cold hearted snake (ares)

Les basses font vibrer les murs au rythme de la musique et des corps qui s’entrechoquent. Elle est là, Barbra, au milieu de la piste, sans vraiment être là, regard qui vrille trop souvent vers l’entrée. C’est pourtant son milieu, celui dans lequel elle se sent reine, en particulier quand des regards envieux se tournent vers elle, lui offrant l’attention dont elle a si désespérément besoin pour se sentir vivre. C’est sa scène, la seule qu’elle maîtrise mais elle n’est pas vraiment là pour s’amuser. Les nerfs tendus à cause de l’argent qu’elle gagne pas – ils sont bien marrants avec leur pseudo rébellion mais en attendant, le site qui diffuse ses vidéos en pâtit, dommage collatéral qui perd son rythme de croisière, empêchant barbie de gagner de précieux billets. C’est pourtant pas réellement ça le problème mais plutôt sa fierté esquintée, l’égo qui en a pris un coup quand un de ses plans a décidé d’arrêter. Lui. Pas elle. Parce que c’est toujours elle qui jette avant de se lasser et pas l’inverse. Pourtant cette fois elle a pas eu l’occasion de prendre les devants – il la fait pour elle, ce que la gamine n’a pas apprécié. Elle pouvait pas, Barbra, laisser ça comme ça, être prise pour une conne qu’on balance comme un mouchoir usé. Il fallait qu’il comprenne qu’elle était pas n’importe qui, que la fréquenter était une chance qu’il avait gaspillé et pour ça, elle comptait bien se venger. Message envoyé à l’intéressé, invitation à une énième soirée en espérant que ça suffise à l’attirer. Elle a mis le paquet, barbie, robe moulante qui dévoile toujours plus de peau, maquillage léger mais qui suffit à souligner ses traits. Si elle veut réussir, il faut qu’il remarque ses efforts. Finalement, sa proie arrive, entrée qui la fait aussitôt sourire.

Ares. Avec un nom pareil, elle aurait dû se douter qu’il lui apporterait rien de bon mais c’est Barbra, Barbra et son attirance pour les jouets cassés qui lui feraient presque oublier tout ce qui ne va pas chez elle. La gamine s’empare d’un verre qui traîne sur une table avant de l’avaler d’une traite – ça aussi ça finira par se retourner contre elle mais pas ce soir, ce soir rien ne peut l’atteindre. Elle se glisse entre les corps, palpitant qui s’emballe. Pas parce qu’Ares est là. Plutôt parce qu’elle sait qu’elle pourra s’amuser, se venger à travers des coups bas qui lui procurent plus de plaisir que ses orgasmes simulés pour booster l’égo d’hommes en mal d’attention. Et malgré la perfidie qui mord son cœur, c’est un grand sourire qu’elle offre à Ares quand elle arrive devant lui, lèvres qu’elle dépose contre sa joue en y laissant une trace carmin. « J’suis trop contente de t’voir ici ! Cette fête est nulle à chier mais maintenant que t’es là, ça va mieux.» qu’elle dit en battant des cils, Barbra prête à jouer les amoureuses transies dont on peut se servir volontiers si ça lui permet de récupérer Ares et faire, qu’au passage, il baisse la garde. C’est qu’une question de temps avant qu’il fasse l’erreur de la sous-estimer. Ils le font tous.

de barbra, reçu le 27/07/2019 à 19:12
Y’a une soirée au pavillon ce soir.

de ares, envoyé le 27/07/2019 à 19:21
Ah?
19:22
Tu m’accompagnes?
19:28
Pour quoi faire?
19:29
Allez, fais pas ton rabat-joie, viens. On va s’amuser, promis.
19:35
Mouais. Ok.

