Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez
 

 Today you die [pv Isaac] [Fini]

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Invité
Anonymous
Invité

Today you die [pv Isaac] [Fini] - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Today you die [pv Isaac] [Fini]   Today you die [pv Isaac] [Fini] - Page 2 EmptyJeu 16 Jan - 18:28

Ares a mal. C'est une douleur qui jaillit de nulle part, et qui le prend à bras le corps. Statique, il plaque sur Jaaziel un oeil hagard ; chien de faïence.

Bien.

Il déglutit. Du palier d'en dessous, on peut entendre monter les discussions animées des voisins. Ça lui fait comme une claque - le bien de Jaaziel, et comprendre qu'on l'a probablement entendu gueuler. Comprendre qu'on l'a entendu, tout court.

… « Et décolle-toi de ce mur, putain, j'vais plus t'toucher. »

Deux petites secondes, et il bouge, lentement. Ses pieds sont gourds. Il n'a pas encore enlevé ses bottes ; à peine arrivé, prêt à repartir. Jamais vraiment chez lui, peu importe où il se trouve. Pas comme quand il squattait chez Jaaz, et Jaaz chez lui. C'était désordonné, précaire, mais ça ressemblait déjà un peu plus à une maison.

En tout cas, ça en avait l'odeur.

« J'me casserai demain matin. »

Il tangue, regarde ailleurs. Par la fenêtre étriquée, à moitié mangée par le coin d'un meuble. La pénombre baigne tout le studio dans un halo orangé.

Ares retire ses bottes, fait le chemin inverse - à l'instar du punk, il ne marque pas avec emphase chaque mètre carré du monde qu'il foule. Il glisse derrière Jaaziel, devient l'envers de son éclipse. Quand il dépose un boxer et un t-shirt sur le bras du canapé, c'est dans un geste qui ne déplace pas d'air. Par habitude, il guette une réaction ; rien. Une nonchalance détachée, un je suis déjà loin.

Il ne dira rien non plus. Fermer sa gueule quand c'est pas le moment, c'est ce qu'il sait faire de mieux. À son tour, Ares s'enferme dans la salle de bain. L'humidité le prend à la gorge - ou alors c'est autre chose. Un vivarium.

Longtemps, il laisse l'eau chaude aplatir les idées dans son crâne. Il reste là comme si, à force, elle pouvait laver et emporter avec elle tout ce qui de Jaaziel lui colle encore à la peau. Mais les choses ne fonctionnent pas de cette façon. Ares s'attarde, où se retarde, plutôt ; il se sèche, range le rasoir, laisse son corps brûlant adhérer au mur frais. Quand il sort, la masse étendue sur le canapé est immobile. Endormi, peut-être pas. Il a rarement vu Jaaziel dormir, et ce constat affaisse quelque chose dans son ventre - il connaît un punk toujours sur ses gardes, sans réellement le laisser transparaître, ou étranglé par une insomnie tirant sa source d’espaces où Isaàc n’a jamais osé mettre les pieds. Pas que Jaaziel ne le laisserait pas venir ; c’est lui, le problème. C’est lui qui se braque, sent partout des noeuds qui l’enserrent chaque fois qu’il vit.

Il est la seule ombre qui bouge dans le studio. Sans bruit, mais avec le coeur qui bat pour les champs de bataille, Ares attrape une couverture pour venir la lui balancer. Sauf que le punk ne bouge pas. Il dort peut-être vraiment. Le Salvadorien ose s’attarder sur ses traits, détourné de moitié, coupable de sa vicissitude.

Arrête.

Il dépose le plaid, regagne son lit. Pense qu’il ne dormira pas de si tôt, et pourtant. Une fatigue abrutissante l’assomme, portée par la respiration profonde de Jaaziel. Quand Ares ouvre les yeux, la bouche d’un canon est pointée sur son front. Il s’entend haleter, ne peut pas bouger. Il y a un petit clic, puis une détonation qui n’en finit plus de se réverbérer dans l’écho de ses chimères. Il ouvre encore les yeux. Ne se souvient pas de les avoir fermés. Et devant lui, il y a un trou dans la terre, immense, qui grandit sans faiblir, devient un cratère, un abysse, un grand vide fait de rien, prêt à l’engloutir. Le vertige l’empêche de crier, peut-être est-ce qu’il tombe, se réveille, et sombre à nouveau.

Il court, maintenant. Fend une brume épaisse dans le ventre d’une forêt qu’il ne connaît pas. Elle ne ressemble ni à celles du Salvador, ni à celles d’Amérique du Nord. Les arbres sont noirs et minces, tous de taille identique, et ils montent à l’infini ; on n’en voit ni les racines ni la cime. C’est un labyrinthe sans mur. Il n’y a aucune direction à prendre, puisque toutes n’ont pas de fin. Mais Ares court toujours - une bête gronde dans son dos. Ça le poursuit. Le grondement est dans ses oreilles. D’une seconde à l’autre, il s’attend à ce que la masse de l’animal lui tombe sur le dos, le renverse, le dévore. Et soudain, dans la forêt, il y a une tente éclairée. Elle brille comme un spectre. Ares s’y glisse, et tout redevient sombre, et plus aucun chien ne grogne. Quelqu’un se redresse, surpris.

Isaàc ?

Il y a de la musique, dehors. Des voix. Ares est de retour à la fête donnée en périphérie de Détroit, quatre ans plus tôt. De retour dans cette tente partagée avec Jaaziel. Ils étaient défoncés. C'était la première fois que le brun voyait son visage déchiré. Les yeux du punk sont entièrement noirs, bouffés par deux disques dilatés.

Y’a un mouvement, un froissement dans la tente, ou alors ça vient des draps, de son lit. Tout chuchote et bruisse et murmure, tout à coup. Il est sur le punk, a pris son visage, l’embrasse.

Il entend le chien.

Qui veut entrer.

Et soudain, sans que ça ne fasse aucune vague, aucun sursaut, c’est son plafond qu’il a sous les yeux. Le plafond jauni de son studio. Et les lueurs aussi, les premières du jour, toujours un peu grises. Longtemps, Ares ne bouge pas. Pour retenir la nuit, paralyser les terreurs et les autres sensations de ses rêves épileptiques. Et plus il demeure immobile, plus son souffle se compresse dans sa poitrine, plus l’air devient une rigole, puis un filet. L'humidité froide creuse dans ses os.

Il tourne la tête. Pour regarder.

Mais y’a plus personne sur le canapé.
Revenir en haut Aller en bas
 
Today you die [pv Isaac] [Fini]
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Not Today (LTF/AJ)
» (arena) if i left today, would you wait for me or would you throw us all away?
» Yesterday you were normal and today you're like the Chinese guy from the Karate Kid
» Paint [Isaàc]
» isaàc s. hierra

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
C R O C O D I L E / G A M E S :: version sept :: les rps-
Sauter vers: