Bring me to life (Mason)

01_(mom) Quand il était gamin, Mason passait son temps fourré dans les jupons de sa mère. Petit protégé de sa maman, il était ce garçon calme et discret auquel on s’attache facilement. Renfermé et un peu effacé, il lui aura fallu du temps pour réussir à s’imposer, à exister. Et ça, il a réussi grâce à sa mère. Véritable pilier dans sa vie de tous les jours, son repère, son héroïne, sa meilleure amie quand tout le monde lui tournait le dos. Il partage tous les deux une relation assez fusionnelle. Sa mère, elle ne juge pas, elle ne ment pas, elle ne crie pas. Elle est juste là. Elle est toujours là. Dans les bons comme dans les mauvais moments. Parfois, elle pose la main sur son épaule et ne dit rien, parfois, elle l’attend à cinq heures du matin et se contente de le regarder lorsqu’il monte les escaliers complètement saoul. Des fois, elle l’appelle, d’autres, elle attend qu’il le fasse. Sa mère, elle s’est crevée pour eux, pour sa famille, pour ceux qu’elle aime par-dessus tout. Mrs. Warden, c’est le cœur de la famille, celle qui apaise et les garde unis. Mason, il s’en veut un peu, parce qu’il lui dit pas assez à quel point elle compte à ses yeux mais c’est le genre de trucs qu’il arrive pas à dire. Il se contente de lui embrasser le front avant de partir ou de lui sourire. Et elle comprend, parce qu’elle comprend toujours pas sa mère. 02_(dad) Dur, fier, imposant. Voilà ce qui vient en tête lorsque Mason pense à son père. Pas de aimant, drôle et attentionné. Non. Mr. Warden a toujours été assez distant vis-à-vis de Mason parce qu’un seul fils lui aurait suffit, un héritier, un p’tit gars en qui placer tous ses espoirs et ses rêves brisés. Alors quand Mason est né, deuxième garçon de la famille, ça lui a fait ni chaud ni froid au père Warden parce qu’il avait déjà son gamin. Et puis Mace, il était pas assez bien. Il avait pas assez confiance en lui, il se démarquait pas assez. Il faisait son maximum, mais c’était jamais suffisant. Mace, il s’est toujours sentit un peu rejeté par son père, il a vite compris qu’il n’était pas franchement désiré. Comme Mr. Warden n’avait d’yeux que pour l’aîné, Mrs. Warden s’est un peu plus concentré sur Mason. Mais le gamin en a souvent de s’être sentit mis de côté par celui qui aurait du être son héro et tout lui apprendre. S’il y a bien un truc que Mr. Warden a appris à Mason, c’est la mécanique. Parce que l’aîné, il était trop précieux pour foutre les mains dans le cambouis, trop intelligent pour prendre son temps avec le travail manuel, trop important pour qu’on lui prenne ses après-midis ensoleillés où il aurait pu aller jouer avec ses amis. Alors quand Mrs. Warden a insisté auprès de son mari pour qu’il passe un peu de temps avec Mace, ce dernier a accepté de traîner son gamin au garage avec lui. Au départ, il passait son temps à lui hurler dessus et au fur et à mesure des années, le gamin a pris de l’assurance, il avait vraiment un truc avec les moteurs. Mais jamais son père ne l’a remercié ou féliciter, jamais. 03_(noam) Noam, premier enfant de la famille, fils prodige admiré par papa et maman. Noam, le garçon dont tous les parents rêvent. Il a un sourire charmeur, de grands yeux bleus et une manière de parler distinguée qui lui vient d’on ne sait où. Il est grand, beau, intelligent, sportif et cultivé à souhait. Noam, c’est la perfection, le premier enfant tant désiré de maman, l’héritier tant attendu de papa, l’exemple à suivre de Mason et l’aîné tant de fois félicité de Kelsie. Noam, il a le bon rôle dans la famille, la bonne place. Il est celui à qui l’on pardonne tout, celui que l’on aime sans savoir pourquoi. Et Mason, il l’aime son frère, parce qu’il est bien plus qu’une belle gueule à ses yeux. Petit, Noam était heureux d’être le préféré de leur père mais en grandissant il a compris à quel point cela blessait son petit frère, il voyait bien que Mace faisait tout pour attirer l’attention de leur père et que ça ne marchait jamais. Alors les sourires triomphants ce sont transformés en regards désolés à chaque fois que le père Warden félicitait son aîné sans même faire attention à la présence du cadet. C’est pour ça que Mason a toujours aimé Noam, parce qu’il ne l’a jamais laissé derrière, parce qu’il essayait de lui apprendre à s’affirmer, de lui montrer comment faire pour paraître sûr de soi. Un vrai coach, un grand frère protecteur, voilà ce qu’était Noam pour Mason. Plusieurs fois, son frère s’est accusé à sa place d’une de ses bêtises, ainsi Mason ne s’en prendrait pas plein la tête et personne ne serait fâché très longtemps. Et puis, Noam est partit vivre la belle vie. Un tour des US avec ses amis, une université chic qu’il paye grâce à une bourse d’études. Il ne les a pas oublié, il rentre de temps en temps, mais il a sa vie maintenant Noam, et pourtant, il prend le temps d’appeler son frère régulièrement. 