de zéro en héros. (draza / intrigue)

Elle savait qu'elle n'aurait jamais dû venir à cette soirée, dans ce Bloc pourri. Elle n'y a pas retrouvé l'ambiance qu'elle aime tant. Là-bas, la musique et les gens, ce n'était pas pour elle. Elle préfère largement les soirées de Mexicantown et de North End. Moins de drogues - ou pas les mêmes en tout cas - et surtout, de la bien meilleure musique. Alors elle ne s'est pas éternisée. Elle s'est évité de terminer encore comme une loque, bourrée et dépressive. C'est devenu récurent ces derniers temps. Et ça n'a fait qu'empirer depuis qu'Ali l'a largué comme une merde. Elle se retrouve dehors et très vite, elle déchante. Ses amies ne voulant pas partir, elle se retrouve sans voiture, condamnée à devoir rentrer à pieds et en talons. North End est loin, il est 1h du matin et l'ambiance à Detroit en ce moment est explosive. Surtout pour une latino dans le quartier blanc. Elle déglutit et rassemble son courage avant de se mettre en marche. Elle devrait peut-être appeler MJ, mais elle culpabilise un peu de l'avoir déjà dérangée de nombreuses nuits ces dernières semaines. Cette fois-ci, elle n'est ni bourrée ni en train de chialer, alors elle peut bien se débrouiller seule. Elle regrette seulement d'avoir un short aussi court et aucune veste longue pour la cacher.

Après une dizaine de minutes de marche, elle commence déjà à sentir ses cuisses chauffer un peu à cause du frottement et elle sait déjà comment ça va se terminer. La peau à vif, à brûler. C'est dans ce genre de moment qu'elle se retrouve violemment confrontée à son état physique et que ça la déprime. Quand elle faisait 15 kilos de moins, elle n'avait plus ce souci. Elle souffle et tente de chasser ça de son esprit. Elle évite soigneusement de croiser les regards des passants, ne souhaitant pas déclencher un mouvement d'humeur  qui pourrait se retourner contre elle. Elle accélère, voulant au moins rejoindre North End, où elle pourra se sentir un peu plus en sécurité déjà. Mais soudainement, au bout de la rue des lumières bleues se font apercevoir et très vite, le bruit d'une sirène retentit. Elle ralentit et se fige. Au bout de la rue, trois mecs à capuche déboulent à toute allure et finissent par se disperser, disparaissant dans les rues adjacentes. Son coeur se met à cogner plus fort et quand la voiture arrive pratiquement à sa hauteur, elle a ce réflexe stupide de faire demi-tour et de chercher à s'échapper aussi, alors qu'elle n'a rien fait. Mais y a longtemps qu'elle ne considère plus la police comme des alliés. Encore moins depuis que le chef de la police s'est fait descendre et que tout part en couille. Elle entend la voiture ralentir, s'arrêter et les portières claquer. Et très vite, dans son dos une voix autoritaire retentit. — Hey ! Elle ne s'arrête pas et continue, prête à bifurquer dans la prochaine rue pour se tirer. Elle accélère quand elle entend des gens courir. — HEY ! Et subitement, une main attrape le haut de son bras, le serre fort et la tire en arrière, l'obligeant à se retourner. Elle échappe un léger gémissement et tente aussitôt de lui échapper. —  Tu m'fais mal, lâche-moi ! Qu'elle proteste, furieuse. Et très vite, elle se retrouve encerclée par trois policiers blancs. Elle se débat de plus belle. — J'ai rien fait, lâchez-moi ! Mais celui qui la tient la secoue pour l'obliger à se calmer, elle serre les dents et le fusille du regard, de plus en plus nerveuse. — T'avais pas l'air très innocente quand t'as fait demi-tour en nous voyant. Les deux autres ricanent. — J'savais pas que c'était illégal de faire demi-tour. Qu'elle grogne, la voix un peu étouffée par le stress grandissant. Elle se sait en mauvaise posture et elle appréhende la tournure que les choses pourraient prendre. Elle ne veut pas les énerver encore plus, ni leur donner le moindre prétexte pour justifier un quelconque acte de violence, mais son instinct de survie la pousse à se défendre, à ne pas s'écraser. — T'es une pute ? Demande un autre. Elle écarquille les yeux, stupéfaite. — Q-quoi ? Ils continuent de rire. — J'sais pas, vu tes fringues, le fait que tu traines sur le trottoir et que tu te casses en nous voyant... On peut s'poser la question. Elle se sent humiliée, dégradée. Elle se met à respirer de plus en plus vite, la panique qui commence à pointer le bout de son nez. Elle continue de tirer sur son bras pour le faire lâcher. — Tu prends combien ? Raille le premier. Elle a envie de pleurer mais elle se retient, fait face. — Laissez-moi partir, et vous m'faites mal putain. Ils rient de plus en plus fort, ils se mettent à la pousser un peu, la bousculer. Son estomac se tord sous l'effet de la crainte. Alors, c'est plus fort qu'elle. Elle repousse violemment celui qui la tient, ça le déséquilibre et il est obligé de la lâcher pour se rattraper. Elle en profite pour se tirer, prendre la fuite. Mais les deux autres lui emboitent le pas et la rattrape à la hauteur de leur voiture. L'un d'entre eux lui chope la nuque par derrière et vient l'éclater contre une portière, lui écrasant le visage sur la tôle. — Violences contre un policier, ça va t'coûter cher ça, sale puta. C'est comme ça qu'on dit dans ta langue, non ? T'aurais mieux fait d'rester dans ton quartier. Elle se met à sangloter sous l'effet de la douleur et de la peur qui devient carrément viscérale à cet instant. Elle n'arrive plus à parler, la gorge nouée. Elle entend le bruit d'une matraque qu'on déploie et elle se met à supplier. — Non, non, arrêtez. Tous les muscles de son corps qui se crispent sous l'appréhension des coups qui vont tomber. — Pas ici, venez. Ils la décollent de la voiture et lui font faire le tour, la main de l'homme autour de sa nuque lui fait un mal de chien. Elle tente à nouveau de s'échapper et commence alors une lutte au beau milieu de la rue. Elle se met à gueuler, avec l'espoir un peu vain d'attirer l'attention de quelqu'un habitant dans le coin. Mais contre toute attente, ce sont les phares d'une voiture qui déboulent et coupent le plan des policiers.

