(arena) if i left today, would you wait for me or would you throw us all away?

Vingt-trois avril deux-mille-seize,
Quinze heures trente-deux.
@athéna kaiser

Le grésillement de la porte qui se déverrouille.
"Profite, entre le téléphone et les visites, c’est l’dernier jour où tu vas te sentir libre."
Tu lui lèves ton majeur, bien haut dans les airs. Et lui, il lève sa matraque en guise de menace.
Frappe-moi, qu’t’as envie de lui dire. C’est lui qui aurait le plus à perdre.

T’as prévenu un pote de la situation.
Et tu lui as demandé de dire à ta soeur que tu l’aimais et qu’t’étais désolé.
T’es désolé d’l’abandonner.
Encore.
D’abord l’hôpital de tarés, et maintenant la prison.
Mais t’es pas désolé d’la raison pour laquelle on t’a enfermé.
Ça, tu piges pas.
T’as rien fait d’mal, toi.
La gow, elle a un peu exagéré.

Quoi qu’il en soit, ton procès est prévu pour la semaine d’après. Mais l’avocate commis d’office est formelle — tu risques pas de t’en tirer. Elle était marquée, apparemment. Ils ont des photos des traces que t’as laissé sur la gorge et les poignets de la brune. Ça s’présente mal pour toi, Ares. Faut qu’t’acceptes ta peine. Deux ans, à ce qu’on dit.
C’est pas grand chose deux ans, hein?
C’est déjà trop pour ton innocence, mais deux ans, c’est vite passé.

Les poignets enchainés, ton cul sur une chaise trop dure, t’attends ta nouvelle visite.
Aucune idée d’qui c’est, tu paries sur l’avocate, elle qui essaye de trouver une faille à ton dossier qui pourrait t’innocenter.

Sauf que quand tu la vois passer la lourde porte, tes lippes s’entrouvrent de surprise et tu te redresses un peu sur ta chaise.
Athéna.
Qu’est-ce qu’elle fout là?
Tu voulais pas la voir ici, toi. C’est bien pour ça qu’c’est pas à elle qu’t’as envoyé ce message. Tu voulais pas lui infliger ça.
Mais elle est là.

Et le gardien referme la porte derrière elle une fois qu’elle est entrée.
Prise au piège.
Enfin, non.
C’est toi qui est pris au piège, techniquement.
Elle, elle sortira quand elle voudra.
Contrairement à toi.

"ton frère m'a dit de te dire qu'il était désolé" athéna fronce les sourcils en regardant le type qui vient de lui adresser la parole. c'qui lui? et d'où il parle d'ares? "désolé de quoi?" "et qu'il t'aimait aussi." confusion qui illumine les traits d'athé, de quoi il parle, lui? "pardon?" "désolé j'dois y aller" et elle le retient pas, même si elle a d'autres questions, parce que toute son attention se reporte sur son téléphone. et elle envoie des messages en rafales à ares, parce qu'elle a un mauvais pressentiment. mais il lui répond pas.

c'est que plus tard qu'elle apprend pourquoi. que quand c'est déjà trop tard et qu'elle peut pas obtenir de réponses d'ares. comme quoi il a violé une meuf. et athéna, elle est pleine de questions. pourquoi il a fait ça? est-ce que c'est un malentendu? est-ce qu'il était dans son état normal? et pourquoi elle essaie de lui trouver des excuses alors qu'il en a peut-être pas?

athéna refuse d'imaginer que c'est vrai, qu'il a vraiment fait ça alors que la meuf lui disait non. et même à ses potes, elle dit que c'est pas vrai, que la meuf ment, qu'ares a pas fait ça. elle le défend contre vents-et-marées, ment peut-être pour lui, crache sur une meuf qu'elle connait pas alors qu'elle dit peut-être la vérité. parce que si le mec en question n'était pas ares, athéna se poserait même pas de questions, se serait sur lui qu'elle cracherait sans hésiter. mais là, c'est différent. la seule chose qu'elle arrive à faire, c'est le maudire dans sa tête. jusqu'à ce qu'on lui dise qu'elle a l'autorisation d'aller le voir.

rien à foutre de se faire fouiller, athéna suit la procédure sans rien dire, trop dans ses pensées. impatiente de voir ares, même si c'est le bordel dans sa tête et qu'elle sait pas quoi penser. et enfin, enfin, elle se retrouve dans la même pièce que lui. et même si elle est soulagée de le voir, ça l'empêche pas d'avoir la mâchoire aussi serrée que ses poings. et y a bien trente secondes pendant lesquelles elle se contente de le fixer sans bouger.

jusqu'à ce qu'elle s'assoit en face de lui. les bras croisés. "qu'est-ce que t'as fait, ares?" non, elle lui demande pas si ça va en premier. parce qu'il est en face d'elle et qu'il a l'air d'aller. ce qu'elle veut, d'abord, c'est des réponses. "et me mens pas." elle veut la vérité. ou en tout cas, sa version à lui de la vérité. et ça s'entend, qu'elle est sérieuse. qu'elle veut pas qu'il dise de la merde pour la "protéger". non, elle veut savoir si elle a passé plusieurs jours à le défendre pour rien ou si elle a bien fait. et y a pas que ça, mais elle arrive à se concentrer que là-dessus, parce que le reste, c'est trop. tout simplement.

T’as l’impression d’dérailler quand c’est elle que tu vois passer la porte. Parce que si y’a bien quelqu’un qu’tu voulais pas entraîner ici, c’est elle. C’est pour ça, qu’t’as prévenu ton pote. C’est pour ça, qu’t’as pas utilisé ton coup de fil pour elle. Tu veux pas qu’elle vienne dans un endroit comme ça, elle détonne trop avec le paysage, c’est pas pour elle, ce genre de bails dégueulasses.

Et puis, p’têtre que tu veux pas l’affronter non plus. Elle est p’têtre là, la vraie raison. Parce que t’as pas d’explications. Qu’est-ce que tu pourrais bien lui dire, hein? En faisant parti de la famille, elle a accès au dossier. Elle a accès aux charges qui sont retenues contre toi. Elle sait.

"qu'est-ce que t'as fait, ares?" Qu’elle balance en prenant place sur la chaise en métal face à toi, de l’autre côté de la table. Tu hausses vaguement les épaules, tu te recules un peu pour t’installer un peu plus confortablement sur ta chaise. Calé contre le dossier, jambes écartés en full man-spreading, mains croisées qu’tu poses au niveau d’ton ventre dans un bruit de cliquetis de chaînes qui rompt le silence froid.