Ça sent un peu trop l’booty call.
T’inviter comme ça, à une soirée qui a lieu seulement quelques heures après ses messages. Un samedi soir. Ouais, selon toi, ça sent l’booty call.
Mais t’as pas envie d’te la faire.
Elle et toi, c’est terminé. T’as coupé la queue du serpent.
Ça d’venait too much.
Ou alors t’as fait d’la merde parce que t’as traversé une phase dépressive et qu’pendant ces moments là, y’a plus rien qui compte. Les p’tits plaisirs n’ont plus aucune saveur.
Alors tu lui as dit d’aller s’faire foutre.
Elle trouvera bien quelqu’un d’autre pour lui écarter les cuisses, Barbie.
Des gars en chien, c’pas c’qui manque à Detroit.
Alors t’sais pas trop, finalement, pourquoi t’as accepté.
P’têtre que tu t’dis que ouais, vous pouvez vous amuser. Un peu.
Et au pire, si tu t’fais chier, tu lui f’ras faux bond. Ça s’rait pas la première fois.

Jean noir, sneakers Nike, chemise à motifs. Style plutôt normal, t’as pas vraiment fait d’efforts. Par contre quand tu la vois, tu t’dis qu’elle, elle a du en passer du temps à se préparer.
Une robe qui n’laisse aucune place à l’imagination.
Qui ravive des souvenirs du passé.
Des lèvres scellées.
Des poignets serrés.
Des draps mouillés.

Et à peine qu’tu passes la porte de la boîte qu’elle s’élance vers toi, sourire accroché à ses lippes pulpeuses qu’elle vient planter sur ta joue.
Trace rouge que t’essayes d’essuyer — ça pourrait refroidir tes proies potentielles de la soirée, à croire qu’t’es maquée, qu’une autre meuf risque d’les égorger.
« J’suis trop contente de t’voir ici ! Cette fête est nulle à chier mais maintenant que t’es là, ça va mieux. »
Mince sourire face à la désespérée.
T’as pigé, elle essaye de t’récupérer.
Seul problème, c’est qu’tu la veux pas. Tu la veux plus.
C’est pour ça qu’tu la tej. Y’a pas à chercher plus loin.
"Ça fait longtemps qu’t’es là? T’as rencontré personne?"
Ouais, tu fais ta p’tite enquête. T’as du mal à croire qu’elle soit restée dans son coin depuis le début d’la soirée à t’attendre sagement.
"Ça t’dit on va prendre un verre? J’te l’paye."
Genre t’as de la thune. Heureusement qu’t’as pu vendre ces cartouches de clopes qu’t’as choppé dans l’entrepôt et t’faire un peu de bénef dessus. Tu peux faire l’mec pendant au moins une tournée.

