alexis | error 404

01_ born this way
cri rompant le silence. vieille maisonnée animée. l'enfant caché depuis des mois est né. elle pose les yeux sur le poupon qu'elle s'interdit d'aimer. cordon ombilical coupé dans la précipitation. elle se relève pour se laver et effacer toute trace de ce qui vient de se passer. l'enfant doit disparaître au plus vite, sortir de ses mirettes, pour ne jamais plus y revenir. son palpitant s'emballe à la simple idée qu'on découvre la vérité. si il la voit, l'enfant mourra. il n'en veut pas, n'en voudra jamais. les coups seraient encore plus violents si il y avait cet innocent. ventre qui n'a jamais grandit, règles qui n'ont jamais disparues. l'enfant doit être laissé devant un foyer pour sa sécurité. elle doit vivre. loin des coups alcoolisés qui peintureront son visage d'une nuance violacée. elle embrasse son front souillé de son sang et l'emmène au milieu de la nuit devant la première porte éloignée du foyer. première et dernière étreinte. larme traversant son visage. dernière fois que ses yeux se poseront sur le nourrisson avant qu'un dernier coup ne l'empêche de le refaire pour toujours.  

02_ somebody to love
premiers mots, premiers pas, premières bêtises. deux ans. deux ans à attendre une famille, à ne pas comprendre pourquoi d'autres enfants disparaissaient et qu'elle, elle restait là. entre quatre murs immaculés de blanc avec des adultes qui essayaient de l'aimer autant qu'ils le pouvaient. deux ans sans pouvoir appeler quelqu'un maman ou papa. sans repère, sans rien. cherchant désespérément à se faire une place dans le cœur de chacun, pour qu'enfin la vie lui permette de s'épanouir. mais on la repoussait, on la frappait quand elle tentait de s'amuser avec des enfants plus grand qu'elle. elle en avait marre, la gamine, du haut de ses deux ans. elle voulait plus, elle avait besoin de plus...    
et un jour, elle a entendu cette voix d'une douceur qu'elle ne connaissait pas. elle a senti la chaleur de son étreinte, la tendresse de ses baisers, son odeur fruitée. ses yeux se sont illuminés en voyant la gamine lui sourire en retour. alexis... avait-elle prononcé avant de l'emporter loin de ce foyer.  

03_ seven years old
alexis ramirez fillette aux boucles blondes, aux yeux verts et à la peau blanchâtre entourée de parents espagnols, aux yeux marrons, aux cheveux foncés et à la peau bronzée. ying et yang. surnom octroyé à la famille par le voisinage. regards de travers, adoption évidente. la mère n'a jamais pu enfanter. alexis est son unique chance de dévoiler son côté maternel. enfant roi, elle a tout ce qu'elle désire. le moindre caprice devient réalité. elle en profite, la minot, elle comprends déjà comment fonctionne la vie. être directe, être intransigeante, profiter des autres quand elle sent qu'elle en a le pouvoir.
les études sont difficiles. sept-ans seulement et pourtant les autres ne cessent de jouer sur sa différence. mots difficiles à entendre, coups portés volontairement pour lui montrer qu'elle n'est pas la bienvenue. elle parait trop innocente la petite. trop fébrile pour se défendre. mais elle essaye de tout contenir. elle s'énerve, elle le sent. c'est une bombe à retardement..   