"et me mens pas." Tu te balances un peu sur ta chaise comme les sales gosses dans les salles de classe, d’avant en arrière, avant d’te laisser lourdement retomber droit face à elle qui n’se détend pas. "Que veux-tu que j’te dise?" Et tu sens qu’elle va rapidement s’énerver si tu lui dis rien, déjà. Alors tu souffles, agacé. Pas par elle, par la situation. "J’ai rien fait moi Athé. C’pas d’ma faute si l’autre c’est une psychopathe qui porte plainte pour que dalle." Petit con insolent qu’t’es, tu te dédouanes de toute responsabilité. "Et les flics t’façon ils sont toujours du côté d’la bonnasse qui chiale à chaudes larmes devant eux, pas du côté du blanc tatoué et percé qui traine constamment le quartier et qui a d’jà un casier." Ouais, c’est pas ta faute, c’est la faute à la meuf, c’est la faute aux flics, c’est la faute aux préjugés, c’est la faute à la justice. Tout l’monde sauf toi, quoi. "À quel moment t’arrives à faire croire qu’tu t’es faite violer alors qu’t’étais dans le pieu du gars à poil? Bientôt elle va dire qu’j’l’ai kidnappée aussi, faut arrêter d’déconner." qu'tu dis en ricanant un peu. T’es pas télépathe toi, à quel moment tu peux savoir qu’ces cris sont passés du plaisir à la souffrance? Puis bon, au bout d’un moment, c’elle qui a ouvert les cuisses hein, tu l’as pas forcée à l’faire. Tu l’as pas forcée à s’désapper ou à t’sucer. C’est juste une putain de mytho drama queen qui cherche d'l'attention et du fric.

pendant plusieurs secondes, athéna ne fait rien d'autre que le fixer. puis elle s'assoit, croise les bras. y a trop de pensées contraires qui se mélangent dans sa tête et pas une seule qui arrive à dominer entièrement le débat qui l'anime intérieurement. alors elle pose la question, lui demande ce qu'il a fait. elle le sait déjà, athéna, mais elle veut sa version des faits à lui. elle veut qu'ares lui dise. lire, ça suffit pas. non, elle veut sa version à lui. pas les conneries qu'il dit pour s'arranger ou autre.

mais ares, il fait le malin. elle le voit à son attitude. que ce soit son haussement d'épaules ou sa manière de s'asseoir. mais ça l'empêche pas de lui dire de pas lui mentir. pas à elle. parce que ça marche pas comme ça entre eux. ils sont censés se dire la vérité. sa mâchoire se crispe quand ares se balance sur sa chaise. comme un putain de gamin qui veut montrer qu'il n'en a rien à foutre de rien. son regard s'assombrit. et y au moins une émotion qui commence à prendre le dessus: la colère. l'envie de lui dire d'arrêter ça tout de suite. que ses conneries, il les fait avec les autres s'il veut, mais pas avec elle.

"Que veux-tu que j’te dise? J’ai rien fait moi Athé. C’pas d’ma faute si l’autre c’est une psychopathe qui porte plainte pour que dalle. Et les flics t’façon ils sont toujours du côté d’la bonnasse qui chiale à chaudes larmes devant eux, pas du côté du blanc tatoué et percé qui traine constamment le quartier et qui a d’jà un casier. À quel moment t’arrives à faire croire qu’tu t’es faite violer alors qu’t’étais dans le pieu du gars à poil? Bientôt elle va dire qu’j’l’ai kidnappée aussi, faut arrêter d’déconner." ares parle, parle et continue de parler. et malgré son discours, il fait tout, sauf répondre à sa question. blâme les autres, l'injustice du monde entier et qu'en gros, la meuf exagère. ouais, athéna veut bien le croire, mais forcément, quand il balance ça comme ça, ça lui fout le doute. et jouer au con comme il le fait, ça aide pas. "t'as rien fait? donc t'étais pas en train de la baiser? c'était ton clone? genre c'est pas de ta faute si ta bite s'est retrouvée dans sa chatte?" surement qu'il va être capable de lui dire que pour ça non plus, il y est pour rien. athéna, elle adopte la même stratégie que lui. lui rentrer dedans. s'dit qu'utiliser la manière plus ou moins douce, ça marchera pas.

"on en revient à ma question de départ, du coup, si ça t'dérange pas." ton cinglant, athéna veut qu'il laisse le rôle du connard au placard juste deux minutes. si c'est pas trop demander.  "qu'est-ce t'as fait, putain? la meuf dit qu'elle t'a demandé d'arrêter, c'est vrai ou pas?" parce qu'en fait, y a que ça qui l'importe à athéna. est-ce que c'est vrai qu'elle le lui a demandé et qu'il l'a pas fait? ou est-ce qu'elle ment parce qu'elle s'est dit que c'était une bonne occasion de faire chier? "et putain, c'quoi cet argument de merde? genre la police écoute plus les meufs que les mecs, mais t'es sérieux?" elle est outrée, athéna. en général, les meufs s'déplacent pas chez les poulets sans raison, parce qu'on va forcément foutre leur parole en doute. leur poser des questions de merde. mais quand bien même, athéna a pas vraiment envie de sympathiser avec le cas de la demoiselle, même si elle le ferait dans d'autres circonstances. si c'était pas son frère, l'enfoiré en question. "tu la connaissais déjà?" parce que peut-être qu'elle cherche à se venger d'un truc, ouais, c'est possible ça. toutes les raisons sont bonnes pour essayer de l'innocenter.  

parce qu'elle veut pas croire qu'il s'est pas arrêté, qu'il l'a violé et qu'il s'en bat autant les couilles. parce qu'elle veut pas qu'il aille en prison pendant deux ans. parce que même si elle sait qu'ares n'est pas un enfant de coeur, elle l'aime quand même. plus que tout au monde. et même quand elle veut être dégoutée, elle y arrive pas.

