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 Today you die [pv Isaac] [Fini]

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MessageSujet: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyMer 11 Déc - 23:08

Un parfum crade, de cuir et de béton mouillé. L'odeur des ruelles couvertes de pisse. Celle des accolades baignées dans la bière, des haleines chargées d'aigreur et des doigts cramés par des filtres rongés. Quand on ne connaît que la puanteur du monde et de sa réalité poisseuse, c'est la première qui vous manque quand on vous en éloigne pour vous enfermer. L'air pur, c'est seulement un sentiment de liberté. C'est parfois un quotidien familier. Une enfance, des visages ou un terrain sur lequel on se sent tout simplement légitime d'évoluer. C'est une odeur qui n'a rien de comparable aux barreaux ni aux matons. Là-bas, ça avait été comme arrêter de sentir et de respirer. Jaaziel avait tout bonnement arrêté de vivre durant ces trois années. Il se sentait comme un animal sauvage qu'on venait enfin de relâcher.

Il y avait tant de choses à explorer, tant de lieux à revoir pour mieux se souvenir d'à quel point il les haïssait. Pas mal de nouveaux avaient rejoins les squats qu'il avait quitté, et pas mal d'anciens avaient disparus aussi, probablement morts dans un caniveau ou partis loin d'ici. Certains d'entre eux avaient rejoins des gangs aussi. Ou des clans. En tout cas quelque chose qui leur faisaient croire qu'ils s'en sortiront mieux ou qu'ils seront enfin encadrés. Jaaziel ne les enviait pas. Il ne les envierait jamais, lui qui savait ce qu'était la liberté maintenant qu'il avait lutté pour elle. Tout du moins de ce qu'il croyait.

Quand il approcha d'un vieux bâtiment, au pied d'appartements malfamés, un couinement de chien se mit à retentir. Des aboiements ensuite. Une fête improvisée pour canins déchaînés. Cratos tira sur sa laisse pour jaillir vers son ancien maître, tandis que Mordor imitait son semblable sans avoir l'air de vraiment comprendre pourquoi toute cette joie éclatée. Quand Jaaziel vint s'accroupir près de ses deux chiens avec un grand sourire, l'agitation se regroupa autour de lui et Rue lâcha les bestiaux afin de les laisser profiter.

Près de quelques motos garées, une vieille bagnole et une petite bande de routards, punk à chiens ou juste trentenaires paumés, l'ambiance se fit alors joviale, même si quelques uns se retranchaient. On souhaitait un bon retour au crâne rasé, et tant pis aux autres à qui ça ne plaisait pas. Jaaziel était bel et bien rentré.

« Alors mon beau, y a pas qu'aux bêtes à qui t'as manqué tu sais »

Rue vint tendre ses bras sombres vers lui afin de l'enlacer, les chiens s'agitant toujours à leurs pieds. Jaaz' serra le petit bout de femme contre son torse. « Toujours au même endroit et toujours à l'heure à ce que j'vois » remarqua-t-il, persuadé qu'il retrouverait des connaissances ici.

« Tu parles, les nouvelles vont vite ! Et moi, j't'attendais »

Il échangea un sourire avec son amie. Elles étaient rares, ces démonstrations d'amitié. Mais Rue avait pris soin de ses chiens durant son absence, et rien que pour ça elle méritait une grimace réconfortante.  

« Et il m'attend aussi un bon plan pour loger ce soir ? »

« Avec tes molosses et ma chienne qui squattent le canapé, sans mentionner mon nouveau mec qui s'rait pas content d'te voir débarquer chez moi, j'suis désolé mon grand, mais j'ai rien pour toi »

Et ce n'était rien, car elle en faisait déjà beaucoup. Après quelques mots échangés et caresses données à ses deux adorés compagnons, Jaaziel décida d'entrer pour rejoindre la vraie soirée ou peut-être se réchauffer. Ou encore venir jeter un œil, après tout il se sentait chez lui à peu près n'importe où. Et il attirait bienveillance ou haine. Soit on était heureux de le revoir, soit on le maudissait. Mais avec toutes les conneries qu'il avait pu faire dans les environs, pour sur, tous ceux qu'il avait déjà croisé avant d'être écarté, avaient gardés un certain souvenir de lui. Il espérait.

Entre quelques nouvelles têtes cependant, il retrouva des visages fuyants ou souriants. Et parmi eux, un muselé. Un foulard pour cacher. Seul ou peut-être avec des personnes que Jaaziel ne connaissait pas. Une vieille histoire l'unissait à ce gars là, mais après une violente dispute ils s'étaient tournés le dos avant de s’entre-tuer. Ça avait été peu avant que Jaaziel se fasse arrêter, mettant en suspend toute vengeance ou règlement de compte qui inévitablement se serait déroulé.

D'abord, l'ex-taulard ne le calcula pas. Il alla en saluer un autre. Après quelques mots échangés avec Angelo et un autre au coin d'une pièce, il siphonna une bière avant de disparaître comme s'il était parti aux toilettes.

« Je cherche un squat, prête moi ton canapé »

Non, il ne l'avait pas demandé à un proche cette fois. Pas totalement. Réapparu derrière Ares, ou plutôt à côté de ce fameux Ares, il avait passé son bras autour de son cou sans ménagement et terminait le fond de sa bouteille de son autre main.

« Parait que t'as un studio ? »
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptySam 14 Déc - 17:41

À Détroit, tous les taudis ne se valent pas.

Il y a ceux qu'on est content de ne pas habiter, ceux des autres, ceux qu'on fréquente, de passage, pour se réconforter dans l'idée que notre misère est moins crasse qu'ailleurs. Il y a ceux dont la tapisserie s'effiloche et les tuiles de prélart se retroussent, coupantes et vieillies. Il y a ceux qui sentent le poivre et le soleil, ceux qui sont habitables, tolérables, surtout quand on ouvre la fenêtre, dans une fin d'après-midi, et qu'avec les rayons de chaleur, même le métal de l'évier encrassé de vaisselle sale devient miraculeusement plaqué or. Puis il y a ceux qui ne semblent exister que la nuit, comme celui-ci.

Ares évolue entre les coudes serrés. Les taudis de nuit n'ont pas d'adresse, on connaître leur emplacement parce que la lune les révèle, comme par magie. Parce qu'un ami d'un ami nous a dit que c'était en face du parc où y'a le mec qui s'est fait descendre le mois dernier, le parc où Sergio deal les jeudis soirs. Et quand on arrive, on sait. Parce que y'a toujours des fumeurs devant la porte entre-ouverte, et que si on reste planté là, qu'on avance le temps vitesse 3, on peut voir le moulinet d'hommes et de femmes, sortant et entrant, qui battent la fumée comme les pales d'un ventilateur bien huilé.

C'est pas important de savoir qui vit ici. Plein de gens, probablement, parqués mois après mois dans des chambres-hélices. Les portes claquent le temps d'une baise, et tout se noie dans un brouillard de musique rock, de fumée épicée et de lumières criardes. Des lumières de Noël ont été suspendues un peu partout. On se croirait dans une expo temporaire sur les néons couleurs. Ares renonce à bouger - il écoute ce qui se gueule, sous le torrent des amplis. Rosario explique à deux autres mecs qu'Augusto Pinochet n'est pas réellement mort, et comment il se terre en Argentine. Les billes d'Ares roulent tranquillement sur l'horizon. Vagues de corps, de gorges déployées, d'yeux de loups ; il se heurte à un visage familier, et sent le ressac bouillonner contre son sursaut de conscience.

Jaaz.

Ruben a suivi son regard et lâche platement tiens, il est sorti d'taule lui. Le constat ne fait qu'un léger remous dans leur attroupement. Des taulards, ici, ça n'a rien d'exotique. Mais Ares fixe. Sa nuque est bloquée, impossible de se détourner, jusqu'à ce que les yeux sombres du fantôme croisent les siens.

« Ares, ça va ? »

Là, il est revenu. Rosario le dévisage, les sourcils beaucoup trop mobiles. Tu le connais ? quelqu'un d'autre demande en prenant une gorgée molle dans sa bière. Ares grogne quelque chose à cheval entre un désolé et je reviens avant de se tailler plus loin. Toutes les pièces semblent avoir rétréci. Il remarque la moquette trouée de brûlures de cigarette, la mélamine gondolée sur le haut des meubles noirs et la cuisine qui doit probablement servir à tout sauf cuisiner. C’est sur le coin du comptoir qu’il se range, le coeur battant, le front lourd. Devant lui, l'îlot a été transformé en une table temporaire de Baccara. Le croupier improvisé, un gringalet d’au moins deux fois son âge, le visage émacié et la barbichette en pointe, prend les mises avec un grand sérieux. On dirait qu’il sourit perpétuellement, sous la lisière de sa moustache fine, mais que c’est à la fois douloureux et concentré. La peau engourdie sous son foulard, Ares tente de se laisser absorber par le mouvement des jetons - le groupe utilise des capsules de bière - et des cartes qui se retournent toutes avec la même précision. Il pourrait partir, tout simplement.

Je cherche un squat, prête moi ton canapé.

Ça s’est refermé sur lui ; le bras, la voix. Ses épaules se tendent, ses biceps croisés sur son torse jouent au boa constrictor. Il ne bouge ni ne le regarde, mais cette fois, ses pupilles rivées sur l’îlot ont cessé de suivre la ronde des mises.

Il sent la bière rousse qu’il cale, les clopes, et quelque chose d’un peu plus froid qu’Ares n’arrive pas à identifier. Mais c’est une odeur qu’il connaît. L’odeur de Jaaziel. Ça le frappe dans le fond du cerveau comme un poids qui touche le fond d’un lac.