04_ shadow of the day
elle tiens fermement la main de sa mère. le quartier est animé. la plupart des habitants sont des personnes de couleurs et alexis fait office d'exception. dix ans qu'elle fait partie intégrante de la vie de ses parents mais son intégration dans le quartier est encore difficile. elle hésite la petite, à aller jouer avec les autres enfants, de peur de se faire repousser une nouvelle fois. les gens chantent, dansent. l'odeur de la nourriture embaume les narines, les rires enchantent les cœurs. mais alexis reste accrochée à la main de sa mère telle une sangsue. un baiser, une étreinte.... tentatives d'apaisement d'une madone à son enfant.
mais la fête est interrompue par le bruit d'une voiture freinant avec insistance sur le bitume. elle se cache, la petite, effrayée par le bruit lui cassant les tympans. un œil s'ouvre doucement et elle aperçoit trois hommes à la peau aussi blanche qu'elle tenant dans leurs mains ce qu'elle prends pour des jouets. mais les détonations sont réelles et elle se mets à crier. ça tambourine dans sa tête, ses oreilles sifflent et elle garde les yeux fermés, trop apeurée pour les ouvrir de nouveau. sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle se retrouve à terre, bloquée sous quelque chose... sous quelqu'un... les cris s'évaporent, les bruits s'arrêtent, la voiture repart...
elle ouvre les yeux de nouveau. du sang. du sang partout. sur elle, sur le sol, sur les gens. tout le monde est allongé, plus un bruit. plus rien. sa cheville lui fait terriblement mal, son épaule également mais elle trouve le courage de se relever.
le silence est rompu par les cris, par les pleurs. et elle tourne les yeux vers ses parents, avachis sur le sol. sa mère a les yeux ouverts mais elle ne bouge plus, elle ne dit rien. son père a le visage en sang, la main retournée. elle reste les mirettes fixées sur ces cadavres. sur ceux dont elle n'entendra plus la voix, les rires, les je t'aime. et elle se mets à hurler, à hurler de toutes ses forces. car elle le sait, elle a compris... elle est de nouveau orpheline...  

05_ homeless
adolescente muette. colérique. incomprise. elle enchaîne les familles d'accueil et les conneries. elle ne s'entends avec personne, trop en colère pour s'attacher de nouveau. elle frappe, hurle, fugue sans arrêt. fume, boit, couche avec les premiers arrivés. sa vie ressemble à un film dramatique. elle ne sait plus où elle en est, elle ne sait plus comment sortir de cette spirale infernale qu'est la dépression. les autres essayent de l'aimer, essayent de l'aider. mais elle les repoussent comme s'ils avaient la peste, comme s'ils étaient des pestiférés. elle n'a plus de maison, plus de repère.
les familles d'accueil baissent les bras et elle est mise dans une nouvelle maison où elle recommence le même schéma. cas désespéré pour certains, phase de crise normale pour d'autres. elle voit un psychologue plusieurs fois par semaine. ça lui ouvre les yeux, ça libère son lobe temporal de certains souvenirs douloureux. elle est trouve sa voie, alexis. elle se trouve enfin une raison de se reconstruire, une raison de ne pas baisser les bras. aider les autres, même si chez elle ça ne va pas.

06_ requiem for a dream
majorité atteinte. vingt-et-un ans. onze ans se sont écoulés depuis la tragédie, névroses encore présentes qui s'estompent difficilement au fil du temps. fillette devenue femme tente de se faire une place à détroit. appartement minable comme résidence, travail introuvable. elle aimerait être psychologue mais les études sont une utopie devant la valeur d'une année.  mais elle est jolie alexis et elle a un corps qui attire. donner sa chair est un travail qui rapporte, où les billets pleuvent quand les fesses sont nues. alors elle mets ses convictions et ses valeurs naissantes de côté pour tenter d'être membre à part entière de la société dans quelques années. elle ravale sa fierté la future putain, elle se trouve un nom de scène vanité et elle vends son corps aux plus fortunés, aux plus paumés, aux plus rejetés pour espérer un jour pouvoir étudier.   


07_ let me face my fears
quatre ans qu'elle laisse son corps aux autres. quatre ans qu'elle est l'objet des hommes à la tombée de la nuit. les études sont payées et elle aurait pu s'arrêter. mais sa vie a changé depuis qu'elle a commencé. le commerce est florissant, son appartement bien plus grand. elle vie convenablement, alexis. et elle a du mal à décrocher de ce rite, de ce rythme. elle n'a pas envie de tomber dans l'oubli, de retourner dans la misère. alors elle continue, elle s'adonne à ces plaisirs nocturnes. mais les secrets finissent toujours par être dévoilés et le sien ne va pas tarder...