C’est toujours une histoire de fierté mal placée avec Barbra. C’est pas comme si elle avait de quelconques sentiments pour Ares. Elle l’appréciait peut-être un peu, comme elle apprécie souvent les plans culs qui lui permettent d’occuper ses nuits et ses pensées pendant quelques temps. Mais ça s’arrêtait là. Pas d’envie d’aller plus loin, le couple qui est pas vraiment fait pour elle, ça elle l’a compris. Alors elle aurait pu laisser couler. Accepter de pas avoir été celle qui dit stop en premier, pour une fois. Mais l’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Barbra, elle carbure aux coups bas, amertume qui a tellement rongé son cœur que c’est un miracle qu’il reste encore quelques morceaux daignant battre. Elle cède aux sirènes de la vengeance trop facilement et c’est Arès qui a été désigné pour cible, sans que ce soit forcément une bonne idée. Il est pas de ceux qu’on devrait chercher, elle le sait mais elle s’en fout – c’est toujours ceux-là qu’elle préfère emmerder. Quand il arrive, elle joue les amoureuses désespérées, rôle qui la dégoûte parce qu’il représente tout ce qu’elle déteste – la faiblesse, qu’elle s’évertue à cacher ; la possibilité laissée aux autres de la dominer, de jouer avec elle. Elle arque un sourcil à sa question. « Tu m’as vu ? Evidemment que j’ai rencontré des mecs. » Parce que même si elle joue un rôle, qu’elle est censée vouloir le récupérer, ça marchera pas si elle est pas un minimum elle-même. Ares l’a probablement assez côtoyé pour cerner un minimum sa personnalité. La modestie n’a jamais fait partie de son caractère et elle ne l’a jamais caché. Elle sait ce qu’elle vaut, Barbra, ou plutôt, elle prétend valoir plus que ce qu’elle pense réellement. « Ils étaient pas aussi intéressants que toi, par contre. » Compliment non dissimulé, la gamine a toujours été directe quand elle voulait quelque chose et après les nuits passées ensemble, Ares le sait. « Mais ouais, grave! On y va!» qu’elle dit, acceptant le verre offert. Elle risque pas de refuser de l’alcool gratuit, surtout si ça veut dire de l’argent en moins pour lui. Jouant des coudes, elle se dirige vers le bar, Ares avec elle. Bière commandée, elle le laisse commander avant de se reculer, s’appuyer sur le bar en attendant les boissons. Une fois les verres sur le comptoir, elle fouille son sac et s’empare des deux cachets, d’apparence totalement identiques, qu’elle avait bien veillé à séparer dans son sac pour éviter les méprises éventuelles. Elle glisse le sien sur sa langue, l’avale accompagnée de sa bière. Puis, elle tend l’autre à Ares. « Tu vas pas m’laisser m’amuser toute seule, si ? » qu’elle dit, moue presque boudeuse à l’idée qu’il refuse. Celui qu’elle a pris est censée la booster un peu mais celui proposé à Ares doit le rendre un peu plus docile, il paraît. Rien de bien méchant, lui a assuré le dealer qui lui avait fourni les cachets, juste quelque chose pour qu’il se détende. Si Barbra espérait qu’il accepte, elle comptait bien aller au bout de son idée, même sans ça. Elle a jamais su renoncer quand il fallait, de toute façon.