« Parait que t'as un studio ? »

Ignore-le. Casse-toi. Bouffe-le.

Ares respire, tourne légèrement le visage vers lui - il accroche l’angle de sa mâchoire sous la barrière de ses cils, sa bouche encore entre-ouverte, pleine de crocs. Quelqu’un qui ne connaîtrait pas Jaaziel penserait qu’il est agité ; c’est calme, pourtant. De bonne humeur. Parce que ça sort du chenil. Ares laisse légèrement aller sa tête vers l’arrière, appuyant sa nuque dans le creux du coude du punk. De là, il peut couler un regard vers le sien ; la couleur le ramène trois ans en arrière.

C’est comme si le temps venait de se plier sur lui-même. Il a l’impression de reprendre les choses exactement là où ils les ont laissés.

Et ça ne lui plaît pas.

Vingt réponses lui traversent l’esprit, des plus crues au plus vicieuses. Toutes des refus catégoriques. Sur le jeu de Baccara, le croupier déclare égalité et trois des joueurs ricanent de surprise ; ils avaient tous parié sur le centre.

« Ouais » qu’il lâche juste, j’ai un studio, mais ça reste en suspension entre eux, comme une attente, ou un défi.

Ares a la gueule sèche.

« … mais je veux pas de tes clebs chez moi. »

Je veux pas de toi chez moi, c’est ça qu’il faut dire, qu'il ne dit pas. À la place, ça parle de chiens. Ares ne sait d’ailleurs même pas s’il les a encore. Un truc étrange, qu’il n’arrive pas à identifier, lui ondule dans les tripes. Son cabot, Cratos ; c’est lui qui lui a offert. Un putain d’éclat lumineux quand il a vu Jaaziel fondre comme rarement il fond devant le chiot - une putain de mauvaise idée quand le molosse s’est mis a peser aussi lourd qu’un poney. Le punk est déjà assez instable comme ça, et si Ares le sait quand il est loin de lui, il semble l’oublier à chaque fois qu’ils sont ensemble. Comme s’ils étaient pris dans une matrice grotesque, une comédie violente et ridicule, à toujours se refoutre le nez dans les affaires de l’autre, même si ça a neuf chances sur dix de dégénérer.

Ce soir, est-ce que ça pourrait dégénérer ?

« Ta copine, elle peut pas t’offrir de crécher ? »

Aux dernières nouvelles, il en avait une. Ares tourne la tête de l’autre côté, accroche les doigts de Jaaziel qui balancent négligemment la bouteille de bière vide par le goulot. Ils sont longs, osseux, pleins de bagues. Comment est-ce qu'il peut lui parler comme ça, comme de rien.

Il a envie de l’envoyer se faire foutre, et d’accepter de l'héberger du même coup. Pour tester le destin, parce qu’il est gambleur, parce qu’il sait pas trop, en fait. C’est toujours la même pulsion désordonnée qui vient battre dans ses tempes quand le punk lui rôde autour - trois ans, ça aurait dû calmer le jeu.

Trois ans.

C’était vraiment long.

Ares cherche des yeux ses potes d’un peu plus tôt, ou n’importe quoi d’autre qui pourrait le sortir de là. Mais lever la tête, et passer l’appartement au radar lui donne l’impression de s’enfoncer davantage dans la prise de Jaaziel. Tout s’éloigne, devient étrangement hors d’atteinte. Même la voix du croupier qui fait huit pour la banque, la banque remporte la mise. Les épaules d’Ares se détendent, sa mâchoire se durcit. Il aurait envie de lui demander comment il va, juste. Mais il a l’air d’aller bien. Alors il la ferme. Il attend.
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyMer 18 Déc - 22:36

Jaaziel n'avait aucune explication à ce qui le reliait à Isaac, mais une chose était sur, il adorait le faire chier. C'en devenait ridicule tant l'un comme l'autre ne savait pas sur quel pied danser. Partagé entre amis et insupportable boulet, tous les prétextes étaient bons pour se foutre sur la gueule ou se rejoindre sur plusieurs points. Leur dernière dispute avait cependant tout fait éclater. La goutte de trop, sans avoir eu le temps de laisser le vase dégorger. Et c'était comme s'ils s'étaient quittés hier. Jaaz' pouvait presque deviner les expressions de son visage du coin de l’œil seulement, il pouvait aussi le sentir se tendre sous son bras, qu'évidemment il resserra autour de ses épaules. Trois ans c'était long oui, mais il y avait des choses qui ne changaient pas. Des regards qui restaient les mêmes et un plaisir étrange de le constater. Il y avait aussi un peu plus de maturité dans leurs prunelles mutuels, une vieille lueur de Détroit plus encrée encore, et celle d’expériences différentes, de plus en plus fortes au fil des années.

...je veux pas de tes clebs chez moi.

« Ça tombe bien, Rue les garde chez elle »

Il savait qu'Ares s'en foutait complément de leur placement. Il avait bien compris le sous-entendu, et c'était d'autant plus jouissif de faire mine de l'ignorer. Jetant un regard vers les joueurs de cartes exposés devant eux, il pensa néanmoins au danger auquel il s'exposait. S'il se prenait autant la tête avec Ares ce n'était pas pour rien, c'était parce que quoi qu'il fasse, avec sa putain de mâchoire tranchée, celui-ci avait le don de l'agacer. Fallait pas qu'il recommence les conneries. Un mot de trop et il prenait plaisir à le remettre à sa place. Il le piquait. Et bon sang qu'il aimait ça. Le mettre en colère avait été son activité quotidienne même si son acolyte savait répondre là où ça faisait mal. D'ailleurs, ses derniers cris avaient étés les plus virulents, devant son ex-copine justement, tandis qu'ils aboyaient ensemble à propos d'un cambriolage où Isaac s'était barré. Jaaziel avait toutes les bonnes raisons d'être rancunier. La vengeance était un plat qui se mangeait très froid avec lui, se satisfaisant déjà de sa présence dérangeante.

Jaaz' espérait importuner, c'était un premier pas vers un effet. Tout ce temps de silence l'avait fait douter sur s'il retrouverait Ares une fois libéré, il y avait beaucoup pensé et le voir ici relevait du miracle. Bien que... une fois dans la vague de ces quartiers, il était de toute façon rare d'en sortir. Tout du moins, pas sans passer par la même porte que lui pour finalement revenir, ou celle, plus dévastatrice, d'une fin prématurée.

Il songea ensuite à son ex, qu'il avait été moins curieux de revoir.

« Laisse tomber, c'est qu'une grosse pute »


L'air lasse, il plia le coude contre la nuque de sa prise, se penchant dans le mouvement pour déposer sa bouteille du côté de l'évier, à l'autre bout d'Ares. Il l'obligea ainsi à se tordre, contre lui qui à la fois l'écrasait, à la fois s'imposait dans une étreinte aussi diabolique que familial, durant deux interminables secondes.

« Mais elle est venue me voir, elle »


Le message était clair, chuchotée d'une voix enraillée à l'oreille d'un autre prisonnier : on s'en fichait de cette grognasse dont le seul affront avait été de ne pas patienter plus d'une année. Parait que c'était devenu compliqué, qu'elle attendrait et qu'ils verraient. Elle le connaissait pourtant bien assez pour savoir que ça ne passerait pas.

Jaaziel se recula enfin tout en libérant Ares de son étau. L'envie de l'étrangler et de le coincer était forte rien qu'à l'idée que cet enfoiré l'ait abandonné. Plusieurs fois.

« Alors raconte, qu'est-ce que t'as foutu durant trois ans ? » qu'il claqua comme si rien ne s'était passé, et pire, comme s'il ne venait pas de l'accuser. Il tourna la tête pour apercevoir un pack de bières à moitié entamées. Instinctivement, il en attrapa une puis la décapsula avec son briquet, regard à nouveau rivé sur les joueurs, son épaule touchant, ou bousculant, celle de celui à sa gauche. Celle d'Ares.

« Tu continues d'la mettre aux cartes pour te faire un peu d'blés ? »

Sa capsule fit le bruit d'une pièce en rebondissant sur le comptoir. La partie continuait, imperturbable, tandis que lui n'y pigeait absolument rien.
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptySam 4 Jan - 21:47

Rue garde les chiens. Ceux de Jaaziel, les siens. Ares n'a pas revue la jeune femme depuis plus de deux ans, maintenant ; tous ses liens avec la bande du punk se sont plus ou moins étiolés suite au départ du noyau autour duquel ils gravitaient tous. Y'a que Deborah qui lui a demandé de ses nouvelles, il y a neuf mois. C'était sec, ça cherchait sans nuances à lui reprocher son mutisme. Mais il est comme ça, Ares - si on vient pas le chercher, il s'évapore, devient cet angle mort dans la vie des autres. Ne pas rappeler son existence. Ne pas rappeler.

Il sent l'air chaud de sa propre respiration qui se condense sous le tissu du foulard. Jaaziel grogne sur sa pute d'ex, tout le monde est une pute dans le monde du punk, même la vie, même la mort. Ça aurait le mérite d'arracher un rictus au Salvadorien, cette façon typique de toujours trancher dans le même sens. Mais un Jaaziel vulgaire et sans appel, ça ne le fait plus sourire depuis longtemps. Il a envie de l'envoyer se faire foutre.

« Mais elle est venue me voir, elle » ça murmure contre son lobe en le pressant consciencieusement au comptoir.