Attitude de gamin qui t’colle à la peau. L’insolence qui embaume la pièce toute entière tellement t’en transpires.  Tu te décides enfin à lui décrocher un mot, et tu te dédouanes de tout. C’plus facile comme ça, sûrement. P’têtre que c’est surtout qu’tu veux pas qu’elle sache c’qui s’est vraiment passé. Oh, elle sait. Elle a lu les rapports. Mais tu veux pas avoir à lui dire, toi. Tu veux pas qu’elle y croit. Tu veux pas qu’elle t’voit comme ce gars là. Alors tu tires le truc par les cheveux, tu tournes la situation en dérision, tu blâmes la victime — tu t’sens pas vraiment coupable, de toute façon, tu crois sincèrement qu’elle a exagéré et qu’tu l’as pas forcée à baiser. "t'as rien fait? donc t'étais pas en train de la baiser? c'était ton clone? genre c'est pas de ta faute si ta bite s'est retrouvée dans sa chatte?" "Fais gaffe, les poulets aiment pas c’langage." Que tu répliques en premier lieu en arquant un sourcil. "Mais si, j’l’ai baisée, j’ai pas dit l’contraire. Mais c’était chez elle, elle m’a invité, j’suis pas rentré par effraction pour aller la sauter pendant qu’elle dormait ou une connerie du genre." Non, t’es pas un prédateur toi, pas comme ça. "on en revient à ma question de départ, du coup, si ça t'dérange pas." Elle est sèche dans sa façon d’parler, tu l’sais qu’elle est pas contente d’être ici — tu peux pas vraiment la blâmer. "qu'est-ce t'as fait, putain? la meuf dit qu'elle t'a demandé d'arrêter, c'est vrai ou pas?" Tu la regardes. Te balances encore un peu sur ta chaise. "Nan c’pas vrai." Avant, arrière. Avant, arrière. Avant. Arrière. "Pas vraiment." Info cruciale balancée à la va-vite, comme si c’était si peu important. "et putain, c'quoi cet argument de merde? genre la police écoute plus les meufs que les mecs, mais t'es sérieux?" Tu hausses une nouvelle fois les épaules. "Bah ouais, quand vous débarquez avec vos longs cheveux en pagaille, vos yeux rouges et vos joues mouillées avec les traces de mascara ou j’sais pas quoi, l’décolleté en avant, gros boobs sous l’nez de l’officier, t’inquiète pas qu’il va écouter." Préjugés, machisme aigu. Même pas désolé, c’est ta façon de penser. "tu la connaissais déjà?" "Vite fait, c’était pas la première fois qu’on baisait, mais sans plus." C’était un plan cul ouais, meuf que t’as du voir six ou sept fois. Plus à quatre pattes que de face, en tout cas. "C’bon t’as fini avec tes questions? T’es d’leur côté ou du mien?" Que tu dis en désignant la porte derrière laquelle se trouve le reste du commissariat. Presque menaçant dans la voix, mais complètement ‘bat les couilles’ dans l’attitude. Toujours. "Pis t’façon, qu’est-ce que tu fous là? Si j’t’ai pas envoyé de texto ou qu’j’ai pas utilisé mon appel pour toi, c’est qu’y’a une raison." La raison étant qu’tu voulais pas la voir ici. Pas maintenant, ni jamais.

athéna aime pas quand ares est comme ça avec elle. quand on dirait qu'il prend un malin plaisir à l'énerver. encore moins quand il a des menottes aux poignées et qu'il risque de les garder pendant encore deux ans. ça l'amuse? on dirait. et c'est ça qui l'enrage le plus. l'attitude qu'il emploie alors qu'elle, elle essaie juste de comprendre pourquoi ils risquent d'être séparés pendant si longtemps. "Fais gaffe, les poulets aiment pas c’langage. Mais si, j’l’ai baisée, j’ai pas dit l’contraire. Mais c’était chez elle, elle m’a invité, j’suis pas rentré par effraction pour aller la sauter pendant qu’elle dormait ou une connerie du genre." athéna s'en fout, que les flics aiment pas le langage qu'elle utilise. et dans sa tête, elle s'dit qu'ares continue de minimiser. mais au moins, il admet enfin quelque chose. arrête de nier ou de rejeter la faute sur les autres pendant cinq secondes et ça l'arrange, à athéna. cela dit, il n'a toujours pas répondu à sa question, ce qu'elle lui fait savoir, parce qu'elle veut comprendre ce qu'il a fait, veut savoir la vérité. et y a que de sa bouche qu'elle veut l'entendre. "Nan c’pas vrai." ça la rassure, athéna veut le croire. "Pas vraiment." ses sourcils se froncent direct. ça veut rien dire ça. "soit elle t'a demandé d'arrêter, soit elle te l'a pas demandé, ares." y a pas de 'pas vraiment' qui tienne, en fait. en général, quand une meuf passe un bon moment, elle demande juste au gonze de ne pas s'arrêter. et juste après, athéna s'énerve contre lui par rapport à ses propos. d'où les flics croient plus les meufs? c'est faux. ils posent des questions de merde. "Bah ouais, quand vous débarquez avec vos longs cheveux en pagaille, vos yeux rouges et vos joues mouillées avec les traces de mascara ou j’sais pas quoi, l’décolleté en avant, gros boobs sous l’nez de l’officier, t’inquiète pas qu’il va écouter." sérieusement? athéna le fusille du regard. "t'es vraiment trop con, ares." ça part tout seul. elle a rien d'autre à ajouter là-dessus, parce que de toute façon, ares écoutera pas, campera sur sa position. le truc, c'est qu'elle est pas venue pour ça. elle est venue pour essayer de comprendre, c'est tout. alors elle s'demande si la meuf a une dent contre lui pour autre chose, tout est bon pour lui trouver des excuses. "Vite fait, c’était pas la première fois qu’on baisait, mais sans plus." et ares, on dirait qu'il a décidé de pas l'aider. qu'il a décidé que de toute façon, il allait rester là, alors à quoi bon s'expliquer? "C’bon t’as fini avec tes questions? T’es d’leur côté ou du mien?" il ose lui poser cette question? vraiment? elle est là, athéna. elle est là alors qu'elle a envie d'être folle de rage contre lui. elle est là alors que ce qu'il a fait la dégoute. et il remet en question sa loyauté? elle comprend pas, athéna. "j'essaie juste de comprendre, ares. tu m'demandes si j'suis de ton côté? t'es sérieux? j'te défends tout le temps. j'm'embrouille avec des potes pour ta gueule et tu m'poses cette question?" clairement, elle est dépassée. "Pis t’façon, qu’est-ce que tu fous là? Si j’t’ai pas envoyé de texto ou qu’j’ai pas utilisé mon appel pour toi, c’est qu’y’a une raison." pardon? athéna veut pas l'admettre, mais elle est blessée. elle fait tout pour le cacher, veut pas lui montrer que sa technique fonctionne. parce que c'est ce qu'il cherche à faire, non? la faire fuir? elle s'mord l'intérieur de la joue en le fixant. "tu veux pas me voir?" sa voix la trahit, putain. "donc si tu prends les deux ans que tu risques, on s'voit pas pendant deux ans?" c'est ça qu'il veut? "pourquoi tu m'agresses? c'est quoi ton problème? que t'assumes pas tes actes, c'est une chose, mais te venges pas sur moi." elle y est pour rien, elle, s'il a fait de la merde. s'il a pas voulu écouter cette meuf. non, c'est de sa faute à lui. sa faute s'ils vont être séparés.