04_(kelsie) Kelsie, véritable princesse de la famille, petite brune au grand cœur, visage d’ange et cheveux de poupée. Kelsie c’est la fille dont rêvait Mrs. Warden et l’enfant béni de Mr. Warden. Ils ont eu du mal à l’avoir leur petite dernière, déjà parce que Mrs. Warden rencontrait des problèmes de santé mais également parce que Mr. Warden ne voulait pas d’un troisième fils. Dieu merci, ce fut une fille. Être surprotégé par tous à la maison, elle voit ses parents être aux petits soins pour elle et ses frères se libérer dès qu’ils le peuvent pour passer un peu de temps avec elle, l’aider dans ses devoirs ou lui remonter le moral. Noam et Kelsie n’ont jamais été très proches, Noam étant partit de la maison peu après la naissance de la benjamine. Pourtant, elle lui voue un culte, comme s’il était un super-héro. Mason dans tout ça a mis du temps à trouver sa place, et c’est grâce à elle qu’il l’a trouvé, lorsqu’elle est venue s’asseoir sur ses genoux un soir sur le canapé et qu’elle lui a dit qu’il était son grand frère préféré parce qu’il était toujours là pour elle et qu’il la faisait rire. C’est ce jour-là que son cœur a explosé d’amour pour cette petite chose, ce jour-là qu’il s’est promit qu’il ferait toujours tout pour ne jamais la décevoir. C’est elle, du haut de ses cinq ans qui lui avait permis de comprendre qu’à part Mr. Warden, le reste des membres de sa famille tenait vraiment à lui, qu’il était quelqu’un, qu’il existait. 05_(friends) La bande, la seconde famille, les frères et sœurs d’une autre mère, les ange-gardiens au milieu de toute cette merde. Certains se connaissent depuis toujours comme Mason et Baby, d’autres les ont rejoint plus tard comme Alix. Mais d’où qu’ils viennent et quelque soit leur couleur de peau, leurs origines ou leur religion, ils sont là, faisant partit d’un tout, de quelque chose de plus grand, de quelque chose qui compte vraiment. Ils sont dans la bande, ils discutent, ils se confient, ils rient, ils sortent, ils boivent, ils dansent, ils chantent, ils vivent parfois ensembles. Ils sont devenus le quotidien des autres, la délivrance, leur moyen d’échapper à ce qui leur fait peur. Ils se retrouvent le soir après leur journée de travail ou de cours, ils se rejoignent et profitent ensemble. Parfois, ils se posent quelque part, mangent et refont le monde. D’autres fois, ils vont faire la tournée des bars et finissent en boîte. Rien à foutre tant qu’ils sont ensemble. Rien à foutre tant qu’ils sont solidaires et non plus solitaires. Rien à foutre, tant qu’ils s’aiment et s’épaulent. Pour toujours. Comme une famille, mais une famille différente, une famille qu’ils ont choisi. Parfois ça crie, parfois ça se frappe. Des fois ça s’en veut mais ça se réconcilie, des fois, ça se jette des atrocités à la tronche mais ça finit toujours par recoller les morceaux parce qu’ils se le sont promis sans vraiment l’avoir fait. Promesse muette qui se passe de mots ou de signatures, promesse encrée dans le cœur de chacun : entre eux c’est depuis toujours et pour toujours. 06_(life) Mason ne boit pas de café mais carbure à la clope, la nicotine lui bouffe les poumons, le tue à petit feu mais il ne peut rien y faire, il est accro. Il pensait pouvoir s’en passer quand il a commencé, comme tout le monde, et maintenant, il est comme un drogué en manque lorsqu’il réalise que c’est la dernière du paquet. Mace, il préfère le salé au sucré, il préfère le coca à l’eau, il préfère l’électro au rap, il préfère le bleu au rouge, il préfère le basket au base-ball, il préfère la danse au chant, il préfère le fromage à l’entrée, il préfère la viande aux légumes. Mace, il est bourré de tocs, une main dans les cheveux quand il est nerveux, les deux sur le visage quand c’est la panique. Le brun, il sort jamais sans son portable mais putain combien de fois il oublie ses clés ce con. Mace, il vérifie toujours que le gaz est éteint avant de sortir même quand personne n’a cuisiné