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 gambling money is gambling blood (pv Deandre)

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MessageSujet: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptySam 16 Nov - 21:45

Le petit appartement de la abuela, c’est un îlot de chaleur dans le novembre de Détroit. Elle vient de Mahahual, la vieille, le Sud du Mexique, et tout ce qu’elle touche ravive les couleurs éclatées de Quintana Roo. Céramique jaune, tapis bariolés, murs vert et brique. Los Paraguayos chantent tout bas dans les haut-parleurs de la radio, celle posée sur le buffet ; la abuela, elle fait ça dans les règles de l’art, même les quesadillas - il faut de la viande, Isaàc, de la viande !

« Y’a plus de viande.
- Il en faut.
- T’as du poisson dans le congélo, on peut mettre ça. »

Ares n'a même pas le temps d’ouvrir la porte - la vieille dame se jette sur lui, indignée, en criant un NO ! strident qui lui fait plisser un oeil.

« No, no ! Carrrrne, Isaàc. »

Il ne s’en sortira pas, de celle-là. Tranquillement, il s’éloigne du réfrigérateur en levant les mains devant lui pendant que la mexicaine continue de le menacer avec sa spatule. Ok, ok, je vais aller en acheter. Elle se calme en bougonnant, se retourne vers son comptoir avec un petit sourire. Sacré caractère, la bonne femme. Et pendant qu’Ares est adossé au mur pour enfiler ses bottes, elle se met à chanter en dodelinant de la tête.

Qué bonitos ojos tienes...

Ça caille. Ares fait le tour du bâtiment pour rejoindre la rue principale, celle qui relie les deux quartiers, Mexicantown et North End. Parce qu’ils sont à la lisière, ici. Parce qu’Ares a pas envie d’aller se foutre dans la rue commerçante de son arrondissement pour des raisons évidentes. Va se faire déranger. Interpeller. Détourner.

Ses semelles lourdes adhèrent moyennement à la couche raboteuse de givre qui s’est formé par-dessus les graviers. Il marche, la tête baissée, le bas de la mâchoire dans son col, la capuche rabattu, file juste, en fait, fait l’ombre dans le jour qui meurt de plus en plus rapidement, à ce temps-ci de l’année. Et on le remarque pas. On se pousse même pas du trottoir pour le laisser passer. C’est lui qui contourne, jette des regards de temps à autre pour localiser la boucherie. Il sait que c’est pas loin. Flanquée entre l’intersection avec le feu de signalisation grillé depuis 3 semaines et que la ville a pas encore été foutu de réparer, et le drugstore ouvert H24. Là, il passe sous le néon en croix vert fluo, et pousse la porte de la boutique quelques enjambées plus loin.

Ares se décale d’un pas pour laisser le seul autre client filer, retire sa capuche avec deux mains prudentes, ralentit, est figé - figé par ce qu’il voit, ou alors figé par qui le voit. Il n'a pas encore lâché les plis du tissu, tient ses coudes à même hauteur. La porte s’est refermée, gentiment, comme pour l’inciter à avancer.

Merde.

Inutile d’acter l’innocence ; Ares a depuis fort longtemps abandonné l’idée d’offrir un spectacle de simagrés comme tous les jeunes du quartier ont appris à la faire, les non, c’était pas moi, vous devez me confondre M. l’agent, Julio c’est mon frère, moi c’est Julie. C’est ça. Parce qu’avec sa gueule, difficile de faire passer le blâme sur quelqu’un d’autre. Ou de faire comme si ses opposants pouvaient avoir de potentiels soucis de mémoires. Non, lui, sa tronche, elle s’oublie pas.

Une onde prudente traverse son regard - ses bras retombent, puis il avance, sent son torse qui enfle sous une respiration profonde. Ce sur quoi ses yeux tombent, surtout, c’est sur l’énorme couteau de boucher que Deandre tient entre ses doigts. Pas qu’il se fasse de mauvais scénars, mais quand même, il a plus d’instinct qu’un porc à l’abattoir, faut pas croire.

« Non, Marco ! J’veux pas de ce putain de gamin ici !
- Calme-toi, merde.
- Marco ! La dernière fois, ce sale petit con m’a plumé - c’est un tricheur, je le sais, un putain de tricheur.
- Faut être fair-play. J’y peux rien si t’es nul. Et y’a Byron, ce soir. On lui fera une passe. Il est venu avec un ami à lui. Tu vas te refaire, Dan, tu vas te refaire. »

Isaàc ne regarde aucun des deux hommes - c’est la table derrière, qu’il fixe. Les jetons, entassés en piles égales sous la lampe industrielle qui plonge le rond de jeu dans une lumière tamisée. Les cartes. Les deux nouveaux, qui attendent. Qui les entendent pas, d’ici. Et y’a ce mec, surtout, le grand afro-américain bagué comme un hooligan. Difficile de savoir ce qui ondoie sur le visage d’Ares, dans l’ombre - un intérêt, peut-être, couplé d’un frisson immobile, celui qui le prend avant une victoire. Il va se le faire, celui-là.