Ouais, tu joues au con. T’y peux rien, t’es comme ça, elle va faire quoi? Ou alors t’es juste énervé et fatigué. Et p’têtre un peu emmerdé. Qu’elle soit là, qu’elle t’pose autant de questions. T’aimes pas la façon qu’elle a d’vouloir démêler l’histoire, le vrai du faux. Tu voudrais juste qu’elle soit d’ton côté, qu’elle cherche pas à comprendre, qu’elle te défende coûte que coûte. Mais là elle doute et ça te saoule. "soit elle t'a demandé d'arrêter, soit elle te l'a pas demandé, ares." Tu hausses les épaules. "t'es vraiment trop con, ares." Ouais, tu l’sais, c’est pas nouveau ça. "j'essaie juste de comprendre, ares. tu m'demandes si j'suis de ton côté? t'es sérieux? j'te défends tout le temps. j'm'embrouille avec des potes pour ta gueule et tu m'poses cette question?" "T’as pas l’air de me défendre là. Et en même temps, les potes, c’est pas la famille. Encore heureux que j’passe avant." Manquerait plus qu’ça t’sais. Dans tous les cas, tu lui as pas demandé d’être présente, te venir te voir. "tu veux pas me voir?" Sa voix tremble quand elle te fixe sans vaciller. "Non." Et c’est toi qui serres les dents. Tu sais que tu la touches en plein coeur. Et t’as pas envie d’lui faire mal, mais si c’est la solution pour qu’elle se tienne à l’écart de cette histoire, tu le feras. "donc si tu prends les deux ans que tu risques, on s'voit pas pendant deux ans?" "J’vais les prendre, les deux ans. Y’a pas de ‘si’." Ça, tu l’sais. Ça fait plusieurs jours qu’tu vois l’avocate commise d’office à ton cas et même elle, elle a pas solution miracle pour toi. "Y’a un droit d’visite en taule au pire." Tu sais pas vraiment en quelle quantité. Trente minutes? Une heure ? Par semaine? Tu sais pas, t’as jamais eu à savoir jusque là. "pourquoi tu m'agresses? c'est quoi ton problème? que t'assumes pas tes actes, c'est une chose, mais te venges pas sur moi." Tu roules des yeux, te lèves de ta chaise. Fais les cent-pas, chaînes des menottes qui s’entrechoquent. Et puis tu t’retournes à nouveau vers elle d’un coup, toujours séparés par la distance de la table en métal. "Qu’est-ce que tu veux que j’te dise, Athé ? Qu’on a baisé, qu’elle prenait son pied comme d’hab et que d’un coup elle a décidé que c’était plus l’cas? Qu’elle m’a dit stop et qu’j’lui ai dit d’la fermer ? Hein, dis-moi, qu’est-ce que tu veux savoir exactement ?" Le ton qui monte, agacé. Pas contre elle, non. Ni contre toi. Mais contre le monde entier. Parce que c’est jamais de ta faute, toujours celle des autres.

non seulement athéna ne comprend pas ce qu'ares a foutu, ou plutôt, ne veut pas comprendre, mais en plus elle ne comprend pas pourquoi il réagit comme ça. pourquoi on dirait qu'il lui en veut, pourquoi il l'envoie chier avec son attitude et ses mots secs. peut-être qu'elle lui pose trop de questions, mais faut bien, parce que sans ça, l'image qu'elle a de lui est détériorée. sans vraiment l'être. crâne divisé en deux camps: celui de la soeur qui est prête à tout accepter et celui de la féministe qui a envie de l'incendier. "T’as pas l’air de me défendre là. Et en même temps, les potes, c’est pas la famille. Encore heureux que j’passe avant." athéna secoue la tête, fatiguée. parler à un mur, c'est pas simple. on pourrait croire que si, mais quand y a pas de retour, au bout d'un moment, ça devient compliqué. "j'ai pas l'air de te défendre, parce que c'est toi devant moi. tu veux que j'te défende contre qui ici? j'le fais assez à l'extérieur pour avoir droit à des putain d'explications." comment ça se fait que c'est elle qui se justifie? à quel moment les rôles ont été inversés? c'est simple, la situation lui échappe, à athéna, mais c'est pas comme si elle avait été sous son contrôle à un moment. ça se voit encore plus quand ares a l'air de lui dire qu'il ne veut pas qu'elle soit là. qu'il veut pas la voir. alors elle pose la question, tente de faire bonne figure, mais ça marche pas. sa voix la trahit. "Non." et si elle croyait être blessée avant, c'est mille fois pire maintenant. y a une boule au fond de sa gorge, mais elle s'dit que ça va passer. ouais, tranquille, comme une lettre à la poste. il veut pas la voir. voudra pas la voir non plus s'il fait deux ans de prison? "J’vais les prendre, les deux ans. Y’a pas de ‘si’. Y’a un droit d’visite en taule au pire." au pire? wow. athéna a du mal à avaler, s'dit que la boule va disparaitre d'un moment à l'autre. que la douleur va s'atténuer, que bientôt, elle y fera plus attention. "mais pourquoi j'viendrais te voir si t'en as pas envie, ares?" parce que c'est bien ce qu'il vient de lui dire juste avant, non? qu'il voulait pas la voir? "j'veux forcer personne à rien, moi." peut-être que c'est pas le moment de balancer ce genre de pique, mais de toute façon, au point où ils en sont, ils sont plus à ça près. parce que doucement, à la douleur s'ajoute la colère. de se faire rejeter comme la dernière des connes, ça lui plait pas. elle veut comprendre pourquoi ares l'agresse, pourquoi il la repousse comme ça. et il se lève, commence à faire les cents pas dans la pièce, mais même pas elle le regarde. elle se contente juste de fixer la chaise qu'il a laissé vide. "Qu’est-ce que tu veux que j’te dise, Athé ? Qu’on a baisé, qu’elle prenait son pied comme d’hab et que d’un coup elle a décidé que c’était plus l’cas? Qu’elle m’a dit stop et qu’j’lui ai dit d’la fermer ? Hein, dis-moi, qu’est-ce que tu veux savoir exactement ?" ça fait un peu trop pour elle. mais au moins, maintenant, elle a eu ce qu'elle voulait, entendre sa version des faits par elle-même. "pourquoi tu l'as pas écouté? pourquoi tu t'es pas arrêté putain?!" ça l'énerve. non seulement pour la meuf, mais aussi pour lui. parce que maintenant, il est là, coincé, privé de liberté. "mais t'sais quoi? me réponds pas. on s'en fout, non? tu veux pas me voir, tu voulais pas me parler. c'pas grave." l'impression de parler toute seule, de penser tout haut, de faire sortir tout ce qui lui traverse l'esprit juste pour que la boule qu'elle a dans la gorge et celle qu'elle a dans son ventre aillent se faire foutre. "j'suis pas venue ici pour que tu me parles comme à une merde. j'suis pas venue ici pour me disputer avec toi. alors j'vais te laisser, puisque c'est ce que tu veux. et au pire, ce qu'on fera, c'est que j'te transmettrai des messages par ton avocate, comme ça, t'auras ce que tu veux. ouais, on va faire comme ça. y a pas de problèmes." c'est pas sincère, ça s'entend. des problèmes, là-dedans, y en a plein. mais la vérité, si ce qu'il veut, elle le fera. quitte à avoir envie de mourir pendant deux ans. elle a les yeux qui piquent, athéna, quand elle se lève de sa chaise. elle a pas envie de partir. et elle le regarde toujours pas, veut pas essayer de savoir ce qu'il pense en le regardant dans les yeux. elle a pas envie de se sentir rejetée encore une fois. et putain, la situation dans laquelle ils sont, athéna la vit pas, elle la subit.