Ouais, elle est bonne, Barbra.
Blonde, bien foutue. L’truc, c’est qu’elle remplit pas tous tes critères.
Ouais, lui manque les yeux clairs. Foutue obsession qu’t’as de trouver son clone. Personne qui lui arrive jamais à la cheville. Maintenant qu’tu sors peu à peu du déni, tu l’sais.
Tu comprends, maintenant.
Depuis qu’Athé t’a fait une crise l’autre soir quand t’as ramené cette pauvre meuf chez vous. Et qu’elle t’a fait une remarque sur leurs ressemblances frappantes. Remarque qu’t’as évincé d’un revers de la main, info passée à la trappe. Mais elle a continué d’tourner dans ton esprit. Perturbé, ouais, c’est l’cas d’le dire.
Parce qu’finalement, elle a raison.
Les meufs que tu t’tapes, elles lui ressemblent toutes.
Eurk.
Mais ton problème aussi, c’est l’sexe, de manière générale. Parce que tu t’en fous un peu. Parce que t’aimes bien ça, ouais. Mais d’façon totalement égoïste. Faire plaisir à ta partenaire? Très peu pour toi. En général, tu leur fais plaisir aussi — mais c’pas ton but principal en fait. T’utilises les nanas comme des objets, au même titre qu’le Kleenex qu’tu jettes à la poubelle une fois qu’tu t’es essuyé après un plaisir solitaire.
L’truc c’est qu’t’as pas de connexion. Pas d’sentiment. Pas d’émotions. T’es p’têtre un peu un sociopathe sur les bords. P’têtre bien. Mais c’la vérité. C’pour ça qu’tu t’lasses aussi vite, aussi. Aucun attachement envers tes plans cul.
C’était pareil avec Barbra.
Sauf qu’tu savais pas.
Qu’c’était pas une meuf quelconque.
T’avais aucune idée qu’il fallait pas trop la contrarier, la blonde.
C’pour ça qu’t’acceptes son invitation, sans trop réfléchir. C’est un booty call, ça peut être que ça, mais tu lui donneras pas c’qu’elle veut, elle et toi, c’est fini, game over, qu’elle s’trouve un autre gars, vu son physique elle aura pas trop d’mal à faire ça.
« Tu m’as vu ? Evidemment que j’ai rencontré des mecs. »
Ouais, forcément, ça t’choque pas. "Bah ils sont où, alors?" Sous-entendu, t’aurais dû rester avec eux au lieu d’m’appeler, t’aurais sûrement passé une meilleure soirée.
« Ils étaient pas aussi intéressants que toi, par contre. »
Tu ricanes un peu. Satisfait du compliment. T’es un mec, il t’en faut pas des masses t’façon.
"J’veux bien t’croire sur ça."
Et puis tu lui proposes de lui payer un verre. T’en payeras probablement qu’un seul et après, ça finira en resto-basket. Parce que t’façon tu dois avoir trente dollars sur toi à tout casser — c’est d’jà bien, presque le luxe ce soir.
« Mais ouais, grave! On y va! »
Vous vous faufilez dans la foule, tu la laisses mener la marche. Elle commande en premier, une bière si t’as bien compris — toi tu prends un whisky, neat. Sans glace. Tu sors tes deux billets qui s’battent en duel, récupères ta monnaie qu’tu fourres dans le fond des poches de ton jean.
Verres qui arrivent sur le comptoir, tu la vois à peine fouiller dans son sac puisqu’tu scrutes la salle pour examiner si y’a des p’tites affaires intéressantes. Meufs à gérer ou came à refourguer. Les affaires n’s’arrêtent jamais.
Quand tu reposes les yeux sur elle, elle a deux pilules blanches entre les doigts. Une qu’elle avale en tirant la langue. « Tu vas pas m’laisser m’amuser toute seule, si ? » Invitation à l’amusement. Tu prends le cachet entre tes doigts, l’examines. Tu r’connais pas le pattern imprimé dans le comprimé — tu t’dis qu’ça doit être un nouveau truc sur le marché. Pas plus de réflexion, tu le places sur ta langue et tu l’avales comme ça.
L’habitude.
"C’est quoi? J’le connais pas c’lui là."
T’avales une gorgée de ton whisky, regardes à nouveau la foule avant d’reposer les yeux sur elle. "Pourquoi tu voulais qu’j’vienne ici, Barbra?" Sérieusement? Tu préfères lui dire direct qu’c’est mort, autant qu’elle cherche à pécho quelqu’un d’autre parce que toi, t’es plus son gars.

hj: ah la petite taspé j’veux bien que tu me précises les effets pour que j’puisse agir en conséquence de cause dans mes posts suivants