L'envoyer se faire foutre, lui dire que tout est laid autour de lui, qu'il est plus laid encore, avec toute la violence et l'inconsistance qui lui ruine tout, des tripes à la peau. Mais quand le punk se recule nonchalamment, Ares sait pourquoi ce genre de pensées ne parvient jamais à être formulée à voix haute depuis des années. Les mots échouent sur les plages désertées de ses lèvres - Jaaziel a un brasier dans les pupilles, une armée dans les yeux. Il est en colère. Il se contient. Il balance, comme lui.

Et il est beau, mais pas à ces endroits où on penserait trouver quelque chose pour l'épargner d'un jugement trop sévère. C'est une intangibilité qui se joue dans les angles serrés de son visage dur, dans le bleu trop clair de ses iris tranchants. Dans la façon qu'il a de se défiler tout en attaquant. Où il le laisse venir même s'il laisse croire que c'est lui qui prend.

« Alors raconte, qu'est-ce que t'as foutu durant trois ans ? Tu continues d'la mettre aux cartes pour te faire un peu d'blés ? »

Autour de l'îlot et du cadre de la porte, les guirlandes de lumières sont passées en mode stroboscopique ; rouge, vert, jaune, bleu, rouge… Ares ferme les yeux un court instant en sentant le poids de l'épaule du punk contre la sienne. Il entend le croupier compter à mesure qu'il tire les cartes.

« Ouais. » Il tourne légèrement le menton, laisse ses yeux accrocher les éraflures sur la veste de cuir du punk. « Je joue à la table de Marco maintenant. »

Ares sait que Jaaziel sait. Marco, on le connait par ici. Il doit tirer sur la fin de la cinquantaine maintenant. Marco qui tient les parties de poker aux grosses mises, qui a coupé deux doigts au pauvre Jamie parce qu'il a pas voulu suivre la mise, qui a envoyé ses hommes buter John parce qu'il avait essayé de le rouler avec de faux billets. Quand on joue à la table à Marco, on joue avec ses règles. S'il te fait comprendre que tu dois te coucher, tu te couches, même si ta main est excellente ; parce que ta main, tu risques de te la faire broyer sous une masse avant d'avoir pu bouger le cul de ta chaise.

Au début, Ares a perdu pas mal d'argent. Puis il a triché, s'est fait passé à tabac par les gars de Marco, est revenu, a misé gros, a fait exprès de tout perdre. Maintenant, le boss lui assure un montant chaque mois - faut juste qu'il emmène du monde à plumer, qu'il reste dans ses grâces et qu'il soit fin renard, mais pas trop.

Le Salvadorien lorgne la bière de Jaaziel, puis revient sur la partie de Baccara. Y'a un blanc. Pour lui, ça se demande pas qu'est-ce que t'as foutu pendant trois ans. Il ne l'imagine pas enfermé. Ne veut pas l'imaginer. Dans son esprit, un Jaaziel cloîtré derrière les barreaux est une bête en cage - ça frappe et rugit, et quand ça s'apaise enfin, ce n'est pas plus calme, seulement plus imprévisible.

Sens reins se détachent du comptoir.

« Désolé Jaaz, trouves toi un autre endroit où crècher. »

C'est soudain, et surtout, c'est tout. Il s'éloigne, le ventre retourné. Faut juste qu'il s'éloigne. Qu'il soit catégorique. Qu'il l'oublie - ça y était presque, en trois ans. Pourquoi ce connard revient l'emmerder dès qu'il sort de taule. Pourquoi est -ce qu'il ne l'ignore pas, ne le tabasse pas, Ares veut juste que ce soit autrement, que ce soit rien du tout, que ce soit exactement ça…

Il croise son groupe d'amis sans s'arrêter, même si Rosario le hèle. Il est dehors, descend les marches, se mange la fumée de cigarette dans les yeux. Le froid atteint ses doigts, son front. Il va rentrer chez lui, même si ses jambes sont faibles soudain. Il a envie de retirer le foulard, de respirer un grand coup, de laisser l'air enserrer sa gorge.

« Je peux te prendre une clope ? »

On lui en tend une sans émotion, la lui allume avec un peu plus de circonspection déjà alors qu'il dévoile sa mâchoire déchiquetée. Faut que ça l'étouffe quelque part où c'est pas lui qui est en cause. En s'éloignant de la bâtisse, Ares gorge ses poumons d'une énorme taffe - en expirant, ses yeux piquent. Il les ferme. Il s'arrête. Il retient son souffle, se retient tout entier, même.

Ça va, relax. Il tire encore, plus doucement, les paupières closes.

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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyLun 6 Jan - 22:54

Ça n'avait jamais été son truc les cartes. Pourtant ç'aurait pu être un moyen facile de se faire un peu de blé, si toutefois il avait la patience de jouer. Attendre son tour et méditer sur sa stratégie, ce n'était clairement pas fait pour lui. Ou si, peut-être s'il y avait de l'action, s'il devait lever le cul de sa chaise pour se rendre sur le terrain, cueillir les imprévisibles, et cogner les différents litiges plutôt que de les faire vicieusement payer. Il y avait aussi ces gars qui publiquement trahissaient mais arrivaient toujours à trouver un pigeon à voler. Sans faire parti de ce monde, Jaaziel avait eu ouïe que Marco était l'un de ces mecs là. Il n'eut donc aucun mal à imaginer le parcours qu'Isaac avait du faire pour atteindre sa table. Son regard vérifia ses doigts et leur nombre. Sans expression aucune, vérifier pour se rassurer, la crainte de découvrir le paralysant dangereusement.

Il se sentait en colère, ou tout du moins un peu plus que d'habitude. Dans ces cas, son aura se figeait immédiatement, l'ambiance autour de lui devenant si lourde que c'était comme se cogner contre un mur subitement mis devant. Ça l'était lorsqu'on croisait son regard, regard qu'Ares ne chercha même pas. Non, il lui tourna le dos. Il le rejeta dans son avis et sa haine. D'ordinaire Jaaziel lui aurait bien beuglé ce qu'il en pensait de sa pseudo carrière de poker, de la façon dont il avait probablement lâché d'autres projets, les leurs, sauf que pendant trois ans c'était lui qui n'avait pas été là. Conscient de tout ce qu'il avait à rattraper et perdu, silencieusement il le regarda partir. Les joues néanmoins creusées, lèvres serrées, il aurait pu le poignarder dans le dos rien qu'avec le regard. Les souvenirs de ce qu'il détestait le plus chez Ares lui revinrent en pleine face. Il haïssait quand il n'allait pas dans son sens. Quand il s'éloignait.

Et le pire était que c'était entièrement de sa faute, à ce con. Si le salvadorien ne lui avait pas tout donné, s'il ne l'avait pas regardé comme il l'avait fait, farouchement mais dévoué... il n'aurait jamais mis dans la tête du faux-punk qu'il était sa propriété. Par ailleurs, Isaac était le seul mec qui lui faisait cet effet là. Seules ses ex pouvaient pleinement se plaindre de ses excès de possessivité.

Ainsi donc, Ares avait mieux à faire depuis qu'ils s'étaient quittés. Depuis trois ans, il avait trouvé un autre à lécher. Pour de la tune, de la tricherie, se faire arnaquer. Que c'était dérangeant, étrangement, de l'imaginer accourir lorsqu'un autre le sifflait. C'aurait pu être pire si Jaaziel avait appris qu'il avait intégré un gang, mais c'en était pas loin. Il prit cependant sur lui afin d'essayer d'oublier. La taule, ça change il parait. C'était une bonne soirée, et si baston il y avait, ce ne serait jamais pour le plaisir d'une querelle puérile sous boisson alcoolisée. S'il s'énervait ça n'arrangerait rien, au contraire, ça ne ferait que faire jaillir les flammes qui menaçaient de le faire exploser. Alors dans un soupir il se détacha du comptoir lui-aussi, le goulot de sa bière contre les lèvres et une quantité impressionnante du contenu vidé en quelques gorgées, avant de rejoindre Angelo.

« C'est quoi l'problème avec Ares ? »

Devant l'arrivée brutale d'une conversation inappropriée, l'ours colombien posa les yeux sur la silhouette du concerné qui franchissait définitivement la porte d'entrée.

« Putain, tu fais chier. Tu vas pas remettre ça ? »
soupira-t-il. Mais Jaaziel n'en démordait pas, nullement dérangé par l'insulte indirecte de chieur qu'il était. « J'en sais rien, on a pas de nouvelles de lui depuis que t'es parti. Et en même temps ça t'étonne ? » En voyant le regard prédateur du rasé, il grogna. « Laisses-le ou butes-le, j'en ai rien à foutre, mais fini par lâcher l'affaire. Mec, depuis l'temps... »

Jaaz', qui avait descendu sa bière durant des conseils qui ne semblaient pas tant l’intéresser, attrapa la vodka sur la table, puis s'éloigna.

« Ouai, t'as raison »


« Raison à propos de quoi ? Hey, Jaaz ' ? » Un nouveau soupir pour un Angelo excédé. D'autant plus qu'il allait maintenant devoir répondre à la bande de râleur, qui autour de la table venait de se faire voler leur boisson bon marché. « Merde... »

Le gringo ne s'était pas vu avancer avant de se faire fouetter par l'air frais de dehors. Il avait cru entendre la voix d'Isaac au loin, mais lorsqu'il le chercha, il devina vaguement sa silhouette au bout de la rue. Courir après quelqu'un, il ne le faisait pas, mais il marchait vite. Trop vite pour qui s'arrêtait.