"j'ai pas l'air de te défendre, parce que c'est toi devant moi. tu veux que j'te défende contre qui ici? j'le fais assez à l'extérieur pour avoir droit à des putain d'explications." Ouais. Elle est intelligente, Athéna. Plus intelligente que toi, déjà. Et c’est vrai, logiquement, elle devrait avoir le droit à des explications. Sauf que tu refuses. Parce que, mine de rien, même si tu t’sens pas tellement coupable toi, tu sais que pour elle, savoir la vérité, ça serait terrible. Que ça nuirait l’image qu’elle a de toi. Probablement à jamais. Et tu veux pas, ça. Tu veux pas qu’elle t’aime moins, tu veux pas qu’elle se dise que t’es un mec horrible. Même si tu l’es. Parce que tu l’seras jamais avec elle. Et c’est l’plus important ça, non? Tant qu’tu te comportes bien avec elle, on s’en fout de c’que tu fais aux autres, non? Sauf qu’t’es tellement con qu’tu préfères la repousser. Loin, très loin, le plus loin possible. Lui dis qu’tu veux pas la voir. Lui brises un peu le coeur, tu l’sais, tu l’ressens. "mais pourquoi j'viendrais te voir si t'en as pas envie, ares? j'veux forcer personne à rien, moi." Elle s’croit drôle peut-être? "Moi non plus." Qu’tu répliques, air de défi dans le regard. T’es innocent, putain. Tu peux pas avoir envie de niquer et une demi-seconde après ne plus en avoir envie. Elle est débile, c’te nana, celle qui a porté plainte contre toi. Mais finalement, tu commences à t’agacer. À lui balancer quelques détails de c’qui s’est vraiment passé. "pourquoi tu l'as pas écouté? pourquoi tu t'es pas arrêté putain?! mais t'sais quoi? me réponds pas. on s'en fout, non? tu veux pas me voir, tu voulais pas me parler. c'pas grave." Elle est blessée, ça y est, t’en es sûr. Elle parle pas comme ça d’habitude, Athé. Là, elle cherche à s’échapper. Dédramatiser la situation. "j'suis pas venue ici pour que tu me parles comme à une merde. j'suis pas venue ici pour me disputer avec toi. alors j'vais te laisser, puisque c'est ce que tu veux. et au pire, ce qu'on fera, c'est que j'te transmettrai des messages par ton avocate, comme ça, t'auras ce que tu veux. ouais, on va faire comme ça. y a pas de problèmes." Ton plein de sarcasme et d’ironie. Et toi, ça t’fait mal de la voir comme ça. Elle se lève de sa chaise, sans même t’adresser un regard. Alors que toi, tu la fixes. Intensément. Sans cligner des yeux. Et finalement, tu reprends la parole. "J’cherche pas à t’éloigner d’moi, Athé. J’suis pas un danger pour toi, j’le serai jamais. T’es la seule personne sur Terre que j’blesserai jamais. J’veux t’garder à l’écart de tout ça." Que tu dis, en faisant des gestes pour désigner tout c’qui se trouve autour de vous. "De la police, du procès, de la meuf qui m’accuse, de la prison. Tout ça, c’est pas pour toi, ça t’concerne pas, j’veux pas qu’t’y sois mêlée parce que j’veux pas qu’on puisse venir t’faire du mal pendant qu’j’suis pas là." Et pas être là, c’est l’cas de le dire. Deux ans, quoi. Parce que si des gens décident de s’venger de la nana — un grand frère par exemple, un mec, un père — et qu’ils apprennent qu’Athé est ta soeur et qu’elle te défend en plus de ça, ils risqueraient d’s’en prendre à elle directement. Tu veux éviter qu’elle soit un dommage collatéral.