Il est grand. Le plancher, derrière le comptoir : il est peut-être surélevé. Ou alors, Ares a sous estimé la grandeur du type, parce qu’il avait le cul assis sur une chaise pendant toute la soirée de poker. La soirée où il lui a fait les poches encore plus cruellement qu’un voleur, bien au vu et au su de tous. Juste en détachant négligemment quelques cartes de sa main, en laissant fuir, d’un ton égal : carré.

Sauf que là, il ferme bien sa gueule. Il avance juste lentement, le regarde en chiens de faïence.

Il va lui faire bouffer son poisson, à la abuela.
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Deandre Parker
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Feuille de personnage
gambling money is gambling blood (pv Deandre) 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
DEDEEEE, il est où dédé ???
bolossage du staff : gambling money is gambling blood (pv Deandre) Original
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crédits : miserunt (av) + vocivus (icons) + pinterest (img)
but i am not hercules,
not even a distant relative.

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avatar : Dimitri Simms (Meechy Darko)
âge : Vingt-huit ans.
statut : Désillusionné.
quartier : MexicanTown. Les trois verrous de la porte sont plus dissuasifs que le dobermann de Dom.
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptyDim 17 Nov - 20:50

La main s’abat, la tranche tombe. Les yeux suivent, luisants d’intérêt. Le petit Jamaal s’est inconsciemment hissé sur la pointe des pieds, le poing refermé sur l’Hamilton qu’il suffoque. En arrière-boutique, Byron ne sent pas que l’argent manque d’air. Il exhale précipitamment, au contraire, motivé par son prochain coup.

Deandre ne se souvient pas exactement de ce qu’il a entendu tout à l’heure. Une histoire de combat de coqs dans un terrain vague à Delray, peut-être. Ou alors du trafic d’armes dans la moiteur de son salon, sous les yeux excédés de sa pauvre mère. Quelque chose qui rapporte vite, en tout cas. Parce que Byron, il a besoin de fric. Il a presque tout perdu, récemment.

Comme Deandre.

La main s’abat, la tranche tombe. Le sang s’épanche un peu sur le papier qu’il utilise pour emballer la viande. Il tend au gosse qui met du temps à réagir, toujours focalisé sur le grand couteau. Les enfants aiment les armes, en général. Les jouets en plastique sont moins attirants qu’un véritable carnage. À Detroit, ils se désensibilisent jeunes. Certains sont arrosés par la violence, d’autres s’en abreuvent pour grandir.

Mais d’où qu’il vienne, un gamin pleure quand même lorsqu’il se coupe.

Le cure-dent qu’il triture du bout de la langue le pique en même temps que le rire de Byron. Deandre tourne la tête, fouille l’arrière-boutique des yeux. L’autre est invisible, retranché dans l’obscurité. Il va s’affoler comme une blatte surprise par la lumière lorsque son père rentrera de l’abattoir, prétendra qu’il bosse. Il remuera surtout la poussière, comblera le vide, perdra le temps. Deandre va devoir le punaiser à sa place s’il veut prendre sa pause du soir, la clope pendue aux lèvres, la fumée montée au Paradis.

Jamaal prend, tend l’argent. Hamilton est défroissé avant d’être encaissé, tandis que le gosse traînasse dans l’espoir d’attraper un dernier geste. La main s’abat, la tranche tombe. Il se détourne, emporte enfin la chair et le souvenir de sa découpe.

La petite clochette s’est étranglée la semaine dernière. Depuis, c’est la bourrasque qui hurle pour annoncer le prochain client. Deandre fait rouler le cure-dent sur sa langue - de la nicotine, vite - et lève les yeux pour jauger ce que le vent amène.

C’est un portrait de Francis Bacon.

D’ailleurs, il est figé comme une peinture.

Le cure-dent pointe vers le bas, remonte en flèche sous l’inflexion d’une dent dure. Le fils de pute.

Le fils de pute de l’autre côté de la table. Le fils de pute au geste nonchalant, au regard intelligent. Le fils de pute qui a gagné, une fois, deux fois, combien de fois ?