« Marco hein ?! »
Il leva les bras d'un air faussement démuni, dans l'attente que sa voix le brise, referme ses griffes autour de lui, avant qu'il ne le voit tandis qu'il continuait à s'approcher. « Et t'as du l'sucer combien de fois avant qu'il te laisse faire l'sale boulot ? »

Il avala une gorgée brûlante d'Absolut, en deux pas, jusqu'à atteindre son épaule. Aussitôt, il glissa la main sous sa mâchoire, se fichant pas mal de se faire brûler par sa clope, et il le tira. Un peu plus vers le haut, vers lui, plus grand mais surtout imposant. Pour cause, il plaqua ses lèvres contre les siennes. Baiser russe sous la promesse d'une longue agonie. Appuyé et qui aspire les âmes. Il en avait envie, une putain d'envie, parce que c'était meilleur que de le cogner cette fois-ci. Lorsqu'il se recula, ses doigts repoussèrent pourtant son visage déchiré.

« J'viens chez toi »

Il fit un geste pour s'avancer à reculons. Calme. Plus qu'il ne fallait.
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyMer 8 Jan - 18:18

Il le sent arriver avant de le voir, avant de l’entendre. Un truc dans ses tripes qui rôde et feule, qui connaît le déroulement habituel des choses - trois ans, dix ans, ça ne fait aucune différence, Ares a Jaaziel dans la peau et sa peau se hérisse en l’appréhendant, lui et son élan fendant les murs d’airs glacés qui les séparent.

Marco hein ?!

Va te faire foutre. Est-ce que ce n’était pas prévisible qu’il allait effacer ses traces avec les siennes, chercher à rattraper ce qu’il croit devoir écraser. Ares a fait l’erreur de s’arrêter, de se retourner, et un violent sentiment de déjà-vu le harponne directement à la gorge ; rien ne change, il pense, qu’est-ce qu’il a foutu pendant trois ans, et tout à coup il ne se souvient de rien, ni d’hier ni d’avant-hier, douze saisons sans odeur de balayées pour s’agglomérer toutes entières dans le jappement de Jaaziel. Et il le hait. C’est un coup de canon, ça lui remonte brutalement dans le gosier, il le hait de lui scier les jambes et la vie, de le ramener exactement là où il veut, il le hait même parce qu’il le voit prendre une gorgée de sa bière alors que lui ne peut rien déglutir et rien régurgiter.

« Et t'as du l'sucer combien de fois avant qu'il te laisse faire l'sale boulot ? »

Le Salvadorien est aveuglé pendant une fraction de seconde. Par le feu qui lui assèche les rétines, par le sang qui ne bout pas proprement dans ses veines, et par cette main téméraire qui vient agripper sa mâchoire sans douceur. Il réagit dans l’onde de choc que Jaaziel lui impulse, secousse sismique désordonnée ne sachant faire aucun bruit sous la neige. Ares renâcle, écrase le cuir, le brûle probablement avec la pointe de sa cigarette - une tache sombre dans une peau dure.

Le bas de son visage est une terre brûlée. Les doigts du punk sur ses cicatrices font quelque part des coulées sensibles, et ailleurs des pierres pesantes, mais sans goût. Il lui lève la tête, mais ça ne cherche qu’à lui baisser les yeux. La bouche de Jaaziel sur la sienne, c’est une avalanche qui ne bouge pas. Ses paupières ferment les lumières. Mais Jaaziel, c’est le genre de mec à prendre les yeux ouverts, juste pour voir ce qu’il arrache.

Puis ça le repousse dans un mouvement brusque, étire les tendons dans sa nuque. Ares a échappé sa clope. Il l’observe, inerte, sur le béton froid. Il a stoppé le mouvement de sa propre main qui montait à sa visage, comme pour vérifier d’une blessure qui aurait pu se rouvrir, saigner, saigner sans s’arrêter, et mêler à la saleté du trottoir un peu de vermeil. Sauf qu’il n’y a rien.


« J'viens chez toi. »


Ares s’entend respirer. Il déteste s’entendre. Toute la vie qui afflue en lui est une insulte au monde des ombres où il tente de se faire oublier depuis qu’il est né. Et c’est à l’opposé que Jaaziel le tire, en faisant mine de vouloir marcher à reculons devant lui, en l’attirant dans les ronds blancs des lampadaires, ceux qui font mal aux yeux.

« Tu viens pas chez moi. »

Quel âge il a ? C’est ridicule. Une furie rationnelle tente de retenir les pensées s’écartelant dans sa tête bouillante. Il fait des noeuds. Il déglutit, inspire. Avance, pour fuir, mais ne fait que suivre les pas du punk qui maintenant le devance, trop heureux de remplir son périmètre.

« Tu... viens pas chez moi. » il répète, la voix pâle, et avec tout qui s’accélère, même ses pas.

Il est à sa droite, le bouscule pour passer devant. Rien qui ne puisse déstabiliser Jaaziel - déjà, Ares se l’imagine en train de sourire dans son dos comme un grand con heureux d'être content, glisser les mains dans ses poches avec désinvolture, le suivre d’un pas enjoué, totalement sourd. Le Salvadorien se sent vriller. Il cherche un taxi des yeux, quelque chose qui lui permettrait de semer le fantôme qui lui colle aux talons. Mais toutes les voitures sont identiques, roulent trop vite, sont hors d’atteinte. Ça vrille si fort qu’il doit se retourner pour ne pas perdre pied et s’écraser dans le néant. En pivotant, il s’appuie sur le torse de Jaaziel. Pour se retenir, puis pour le repousser dans un second temps. Il vacille peut-être autant que lui.

« Pourquoi tu fais ça ! »

Pourquoi tu fais quoi, Ares, ça claque aussi fort sur son propre visage, pourquoi ça te dérange, pourquoi tu réagis comme tu le fais, pourquoi tu perds pied, pourquoi tu lui donnes exactement ce qu’il est venu chercher, pourquoi t’es pas capable de l’empêcher d’approcher.

« Pourquoi… tu viens m’faire chier. » Un murmure à présent, Ares écrase une main sur son propre coeur, comme pour l’empêcher de sortir, et de mordre, et sa voix coule, sèche et friable. « T’as pas eu le temps de réfléchir un peu dans ta cage ? Ou c’est à ça que t’as pensé tout le long, à comment t’allais venir me quêter la charité quand tu sortirais, ou tu veux te venger du fait que je ne sois pas venu te voir, ou que je me sois barré pendant ton plan foireux, tu veux me faire payer le fait que j’ai pas voulu pourrir en taule avec toi ? »

Il a trop de salive, pas assez de souffle. Il aurait dû le frapper au lieu de lui sortir un interrogatoire de merde long comme le bras. Lui demander, c’est le retenir. Et il veut qu’il parte. Qu’il soit encore détenu ailleurs, très loin, pour ne pas y penser. Et pour une raison obscure, Ares a l’impression de ne plus être dans une rue étroite de Détroit, mais haut dans les airs, le corps prêté au vent, sur ce toit du squat où ils se sont réfugiés la première nuit qu’ils se sont rencontrés. Et il veut s'excuser, ou crever sous la culpabilité le poussant vers la terre.

Isaàc mort de peur.

Jaaziel mort de rire.

Mais ne ris pas maintenant. Dis quelque chose. S'ils se sont trouvés, avant de tout noircir, c'est parce qu'ils avaient perçu dans l'autre un mystère qui adoucit la vie, pas qui l'enlaidit.
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyJeu 9 Jan - 22:07

La négation le fit marrer. Ares aurait pu faire une chute monumentale devant lui qu'il aurait suscité la même réaction, un gloussement peu flatteur de gosse sans pitié. Son vis-à-vis semblait trop tourmenté pour remarquer quoi que ce soit de toute façon. Jaaziel le regarda faire quelques pas, tituber et probablement chercher où se raccrocher. Durant un instant, le taulard se demanda s'il était même prêt à le pousser sur la route pour se débarrasser de lui, tant il parut désespéré. Le voir ainsi était jouissif. Effectivement, Jaaz' souriait.

Et il porta sa bouteille de vodka aux lèvres pour mieux profiter du spectacle, non sans le lâcher, à croire qu'il fallait impérativement que leurs pas se succèdent. Ainsi il se fit repousser au retour, trop près, il le laissa s'appuyer contre lui, le rejeter à leur en faire vaguement perdre l'équilibre. Le sien, c'était surtout car il commençait à être bourré. Faut dire qu'en prison on ne buvait pas beaucoup, on ne fumait plus autant non plus, mais ça ça n'avait pas été un mal pour lui. L'alcool qui lui brûlait maintenant le gosier capturait toutefois ses désirs d'addictions, à moins que ce soit ce qui défilait sous son regard, ces cris qui l'accusaient. Même si Isaac murmurait, il l'écoutait.

- T’as pas eu le temps de réfléchir un peu dans ta cage ? Ou c’est à ça que t’as pensé tout le long, à comment t’allais venir me quêter la charité quand tu sortirais, ou tu veux te venger du fait que je ne sois pas venu te voir, ou que je me sois barré pendant ton plan foireux, tu veux me faire payer le fait que j’ai pas voulu pourrir en taule avec toi ? -

« Un peu d'tout ça... »

Il répondait du tac au tac sans avoir l'air de vouloir blesser, cette fois-ci. Un réflexe quand son regard se fixait sur le visage décomposé de sa victime, que par ailleurs il n'aurait pas autant souhaité. Non, ça l'amusait de le voir hurler et l'échapper, mais l'affaiblir concrètement était loin d'être son idée. Pas physiquement, ou sinon pas consciemment.

