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 my night is a hidden place (deandre)

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MessageSujet: my night is a hidden place (deandre)   my night is a hidden place (deandre) EmptyMer 8 Avr - 17:11


Tu lui as dit n’avoir jamais mangé de crabe. Tu mens souvent, pour le plaisir d'être autre chose, mais cette fois-ci, aucune imposture. La vérité a quelque chose d’excitant quand c’est à Deandre que tu la confies ; presque comme une provocation, une gageure lancée à tes propres contours. T’es ce hon, c’est vrai, évitante et pleine de miel. Une fraction de ce que tu pourrais être, une moitié de ce que t’es alors que l’autre volet de ta personnalité fout le camp à New York pour que tu puisses te rapprocher du territoire de Parker. Tampa, Jacksonville ? Non, tu le vois mal issu du bible belt ; il n’en a ni l’accent, ni l’attitude. Il est au Nord de toutes ces conneries, voilà, passée la Virginie, là où la tête redevient froide et l’existence un peu moins arriérée.

Mais qu’importe, puisque c’est à Détroit que vous zonez, et on est toujours un peu de l’endroit où on vit. Un peu de ce DIE, alors, en néons ardents sur la devanture du restaurant que Deandre a repéré. Les dernières braises chaudes avant les cendres grises du matin. Tes yeux restent un instant suspendus aux lettres pour chercher ce qui meurt, l’iconographie d’une amérique en perdition, peut-être, puisqu’il est difficile d’imaginer le trépas de ce qui est encore plein de vie - la perte, on ne la voit que dans ce qui est déjà un peu disparu.

Ça t’va, ça ?

Un gargouillement sonore, à ta droite. Celui de son estomac. Ça te soulève automatiquement les poumons ; ils se pressent et forment un rire soufflé entre tes canines à peine entrouvertes. Tes yeux ont lâché les lumières pour se poser sur le visage du boucher. Sur ta rétine éblouie, les traits de Parker ondoient comme un bitume sous la chaleur de juillet. Sa peau prend des teintes plus foncées par endroit, et les os saillants de ses joues luisent sous l’épiderme, piqués de grenats. Ça va, tu glisses avec une once de malice, un boucher qui meurt d’inanition, ce serait trop ironique, même pour moi.

Tu passes devant en retirant ta casquette, pleine d’une témérité insouciante. La porte est lourde, elle ouvre sans bruit. La chaleur de l’endroit transporte les effluves grasses de la cuisine et chasse aussitôt la fraîcheur de la nuit sur vos visages.

Le diner sort tout droit des années 50, mais sans le côté light du rétro à la rose bonbon et au bleu pastel. Un rétro vieux mafieux, plutôt, avec ses tuiles alternées, un carré blanc, un carré saumon, ses banquettes en skaï bourgogne, ses tables laquées, son bois foncé. Tu avances de quelques pas, plies légèrement ta casquette entre tes mains raides, par à-coups, le regard haut et fixe. Quelque chose comme un instinct, une prudence, t'immobilise. Ça s’appuie sur la présence de Parker, derrière. Tu le sens dans ton dos, comme une muraille. Cette muraille travaille ton audace.

C’est glauque. Ta tête s’est légèrement reculée pour attraper les yeux sombres de Deandre, juste au-dessus. Mais le regarder, seulement, active cette petite chaudière dans ton ventre ; comme dans les battles, comme partout ailleurs où tu l’entraînes à ta suite, maintenant, il y a cette nécessité puérile de générer la réaction. Si c’est pas une romance qu’on vit Parker, je sais pas ce que c’est : des flics corrompus, un squat en ruine, un diner qui doit probablement servir ses propres clients au menu… qu’est-ce que tu veux de plus, ce sont les ingrédients de base de tout bon scénario d’une passion hollywoodienne.

Ton croc blanc saille sur ta lèvre. Le propriétaire de la place choisit cet instant précis pour faire son entrée, un mélange sonore de battants de cuisine qui claquent sous son apparition et de voix de ténor jappant avec une amabilité à travailler : POUR DEUX ?

