joyeux. Bien sûr tes lèvres soufflent avec désinvolture, question d’me faire virer tous mes trucs dans un de tes fameux open house.

Gueule d’ange dans son rétroviseur, une vertueuse innocence que tu perds bien vite lorsqu’un bruit lourd tremble du plafond à tes oreilles. Faut qu’on s’casse. Perspicace. À moins qu’tu veuilles lui dire bonne nuit. Une mince grimace tire les muscles de ta mâchoire ; j’y tiens pas vraiment, que ça dit. Tu le suis à l’extérieur, ta main rattrapant doucement la porte qu’il lâche afin de la refermer sans bruit. Elle chuinte sur ses ressorts rouillés, sans plus.

On passe par là ?
On passe par là.

Et tu passes devant en chassant une petite bestiole insistante tout près de ton oreille, les doigts raides. Un dénivelé, des ronces parmis les blocs de béton, et la rivière coule librement, sédimentée sur ses rives par un limon brunâtre que tu préfères ne pas identifier.

Si son s’perd, j’te tiens pour responsable et tu prends le premier tour de garde. Oh, pitié. Tu lui lances un coup d’oeil, renarde. Tu devrais profiter de notre petite ballade romantique avant de penser au camping. On vit le white family dream là.

Tu ricanes de ta propre connerie, le menton baissé pour attacher ta veste.

Ensuite il faudra aller faire un tour à la montagne pour les vacances, et avoir un Golden Retriever nommé Fritz, tu énumères en coinçant le curseur de la fermeture éclair sous ton cou, les frémissements d’une fausse allégresse commandant à tes cils de papillonner lentement. Tu relèves le menton vers lui en marchant toujours, puis joins tes mains, comme emportée par ce fantasme d’une vie parfaite, oh oui, parfaitement chiante. Eh mais, toi, d’ailleurs ça s’interrompt brusquement, un index se dégainant de tes doigts entrelacés pour pointer Deandre, t’es pas de Détroit non plus. À la fois une question et une affirmation. Enfin, une intuition - qui croit se perdre dans cette ville en longeant la rivière n’a pas suffisamment arpentés les quartiers. Un sourire taquin germe derrière tes pouces.

Hmm, alors : d’où tu viens, et pourquoi t’es parti ?

Tu fais ta maligne - c’est flagrant d’honnêteté. Tes pas se sont étirés et tu attaques le sol du talon, les hanches légèrement tournées vers Parker. Ce que tu te plais à constater, surtout, c’est que bien qu’un peu moins mordante, votre dynamique étrange ne s’épuise pas hors des murs de l’abattoir. Sans les battles, sans l’euphorie des autres corps, voilà, le suc demeure. Tu t’en rinses discrètement les dents, glissant ta langue de ton palais à tes incisives.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptySam 28 Mar - 1:46

Plus on s’enfonce dans la nature et plus la nuit s’épaissit, comme si on en touchait le fond en retournant à la vie sauvage. La rivière devient un lacet miroitant mais sombre, sournois comme la rive glissante. Les yeux de Deandre affleurent la surface, cherchent les débris de Lune fichés dans les remous. Il s’empare finalement de son téléphone, prêt à river un faisceau artificiel sur son chemin. Il n’est pas question de tomber sur le cul et de se casser la hanche - non seulement il serait coincé là pour le restant de la nuit, mais il ne survivrait pas aux ricanements inlassables de Suarez.

« Oh, pitié. »

Leurs prunelles se crochètent. Ça se frotte comme deux silex qui cherchent à gagner la guerre du feu.

« Tu devrais profiter de notre petite ballade romantique avant de penser au camping. On vit le white family dream là. » Il aimerait bien soulever la remarque comme si elle ne pesait rien, comme d’habitude - mais il y a une pause pensive, parce qu’il reste accroché à un mot, un qualificatif. Joanna est à moitié dévorée par la nuit, mais il l’observe avec un semblant de discrétion, les prunelles glissées au coin des sclérotiques.

Il rumine.

Romantique.

Il n’y avait même pas songé.
Parce que ce n’est pas le genre de Jo. Difficile de l’imaginer illuminée par un repas aux chandelles, ou bercée par une sérénade sous son balcon. C’est peut-être parce qu’il a du mal à l’imaginer comme ça qu’il l’a jetée entre les griffes de monsieur Cleveland, curieux de la découvrir sous un nouveau jour.

