running out of reasons (arena).

i go out, and all they eyes on me
i show out, do you like what you see?
and now they closin' in on me
let 'em sharpen all they teeth
this is more than i can handle
@ares kaiser

la douleur dans sa poitrine est toujours pas partie. c'est déjà arrivé à athéna, mais autant? non, jamais. elle s'rend compte que les fois où ça lui a déjà fait, c'était de la merde. rien à côté de ce qu'elle ressent en ce moment. et elle arrive même plus à savoir si elle doit rejeter la faute sur ares ou sur elle. tout ce qu'elle retient, c'est qu'ils en sont là. ils ne se parlent plus. ils ne se voient plus non plus. comme s'ils n'existaient plus l'un pour l'autre. elle a mal au coeur et à la tête tout le temps. y a que deux humeurs qu'elle arrive à retenir : la colère et la tristesse. la seule raison pour laquelle la colère l'emporte, c'parce qu'elle s'interdit de pleurer en public. pour dire quoi? j'ai couché avec mon frère et maintenant on se parle plus? ouais, non, c'pas possible. donc: elle boit. mais ça, c'qu'un détail. la gueule de bois qu'elle se traine quotidiennement, c'qu'un détail aussi.

avec ces conneries arrivent aussi des répercussions. comme savoir qui aura la garde de la voiture. athéna en va même à fouiller les poches de la veste d'ares quand elle arrive. il avait qu'à pas la laisser dans le salon. elle prend les clés pour le lendemain et pousse le vice jusqu'à les planquer sous son oreiller. comme ça, elle est sûre qu'il viendra pas les chercher. erreur de débutant, mais putain, ça fait presque trois jours qu'elle se tape les transports en commun et elle en peut plus. elle sait très bien qu'ares osera même pas foutre un pied dans sa chambre. elle oserait pas non plus. l'truc c'est qu'elle a envie. de le voir, de lui parler, d'être dans la même pièce que lui. elle en crève d'envie. mais non. parce qu'ils en sont là et que c'trop tard pour revenir en arrière maintenant. elle a essayé, il a pas voulu - tant pis.  

après s'être préparée le lendemain, athéna va faire des courses. et putain, c'pratique avec une caisse. heureusement qu'elle a pris les clés. ou pas.

feu vert.
athéna démarre et avance.
elle voit pas la voiture qui grille le feu rouge.
c'est rapide et violent.
elle aurait pas dû prendre la voiture.
désolée, ares.

première pensée: ares. deuxième pensée: douleur. troisième pensée: ares. et ainsi de suite. la bouche sèche. pourquoi elle a mal? pourquoi elle arrive pas à bouger ses mains? pourquoi elle a du mal à ouvrir les yeux? flash. les images reviennent. le mouvement de la voiture rapide. les lumières de la voiture des urgences. les gens qui lui parlaient. am i dead? surement pas. sinon, elle aurait pas si mal. "Soif." gorge éclatée, peut-être qu'elle parle dans le vide. mais elle veut pas ouvrir les yeux. si ça s'trouve, elle est vraiment morte. et elle s'dit que tant qu'elle garde les yeux fermés, elle peut imaginer qu'elle est pas toute seule. elle peut imaginer que tout va bien et que sa vie s'est pas arrêtée comme ça sans qu'elle ait pu dire au revoir à son frère. mais si elle est morte, pourquoi elle a réussi à parler? si elle est morte pourquoi elle sent les larmes couler sur ses joues? et c'quoi tous ces bip bip bip qu'elle entend? c'trop rapide et ça fait trop de bruit. c'nul de mourir en fait.  

T’es en train de patrouiller les rues quand tu reçois l’appel. L’hôpital de Detroit. Tu comprends pas pourquoi ils t’appellent au début — t’es jamais allé là-bas, c’est pas comme si tu pouvais te le permettre vu le prix que les soins coûtent. Mais ils t’arrêtent assez vite quand tu vas pour raccrocher. Ils t’appellent pas pour toi, s’ils appellent, c’est pour ta soeur. Quoi, ta soeur? Qu’est-ce qu’elle a fait encore? Elle a visiblement pas besoin de toi pour vivre donc pourquoi est-ce que c’est toi qu’ils appellent? Et c’qu’ils disent après, t’es pas trop sûr de capter. Un accident? Voiture? Mais de quoi, elle a eu un accident? Elle est pas débile, elle sait conduire. Elle avait bu? Non, elle avait pas bu, qu’ils te disent. C’est la faute d’un autre, qu’ils te disent. Pardon? Une autre voiture qui l’a percutée. Pardon? Elle est dans le coma pour l’instant. Quoi? C’est une blague, c’est pas possible. Pas maintenant. Pas elle.

Tu te mets directement en route vers l’hôpital. T’es pas à Krainz aujourd’hui, tu patrouillais dans Mexicantown. Comme par hasard putain. Alors c’est en courant que t’y vas. Tu tapes le meilleur sprint de ta vie. T’arrives en sueur au comptoir de l’hôpital. T’agresses la meuf de l’accueil quand tu trouves qu’elle est pas assez rapide. C’est presque si tu tapes pas du poing sur le bureau.

En même temps, c’est de ta soeur dont on parle.
Et tu veux pas y croire. Pas tant que t’auras pas vu ça de tes propres yeux.
Pourtant c’est pas quelque chose que tu tiens à voir. Loin de là.

Mais quand t’entres dans la chambre, c’est tes pires cauchemars qui se réalisent.
La voir là, allongée dans le lit aux draps blancs. Yeux fermés, branchée à des machines qui émettent des bruits de tous les côtés. Enfermée entre ces quatre murs beaucoup trop blancs, si blancs qu’ils t’aveuglent presque. Et il t’faut bien cinq minutes pour revenir à toi. Pétrifié, bouche bée. Dissocié de la réalité pendant un instant quand t’as l’impression d’la voir morte.

Et finalement, c’est tout doucement qu’tu t’approches de son lit. Tu lui touches la main, tes doigts sur son poignet pour t’assurer qu’tu sens un pouls. Et une fois qu’tu t’es remis de tes émotions et que le personnel soignant t’a expliqué la situation, tu t’assois dans le fauteuil que t’as ramené à côté de son lit. Et t’attends. Ta main dans la sienne.

T’attends, tu somnoles un peu à force d’attendre. Tu passes la nuit là. C’est long. Est-ce qu’elle va se réveiller? Non, elle a plutôt intérêt à se réveiller. Elle va se réveiller. Et tu somnoles encore un peu plus. Parce que t’façon, t’as rien d’autre à faire ici. Et même si on te dit que tu peux partir, qu’on t’appellera en cas de changement de son état, tu les envoies tous chier. Hors de question qu’tu quittes cette chambre tant qu’elle s’est pas réveillée.