Si tu ne sursautes pas, alors tu te tressailles plus ou moins fort, à l’intérieur. Ta main esquisse un geste sec alors que ton visage se détourne, paupières frémissantes sous une envie de se fermer durement, de ravaler l’exclamation de surprise broyant ta gorge. Putain. Tes doigts se sont posés juste au-dessus de la hanche de Parker, geste hybride de protection - pour la sienne, pour la tienne - et de fuite. Mais déjà tu ravales ta peur avec un certain agacement, glissant vers l’homme bedonnant un regard noir. Sur le bas de ton visage, un sourire mince et statique tente de balancer l'offense. Il attend, mais avec cette façon insistance de se tenir, comme s’il avait déjà amorcé le tournant du bout du pied, ce mouvement qui l’entraînerait de nouveaux vers sa cuisine.

Est-ce qu’il sait que tu as manqué lui balancer ta casquette à la gueule ?
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Deandre Parker
Deandre Parker

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my night is a hidden place (deandre) 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
DEDEEEE, il est où dédé ???
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MessageSujet: Re: my night is a hidden place (deandre)   my night is a hidden place (deandre) EmptyDim 12 Avr - 16:08

« Ça va. Un boucher qui meurt d’inanition, ce serait trop ironique, même pour moi. » Toujours aimable, Suarez, surtout lorsqu'elle a eu l’occasion de rire un peu ou de mordre.

Jamais indulgente, Suarez – ou peut-être que si, s’il poussait un peu et s’immisçait dans une faille. Mais pour cela, il faudrait encore la trouver. Passer ses doigts et chercher les crevasses, les éventuelles serrures qui caractérisent tout le monde.

Il n’est pas sûr d’avoir la clé, même si elle l’aime bien, même si une affection bourgeonnante ouvre souvent les portes.

Celle-ci s’ouvre comme une bouche qui inhale et exhale un peu de la nuit, les recrache dans un univers nocturne aux coloris artificiels. Le diner est le genre de lieu que l’on a déjà croisé éveillé ou dans un songe, entre le souvenir et la carte postale. Deandre s’arrête sur les quatre recoins comme s’il cherchait le danger, tandis que Joanna s’immobilise elle-aussi. Les lieux inconnus éveillent toujours une sorte de méfiance - surtout lorsqu’ils se permettent, comme celui-ci, de braver des interdits.

Lorsqu’elle se tourne vers lui il réalise que l’ambiance est aussi plombée par la relativité du silence. Les néons grésillent comme la friture dans la cuisine. L’Amérique ne sait se la fermer que lorsqu’elle doit commémorer certaines tragédies. Sinon, c’est toujours ce petit jingle incessant qui se love dans l’oreille, près des tempes, sirupeux comme les pancakes que ce genre d'établissement sert tôt le matin.

« C’est glauque. » Il a toujours cette même façon de croiser son regard, entre l’intérêt et le défi. « Si c’est pas une romance qu’on vit Parker, je sais pas ce que c’est : des flics corrompus, un squat en ruine, un diner qui doit probablement servir ses propres clients au menu… qu’est-ce que tu veux de plus, ce sont les ingrédients de base de tout bon scénario d’une passion hollywoodienne. »

On dirait surtout un Scorsese ou un Coppola qui va bientôt prendre le mauvais tournant. Mais, après tout, on peut aussi trouver de la romance là-dedans. Une histoire qui commence mal, ou qui se finit mal.

Oh, les débats qu’ils pourraient avoir sur le cinéma. Ils se tiendraient la jambe des heures dans le noir d’une salle, chuchotis courroucés qui provoqueraient les propres murmures rageurs des spectateurs qui ne peuvent crever leur bulle.

Il faut qu’il emmène Jo au cinéma.

La réponse qui va bientôt s’insinuer sur sa langue n’est encore qu’une pensée informulée lorsque les portes battantes inhalent, exhalent, le même soupir essoufflé que celles de l’établissement. L’homme qui se présente a de l’impatience collée aux cils, aux paumes qu’il frotte. Il est surtout un étranger, comme tous les hommes qui s’insinuent entre eux. Un intrus que Deandre jauge.

POUR DEUX ?

Les nuits de Detroit sont longues. Elles s’attardent, paressent, comme si elles voulaient bercer plus longtemps le crime contre leur sein. Alors, ce n’est vraiment pas la peine de se presser. Joanna s’est tendue, surprise par cette soudaineté. Ses yeux tombent sur sa main, un geste instinctif qu’il jauge aussi, comme ça. Il a presque envie de s’en saisir pour amollir les doigts, rassurer leurs jointures raidies par le saisissement.