C’est lui qui devait gagner. Il avait l’habitude, adolescent - sous-sol de Terrence, garçons survoltés, mise raflée, rires gras. Prises de tête et mauvais perdants, gains inespérés et débats interminables. C’est ce qu’il cherchait, l’autre soir. Retrouver la saveur des vieilles victoires, du passé. Il n’a goûté qu’à une défaite aigre, âcre. Le rappel a été violent. Il est à Detroit. Les prédateurs abondent. Et il peut tout perdre, vite.

La main s’abat, la tranche tombe. Deandre hausse un sourcil, l’autre avance. Son nom lui échappe, mais il a pas mal de remplacements en tête - et quelques autres pour qualifier sa mère, aussi.

Ici, c’est chez lui. Son jeu, ses règles. Il l’ignore le temps de nettoyer le couteau avec un torchon blanc. Il sent bien qu’il est regardé, relève un oeil couvé d’une paupière lourde.

« Alors… »

Toujours soigneux. La lame brille mais il insiste, frotte encore. Sa moquerie se reflète dans le tranchant.

« Tu comptes me payer avec mon propre fric ? »

Les poches du type doivent déborder de ses billets et de ceux de Byron. Sauf que Byron, ça le dérange pas. Il en rit encore. Ses victoires et ses échecs sont une source inépuisable d’amusement. Deandre, lui, s’abreuve à la rancoeur. Un spectre lui répétait souvent qu’il est trop susceptible.

Le couteau est reposé sur le comptoir. Appui sur un coude, menton au creux du poing. Il fixe comme pour lancer un défi - oublie son précieux professionnalisme, sa façade lisse.

« Plutôt entrecôte, poitrine ou… ? » et il désigne du bout du doigt la gueule déchiquetée. La menace voilée trempe dans la raillerie. Au fond de lui, ça bout, saumâtre. Il l’a de travers et il en a conscience. Ne sait pas exactement ce qu’il va faire et réfléchit encore, partagé par une envie de violence moins millimétrée que ses tranches.
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptyMer 20 Nov - 18:05

Ares est une Défense, tout un pan de mur qui tient là, par habitude - et s’il a frémit, le visage en surface aquatique où la lourdeur de Déandre a jeté une pierre, il se glace désormais. Alors… alors il jette un lent coup d’oeil à la lame maniée et nettoyée avec une insistance arrogante, revient sur le visage, avise l’esprit gredin qui s’y camoufle.

Tu comptes me payer avec mon propre fric ?

C’est en silence qu’il se braque, dans l’inertie qu’il lui parle d’émeute. Quelque chose luie tranquillement sur le coin de sa rétine, à peine moqueur, légèrement protestataire ; mauvais perdant.

« C’est plus ton fric » quand tu le mise, quand tu le met sur la table, quand tu me laisse le prendre. Ça claque, égal. Encore un peu méfiant. Mais Ares a tourné la tête, cette fois, et lui fait face entièrement. Il a même relevé le menton, très légèrement, pris d’apesenteur alors que le sentiment euphorisant de la victoire vient à nouveau lui chatouiller les fils d’argent dans la poitrine. Une gueule de petit con, qu’on penserait peut-être de lui, si seulement sa gueule n’était pas comme elle est. Si on la regardait, vraiment.

Mais ça ne semble pas déstabiliser le boucher. Ni maintenant, ni l’autre soir. Et si Ares n’aime pas les regards qui fuient, se détournent trop vite de lui avec malaise, avec haut-le-coeur, il déteste encore plus être fixé sans gêne - ça lui pique la peau. Il inspire, se creuse. L’air est trop chaud.

Plutôt entrecôte, poitrine ou… ?

Va chier.

Ares a les paupières qui s’abaissent, le menton qui se lève encore, un peu. À la longue, ça fait beaucoup. Beaucoup pour se hisser dans l’espace que Déandre habite, plus électrique. La cicatrice qui coule sous son menton respire.

« Épaule. »

Là, il s’est avancé vers la vitre, sur le flanc de la bête qui garde l’endroit. Et d’un oeil rusé, il le tient en joue. Épaule, c’est ce qu’il est venu acheter. Mais épaule, juste à cause du ton, de la voix qui râpe, des lèvres qui se détachent avec une presqu’insolence, avec la langue qui va toucher le palais très lentement, une fois, épaule, c’est comme s’il le cherchait. Délibérément.

Ares se vautre dans le silence pesant. Fixe l’autre homme.