Elle a même pas réfléchi à ce qu’elle compte vraiment faire, Barbra. Elle a bien quelques idées mais rien de bien défini. Probablement qu’elle décidera à la dernière minute, comme toujours. Elle a encore moins réfléchi à ce qu’il se passerait ensuite. A la réaction d’Ares, qui sera forcément plutôt négative. Elle y a pas réfléchi et à vrai dire, elle s’en soucie peu. Gamine trop insouciante, gamine habituée aux ennuis qu’elle provoque bien volontiers. Elle considère que si elle a réussi à s’en sortir miraculeusement jusqu’ici, alors, il n’y a pas de raison pour que ça change, pour que sa chance finisse par définitivement la quitter. Et puis, Barbra estime aussi qu’Ares le mérite, que c’est que justice – à croire qu’elle a jamais ignoré qui que ce soit, alors même que c’est sa marque de fabrique. Puis, il lui facilite la tâche. Il avale la pilule sans rechigner. « Un dérivé d’ecsta. J’ai pas retenu le nom. » qu’elle dit en haussant les épaules. Elle sait bien que c’est plutôt un dérivé de kétamine mais elle s’abstient bien de lui dire – il finira bien par en ressentir les effets. Finalement, la question en attente jusqu’ici qui tombe enfin. Elle savait que ça arriverait, Ares qui est pas du genre à tourner autour du pot. Elle s’assit sur le tabouret collé au bar, croise les jambes. « Tu sais très bien pourquoi j’t’ai appelé, Ares. » Elle non plus, elle comptait pas tergiverser pendant des heures, ça lui ressemblait pas. Alors elle se tourne vers lui, décolleté forcément mis en avant. « En fait.. Tu sais, j’savais qu’on finirait pas ensemble pour toujours et heureusement parce que franchement…. Beurk. » L’idée de s’enliser dans une histoire qui deviendrait banale et inintéressante lui donnait des nausées. Elle aime trop son indépendance, l’impression d’être désirée par tous pour pouvoir réussir à se caser un jour. « Mais bon faut quand même dire que t’es vraiment trop doué au pieu. J’sais pas si tu t’rends compte, mais en général les plans culs c’est plutôt pas ouf mais avec toi c’était plutôt tout le contraire. » Elle soupire un peu, affiche une moue triste, comme si le fait que cette histoire soit terminée l’attristait réellement. Elle applique la même recette, celle qui marche à tous les coups : toujours flatter l’égo masculin. En appeler à leurs prouesses sexuelles, parce qu’il y a rien de plus satisfaisant pour un homme que penser qu’il est doué sexuellement. Elle sait pas tellement pourquoi c’est aussi important que ça pour eux, Barbra. Enfin, elle s’en fiche un peu, du moment que ça peut lui servir. Elle s’approche un peu, souffle contre son oreille. « J’y pensais et j’trouvais ça dommage, parce que si j’avais su que c’était la dernière fois qu’on baisait, j’aurais fait en sorte que tu passes la meilleure nuit de ta vie. » Elle se redresse, bat des cils d’un air faussement innocent avant de terminer sa bière. De toute façon, si Ares craque pas, si ses paroles suffisent pas et qu’elle arrive pas à faire en sorte qu’ils s’isolent, elle compte sur la drogue avalée pour l’aider – en espérant qu’elle ait bien les effets escomptés.

Toi, tu comprends pas trop c’que tu fous là. Pourquoi elle t’a invité, toi. Y’a des tas d’gars à Détroit. Ok, vous avez baisé plusieurs fois. Mais t’es pas l’seul gars qu’elle a vu passer dans des draps, ça, t’y crois pas. Alors tu sais pas pourquoi c’est toi. Le sexe, c’était bien. Mais ça t’importe pas vraiment, faut bien avouer. Les soirées, par contre, tu refuses jamais. C’est peut-être pour ça que t’es là. Même sans vouloir la voir. L’attrait de la musique qui te pète les tympans. L’alcool. La drogue.

Faut croire qu’elle t’a un minimum cerné, Barbra. Ou alors t’as la tronche d’un camé de base. Tu sais pas. L’un comme l’autre, elle te propose une pilule. « Un dérivé d’ecsta. J’ai pas retenu le nom. » Toi aussi, tu hausses les épaules et t’avales le cachet d’une traite. T’es habitué aux substances, et t’es tellement téméraire — ou irresponsable, ça dépend du point de vue — que t’es toujours partant pour tester de nouveaux trucs qui trainent sur le marché.