"Soif." Réveil en sursaut. Elle a parlé ou t’as rêvé? Tu te rapproches. Elle a dit qu’elle avait soif? Et puis d’un coup y’a les bruits des machines qui s’intensifient, les bip qui s’affolent et t’appuies sur le bouton pour appeler une infirmière. Elle devrait pas tarder à débarquer. Et tu verses de l’eau dans un petit gobelet que t’approches de ses lèvres. "Tiens, ouvre la bouche, bois." Que tu lui dis, en passant tes doigts sur sa joue pour tenter d’essuyer les larmes qui coulent. Tu cherches pas à comprendre pour l’instant, t’es juste paniqué mais t’essayes de garder la tête froide pour lui donner ce dont elle a besoin aussi vite que possible — même si l’infirmière entre déjà dans la chambre.

athéna arrive pas à penser correctement. ça s'met pas dans l'ordre et y a des images qui apparaissent une fraction de seconde avant de repartir ou passer à une autre. bordel dans sa tête, surement parce qu'elle panique. l'impression d'être morte tout en ayant l'impression de ressentir beaucoup trop de choses pour que ce soit le cas. est-ce que c'est comme ça qu'ares s'est senti après s'être réveillé de sa tentative de suicide? peut-être bien, peut-être pas. pensées négatives qu'elle arrive pas à chasser de son esprit. ares qui revient en boucle. elle peut pas mourir alors qu'ils sont en mauvais termes. c'pas possible. et même s'ils se parlent plus, si elle meurt, il va faire quoi lui? non. non. coeur qui bat vite. pensées qui continuent de défiler. faut que ça s'arrête. elle a soif. est-ce qu'elle aurait soif si elle était morte? peut-être qu'elle est juste en enfer et que ça s'arrêtera jamais. est-ce qu'il y a une main qui vient de quitter la sienne? elle est pas sûre. putain, qu'est-ce qu'il se passe? "Tiens, ouvre la bouche, bois." ares? c'est sa voix qu'elle vient d'entendre, elle en est sûre. elle pourrait le reconnaitre entre mille. pourquoi ares est là? il était pas dans la voiture avec elle, pas vrai? bah non, ils se parlent plus et ils se voient plus non plus, c'pas possible. pourquoi il est là?

ouvre les yeux.

athéna ouvre les yeux. et fait ce qu'il lui a dit de faire aussi, elle ouvre la bouche. y a de l'eau, mais comme elle est plus concentrée là-dessus, elle manque de s'étouffer. quelle conne. regard qui se plante dans celui d'ares. c'lui qui a touché sa joue y a même pas cinq minutes? "T'es là?" faut pas lui en vouloir, mais elle a du mal à y croire. normal, faut dire qu'elle a toujours pas compris qu'elle était à l'hôpital. y a une infirmière qui lui parle et elle l'entend pas non plus. "Mademoiselle Kaiser?" ça fait plusieurs fois qu'elle l'entend l'appeler, cette voix. athéna comprend pas ce qu'elle lui veut. elle tourne la tête au ralenti, lance un regard noir. pourquoi elle est là, elle? elle veut quoi? et qu'est-ce qu'athéna fout là? et pourquoi le lit est pas confortable? pourquoi c'pas le sien? et pourquoi elle a mal partout? ça suffisait pas qu'elle ait mal au coeur et à la tête, fallait que ça devienne physique en plus? athéna répond aux questions comme elle peut avec son cerveau embuée avant d'en avoir marre et de se retourner vers ares. avec le bordel dans sa tête, elle arrive à ignorer la meuf qui lui parlait. "Pourquoi t'es là?" ça sonne mal dans ses oreilles quand elle le dit alors surement que ça doit sonner aussi mal à entendre. voix presque inaudible, mais elle sait qu'il l'a entendu. bouche sèche mais c'pas grave, elle s'arrête pas de parler. "Pourquoi on est là? J'comprends pas." elle veut rentrer. avec lui. vite.

Elle s’réveille. Elle parle. Putain, elle parle. Et t’es pas sûr d’avoir rêvé ou qu’ce soit la réalité, mais tu lui sers quand même un peu d’eau dans un petit gobelet pour accéder à sa toute première requête. Elle a soif? Tu lui donneras à boire. Elle a faim? Tu lui donneras à manger. Elle a froid? Tu demandes une couverture en plus. Peu importe ce qu’elle veut, tu lui donneras. Peu importe les engueulades, les insultes, tout ça, ça s’oublie vite quand ta soeur frôle la mort.

T’appelles une infirmière au passage, parce que tu t’dis que c’est nécessaire. Y’a ses constantes qui s’affolent, les bips qui s’accélèrent et toi, t’es pas vraiment calé en matière de soin — c’est plutôt son domaine à elle, ça. Toi, t’es souvent celui qui a besoin de soins. Alors tu préfères laisser les professionnels gérer, même si t’observes par dessus leurs épaules. Tu vérifies ce qu’ils font, parce qu’on touche pas à Athéna sans qu’tu sois là.

Tu lui verses un peu d’eau dans la bouche mais elle s’étouffe alors t’arrêtes. "Avale Athé, respire, ça va aller, j’suis là, t’inquiète." Tu poses le gobelet sur la table à côté du lit sans la quitter des yeux. "T'es là?" Tu hoches la tête et tu répètes : "J’suis là." Parce que t’es toujours là. Parce que t’es jamais parti. Tu l’as pas fait et tu le feras jamais. Peu importe c’qu’elle peut penser. Peu importe comment elle voit les choses.

Y’a l’infirmière qui s’met à lui parler, elle essaye de lui expliquer la situation, mais Athé, elle a pas vraiment l’air d’écouter. Ouais, pas du tout même. "Pourquoi t'es là?" Tu fronces un peu les sourcils — mi-vexé, mi-inquiet. Elle est pas amnésique ou un truc du genre, hein? Parce qu’elle t’a reconnu. Normalement c’est bon. Mais pourquoi elle pose la question? Par rapport à votre engueulade? Au fait qu’vous vous parliez plus? "Pourquoi on est là? J'comprends pas." La ligne qui te barre le front se creuse un peu plus. Et tu viens reposer ta main sur la sienne. Ok, pas de panique, c’est sûrement l’état de choc, le contre-coup de l’accident, rien de grave. "T’as eu un accident d’voiture hier matin. Y’a un taré qui t’a rentré dedans. On m’a appelé vers midi pour me dire que t’étais inconsciente du coup j’suis venu tout de suite. Mais t’inquiète tu vas bien, rien de grave en soi, t’es en sécurité maintenant." Qu’tu lui dis pour éviter qu’elle panique, pour la rassurer. Rien de grave, c’est exagéré — y’a un putain d’lunatique qui a décidé d’prendre sa caisse sans savoir conduire correctement et qui a failli lui coûter la vie. Mais t’essayes d’pas penser à ça maintenant. Pas tout de suite. Tu gèreras ça plus tard. Pour l’instant, tu vas être là pour elle autant qu’elle en a besoin — si ce n’est davantage.

athéna comprend pas ce qu'il se passe, ou peut-être que si, mais qu'elle a du mal à réaliser. sûre de rien, mais tout ce qu'elle retient, c'est qu'ares est là. ou qu'il a l'air de l'être. peut-être qu'elle hallucine, mais à ce point, ça ferait beaucoup. donc, elle est pas morte et elle va bien. enfin, c'est ce qu'elle se dit. sauf qu'elle a mal partout et ça lui fait bizarre, elle est pas habituée. et elle sait pas trop ce qu'elle préfère entre cette nouveau douleur qui s'est propagée partout ou la douleur qu'elle avait dans la poitrine. quoique, maintenant, c'est juste deux douleurs différentes qui cohabitent ensemble. putain.