« Hey... » Il s'approcha, puis passa son bras sous son torse avant qu'il ne se penche trop près du sol. C'était aussi un moyen de l'empêcher d'avancer. « Qu'est-ce que tu fous ? Claque pas »

Ce qui l'avait alerté c'était de le voir crisper la main contre le cœur. Dans un même temps, ça l'avait fait frémir de se dire qu'il en était peut-être la cause. Il l'avait déjà vu flancher, se plier de colère par sa faute et être au bord de perdre connaissance, le souffle coupé... mais ça Jaaziel avait oublié. En taule, il s'était souvenu de tout, de tout en dehors de ça. Ça le décevait presque, comme un chapitre important qu'il avait raté. Il se sentait tel un gosse capricieux et frustré, parce qu'on l'avait privé d'un de ses jouets préférés et que depuis il ne savait plus comment le manipuler. Une déception envers lui-même, si peu porté sur les détails.

Il ne riait plus. Son bras soulevait le buste d'Ares pour le faire tenir contre lui et l'empêcher de fuir encore une fois. Il craignait aussi qu'il s'effondre, de devoir le porter ou de devoir l'abandonner.

« J'ai changé » en profita-t-il pour lui souffler à l'oreille. Le bruit des voitures couvraient tous les bruits, hors mis ce genre d’aveux imposés. Un viol sous une annonce qu'on ne lui avait pas demandé. Il le maintenait fermement par les épaules. De loin on pourrait croire que deux potes s'enlaçaient dans de fraternelles retrouvailles. De près, il le serrait. « Parce que j'ai eu tout l'temps d'penser à ta gueule là-bas »

Et à comment j'la défoncerais, était-il censé ajouter. Suivi d'un « grosse pute » ou d'un doux « connard » casés quelque part.

Il ne mentait pas, il avait changé. Penser ce n'était pas ce qu'il y avait eu de plus sein pour lui avant, et lorsqu'il avait fait le tour de tout ce qu'il détestait dans cette société, cloîtré entre ses quatre murs, il avait appris à s'écouter, au moins un peu. D'un mouvement il le repoussa, s'assurant d'un rapide coup d’œil que ses traits n'étaient pas trop pâles, ses doigts toujours crispés autour de son épaule gauche, des serres qui ne voulaient pas lâcher sa proie.

« Allez, arrêtes de faire ta dramaqueen putain. Tu m'dois bien un pieu et une douche, merde. »

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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyVen 10 Jan - 6:42

Un peu d’tout ça, une réponse trop simple, une bonne réponse en somme, honnête, agaçante, mais qui a tout de même le mérite de désamorcer quelque chose. Il se détourne. Un peu. Tout ça. Ça lui ressemble, à Jaaziel. D’être presque rien et tout à la fois. Jamais assez présent et toujours trop envahissant. Ares veut fuir l’entre-deux. Il a soupiré, et l’air fait un nuage blanc qu’aucun vent ne vient cueillir.

« Hey... »

Ça se raidit, mime un léger mouvement contrarié de la tête quand le bras du punk l’entoure, mais ça bouge plus, respire juste avec force. « Qu'est-ce que tu fous ? Claque pas. » Arrête...

Il inspire plus profondément, sent la paume de Jaaziel qui imprime là le mouvement ; impossible de savoir qui imprègne qui. Il fermerait les paupières, laisserait aller ses épaules contre les clavicules du brun, peut-être même qu’il le fait un peu, sauf qu’il y a tout un monde indicible qui le retient de baisser sa garde, alors il demeure, comme prêt à se dégager, à foutre le camp sans se retourner, mais aussi comme appuyé, d’accord pour rester.

Ares a de la rocaille chaude qui lui glisse dans l’oreille, un J'ai changé presque enterré sous le bruit des moteurs, ou déformé sous celui des roues contre le bitume humide, mais il l’entend, J’ai changé, et il ne bouge toujours pas, il pense que ça lui va bien, à Jaaziel, de lui murmurer cette belle connerie toute faite, il pense aussi qu’ils sont deux à savoir que c’est d’un convenu grotesque, et aussi qu’il aurait presque envie de le croire, encore, de vérifier, d’y jouer, avec cette manie gambling, retourner toutes les cartes, jusqu’à buter sur le dernier joker du punk.

… Parce que j'ai eu tout l'temps d'penser à ta gueule là-bas.

Une déglutition retenue ; elle tapisse son palais brûlant, alors qu’il regarde fixement vers l’avant. J'ai pensé à la tienne aussi, mais je te l'avouerai jamais.

Jaaziel le retourne, et il pivote avec cette intention de dégager cette épaule de sous cette main qui s’accroche pourtant. Cette main qui lui a écarté le visage quelques secondes plus tôt. La main de Jaaziel frappe et caresse avec la même intensité. Celle d’Ares aussi.

« Allez, arrêtes de faire ta drama queen putain. Tu m'dois bien un pieu et une douche, merde. »

Le Salvadorien sent qu’il doit bien des choses, et Jaaziel le sait, Jaaziel le connaît, surtout qu’Ares n’a pas changé, ne change pas, ne bouge pas, ne fait rien, jamais, mais faudrait pas croire qu’il l’a attendu pendant trois ans, parce qu’il attendait avant ça, Ares attend depuis toujours, il attend que rien ne se passe et que tout le dépasse.

« … Tu fais chier. » Il souffle après avoir fondé chacune de ses billes pâles, après avoir réfléchi, décidé quelque chose qu’il garde muet.


*


Ce studio-ci est un endroit sans mémoire - aucune trace de Jaaziel, comme dans le dernier, ou de la bande, ou de quoi que ce soit d’autre. C’est un endroit qui ne garde que les souvenirs d’hier, d’avant-hier, et encore. Ares entre, avance, jette un coup d’oeil par-dessus son épaule. C’est pour voir le punk venir à sa suite, conscientiser le fait qu’il vient de foutre son environnement vierge aux poubelles. En même temps, on dirait que la place n’attendait que ça ; recevoir Jaaz et toute son énergie déstabilisante, parfois trop brutale et d’autre fois surprenamment douce.

Ares va s’appuyer contre le comptoir, passe le revers de sa main sur son sourcil, observe silencieusement le punk investiguer les lieux du regard. Qu’est-ce que tu cherches ; y’a rien, ici. Que des choses à toucher pour t’épandre. Le Salvadorien n’a allumé aucune lumière, que l’ampoule de la cuisinière - ça lui lèche le dos. Autrement, ça ferait trop cru. Dévoilerait trop brusquement à Jaaziel combien il n’y a rien à saisir de cet endroit.

« Je sais, c’est petit. Ça devrait pas trop te changer de ta cellule. »

Il le fixe toujours. Ombre d’un rictus dans la remarque, mais toujours rien pour le trahir sur ses traits. Qu’un éclat, trop bref, qui a hanté ses pupilles dilatées. Mais ça se ressaisit assez vite, et un peu plus brusque, il lance : « Tu peux prendre le canapé. Mais demain, t’es parti. »

Ça sonne trop dur, ça sonne comme ce qu’il n’a pas envie de dire mais comme ce qu’il s’oblige à dire. Il sait que Jaaziel le sentira, le sent déjà - ce connard a plus de flair que son chien. Ares passe une seconde fois sa main sur son front, s’attarde sur sa tempe, appuie…

Il gronde, décolle ses reins du comptoir.

« J’vais te refaire le crâne à deux. Si ça pousse encore, tu vas avoir une brosse à la Schwarzenegger. »

Là, c’est bon ; il se fout ouvertement de sa gueule. Un truc d’acéré lui passe dans le regard, puis il lui indique la salle de bain d’un mouvement du menton. Là-dedans, que ça se permet d’ordonner, juste parce qu’il sait que Jaaziel le voudra bien. Faire semblant de lui obéir, et peut-être même en l’envoyant gentiment se faire foutre au passage. Ares veut l’asseoir sur le bord du bain, l’empêcher de bouger, pour une fois, lui demander implicitement de lui démontrer qu’il peut bien se tenir, même si ce n’est que dix minutes. Et surtout d'arrêter de téter cette bouteille d'Absolut comme un petit con de quinze ans.

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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyVen 10 Jan - 19:06

Le studio était comme son propriétaire, effacé, discret et sans extravagance si ce n'est quelques couleurs ensoleillées, à l'image d'origines jamais réellement dévoilées. Jaaziel laissa circuler son regard. Il captura tout ce qui n'était pas à lui, s’appropriant le lieu pour mieux l'investir. Petit mais jamais trop pour lui. En effet, sa cellule partagée avec trois autres gars avait tout à envier à ce genre d'endroit. Il y avait une fenêtre aussi. Souvent, c'était même la première chose qu'il voyait lorsqu'il entrait quelque part.

Mignon.

Voulut-il souligner, si seulement ça faisait parti de son langage. Il n'en fallait pas plus pour un homme seul et célibataire. Et encore moins pour quelqu'un qui comme lui, connaissait cette chance qu'il avait d'avoir un toit. Pour autant, Jaaziel ne se plaignait jamais de la rue, ni des squats qu'il avait surtout occupé avant. Il lui en fallait peu pour être heureux, comme on dit. Ou plutôt, il prenait ce qui venait, sans grandes attentes personnelles, en regardant plutôt vers le haut que devant lui. Ce haut qu'il piquait. Cette Haute à qui il confiait tous ses malheurs, lui et son entourage, plutôt que de se bouger le cul pour s'en sortir seul. Travailler pour se payer ce genre de studio ? Pourquoi ? Avoir un patron ? Sucer le système et sa hiérarchie ? Il préférait aller voler dans les caisses du luxe afin de repartir lui-même ce qui était du à chacun. Robin des bois des banlieues et des temps modernes, celui qui pisse dans les buissons taillés carré et qui chie dans les canapés cuivrés. À son âge il était pourtant temps de passer à autre chose.

Si seulement...

Il posa sa bouteille blanche sur le comptoir de cuisine, sans écouter les recommandations de son hôte. Ça puait Ares ici. Un parfum chaud et légèrement ambré, léger, à tel point que seul Jaaziel le remarquerait. Un relent lui donna le vertige. L'alcool et le retour à la chaleur, certainement.

...si ça pousse encore, tu vas avoir une brosse à la Schwarzenegger. 

« J't'emmerde »


Il s'était de toute façon déjà dirigé vers ce qu'il devinait être la salle de bain. Il n'y avait pas trente-six-mille pièces ici, malgré le noir, une seule porte se distinguait du minuscule appartement. Sa silhouette manqua de s'engouffrer dans la pénombre et le bruit de sa lourde veste chutant sur un lit ou un canapé gronda sur son chemin, avant que sa main ne trouve instinctivement l'interrupteur. Une vue rapide dans le miroir lui fit remarquer que le marero n'avait pas forcément tord : depuis sa libération Jaaz' ne s'était pas rasé le crâne et en taule, il avait eu du laissé aller dès qu'il avait vu sa sortie s'approcher.

Fatigué ou bien excédé, il expira son air toxique tandis qu'il se pliait vers le rebord de la baignoire. Ses gestes étaient patients, adaptés à son environnement. Alors il retira son chandail et son débardeur dans un même mouvement, torse nu tandis qu'il faisait si froid dehors. Il avait le corps réchauffé et le sang chaud depuis qu'il avait foutu le pied ici, à moins que ce soit depuis leurs retrouvailles, ou encore, depuis toujours.

« T'es devenu coiffeuse aussi ? J't'y vois mieux qu'avec ces couillons d'joueurs de cartes » lança-t-il pendant que l'ombre de son martyr le rejoignait au coin de l’œil. Il avait tout l'air d'un mec qui en avait rien à foutre ou trop saoul pour calculer quoi que ce soit, jusqu'à ses propos. À l'aise, tout dans son attitude transpirait son droit d'être là.

Il se pencha ensuite pour défaire ses rangers en attendant que le brun se prépare. Sous la lumière, il avait mis un peu de neige sur le tapis de bain. Il la frotta, puisqu'il était penché, chose qu'il n'aurait jamais fait. Quand il se redressa, ses yeux électriques se posèrent impassiblement sur son autre. En attendant.

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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyVen 10 Jan - 21:51

Sur ses gardes, il l'est. Ares détaille chaque fait et geste du punk sous le silence bourdonnant de son minuscule studio. De l'Absolut lourdement déposée sur la mélamine abîmée aux pas fauves de Jaaziel se déplaçant vers la salle de bain. Ça bouge pas. C'est comme sous une emprise, celle de voir se rejouer les variantes de souvenirs enterrés, dans d'autres lieux, d'autres temps. Faut qu'il arrête d'être parasité par l'avant. Mais il y peut rien - il est habité.

Ares est réveillé par le clic de l'interrupteur, par la lumière blanche qui fait dans la pièce, devant, un univers isolé, apparu comme par magie. Jaaziel est à l'intérieur. Il retire son haut, offrant les angles de sa peau au jet hurlant de l'éclairage - entretenu en prison, le corps de son ancien camarade semble au Salvadorien plus puissant qu'avant. Ou alors c'est un effet de profondeurs, d'ombres chinoises que les épaules du punk renvoient sur la mosaïque de céramique serrée.

« T'es devenu coiffeuse aussi ? J't'y vois mieux qu'avec ces couillons d'joueurs de cartes. »

Il s'est approché. Ne répond pas tout de suite à ça. T'as la haine parce que tu sais pas y faire aux cartes, comme tu sais pas y faire à grand chose. Ares ouvre l'armoire et attrape son matériel. Il a entendu, dans la voix de Jaaziel, la chaleur molle laissée par la vodka. Mais les intonations demeurent solides, comme sa posture, comme son regard - Ares a déjà vu le brun bourré à quelques reprises. Il a l'alcool traître, comme le reste.

« Je peux déjà te dire un truc sur lequel t'as pas changé : tu sais toujours pas quand c'est le bon moment pour te fermer la gueule. »

Il finit de mettre de l'huile sur les lames, de mettre le cran, puis jette un coup d'oeil à son fantôme trop sagement assis sur le bord de sa baignoire. Sauf que c'est plus un fantôme. C'est trop incarné pour ça. Jaaziel est chez lui. Jaaziel est sorti. Il est là, après trois longues années de silence.

« … Tourne-toi. »

Il met le geste à la parole, appuyant contre son crâne pour le faire pivoter et lui plier la nuque vers l’avant. Inutile de lui dire de ne pas bouger ; Ares appuie le rasoir près de la tempe, remonte le long de l’oreille, consciencieux, en gardant une paume plaquée sur sa tête brûlante. Jaaziel va lui faire le plaisir de bien se tenir, parce qu’il aura le luxe de se contorsionner sur un canapé bancal cette nuit. Le Salvadorien profite du silence qui se brouille dans le bruit électrique des lames. Il trouve étrange de tenir le punk, d’appuyer son pouce sur sa nuque pour faire basculer sa tête de l’autre côté. À la base des cheveux, il trouve une cicatrice nouvelle. Une ligne blanche, fine et discrète. La prison ne fait pas de cadeau. Mais il ne demandera pas comment, ni pourquoi. Ce serait l’insulter, enfoncer intentionnellement une pique dans sa fierté machiste et mal placée. Lui donner l'opportunité de riposter.

Ares voit l’éclair d’un souvenir. Une ouverture sans porte dans le mur, donnant accès à une cour plombée par un soleil aveuglant. Il est Salvador, observe le dos massif de son père, et son oncle qui s’affaire au-dessus de lui avec ses ciseaux ; les cheveux noirs tombent sur les épaules, chutent entre les omoplates, s’accrochent à la pilosité de son père. Lentement, il se couvre d’une fourrure épaisse, devient le monstre qu’il a toujours été. Accorde le fond et la forme. Son père comme un ours gigantesque, assoupi contre le dossier de la chaise sur lequel il a posé ses avant-bras, hibernant dans la chaleur abrutissante de l’été. Il faudrait qu’il dorme toujours.

Le bruit du rasoir se coupe net.

« C’est bon. Tu peux prendre ta douche. »

Il dépose le rasoir près de l’évier, se rince rapidement les mains sous une eau glacée. Il rangera plus tard. Ne regarde même pas le résultat fini. Ce serait retrouver en une oeillade le Jaaziel qu’il a laissé, comme intact, ou presque. Lave-toi, va te pieuter, et dégage avant que je me sois réveillé. Y’a le temps, avant que le soleil ne se lève. Y’a le temps de faire comme si on rejouait pas les aurores, coincés sur un toit de squat, coincés l’un dans l’autre depuis que t’as décidé que t’allais plus me lâcher.  
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyDim 12 Jan - 15:22

Le son vibrant du rasoir avait quelque chose d'apaisant. La mine basse, Jaaziel se laissa manipuler après avoir rapidement retiré ses boots, pour ensuite se tourner sur la moitié de la baignoire. Il se sentait calme, apaisé, quand pourtant il avait toutes les raisons d'être agacé. On le touchait, lui imposait, le maintenait... Cette patience il l'avait surtout apprise en prison. La première année, à trop frapper et vouloir jouer cavalier seul, il avait fini par se prendre tellement de coups qu'il terminait trop sonné pour continuer. Il avait compris que là-bas les lois de la rue étaient multipliées, et qu'à moins de se canaliser, attirer tous les regards sur soi était un réel danger. S'il n'avait rien écouté à son arrivée, le moindre mécontentement étant une bonne occasion d'aboyer, au bout de plusieurs mois, c'était devenu trop fatiguant.

Alors il s'était tu, comme maintenant. Il s'était écouté et il avait appris à se laisser bercer par les vrombissements de sa colère. Au final il était probablement devenu pire qu'avant, puisque la bête endormie ne s'était pas envolée pour autant.

Il se leva une fois sorti de ses songes et du repos dans lequel ça l'avait emporté d'être enseveli par les pressions contre son crâne. Son premier réflexe fut de se lever, puis de jeter un œil dans le miroir. Le second, de glisser une main le long de son crâne un peu plus dévoilé. Cependant, il ne manqua pas de remarquer le manque d’intérêt qu'Ares portait lui, à son propre travail. De toute façon, il l'évitait du regard depuis qu'il était ici, voire même depuis qu'ils s'étaient retrouvés, et ça Jaaziel commençait à le regretter. Au début ça l'avait amusé. Maintenant, ça commençait à l'irriter. Irritation sourde toujours, des mots qu'ils auraient du balancer dans une impulsivité qui suivait normalement le rythme de sa pensée, autrefois.

Pas un merci non plus. Il lui tourna le dos pour entreprendre de se déshabiller avant de se glisser sous la douche. Rien à foutre d'exposer son cul à la porte laissée ouverte, sauf si Ares l'a refermée, ou sa musculature rayée comme une bagnole sur laquelle on s'est vengé. S'il y a une chose à laquelle il s'était habitué là-bas, c'était le fait de perdre toute pudeur. Un comportement qu'il n'avait jamais vraiment eu, de toute manière.

« Va falloir que tu m'prêtes un caleçon, j'ai laissé mes affaires chez Angelo » Fit-il en revenant cinq minutes plus tard dans le salon, la seule serviette qu'il avait trouvé enroulée autour des hanches.