« … C’est ce que tu devrais regarder, quand tu joues. Les épaules. Et puis les bras, et les mains. Pas les visages. Quand les autres joueurs hésitent, ça se lit beaucoup mieux dans leurs gestes. Pas dans leurs yeux. »

Mais ça le regarde encore. Parce que quelque part, il y a toujours quelque chose à retirer des pupilles. Quand tu te bats, tu regardes le visage - ça, Ares le sait. Et c’est l’erreur qu’il a trop fait. C’est pas clair, le pourquoi du comment il lui offre un conseil ; pour calmer le jeu, ou pour se foutre un peu plus de sa gueule de novice ?

Un plie léger se déforme entre ses lèvres. Il sourit, baisse le menton, tourne la tête vers les présentoirs. La tiédeur stagnante de la bâtisse pèse sur ses cils.

« Marco, il aimerait bien que Byron et toi vous reveniez jouer un de ces quatres. »

D’accord ; ça, c’était une pique. Le rictus grandit d’ailleurs, à moitié dissimulé dans le col de la veste en cuir où Ares se réfugie, railleur, calme, complice. C’est bon, là. Il va pas lui faire le coup du cabri susceptible qui bondit par-dessus le comptoir avec son cimeterre. Le Salvadorien fait mine de lire les petites étiquettes derrière la vitre.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptySam 23 Nov - 18:07

« C’est plus ton fric. » L’étincelle brille tout à coup au centre de la prunelle, s’empresse d’embraser tout le regard. C’est le genre de lueur impatiente qui chancelle dans les yeux d’un animal qui hésite à charger, piqué par la mauvaise mouche, poussé par l’instinct. Ses narines se dilatent sur un outrage qu’il dissipe finalement en même temps que l’air accumulé dans ses poumons, se contentant de fixer la chair cicatrisée avec insistance. L’autre la dévoile en relevant le menton, presque un défi - vas-y, regarde ma jugulaire, quelqu'un a déjà tenté de l’arracher - et lui il décide de hausser les épaules, d’infuser sa voix de nonchalance : « Pour le moment. » Pour le moment, je rouvre pas la chair meurtrie.

Il la pointe du doigt, cette viande mal recousue. Comme s’il fallait rappeler sa présence. C’est pas le genre de chose qui le choque - il faudrait vraiment qu’une gueule cassée s’extirpe d’une photo d’époque pour qu’il grimace, trop habitué aux carcasses et peaux écorchées. Cette cicatrice, elle a pas été taillée par un couteau. Elle est trop irrégulière, trop erratique, sauvagerie barbare jetée au cou, suspendue à ce dernier. Il y a sûrement une histoire cachée entre les plis de chair affadie, mais elle ne l’intéresse pas. Pour le moment.

Son index retombe au moment où l’épaule est évoquée. Deandre a toujours le menton au creux de la main. Sa posture ne correspond pas à la tension lovée dans son corps. Il a la sensation de pouvoir happer au moindre moment, une détente soudaine et une insolence écrasée au creux du poing l’instant suivant. Épaule, qu’il dit. Sa lèvre se retrousse sur un rictus - c’est toujours hideux, lorsque c’est pas sincère, sur sa gueule - et il lâche, insolent aussi, ton sur ton : « Ouais. Fallait se douter que les morceaux nobles, ça te convient pas. »

Deandre se redresse. Il s’humecte les lèvres, pose deux doigts sur le manche du couteau comme s’il était sûr de devoir l’utiliser. Cette fois il infantilise, sourire en place, faussement cordial : « Tu sais la désosser ou je dois le faire pour toi ? »

Le silence retombe, rebondit. Il y a toujours une vibration dans la boucherie. Un ronronnement de frigidaire, de néon, de Byron - une bête vivante, une chimère imaginaire qui hume et ronfle, claque des dents en même temps que la grille qui tombe pour signaler la fermeture.

La fermeture, il en rêve, tout comme il rêve de tabac et de son fric perdu.

« … C’est ce que tu devrais regarder, quand tu joues. Les épaules. Et puis les bras, et les mains. Pas les visages. Quand les autres joueurs hésitent, ça se lit beaucoup mieux dans leurs gestes. Pas dans leurs yeux. »

Il ne s'attendait pas à celle-là. Deandre cille, soupèse le conseil injurieux. Il en veut à l’autre d’évoquer ses mains. Comme si elles avaient pu le trahir, alors qu’elles ont toujours manié, fendu, découpé, frappé pour lui. Il fait plus confiance à ses doigts qu’à sa tête, ne se prononce pas sur ses épaules. Et puis il y a cette pétulance enfantine qui le pousse à déprécier les propos du vainqueur. Je ferai rien de ce que t’as dit, la prochaine fois, et je t’aurai quand même  - mais il n’y aura pas de prochaine fois, pas question.