"Avale Athé, respire, ça va aller, j’suis là, t’inquiète." il est là et ça la rassure, mais elle a quand même du mal à avaler correctement. elle parvient quand même à ingurgiter le reste d'eau qu'elle avait dans la bouche avant de se concentrer sur autre chose. de toute façon, ses pensées ont du mal à rester fixes, elles vagabondent d'un sujet à un autre, mais elles reviennent toutes toujours à la même chose: ares. "J’suis là." mais pourquoi? ils avaient pas arrêter de se parler? est-ce que ça veut dire qu'il lui en veut plus? et pourquoi ils sont ici? y a plein de choses qu'elle comprend pas. et en plus, y a l'infirmière qui vient interrompre le fil de ses pensées déjà précaire.

athéna n'a pas envie de l'écouter, n'a pas envie de lui parler non plus. elle lui fait perdre son temps et sa concentration refuse d'aller vers elle. c'est pas à elle qu'elle a envie de parler, pas à elle qu'elle a envie d'accorder de l'attention, donc athéna ne le fait pas. elle tourne la tête vers ares et pose des questions. elle sait que ce qu'elle dit est maladroit, mais elle a du mal à mettre de l'ordre. "T’as eu un accident d’voiture hier matin. Y’a un taré qui t’a rentré dedans. On m’a appelé vers midi pour me dire que t’étais inconsciente du coup j’suis venu tout de suite. Mais t’inquiète tu vas bien, rien de grave en soi, t’es en sécurité maintenant." c'est ça alors les images dans sa tête. c'pour ça aussi qu'elle a cru qu'elle était morte. athéna tente de hocher la tête aux propos d'ares par réflexe, mais au lieu de ça, elle serre la mâchoire, grimace de douleur, parce que fuck, ça fait mal. elle rouvre les yeux pour les planter dans ceux de son frère. "T'es resté là tout ce temps?" on dirait qu'elle a du mal à y croire, mais c'est parce qu'ils sont censés plus se parler en ce moment. il était en colère contre elle et elle était en colère contre lui. plus maintenant, apparemment. "On sort bientôt?" athéna passe du coq à l'âne, mais si elle arrive à rester concentrée sur ares, elle n'arrive pas à rester concentrée sur un seul et même sujet. peut-être que c'est le choc et la peur qu'elle a ressenti, quoique ça a pas duré longtemps ça. "J'suis désolée." elle se souvient qu'elle se disait qu'il fallait qu'elle lui dise. et peut-être qu'il comprendra pas de quoi elle parle, mais pour elle, c'est clair. désolée qu'ils se fassent la gueule, désolée d'être comme ça, désolée parce qu'elle s'dit que si elle était vraiment morte et que ça s'était terminé comme ça, ça aurait été de la merde. désolée d'être là aussi.

Elle a l’air paumée, putain. Et toi, tu peux pas t’empêcher d’t’inquiéter. Et si elle avait des séquelles? Et si y’avait un truc qui clochait chez elle, maintenant? Pas b’soin de deux tarés sous le même toit, c’est déjà suffisant avec toi. Puis tu veux pas qu’elle soit changée, tu l’aimes comme elle est, comme tu l’as toujours connue. Trop d’questions qui apparaissent dans ton esprit maintenant qu’tu sais qu’elle est pas morte, qu’elle est réveillée et que le pronostic vital n’est plus engagé. Même si on t’avait dit qu’elle allait pas crever — toi, tant qu’tu l’entendais pas parler, tu voulais pas croire c’qu’on te disait.

Et il semblerait qu’elle n’ait pas totalement changé, en fin de compte. Elle refuse d’écouter les professionnels, elle envoie presque balader les infirmières qui essayent de lui expliquer la situation. C’est vers toi qu’elle se tourne. Toi. Alors t’expliques. C’est très succinct mais niveau médical, t’en sais pas vraiment plus. Tu connais juste le contexte. Elle ferme les yeux, comme si son cerveau imprimait les informations. "T’es resté là tout ce temps?" Tu hoches la tête. "Bah ouais, évidemment. J’allais pas t’laisser." Quand est-ce qu’elle comprendra ça? Pour le meilleur et pour le pire, elle est ta responsabilité. "On sort bientôt?" Tu hausses les épaules. Pour le coup, tu sais pas. Alors c’est toi qui t’tournes vers les infirmières cette fois. "On va vous garder encore un jour ou deux pour vous faire passer des examens complémentaires et vérifier que tout va bien. Et si tout va bien, vous pourrez sortir dans maximum quarante-huit heures." Et tu reportes ton attention sur Athéna. "48 heures max, t’as entendu?" Et faut dire qu’tu penses même pas aux frais médicaux qui vont te tomber dessus. Tant qu’elle est saine et sauve, ça n’a pas d’prix. Tu devras sûrement mener à bien d’autres missions, t’embarquer dans des trucs un peu plus risqués pour mériter la thune, mais tu l’feras, c’pas grave, tu t’en fous, tant qu’elle peut rentrer à l’appartement sans risque.

"J'suis désolée." "C’pas ta faute Athé. C’est d’la faute du connard qui t’a rentré dedans." Qu’tu réponds du tac au tac. Tu veux pas qu’elle s’sente coupable d’un truc qu’elle pouvait pas prévoir, qu’elle pouvait pas maîtriser ni arrêter. Et puis après quelques secondes de silence, quelques secondes de réflexion plutôt que d’impulsivité, tu serres un peu les dents, les yeux dans les siens. "Désolée d’quoi?" Parce que t’as comme l’impression qu’t’as répondu à côté de la plaque, au vu du regard qu’elle t’a lancé. Les infirmières font leurs bails, elles touchent aux perfusions, elles appuient sur des boutons sur les machines, elles notent des trucs sur des papiers, ça prend quarante ans, ça t’saoule. "Bon c’bon c’est fini là? J’peux avoir un peu d’intimité avec ma soeur qui vient d’se réveiller d’un coma ou ça s’passe comment?" Et non, c’pas vraiment une question et elles semblent bien le comprendre. "On repassera dans une heure." Ouais, c’est ça, ciao. Tu les observes sortir de la chambre et tu vas fermer la porte derrière la dernière d’entre elles, avant d’revenir vers Athé. Tu t’assoies à nouveau dans le fauteuil à côté de son lit. "Désolée de quoi?" Que tu redemandes, sans le public, cette fois.