Parker et Suarez prennent toujours le temps l’un pour l’autre. Deandre s’appuie contre le comptoir, un geste nonchalant. Fait mine d’observer le menu imprimé en gras, protégé par un filtre de plastique. Il n’a en réalité qu’une pensée qui se verbalise enfin sur le bout de sa langue – l’ingrédient manquant pour Suarez, le poivre qui pique leurs échanges.

« Un Coney Dog et des frites. » Ses yeux coulissent jusqu’à elle, rieurs. « Mais j’peux me contenter des spaghettis bolo’ de Lady and the Tramp si t’as une bonne hygiène buccale. J'voudrais pas nous priver de notre moment Hollywood. » Devant lui, le propriétaire a mis ses mains sur ses hanches, entre l’impatience et l’amusement. Deandre lui accorde de nouveau son attention, un sourcil presque haussé. Il lève ses doigts. « Pour deux. » Ses pupilles s’esclaffent encore. Ça bondit des cils et se jette dans le regard de son interlocuteur. « Elle paye. »

Le type plisse les yeux. Le sourire poli qu’il esquisse depuis le début s’amollit, comme s’il ployait sous la lourdeur d’une émotion sincère.

« Baltimore ? » qu’il demande, l’air presque narquois lorsque Parker se redresse, une main toujours sur le comptoir, revigoré comme un chien auquel on vient de jeter un os. « C’est tous tes r. Ma femme vient de là-bas, elle les prononce pareil. Eh, Angie ! Angela ! Viens-voir ! »

Deandre se tourne vers Jo.

« Tu vois, hon. La devinette était pas difficile. »

Angela n’a rien d’un ange – mais c’est peut-être parler trop vite, parce qu’elle porte après tout un halo synthétique fait de néons, juste au-dessus de la charlotte en plastique qui perd peu à peu son combat contre quelques mèches de cheveux électrifiés. Elle a les yeux lourds comme sa carcasse et l’air méfiant lorsqu’elle émerge des cuisines.

« Y a quoi ? » Son mari sourit et désigne Deandre du doigt, tente d’imbiber ses syllabes d’authenticité. « Bawlmer, chérie. »

Un reniflement. Angie étudie son client de la tête aux pieds, un long papillonnement des cils. Et puis elle renifle encore, ce qui ne présage rien de bon sur les quantités de morve que contiennent ses narines et ses assiettes.

« Ah oui ? Ben c’est pas pour ça que j’te ferai une réduction, j’te préviens. Ici on paye comme il faut, surtout à cette heure de la nuit. » Et elle leur offre son meilleur regard maternel – celui qui menace, pas celui qui conforte – avant de retourner dans son royaume d’huile et de steaks trop cuits. Son compagnon rit grassement, les mains sur sa panse. Deandre jette un coup d’œil à Jo, l’ombre d’un sourire attendri sur ses propres lèvres.

Son estomac joint finalement le concert, grondements de plus en plus vindicatifs.

« Passe commande, j’vais nous chercher la banquette la plus confortable. »

Il s’y prend avec un sérieux admirable, en passant sa main sur le faux cuir et en évitant les rembourrages déchirés, aplatis par de trop gros culs ou encore tachés par ceux qui sont sales.

Deandre s’affale non loin d’une plante en plastique qui trouve le moyen d’être mourante, les feuilles tombantes. Aucune grâce dans la posture, juste une faim criarde et une grande nonchalance, les yeux rivés sur les craquelures au plafond.
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MessageSujet: Re: my night is a hidden place (deandre)   my night is a hidden place (deandre) EmptyMar 5 Mai - 22:15

T’as cette idée des royaumes comme de petits lieux clos et éphémères, un abattoir transformé en caisse de résonnance, un diner bravant l’interdit du couvre-feu, des endroits qu’il faille revendiquer afin d’investir pleinement sa propre vie. Le coude de Deandre sur le comptoir laissera une empreinte indélébile de lui, un renfoncement invisible, ses doigts sur le menu un peu de son énergie indolente. Depuis ton poste d’observation, à un pied pourtant, tu te sent loin tout à coup ; d’ici tu l’observes vivre, avalant du tressautement léger de ses paupières lourdes à sa nonchalance asymétrique lui dissimulant sans doute une promptitude dont tu t’es à peine galvanisée lors des battles. Tu sais qu’il y a autre chose qui se cache sous cette peau sombre, parfumée, un Coney Dog et des frites, parce que quand ses yeux reviennent à nouveau vers toi, ils ont cet éclat vif, profond, vivant. Car tout le monde ne vit pas réellement. Et si les délires à la Day Z sont la nouvelle obsession en vogue du peuple, et si tout le monde multiplie maladivement les photos d’eux-mêmes sur la toile informatique, c’est peut-être parce qu’il y a cette émergence d’une conscience collective sur la lente agonie qui nous étreint tous, c’est peut-être pour tenter d’accumuler les preuves de notre existence. Nous sommes ici. Nous sommes ici. Ne nous oubliez pas.