Son regard dessina en travers la lumière que projetait la cuisine, les formes du canapé qui lui était laissé. Il le jugea, clairement, avant de basculer la tête vers le lit, et son hôte. Évidemment, ce dernier ne s'attendait sûrement pas à ce que son bourreau se plie gentiment à ses ordres. En vérité, un canapé c'était largement suffisant, mais si Jaaziel était là, ce n'était pas seulement pour un logement.

« T'es conscient que t'es pas le seul chez qui j'peux squatter ce nuit ? »


Il n'avait fait aucun effort pour trouver une autre personne, si ce n'est Rue de qui il avait essuyé un refus tout à fait honnête. Il l'embêtait déjà avec ses chiens, il n'avait eu aucune raison d'insister.
Le cœur battant face à ses propres conneries et les limites que ses humeurs le faisaient dépasser, il encra ses deux ciels dans les ambrés d'Ares, puis il se rapprocha le temps qu'il comprenne. Bien sur qu'Ares le savait. Normalement, il n'avait pas oublié à quel point le punk aimait le faire chier, d'ailleurs, il le lui avait crié. Arrêté devant lui, Jaaziel leva les mains de chaque côté de sa mâchoire brisée, jetant avant qu'il ne le repousse :

« Je m'sers, et toi tu suis » Il se laissa porter par une assurance sans failles. Le m'enfoutisme d'un homme qui n'a plus rien à perdre. « Il y a des choses qui n'changent pas »

Si ce n'est ses lèvres qu'il posa contre les siennes. Ce n'était pas une menace cette fois, ni de l'intimidation. Il essayait puisque depuis trois ans il n'avait cessé d'y penser. Et si ça s'était passé ? Qu'est-ce qui arriverait, s'il franchissait cette barrière ? Et si en se servant, il le lui faisait payer.

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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyLun 13 Jan - 5:37

Quand il se détourne, Ares le sent ; la gamique a changé. Les volcans endormis de Jaaziel lui sont trop familiers pour qu’il ne puisse pas entendre leurs grondements lointains. Le punk est irrité. Irrité de ne pas être regardé suffisamment, de ne pas être reçu avec plus d’intensité, mordant toujours, si ce n’est plus, à la façade d’indifférence que le Salvadorien rebâtit chaque fois qu’il la perçoit un peu trop vacillante. Ares s’engonce derrière son mur, presque hésitant ; s’il est trop en retrait, il attise Jaaziel. S’il ne l’est pas assez, il l’invite à prendre davantage. C’est perdu d’avance, il le sait. Il le sait quand le punk reparaît après cinq minutes à peine, balançant derrière lui l’envie d’une longue douche brûlante pour venir chercher sa chaleur ailleurs. Ares le dévisage, sombre. Va poser ton cul sur ce putain de canapé.

« T'es conscient que t'es pas le seul chez qui j'peux squatter c’te nuit ? »

Statique, là, prêt de son lit, il se sent con. Parce qu’il n’aurait pas aimé être assis, plus bas encore, mais qu’il n’est pas plus à l’être debout. Jaaziel avance et lui, il fige un peu plus, versé dans une espèce de défensive sourde qui ne fait qu'arquer légèrement ses épaules vers l’avant, et tanguer son regard dans celui du punk. Approche pas, ça lui gueule dans la béance du silence. Sauf que ça bouge, et lui pas. Il pourrait l’incendier sur place, ou s’allumer lui-même.

Je m'sers, et toi tu suis…  

Il voit rouge.

Pourtant, rien de la violence qu’il s’imaginait déjà remonter le long de ses bras n’exulte avec la force attendue. Ce n’est qu’une secousse, un tremblement, quand il lui attrape une épaule, puis pousse du poignet sous sa gorge, comme s’il avait été une lame, un tranchant, rien qu’une pointe meurtrière prêtre à s’enfoncer dans l’arrogance du brun.

« T’es bourré, arrête... »

Ça le noue ; de parler, de respirer, d’avoir le goût de la vodka et d’autre chose sur les lèvres, désormais. Une colère muette lui monte dans la gorge comme les ramifications mordantes d’une vigne. Ses doigts s’enfoncent dans la peau nue de Jaaziel, et il pousse un peu plus fort contre sa pomme d’Adam - une saccade crispée contre des mots qu'ils faut éviter, des non-dits qu'il faut enterrer.

« Arrête. »

Il siffle, chuchotant, entre ses dents serrées. Comme s’il ne fallait alerter personne d’autre qu’eux de ce qui vient de se produire. De se reproduire. Pas même les êtres imaginaires qui auraient pû rôder dans le studio, l’oreille tendue, prêts à recevoir leurs aveux de rédemption. Il le repousse plus loin, cette fois. Sent la veine sur sa tempe battant une cadence trop rapide qui l’étourdit. Lui aussi, faut qu’il arrête. Mais il salive, déjà. Sent ses canines saillantes qui veulent érafler les mots tranchants qu’il s’imagine déjà lui cracher au visage.

Faut qu’il arrête.

« C’est quoi, t’as appris à être un pd en prison ? »

Ares s’entend respirer à nouveau. C’est profond, trop bruyant, et prêt à se fendre. Il est injuste, et il le sait. Il oblitère tout ce qui s’est passé, avant, et il le sait. Mais c’est plus fort que lui - faut qu’il lui fasse mal, et il sait exactement où viser. Et il y va, presque tremblant, en résistant à l’envie de serrer ses doigts gourds en un poing pour les sentir à nouveau. Faut qu’il lui fasse mal, parce que finalement, quelque part, il lui en veut, et pour un tas de raisons qu’il ne s’est pas attardé à creuser, comme il ne s’attarde jamais sur rien. Il balaie, se laisse porter, aime croire que tout lui coule dessus, et que si jamais, par malheur, quelque chose accroche sa peau, alors il ne suffit que d’attendre pour laisser la brûlure s’estomper, se résorber, disparaître…

Il lui en veut de s’être fait prendre, d’avoir disparu brutalement de sa vie, ne considérant pour l’instant que cette partie de l’équation pour donner juste cause à son humeur. Même s’il est celui qui s’est barré, qui a abandonné, même s’il est celui qui n’est jamais venu donner signe de vie. C’est un jeu débile où il ne peut y avoir aucun vainqueur, sauf qu’Ares est un tricheur. Et Jaaziel le sait.

« … Va t’trouver une gonzesse si t’as besoin de te défouler. T’es bon pour ça. »

Il ne sait même plus ce qu’il cherche, comme résultat, comme angle d’approche ; une attaque, des accusations, des insultes, une réponse. Tout se mêle dans la petite tempête qui s’intensifie de seconde en seconde dans sa tête lourde, mais qui soudain s’envole, devient vaporeuse, allongée par la montée d’adrénaline tordant ses sens. Voilà, il en est exactement au point qu’il cherchait à éviter. Et, honnête comme il est, il arrivera à tenir Jaaziel entièrement responsable.
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyLun 13 Jan - 17:55

Ça vient le faucher et Jaaziel est à peine étonné. Ça lui coupe même le souffle deux secondes avant de serrer. Pour la peine, il n'a pas gardé ses mains autour du visage d'Ares, il l'a lâché, d'un commun accord où finalement rien ne pourrait se passer. Et il ne lui en veut pas. Pas parce qu'il était bourré ou comme d'habitude inconscient, mais c'était plus ou moins ce à quoi il s'attendait. Il le regarda sans ciller, lui faire croire qu'il a compris. Pourtant il le laissa s'accrocher à sa gorge aussi douloureusement qu'il tentait de le rejeter. Tant d'années étaient passées et peut-être que lui-même s'était mépris sur ses fantasmes inavoués. Qui sait, il avait du se faire des films dans sa cage. C'était ce qui arrivait quand on avait que ça à faire de ses journées, ça et ressasser de vieilles vengeances.

Non. Non, il n'y croyait pas.

Ce n'était pas une question d'homosexualité puisqu'il ne se considérait pas. Il n'était pas une « pédale », seulement chez Ares il y avait ce quelque chose qui le faisait complètement vriller. Ça avait été la cause des nombreuses tensions entre eux. Au départ, ça avait été la satisfaction de le voir se plier face à lui, égocentrisme mal placé, puis c'était devenu quelque chose de prédateur. L'envie de le frapper pour le toucher, de l'engueuler parce qu'il lui en voulait et de l'insulter pour le rabaisser, ce « pédé ». Ce n'était pas lui, non. C'était Ares, avec son air complètement paumé.

En prison, il ne s'était rien passé. Ou plutôt, il s'était défendu pour que jamais on ne vienne le dominer. Il s'était battu avec toute sa rage pour qu'on ne touche jamais à son cul. Tout bonnement, lui proposer une queue ça avait été prendre le risque de se la faire arracher. Il n'avait donc rien à se rapprocher, pas même les remarques faciles à ce sujet. Par contre, il avait envisagé trop de fois ce moment pour ne pas regretter de n'avoir eu aucunes nanas dans sa cellule afin d'oublier. Il l'avait imaginé, la main sous le drap, au bout de longues années pour accepter.

« C'est d'une grosse pute dont j'ai besoin pour m'défouler. J'me suis dit que tu ferais l'affaire »

Oh oui, ça l'avait piqué.