flemme d'écouter les autres parler, elle a pas l'énergie pour, ni l'envie. concentration qui part en couilles alors elle veut la focaliser sur les gens importants. et par gens importants, elle sous-entend ares. vu qu'il y a que lui compte. que l'infirmière, ses questions et ses explications qu'elle a pas le temps d'écouter dégage de là. tête qui tourne vers ares et c'est à lui qu'elle pose des questions. ses réponses à lui qu'elle écoute. "Bah ouais, évidemment. J’allais pas t’laisser." ils se parlaient plus, il aurait très bien pu ne pas être là. même si elle sait que s'il avait pas été là, elle se serait probablement foutue à chialer et à le réclamer direct. autre question posée tout de suite après, parce qu'elle sait pas trop quoi répondre. c'vrai que ça semble évident, mais là, tout de suite, ça l'était plus trop pour elle. y a l'infirmière qui semble répondre à sa question, comme si c'était à elle qu'athéna l'avait posé. d'ailleurs, athé fronce les sourcils, lâche pas une once de son attention envers la meuf. c'était pas à elle qu'elle parlait. "48 heures max, t’as entendu?" maintenant oui, elle a entendu. avant qu'il le lui dise par contre? non. elle a décidé d'ignorer les autres et concrètement, son cerveau arrive même pas à se concentrer sur plusieurs trucs à la fois. surement que c'est à cause des trucs qu'il y a dans la perfusion. "Max, donc j'peux sortir avant?" juste pour être sûre qu'ils se comprennent comme il faut. elle dit ça, mais elle sait déjà que marcher pour sortir sera une putain d'épreuve vu comment elle a mal partout. sauf que c'est un détail, elle sera mieux chez eux qu'ici. enfin, tant qu'il reste là, ça ira.

et comme son cerveau déconne et qu'il est coincé sur le fait qu'elle aurait pu mourir, qu'elle a vraiment cru que c'était le cas, bah elle a besoin de s'excuser. pour tout. "C’pas ta faute Athé. C’est d’la faute du connard qui t’a rentré dedans." c'est pas ça qu'elle voulait dire. ça, elle sait que c'est pas de sa faute. même si, du coup, surement qu'elle aurait pu mieux regarder, mais putain, les gens sont censés respecter les feux, non? et du coup, surement que la voiture est dans un état encore pire que celui d'athéna. fuck. détails. pas le temps de se concentrer là-dessus. c'toujours pas de ça dont elle voulait parler. et surement que ses sourcils froncés aident ares à comprendre. "Désolée d’quoi?" ils peuvent pas vraiment parler librement là, si? non, du coin de l'oeil, athéna voit qu'elles sont encore là, les autres, à tout tripoter. elles peuvent pas aller voir ailleurs si athé y est? c'bon, elle va bien. elle a le cerveau qui part dans tous les sens et les pensées instables, mais le reste, c'bon, ça va. "Bon c’bon c’est fini là? J’peux avoir un peu d’intimité avec ma soeur qui vient d’se réveiller d’un coma ou ça s’passe comment?" faut croire que l'agacement, c'un trait de famille chez les kaiser. dans une heure, ouais, c'est ça. ares se lève. athéna panique. "Tu vas où?" il part pas, hein? pas maintenant? il a dit qu'il la laisserait pas. ils peuvent mentir sur un tas de trucs (même si c'nouveau ça), mais pas sur ça, pas vrai? il revient direct et les bips du moniteur se calment, elle avait même pas capté que son coeur s'était accéléré. enfin, si c'bien le truc qui représente les battements de son coeur. ça a l'air, c'est régulier maintenant. "Désolée de quoi?" qu'il redemande après s'être de nouveau assis dans le fauteuil qu'il doit occuper depuis beaucoup trop longtemps maintenant. c'est confortable au moins? c'pas le propos, putain. "T'imagines que j'aurais pu mourir?" c'pas vraiment une question, c'est juste ce à quoi elle pense au moment où les mots sortent de sa bouche. "Et genre, j'arrêtais pas de penser à toi. J'me disais que j'étais trop conne, parce que mourir alors qu'on se parle plus, bah... C'de la merde. Encore plus dans un accident de voiture." y a pas vraiment d'ordre dans ce qu'elle dit, mais ça traduit plutôt bien le chaos de ses pensées. "J'suis désolée qu'on se parle plus. Désolée d'avoir été une connasse aussi, mais j'le fais trop bien. C'plus facile qu'être triste. Être triste, c'est chiant. J'en ai marre de l'être. C'plus facile d'être en colère." et tandis qu'elle parle, elle relève la tête vers lui. juste avant de réaliser.

comment ça s'fait qu'elle avait pas vu avant? pourquoi il a le visage comme ça? pourquoi elle a pas remarqué avant? elle fronce les sourcils en le regardant. peut-être qu'elle hallucine? non, c'pas une hallucination, elle le sait. elle s'en est juste pas rendue compte parce que c'était encore trop embué. elle tend le bras, grimace de douleur, mais ça doit pas être pire que ce qu'il a dû ressentir. "Qu'est-ce t'as fait?" on dirait qu'il s'est fait tabassé. et ça a l'air de pas être arrivé il y a quelques jours. une semaine? elle sait pas. mais c'pas tout neuf. "Pourquoi tu m'as rien dit?" elle frôle les marques sur son visage juste avant de laisser tomber son bras sur le lit. elle veut pas lui faire mal. "Qui c'est qui t'a fait ça?" encore une fois, ça fait peut-être beaucoup de questions, mais putain, pourquoi il a laissé faire? et s'il a pas laissé faire, dans quel état sont les autres? ou l'autre? elle sait pas. parce qu'elle est pas au courant. parce qu'ils se parlent plus. merde.

"Max, donc j'peux sortir avant?" Tu secoues la tête négativement. Elle a vraiment pas écouté l’infirmière parler. C’pas grave, tu peux répéter les informations, ça fait rien. "C’possible mais c’est pas toi ni moi qui décidons. Les médecins vont te faire passer d’autres tests pour vérifier qu’tu vas bien et qu’t’as pas de séquelles de l’accident. Faut juste patienter. Mais t’inquiète ça va aller." Elle aura pas de séquelles. Parce que t’en as décidé ainsi. C’pas négociable t’façon, elle aura pas de séquelles et point barre.

Et puis elle s’excuse et au premier abord, tu comprends qu’c’est par rapport à l’accident. Sauf qu’elle a pas à s’excuser, c’pas d’sa faute si y’a des connards qui prennent le volant alors qu’ils savent pas conduire. Mais à son regard, tu comprends qu’c’est pas ce qu’elle voulait dire — ou que du moins, y’avait plus que ça. Alors tu vires le personnel médical pour qu’vous vous retrouviez seuls, elle et toi. Et tu lui demandes de préciser de quoi elle est désolée. "T'imagines que j'aurais pu mourir? Et genre, j'arrêtais pas de penser à toi. J'me disais que j'étais trop conne, parce que mourir alors qu'on se parle plus, bah... C'de la merde. Encore plus dans un accident de voiture. J'suis désolée qu'on se parle plus. Désolée d'avoir été une connasse aussi, mais j'le fais trop bien. C'plus facile qu'être triste. Être triste, c'est chiant. J'en ai marre de l'être. C'plus facile d'être en colère." Tu hoches la tête. "Je sais qu’c’est plus facile d’être en colère que d’être triste. Je sais. T’as été une connasse mais j’ai été un enfoiré aussi. C’là qu’on voit qu’c’est de famille." Mince sourire, histoire d’dédramatiser. Même si t’es pas sûr qu’ce soit possible. "Et t’es pas morte, c’est l’principal. Et j’suis là, même si on s’parlait plus. T’as pas l’air de piger quand j’te dis que j’serai toujours là. J’le pense sincèrement. Qu’on s’parle ou pas, qu’tu m’aimes ou qu’tu m’détestes, j’veillerai toujours sur toi, Athé. Que tu le vois ou pas. J’suis ton grand frère. C’mon rôle." Ta responsabilité, putain. Parce qu’avec les parents qu’vous avez, t’as pas vraiment eu l’choix que de l’endosser, ce rôle protecteur. "Et moi j’t’aime, d’ailleurs. Que j’veuille coucher avec toi ou pas. Dans tous les cas, j’t’aime. Même si tu m’crois pas, même si tu l’vois pas comme ça." Tu hausses un peu les épaules avant d’prendre sa main dans la tienne. Faut qu’elle comprenne, ça. Et ça t’tue qu’ce soit pas encore ancré dans sa putain d’tête.