Quoi qu’il en soit, tu sais toujours pas c’que tu fous là. La meilleure façon, c’est d’lui demander. « Tu sais très bien pourquoi j’t’ai appelé, Ares. » Bah… non, tu sais vraiment pas en fait. À part pour baiser, tu vois pas. Mais tu lui as dit qu’c’était fini y’a quelques semaines déjà, qu’tu voulais plus d’ça. Assise sur le tabouret, jambes croisées, poitrine en avant, elle commence son argumentaire. Et la vérité? T’es déjà saoulé dès qu’elle ouvre la bouche. « En fait.. Tu sais, j’savais qu’on finirait pas ensemble pour toujours et heureusement parce que franchement…. Beurk. » Tu hausses les sourcils, l’air de dire ‘j’suis bien d’accord là-dessus’. « Mais bon faut quand même dire que t’es vraiment trop doué au pieu. J’sais pas si tu t’rends compte, mais en général les plans culs c’est plutôt pas ouf mais avec toi c’était plutôt tout le contraire. » Elle se la joue triste, et toi, en bon mec, ton égo gonfle un peu. L’truc avec toi, c’est qu’tu baises pas pour faire plaisir à la meuf. Tu t’en fous un peu, d’qui t’as en dessous de toi. Le peu qu’tu passes au pieu, c’est pour ton propre plaisir et basta. Elle réduit la distance et te susurre à l’oreille : « J’y pensais et j’trouvais ça dommage, parce que si j’avais su que c’était la dernière fois qu’on baisait, j’aurais fait en sorte que tu passes la meilleure nuit de ta vie. » Tu te recules, réinstaures une distance. "J’suis ravi d’savoir que t’as pris ton pied mais tu vois, ça m’intéresse pas ? Genre, trouve-toi un autre gars. J’t’ai dit que j’étais done avec toi moi, j’pensais que t’avais compris. J’compte pas te ken ce soir Barbra, ni un autre soir — si tu veux un conseil, perds pas ton temps et va te perdre avec le gars là-bas qui fantasme déjà." Qu’tu dis en pointant l’mec du doigt, de l’autre côté du comptoir. T’avales le fond de ton verre cul sec et t’en recommandes un autre. L’truc, c’est qu’tu sens un peu tes mouvements devenir lents. C’est souvent l’effet qu’à l’alcool sur toi, ça t’excite pas toi, ça t’ralentit. Alorsd tu t’inquiètes pas trop. Même si honnêtement ? Tu devrais. Faut s’méfier de l’eau qui dort. Elle peut être peuplée de requins assoiffés de sang. Et Barbra ? Ouais, elle fait partie d’cette espèce là.