Quoique.

« Tu comptes me donner des cours ? »

Le cure-dent roule sur sa langue, les doigts tapotent le manche. Devant lui ça sourit, subreptice mais pas vraiment. Le menton tombe, les lèvres montent. Une moue anticipatrice vient tordre sa propre bouche. Il attend ce qui l’amuse.

« Marco, il aimerait bien que Byron et toi vous reveniez jouer un de ces quatres. »

Deandre hausse un sourcil. Il fixe son interlocuteur, parfaitement sérieux, et puis, tac au tac :

« T’es sûr qu’il a pas plutôt envie de m’enculer ? »

Il faut beaucoup de conviction pour ne pas fendre sa façade et sourire, voire rire, mais il se retient, force un air inquiet. C’est Byron qui ricane pour lui, précédé sur les lieux du crime par son esclaffement incrédule.

« Putain Dre, qu’est-c’tu viens d’dire ? Tu parles à qui ? »

Il se présente enfin, l’homme qui a les meilleures idées du monde. Téléphone dans la main, nonchalance sur les lèvres. Il reconnaît leur joueur de poker préféré après un instant de scrutation surprise, sourit comme prédit. La vie est une blague dont il ne connaît pas la chute.

« Ah mais merde tiens ! C’est pas toi le type de l’aut'jour ? C’est quoi ton nom ? »
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptyLun 9 Déc - 22:17

Brûlés dans le blanc cru des néons, les yeux fixes d'Ares font regarde, je t'écoute soliloquer. C'est pas de la patience, ou du désintérêt, mais quelque chose de plus égal, flottant. Déandre a un loup logé dans les épaules, Ares le sent - son loup a lui, il n'est jamais remonté de son ventre. C'est là qu'il fait de la défiance une tanière étroite, d'où il pourrait jaillir, si ça devenait insupportable, ou demeurer, car c'est confortable.

Très lentement, il s’est déplacé. Son reflet brouillé s’est agrandi dans le verre arrondi des présentoirs - Tu comptes me donner des cours ? Ses paupières, elles s’allègent. Il ne dit rien. S’approprie seulement de plus en plus l’espace, joue dans les marges.

« T’es sûr qu’il a pas plutôt envie de m’enculer ? »

C’est trop cru, trop rapide pour qu’Ares y échappe ; alors ça relève les yeux, brièvement, et cesse de faire mine de s’intéresser aux côtelettes d’agneau. Sur la bouche, le rictus tacite s'est figé, celui qui confirme sans rien ajouter. T’es pas con, t’as juste trop de feu dans la tête.

Y’a un rire de pie qui déboule de l’arrière-boutique. Le Salvadorien se redresse prestement, une épaule, là, mimant la ficelle que l’on tend, puis l’arrière du crâne subissant le rebond de l’air. Il s’était détendu, avait épousé l’élan félin de Déandre.

Byron.

Isaàc, on oublie facilement son nom, c’est vrai. C’est le bas de son visage qui claque, alors dans la bouche des autres, ça le baptise sale gueule, la plupart du temps. Byron, c’est ce qu’il a pensé, sale gueule, la première fois qu’ils se sont vus : Ares sait. Il sait, parce que le mec s’est fendu d’un sourire hilare en lui dévissant la mâchoire des yeux. Ça se moquait pas vraiment, ça s’illuminait juste. Wow, la sale gueule. C’était étrange. Ce l’est encore. Cette façon trop familière de l’aborder, de le mater comme s’il était une blague, une bonne blague.

Il ouvre la bouche, à peine, et sans bouger les lèvres, glisse un « Ares » humide. Ça s’accompagne même d’un léger mouvement de la tête, celui qui part par en arrière, celui que tous les jeunes du quartier accentuent au maximum ; plus ça a de ballant, plus ça cherche l’effet. Bang. Recule de la tête-canon crachant les mots-balles. Dans les nuits de novembre, ça fait même de la fumée.

Mais chez Ares, c’est discret, presque inexistant. De toute façon, ce sont pas des nuances que Byron remarque. Il remarque rien. Et c’est pour ça qu’il se fait laver au poker.

« A-res ! » qu’il répète, les sourcils froncés, le sourire immense, la tête qui hoche, comme agréablement surpris. A-res, mais oui, A-res. Il rit même, un coup. Deux souffles. Bang bang.