dans l’appart depuis plus de deux semaines. Pas accro du ménage, il fait quand même l’effort de ranger derrière lui mais il touche pas à la merde des autres, il veut pas devenir l’homme de ménage de la coloc. Mace, c’est deux minutes dans la douche et dix minutes pour ses cheveux, c’est trois minutes pour ses fringues et un quart d’heure pour choisir ses baskets. Sportif du dimanche, il fait l’effort de suivre ses potes sportifs de temps en temps, un footing toutes les deux semaines suffit à tuer la petite flamme de motivation qu’il sentait monter en lui. Mace, il lit jamais mais il binge-watch les séries Netflix comme un pro, il écoute jamais de musique spécifique mais a toujours la radio allumée au garage, il change pas, il laisse les chansons défilées, les bonnes comme les moins bonnes. Parfois, il se surprend à chanter Wrecking ball avec Miley Cyrus, puis il se rassure quand il passe un bon tube de Queen, sa virilité n’est pas morte. Mason c’est un mec plein de contradictions : il faut vivre à fond parce qu’on a qu’une vie, ouais mais justement on a qu’une vie ! C’est comme ça qu’il se retrouve à suivre Baby un peu partout, pour veiller sur elle. 07_(work) Mason, il avait pas forcément de grand rêve, il se voyait pas dans une université hors de prix, il se voyait pas finir major d’une promotion d’élite mais il s’imaginait quand même à la fac, histoire de. Mace, il envisageait de continuer ses études encore un peu après le lycée, histoire de ne pas se retrouver sans rien et de pouvoir faire du mieux qu’il pouvait, pour lui, pour sa famille, pour les enfants qu’il ne s’imaginait pas avoir d’ailleurs. Mais l’année de ses dix-sept ans, son père est tombé malade, gravement malade. Des mots compliqués qui veulent tous dire la même chose : ça sent pas bon. Il guérit pas, il se bat. Les médecins le traitent pour prolonger sa vie, pas pour la sauver. Noam, il comprend ce que ça veut dire, Mason pas du tout. Il est pas con, c’est juste que tout ça lui est totalement inconnu. Parfois, il rassure Kelsie « les médecins savent ce qu’ils font », du moins il l’espère. Au départ, son père était en arrêt mais son patron ne pouvait se permettre de le garder s’il ne revenait pas bosser alors Mason a passé un marché avec lui, il le laissait profiter de son été en tant que diplômé et après, le brun s’engageait à aller bosser pour lui. C’est comme ça qu’il a atterri dans le garage sur Krainz Woods. Il pensait qu’il allait détester, il se disait que les journées seraient longues et se ressembleraient toutes. Il a été agréablement surpris Mace, quand il a réalisé qu’il avait trouvé sa place, la tête sous le capot, la radio en arrière-plan et personne qui vient le faire chier quand il bosse sur une caisse. Il aime bien, rendre service, voir le visage des gens ravis lorsqu’il leur rend leur voiture « comme neuve ! ». Le garage c’est salissant, mais il s’en branle. Les horaires sont plutôt cool, le patron l’est aussi et les collègues ne sont pas chiants. Peut-être qu’il a fini par trouver sa place Mason, au dernier endroit où il l’aurait cherché. Bien-sûr, son père ne l’a jamais remercié de faire ça pour lui, de filer un peu de son argent à sa mère pour payer les soins médicaux ou les cours de danse de sa sœur. Mais Mace, il s’en fout. Bosser lui a permis de prendre une colocation, de s’émanciper, de faire mieux que ce qu’on attendait de lui. 08_(she) Si Mason a toujours été très sociable et n’a jamais eu aucun problème à se faire des amis et à s’intégrer auprès des autres, il n’en a jamais été de même auprès des filles. Un peu timide, trop gentil à leurs goûts, il n’a jamais eu le courage de franchir le pas qui séparait l’amitié de ce qu’il ressentait vraiment pour elles. Et puis elle est arrivée, Clara. Jolie petite brune pétillante et rafraîchissante. Éternelle optimiste tout comme lui, elle croquait la vie à pleines dents et profitait de chaque instant. Mason et Clara, ça a surpris tout le monde, parce que c’était la première fois que Mace s’affichait officiellement avec quelqu’un et surtout parce que l’on ne l’aurait pas cru capable de se jeter à l’eau et de lui avouer ce qu’il ressentait. Mais voilà, ça a duré. C’était beau, passionnel, mignon et léger. C’est pas compliqué entre eux, pas de mensonges, pas de cachotteries, pas de divergences d’opinions. Ils étaient toujours sur la même longueur d’onde et c’était parfait comme ça. Pourquoi se compliquer