Mais j’peux me contenter des spaghettis bolo’ de Lady and the Tramp si t’as une bonne hygiène buccale. J'voudrais pas nous priver de notre moment Hollywood.

Tes traits vacillent, se creusent sous l'échancrure d'un sourire ou mielleux, ou féroce, à cela près qu'il semble toujours être dissimulé sous un filme très mince d'apaisement, de dissimulation. Il y a chez toi aussi des choses qui se cachent, et elles luisent faiblement, blottis dans le secret du pulpe de tes lèvres. Pour deux, elle paye. Ça s'élargit encore, dévoile brièvement des dents blanches avant de se refermer en une moue faussement indisposée. Tu pourrais presque entendre la remarque désagréable d'un quinquagénaire dans la file imaginaire, le féminisme fait des ravages.

Puis y’a le cuisinier qui entre dans votre partie de devinettes - quand Baltimore tombe de sa bouche, Parker se redresse, piqué de plaisir. Tu réagis presque de la même façon, ombre mime dans l’angle de ses épaules larges. Merde, c’était pas difficile, comme te taquine Deandre, mais il faut reconnaître que les New Yorkais ont l’impression que le monde gravite autour d’eux, non ? Tu lui lances une oeillade accusatrice, une grimace en forme de berceau, là où sommeille la douceur qu’éveille à nouveau ce hon sucré, glissé si naturellement. Et si la pique appelle la réponse, tu te réserves une fois de plus, comme s’il ne fallait pas violer cet échange entre lui et les tenants de la place ; tu te fais spectatrice de la petite scène sur laquelle le boucher joue brillamment, mais cette spectatrice là sait trouver son chemin vers les coulisses.

Tu captes le coup d’oeil de Parker, le retient juste un instant. Ses boyaux crient disette.

Ah ouais, tout ça… tu souffles en te rapprochant, sirupeuse, afin de prendre le menu toujours écrasé sous sa paluche. Ça s’orne d’un sourire sans le regarder, les pupilles tombantes. Elles s’éclipsent sous la casquette. Passe commande, j’vais nous chercher la banquette la plus confortable. Alors ton dos s’allonge pour que tu puisses poser l’arrière du coude sur le comptoir, toi aussi, une joue dans la main, tout le bras perdu dans la manche trop grande de la veste.

Un regard furtif glissé en direction du boucher étudiant les banquettes ; il en sélectionner une, consciencieusement, pour s’y vautrer avec désinvolture. Tu as l’impression que ton corps vient de s’étirer sous l’effet pervers de la fatigue. Les nuits nous grandissent. Le cuisinier attend, presque avec curiosité, il te semble. Tu reviens sur lui, décroches un sourire plus doux que les autres. Alors ce sera deux Coney Dog et deux frites, s’il-te-plaît. On dirait que ça le fait marrer. Il se déplacer de quelques pas pour aller à la friteuse en laissant traîner ses yeux vers toi, les mains s’essuyant rapidement sur un torchon gris près des plaques.

Et un Cooler ? il fait, presque comme s’il proposait une sucette à un enfant. Il à l’air de se trouver trop amusant pour que tu puisses le lui refuser : ton portefeuille est déjà ouvert. D'accord, et ta tête secoue mollement, tes épaules se haussent, d’accord, pourquoi pas. Il laisse tomber un panier de frites dans l’huile et revient près de la caisse, distrait par une gaieté étrange tout droit issu des souvenirs. C’est comme ça que j’ai eu Angie. Il rentre la commande. Avec un Boston Cooler. La fierté. Tu lui tends ta carte, le visage légèrement de biais, pour montrer que tu es bel et bien mystifié par ce qu’il avance, et qu’il te faut un peu plus d’informations pour oser prétendre appliquer ses bons conseils. Il parle plus bas, sur l’air de la confidence, les milkshakes, c’est le secret des premiers rendez-vous, et te rend ta carte avec un grand sérieux. Tes sourcils se haussent, appréciatifs, alors qu’erre sur tes lèvres un sourire ingénu. Excellent à savoir, monsieur. Les secrets de l'univers sont bien gardés.