Le Salvadorien contracte la mâchoire.

« Tu viens nous proposer une revanche ? »

Joie d’enfant.

« Je viens acheter une épaule. »

Au fond d’un puits.

« … sur laquelle pleurer ? »

Désert d’applaudissements.

Byron éclate de rire, les yeux soudain exorbités sous le vent de fierté qui lui met un énorme soufflet au visage. Ares l’observe s’appuyer dans le dos de Déandre, parce que c’est lourd, toute cette sagacité d’esprit. Puis il regarde Déandre, juste. Compatis avec lui ou le nargue, faut voir. En tout cas, il a retrouvé son petit sourire. Le truc de son patron, c’est légèrement contagieux. Là, il ne regarde que lui. Reprend où ils ont été interrompus, oblitère ses allégations envers Marco.

« Ouais, tu peux la désosser. »

Si c’est pas une porte de sortie qu’il lui offre là, Ares ne sait pas ce que c’est.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptyJeu 12 Déc - 16:51

Byron méritait de perdre. Il mériterait même de perdre plus encore. D’être abattu, mis sur le flanc. La gorge découverte, les entrailles fumantes. Certaines personnes apprennent lorsqu’elles sont adossées au mur. D’autres doivent être ouvertes, fouillées, jusqu’à ce que le doigt tripote un nerf, le fasse chanter. Byron n’a jamais été retranché dans ses limites. Il s’enivre d’une insouciance que Deandre jalouse.

Il n’a plus la sienne.

Volée. Arrachée. Dérobée. Les mots qui rassurent, anesthésient la culpabilité toujours tapie, tendue et frémissante comme un fauve dans la jungle. Il applique l’accident de voiture de Tianna aux situations les plus incongrues, comme s’il était devenu son centre de gravité, le début de chaque raisonnement.

Il s’est dérobé quelques instants à la réalité. La retrouve au moment où les lèvres s’entrouvrent, remuent à peine. Ares. Ça chatouille son subconscient. Deandre époussette des souvenirs. Le panthéon grec a été abordé à l’école. La classe avait été attentive, attirée par la violence des histoires, le débordement des passions. La différence était marquée avec la prière du matin, avec le rappel constant à un puritanisme vertueux et stérile. Cela a peut-être contribué à sa perte de foi. Le dieu de sa mère n’est pas assez humain.

« A-res ! » répète Byron, hilare. Lui-aussi, il serait sûrement fasciné par les mythes et légendes perdus. Cette tendance à s’identifier aux personnages hors-normes, à défaut d’être une personne spéciale. C’est un réflexe d’enfant que de vouloir être surhumain, particulier, unique. Les adultes se morfondent progressivement dans leur ordinaire, s’y complaisent parfois. Mais l’orgueil pousse toujours à se vouloir mieux que les autres.

Sa mère dirait d’ailleurs que c’était un péché d’orgueil, la soirée de poker.

Mâchoire contractée. Le dieu belliqueux broie ses dents. Deandre observe. Quelle machine de guerre, sous ta langue ?

« Tu viens nous proposer une revanche ?  »

Ses yeux se plissent. La question n’est pas mauvaise. L’excitation de Byron est palpable, presque pesante. Il a déjà perdu beaucoup, mais il se persuade sûrement de pouvoir se racheter. Il risque de s’écrouler comme un château de cartes.

« Je viens acheter une épaule. »

« … sur laquelle pleurer ? »

Rire. Deandre sent qu’un rictus poli tord sa propre lèvre. C’est un réflexe. Il était presque obséquieux, lorsqu’il est arrivé - désir de s’installer là, de garder ce boulot, de se perdre dedans. Plus les jours avancent et plus sa façade se fendille. Mais les fondations restent. Ne pas se mettre à dos le patron. Faire pareil pour son fils.

Son hilarité pèse sur son dos. Le respect ne va pas jusqu’à supporter sa moquerie. Deandre se dégage d’un coup d’épaule négligent, croise regard et sourire. Ares. C’est sûrement pas son vrai nom. « Ouais, tu peux la désosser. »

Redressement. « Gère la caisse, Byron. Toi, va par là. » il désigne un espace sur le côté au joueur de poker, le mue en pièce d’échec. Bouffon, chevalier, ou simple pion. Le rôle n’a pas encore été choisi.

Deandre s’empare du morceau de viande, le pose sur le comptoir. Il disparaît en arrière-boutique pour se laver les mains et reparaît avec le matériel nécessaire. Le couteau qu’il aiguise pousse une mélopée métallique. « Regarde-mes mains, tu vas apprendre. » Le rappel à tout à l’heure est évident. Pas sa figure. Ses doigts. Ses gestes précis.