Avec le temps, c’est devenu trop facile de mentir, trop facile de prétendre être une autre. C’est probablement le seul domaine dans lequel elle est réellement douée, talent qui lui permet de bien souvent se tirer des pires situations. Les mensonges s’emmêlent pourtant souvent, Barbra même qui fait difficilement le tri entre ce qui est réel et ce qu’elle a inventé, vie de mensonges pourtant bien plus agréable que la banalité de l’existence qu’elle mène. Et malgré l’expérience accumulée au fil des années, il est compliqué pour la gamine de retenir une insulte quand Ares la recale – elle supporte déjà pas ça en temps normal, alors voir que ça vient de quelqu’un qui l’a déjà volontairement rejeté la met hors d’elle. Pourtant, elle se contient, arbore une mine un peu triste alors qu’elle hausse les épaules. « Dommage. » Verre qu’elle termine d’une traite. Tant pis pour lui s’il refuse de la suivre – si son plan initial était plutôt humiliant pour lui, la nouvelle idée qu’elle venait d’avoir en voyant qu’il ne daignait pas venir était plutôt douloureuse. Pour lui, en tout cas. Pour Barbra, ça changeait pas grand-chose. Elle remarque que la drogue commence à faire son effet et ça tombe bien – elle a plus envie de faire semblant, Ares qui l’a un peu trop énervé, au point qu’elle a plutôt envie de passer à la suite. « T’as pas l’air d’être en forme, Ares. Quelque chose ne va pas ? » Elle a un air faussement inquiet au visage, masque qui tombe peu à peu. « T’sais quoi, j’vais rentrer j’crois. Et comme j’suis sympa et que j’voudrais pas que tu t’ennuies, j’vais te laisser de quoi t’amuser un peu. » Air amoureux et désespéré envolés, sans doute qu’Ares va pas tellement comprendre un changement aussi brutal mais il finira bien par saisir ce qu’elle voulait vraiment. Sans un regard de plus, elle avance un peu, va pas très loin – sans doute même qu’il pourra l’entendre de là où il est. Aussitôt, les trois types qu’elle venait de repérer se retournent vers elle. Elle espérait les avoir bien cernés, Barbra. Elle les cataloguait sous la catégorie des machos, des vrais, de ceux qui supportent difficilement toute diffamation à l’encontre de leur sexualité ou de leur virilité. Suffisait de voir leur air suffisant, leur posture censée mettre leurs muscles en avant, leurs regards sur n’importe quelle femme qui passait devant eux. « Euh salut les gars. Mon pote là-bas vous kiffe vraiment beaucoup et il voudrait savoir s’il pouvait vous rejoindre. » qu’elle dit, doigt pointé vers Ares. Sourcils froncés, regards perdus. « Nous rejoindre pour faire quoi ? » « Ben… Vos trucs de gays. Il m’a dit qu’il vous a vu l’autre fois dans une sorte d’orgie hyper hard. Apparemment, toi, tu t’faisais enfiler par tes potes, il passait l'un après l'autre et tu kiffais vraiment ça. » Et c’est presque instantané, leurs regards qui changent, poings qui se serrent. « J’suis carrément dégoutée parce qu’en fait j’vous avais vu en premier mais il a dit que vous aviez des teubs vraiment petites alors.. Enfin lui, ça l’dérange pas, il meurt d’envie que vous l’entrainiez dans la ruelle derrière pour faire de lui tout ce que vous voulez mais il osait pas trop venir. J’peux filmer si vous vou… » Elle a pas le temps de finir sa phrase que les types vont vers Ares, l’empoignent sans ménagement. Elle sait pas vraiment ce que ça va donner, a pas forcément conscience de ce que ça pourrait entraîner et finalement, ça lui est bien égal. Le simple fait de voir ces types le chahuter un peu lui suffirait – serpent blessé dans son égo démesuré, serpent prêt à mordre trop fort pour se venger d’une éraflure.

Tu la remballes sèchement. L'truc c'est que tu veux plus d'elle. Tu t'es un peu amusé pendant un temps avec elle, c'était cool mais voilà, t'as plus envie. Comme un gosse qui se lasse de son jouet de Noël deux semaines après le réveillon. T'y peux rien toi, tu contrôles pas. T'as appris à écouter tes désirs, suivre tes envies, faire ce que tu veux, quand tu veux. Alors si tu veux plus la baiser, tu la baiseras plus. Et puis c'est tout. Rien de bien sorcier. Rien de compliqué à comprendre. Alors ok, ça peut peut-être la faire chier - surtout si elle prenait son pied - mais c'est bon, des gars à Detroit qui veulent baiser, y'en a à tous les coins d'rue nan ? Pourquoi faut qu'elle s'accroche à toi? Putain, elle est pas amoureuse quand même? Non parce que là, ça va pas l'faire. Mais qu'elle aille se trémousser contre le gars d'à côté, il a déjà l'air de fantasmer. Parce que toi, t'es catégorique, tu reviendras pas. « Dommage. » Tu hausses vaguement les épaules. Ok. Tant mieux alors. Le souci est réglé. Enfin, c'est c'que tu croyais.