Et quelque part derrière le sourire, une petite douleur.

Ça te fait signe d’aller t’asseoir, que tout viendra à point. Alors tu quittes lentement le comptoir, comme secouée, incertaine du jeu dans lequel tu croyais compétitionner. Tes doigts retirent ta casquette, la laisse traîner sur le coin de la table, lissent vers l’arrière ta tignasse comme tu t’assois face à Deandre, silencieuse.

Il est grand, même avachi.

J’me suis dit que deux cony dog ce serait plus rapide que des pâtes ou de la pizza. Ton poignet tourne vers l’extérieur, ton regard frôle le bord de la banquette, l’air de dire, je sais, je pense à tout. Mais aussi, je t'épargne. Puis tu migres vers la fenêtre, tentant un coup d’oeil à travers les lattes en plastiques du store. Détroit somnole. Baltimore… tu glisses en revenant vers lui, songeuse.

Tu tombes dans ses yeux. Ne te relève pas tout de suite. J’ai un peu honte de le dire, mais j’ai jamais mangé de crabe. Un instant tu sembles douce, puis ton dos écrase la seconde flottante dans le dossier de la banquette. Tu t’y cales en montrant les crocs, froissant tes airs chérubins sous quelques rides rieuses. Ton index s’oriente vers Parker. Par contre, j’ai déjà testé le homard, et ça a vraiment un goût de merde. Fight me on that - Jo a raison. Les fruits de mer, ça commence par fruit parce qu'autrement, personne n’aurait osé s’imaginer en train de mâchouiller des insectes carapacés trifouillant le fond des océans. Absolument infecte.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: my night is a hidden place (deandre)   my night is a hidden place (deandre) EmptySam 9 Mai - 11:17

Ce n’est pas de la fébrilité, mais ça s’en rapproche. C’est une sensation qui naît du silence et de la patience, le même genre d’agitation que provoque une salle d’attente. Il a été parfaitement calme jusque là, guidé par le tourbillonnement habituel de sa valse avec Suarez. Mais ils sont sortis de leur salle de danse quotidienne, et la nouveauté de la chose lui pèse dessus tout à coup, en même temps que des questions informulées sur lesquelles il refuse de s’attarder. Comme ce qu’ils font là, et pourquoi ils le sont. Peut-être sont ils en train de devenir amis. Ce serait naturel et glissant, comme toutes les amitiés du genre. Ils jouent déjà régulièrement au tir à la corde, deux enfants dans une cour de récréation. Suarez lui rappelle un peu sa tendance à tirer les couettes des filles lorsqu’il était petit.

Sauf que s’il se permettait ça avec elle, elle tirerait plus fort de son côté.

Le silence s’assied en face de lui. Elle a l’air songeuse, tout à coup. Ou alors c’est lui qui projette sur elle son propre songe, la machinerie qui grince derrière ses tempes. Deandre l’observe de sous ses cils, avachi comme un prince pourri gâté sur un trône qu’il ne mérite pas. Il en a, pourtant. Du mérite. Parce qu’il a gagné ce soir et qu’il gagnera la prochaine fois.

Qui sait. Si cela devenait une habitude, il pourrait manger gratis régulièrement.
Et il serait content de la voir.
Régulièrement.

« J’me suis dit que deux cony dog ce serait plus rapide que des pâtes ou de la pizza. » Le regard de Joanna coule en direction de la fenêtre. La nuit est cantonnée à l’extérieur, dans les flaques aux surfaces caressées par les néons. Il esquisse un sourire, entre le sérieux et le moqueur, le genre de rictus qu’il lui sert régulièrement et dont elle doit connaître le goût. « Parfait. T’es ma personne préférée pour les dix prochaines minutes. » Elle est surtout chérie par son estomac qui a décidément le sens de la réclame, jeune coucou vorace. Ça piaille, piétine, grogne.