Mais elle a rejeté son admirateur avec une froideur implacable.
De toute façon, Suarez n’est pas intéressée par lui comme ça. Elle est trop quelque chose. Peut-être trop bien. Ou alors c’est lui qui est trop. Trop déterminé à ne rien voir parce qu’il se complaît dans l’aveuglement.

Il fuit un peu l'affection, depuis quelques temps, depuis ce moment. C'est comme s'il s'attendait à ce qu'elle se mue en une compassion qui lui fait horreur, qu'il ne pense pas mériter. Les moments de tendresse qu'il glane sont volés, empruntés à l'aveuglette, des élans instinctifs qu'il n'a pas toujours la force de repousser.

A la fin c’est une paume qu’il tend, blagueuse mais pourtant inquisitive, comme s’il cherchait à toucher la vérité. « Je savais pas qu’on vivait une romance. Tu veux qu’on s’prenne la main ? »

Un bourdonnement incessant tourbillonne autour de son oreille gauche. Ce ne sont pas ses pensées, mais bien un vampire miniature. Deandre fait un pas sur le côté, pousse un reniflement agacé. « C’est surtout les moustiques qui sont en train de réaliser leurs fantasmes, là. » La main qu’il tendait fend l’air à deux centimètres du nez de Suarez, faussement violente. « Y en a un gros juste là d’ailleurs… » Et il sourit, amusé mais dissimulateur, comme pour la dissuader de répondre à sa première question.

« Ensuite il faudra aller faire un tour à la montagne pour les vacances, et avoir un Golden Retriever nommé Fritz. » Le rire qu’elle lui arrache glousse comme la rivière ; facile, continu, toujours dans le même sens. Au loin, la civilisation clignote, l’oeil jaunâtre et fatigué d’un lampadaire. Sur l’autre rive une ruine industrielle s’effrite, tours de béton taggées et côtes de métal roussies.

« Eh mais, toi, d’ailleurs… » Oui, lui d’ailleurs... « t’es pas de Détroit non plus. » L’oeil qu’il jette sur le doigt accusateur est presque condescendant. « Encore heureux. »

« Hmm, alors : d’où tu viens, et pourquoi t’es parti ? » Elle a le sourire aux lèvres, Suarez, innocente comme un enfant qui ne sait pas qu’il fait souffrir en arrachant les ailes du papillon. Deandre panique comme le lépidoptère privé de son moyen de locomotion, abat sur sa figure un masque neutre pour cacher l’affolement intérieur. C’est la question qu’il redoute, parce qu’il y a toujours cette tentation de vomir la vérité - plus que la vérité, toute la culpabilité qui va avec, son coeur sanguinolent jeté aux pieds de quelqu’un.

Elle n’a pas répondu lorsqu'il lui a posé la même question, tout à l’heure.
Il exagère son accent.

« J’viens d’un coin où on aime manger des crabes, hon. »

Caricatural et grossier, mais pas si loin de la vérité. Sa mère finit parfois ses phrases comme ça, par réflexe. Elle coupe le honey en deux, du Baltimore collant plein les dents. Lui n’a jamais attrapé l’habitude, même si des honey entiers lui échappent de temps à autre, parfois ironiques, secrètement tendres.

La rivière se jette sur la droite, une route coupe l’horizon. Ils sont arrivés dans un coin de North End on ne sait trop comment, immédiatement reconnaissable lorsqu'on foule assez souvent le quartier. C’est ce mélange de vide et de gravats rouges - peut-être aussi le nombre de fenêtres allumées alors que le couvre-feu est bien entamé. On aime pas les ordres, dans ce quartier. Surtout lorsqu'ils viennent d’un texan.

Ses pas le guident instinctivement dans une ruelle remplie de néons. Le bâtiment devant lequel il s’arrête est situé dans un renfoncement. Les portes sont closes, les volets fermés.

Mais de la lumière filtre entre les stores.

Du DINER annoncé en rouge sur la devanture il ne reste plus que le clignotement fatigué d’un DIE prometteur. Deandre ne relève pas l’évidence funeste, cherche des yeux la porte de secours. Il n’est pas question de passer par devant. Si son instinct est bon le derrière de l’établissement est ouvert, comme celui d'une pute la nuit.

« Ça t’va, ça ? »

Son estomac grogne au même moment, comme pour la convaincre d’accepter.
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MessageSujet: Re: catch the blast of a hype verse ; joanna    catch the blast of a hype verse ; joanna  EmptyMer 8 Avr - 17:12

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