y a pas à dire, mais si ares voulait lui faire mal, c'est réussi. elle a beau ne pas vouloir le lui montrer, ça marche pas. c'est surement pire avec l'accumulation des derniers jours. non seulement ares a 'peut-être' violé une meuf, mais en plus, il risque deux ans et pour finir il l'envoie chier? ouais, c'est trop. c'est trop et athéna, elle a envie de s'énerver, mais elle y arrive même pas. et en fait, elle comprend même pas pourquoi il cherche à lui faire du mal gratuitement comme ça, parce qu'ares, il sait très bien ce qu'il fait. il sait très bien qu'en lui balançant un 'non' aussi sec, il la blesse. que ça lui brise un peu - beaucoup - le coeur. "Moi non plus." il répond qu'à ça. pas au reste de sa phrase. ok. et juste après, il balance ce qui s'est passé. surement que c'est juste la version courte, mais elle suffit déjà. et si elle était pas déjà à terre, surement qu'elle s'insurgerait. mais la révolte dure pas. s'essouffle au bout de deux phrases. c'est plus à ça qu'elle pense. y a que le rejet qui raisonne dans son esprit et qui lui ronge le coeur. mais c'est pas grave. c'est rien. deux ans, c'est quoi? y a aucun intérêt à ce qu'elle soit là si ares n'a pas envie de la voir. elle le regarde même pas quand elle parle, athéna, le regarde pas quand elle se lève de sa chaise. elle en a pas envie, veut pas voir la froideur et si elle le regarde pas, peut-être qu'il verra pas qu'elle a envie de chialer. "J’cherche pas à t’éloigner d’moi, Athé. J’suis pas un danger pour toi, j’le serai jamais. T’es la seule personne sur Terre que j’blesserai jamais. J’veux t’garder à l’écart de tout ça." elle lève la tête vers lui quand il commence à parler, mâchoire crispée, le voit faire des gestes pour désigner la pièce. "De la police, du procès, de la meuf qui m’accuse, de la prison. Tout ça, c’est pas pour toi, ça t’concerne pas, j’veux pas qu’t’y sois mêlée parce que j’veux pas qu’on puisse venir t’faire du mal pendant qu’j’suis pas là." et ça calme un peu la boule qu'elle a dans la gorge. même si elle a toujours du mal à avaler, que ça bloque toujours. "moi, j'préfère que les autres me fassent du mal plutôt que toi." athéna veut pas que ce soit lui, qui la blesse. et en plus, ça veut rien dire, ça. "que j'vienne te voir ou non, tu restes quand même mon frère." donc qu'elle soit là ou pas, si quelqu'un veut faire un truc, il le fera. et honnêtement? elle s'en fout. elle comprend ce qu'il veut dire, elle comprend que c'est pour la 'préserver' ou une connerie dans le genre, mais ça va, athéna est assez grande pour prendre ses propres décisions. "mais tu peux pas me dire que tu veux pas me voir. ça s'fait pas, ares. on s'est déjà pas vus pendant un an une fois et c'est mort, ça arrivera pas une deuxième fois." certes, ils s'envoyaient des lettres, mais athéna, elle a plus treize piges. maintenant, elle fait ce qu'elle veut, elle peut se déplacer et comme il a dit, y a des parloirs en prison. "et m'dis pas que tu me blesseras jamais quand tu viens juste de le faire, c'est pas crédible." ça reste en travers de sa gorge, à athéna. même si elle se rassoit.  

Tu lui expliques, qu’tu cherches pas à l’éloigner de toi, juste de la situation de manière générale. Parce qu’Athé, c’est pas une criminelle. Elle mérite pas de connaître la prison, d’assister au procès, elle mérite pas de récolter les foudres des gens qui l’associent avec toi à cause de votre lien du sang. Parce que tu les connais, les habitants de Détroit. Tu sais qu’la plupart ne plaisantent pas quand il s’agit de vengeance. T’es pareil, toi. Alors c’est très probable qu’ils y en aient qui cherchent à la blesser elle, pendant tes deux ans de taule. Et tu veux pas toi, ça. Alors tu préfères qu’elle t’oublie, qu’elle parle de toi à personne, qu’elle fasse en sorte que personne ne sache — ou ne se souvienne — que c’est ta frangine pendant c’temps là. Histoire de lui éviter des soucis inutiles. "moi, j'préfère que les autres me fassent du mal plutôt que toi." Pas toi. Tu sais que tu brandiras jamais un couteau pour lui trancher la peau, tu lui foutras jamais ton poing dans la gueule, tu viendras jamais t’introduire chez elle en pleine nuit pour la violer. C’est d’ce genre de mal là, que tu parles. T’as du mal à concevoir et à comprendre le mal psychologique, toi. Quand tu parles de mal, c’est forcément physique. "que j'vienne te voir ou non, tu restes quand même mon frère."  Tu roules un peu des yeux. "Oui, j’sais. Mais faut pas qu’tu l’cries sur tous les toits à l’extérieur. Faut pas qu’quand les gens t’regardent, ils se disent "c’est la soeur kaiser". Tu comprends ?" T’espères que oui. T’espères qu’elle fera un effort. Pour sa propre sécurité. "mais tu peux pas me dire que tu veux pas me voir. ça s'fait pas, ares. on s'est déjà pas vus pendant un an une fois et c'est mort, ça arrivera pas une deuxième fois." Quand tu repenses à cette période de ta vie, t’as limite envie de refaire la même connerie qui t’y a mené — cette fois, en réussissant. C’était l’enfer, sans elle. "Je sais. J’le pensais pas, désolé." T’es sincère. "Mais si on vient t’faire du mal pendant que je suis pas là, ça sera ma faute. De pas avoir été là. Et j’veux pas qu’on en arrive là." Tu veux tuer personne, toi. Mais si t’apprends que quelqu’un a osé l’emmerder pendant ton temps d’emprisonnement, dans deux ans, tu vas pas hésiter à appuyer sur la gâchette. "et m'dis pas que tu me blesseras jamais quand tu viens juste de le faire, c'est pas crédible." Qu’elle balance en se rasseyant. "J’essayais d’te faire partir. Pour pas qu’on t’voit ici. T’es pas rationnelle dans ce genre de situation, c’était la solution que j’ai trouvé sur l’moment." T’es peut-être pas très intelligent, mais que veux-tu ? La vie t’a fait comme ça, tant pis pour toi. Alors toi aussi, tu finis par te rassoir face à elle, les avant-bras qui se posent sur la table, les mains liées. "J’suppose que si j’te dis de pas venir au procès tu m’écouteras pas?" Dernier espoir, quand même, qu’elle réfléchisse deux secondes aux risques qu’elle encourt. Puis t’as pas besoin d’elle, pendant le procès. Tu sais qu’tu vas être condamné, ton avocate a plutôt été claire là-dessus. Y’a pas vraiment d’chance que t’en sortes en homme libre.