« T’as pas l’air d’être en forme, Ares. Quelque chose ne va pas ? » Ouais, c'est clair, tu t'sens mal. La tête qui tourne, la vision qui se floutte. « T’sais quoi, j’vais rentrer j’crois. Et comme j’suis sympa et que j’voudrais pas que tu t’ennuies, j’vais te laisser de quoi t’amuser un peu. » Sa voix qui se tord, brouhaha lointain. Vibrations sourdes et graves, comme dans une vidéo qu'on écouterait au ralenti. Sa silhouette qui s'éloigne, toi tu fermes les paupières, trop lourdes pour les garder ouvertes. Bourdonnement dans les oreilles, yeux qui se rouvrent quand tu t'fais chopper par le col et qu'un poing rencontre ta mâchoire. Aouch. Et ça cogne. Encore et encore. Toi, impuissant. Les membres trop engourdis, les réactions beaucoup trop lentes. Les coups qui pleuvent, bloqué contre le comptoir du bar. Et le vigile qui débarque pour séparer les deux camps. Sauf que y'a pas deux camps. Ils ont pris parti tout seuls, t'as rien fait toi, tu sais même pas comment t'en es arrivé là. Ils s'font trainer dehors après t'avoir laminé. Impossible de te relever. Pourtant t'as qu'une envie : quitter c't'endroit pour rentrer chez toi. Alors tu tâtonnes difficilement tes poches pour trouver ton téléphone. Objectif : sms à Athéna. Sauf que c'est dur. Vraiment dur. Pour pas dire mission impossible. C'mélange toxique de drogue et de douleur. Et tu comprends, là. Barbra, c'est vraiment une pute. Mais si t'avais su, c'est pas pour autant que t'aurais accédé à sa requête. T'allais pas la baiser juste pour éviter de te faire tabasser. C'est pas comme ça, la vie. C'est pas ton premier passage à tabac, et ça sera pas le dernier. Suffit juste de se relever. Mais là... ouais non, pas maintenant. Peut-être après.

Peut-être qu’elle est allée trop loin, cette fois. C’est ce qu’elle se dit en voyant sa carcasse faible contre le bitume après les coups assénés, carcasse clairement trop malmenée par ce qu'elle a provoqué pour apaiser sa colère. Peut-être que c’était démesuré, que l’affront n’égalait pas la sanction et la dépassait largement. Ça pourrait mal tourner, avoir des conséquences plus dramatiques encore, ce qu'elle réalise à peine. Une part d’elle s’en veut d’être aller aussi loin, part qu’elle étouffe à coup de pensées vicieuses – parce que forcément, si elle commence à accepter ça, à laisser n’importe quel mec la jeter, ça n’arrêtera plus, elle n’aura plus le contrôle dans le seul domaine dans lequel elle se sent reine. Pourtant ça change rien. En arriver à de telles extrémités avec Ares n’empêchera pas qu’un futur plan décide de tout arrêter avant qu’elle ne le fasse. Mais c’est plus fort qu’elle, gamine capricieuse qui accepte pas le rejet, qui l’accepte plus. Si elle se fiche bien des conséquences de ses actions, les autres devraient nécessairement réfléchir plus, prêter attention à ce qu’elle veut – égo infâme et pensées nombrilistes qui noircissent son jugement de ce qui est juste. La partie d’elle qui s’en veut la pousser à rebrousser chemin, rejoindre le bar pour s’adresser au barman. « Il y a un type en sale état derrière, vous devriez appeler une ambulance. » se contente-t-elle de dire, observant l’homme relayer le message à un autre membre du personnel qui s’empresse d’aller voir ce qui en est. Et ça lui suffit à se donner bonne conscience, Barbra. Elle se dit qu’elle est pas si horrible que ça – maintenant, quelqu’un va aider Ares et il s’en sortira. Sans doute même qu’il a vu pire, après tout. Il a l’air d’être de ces personnes abîmées qui ont la peau dure et qui lâchent rien alors elle s’inquiète pas plus que ça. Il s’en remettra et aura appris la leçon. Elle, elle se sentira mieux, persuadée d’être dans son droit, persuadée que tout redeviendra à la normale. Elle prend même pas la peine de vérifier si l’ambulance est bien arrivée – elle se contente de partir, gamine qui rejoint la nuit, insouciante, l’esprit plus serein.

» knocked out cold ; igg
» collision (intrigue / ares)
» opposite side (ares)
» (04/11) ares kaiser
» nightshade. (ares)