Il s’affaire en silence et ne s’interrompt que lorsqu’il a dégagé le premier os. Immaculé.

« Je suis sûr que Byron serait ravi de revenir jouer avec toi, si tu lui demandais gentiment. A moins que Marco soit le seul intéressé. »

Il relève les yeux, les lèvres ombragées d’un rictus. L’autre n’en râte pas une, s’exclame :

« Ouais, la dernière fois c’était un coup d’chance ! »

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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptyMar 17 Déc - 21:45

Ares a bougé, docile. Ses talons ne sont ni lourds, ni légers - il flotte, entre deux-eaux. Tente de voir, sans bouger la tête, ce que recèle l'arrière-boutique lorsque Déandre fend les languettes translucides de la porte avec ses larges épaules. Puis scrute Byron, campé à droite, qui vient de poser une hanche désinvolte sur le bord du comptoir caisse. Il s'est désintéressé, tapote sur les touches avec un ennui concentré, comme s'il jouait à Tetris. Alors Ares revient égarer son attention sur la pièce de viande, menton stable, paupières basses. Il détaille une veine rouge qui plonge se perdre dans la chair. Impossible de dire où elle va.

Quand l'autre revient, c'est le couteau que le Salvadorien détaille - ou ses mouvements, plutôt, pendant que le métal ricane, sec et cristallin.

« Regarde-mes mains, tu vas apprendre. »

Œillade vers le haut, puis vers le bas. Taste your own medecine qu'ils disent, alors Ares observe, attentif. Observe jusqu'à ce que sa propre épaule le démange. Il la roule discrètement vers l'arrière, une fois, pour se débarrasser des aiguilles fantômes cisaillant sa peau. La lame lèche l'os, retire un dernier tendon qui semble étrangement adhérer au métal. Cette fois-ci, Ares tend la nuque, bouge la mâchoire, appuie sa langue contre son palais ; une douleur bien réelle, ténue mais saillante, est venue se loger dans le creux de ses cicatrices.

… Je suis sûr que Byron serait ravi de revenir jouer avec toi, si tu lui demandais gentiment. A moins que M a r c o soit le seul intéressé...

Quoi ?

Avant même d'avoir saisit le sous-entendu, Ares a brusquement relevé les yeux - ses iris étrécies sont allé se ficher dans celles de Déandre, tranchantes comme son couteau. C'est à peine s'il entend le commentaire de Byron. Quelque chose cille dans sa tête. Ça vient peut-être des réfrigérateurs.

Y'a l'instinct qui vient de frapper. Ne pas être le chien de Marco, n'être le chien de personne

« Et toi ? »

À moins que Byron soit le seul intéressé, ça fait - un glissement silencieux sur les dents. Ou t'as trop peur de te faire laver une deuxième fois, ou t'es cassé, où tu vas continuer de trancher du baloney cinq jours sur sept.
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Deandre Parker
Deandre Parker

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gambling money is gambling blood (pv Deandre) 13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
DEDEEEE, il est où dédé ???
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptyMer 18 Déc - 11:31

Il fait les choses secundum artem jusque dans la raclure du médullaire. Le couteau s’obstine et l’os saille, l’os cède. Il est blanc, lisse, pointu. Deux gouttes ponceau font la course et tombent ex-æquo sur le comptoir. Art abstrait. Sur la figure d'Ares, c’est plus figuratif. L’attention est là, mais le malaise s’imprime aussi, s’enfonce dans la chair abîmée. Il faudrait lui demander si on lui a arraché la gorge à la guerre, puisqu’il s’est choisi un nom belliqueux.

Il faudrait se demander pourquoi on s’intéresse à l’histoire d’un homme que l’on apprécie pas.

Son spectateur remue encore, pantin secoué de soubresauts. La chair vivante s’est peut-être accidentellement liée aux nerfs morts. Deandre baisse à nouveau les yeux sur son ouvrage. Il gratte, évide. Le deuxième os est encore plus blanc, plus pointu que le précédent. Il est déposé aux côtés de son camarade. Ce soir, il sera jeté dans la gueule des chiens errants qui louvoient dans la rue la nuit tombée, attirés par la commisération d’un boucher. Les mâchoires claqueront et l’os craquera. Deandre aura eu la sensation d’avoir fait sa bonne action quotidienne.