deux ans. athéna veut pas réaliser. elle veut pas comprendre que pendant deux ans, elle va devoir voir son frère par intermittence. qu'elle pourra pas lui envoyer de messages quand elle en a envie, ni l'appeler ou tout simplement même le voir quand elle le veut? ouais, c'est le genre de trucs qu'athéna a du mal à accepter. encore plus quand elle vient le voir pour la première fois et qu'il l'envoie chier. encore plus quand la raison la révolte, mais qu'elle n'arrive pas vraiment à l'exprimer contre lui. et certes, apparemment, selon ares, il vient de l'envoyer chier pour une bonne raison, mais pour athé? ça fait toujours aucun sens. "Oui, j’sais. Mais faut pas qu’tu l’cries sur tous les toits à l’extérieur. Faut pas qu’quand les gens t’regardent, ils se disent "c’est la soeur kaiser". Tu comprends ?" athéna, elle hausse les épaules, parce que ouais, elle peut comprendre - faire semblant en tout cas. y a leurs darons qui disent assez de conneries impunément sur lui pour qu'athéna ait pas, en plus, envie de laisser les autres en faire autant. mais ok. peu importe. sauf que même avec ça, athéna n'accepte pas qu'il lui dise qu'il ne veut pas la voir. merde, il se souvient pas de la dernière fois? "Je sais. J’le pensais pas, désolé. Mais si on vient t’faire du mal pendant que je suis pas là, ça sera ma faute. De pas avoir été là. Et j’veux pas qu’on en arrive là." à partir du moment où ares lui dit qu'il le pensait pas et qu'il est désolé, ça va mieux. et elle se dit qu'il vaut peut-être mieux pas qu'elle lui parle de sa dernière altercation avec leur daron, du coup. ouais, vaut mieux qu'elle le garde pour elle. "j'ai compris, ares." qu'elle lâche en hochant la tête, même si c'est pas totalement vrai. c'est quand même pas un mensonge, parce qu'elle sait qu'il veut pas qu'il lui arrive quelque chose. ça, elle comprend, mais  les moyens qu'il a utilisé pour le faire? ouais, non, toujours pas. mais ça l'empêche pas de se rasseoir. athéna a pas envie de partir tant qu'on la force pas à le faire. "J’essayais d’te faire partir. Pour pas qu’on t’voit ici. T’es pas rationnelle dans ce genre de situation, c’était la solution que j’ai trouvé sur l’moment." athéna fronce les sourcils, elle, pas rationnelle? ares a beau être son frère, ça l'empêche pas d'être vraiment con parfois. à croire qu'il cherche à l'énerver sans même s'en rendre compte. heureusement qu'elle n'a pas envie de s'embrouiller avec lui, pas ici en tout cas. "t'sais qu'au pire, on m'a déjà vu entrer? donc c'est déjà trop tard. et la prochaine fois, au lieu d'être un connard, j'sais pas, exprime-toi? dis les choses au lieu de faire ton kaiser." parce que c'est vrai que chez eux, c'est toujours plus facile de s'envoyer chier plutôt que de discuter comme des gens normaux. chez eux, ça préfère les hurlements et les lancées de freesbee avec les assiettes, mais c'est pas une raison pour que lui et elle soient aussi cons que ça. "J’suppose que si j’te dis de pas venir au procès tu m’écouteras pas?" qu'il lui demande après s'être enfin de nouveau assis en face d'elle. et elle se mord la lèvre, athéna, parce qu'en fait, elle sait toujours pas. elle sait que ça va l'énerver, parce que même si elle le critique sur le fait qu'il fasse son kaiser débile par moment, elle sait être aussi conne que lui. c'est de famille. "je sais pas. j'ai envie d'être là, pour toi. mais d'un autre côté, j'ai pas envie, parce que..." elle va à la fois avoir envie de hurler, probablement, et avoir envie de chialer aussi. "j'suis pas sûre que ce soit une bonne idée." et surement qu'ares va être d'accord, vu comment il a posé la question, mais athéna, elle a pas envie qu'il prenne la décision à sa place. et de toute manière, il pourra pas. donc, elle décide de changer de sujet. "ah et j'ai commencé à chercher un appart." qu'elle lance, l'air de rien. les raisons sont multiples, mais en vrai, c'est surtout parce qu'elle commence à en avoir sérieusement ras le cul d'entendre leurs darons balancer de la merde à tout va comme si c'était normal. peut-être parce que leur père était à deux doigts de l'étrangler aussi, ouais, ça doit jouer. mais surtout, rester là-bas alors qu'ares est pas là? c'est pas possible.

Ouais, deux ans, ça va être long. C’est probablement pas assez long pour la meuf qui a porté plainte, mais c’est bien trop long quand t’es putain d’innocent. Bien trop long quand tu pourras pas voir ou toucher ta soeur comme bon te semble. Pas d’contact physique pendant les visites en taule. Ça, tu l’sais. En tout cas, tu veux qu’elle fasse profil bas là-bas dehors, tu veux qu’elle se fasse un peu oublier pour pas qu’on lui cherche la merde d’une quelconque manière. Puis finalement, tu t’excuses. Tu l’fais quasiment jamais. Y’a qu’avec elle qu’le ‘désolé’ arrive à sortir en cas de nécessité. T’as cherché à la blesser pour la faire fuir. Et ça a presque marché, putain. Sauf que t’as pas su la laisser partir quand elle était prête à le faire. Tu voulais pas qu’elle garde cette dernière image de toi. Toi qui lui dis qu’tu veux pas la voir. Toi qui joues au gros connard. T’as pas besoin de porter un masque devant elle, tu l’sais ; et pourtant, t’as tendance à l’oublier. Trop habitué à le faire avec tous les gens du quartier. "t'sais qu'au pire, on m'a déjà vu entrer? donc c'est déjà trop tard. et la prochaine fois, au lieu d'être un connard, j'sais pas, exprime-toi? dis les choses au lieu de faire ton kaiser." Faire ton Kaiser. Ouais, c’est une bonne expression ça. Au moins, on comprend direct ce qu’elle veut dire. "Ouais, j’sais." T’as déjà dit que t’étais désolé. Tu vas pas recommencer, faut pas pousser.

Tu t’aventures quand même à évoquer le procès. T’as pas franchement envie qu’elle vienne. Pas envie qu’elle soit témoin d’ça, pas envie que les autres personnes présentes la voient. Pas envie qu’elle te regarde témoigner, pas envie qu’elle regarde l’autre meuf témoigner surtout. Pas envie qu’tout ça change sa façon d’penser. "je sais pas. j'ai envie d'être là, pour toi. mais d'un autre côté, j'ai pas envie, parce que..." T’attends qu’elle finisse sa phrase. Déjà, t’es surpris. T’étais persuadé qu’elle aurait insisté pour venir et qu’une autre bagarre aurait éclaté. "j'suis pas sûre que ce soit une bonne idée." Tu hoches donc la tête. "J’suis d’accord, ouais." Au moins, pas d’bagarre. Pas de larmes.