Il avait beau savoir qu'Ares cherchait à le blesser, au fond il avait gagné. Sauf qu'avant de cogner, il lui rendait la pareille sous des mots moqueurs et glacés, yeux dans les yeux, les bras lâchés quand c'était lui qui se faisait étrangler. Il avait mal, malgré tous les efforts donnés dans sa voix pour ne rien laisser transparaître. Un ton naturellement enraillé et grave ne pouvait que l'être un peu plus, de toute façon, dans des propos aussi assassins. Mais à trop provoquer ça en devient dangereux, alors enfin il lui agrippa le poignet pour le faire lâcher, des éclairs dans les yeux et le regard orageux.

Ce fut à son tour de lui prendre le visage de son autre main, dans une impulsion soudaine, une propulsion qui lui permit de le pousser dans un même temps contre le mur. Il entendit tomber des objets, un fracas laissant deviner une table basse ou un petit meuble à côté duquel il l'a cogné. Il aurait pu se faire arracher la gorge en jouant à ça. Qu'importe la souffrance, Ares devait savoir à quel point il devenait insensiblement fou lorsqu'il se mettait dans cet état. Submergé par sa propre haine.

« Dis-moi d'me barrer et tu m'reverras plus jamais Ares. Mais dis-le moi yeux dans les yeux et sans flancher »

Il crevait de mal à la gorge, et peut-être ailleurs aussi. Noyé dans des pensées grondantes et enflammées, rien de ce qui était physique ne pourrait l'atteindre. Rien qui remette en cause sa colère invincible et immortelle. Il se mordait la lèvre inférieure de rage et de souffle bloqué. Son cœur allait exploser d'être si proche de ce visage qu'il mourrait d'envie d'un peu plus défigurer. Ses épaules tremblaient.

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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyMar 14 Jan - 2:14

La nausée.

« C'est d'une grosse pute dont j'ai besoin pour m'défouler. J'me suis dit que tu ferais l'affaire. »

Dans le mile. Ares ne réfléchit à rien, mais il sent son visage qui se fendille de lui-même. Un sourire mauvais fissure sa mâchoire, flétrit le coin de ses yeux. Puis ça se casse la gueule dès que le punk l’agrippe et envoie ses omoplates vibrer contre le mur. Ses dents ne servent plus qu’à mordre une ligne invisible, pendant qu’il gronde, les yeux clos, en accusant le coup dans son dos et la grosse patte de Jaaziel qui lui tient le crâne dans le plâtre. Une bile acide lui monte dans la gorge. Et il ricane - c’est un gargouillis, un éboulement bref, cynique et méchant. Un t’as vu, t’as pas changé. Laissez un cheval au clos trop longtemps, et il se remet à botter. Ares s’est aigri, ces dernières années. Cet élan moqueur le surprend lui-même ; il entre-ouvre les yeux, brûlant, comme pour voir ce que ça donne. Il est cloué par l’orage.


Dis-moi d'me barrer et tu m'reverras plus jamais Ares. Mais dis-le moi yeux dans les yeux et sans flancher


Pendant quelques secondes, il n’y a plus rien qui l’atteint, plus rien qu’un silence assourdissant. Son sourire s’est figé, puis résorbé en quelque chose d’amer qui panique, qui ne comprend pas, qui est scié. Il était prêt à répondre, à lui cracher n’importe quoi, pour autant que ce soit des mots corrosifs, des mots lacrymos. Mais c’est sous sa langue que ça rouille, cette fois. Ares goûte le fer sur ses gencives. Comme s’il venait de se prendre un coup, de se fendre les lèvres.

Il peut pas lui dire ça.

Il comprend même pas comment Jaaziel en est venu à lui faire ce genre d’ultimatum.

Y’a un truc qui passe pas, qui s’enraye, et bloque tout l’engrenage. Y’a trois ans, jamais le punk n’aurait même laissé sous-entendre qu’il lui foutrait un jour la paix. Il l’aurait suivi et poursuivi - c’est ce qu’il a fait, d’ailleurs. Et Ares l’aurait repoussé, évité, encore, toujours, flirtant avec cette ligne dangereuse où ils se sont tant de fois brûlés. Ares aurait subi, en apparence, engourdie par cette certitude apaisante que jamais Jaaziel n’accepterait de s’éloigner.

Sauf qu’il lui demande de choisir. Choisir pour lui, choisir pour eux. Ares reçoit le léger tremblement des épaules du brun jusque dans les siennes. Il est parasité. Il a l’impression que sa gorge va éclater, enflée d’une masse froide qui ne cesse d’y grandir et de s’y durcir. Maintenant que ça lui revient, que ça lui demande de réfléchir à ce qu’il veut vraiment, toute la hargne s’écroule.

Quelque part, le Salvadorien sait que Jaaziel tiendrait cet engagement. C’est peut-être un connard, mais il a plus d’honneur qu’Ares n’en aura jamais. Ça saute, dans sa tête.

Une poussée violente. Il se libère, dévie, finit de balancer sur le sol ce qui traîne encore sur la table qu’ils ont bousculée d’un geste excédé. Même s’il n’arrive pas à réfléchir correctement, il sait déjà ce qu’il va faire. C’est un instinct ; il fuit. Un instinct plus fort que lui, plus fort que Jaaziel. Deux pas seulement, et son coeur se renverse - voilà ce qu’il donne à Jaaziel. La même scène que toujours, un putain de traître, de dégonflé qui se casse dès ça devient trop dur de tenir tête. C’est Ares qui se barre, et si tu veux dégager, fais-le, me demande rien, je n’ai rien à foutre, rien à foutre, rien à foutre.

« Tu sais quoi !? »

Il est à bout de souffle, son coeur va lui ressortir par la bouche. Il a atteint la porte de son propre studio, a fait volte-face, parce qu'il n'y a rien à aller chercher hors d'ici. Ares tourne comme un lion en cage - sa cage, c'est Jaaz.

« T'as du culot de te pointer ici, de me chialer ton numéro de merde pour avoir un toit et de faire ta pétasse effarouchée parce que je veux pas rentrer dans ton petit conte de fée à la con ! »

Il s'est appuyé contre le mur, ne le sent même pas sous sa paume. Il est rivé sur Jaaziel comme un taureau son drap rouge. Il exhulte, les crocs crevant sa langue : « Essaie encore de me baiser, et je te fracasse la gueule. »
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MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] EmptyMer 15 Jan - 22:11

Jaaziel le sentit le repousser alors il inspira fortement. Ares va le fuir, comme chaque fois, il le sait. Entre tricheur et fuyard, c'était à se demander ce que le punk lui trouvait, si ce n'était de constamment lui faire payer ce comportement pour tout ce qu'il avait à offrir à côté. Lui non plus n'était pas parfait. Pour l'heure il voyait Ares comme un planqué, plus que lui malgré tous ses méfaits. Et ça l'agaçait. Au début, ça avait amusé Jaaziel parce que ça avait toujours été une bonne raison de le secouer, un droit simple et sans culpabilité. Ce soir, il possédait une impatience qu'il n'avait pas eu auparavant, du moins pas en ce qui les concernait eux.

Il s'était reculé de deux ou trois pas par rapport à l'endroit où il l'avait coincé, sentant à sa droite la silhouette de son autre s'éloigner. Il n'allait pas le retenir, pas dans son propre studio. N'importe qui aurait pu prendre mal un aussi violent rejet, sauf qu'ils se haïssaient trop pour se formaliser d'un petit tracas comme celui-là. Ce n'était rien comparé au savoir. Savoir comment l'autre allait réagir, quand lui-même avait cassé toutes ses barrières. Isaac n'était pas prêt à le suivre ou alors il était définitivement passé à autre chose. Jaaz' aurait souhaité lui en vouloir dans toute sa colère. Il l'aurait bien attrapé par la nuque pour lui cogner la tête jusqu'à ce qu'il comprenne, or les choses qu'il réclamait étaient devenues trop lointaines pour croire encore en leurs solidités. Il n'était plus aussi certain, il s'était absenté trop longtemps.

Tu sais quoi !?

Il bascula le visage vers l'ombre de ses traits déchirés, trop neutre pour ne pas exploser à tout moment. Après avoir encaissé chaque paroles aussi réelles que poignantes, il était prêt à écouter. Il se déplaça enfin. Lentement. Pour lui faire face seulement. Il avait beau se trouver comme un con au milieu du salon, à moitié nu avec sa serviette, son corps était aussi stable et sec que s'il avait eu un fusil dans les mains. Pourtant, il commençait à sentir à quel point il faisait froid.

« Bien » Quelques pas en arrière, vers le canapé, bras innocemment levés. « J'ai plus qu'à poser mon cul sur ce canapé et t'inquiète pas pour le tien »

Ares avait gagné, pour le fait d'avoir la paix. La frustration du pseudo-punk était sourde et sa déception silencieuse. Il s'abandonna contre les larges coussins, probablement le seul confort de cette banquette cabossée, et passa nonchalamment la main le long de son crâne pour finalement garder une main contre sa nuque, décontracté. « Prêtes-moi un pantalon ou un caleçon, si tu veux pas que j'frottre mes couilles sur ton foutu canap' »

Enfin un regard vers lui.

« Et décolles-toi de ce mur, putain, j'vais plus t'toucher »


Oublier, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Jaaziel le devait et Isaac semblait le réclamer. Un être sombre tira ce premier vers le bas au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans ce, déjà, douloureux passé. Il allait dormir, reprendre sa vie, et oui : oublier.

« J'me casserai demain matin »

Parce qu'il avait pas envie de sortir dans le froid à cette heure. Pas l'énergie ni le courage de chercher un autre lieu où crécher, les ténèbres l'ayant silencieusement repris dans leurs bras pour le canaliser et surtout le bloquer. Puis il était là maintenant. En baissant les yeux, tout semblait s'être effacé, insolent et faussement distrait.

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