Les prunelles ne rôdent pas, elles. Elles se fichent dans les siennes, déterminées comme les crocs des molosses. Deandre suspend son prochain geste, marionnettiste attentif, et attend que la bouche suive les yeux.

« Et toi ? »

C’est un défi, ou c’est de l’espoir. Peut-être un peu des deux. Ses yeux se plissent, ses lèvres se pincent. Il n’y a aucune blague dans l’intonation. La demande est simple. Et toi ?

Et toi, t’as envie de perdre à nouveau ? Ou, et toi, t’as peur de moi ? Les tuyaux d’orgue de l’orgueil sifflent. Son intérêt est piqué, sa prudence saigne.

Les illusions naissent et meurent sans vécu. Il s’imagine prendre le dessus, et puis il visualise la perte, les billets verts siphonnés, les mêmes yeux presque amusés - j’t’ai bien eu. J’suis meilleur que toi.

La tentation est un serpent qui a la voix de Byron.

« Allez, Dre, dis oui. J’sais qu’tu veux prendre ta revanche. »

Deandre lui jette un regard. Il a un mouvement de la tête, une dénégation presque imperceptible, instinctive, pudique. Celle de quelqu’un qui ne veut pas paraître facile. La viande retient son attention, tout à coup. Il dégage le reste des os et l’emballe dans son suaire blanc. Le silence est ménagé comme le ferait un acteur en pleine audition.

C’est l’heure de la transaction. La viande est tendue.

« ... Pourquoi pas. »

Le mélange de défi et de regret stagne sur sa langue. Deandre tend l’autre main. Pour recevoir l’argent et la promesse d’une prochaine fois. Il oublie qu’il a planté son collègue derrière la caisse.

« Dix dollars. »

Byron rit à un rythme endiablé.

« Ce serait quand ? J’ai un calendrier bien rempli, tu vois. »
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MessageSujet: Re: gambling money is gambling blood (pv Deandre)   gambling money is gambling blood (pv Deandre) EmptySam 4 Jan - 17:19

Allez, Dre, dis oui. Écoutes ton ami. Je sais ce que tu veux. Je peux te le donner. Tu sais que tu peux venir le chercher.

Ares attrape délicatement l'épaule emballée comme s'il s'agissait d'une main à serrer, à sentir plutôt qu'à écraser. Pour l'apprendre, un peu à toute les fois, et pouvoir se servir de tout ce qu'il aspire.

« ... Pourquoi pas. »

Déandre a les yeux bruns. Le Salvadorien nomme la couleur parce qu'il la regarde, parce qu'il dissèque le regard du boucher - noter la teinte qui foncit vers l'extérieur des iris, les cils droits donnant aux yeux cette ombre prudente et égale, alourdissant les paupières à la peau plus luisante.

Il donne l'argent. Dix balles ; la abuela a intérêt à lui faire les meilleurs quesadillas de sa carrière. Pendant un court instant, Ares est écrasé dans le divan de la vieille, celui qui sent le poivre et les marguerites, et il mate un vieux western pendant que la abuela fait des mots-croisés sur la chaise berçante. Il a dix ans, vingt ans, mille ans, il n'a jamais connu l'hiver et il n'a jamais roulé des balles de revolver entre ses doigts. Il est fatigué mais heureux de l'être, il n'a jamais connu la faim, il n'a jamais vu de trou dans la tête de personne et aucun chien, en fourrure ou en uniforme, n'a jamais fait de lésions dans sa tête.

Ce serait quand ?

5 janvier, au Sol del Mexico.


Assez loin pour se défiler, ou pour s'y préparer. Dans le creux de la nouvelle année, d'une cantine qui ouvrira probablement ses portes aux clients une dizaine de fois entre décembre et février. Cette fois, c'est pas à la table de Marco qu'Ares l'invite, mais Déandre ne peut pas savoir. S'il vient, il verra.

« Salut Byron » il fait rapidement après avoir tenu le regard de son employé. Et ça se sauve. Comme c'est venu, ça repart en ombre, la capuche rabattue sur le crâne et la mâchoire rentrée dans le col.

Il fait froid, et Déandre va venir. Il fait froid et il s'est mis à neiger, des flocons poussière, minuscules et piquants. Ares est un flocon comme ceux-là. Il glisse sous une paupière et il pince. Il bute contre les fronts brûlants et fond à leur chaleur, s'accroche aux cheveux, disparaît dans les entrées d'appartement. Ares est une nuit froide et Déandre va venir parce qu'il croit qu'il peut être autre chose que cette nuit, que Détroit, qu'une épaule séparée de tout le reste.
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