la vie quand tout autour d’eux était déjà si compliqué ? Ils étaient la bouffée d’air frais de l’autre, l’échappatoire. Et puis, elle a tout arrêté, comme ça, du jour au lendemain, « c’est pas toi, c’est moi » qu’elle lui a dit. Il a jamais vraiment compris, évidemment que c’était pas lui puisqu’il n’avait pas eu son mot à dire dans l’histoire. Mais Clara, elle était parfaite et c’est arrivé si soudainement. Il a bien essayé de la retenir mais elle s’est tellement éloignée qu’il a tout simplement fini par la perdre. Alors ça s’est fini comme ça avait commencé, soudainement et au grand étonnement de tous. Mason, quand il y repense, il est bouffé de remords, il se pose plein de questions : est-ce qu’il était trop gentil, est-ce qu’il a manqué quelque chose, est-ce qu’il aurait du faire plus, s’ouvrir d’avantage ? Finalement, Clara est réapparue. Mace, il lui en veut mais elle reste importante à ses yeux, elle reste son amie. Aujourd’hui, c’est différent entre eux, ils sont moins proches qu’avant mais ils restent dans la même bande et bien que Mace s’interroge toujours sur les raisons de cette rupture, il n’ose pas lui en parler, ça fait trop mal et désormais, il est trop tard. Il s’est juste promis de ne plus s’offrir à personne comme il l’a fait avec elle, première vraie déception amoureuse et le voilà déjà anti-amour. 09_(him) Mace, il a jamais été attiré par les mecs. Pas homophobe pour autant, il entendait souvent son père utiliser les mots « pédé », « tapette » ou « tafiole » comme des insultes. Lui, il a jamais vraiment compris pourquoi. La voisine, Meghan, avait deux papas et Mr. Warden ne cessait de les critiquer le soir à table, pourtant Mason les trouvait gentils sans vraiment comprendre ce que représentait un couple homoparentale adoptants d’une gamine. Vivre à Détroit signifie être ouvert d’esprit, parce que Détroit est un sacré melting-pot de cultures et d’origines, de diversités sexuelles et de religions. Vivre à Détroit ça signifie accepter tout cela. Mace il connaît des noirs, il connaît des arabes, il connaît des latinos, il fréquente des musulmans, des gays, des trans, des bis. Il est ouvert Mason, il est adorable, tant que t’es cool avec lui, il est cool avec toi. Et puis y’a eu Alix. Alix et sa belle gueule, sortant fumer clope au bec alors que la musique résonnait en fond. Alix qui s’est pointé en soirée y’a quelques semaines, qu’a sympathisé avec le groupe et qui lui a souri. Ça lui a fait tout drôle à Mace, quand son cœur s’est mis à battre un peu plus vite, quand son corps s’est contracté, quand ses mains sont devenues moites. Mace, il l’a détesté dès qu’il l’a vu alors qu’il avait jamais détesté personne avant lui. Alix et sa voix qui couvrait la musique, Alix et son briquet qu’il lui a tendu, Alix et ses grands yeux chocolats, Alix et ses putains de boucles brunes. Alors Mace, il s’est mis en tête de le démolir, de lui donner envie de quitter le groupe, de se barrer loin d’ici parce qu’il le trouble. Il sait pas trop ce que c’est, il comprend pas ce que ça signifie, ce que ça veut vraiment dire, il a des drôles de pensées qui lui traversent l’esprit parfois, il fait des rêves étranges, des rêves qu’il voudrait oublier mais qui le réveille en pleine nuit tant ils sont douloureux. Ouais, Mason il le déteste et il ne se gêne pas pour lui faire sentir, parce qu’il a peur de ne pas être normal, parce qu’il a peur que ça change tout.10_(and now ?) Mason continue sa petite vie bien tranquille, il rend visite à sa petite sœur et sa mère au moins une dimanche sur deux, il continue de se décarcasser au garage pour rendre fier ses parents et rapporter un peu d’argent à la maison, il appelle Noam un jeudi par mois et sort avec ses copains autant qu’il le peut. Mace, il compte pas quitter la coloc maintenant, peut-être même jamais parce qu’il est trop bien là où il est. Il a fini par trouver sa place, par se faire à sa petite vie, à cette routine au boulot mais à ce quotidien plein de surprises auprès de ses potes. Mace, il continue de se prendre la tête avec Baby, il continue à haïr Alix et a le lui faire sentir, il continue à secrètement s’interroger sur la raison du départ de Clara et surtout sur celle de son retour. Mace, il vit sa vie, il évite autant que possible les embrouilles ou les histoires louches mais on sait tous qu’à Détroit, on finit toujours par basculer du mauvais côté à un moment ou à un autre.