Bren - des cicatrices plein les bras et plein la tête

(ATTENTION : cette partie contient des mentions de scarification et de tentative de suicide donc sautez cette partie si vous n'êtes pas à l'aise avec ces sujets. Love sur vous   )

01_« all I was thinking about was killing myself, don’t you mind ? » Dans le fond, tu te souviens pas exactement quand est ce que pour le première fois t’as voulu te foutre en l’air. Tu te souviens juste que c’était après le divorce de tes parents, parents t’ayant à moitié tenu responsable de leur divorce. Tu te souviens seulement des larmes amères coulant sur ton visage, de la douleur vive sur ton bras après que tu te sois donné des coups de ciseau dessus. Tu te souviens du sang coulant dans ton évier, de ta vision brouillée par les larmes. Tu avais 12 ans et pour la première fois de ta vie, tu expérimentais l’envie de mourir. 02_« I'm sorry but I'd rather be getting high than watching my family die ». Ta famille tu la détestes, tu ne sais même pas si l’on peut qualifier ce bordel de « famille ». Avec ton père absentéiste, préférant faire l’autruche et tromper sa femme au moindre soucis et ta mère narcissique prête à tout pour te ruiner la santé aussi bien physique que mentale, tu ne sais pas à quoi ressemble une vraie famille. Tu n’as connu que les cris, les larmes, les coups, beaucoup de coups. Tu en gardes des cicatrices, notamment derrière la tête. Alors quand du haut de tes 14 ans tu as découvert la Marie-Jeanne, tu t’es laissé allez. Ton père ne vivait plus à la maison mais les cris et les coups perduraient. Mais c’était plus simple de tout encaisser si ton cerveau n’était plus connecté à la réalité, c’était plus simple de se laisse oublier et de vivre comme dans une seconde réalité altérée. Alors tu as continué, continué jusqu’à ce que ça en devienne presque quotidien. Après tout, tu méritais cette paix intérieure que t’offrait cette drogue. Tu méritais ces moments de flottement où tout te paraissait magnifique.03_« let me face my fears » On pourrait penser que du haut de tes 1m78 tu serais quelqu’un d’insensible sans phobie particulière. Pourtant tu en as une : les esprits. Tu es persuadée que les fantômes existent, prêts à t’attirer dans leur monde au moindre moment, prêts à te faire subir ce qu’ils ont vécu dans le passé. Cette phobie te rend plus humaine, plus proche des autres. Dans le fond, ta peur est irrationnelle puisque les fantômes n’existent surement pas, probablement uniquement dans ton imagination de petite fille. Pourtant tu ne peux t’empêcher d’interpréter le moindre craquement, le moindre bruit dans une maison. Tu penses tout savoir, tout ressentir. Tu es terrifié à l’idée de dormir seule dans une maison qui t’est inconnue et c’est probablement pour ça que dormir dans ta voiture te semble plus raisonnable. Mais l’on sait tous que derrière cette peur de petite fille se cache une véritable peur : ta mère.04_« watch me cry all my tears » Ta mère est ce que l’on qualifie de mère narcissique, une mère qui ne vit que pour la manipulation de ses enfants sur le chemin qu’elle souhaite leur voir prendre. Une mère narcissique c’est une manipulatrice de première, quelqu’un qui s’insère dans les moindres de tes failles pour mieux te faire souffrir, te rappeler ton infériorité et le fait que tu le dois tout. Sur le même modèle que les pervers narcissique, une mère narcissique ressent le besoin d’écraser ses progénitures tout en se faisant passer pour la gentille, pour le bienfaiteur de la famille. Elle manipule tout son entourage pour leur faire penser dans ce sens tout en détruisant petit à petit ses enfants. Ta mère c’est exactement ça, quelqu’un qui t’a rappelé toute ta vie que tu ne valais rien, que tu étais un monstre et que tu ne mériterais jamais le bonheur. Les coups, les agressions verbales, ça a été ton quotidien et ça l’est toujours le peu de fois où tu remets les pieds chez toi. Alors tu hais ta mère, tu aimerais la voir disparaître définitivement pour ne plus avoir à subir tout ce qu’elle t’a fait subir. Tu aimerais qu’elle souffre tout autant que toi tu as pu souffrir. Pourtant elle reste ta phobie, elle reste ta pire peur, celle qui te fait trembler rien qu’en entendant sa voix. Le fantôme qui te hante est celui de ta mère, celui qui te fera trembler à jamais.05_« it’s time to get up and let go » Une fois ton permis en poche, tu as été emprise d’un sentiment de liberté si fort que tu te serais presque senti pousser des ailes. Ta tante t’a passé son ancienne voiture et ce fut le début de la liberté. Tu t’es mise à trainer dans tous les quartiers de Détroit, même les plus mal famés, probablement à la recherche du danger et de la bagarre. Ta voiture c’est ta liberté, tu vis et dors dedans plus que chez toi. Tu ne retournes chez toi que pour les besoins de première nécessité comme prendre une bonne douche bien chaude et laver tes habits. Ta voiture tu l’aimes, tu la chéris. C’est ton petit cocon familial à toi, rien qu’à toi. Tu y ris et y pleures, tu y vis et y dors, tu te sens revivre dans cette petite bagnole pourrie.06_« I guess my question is : is that too late for me ? » Ta première hospitalisation, tu t’en souviens surtout pour le prix qu’elle t’a coûté et que tu n’as toujours pas fini de rembourser. Un soir, à tes 18 ans, après une énième dispute avec ta mère et des énièmes nouvelles cicatrices sur le bras, tu as décidé de sauter le pas, d’en finir. Tu t’es mise à déambuler dans les rues de Détroit, les yeux embués par les larmes. Tu ne pensais plus rien, tu ne sentais plus rien si ce n’est le besoin de mourir. Alors tu t’es dirigé vers la voie rapide de Détroit, tu y étais sure d’y mourir. Tes pieds te guidaient doucement vers l’endroit de ton suicide alors que ta conscience te hurlait d’arrêter. Mais tu n’y arrivais plus, tu souhaitais juste en finir. Tu ne te souviens de rien si ce n’est la douleur horrible après le choc avec une voiture. Tu te souviens des cris autours de toi, de la voix des pompiers te disant de t’accrocher à la vie. Tu te sentais aspirer vers un autre monde mais le monde réel faisait tout son possible pour te maintenir en vie. Tu hais ce monde réel aujourd’hui, pour t’avoir maintenu en vie ce soir là. Tu voulais mourir mais le destin avait un autre chemin de prévu pour toi ce soir là.07_« and she will be loved » Tu n’as installé Tinder sur ton téléphone que récemment, pour te détendre et te changer les idées. Tu n’as aucune idée d’où t’es venu cette idée mais tu sais juste que de jour au lendemain tu t’es retrouvée dans les bras d’inconnu.e.s après de nombreuses parties de jambes en l’air. Tinder c’est ton échappatoire, le truc qui te gonfle ton égo et te fait sentir mieux. Tu en as besoin, c’est comme une drogue pour toi. Les soirs que tu passes seule, tu les comptes désormais sur les doigts d’une main. Tu ne recherches rien de sérieux, juste de quoi t’envoyer en l’air le temps d’un soir, de te libérer de tes chaînes et de sentir une nouvelle fois en vie.