Sauf qu’y’a un silence qui t’pousse à relever les yeux vers elle — pour voir si tout va bien. Et tu la vois, mortifiée, à t’regarder. Qu’est-ce qu’il y a? Elle tend le bras vers toi et vu sa tête, ça a l’air d’être un effort surhumain. Qu’est-ce qu’elle veut? Un câlin? "Qu'est-ce t'as fait?" De quoi? T’es paumé, tu comprends pas tout là. "Pourquoi tu m'as rien dit?" Et finalement, y’a ses doigts qui effleurent ton visage déformé. Avant qu’son bras ne retombe lourdement sur le lit. Ah. Ça. Tu hausses les épaules. "C’est rien." Pourquoi tu lui as rien dit? Parce que c’était pas son problème. Parce que vous n’vous parliez plus. Parce qu’indirectement, elle est la raison pour laquelle tu t’es foutu dans cet état. "Qui c'est qui t'a fait ça?" Encore une fois, tu te contentes de hausser les épaules. "Personne. C’est rien j’te dis." Tu mens pas totalement quand tu dis ça. La personne qui t'a fait ça en réalité, c'est toi. C'est pour ça qu’c’est pas grave. Parce que tu l’as demandé. T’as réclamé les coups. Jusqu’au putain de dernier. Tu t’en es délecté. T’as épuisée MJ, tu l’as vidée de toute son énergie, tu l’as fait se déchaîner contre toi aussi fort qu’elle en était capable. Juste pour pouvoir oublier ton coeur qui f’sait mal. Et ça a marché. T’as eu c’que tu voulais. Donc c’est rien. Rien d’grave. "T’inquiète pas pour moi, j’sais encaisser." Au cas où elle avait oublié.

"C’possible mais c’est pas toi ni moi qui décidons. Les médecins vont te faire passer d’autres tests pour vérifier qu’tu vas bien et qu’t’as pas de séquelles de l’accident. Faut juste patienter. Mais t’inquiète ça va aller." des séquelles? athéna n'en a pas. puis il lui demande de patienter, comme si c'était son point fort. comme si elle avait l'habitude qu'on lui dise de patienter. mais c'est pas comme si elle avait le choix, pas comme si elle pouvait exiger de sortir dans son état. "Ok." ton résigné même si ça s'entend que ça lui plait pas vraiment. mais ses pensées passent vite à autre chose. parce que c'est le bordel dans sa tête et ça tend pas vers le positif. au contraire, comme une spirale de regrets. beaucoup trop de 'si' qui se mélangent dans son crâne comme pour lui rappeler qu'ils auraient pu ne jamais se revoir. ares vire les infirmières et lui demande de quoi elle parle.

athéna parle trop, dans le désordre, mais y a plein d'idées qui se mélangent, trop de choses à dire. avant de se stopper. "Je sais qu’c’est plus facile d’être en colère que d’être triste. Je sais. T’as été une connasse mais j’ai été un enfoiré aussi. C’là qu’on voit qu’c’est de famille. Et t’es pas morte, c’est l’principal. Et j’suis là, même si on s’parlait plus. T’as pas l’air de piger quand j’te dis que j’serai toujours là. J’le pense sincèrement. Qu’on s’parle ou pas, qu’tu m’aimes ou qu’tu m’détestes, j’veillerai toujours sur toi, Athé. Que tu le vois ou pas. J’suis ton grand frère. C’mon rôle. Et moi j’t’aime, d’ailleurs. Que j’veuille coucher avec toi ou pas. Dans tous les cas, j’t’aime. Même si tu m’crois pas, même si tu l’vois pas comme ça." et ça s'voit qu'ares pense tout ce qu'il dit. athéna se mord la lèvre et respire le plus sereinement possible pour que son rythme cardiaque s'accélère pas. faut croire qu'elle capte de plus en plus son environnement. suffisamment pour faire gaffe. plus ou moins, parce que ça se contrôle pas vraiment ces choses-là. "J't'aime aussi et promis, j'te ferai plus chier avec ça. J'aime pas faire la guerre avec toi. J'aime pas quand on s'parle pas et qu'on s'voit pas. Et je sais que c'est mon problème, mais juste..." mais athéna finit pas sa phrase, parce que faire attention à son environnement, ça veut aussi dire réaliser ce qui se passe chez ares. et elle sait pas comment elle a pu ne rien voir depuis qu'elle s'est réveillée. mais quand on veut pas voir quelque chose, on le voit pas.

sauf qu'elle panique, parce que putain, comment ça se fait? qui lui a fait ça? pourquoi? ça fait combien de temps? pourquoi il lui a rien dit? et comment il s'est soigné? qui lui a fait les points? est-ce qu'ils sont propres? est-ce qu'il va cicatriser correctement? trop de questions qui lui arrivent à la pelle. et c'est juste parce qu'elle est inquiète pour lui. "C’est rien." athéna fronce les sourcils, pourquoi il ment? c'est pas rien. ça commence tout juste à guérir. c'est pas rien. "C'est pas rien, Ares." elle veut pas qu'il dise ça alors que ça a l'air de faire mal. athéna veut savoir qui lui a fait ça. c'pas comme si elle allait le venger, mais y a toujours des solutions. "Personne. C’est rien j’te dis." elle a pas l'énergie de batailler, mais ça lui suffit pas. elle veut comprendre ce qui s'est passé pour qu'il ressemble à ça. normalement, ares sait se défendre. et normalement y a pas plusieurs personnes en même temps qui frappent au visage, si? "T’inquiète pas pour moi, j’sais encaisser." mais c'est pas la question. elle sait qu'il est solide, mais c'pas la question non plus. et elle sait pourquoi il ne lui a rien dit, à quoi ça aurait servi? à rien. "J't'aurais fait les points, même si on se parlait plus. Comment c'est arrivé? Tu veux pas me dire qui c'est, mais j'veux comprendre." peut-être qu'elle est pas en capacité de réclamer quoi que ce soit. mais c'pas comme si elle le réclamait en mode caprice, c'est juste qu'elle s'inquiète et surement que c'est d'autant plus visible dans son état. puis elle a rien à cacher aujourd'hui. "On t'a tapé qu'au visage?" sous-entendu: le reste, ça va? ou est-ce que c'est pareil? déçue de pouvoir rien faire. déçue de pas avoir été tenue au courant. mais c'est de sa faute. ou de la leur, elle sait plus trop maintenant.