now we headed back to the whip
my hoes ready to trick, any corner that i pick out
keep my dick on flaccid ’cause i'm 'bout my chips
and i can't let these hoes think that i'm with that

la musique qu'il finit par marmonner, sans vraiment connaître les paroles ni l'artiste. c'pas comme si ça avait déjà été le cas. il a jamais été vraiment fan de qui que ce soit, drax. c'pas son genre. ça l'a jamais été. même s'il apprécie les sons qu'il écoute, c'pas vital pour lui. puis quand on y pense, pas grand chose ne l'est, pour lui.
et le pouce qui tapote contre le volant alors que l'autre main est presque collée à son visage, lui qui calcine sa clope plus vite que le temps qu'il a pris pour trouver son feu et l'allumer.
il roule, était parti pech puis est sur le chemin du retour, tranquillou, une vingt balles dans la poche de son jogging puis l'esprit allégé. 'fait pas froid mais y'a juste une petite brise qui se frotte à lui, petit air frais qui sent parfois mauvais mais qui fait du bien. l'air du soir, puis qui lui donne envie de se foutre chez lui et de jouer à la play jusqu'à tard le soir avec les fenêtres ouvertes. tout ça jusqu'à ce qu'il s'endorme. jusqu'à ce que le soleil se lève. puis c'est sûrement c'qu'il va faire en rentrant, en plus.
puis il conduit tranquillou, la même musique qui passe encore un peu et qui le fait fredonner inconsciemment. et en tournant sur la gauche il arrive sur une rue où y'a clairement une voiture de police arrêtée. puis en trente secondes il chope son pochtar dans sa poche et le coince dans le trou de sa semelle. au cas où.
et en avançant lentement, le doigt qui trifouille la basket, ses yeux se plissent et il crame une scène trop bizarre, y'a une gonzesse qui crise, crie et semble se débattre, truc pas si étrange que ça, mais juste dommage, qu'il se dit, drax, parce qu'elle est plutôt mignonne, puis ce serait con qu'elle pourrisse en prison. puis le combat finit par se passer juste en face de lui, bloque le trajet de sa voiture. et il réfléchit pas trop, juste quelques secondes, avant d'ouvrir la portière de la bagnole, puis pas besoin de se détacher parce qu'il l'était pas. et il se lève, garde les mains en évidence parce que grosse flemme de me faire pisser dessus. et il se rapproche, tente de feinter une connexion physique avec la nana, puis bébé, je t'ai cherché partout qu'est ce qu'il se passe ? et si malcolm était là il rigolerait sûrement hyper fort, parce que le surnom, parce que faire attention à une meuf, parce que drax était tout ridicule, là. mais faute de moyens, il sort son meilleur regard désemparé à la police, et lance un qu'est ce que vous faites, qu'est ce que vous fabriquez avec ma meuf, là ? il feinte l'énervement, sans trop pousser pour pas se prendre de matraque dans le cul. et il lance un regard à la meuf, espérant qu'elle jouera le jeu, et peut être même qu'elle montera dans la voiture. qui sait.