« Baltimore… » Baltimore, en effet. Il y a une sorte de tension qui se love à l’intérieur de lui  - elle ne raidit pas son corps mais elle aiguise l’oeil qu’il rive sur elle, comme s’il lui intimait de bien choisir ses mots. On ne plaisante pas avec Bawlmer, surtout parce qu’il en est séparé et qu’elle lui manque lorsqu’elle est loin. C’est comme avec une ancienne flamme. On est seul à pouvoir la critiquer, parce qu’on est seul à connaître ses plus intimes défauts.

Et elle en a, sa Baltimore. Peut-être autant que Detroit.
Mais idéaliser quelque chose, ça aide à survivre.
Même pour lui.

« J’ai un peu honte de le dire, mais j’ai jamais mangé de crabe. » Elle l’a déjà glissé tout à l’heure, lorsqu’ils étaient encore en train de fuir la police par des chemins de traverse. Pas de crabe pour Jo’, dont l’air se rapproche de la pénitence. Ça réveillerait presque quelque chose dans son coeur, lui donnerait presque envie de lui promettre qu’il l’emmènera, un jour. Quelque part. Manger du crabe.

Mais bien sûr, c’est Jo. Et c’est leur danse.
Le cobra se dresse pour mieux se trémousser, dévoile ses crochets.

« Par contre, j’ai déjà testé le homard, et ça a vraiment un goût de merde. »

L’instant s’écoule dans le silence. Deandre se redresse, une main sur son genou, le sourcil haussé, le plat de la paume sur la table. C’est une accusation terrible que voilà. Il l’accueille avec le même sérieux que leurs piques dans l’abattoir.

« Oh pardon… » - une main fend les airs, et on ne sait pas trop si c’est le geste qui est tragique ou si c’est l’atmosphère qui se charge de drame - « ... je savais pas que t'étais boujee. Madame mange du homard dans son quartier gentrifié. Y avait combien de fourchettes à côté de ton assiette ? » Et on omettra la possibilité d’un repas dans un Red Lobster pas très luxueux, parce que la mauvaise foi, ça aide aussi à survivre.

La main se mue en doigt accusateur, et pendant deux secondes ils braquent tous deux un index chargé de hollow tips dans la direction l’un de l’autre, cowboys de saloon vindicatifs.

« D’abord, le homard et le crabe c’est pas la même chose. Ensuite, c’est pas n’importe quel crabe. C’est un crabe du Maryland. »

Le doigt plonge vers l’avant. Ils se transforment en mousquetaires duellistes qui tentent de s’enferrer.

« De toute façon, t’es juste jalouse parce que vous êtes pas foutus d’avoir une véritable identité culinaire à New York. »

L’accusation tombe en même temps que deux plats sur la table. Il s’est tellement concentré sur sa compagne qu’il n’a pas remarqué Angie et ses deux coney dogs. Si  cette dernière a entendu quelque chose elle est demeurée de marbre, peut-être blasée par les chamailleries des enfants qu’elle a éduqué.

Elle peut bien faire sa dure, Angela, mais Deandre a remarqué qu’il a plus de frites que Jo.
Parce qu’il vient de Baltimore, et pas elle.

Il envoie un sourire tellement solaire dans sa direction qu’il pourrait lui causer un cancer de la peau.

« Il est pour qui le Boston Cooler ? »

Excellente question. Deandre jette un regard à la boisson, sourcille en direction de Suarez pour obtenir la réponse. Leur serveuse patiente, une main sur la hanche.

« Vous oublierez pas le pourboire à cette heure-ci, » qu’elle glisse avec sa jovialité coutumière. Il va définitivement revenir ici, ne serait-ce que pour profiter un peu plus de sa chaleur humaine. C’est presque à regret qu’il la regarde pivoter pour s’éloigner, jeter un regard au-dessus de son épaule. Elle semble hésiter une seconde. « Et il a raison. Y a rien de tel qu’un crab cake du Maryland. »

Oh, Angie.

Deandre attrape une frite, la fait délicatement croquer sous sa dent. Il observe Suarez avec un air goguenard.

« Boude pas trop, hein. Je sais que c’est difficile d’avoir tort tout le temps. J’suis sûr qu’on peut trouver un sujet sur lequel t’as une bonne opinion. Si on cherche longuement… »

Ça s’amollit pourtant. La faim qui gronde encore et un sourire qui frémit au coin de sa bouche. Il ne doute pas que Jo’ ait de bonnes opinions. C’est parce qu’elle en a qu’il fait ça avec elle, après tout.  

« Bon appétit. »
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