Va bien falloir qu’elle s’rentre dans le crâne un jour qu’tu seras toujours là. Qu’elle le veuille ou non. Ouvertement ou à distance, tapi dans l’ombre. Tu la surveilleras toujours. Et comme tu lui as dit la dernière fois, si tu la surveilles, c’est pour son bien. C’est pas une curiosité malsaine, un besoin de contrôle ou quoi qu’ce soit. C’est juste histoire de t’assurer qu’tu puisses être là au bon moment si elle est dans le besoin. "J't'aime aussi et promis, j'te ferai plus chier avec ça. J'aime pas faire la guerre avec toi. J'aime pas quand on s'parle pas et qu'on s'voit pas. Et je sais que c'est mon problème, mais juste..." Tu continues de la regarder, t’attends la suite. Mais elle n’vient pas. "Juste quoi?" Mais elle t’répond pas, elle te regarde.

Elle analyse ton visage détruit et prend conscience de la situation. Mais c’est pas grave, tu vas bien — c’est rien comparé à son accident, t’as pas frôlé la mort toi, et en plus, tu l’as réclamé. "C'est pas rien, Ares." Si, ça l’est. Et non, tu lui diras pas qui t’a fait ça — tout simplement parce que tu peux pas balancer MJ. Elle est pas totalement responsable, c’est toi qui l’a appelée, ce soir là. Et puis t’es toujours là, tu parles correctement, c’est juste qu’t’es plus aussi beau qu’avant mais c’est pas l’plus important. "J't'aurais fait les points, même si on se parlait plus. Comment c'est arrivé? Tu veux pas me dire qui c'est, mais j'veux comprendre." Tu hausses les épaules. "J’te laisse faire les points à ta nouvelle clientèle." Toujours jaloux, ouais. T’y peux rien. T’aimes pas savoir qu’t’es pas unique. "Et c’était une soirée entre potes, rien d’important ni d’grave j’te dis. Laisse tomber." Parce que t’as pas envie d’en parler. Tu comptes pas lui expliquer. C’est ridicule t’façon, tu lui dirais quoi? Qu’t’as demandé de t’faire tabasser? Et pourquoi, hein? Parce qu’elle t’avait blessé? Elle a pas b’soin d’un élan de culpabilité, et puis elle a pas besoin de savoir à quel point toute cette situation t’a touché non plus. "On t'a tapé qu'au visage?" Tu secoues la tête. "Mais ça va, t’inquiète." T'as encore une côte douloureuse mais tu penses pas qu'elle soit cassée. Et dans tous les cas, t’as connu pire.

Et même si tu réponds à ses questions — vaguement, mais tu réponds quand même — t’as pas oublié la tienne. Celle à laquelle elle a pas répondu quelques secondes plus tôt. "Juste quoi, Athéna?"

athéna en a marre de faire la guerre. elle le savait déjà avant, mais ça a juste été confirmé par l'accident. c'pas une vie de pas se parler. pas entre eux. et même s'ils se sont déjà disputés plusieurs fois avant ça, ils ont jamais passé autant de temps à s'ignorer. elle savait pas, pour être honnête, qu'elle tiendrait aussi longtemps sans même le voir. sauf qu'elle est pas là pour gagner un concours. "Juste quoi?" plus tard. c'pas important. enfin si, ça l'est, mais pas autant que l'état de son visage. si elle avait pas vu avant, la réalisation est brutale. l'inquiétude qui monte d'un coup aussi. le tas de questions qui viennent d'un coup dans son crâne. les regrets aussi, de ne pas être au courant à cause d'une embrouille.

"J’te laisse faire les points à ta nouvelle clientèle." vraiment? ils en sont encore là? ou plutôt, il en est encore là? elle a fait des points à une seule autre personne, c'est quand même pas un drame. visiblement, ça en est un pour lui. athéna soupire, s'mord la lèvre. "J'préfère te faire des points à toi. Même si j'préférerais encore que t'aies pas besoin d'en avoir." quitte à choisir, ce serait le but ultime. sauf qu'il est pas invincible, même s'il tend à penser que c'est le cas parfois. mais ça lui dit toujours pas qui lui a fait ça, ni pourquoi. elle veut juste des réponses pour comprendre comment ça se fait, parce que putain, c'pas rien et c'est encore moins normal. "Et c’était une soirée entre potes, rien d’important ni d’grave j’te dis. Laisse tomber." une soirée entre potes? ok, il la prend pour une conne. enfin, non, c'est pas vraiment ça. athé en déduit juste qu'il ne lui dira rien. et elle a décidé que c'est peut-être mieux d'arrêter d'essayer de forcer quand il veut pas faire quelque chose. mais s'il a ça au visage, elle veut savoir s'il a des marques là ou ailleurs aussi. si ça se trouve, c'est pire aux autres endroits. "Mais ça va, t’inquiète." autrement dit, ares veut vraiment qu'elle lâche l'affaire. message reçu. sauf qu'elle arrêtera pas de s'inquiéter peu importe ce qu'il peut lui dire. c'est comme ça que ça marche entre eux. "Ok. Mais fais attention à toi. Genre, ça se voit que ça aurait pu être vraiment grave. J'veux juste pas qu'il t'arrive quelque chose." athéna s'améliore. faut croire que les accidents de voiture ont quelques avantages. tant mieux. comme ça, elle arrête d'insister et elle le laisse tranquille. tant que ça se reproduit pas. enfin, pas à ce point, parce qu'elle lâchera pas l'affaire une deuxième fois.

avec ça, elle en a presque oublié ce qu'elle comptait dire avant de se rendre compte de ce qui lui était arrivé, mais c'est sans compter sur ares qui, contrairement à elle, n'a pas zappé. "Juste quoi, Athéna?" elle a le réflexe de vouloir hausser les épaules, faire comme si elle avait oublié ce qu'elle voulait dire, sauf qu'elle se souvient de l'effet que ça lui a fait quand elle a essayé d'hocher la tête donc elle se retient. elle soupire et croise à nouveau son regard qu'elle essayait un peu d'ignorer quand il a reposé la question. "Je... J'veux qu'on se reparle. Enfin, c'pas une obligation, j'veux pas te l'imposer, mais j'arrêtais pas de me dire que la dernière chose qu'on se serait dites c'est un vieux 'bye' plein de haine et pourquoi faire? J'sais que c'pas aussi simple que ça." encore une fois, c'pas un caprice que fait athéna, c'est juste qu'elle a eu peur et qu'elle veut pas mourir avec des regrets ou des remords ou peu importe. elle veut pas mourir en mauvais termes avec ares, tout simplement. "Mais... tu me manques. Voilà, c'est tout." athéna se sent trop conne et elle sait pas expliquer pourquoi. mais il en faut bien un sur les deux qui fait l'effort de faire le premier pas, parce que sinon ils vont rester coincés et ils peuvent pas se le permettre. pas eux.  