La voiture qui s'arrête la soulage instantanément. Mais pour que le calvaire prenne vraiment fin, il faut que le mec dedans sorte et vienne l'aider. Et si y a bien une chose qu'on apprend à Detroit, c'est à ne pas compter sur les autres. Surtout quand on est pas très blanc. Mais elle tente quand même, elle gueule, appelle à l'aide et ça semble faire réagir le conducteur. Il sort de la voiture et s'approche, elle en chialerait de soulagement si elle n'était pas toujours en train de se débattre. Ses bras qui se font tordre dans son dos et la matraque qui frôle sa cuisse à chaque mouvement, la faisant frissonner d'appréhension, se demandant quand le prochain coup va tomber. Mais la suite, elle ne s'y attendait pas vraiment. La main du type qui semble chercher à établir un contact avec elle et d'un coup, les mots la prennent de cours. — Bébé, je t'ai cherché partout qu'est ce qu'il se passe ? Bébé ? Elle cligne des yeux sous le coup de l'étonnement, mais l'information fait rapidement son chemin jusqu'à son cerveau et elle comprend enfin ce que le mec essaye de faire. Et ça lui semble être une bonne stratégie pour faire redescendre la pression et éviter que les choses n'empirent, alors elle joue le jeu. — Ils m'prennent pour une pute, dis-leur qu'j'en suis pas une ! Sa voix est un peu étouffée et elle parle vite, la respiration courte et le sang qui pulse de partout dans ses veines. — Qu'est ce que vous faites, qu'est ce que vous fabriquez avec ma meuf, là ? Zaza continue de se débattre et très vite, elle sent la pression retomber. Les flics se calment et se regardent, un peu emmerdés. — Rien, rien, on a voulu contrôler son identité et elle s'est énervée, y a bien fallu qu'on la maitrise pour la calmer. Elle croit halluciner de ce mensonge éhonté. Elle profite qu'ils la tiennent moins fort pour se dégager et se redresser. Elle passe une main sur son visage pour décoller les cheveux qui sont venus s'y plaquer et elle envoi sa tignasse en arrière, en les foudroyant du regard. — Putain mais sales menteurs ! Vous m'avez traité de pute et- Elle n'a pas le temps de finir, un autre flic fait un pas vers elle, menaçant. Par réflexe, elle vient se coller à l'inconnu, sa main qui attrape son avant bras et elle se place légèrement en retrait, l'utilisant clairement comme bouclier humain. Le flic se fait intercepter par un autre de ses collègues. — Laisse tomber c'est bon, on s'casse. Les trois types leur jettent quelques sales regards, clairement frustrés d'avoir été interrompu dans leur petit tabassage nocturne. Et Zaza ne doute pas une seconde qu'ils se trouveront une autre victime. La respiration saccadée et toujours accrochée au blond, elle les regarde s'éloigner, commençant doucement à se calmer. Elle réalise à quoi elle vient d'échapper et ça lui glace le dos. Soudain, elle a comme une bouffée d'adrénaline, la rage qui gronde dans son bide. Elle lâche le mec et fonce vers les flics qui lui tournent le dos, en train de marcher vers leur voiture. Arrivé à la hauteur de celui qui est le plus à la traîne, elle lui arrache sa matraque des mains et vient lui assener en grand coup au visage, tout en échappant un cri de colère. Mais elle n'a pas le temps d'en faire plus. Elle fait demi-tour, toujours la matraque en mains et se met à courir en direction du type et de la voiture. Elle gueule. — Démarre, démarre, démarre ! Elle se jette sur la portière côté passager et s'engouffre dans l'habitacle, le cœur prêt à exploser dans sa poitrine. Heureusement, l'inconnu est réactif et en quelques secondes déjà ils décampent. Elle s'affale sur le siège, le front en sueur et elle ferme les yeux une seconde, reprenant son souffle.  — Putain, merci de t'être arrêté, j'ai cru que j'all- Elle n'a pas le temps d'en dire plus. Déjà derrière eux raisonne le bruit d'une sirène de police. Elle écarquille grand les yeux et se tourne sur le siège pour regarder la route depuis la fenêtre arrière. Ils sont à leurs trousses.  — Merde, merde, merde ! Qu'elle échappe, paniquée. Elle tape sur l'épaule du mec.  — Va falloir que t'accélères ! Elle attrape la ceinture pour s'attacher, parce que s'ils se la jouent course poursuite, elle n'a pas envie de risquer sa peau inutilement. Et elle prie pour que le mec assure au volant, sinon, ils sont foutus. Peut-être bien qu'il doit commencer à regretter d'avoir joué les bons samaritains.