Et Athéna, elle change abruptement le sujet de conversation. "ah et j'ai commencé à chercher un appart." Tu fronces les sourcils. "Hein? Pourquoi?" Tu comprends pas trop, là. C’est trop soudain pour ne pas paraître suspect à tes yeux. Tu vas pas la blâmer d’vouloir échapper à la débilité de vos darons tarés, mais quand même. "Tu vas aller où? T’as assez de thunes pour t’en sortir? Fais pas n’importe quoi Athéna. Et puis, pourquoi tu veux partir maintenant ? D’un coup? Il s’est passé un truc pendant qu’j’étais pas là?" Ça fait qu’deux jours. Mais chez les Kaiser, il peut s’passer un tas d’trucs en deux pauvres p’tits jours. Tu l’sais mieux que personne.

si athéna avait dû partir maintenant, avec comme derniers propos d'ares qu'il veut pas la voir coincés dans la tête? elle préfère pas imaginer ce que ça aurait donné. tout le monde peut la jeter,  elle s'en fout. mais pas ares. lui, il est pas censé lui dire ça. il est pas censé ne pas avoir envie de la voir. parce que si elle devait se contenter d'une seule personne sur terre, ce serait lui. les autres, elle s'en fout. c'est simple. alors athéna râle, même si elle a déjà accepté ses excuses. si ares veut la faire partir, qu'il lui donne au moins une bonne raison, mais qu'il le fasse pas en jouant au connard de base. ça, non. "Ouais, j’sais." tant mieux. qu'il l'imprime une bonne fois pour toutes dans son crâne. d'ailleurs, y a pas que ça qu'il devrait imprimer, mais putain, athéna, elle a pas envie de s'embrouiller avec lui et elle a l'impression que quoi qu'elle lui dise, de toute façon, il restera campé sur sa position. lui, avec cette meuf, il a rien fait de mal. et quand ils parlent du procès, athéna, elle lui dit qu'elle hésite. bagarre entre la révolte et l'indignation. bagarre entre l'envie de dire à ares qu'il a fait de la merde et l'envie de le défendre jusqu'à prouver une innocence qui n'existe pas vraiment. ouais, il pensait surement pas à mal - pensait surement pas tout court, mais le fait est que la meuf, elle est quand même en droit d'avoir sa propre opinion aussi. putain, même dans sa tête, c'est le bordel. "J’suis d’accord, ouais." athéna ne lui dit pas qu'elle a encore le temps de changer d'avis. elle lui dit pas qu'elle sera peut-être là. elle sait très bien qu'ares va vouloir batailler. qu'il va lui dire non, qu'il se remettra même peut-être à jouer au con et elle a pas envie, athéna. ils ont pas le temps. alors elle change de sujet, prend son attention et l'amène sur autre chose. même si en deux secondes, elle se rend compte que ce n'était peut-être pas la meilleure idée qui soit. "Hein? Pourquoi?" ouais, elle aurait dû se douter qu'il allait vouloir savoir pourquoi. mais en vrai, les raisons, elles sont faciles à trouver, non? "Tu vas aller où? T’as assez de thunes pour t’en sortir? Fais pas n’importe quoi Athéna. Et puis, pourquoi tu veux partir maintenant ? D’un coup? Il s’est passé un truc pendant qu’j’étais pas là?" "calme-toi, ares" qu'elle dit d'abord, parce qu'elle l'entend, à son flot de questions, qu'il est inquiet tout d'un coup. comme quoi, elle aurait mieux fait de trouver un autre sujet de conversation. athéna peut pas lui dire la vérité, parce qu'elle sait qu'il va s'énerver. mais elle est la première à dire qu'ils doivent pas se mentir. donc, un mensonge par omission, c'est la clé. ouais, c'est un mensonge quand même, mais ça vaut mieux. "il s'est rien passé." propos accompagnés d'un haussement d'épaules, mais ça s'entend que c'est pas vrai. mais elle a jamais vraiment su lui mentir, de toute façon. "enfin, j'me suis embrouillée avec le géniteur te concernant. et bref, en gros, j'reste pas là-bas. pas sans toi. c'est juste pas possible." que leurs parents aillent se faire foutre et décèdent au plus vite, merci bien. "j'vais aller à krainz woods. et t'inquiètes, j'sais me débrouiller." ça fait un bail qu'elle a commencé à taffer et elle est suffisamment maline pour avoir mis de côté pour le jour où elle chercherait un truc. précisément parce qu'elle peut pas les sacquer, leurs parents. "genre sérieux, t'en fais pas, ares." qu'elle ajoute pour appuyer ses propos précédents en le regardant dans les yeux. parce qu'elle s'inquiète pas, elle, elle sait qu'elle sera mieux toute seule plutôt que dans la demeure familiale, c'est sûr.

Rapidement, le sujet de ton incarcération imminente et du procès meurent. Tant mieux. Tu veux pas nécessairement en parler. Tu t’crois innocent mais la loi va très certainement te reconnaître coupable. Et Athéna, tu la connais. Elle est sûrement partagée. Elle te connait assez pour ne pas être surprise que tu sois face à une possible peine de prison, même si ça la fait chier. Avec toutes les conneries que tu fais, c’est pas surprenant, en soit. Mais justement, avec toutes les conneries que tu fais, elle doit douter de ton innocence. Et même si t’aimerais qu’elle soit totalement de ton côté, tu peux pas la blâmer d’être intelligente. Plus que toi, déjà.

Alors vous changez de sujet.
Comment ça, elle compte prendre un appart? Se barrer de chez papa et maman? Avec quel argent? Quand? Comment? Pourquoi? Ouais, trop de questions qui t’assaillent.  "calme-toi, ares" Mais t’as b’soin de savoir. Parce que tu soupçonnes qu’il y ait anguille sous roche, là. Trop soudain pour qu’ce soit prémédité. Y’a du avoir un élément déclencheur. Et c’est probablement pas ton arrestation. Elle t’annonce ça comme si c’était une décision qu’elle avait déjà pris avant de te voir aujourd’hui. "il s'est rien passé." "pourquoi tu mens?" Pas d’mensonges entre vous, on a dit. T’es p’têtre pas un bon exemple pour cette pratique, mais ouais, elle est plus intelligente que toi — et vous savez tous les deux qu’elle sait pas très bien mentir, Athéna. Pas face à toi, du moins. "enfin, j'me suis embrouillée avec le géniteur te concernant. et bref, en gros, j'reste pas là-bas. pas sans toi. c'est juste pas possible." Tu fronces les sourcils. Pas vraiment rassuré. Pas surpris non plus, en vérité. "j'vais aller à krainz woods. et t'inquiètes, j'sais me débrouiller. genre sérieux, t'en fais pas, ares." Elle te regarde dans les yeux, mais t’es pas convaincu, toi. "Il s’est passé quoi, Athé? Dis-moi. Arrête de mytho. Ou d’cacher la vérité. J’sais qu’y’a un truc que tu me dis pas. Y’a quelque chose qui colle pas dans ton histoire. C’était quoi l’embrouille? Il a dit quoi?" Ou plutôt ‘il a fait quoi?’ Parce que vos parents sont pas connus pour être les plus doux ou les plus tolérants. Alors tu veux qu’elle te dise. Et sans édulcorer la chose. Sincèrement, sans artifice.