Y’a un p’tit fond de jalousie qui te reste. Parce que ouais, tu l’as toujours un peu mauvaise — même si tu sais que tu extrapoles. T’y peux rien, t’es comme ça, c’est dans ta nature d’un peu tout exagérer. "J'préfère te faire des points à toi. Même si j'préférerais encore que t'aies pas besoin d'en avoir." Tu hausses les épaules. "Ça n’arrivera pas, ça." Parce qu’elle sait tout aussi bien qu’toi qu’t’arrives pas à rester en dehors des embrouilles. Toute cette énergie, t’as besoin de la dépenser. Et y’a rien d’mieux que te défouler sur les autres, au service des autres même. Donc non, tu continueras à avoir besoin de points de suture. Mais si elle te les fait pas, c’pas grave. "J’ai mis des strips, c’est bon." Il t’aurait fallu des points de suture, c’est clair. Mais t’avais pas envie de demander à Athéna, t’allais pas demander à MJ et t’allais encore moins te les faire seul. Alors les strips, c’était déjà bien. "Ok. Mais fais attention à toi. Genre, ça se voit que ça aurait pu être vraiment grave. J'veux juste pas qu'il t'arrive quelque chose." Tu hoches la tête. "Ouais, je sais. J’fais gaffe, t’inquiète." Et toi non plus, tu veux pas qu’il lui arrive quelque chose. C’est l’but de ta vie en fait. Et pourtant, elle s’retrouve quand même dans un lit d’hôpital. Tu commences à en avoir un peu marre que rien n’se passe comme tu voudrais. T’arrives rien à contrôler au final, malgré tous les efforts qu’tu fais. Marre de toujours tout faire fuck up.

"Je... J'veux qu'on se reparle. Enfin, c'pas une obligation, j'veux pas te l'imposer, mais j'arrêtais pas de me dire que la dernière chose qu'on se serait dites c'est un vieux 'bye' plein de haine et pourquoi faire? J'sais que c'pas aussi simple que ça." Ouais, c’est pas nécessairement aussi simple mais d’un autre côté… c’est un peu essentiel. C’est ta soeur après tout, vous pouvez pas continuer à vous ignorer à vie, encore moins vu comment tu l’aimes. Tu vas clamser si tu lui parles pas, tu l’sais. "Mais… tu me manques. Voilà, c'est tout." Tu la regardes un moment sans rien dire. Tu sais qu’ça lui coûte, de te dire tout ça. Tu sais qu’c’est pas dans sa nature de parler de c’qu’elle ressent, tout comme c’est pas dans la tienne. Probablement qu’c’est pour ça qu’vous en êtes là aujourd’hui. Si vous aviez su communiquer, discuter, partager vos sentiments, tout ça n’serait pas arrivé. Putain. "Tu m’manques aussi." Qu’tu te contentes de dire, parce que tu vois pas trop quoi ajouter en plus. T’es complètement d’accord. "Et j’suis désolé moi aussi. Pour les trucs que j’ai pu t’dire. J’mentirais si j’te disais qu’y’avait pas du vrai dans tout ça mais… ouais, pour la plupart, c’était exagéré, j’cherchais juste à t’faire chier." À la blesser, surtout. C’est une manière plus soft de le dire. "Mais j'aurais pas dû, j'ai été con, j'sais et j'suis désolé quoi." Faut bien avouer tes torts. Ouais, tu trouves qu'elle couche avec beaucoup d'mecs et qu'elle s'habille un peu trop court pour être safe. Mais c'pas pour autant que tu penses que c'est une pute. Bref, du vrai a été dit dans toutes les insultes, mais comme d'hab, t'as surtout extrapolé pour frapper en plein coeur, de plein fouet.

"Ça n’arrivera pas, ça." athéna se doute bien. le jour où ares arrêtera de se battre n'est clairement pas prêt d'arriver. cela dit, athéna s'demande si ça veut dire qu'à cause de sa jalousie, il ne viendra plus la voir pour qu'elle lui fasse des points? non, ça doit pas vouloir dire ça, elle exagère, c'est obligé. "J’ai mis des strips, c’est bon." alors non, pas vraiment et athéna a envie de lui dire que non, putain, c'pas bon, mais elle le fait pas. enfin, pas de cette manière-là. encore une fois, elle a pas l'énergie de se mettre en colère. elle veut juste faire la paix. "J'te le dirai jamais assez, mais t'sais que même si on s'parle pas, bah j'suis quand même là. Les points, j'te les aurais fait. Demande-moi la prochaine fois, ok? Imagine, après tu deviens moche, j'vais me sentir coupable et tout." est-ce que c'une tentative d'humour? faut croire ouais. mais l'air sérieux revient assez vite, parce qu'il lui fait peur à tout le temps revenir avec quelque chose qui va pas. encore plus là, dans l'état où se trouve son visage. elle veut qu'il fasse attention, elle veut pas qu'il lui arrive quelque chose. c'mort. "Ouais, je sais. J’fais gaffe, t’inquiète." athéna a beau ne pas être très convaincue, elle acquiesce quand même. elle sait pertinemment que batailler à ce sujet servirait à rien. ares changera pas ses habitudes et il continuera de se battre. mais tant qu'il a compris le message, ou l'a entendu, c'déjà pas mal en fin de compte.

la discussion revient sur ce qu'athéna voulait lui dire. et elle le fait. voit ares la regarder pendant un petit moment avant de réagir. elle s'dit qu'elle aurait peut-être mieux fait de rien dire. peut-être qu'elle ne lui a pas manqué. qui sait. "Tu m’manques aussi." oh,  bon, ça va mieux. elle a commencé à flipper pendant une seconde. "Et j’suis désolé moi aussi. Pour les trucs que j’ai pu t’dire. J’mentirais si j’te disais qu’y’avait pas du vrai dans tout ça mais… ouais, pour la plupart, c’était exagéré, j’cherchais juste à t’faire chier. Mais j'aurais pas dû, j'ai été con, j'sais et j'suis désolé quoi." pendant un moment, elle s'arrête sur le fait qu'il a dit des choses qu'il pensait vraiment et elle se demande ce que c'était. et après elle peut pas vraiment lui reprocher quoi que ce soit. faut dire que même si elle a menti sur les trois quarts de ses propos, elle a quand même appuyé sur un tas d'endroits qui faisaient mal juste pour le blesser. "T'inquiètes, c'pas grave." elle est désolée aussi, mais elle l'a déjà dit, ça sert à rien de le répéter. "On est tous les deux allés trop loin, mais bon, on est des Kaiser, y en a pas un pour rattraper l'autre, c'comme ça." peut-être que ça peut avoir l'air d'être une mauvaise excuse, mais pour eux, ça en est une bonne.

et tant qu'ils sont là, tant que c'est calme et tant que le risque d'embrouille est pratiquement à 0, athéna veut en profiter. la dernière fois qu'elle a voulu lui en parler, c'était pas le bon moment. les sms n'étaient pas une bonne idée. mais en face à face, ça sera surement mieux. "Et t'es retourné au groupe de paroles ou pas encore? Faut que t'y retournes, Ares, sinon ils vont te renvoyer en prison." elle a pas reçu de nouveau message à ce propos, mais elle s'dit que ça parait logique qu'ils arrêtent de les envoyer au bout d'un moment. sauf que c'pas bon signe. "J'veux pas que tu retournes en prison." une manière plus facile de dire qu'elle veut pas qu'il soit loin d'elle. faut croire qu'athéna est toujours aussi égoïste, mais lui non ne veut pas y retourner, pas vrai? c'est ce qu'il lui a dit à noël.

"J'te le dirai jamais assez, mais t'sais que même si on s'parle pas, bah j'suis quand même là. Les points, j'te les aurais fait. Demande-moi la prochaine fois, ok? Imagine, après tu deviens moche, j'vais me sentir coupable et tout." Tu fronces les sourcils, essayant de réprimer le petit sourire qui vient tordre le coin de tes lèvres. "T’es en train de dire que j’pourrais devenir cheum? J’vais rappeler les infirmières, j’crois qu’tu dois avoir des séquelles finalement." Tu secoues vaguement la tête, feignant d’être sidéré par ses propos. Mais ouais, plus sérieusement… "J’sais qu’t’es là. Mais la fierté est là aussi." qu’t’avoues, un peu penaud, en haussant les épaules, histoire qu’l’info circule rapidement.

Et tant qu’on est dans les aveux et les sentiments, tu t’excuses. Pour ce que t’as pu lui dire. Pour l’avoir blessée. Pour avoir laissé la situation autant dégénérer. T’as jamais voulu qu’ça aille aussi loin. T’as jamais voulu en arriver là avec elle. "T'inquiètes, c'pas grave. On est tous les deux allés trop loin, mais bon, on est des Kaiser, y en a pas un pour rattraper l'autre, c'comme ça." Tu lâches un faux rire. L’genre de rire un peu désillusionné, un peu moqueur. "Ouais, vive la famille." Marre de t’traîner c’nom qui sonne maudit dès qu’tu l’entends. Mais c’est la vie.

"Et t'es retourné au groupe de paroles ou pas encore? Faut que t'y retournes, Ares, sinon ils vont te renvoyer en prison." Tu relèves les yeux vers elle. Sérieux? Elle te reparle vraiment de ça? Maintenant? Tu sais qu’il faudrait que t’y retournes, c’est la bonne chose à faire, mais t’arrives pas. T’arrives plus à y foutre les pieds, tu d’viens un peu parano depuis… l’incident. "J'veux pas que tu retournes en prison." Tu pinces les lèvres, serres la mâchoire. T’entends sa voix qui s’brise un peu quand elle te dit ça, presque comme un supplice. "J’peux pas y retourner." Qu’tu amorces. Tu viens poser ta main sur la sienne et tu baisses les yeux sur ton geste. "Il s’est passé un truc, j’ai merdé…" Et t’façon, y’a pas d’bonne ou d’mauvaise façon d’balancer ce que tu t’apprêtes à dire. Alors t’y vas. Une bonne fois pour toute. "J’ai tué un gars, Athé." Et tu la regardes même pas, parce que t’as pas besoin. Pas envie d’affronter ses yeux, là tout de suite. Et tu serres fort les dents, tu ravales ta salive. Parce que tu l’avais pas dit à voix haute jusqu’à présent. Tu l’avais encore jamais formulé. Et dit comme ça… ouais, c’est grave.

"T’es en train de dire que j’pourrais devenir cheum? J’vais rappeler les infirmières, j’crois qu’tu dois avoir des séquelles finalement." athéna rigole à cette remarque, mais pas trop longtemps, parce qu'en fait, ça contracte beaucoup trop de muscles dans sa corps et c'plus douloureux qu'autre chose. c'vrai qu'un d'entre eux devenir moche, c'pas possible. "J’sais qu’t’es là. Mais la fierté est là aussi." ajoute ares et elle sait que c'pas si facile que ça. elle sait que la fierté peut tout niquer. après tout, c'aussi à cause de leur fierté mal placée qu'ils en sont là. enfin, surtout celle d'athéna sur ce coup-là, elle peut pas le nier. "Ouais, je sais." mais au final, tant qu'il comprend qu'elle est là, même quand ils se parlent plus, c'le plus important. tout le reste est secondaire.

athéna est soulagée. elle pensait que parler calmement était devenu chose impossible pour eux, mais putain, ça lui fait plaisir de voir que c'pas le cas. c'juste dommage qu'ils doivent en passer par là pour le comprendre. les circonstances les ont jamais aidé de toute façon. ils ont pas vraiment été élevé dans le pardon, même s'ils sont censés entre au-dessus de ça quand il s'agit d'eux et de leur relation. mais non, pas toujours, encore moins quand l'un d'entre eux l'a aussi mauvaise. un peu, beaucoup, de la faute d'athé, mais elle faisait pas exprès. et y a certains points sur lesquels elle a toujours pas changé d'avis, même si elle abordera pas le sujet. "Ouais, vive la famille." ouais, quel exemple ils ont eu et quel exemple ils deviennent, putain.

c'dans ce calme qu'elle décide d'aborder le sujet de son groupe de paroles. parce qu'il faut qu'il y retourne, c'est important. elle veut pas qu'il retourne en prison, c'pas possible. elle veut pas qu'ils se retrouvent séparés tout ça parce qu'il a pas été à un putain de groupe où se rendre lui coûte rien. "J’peux pas y retourner." lui dit ares en posant sa main sur la sienne. athéna fronce les sourcils, comprend pas pourquoi il 'peut pas'. en quoi est-ce que le fait de pouvoir ou non y aller entre en jeu? c'plutôt une question d'envie, non? "Il s’est passé un truc, j’ai merdé…" athéna inspire, puis expire en le regardant, même s'il a la tête baissé. elle sait pas vraiment à quoi s'attendre. "J’ai tué un gars, Athé." il la regarde toujours pas, mais il mentirait pas là-dessus, pas vrai? il inventerait pas ça juste pour la convaincre de plus aller au groupe de paroles? et c'quoi le rapport avec le groupe d'ailleurs? et pourquoi il a tué quelqu'un? quoi? inspiration, expiration. "Regarde-moi, Ares." parce qu'elle a besoin d'avoir un aperçu de ce qui se passe dans sa tête pour pouvoir continuer, pour pouvoir analyser la situation. "T'as tué qui? Pourquoi?" y a pas vraiment de jugement dans sa voix, juste de l'incompréhension. si c'était quelqu'un d'autre en face d'elle qui lui disait la même chose, surement qu'elle serait en panique et se dirait qu'il est temps de partir (même si dans sa situation actuelle, ça aurait été compliqué), mais là, c'est ares. "C'était y a combien de temps?" elle veut l'aider. toujours. et peut-être que se concentrer sur les faits l'empêche de se concentrer sur le reste pendant un moment. c'quoi le plus fucked up? qu'il ait tué quelqu'un ou qu'elle l'aime quand même? que peu importe ce qu'il pourrait bien dire ou faire elle pourrait pas s'empêcher de le soutenir et de l'aimer? ouais, c'est surement ça le pire finalement. mais ça changera pas, c'est comme ça.